INTRODUCTION
Au cours des quarante dernières années, le
développement rural a de façon constante, occupé une place
primordiale dans la politique du Niger. Ainsi l'agriculture, l'élevage
et la lutte contre la désertification, ont été clairement
identifiés comme les secteurs porteurs. Aujourd'hui les contraintes
climatiques drastiques, la forte pression démographique et la baisse de
la fertilité des sols ainsi que les difficultés d'accès
aux intrants et aux équipements ruraux ont conduit à un
dédoublement des surfaces cultivées, à une remontée
des cultures vers les terres « marginales » du Nord et une
diminution des espaces pastoraux. De même la dégradation des
ressources naturelles (l'eau, la terre, le pâturage, la forêt) a
fortement contribué à accroître la
vulnérabilité des populations (SRP,
2002.)
En effet tous ces facteurs ont conduit à une situation
quasi généralisée d'appauvrissement du capital terre, de
diminution ou de disparition de jachère, de surexploitation des
ressources ligneuses et de surpâturage accentuant ainsi le processus de
désertification. Pourtant de nombreux efforts ont été
réalisés par des structures chargées de promouvoir le
développement du monde rural : il s'agit de :
- La recherche qui oeuvre pour la mise au point de
technologies ou de pratiques agricoles adaptées au contexte de notre
agriculture ;
- Les services techniques, les projets de
développement, de nombreuses ONG ont eu à intervenir de
façon souvent sectorielle en milieu rural en essayant d'organiser le
monde paysan et en lui assurant l'encadrement nécessaire pour
l'amélioration de ses conditions de vie.
Malgré toutes les interventions de ces
différentes structures, l'impact de leurs actions en milieu paysan reste
très limité. Face à cette situation, les critiques
convergent vers les insuffisances des différentes stratégies
d'interventions ou d'approches utilisées, qui n'ont pu suffisamment
impliquer et responsabiliser les acteurs paysans.
C'est partant de toutes ces considérations qu'un
programme dénommé programme d'appui aux initiatives et
innovations paysannes ( PAIIP ) a vu le jour à Aguié en lieu et
place du PDRAA ( Projet de développement rural de l'arrondissement
d'Aguié ) qui a clôturé en 2000. Ce programme s'inscrit
dans une logique de créer les conditions d'une véritable
participation et responsabilisation des paysans à tous le niveaux de
cycle, de l'identification, au suivi et évaluation en passant par la
mise en oeuvre des différentes activités de développement
les concernant.
L'avènement de ce programme a permis l'émergence
d'organisations paysannes endogènes orientées vers des
intérêts économiques ou sociaux et dont le dynamisme est
déjà perceptible à travers la mise en oeuvre de plusieurs
initiatives et innovations paysannes à savoir :
- l'exploitation des champs collectifs,
- l'implantation des banques céréalières
et semencières,
- la promotion de la culture de manioc,
- la promotion de la culture du cassia tora
et de Moringa oliefera.
La présente étude , axée sur l'analyse
des activités précitées et leurs effets sur la
sécurité des ménages , concerne deux terroirs villageois
de l'arrondissement d'Aguié : Damama et Elguéza
appartenant à la zone d'intervention du PAIIP. Elle vise à
ressortir les contributions et les perspectives de ces initiatives et
innovations paysannes et leurs effets sur la sécurité des
ménages. Les objectifs spécifiques qui lui sont assignés
sont entre autres :
- de diagnostiquer les groupements ou associations qui
exercent ces activités en vue d'apporter des propositions
d'amélioration ;
- d'identifier les catégories sociales
concernées par ces activités selon les différents
degrés de vulnérabilité ;
- de dégager les motivations réelles
d'adhésion de chaque catégorie sociale ;
- de dégager les avantages tirés par chaque
catégorie sociale depuis la mise en oeuvre de ces activités.
Ce document rendant compte des résultats de
l'étude comporte quatre (4) chapitres : le premier traite des
généralités sur l'arrondissement d'Aguié, les
villages d'étude et les initiatives et innovations retenues, le
deuxième du contexte, des objectifs de l'étude et des
définitions de quelques concepts, le troisième de la
méthodologie du travail et le quatrième des résultats et
discussions.
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