UNIVERSITE ABDOU MOUMOUNI MINISTERE DU
DEVELOPPEMENTAGRICOLE
FACULTE D'AGRONOMIE Programme d'Appui
aux Initiatives et
BP : 10960 NIAMEY
Innovations paysannes/ FIDA/Aguié
Projet Inter universitaire Ciblé
(PIC)
Mémoire de fin d'études pour l'obtention du
diplôme d'Ingénieur des Techniques Agricoles
Option : Productions
Végétales
Thème
« Analyse de quelques Initiatives et
Innovations paysannes et leurs effets sur la sécurité alimentaire
des ménages » : Cas des terroirs villageois de Damama et
de El guéza ( Arrondissement d'Aguié / Maradi )
Présenté par : SALEY BOUGI
Chaïbou
Soutenu publiquement le 16 mars 2004 devant le
jury composé de :
Président :
Directeur
de Mémoire
Dr AMOUKOU Adamou Ibrahim Dr
AMOUKOU Adamou Ibrahim
Enseignant chercheur à la FA
Membres :
Dr YAHAYA Abdou Enseignant chercheur à la FA
Dr ALI Mahamadou Enseignant chercheur à la FA
Promotion 2003-2004
SOMMAIRE
Dédicaces
Remerciements
Liste des sigles et Abréviations Utilisées
Liste des tableaux
Citation
Résumé
INTRODUCTION.......................................................................................1
CHAPITRE I : Généralités sur
l'arrondissement d'Aguié , Les villages d'études et Les
initiatives et innovations
retenues.................................................................3
1.1 Présentation de l'arrondissement
d `Aguié.................................................4
1.1.1 Aspects
physiques...........................................................................4
1.1.2 Aspects socio-
économiques..............................................................6
1.2 Présentation des villages
d'étude............................................................8
1.2.1 Conditions climatiques et
édaphiques...................................................8
1.2.2 Potentiel d'organisation
communautaire................................................8
1.2.3 Capacité d'organisation
collective........................................................9
1.2.4 Potentiel de
production.....................................................................11
1.3 Initiatives et innovations
retenues..........................................................11
1.3.1 Champs
collectifs...........................................................................11
1.3.2 Banques
céréalières.......................................................................12
1.3.3 Banques
semencières....................................................................13
1.3.4 Culture du
manioc..........................................................................14
1.3.5 Promotion de la culture du Cassia tora et du Moringa
oliefera ..................15
CHAPITRE 2 : Contexte, Objectifs de l'étude et
Définition de quelques concepts...17
2.1 Contexte de l'étude
...........................................................................18
2.1.1 Historique et processus de mise en oeuvre du
PAIIP...............................18
2.1.2 Philosophie approche du
PAIIP...........................................................18
2.1.3 Axes stratégiques du
PAIIP................................................................19
2.2 Objectifs de l'étude
............................................................................19
2.3 Définition de quelques concepts
............................................................20
2.3.1 Innovations
paysannes......................................................................20
2.3.2 Initiatives
paysannes.......................................................................21
2.3.3
Vulnérabilité..................................................................................21
CHAPITRE 3 :
Méthodologie........................................................................24
3.1 Choix des villages d'étude
..................................................................25
3.2 Identification des adhérents et enquête au
niveau des groupes cibles..........25
3.2.1 Critère de choix des
adhérents..........................................................25
3.2.2 Pertinence du choix de ces
critères.....................................................26
3.3 Echantillonnage des adhérents
............................................................30
3.3.1 Au niveau de l'exploitation des champs collectifs
...................................30
3.3.2 Au niveau des activités des banque
céréalières ....................................30
3.3.3 Au niveau des activités des banques
semencières ..................................31
3.3.4 Au niveau de la culture du manioc
.......................................................31
3.3.5 Au niveau de la culture du Cassia tora
.................................................32
3.3.6 Au niveau de la culture du Moringa
oliefera...........................................33
3.4 Déroulement des enquêtes sur le
terrain.................................................33
3.5 Assemblées villageoises de
restitution....................................................34
CHAPITRE 4 : Résultats -
Discussions.......................................................35
4.1
Résultats..........................................................................................36
4.1.1 Exploitation des champs
collectifs.......................................................36
4.1.2 Activités des banques
céréalières
......................................................41
4.1.3 Activités des banques semencières
...................................................45
4.1.4 Culture du manioc
..........................................................................48
4.1.5 Promotion de la culture du Cassia tora et de Moringa
oliefera..................51
4.1.6 Changements sociaux produits par certaines
activités...........................53
4.2 Discussions
.....................................................................................55
4.2.1 Production des champs
collectifs.......................................................55
4.2.2 Activités des banques
céréalières......................................................55
4.2.3 Culture du
manioc.........................................................................56
4.2.4 Activités des banques
semencières...................................................56
Conclusion Générale et Recommandations
................................................57
Références
bibliographiques........................................................................................59
Annexe
Dédicaces
Je dédie ce mémoire A :
Mes parents qui ont bien voulu m'inscrire à
l'école et qui m'ont apporté leur aide et soutien tout au long de
ma vie scolaire et estudiantine,
Madougou Tankari, un frère dont le soutien moral et
financier m'a permis de surmonter les moments difficiles au cours de mon cycle
universitaire,
Mes frères, soeurs et cousins pour leurs aides et
conseils qui m'ont permis de mieux faire d'une part et d'autre part pour
l'affection qui nous unit,
La faculté d'agronomie qui a servi de cadre pour notre
formation d'Ingénieur des Techniques Agricoles.
Remerciements
Au terme de cette étude, nous tenons à remercier
l` équipe des enseignants chercheurs représentée par l'UAM
de Niamey pour les appuis qu'elle nous apportés tout au long de notre
stage notamment les conseils remarques et observations faites allant dans le
sens de corriger les lacunes afin de bien orienter le travail. Cette
équipe est composée de :
Dr AMOUKOU ADAMOU Ibrahim, Doyen de la Faculté
d'Agronomie,
Dr ISSAKA Amadou, enseignant chercheur au département
des sciences du sol à la Faculté d'Agronomie
Dr MARICHATOU Hamani, enseignant chercheur au
département des productions animales à la Faculté
d'Agronomie,
Dr YAMBA Boubacar, enseignant chercheur au département
de géographie à la F.L.S.H,
Dr YAYE Aissétou, enseignant chercheur au
département génie rural eaux et forêts a la Faculté
d'Agronomie.
Ces remerciements s'adressent également aux membres de
la CT/ PIIP pour leur disponibilité sans faille du point de vue
encadrement sur le terrain à nos côtés.
Aussi ces remerciements s'adressent aux populations des
villages de Damama et de El gueza pour leur franche collaboration et leur
hospitalité légendaire à nos côtés tout au
long de notre stage.
Enfin nous tenons à remercier toutes les personnes qui
de près ou de loin n'ont ménagé aucun effort dans la
réalisation de ce document.
Sigles et Abréviations utilisés
AGR : Activités Génératrices de
Revenus
CT / PIIP : cellule technique de promotion des
initiatives et innovations paysannes
EV : Extrêmement Vulnérable
FA : Faculté d'Agronomie
FLSH : Faculté des Lettres et Sciences Humaines
FIDA : Fond International de Développement
Agricole
MV : Moyennement Vulnérable
PAIIP : Programme d'Appui aux Initiatives et Innovations
Paysannes
PPILDA : Projet de Promotion des Initiatives locales
d'Aguié
PDRAA : Projet de Développement Rural de
l'arrondissement d'Aguié
PV : Peu Vulnérable
SAV : Schémas d'Actions Villageoises
TV : Très Vulnérables
UAM : Université Abdou Moumouni
VIPAF : Valorisation des Initiatives Paysannes en
Agroforesrerie
Liste des tableaux
Tableau 1 : Evolution de la pluviométrie au niveau
des postes d'Aguié et de Gazaoua de 1999 à 2003
Tableau 2 : Evolution des superficies, rendements et
productions des principales cultures pluviales de 1997 à 2002 de
l'Arrondissement d'Aguié
Tableau 3 : Gestion des ressources
Tableau 4 : Caractéristiques des catégories
d'exploitations agricoles selon le concept de la vulnérabilité
à Damama
Tableau 5 : Caractéristiques des catégories
d'exploitations agricoles selon le concept de la vulnérabilité
à Elguéza
Tableau 6 : Echantillonnage des adhérents à
l'exploitation des champs collectifs au niveau des deux villages
Tableau 7 : Echantillonnage des adhérents aux
activités des banques céréalières au niveau des
deux villages
Tableau 8 : Echantillonnage des producteurs du manioc au
niveau des deux villages
Tableau 9 : Productions des champs collectifs par
cultures
Tableau 10 : Evolution des adhésions aux champs
collectifs à Damama
Tableau 11 : Evolution des adhésions aux champs
collectifs à Elguéza
Tableau 12 : Evolution des stocks des banques
céréalières par villages
Tableau 13 : Evolution des adhésions à la
banque céréalière à Damama
Tableau 14 : Evolution des adhésions à la
banque céréalière à El guéza
Tableau 15: Evolution des adhésions à la banque
semencière à ELguéza
Tableau 16 : Avantages tirés par catégories
d'exploitations en culture de manioc à Damama
Tableau 17 : Avantages tirés par catégories
d'exploitations en culture de manioc à
Elguéza
Tableau 18 : Production du Cassia tora et du Moringa
oliefera à Damama par catégories sociales
Tableau 19 : Production du Cassia tora et du Moringa
oliefera à ELguéza par catégories sociales
CITATION
« Concilier la lutte contre la pauvreté et la
bonne gestion de l'environnement seul gage d'un développement
durable » déclarait Mr Lennart Bage
Président du FIDA lors de l'ouverture du sommet mondial sur le
développement durable de Johannesburg ( Afrique du
Sud ) en 2002 .
Extrait de : Magazine de la coopération ACP. UE,
n° 195 Novembre - Décembre 2002 .
Résumé
Dans l'arrondissement d'Aguié en général
et dans les terroirs villageois de Damama et de Elgueza en particulier,
plusieurs facteurs mettent en exergue le caractère chronique
d'insécurité des ménages . Parmi ces facteurs, on
note :
- le faible niveau de revenus dû à la quasi
inexistence des activités extra agricoles ;
- la faible disponibilité foncière ne permettant
pas de produire à la hauteur des espérances ;
- la mauvaise gestion des récoltes notamment leur
dilapidation pour des fins cérémonials , jeux de hasard et
autres ;
- les dettes accumulées toujours épongées
avec les maigres récoltes obtenues ne permettant même pas de
boucler l'année sur le plan alimentaire ;
- les calamités naturelles comme la sécheresse
décimant par fois le capital bétail des exploitations agricoles
.
Face à cette situation les paysans ne sont pas
restés les bras croisés . C'est ainsi que avec l'avènement
du PAIIP les populations des terroirs villageois de Damama et de Elgueza ont
inscrit plusieurs activités dans leur SAV à mettre en oeuvre
dans plusieurs domaines à partir de l'année 2002 . ON
note :
- dans le domaine de l'agriculture l'exploitation des champs
collectifs et la culture du manioc ;
- dans le domaine socio-organisationnel la mise en
place des banques céréalières et
semencières ;
- dans le domaine de l'environnement la promotion des cultures
du Cassia tora et du Moringa oliefera .
Ces activités s'inscrivent dans une logique
d'améliorer les conditions de vie et les revenus des populations.
Depuis leur mise en oeuvre, plusieurs exploitations agricoles ont vu leur
degré de vulnérabilité diminuer bien que la
praticabilité de certaines activités est restée faible
.
Mots Clés : Initiatives - Innovations -
Champs Collectifs - Banques Céréalières -Banques
Semencières - Manioc - Cassia tora - Moringa oliefera .
INTRODUCTION
Au cours des quarante dernières années, le
développement rural a de façon constante, occupé une place
primordiale dans la politique du Niger. Ainsi l'agriculture, l'élevage
et la lutte contre la désertification, ont été clairement
identifiés comme les secteurs porteurs. Aujourd'hui les contraintes
climatiques drastiques, la forte pression démographique et la baisse de
la fertilité des sols ainsi que les difficultés d'accès
aux intrants et aux équipements ruraux ont conduit à un
dédoublement des surfaces cultivées, à une remontée
des cultures vers les terres « marginales » du Nord et une
diminution des espaces pastoraux. De même la dégradation des
ressources naturelles (l'eau, la terre, le pâturage, la forêt) a
fortement contribué à accroître la
vulnérabilité des populations (SRP,
2002.)
En effet tous ces facteurs ont conduit à une situation
quasi généralisée d'appauvrissement du capital terre, de
diminution ou de disparition de jachère, de surexploitation des
ressources ligneuses et de surpâturage accentuant ainsi le processus de
désertification. Pourtant de nombreux efforts ont été
réalisés par des structures chargées de promouvoir le
développement du monde rural : il s'agit de :
- La recherche qui oeuvre pour la mise au point de
technologies ou de pratiques agricoles adaptées au contexte de notre
agriculture ;
- Les services techniques, les projets de
développement, de nombreuses ONG ont eu à intervenir de
façon souvent sectorielle en milieu rural en essayant d'organiser le
monde paysan et en lui assurant l'encadrement nécessaire pour
l'amélioration de ses conditions de vie.
Malgré toutes les interventions de ces
différentes structures, l'impact de leurs actions en milieu paysan reste
très limité. Face à cette situation, les critiques
convergent vers les insuffisances des différentes stratégies
d'interventions ou d'approches utilisées, qui n'ont pu suffisamment
impliquer et responsabiliser les acteurs paysans.
C'est partant de toutes ces considérations qu'un
programme dénommé programme d'appui aux initiatives et
innovations paysannes ( PAIIP ) a vu le jour à Aguié en lieu et
place du PDRAA ( Projet de développement rural de l'arrondissement
d'Aguié ) qui a clôturé en 2000. Ce programme s'inscrit
dans une logique de créer les conditions d'une véritable
participation et responsabilisation des paysans à tous le niveaux de
cycle, de l'identification, au suivi et évaluation en passant par la
mise en oeuvre des différentes activités de développement
les concernant.
L'avènement de ce programme a permis l'émergence
d'organisations paysannes endogènes orientées vers des
intérêts économiques ou sociaux et dont le dynamisme est
déjà perceptible à travers la mise en oeuvre de plusieurs
initiatives et innovations paysannes à savoir :
- l'exploitation des champs collectifs,
- l'implantation des banques céréalières
et semencières,
- la promotion de la culture de manioc,
- la promotion de la culture du cassia tora
et de Moringa oliefera.
La présente étude , axée sur l'analyse
des activités précitées et leurs effets sur la
sécurité des ménages , concerne deux terroirs villageois
de l'arrondissement d'Aguié : Damama et Elguéza
appartenant à la zone d'intervention du PAIIP. Elle vise à
ressortir les contributions et les perspectives de ces initiatives et
innovations paysannes et leurs effets sur la sécurité des
ménages. Les objectifs spécifiques qui lui sont assignés
sont entre autres :
- de diagnostiquer les groupements ou associations qui
exercent ces activités en vue d'apporter des propositions
d'amélioration ;
- d'identifier les catégories sociales
concernées par ces activités selon les différents
degrés de vulnérabilité ;
- de dégager les motivations réelles
d'adhésion de chaque catégorie sociale ;
- de dégager les avantages tirés par chaque
catégorie sociale depuis la mise en oeuvre de ces activités.
Ce document rendant compte des résultats de
l'étude comporte quatre (4) chapitres : le premier traite des
généralités sur l'arrondissement d'Aguié, les
villages d'étude et les initiatives et innovations retenues, le
deuxième du contexte, des objectifs de l'étude et des
définitions de quelques concepts, le troisième de la
méthodologie du travail et le quatrième des résultats et
discussions.
Chapitre I
Généralités sur l'arrondissement
d'Aguié, les villages d'études et les initiatives et innovations
retenues
1.1 Présentation de l'Arrondissement d'
Aguié
Situé au Sud du département de Maradi,
l'arrondissement d'Aguié est limité au Nord par l'arrondissement
de Mayayi, à l'Est par celui de Tessaoua, au sud par la
république fédérale de Nigeria et à l'Ouest par les
arrondissements de Madarounfa et de Guidan Roumdji . Avec une superficie de
2800 km², c'est l'arrondissement le moins vaste du département.
1.1.1. Aspects physiques
1.1.1.1. Climat
Le climat est Sahélien avec une étroite bande
Sahélo Soudanienne le long de la frontière du Nigeria au Sud. Il
se caractérise par une saison sèche d'octobre à mai et
une saison des pluies de juin à septembre.
Les températures moyennes gravitent autour de 30°
C. Elles peuvent atteindre 45° C en saison chaude (décembre
à février.) La pluviométrie se situe entre 400 et 600 mm
par an du Nord au Sud avec une forte variabilité dans l'espace et le
temps qui affecte la production agricole en terme des contraintes naturelles.
L'évolution de la pluviomètre au niveau des postes d'Aguié
et de Gazaoua pour la période 1999 à 2003 est consignée
dans le tableau ci-après.
Tableau 1 : Evolution de la
pluviométrie au niveau des postes d'Aguié et de Gazaoua de 1999
à 2003
Années
Postes
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
|
Nbre de jour
|
Hauteur (mm)
|
Nbre de jour
|
Hauteur (mm)
|
Nbre de jour
|
Hauteur (mm)
|
Nbre de jour
|
Hauteur (mm)
|
Nbre de jour
|
Aguïé
|
679,1
|
40
|
979,2
|
37
|
591,8
|
40
|
516,2
|
41
|
756,4
|
43
|
Gazaoua
|
592,3
|
39
|
484
|
38
|
600,7
|
39
|
664,5
|
40
|
563,8
|
41
|
|
Source : Rapport SAA 2003
Le tableau montre que :
- au niveau du poste d'Aguié 2002 et 2003 sont
respectivement l'année la moins et la plus arrosée. Le cumul de
pluies enregistré était de 516,2 mm en 2002 comparativement en
2003 où il était de 756,4 mm.
- au niveau du poste de Gazaoua 2000 et 2002 sont
respectivement l'année la moins et la plus arrosée. en 2000 le
cumul de pluie enregistrer était de 484 mm comparativement en 2000
où il était de 664,5 mm.
Cette irrégularité des pluies dans le temps et
dans l'espace constitue l'une des causes des faibles rendements des
cultures.
1.1.1.2. Végétation
Les ressources végétales les plus importantes
sont localisées dans les forêts classées de
l'Arrondissement et dans le domaine de la vallée de Goulbi N'Kaba.
Au niveau des forêts classées on rencontre les
arbres et arbustes comme Sclerocaria birrea, Commiphera africana, Guiera
senegalensis, Combretum micranthum etc.
Quant au tapis herbacé il est composé
d'Eragrostis tremula , Cenchrus biflorus, Brachiara disticophilla,
Sida cordifolia etc.
Le domaine de la vallée de Goulbi N'Kaba est
dominé par Hyphaene thebaica. On note également un
important parc à Faidherbia albida dans tout le Sud de
l'arrondissement et une forte régénération naturelle
surtout dans le Nord couvrant une superficie d'environ 60000 ha (SAE ,2001.)
1.1.1.3. Ressources en eau
Il existe des eaux de surfaces et des eaux souterraines. Les
eaux de surface comprennent 16 mares à capacité de stockage
très faible et aux écoulements saisonniers. Les eaux souterraines
sont constituées de trois (3) aquifères. Il s'agit de
l'aquifère du socle précambrien de la partie sud-ouest de
l'arrondissement avec une profondeur moyenne de 40 m, de l'aquifère du
continental hamadien qui couvre la quasi totalité de l'arrondissement
avec une profondeur d`environ 60 m et en fin de l'aquifère des
alluvions récents pour laquelle on distingue la nappe de Goulbi
N'Maifarou et Goulbi N'Elfadama avec une profondeur de 7 à 12 m. (Abdou,
2000.)
1.1.1.4. Type de sols
On distingue trois (3) types de sols :
- les sols dunaires ou « Jigaoua »
à texture sableuse et à faible taux d'argile ;
- les sols de bas-fond ou
« Fadama » ;
- les sols « Guéza ». Ce dernier
type de sol a un défaut majeur. Sa tendance à la glacification se
prête facilement à l'érosion hydrique une fois
dépourvue de son couvert végétal (Ibro et Al, 1997.)
1.1.2. Aspects socio-économiques
1.1.2.1. Organisation administrative et peuplement
Constitué de deux cantons Aguié et Gangara )
et deux (2) groupements peulh ( Hawan Dawaki et Baoudéta ),
l'arrondissement d'Aguié à une population estimée à
253 528 habitants ( SP, 2002.).Cette population est repartie dans 220 villages
et 49 tribus peulhs. Elle est composée de 80% de Haoussa environ, 18%
de peulhs et 2% de Touaregs.
1.1.2.2. Aspects économiques
a) Agriculture
L'arrondissement d'Aguié avec une pluviométrie
variant de 400 à 600 mm en moyenne avec un potentiel en terres
utilisables de 255726 ha est caractéristique d'une contrée
agricole. Le nombre total d'exploitations est estimé à 28473 en
1997. L'exploitation moyenne comprend huit (8) actifs et dispose d'environ 4,5
ha de terres cultivables soit 0,6 ha par actif agricole. Cette situation
devient de plus en plus critique du fait de l'accroissement de la population.
Ce phénomène est souvent accompagné de morcellement des
exploitations. Les cultures pluviales représentent environ 90% de
l'ensemble des productions agricoles de l'arrondissement. Les principales
spéculations sont : le mil, le sorgho, le niébé,
l'arachide et le souchet. L'évolution des superficies, rendements et
productions des principales cultures pluviales de 1997 à 2002 est
consignée ans le tableau ci-après
Tableau 2 : Evolution des
superficies, rendements et productions des principales cultures pluviales de
1997 à 2002 de l'arrondissement d'Aguié
Cultures
Années
|
Mil
|
Sorgho
|
Niébé
|
Arachide
|
|
Rdt
(kg)
|
Prd (tonnes)
|
Sup
(ha)
|
Rdt
(kg)
|
Prd (tonnes)
|
Sup
(ha)
|
Rdt
(kg)
|
Prd (tonnes)
|
Sup
(ha)
|
Rdt
(kg)
|
Prd (tonnes)
|
1997
|
129717
|
319
|
41380
|
124435
|
144
|
17919
|
11868
|
23
|
2730
|
57308
|
374
|
21433
|
1998
|
140549
|
419
|
58890
|
112914
|
138
|
15582
|
-
|
-
|
-
|
24960
|
260
|
64480
|
1999
|
143837
|
344
|
49480
|
117796
|
127
|
14959
|
-
|
-
|
-
|
15295
|
257
|
3931
|
2000
|
151023
|
304
|
4594
|
93341
|
91
|
8494
|
108186
|
67
|
7248
|
19085
|
262
|
5000
|
2001
|
154247
|
445
|
68640
|
120924
|
250
|
30231
|
-
|
-
|
-
|
13687
|
-
|
-
|
2002
|
167811
|
435
|
72998
|
125384
|
255
|
31973
|
97376
|
247
|
24052
|
28725
|
287
|
8244
|
|
source : Rapport SAA 2002
Sup : superficie, rdt : rendement, prd :
productions
Les rendements des cultures varient en moyenne de 400 kg /ha
pour le mil et de 150 kg/:ha pour le sorgho. Ils sont très bas et
fluctuent assez fortement d'une année à une autre .Il faut
souligner l'exploitation individuelle des cultures irriguées dont les
sites les plus importants se trouvent dans la vallée du Goulbi. Les
principales cultures irriguées sont : le chou, la laitue, la
tomate, le poivron, le manioc et la canne à sucre.(Ibro et Al,1997 )
b) Elevage
Dans l'arrondissement d'Aguié l'élevage
constitue la seconde activité de la population après
l'agriculture.
Il est conduit sous diverses formes
représentées par :
- l'élevage extensif,
- l'élevage sédentaire traditionnel,
- l'élevage amélioré ou embouche.
Les principales espèces élevées
sont : les bovins, les ovins, les caprins, les camelins, les
équins, les asins. L'élevage des petits ruminants est
dominant.
Les principaux sites pastoraux sont :
- les forêts classées avec une superficie de
14625 ha,
- les espaces pastoraux avec une superficie de 280000 ha.
En 2002, la production fourragère au niveau des ces
deux (2) sites étaient de 255512,42 tonnes de matière
sèche avec un besoin exprimé de 231677,7 tonnes. Ce qui a
donné un excédant fourrager de l'ordre de 23834,72 tonnes de
matières sèches. (SARA, 2002.)
c) Artisanat
C'est le secteur qui fournit les outils de travail et bien de
services notamment d'équipements domestiques et d'articles de prestige.
Ainsi dans chaque village on trouve des forgerons, maçons,
cordonniers etc.
Les principales contraintes liées à ce secteur
sont la concurrence des produits manufacturés importés du Nigeria
et la faiblesse ou le manque d'organisation des producteurs paysans.
d) Commerce
L'essentiel des activités commerciales se concentre
dans les localités de Gazaoua, Aguié et Tchadoua sièges
des principaux marchés. Les transactions portent surtout sur les
produits agro-sylvo-pastoraux et les produits artisanaux ainsi que les produits
finis de consommation : le savon,le sel ,le sucre etc....
D'une manière générale les ruraux vendent
des produits agro-sylvo-pastoraux et des produits artisanaux et achètent
des produits de consommation d'origine urbaine. Ce secteur est en proie
à de nombreuses difficultés dont l'insuffisance des
réseaux de commercialisation, l'enclavement interne associé
à la rareté des taxis de brousse et le sous-équipement des
populations en charrettes.
1-2. Présentation des villages
d'étude
La présente étude a été
menée dans deux terroirs villageois à savoir Damama et
Elguéza.
Damama est situé à une douzaine de Km à
l'ouest d'Aguié. Quant à Elguéza il est situé
à moins d'une trentaine de k m au sud du chef lieu d'arrondissement.
1-2-1 Conditions climatiques et édaphiques
Les conditions climatiques et édaphiques correspondent
dans l'ensemble à celles de l'arrondissement. Cependant le terroir de
Damama est légèrement plus arrosé que celui de
Elguéza. Les deux terroirs sont soumis à une exploitation
agricole permanente qui a conduit à une modification significative du
couvert végétal naturel qui se dégrade du jour au jour.
Face à de nombreuses contraintes environnementales, les populations ont
été amenées à remettre en cause leurs anciennes
pratiques destructives au profit des techniques qui favorisent la
régénération naturelle (RN) suite à des actions de
sensibilisation menées par le PDRAA et la mise en place des
comités de gestion de la RN et des espaces sylvo-pastoraux
1-2-2. Potentiel d'organisation communautaire
Le potentiel d'organisation communautaire se lit à
travers le degré de cohésion sociale du village et à
travers sa capacité d'organisation collective.
La cohésion sociale trouve son fondement dans
l'histoire du village dont l'unité est incarnée par la chefferie
coutumière qui le dirige.
Relevant du canton de Gangara, le village d'Elguéza est
crée dans le premier quart du 20ième siècle,
dans le mouvement d'occupation coloniale française au Niger (PDRAA,
2002). De la création du village à nos jours, quatre chefs de
village se sont succédés. Le tenant actuel du titre élu en
1983 est moyennement actif, mais respecté probablement à cause de
sa bonne assise foncière et de sa sagesse. La population
actualisée s'élève à 949 habitants (service du
plan, 2001).
Le village de Damama fut fondé à la fin du
19ième siècle par un fugitif du nom de Chadou venant
de la cour du sultan Barmo de Tessaoua. Jusqu'à la fin du
19ième siècle, il régnait dans la région
une grande insécurité liée à l'incursion des peuls
au sud et à celle des Touaregs au Nord. Face à cette situation de
nombreuses agglomérations disparurent au profit des zones jugées
sûres. La pacification coloniale permit l'amorce d'un mouvement de
recolonisation des terres. C'est dans ce contexte que s'inscrit l'installation
du village de Damana. (PDRAA, 2003.)
1-2-3 Capacité d'organisation collective
Au point de vue organisationnelle une dizaine d'associations
plus ou moins fonctionnelles se partagent le village de Elguéza dont
certaines à caractère corporatiste. Il s'agit de :
- l'association des agriculteurs ;
- l'association des sages d'Elguéza ;
- l'association des éleveurs ;
- la samaria ;
- le comité de gestion de la RN ;
- l'association des femmes etc.
Au niveau de Damama, on distingue également une dizaine
d'organisations plus ou moins fonctionnelles.Elles sont actrices dans plusieurs
domaines :
- circulation de l'information
-organisation des activités de développement
telles que l'hygiène du village,
-Plantation d'arbres dans les champs et les concessions,
-Entretien des infrastructures collectives,
-encadrement des activités culturelles.
La gestion collective des ressources se présente comme
suit dans le tableau 3.
Tableau 3 : Gestion des
ressources
|
Elguéza
|
Damama
|
Caractéristiques
|
C
|
I
|
Observations
|
C
|
I
|
Observations
|
Circulation du bétail
|
+
|
|
Pâturage dans
La Fadama
|
+
|
+
|
|
Gestion du pâturage
|
+
|
|
|
+
|
|
Pâturage dans la
Forêt classée de
Dan Kada
|
Gestion du bétail
|
+
|
|
Instauration de
« ASSAKO »
|
|
+
|
|
Gestion de l'eau
|
|
+
|
Pompe en panne
Approvisionnement aux puits
|
+
|
|
Approvisionnement aux puits
|
Rôle des associations
|
+
|
|
Associations nouvellement act
Ives dans l'entre-
Aide et la protect
Ion de l'environn
Ement, auto-enca
Drement faible
|
+
|
|
Organisations des jeunes le comité de 10,
Le conseil de sage fonctionnent bien, auto-encadrement
assuré par
Le comité de 10
|
Rôle de l'auto-encadrement
|
+
|
|
+
|
|
C : collective, I : individuelle
À la vue de ce tableau le constat qui se dégage
est que tous les deux villages sont moyennement équipés en
ressources naturelles. Les associations et organisations présentes au
sein des deux terroirs oeuvrent pour le rayonnement des villages à
travers des actions d'intérêts publics.
1-2-4 Potentiel de production
L'analyse de cet aspect est axée essentiellement sur
l'agriculture, l'élevage, les activités liées à
l'environnement et les revenus exta-agricoles.
D'une manière générale on trouve les
mêmes cultures dans les deux terroirs. Elles sont dominées par les
céréales (mil, sorgho). A côté de celles-ci il y a
l'arachide et le niébé qui sont cultivés. On note aussi
l'intensification de la culture du manioc. Cette dernière est plus
pratiquée à Damama qu'à Elguéza.
L'élevage dominé par les petits ruminants est du
type semi-extensif. Il souffre d'insuffisance d'aires de pâturage surtout
à Elguéza où il n'y a aucune forêt classée
aux alentours du village. Ce problème est aujourd'hui accentué
par l'inexistence des jachères et donc une saturation de l'espace
agricole. La faible disponibilité des ressources fourragères est
une donnée permanente à l'échelle des deux terroirs. En
conséquence les animaux sont en transhumance pendant toute la saison des
pluies.
Les activités liées à l'environnement
s'articulent autour de la promotion de la culture du Cassia tora et de
Moringa oliefera . Les revenus extra-agricoles ont comme source
l'artisanat et le commerce.
1-3 Initiatives et innovations retenues
1-3-1 Champs collectifs
a) Justification
Les populations des différents villages de
l'arrondissement d'Aguié connaissent des contraintes qui ont un
caractère chronique et parmi lesquelles on note la crise alimentaire
particulièrement pendant les travaux agricoles (période
d'épuisement des stocks de greniers et de la cherté des produits
vivriers), le manque où l'insuffisance de fonds de roulement pour
développer des activités génératrices de revenus.
Pour résoudre ces contraintes les villages de Damama et d'Elguéza
à l'instar de leurs voisins du PAIIP ont lors de l'élaboration
des SAV en 2002 inscrit comme activité l'exploitation des champs
collectifs aussi bien par les groupements des hommes que par ceux des femmes
dans la perspective de trouver en partie des solutions aux problèmes
cités plus haut. Le PAIIP appuie les groupements en leur fournissant des
engrais et des fongicides.
b) Objectifs
Les objectifs assignés à l'exploitation des
champs collectifs sont les suivants :
- la constitution du stock des banques
céréalières,
- la constitution des fonds de roulement pour exercer des
activités génératrices de revenus.
C) Principe réalisation
Depuis l'identification de cette activité les
populations se sont mobilisées pour sa mise en oeuvre dans les villages.
La production est faite à travers des groupements
d'intérêts plus ou moins semblables aussi bien des hommes que des
femmes. Chaque groupement est dirigé par un chef dénommé
« Chirgaban kounguiya ». Il est garant de la bonne marche
des activités. Chaque groupement établit son propre calendrier
d'exécution des travaux. Les champs sont soient loués ou
prêtés chez les paysans qui ont une bonne assise foncière.
Les cultures pratiquées sont le mil,le sorgho, le niébé,
et l'arachide. Au terme de chaque campagne agricole une partie de la production
est destinée pour la constitution du stock de la banque
céréalière (cas des céréales) et l'autre est
partagée entre les adhérents.
1-3-2 Banques céréalières
a) Justification
Lors des autodiagnostics assistés à la lecture
des situations des villages PAIIP et de leur terroir , il est apparu que dans
tous les villages les populations vivent de manière quasi permanente des
difficultés alimentaires lors des travaux de sarclage . Ces
difficultés alimentaires les amènent à vendre leur main
d'oeuvre et quitter leurs villages pour d'autres contrées à la
recherche des moyens de subsistance .Cette situation ne permet pas à
l'exploitant d'être sécurisé et de consacrer le temps
indispensable dans son champ pour mieux rentabiliser sa force de travail. Elle
a fait émerger par les villageois plusieurs initiatives et innovations
notamment dans le domaine socio organisationnel. La mise en oeuvre de celles-ci
se fait soit individuellement (AGR), soit collectivement (banque
céréalière). C'est dans ce cadre que la banque
céréalière a été considérée
comme l'une de ces innovations la plus porteuse dont la mise en oeuvre a connu
une amélioration dans son mode de gestion classique.
b) Objectifs
Les objectifs assignés à la banque
céréalière sont les suivants :
- assurer la sécurité alimentaire familiale
et villageoise,
- l'approvisionnement en produits vivriers aux
villageois,
- l'encouragement à la production au niveau de
l'exploitation familiale,
- la génération des ressources propres au
village et utilisables à des fins d'intérêts collectifs,
- la croissance de la productivité du travail au
niveau de l'exploitation familiale par le gain du temps de travail qui ne
serait pas perdu pour profiter à une autre exploitation.
C) Principe de réalisation
Les paysans sont les actionnaires principaux de la banque
céréalière à travers une partie de la production
des champs collectifs et le PAIIP apporte un appui généralement
en deçà de la quote part des paysans. La part sociale de chaque
groupement est arrêtée en assemblée générale
villageoise. Elle est fonction de la donne de la campagne agricole de
l'année. La banque céréalière proprement dite
n'est fonctionnelle que pendent la période de soudure (juin, Juillet),
période au cours de laquelle il y a rareté et cherté des
produits agricoles sur le marché. L'avantage est que les
spéculations de la banque céréalière tiennent
compte du pouvoir d'achat des populations. Ce sont les paysans qui pilotent les
activités de la banque céréalière à travers
la mise en place d'un comité. Ils instaurent leur propre mode de
gestion.
1-3-3 Banques semencières
a) Justification
La multiplication des semences a été retenue
comme activité à mener en 2002 dans cinq des six villages PAIIP.
Seul le village de Damama n'a pas été concerné par cette
activité. Les contraintes qui ont guidé le choix de cette
activité sont entre autre l'insuffisance des semences, la
défaillance des circuits d'approvisionnement en semences de
qualité et les risques climatiques notamment l'arrêt
précoce des pluies.
La multiplication des semences porte sur les principales
cultures des différents terroirs (mil, niébé, arachide,
sorgho). Les variétés faisant l'objet de cette multiplication
sont les suivantes :
- mil : CT6
- niébé : KVX.309.6G
-arachide : 55.43
-sorgho « Elmandi »
b) objectifs
L'objectif global assigné à la multiplication
des semences est de disposer de semences en quantité et en
qualité dans le village et à moindre coût.
C) Principe de réalisation
Le mode de production généralement admis dans
les villages PAIIP a été arrêté en assemblée
générale. Les multiplicateurs des différents villages
doivent être appuyés par le PAIIP en semences, engrais et produits
phytosanitaires. En contre partie, ils doivent prendre toutes les dispositions
pour bien conduire la culture. Si la production est bonne le multiplicateur
rembourse au village la totalité de la valeur des intrants par le
programme. La partie de la production qui lui revient doit être
cédée au village selon un mode d'acquisition arrêté
avec l'assemblée générale (échange où
vente). Si la campagne n'est pas bonne, le multiplicateur et le village doivent
se partager équitablement la production des champs.
1-3-4 Culture du manioc
a) Justification
La culture du manioc fait partie des initiatives prises par
les populations des terroirs villageois de Damama et d'Elguéza afin de
faire face à l'insécurité alimentaire pendant la
période de soudure. Selon les avis exprimés par quelques
exploitants cette culture se pratiquait il y a de cela une dizaine
d'années. Avec l'avènement du PAIIP en 2002 cette activité
s'est vite intensifiée et le nombre de producteurs s'est rapidement
multiplié .Le manque de boutures qui se posait dans les terroirs a
été solutionné. En effet dans chaque terroir les gens ont
eu à contribuer financièrement et le PAIIP a apporté une
contribution à la hauteur de celle de la population. L'argent
mobilisé était destiné à l'achat des boutures.
Après l'achat chaque village s'est vu approvisionner en boutures de
manioc. Dès lors les gens ont embrassé cette activité.
b) objectifs
Les objectifs assignés à l'exploitation des
champs de manioc sont doubles selon les producteurs :
- contribuer à l'alimentation humaine pendant les
périodes de soudure,
- réduire la vulnérabilité des
producteurs en leur procurant des revenus supplémentaires.
C) Principe de réalisation
Il faut dire que la majeure partie des parcelles
exploitées sont incluses dans les champs de mil et autres. Le producteur
prend soin de grignoter une partie de la superficie de ses champs pour
installer sa parcelle. Les superficies mises en valeur oscillent entre 0 et 1
ha. Avant plantation des boutures, certains producteurs procèdent
d'abord à la préparation du sol de leurs champs. Cette
préparation consiste à exécuter un scarifiage afin de
casser les rugosités du terrain. La plantation proprement dite
s'effectue en plein saison de pluies (au plus tard en Août) avec des
densités variant de (0,5m x1m) à (0,7mx1m) à l'hectare. Du
point de vue entretiens les parcelles bénéficient de 2 à 3
sarclages selon les producteurs si non plus avant la fin de la campagne
agricole. La récolte a lieu tout le long de la campagne et de
manière échelonnée, c'est à dire au fur et à
mesure que les tubercules grossissent. Les variétés
cultivées sont au nombre de trois (3) :
- ''Gama Gari '' reconnue pour sa
résistance aux hautes températures. Son cycle de production dure
deux ans,
- ''Jan Ware'' reconnue pour sa
qualité gustative. Son cycle de production dure un (1) an.
- `'Dan kalaba'' reconnue pour son abondance
en tubercules plus que les variétés précédentes
.C'est la variété la plus précoce .Son cycle de production
dure six (6) mois dans les bonnes conditions .Il s'agit ici des noms locaux des
variétés.
1-3-5 Promotion de la culture du Cassia tora et de Moringa
oliefera
a) Justification
Lors de l'élaboration des SAV en 2002 les populations
des villages de Damama et d'Elguéza avaient sollicité un appui en
semences de ces deux plantes .Après satisfaction de cette
doléance des paysans se sont engagés volontaires pour multiplier
ces semences en vue de les disséminer à travers tous les villages
dans une perspective d'apporter un appoint pour l'alimentation des
exploitations les plus vulnérables pendant la période de soudure.
Dés lors multiples sont les paysans qui se sont adonnés à
ces cultures.
b) Objectifs
L'objectif global assigné à la promotion de la
culture du Cassia tora et celle du Moringa oliefera est de
parvenir à apporter un supplément du point de vue alimentaire au
sein des exploitations pendant la période de soudure.
c) Principe de réalisation
Toutes ces cultures sont pratiquées soit autour des
cases, soit en association avec les cultures du manioc, mil et autres .Elles
bénéficient régulièrement des entretiens notamment
le sarclage de temps en temps. Pour le cas du Cassia tora au fil du
temps le producteur n'a même pas besoin de semer les graines. En effet
elles se conservent dans le sol et poussent à l'état sauvage
après l'installation des pluies.
.
Chapitre 2
Contexte, objectifs de l'étude et
définitions de quelques
concepts
2-1 Contexte de l'étude
La cellule technique de promotion de l'initiative et de
l'innovation paysanne
( CT/PIIP) a été créée en Juillet
2002 avec entre autres mandats la consolidation des activités du
Programme d'Appui aux Initiatives et Innovations paysannes ( PAIIP ), la
préparation du PPILDA à travers des investigations sur un certain
nombre de thèmes clés de recherches tels que les relations inter
villages , la vulnérabilité etc..... La présente
étude intitulée `' Analyse de quelques initiatives et
innovations paysannes et leurs effets sur la sécurité alimentaire
des ménages `' s'inscrit dans cette logique. Les travaux
réalisés au cours de l ` étude ont respecté
l'approche du PAIIP.
2-1-1 Historique et processus de mise en oeuvre du PAIIP
Le PAIIP ou Programme d'Appui aux Initiatives et Innovations
paysannes naquit d'un programme test de recherche participative qui s'appuie
sur la valorisation des initiatives paysannes en agroforesterie (VIPAF). En
effet un atelier tenu à Maradi en septembre 2000 a permis
d'évaluer le VIPAF et de dégager ainsi ses points forts et
faibles et tirer des recommandations pertinentes. La recommandation la plus
importante fut celle qui demande au bailleur de fonds d'élargir pour une
année aux domaines de l'agriculture, de l'élevage et les
activités socio organisationnelles, l'approche VIPAF. La motivation
profonde de cette recommandation est de permettre à une équipe
locale de paysans, développeurs et chercheurs de tester et de
rechercher une méthodologie d'appui et diffusion des innovations
paysannes constituant la base pour la formulation d'un programme
d'investissement renforçant les initiatives villageoises dans des
domaines divers. C'est ainsi le PAIIP a été
élaborée pour donner suite à cette recommandation et mis
en exécution pour l'année 2001.
2-1-2 Philosophie et approche du PAIIP
La philosophie du programme est de valoriser les initiatives
et innovations paysannes à travers un renforcement des capacités
d'autodiagnostic, de planification et d'exécution d'initiatives,
d'expérimentation et d'innovations des paysans dans l'optique d'asseoir
un développement local autoentretenu autour de la centralité
villageoise.
Dans l'approche , le PAIIP doit :
- susciter un dialogue et une concertation soutenus et des
échanges entre partenaires dans une franche collaboration où la
pertinence des idées de chaque acteur est prise en compte en particulier
celles des villageois ;
- favoriser l'éclosion de la capacité paysanne
dans la promotion de leurs innovations et leurs initiatives dans la lecture
fidèle de leur environnement vu au sens large du terme, la promotion des
recherches des solutions à leurs contraintes ;
- favoriser la responsabilisation des paysans dans la
conception, la programmation, la mise en oeuvre des solutions et suivi
évaluation ;
- faire appel à un esprit qui nécessite un
changement d'attitude des trois (3) acteurs (paysans, développeurs,
chercheurs) dans leur relation de partenariat.
2-1-3 Axes stratégies du PAIIP
On peut se baser sur six (6) domaines de
références pour la réalisation du PAIIP :
- l'amélioration et la consolidation des
régulations sociales (sur le plan organisationnel et décisionnel
pour la production, l'application et le contrôle des règles
établies par le village) ;
- le renforcement et le développement des fonctions,
des pratiques et des structures organisationnelles paysannes dans la gestion de
la production et des ressources naturelles ;
- la valorisation des innovations et initiatives paysannes
dans la gestion des ressources naturelles et des systèmes
agro-sylvo-pastoraux ;
- le développement des stratégies et approches
de partenariat entre acteurs autour de la centralité
villageoise ;
- la stimulation des capacités paysannes d'analyse et
de recherche à long terme notamment celles qui concernent l'agriculture,
l'élevage et l'agroforesterie ;
- l 'adoption d'une approche participative de suivi
évaluation du processus de changement avec les paysans.
2.2. Objectifs de l'étude
Depuis 2001, plusieurs initiatives et innovations paysannes
ont été identifiées par les villages PAIIP et
appuyées par le projet .Elles s'étendent aujourd'hui à
plusieurs villages voisins :
- par des informations de paysans à paysans ;
- dans le cadre des visites inter villageoises ;
- dans le cadre des autoévaluations
croisées ;
- au cours des ateliers de réflexions ;
Jusqu'à présent aucune investigation
d'effets contributions de ces initiatives sur la sécurité
des ménages n'a été réalisée.
La présente étude permettra donc globalement de
ressortir le fonctionnement, les effets économiques et sociaux de
certaines innovations et initiatives mises en oeuvre dans les villages PAIIP et
leurs voisins .Il s'agit de l'exploitation des champs collectifs, de la
promotion de la culture du manioc, de l'implantation des banques
céréalières et sémencières et de la
promotion des cultures de Cassia tora et de Moringa Oliefera.
Deux terroirs villageois ont fait l'objet de l'étude.
Il s'agit de ceux de Damama et de Elguéza tous appartenant à la
zone intervention du PAIIP.
2.3. Définition de quelques concepts
2-3-1 Innovations paysannes
Le concept de l'innovation suppose non seulement qu'il ait
création de quelque chose de nouveau mais que, en outre, la
nouveauté ajoute ou améliore significativement un état
précédant (PDRAA, 2001).
Dans le programme PAIIP, l'innovation est
appréhendée au sens le plus large possible, en particulier dans
(4) domaines suivants :
- l ' innovation technique , c'est à
dire les nouvelles manières d'exploiter les ressources naturelles
( la terre, les animaux ,l'arbre ,l'eau )mais aussi les ressources qui
découlent de la production ( les récoltes ,la biomasse ),que ce
soit à l'échelle de l'exploitation familiale ou au niveau de la
parcelle individuelle .
- l'innovation socio-organisationnelle,
autrement dit, de nouvelles manières d'organiser le travail au sein de
l'exploitation agricole, de nouvelles façon de se mettre en semble et
de fonctionner au sein de la communauté ;
- l'innovation politique, c'est à
dire de nouvelles manières de prendre des décisions `'au non
de'' ou `'par '', d'assumer des responsabilités, de se légitimer,
de régler à l'échelle communautaire les rapports entre les
groupes autour des ressources et des biens communs, de produire de nouvelles
normes au niveau villageois ou inter villageois ;
- l'innovation économique, c'est
à dire de nouvelles façons de valoriser les ressources, les
partager et de les redistribuer au sein de la famille ou de la
communauté, de nouvelles stratégies commerciales.
2.3.2. Initiatives paysannes
Pour Boubacar. Y et Boureïma .A (1996), les initiatives
paysannes sont les décisions que prennent librement les paysans en vue
d'apporter des solutions aux multiples contraintes aux quelles ils sont
confrontés. Ces contraintes sont relatives à l'environnement
global, c'est à dire physique, économique et socioculturel.
2.3.3. Vulnérabilité
a) Perceptions sociales de la
vulnérabilité
Au terme d'une étude menée par Boubacar.Y en
2002 dans le terroir villageois de Guidan Tangno (Aguié), pour les
personnes enquêtées, la vulnérabilité c'est tout ce
qui est susceptible de faire basculer une exploitation ou une personne, d'une
situation à une autre moins favorable .Elle est synonyme de
précarité et revêt plusieurs dimensions :
- Sociale : manque de force de
travail, d'aide, de soutien de parents ou des enfants, la marginalisation,
pratiques imposées par la société ;
- Matérielle : insuffisance ou
manque d'animaux, de vivres, de capital, d'eau ;
- Psychologique et comportementale :
l'insouciance, le gaspillage, la paresse, le manque d'initiative et de
combativité, la délinquance, le conformisme ;
- Environnementale :
phénomènes physiques s'imposant à l'individu et qu'il n'a
pas la possibilité de les combattre seul, comme les contraintes
climatiques, pression parasitaire , l'enclavement , manque de terres ,
pauvreté des sols , difficultés d'accès aux soins .
b) Liens entre pauvreté et
vulnérabilité
Il ressort de cette étude que ces deux notions souvent
confondues ont une nuance significative entre elles.
La pauvreté ou `'Talauci'',
caractérise la situation des personnes dont les revenus ne garantissent
ni le manger, ni les soins en cas de maladie.
Alors que la vulnérabilité ou
`'Tamowar Rayuwar Dan Adam'' désigne l'absence ou l'insuffisance de
moyens permettant de répondre de façon appropriée à
des situations déstabilisantes et à des éléments
perturbateurs ou de se prémunir contre eux .
C) Typologie des exploitations en fonction de leur
niveau de vulnérabilité
Avant ce classement, il faut noter que l'étude a fait
ressortir trois échelles de vulnérabilité qui sont :
la zone agro écologique, le village, les exploitations.
L'analyse à l'échelle exploitation a permis de
réaliser la typologie ci-après :
- Exploitations extrêmement vulnérables
ou `'Matsiyata'' : vivant dans l'indigence absolue ;
- Exploitations très vulnérables
ou `'Masu shan wahala'' : sans assise foncière
chroniquement déficitaires, donc vivant dans une
insécurité alimentaire permanente ;
- Exploitations moyennement vulnérables
ou `'Masu Damadama'' : elles constituent la catégorie la
plus importante, les contraintes sont faibles, elles sont partiellement
équipées et actives dans les AGR ;
- Exploitations peu vulnérables ou
`'Masu hali '' : elles ont une bonne assise foncière, une bonne
production, un bon cheptel et une capacité de fertilisation.
Malgré leur situation confortable, elles ne sont pas
à l'abri de la vulnérabilité à cause des risques
divers : épizooties, sécheresse ; incendie, pratiques
entraînant des dépenses ostentatoires ...
D) Facteurs de vulnérabilité
Ils sont de plusieurs ordres, mais agissent tous pour
déterminer la vulnérabilité des populations rurales.
De manière générale les principaux
facteurs de vulnérabilité sont :
- la sécheresse ;
- les déficits de production ;
- les dépenses sociales ;
- les problèmes de santé humaine
- les épizooties ;
- les sinistres : vol, inondation, incendie...
- la variété des prix des produits et des
intrants ;
- les législations douanières et
commerciales ;
Du point de vue spécifique les facteurs varient d'un
groupe social à un autre ; C'est ainsi qu'on peut retenir :
.Chez les femmes
- poids croissant des responsabilités
économiques, souvent liées à des pratiques
entraînant des dépenses ostentatoires ;
- responsabilités spécifiques des femmes dans
l'entretien des enfants ;
- impacts des maternités répétés
sur la force du travail ;
- statut juridique de dépendances ;
- concurrence entre coépouses.
.Chez les jeunes :
- le manque de disponibilités
foncières ;
- le manque d'expériences dans la gestion des
ménages ;
- le décalage entre les aspirations individualistes et
les valeurs et possibilités du milieu traditionnel ;
- les tentations entre générations ;
- le manque d'ambitions personnelles ;
- la paresse et l'oisiveté ;
- la délinquance
. Chez les peuls :
- les épizooties ;
- l'analphabétisme et l'ignorance ;
- la marginalisation.
Chapitre 3 : Méthodologie
3-1 Choix des villages d'étude
Le choix des terroirs villageois de Damama et de
Elguéza relève d'une proposition de la CT/PIIP.
Ce choix est motivé parce que ce sont des villages
PAIIP au sein desquels la mise en oeuvre des initiatives et innovations
retenues a suscité un certain engouement de la part des
populations .
3-2 Identification des adhérents et
enquêtes au niveau des groupes cibles
Pour les initiatives et innovations menées en
groupement (champs collectifs, banques céréalières et
semencières), ce sont les activités proprement dites qui
déterminent les groupes cibles .Quant aux activités à
l'échelle individuelle (cultures du manioc, cassia tora et
moringa oliefera), la liste des producteurs et leur catégorisation
sont connues à l'aide des membres du comité suivi
évaluation des innovations paysannes.
3-2-1Critères de choix des adhérent ou
producteurs
Le choix des adhérents ou producteurs est fonction d'un
certain de nombre de critères permettant d'identifier les quatre (4)
catégories d'exploitation selon le concept de la
vulnérabilité à savoir :
- peu vulnérables (P.V) ;
- moyennement vulnérables
(M.V) ;
- très vulnérables
(T.V) ;
- extrêmement vulnérables
(E.V).
Ces critères, une fois répertoriés
permettent de catégoriser chaque adhérent Ce sont :
- le capital foncier de l'exploitant ;
- le nombre d'UBT total que regorge l'exploitation ;
- le nombre de femmes prises en charge au sein de
l'exploitation par le chef ;
- le nombre d'actifs agricoles de l'exploitation ;
- le nombre total de personnes prises en charge au niveau de
l'exploitation ;
- les activités (principales et secondaires)
exercées ;
- l'existence de matériels agricoles modernes au sein
de l'exploitation.
3-2-2 Pertinence du choix de ces critères
Chacun des critères retenus comme
référence dans la catégorisation des exploitations est un
facteur de différenciation de celle-ci.
- le capital foncier : La terre
constitue un facteur de production dont l'utilisation détermine les
rapports sociaux .C'est dans le domaine foncier que les écarts
significatifs sont susceptibles de se creuser entre les exploitations .Cette
approche ne prend pas en compte d'autres paramètres non moins importants
tels que la fertilité ( Saley, 2002).
Le capital foncier est très important dans la mesure
où en milieu paysan la sécurité des paysans se juge par
rapport à leur bonne ou mauvaise assise foncière.
De ce fait un paysan à fort capital foncier est
supposé être à l'abri de certaines calamités telles
que la famine.
- Le nombre d'UBT au sein de
l'exploitation : En milieu rural, pour optimaliser les
productions agricoles dans les conditions actuelles de baisse de
fertilité des terres, les animaux jouent un rôle très
important. En effet l'apport du fumier constitue, après la
jachère le mode de fertilisation le plus ancien. En plus le choix de ce
critère est pertinent par le fait que ce sont les animaux qui sont les
plus souvent vendus pour faire face au déficit céréalier.
(Saley, 2002).
C'est dire que plus une exploitation possède un capital
bétail énorme, plus elle possède des opportunités
lui permettant d'atténuer les éventuels déficits
céréaliers imprévisibles et par conséquent
l'évite de basculer dans la vulnérabilité.
- les activités principales et secondaires
: A Aguié tout comme dans beaucoup de contrées
nigériennes la principale activité de la population est
l'agriculture. Seuls les revenus extra agricoles qui proviennent des
activités secondaires telles que le commerce, l'élevage etc....
différencient les exploitations. En effet tout comme le bétail,
les revenus extra agricoles sont des facteurs de différenciation
économique entre les exploitations. Leur choix comme critère
revêt une importance capitale car ils jouent un rôle important dans
les décisions du paysan. En matière de gestion de la
fertilité des terres, les revenus extra agricoles peuvent être
investis pour améliorer les travaux du sols, acheter d'autres terres
pour laisser alors d'autres en jachère etc. En cas de déficit
céréalier, ce sont ces revenus qui complètent les moyens
de subsistance des populations et par conséquent les évitent de
basculer dans la vulnérabilité.
Comme l'ont souligné Amadou et al en 1997, les revenus
extra agricoles constituent une variable qui sert à mesurer le
dynamisme d'une unité de production. Elle met en lumière le fait
que les disparités extra agricoles sont à la base des
différences profondes sur le plan de productivité, de
l'équilibre et de la variabilité d'une exploitation.
- l'existence ou non des matériels agricoles
modernes : La pertinence de ce critère réside dans
le fait qu'il permet de connaître le niveau de mécanisation de
l'exploitation. Il constitue donc un facteur de différenciation
économique entre exploitation. En effet les exploitations qui utilisent
les charrettes ou les charrues fertilisent et prépare mieux leur champ.
- le nombre d'actifs agricoles : A
Aguié tout comme dans beaucoup des terroirs nigériens la
possession au sein d'une exploitation d'un nombre énorme d'actifs
agricoles constitue un grand prestige. En effet le poids des exploitations se
mesure à certain égard par rapport à cette donne. C'est
dire que plus une exploitation regroupe un nombre énorme d'actifs
agricoles, plus elle est respectée et considérée dans la
communauté.
La pertinence de critère est qu'il permet de savoir
s'il y a un équilibre entre le niveau de mobilisation de la main
d'oeuvre de l'exploitation et les superficies agricoles mises en valeur. Bref
il permet de savoir si la main d'oeuvre de l'exploitation est susceptible de
s'auto-suffir en matière d'exécution des travaux
champêtres.
- le nombre total de personnes prises en
charge : À ce niveau aussi la notion d'équilibre y
est. Ce critère nous permet de savoir s'il y a compatibilité
entre production et nombre de bouches à nourrir au sein d'une
exploitation. Bref ce critère nous permet de savoir si l'exploitation
est à mesure de se sécuriser sur le plan alimentaire pendant une
année au vu de sa production enfin de campagne et du nombre de personnes
qui la composent.
Sur la base de ces critères précités
pour chacun des villages ayant fait l'objet de l'étude un tableau
permettant de faire une appréciation de la vulnérabilité
était établi au terme de l'étude.
Au niveau du village de Damama 73 exploitations ont
été répertoriées et enquêtées toutes
initiatives et innovations confondues. Elles sont reparties comme
suit :
- 7 exploitations extrêmement vulnérables,
- 33 exploitations très vulnérables,
- 25 exploitations moyennement vulnérables,
- 8 exploitations peu vulnérables.
Le tableau ci-après met en relief les critères
d'identification des catégories d'exploitations.
Tableau 4 :
caractéristiques des catégories d'exploitations agricoles selon
le concept de la vulnérabilité à Damama.
Critères
Catégories
|
Foncier
|
Cheptel ( UBT)
|
Nbre de personnes en charge
|
Activités
|
Matériels agricoles modernes
|
|
Actifs agricoles
|
|
Second-aires
|
|
11
|
3,72
|
4,16
|
14
|
Agriculture
|
Elevage
Commerce
|
Charrettes houes modernes
|
M.V (23)
|
5,8
|
2,26
|
2,52
|
12
|
Agriculture
|
Elevage
Commerce
|
Charrettes houes modernes
|
T.V (33)
|
3,18
|
1,83
|
0,36
|
9
|
Agriculture
|
Elevage
|
-
|
E.V ( 7)
|
1,5
|
1,9
|
0,23
|
6
|
Agriculture
|
-
|
-
|
|
Quant au niveau d'Elguèza 52 exploitations ont
été répertoriées et enquêtées toutes
initiatives et innovations confondues. Elles sont reparties comme
suit :
- 11 exploitations extrêmement vulnérables,
- 13 exploitations très vulnérables,
- 19 exploitations moyennement vulnérables,
- 9 exploitations peu vulnérables.
Le tableau ci-après met en relief les critères
d'identification des catégories d'exploitations.
Tableau 5 caractéristiques
des catégories d'exploitations agricoles selon le concept de la
vulnérabilité à Elguéza.
Critères
Catégories
|
Foncier
|
Cheptel
( UBT )
|
Nbre de
Personne
En charge
|
Activités
|
Matériels
Agricoles
Modernes
|
|
Actifs
Agricoles
|
|
secondaire
|
|
9
|
3,65
|
3,98
|
11
|
Agriculture
|
Elevage
Commerce
|
Charrette
Houe moderne
|
M.V (19 )
|
5,3
|
2,24
|
2,46
|
9
|
Agriculture
|
Elevage
Commerce
|
Charrette
Houe
Moderne
|
T.V ( 13 )
|
3
|
1,62
|
1,02
|
8
|
Agriculture
|
Elevage
|
_
|
E.V (11)
|
1,25
|
1,5
|
0,20
|
5
|
agriculture
|
_
|
_
|
|
N.B : les chiffres entre parenthèse indiquent le
nombre d'exploitations enquêtées par catégorie.
Au vu des tableaux 4 et 5 un constat se dégage, force
est de reconnaître que les exploitations agricoles d'Elguéza
s'expose à la vulnérabilité plus que celles de Damama. En
effet, pour les critères relatifs au foncier, au cheptel et le nombre de
personne en charge les caractéristiques des exploitations
d'Elguéza sont moins performantes par rapport à celles de Damama
et ce pour toutes les catégories .
A Damama tout comme à Elguéza il faut retenir
que :
- les exploitations extrêmement vulnérables du
fait de leur degré de vulnérabilité plus
élevé vivent dans l'indigence absolue ;
- les exploitations très vulnérables sont sans
assise foncière, chroniquement déficitaires vivant donc dans une
insécurité alimentaire permanente ;
- les exploitations moyennement vulnérables sont
celles dont les contraintes sont faibles, elles sont partiellement
équipées et actives dans les AGR ;
- les exploitations peu vulnérables, elles ont une
bonne assise foncière ; une bonne production, un important cheptel
et une capacité de fertilisation .Malgré leur situation
confortable, elles ne sont pas à l'abri de la
vulnérabilité à cause des risques divers :
épizooties, sécheresse, incendie, pratiques entraînant des
dépenses ostentatoires.
3-3 Echantillonnage des adhérents
L'échantillonnage intègre à la fois
toutes les catégories sociales, le sexe, le genre et l'ethnie tant
qu'à Damama qu'à Elguéza .
3.3.1. Au niveau de l'exploitation des champs
collectifs
Avant de dégager l'échantillon
définitif, un pré échantillonnage nous a été
établi par les membres des comités suivi évaluation des
initiatives et innovations.
Le tableau 6 donne la situation de cet
échantillonnage.
Tableau 6 :
échantillonnage des adhérents à l'exploitation des champs
collectifs au niveau des deux villages.
Villages
|
Nombre d'adhérents retenus après
Echantillonnage toutes catégories confondues
|
Nombre d'adhérents par catégories sociales
|
Nombre d'adhérents enquêtés par
catégorie
Sociale
|
Taux
D'échantillonnage
|
|
M.V
|
T.V
|
E.V
|
P.V
|
M.V
|
T.V
|
E.V
|
|
46
|
6
|
14
|
22
|
4
|
3
|
7
|
11
|
2
|
50%
|
Elguéza
|
27
|
_
|
12
|
13
|
2
|
_
|
5
|
6
|
2
|
48%
|
|
3.3.2. Au niveau des activités des banques
céréalières
Le principe est le même que celui suivi au niveau de
l'exploitation des champs collectifs. L'échantillonnage se
présente comme suit au niveau du tableau 7.
Tableau 7 :
échantillonnage des adhérents aux activités des banques
céréalières au des deux villages.
Villages
|
Nombre d'adhérents retenus après
Pré échantillonnage toutes catégories
Confondues
|
Nombre d'adhérents
Par catégorie sociale
|
Nombre d'adhérents
Enquêtés par catégorie
sociale
|
Taux
D'échantillonnage
|
|
M.V
|
T.V
|
E.V
|
P.V
|
M.V
|
T.V
|
E.V
|
|
46
|
6
|
14
|
22
|
4
|
3
|
7
|
11
|
2
|
50%
|
Elguéza
|
16
|
4
|
5
|
2
|
5
|
2
|
3
|
2
|
3
|
62,5%
|
|
3.3.3. Au niveau des activités des banques
sémencières
Ici seul le village d'Elguéza est concerné par
cette actiivité .Une liste de trente trois (33) adhérents nous a
été fourni par le comité de gestion de la banque
semencière.
Parmi les 33 adhérents il avait :
- 5 PV dont 2 enquêtés
- 10 MV dont 4 enquêtés ;
- 8 TV dont 3 enquêtés ;
- 10 EV dont 4 enquêtés.
Ce qui donne au total 13 adhérents sur 33 soit un taux
d'échantillonnage de 40%.
3.3.4. Au niveau de la culture du manioc
Dans chaque terroir les producteurs et leur
catégorisation sont connus à l'aide d'une liste fournie par les
membres du comité suivi évaluation des initiatives et innovations
paysannes. C'est ainsi qu'il a été dénombré
respectivement 57 et 45 producteurs à Damama et Elguéza. Le
tableau 8 donne la situation de l' échantillonnage qui a
été établi dans chaque village.
Tableau 8 : Echantillonnage des
producteurs de manioc au niveau des deux villages.
Villages
|
Nbre de producteurs toutes catégories confondues
|
Nbre de producteurs par catégorie sociale
|
Nbre de producteurs enquêtés par catégorie
sociale
|
Taux d'échantillonnage
|
|
M.V
|
T.V
|
E.V
|
P.V
|
M.V
|
T.V
|
E.V
|
|
57
|
6
|
21
|
24
|
6
|
2
|
7
|
8
|
2
|
33,33%
|
Elgueza
|
45
|
6
|
15
|
15
|
9
|
2
|
5
|
5
|
3
|
33,33%
|
|
C'est dire que dans chaque catégorie sociale 1
producteur sur 3 a été enquêté.
3.3.5. Au niveau de la culture du Cassia tora
La liste des producteurs et leur catégorie sont
connues avec l'aide des membres du comité suivi évaluation des
innovations et initiatives. Il a été identifié
respectivement sept (7) et huit ( 8 ) exploitations toutes catégories
confondues pratiquant la culture de Cassia tora à Damama et Elgueza.
Ces exploitations dans leur intégrité ont
été enquêtées tant qu'à Damama qu'à
Elgueza.
Au niveau de Damama il y avait :
- 1exploitation peu vulnérable,
- 3 exploitations moyennement vulnérables,
- 2 exploitations très vulnérables,
- 1 exploitation extrêmement vulnérable.
Quand au niveau d'Elgueza la situation se présente
comme suit :
- 2 exploitations peu vulnérables,
- 3 exploitations moyennement vulnérables,
- 1 exploitation très vulnérable,
- 2 exploitations extrêmement vulnérables.
3-3-6 Au niveau de la culture Moringa oliefea
Tout comme au niveau de la culture du Cassia tora la
liste des producteurs et leur catégorie sont connues avec l'aide des
membres du comité suivi évaluation des activités. Il a
été identifié respectivement deux (2) et six (6)
exploitations toutes catégories confondues à Damama et Elgueza
pratiquant la culture du Moringo oliefera.
Ces exploitations dans leur intégralité ont
été enquêtées à tous niveaux.
Au niveau du village de Damama il y avait :
- 1 exploitation moyennement vulnérable,
- 1 exploitation très vulnérable,
Quant au niveau d'Elgueza la situation se présente
comme suit :
- 2 exploitations peu vulnérables,
- 2 exploitations moyennement vulnérables,
- 2 exploitations extrêmement vulnérables.
3.4. Déroulement des enquêtes sur le
terrain
Au niveau des adhérents ou producteurs deux fiches ont
servi de support aux enquêtes.
La première (annexe 2) est conçue pour la
collecte des informations concernant les activités menées en
groupements (champs collectifs, banques céréales et
semencières).
La seconde fiche quant à elle (annexe 3) est
conçue pour la collecte des informations concernant les activités
de productions du manioc, du Cassia tora et celle de Moringo
oliefera.
Chacun de ces outils comporte un certain nombre de questions
s'articulant autour des aspects ci après :
- les objectifs assignés à
l'activité,
- les motivations d'adhésion et les avantages
tirés par les adhérents,
- les problèmes minant la bonne marche de
l'activité et les propositions d'amélioration pour ne citer que
ceux là.
Les réponses aux questions sont recueillies au fur et
à mesure des enquêtes jusqu'à l'épuisement des
adhérents ou producteurs que composent l'échantillon et ce pour
chaque initiative ou innovation.
En dernier ressort les réponses obtenues au terme de
l'enquête sont regroupées, traitées et analysées par
catégorie sociale selon le concept de la vulnérabilité. Ce
qui nous a permis de dégager la situation de chaque catégorie
sociale par rapport à la mise en oeuvre des initiatives et innovations
retenues notamment en quoi elles ont pu améliorer les conditions de vie
et les revenus des groupes cibles. En définitive c'est de voir l'effet
ou l'impact de la mise en oeuvre d'une initiative ou innovation sur la
réduction du degré de vulnérabilité des
adhérents.
Sur tout un autre plan il faut souligner qu'au cours de toute
cette étude nous avions bénéficié de l'appui de CT
/ PIIP du point de vue encadrement. En effet, chaque 2 à 3 semaines
des séances de restitution des résultats étaient tenus
à son siège à Aguié, ce qui nous a permis d'exposer
régulièrement l'état d'avancement du travail sur le
terrain. Les remarques, observations et orientations issues de ces
séances de restitution nous ont permis de bien canaliser le travail en
corrigeant les lacunes ou insuffisances décelées.
3.5. Assemblées villageoises de restitution
Dans chacun des villages une assemblée de restitution
des résultats a été tenue.
A cette occasion, l'ensemble des résultats a
été présenté aux participants afin que chacun
puisse apporter sa contribution dans le sens de les améliorer
conformément à l'approche PAIIP.
Dans l'ensemble, les réactions ont été
pertinentes, les participants ont fait des nombreuses remarques et propositions
constructives. Cette étape était capitale dans la
démarche car elle a permis d'engager la responsabilité de toutes
les parties par rapport aux résultats de cette étude.
Chapitre 4
Résultats- Discussions
4.1 RESULTATS
4-1.1 Exploitation des champs collectifs
L'exploitation des champs collectifs est faite à
travers des groupements d'intérêts plus ou moins semblables aussi
bien des hommes que des femmes.
Au niveau du village de Damama il y avait 16 groupements
exerçant cette activité dont huit (8) groupements hommes et (8)
groupements féminins.
Quant au niveau de Elguéza, il y avait 4 groupements
dont 3 groupements féminins et 1 groupement hommes.
4-1-1.1 Productions des champs par village
Les superficies mises en valeur par les groupements
oscillent entre 0,5 et 1 ha.
Les principales cultures sont le mil, le sorgho, l'arachide et
le niébé. Ces derniers sont associés au mil ou au
sorgho.
Le tableau 9 donne la situation de la campagne agricole
écoulée du point de vue production.
Tableau 9 : Productions des
champs collectifs par cultures.
cultures
|
Mil
|
Sorgho
|
Arachide
|
Nièbé
|
villages
|
Sup
|
Prd
|
Rdt
|
Sup
|
Prd
|
Rdt
|
Sup
|
Prd
|
Rdt
|
Sup
|
Prd
|
Rdt
|
Damama
|
1,5
|
345
|
230
|
1,5
|
390
|
260
|
6
|
1028
|
172
|
8
|
921
|
115
|
Elguéza
|
2
|
176,5
|
89
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
2
|
180
|
90
|
|
Sup : Superficie ( ha ) , Prd : Production (
kg ) et Rdt : Rendement ( kg / ha )
Pour le mil, les rendements varient entre 89 et 230 kg/ha,
quant au niébé ils oscillent entre 90 et 115 kg/ha. Ces
rendements sont très faibles en raison du faible niveau de
fertilité des terres mises en valeurs. En effet plusieurs groupements
n'ont pas de site approprié et les champs exploités sont
prêtés ou loués par un producteur du village. Ces champs
cédés aux groupements sont très éloignés et
très pauvres.
4-1.1-2 Motivation d'adhésion par
catégorie sociale
A Damama tout comme à Elgueza, les adhérents
toutes catégories confondues s'accordent à avancer les raisons
suivantes :
- L'adhésion aux champs collectifs contribue à
la résorption des problèmes d'insécurité
alimentaire à travers la constitution du stock des banques
céréalières ;
- Plusieurs femmes s'adonnent à la commercialisation
d'huile avec l'arachide produite, ce qui constitue pour elles une source de
revenus supplémentaires.
4-1-1-3 Avantages tirés par catégories
sociales.
Les avantages varient d'un groupement à un autre. En
cas de bonnes productions, après avoir dégagé la contre
partie de la banque céréalière les adhérents se
partagent le restant de la production des champs. Pour les adhérents
toutes catégories confondues c'est une voie leur permettant de rendre
consistant leur stock céréalier surtout au niveau des
exploitations plus vulnérables qui sont chroniquement
déficitaires.
En ce qui concerne la production des légumineuses
(niébé, arachide) deux options se dégagent :
- les femmes avec l'arachide produite s'adonnent à
l'extraction de l'huile. C'est une activité à grand pouvoir
structurant. Avec les revenus générés elles s'adonnent
à la fabrication artisanale du « tallia », du savon
et de la pommade. C `est pour elles une voie de réduction de la
vulnérabilité. Cette dynamique est plus remarquée au
niveau des femmes de Damama.
- Au niveau des hommes, il y a des groupements aux seins
desquels les adhérents vendent la production des légumineuses
(arachide, niébé) et se partage l'argent particulièrement
chez les plus vulnérables à Elgueza. Si non en
générale la vente de l'arachide et du niébé leur
permet d'acheter des vivres notamment le mil pour renforcer leur stock
céréalier. Les moins vulnérables quant à eux
constituent des fonds de roulement avec l'argent en vue d'exercer le
commerce.
C'est dire qu'en définitive que l'exploitation des
champs collectifs contribue beaucoup à la réduction de la
vulnérabilité chez les adhérents. En effet elle concoure
non seulement à l'atténuation des problèmes des
déficits céréaliers mais aussi à
l'amélioration des revenus des adhérents surtout les femmes.
4-1-1-4 Evolution en terme d'adhésion par
catégorie sociale
L'exploitation des champs collectifs a respectivement
démarré à Damama et Elgueza en 2002 et 2001. Les tableaux
10 et 11 illustrent l'évolution en terme d'adhésion par village.
Tableau 10 : Evolution des
adhésions aux champs collectifs à Damama.
Ethnies
|
Année 2002
|
Année 2003
|
Haoussa
|
Adhérents
|
Catégorisation
|
Pourcentage
|
Adhérents
|
Catégorisation
|
Pourcentage
|
PV
|
MV
|
TV
|
EV
|
PV
|
MV
|
TV
|
EV
|
Hommes
|
7
|
11
|
36
|
11
|
38%
|
Hommes
|
10
|
19
|
49
|
17
|
37%
|
Femmes
|
2
|
20
|
48
|
14
|
50%
|
Femmes
|
3
|
22
|
77
|
21
|
49%
|
Jeunes
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Jeunes
|
-
|
2
|
9
|
3
|
5,5%
|
Vieux
|
9
|
2
|
4
|
-
|
9%
|
Vieux
|
11
|
2
|
4
|
-
|
6,5%
|
Peul
|
Hommes
|
1
|
1
|
3
|
-
|
3%
|
Hommes
|
1
|
1
|
3
|
-
|
2%
|
Total : 169
|
19
|
34
|
91
|
25
|
100%
|
Total :254
|
23
|
46
|
142
|
41
|
100%
|
VNA ( % )
|
33,46
|
VNA : variation du nombre
d'adhérents
Tableau 11 : Evolution des
adhésions aux champs collectifs à Elgueza
Ethnies
|
Année 2001
|
Année 2003
|
Haoussa
|
Adhérents
|
Catégorisation
|
Pourcentage
|
Adhérents
|
Catégorisation
|
Pourc-entage
|
PV
|
MV
|
TV
|
EV
|
PV
|
MV
|
TV
|
EV
|
Hommes
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Hommes
|
3
|
4
|
2
|
6
|
12%
|
Femmes
|
-
|
19
|
20
|
3
|
76%
|
Femmes
|
2
|
28
|
35
|
7
|
56%
|
Jeunes
|
-
|
2
|
3
|
-
|
9%
|
Jeunes
|
2
|
7
|
11
|
6
|
20%
|
Vieux
|
2
|
1
|
2
|
3
|
15%
|
Vieux
|
4
|
2
|
3
|
2
|
12%
|
Total : 55
|
2
|
22
|
25
|
6
|
100%
|
Total :127
|
11
|
41
|
51
|
41
|
100%
|
VNA ( % )
|
56,67
|
Le tableau n°10 montre qu'en une année d'exercice,
on a passé de 169 à 254 adhérents aux champs collectifs
à Damama soit une variation de 33,46%. Par contre à
Elguéza en deux années d'exercice, on a passé de 55
à 127 adhérents soit une variation de 56,67 % (tableau
n°11). Ceci prouve que l'exploitation des collectifs a suscité un
grand engouement de la part de la population à Damama qu'à
Elguéza. Dans l `ensemble, cette évolution à Damama
tout comme à Elgueza s'explique par les avantages liés à
cette activité. En effet au delà de la constitution du stock de
la banque céréalière les adhérents arrivent
à obtenir des avantages leur permettant d'améliorer leurs
conditions de vie en atteste le surplus de production des champs que se partage
les adhérents après avoir dégagé la contre partie
de la banque céréalière.
Du point de vue ethnique on note une non participation des
peuls à l'exploitation des champs collectifs. Seul Damama avait cinq
(5) peuls comme adhérents dans un effectif de 254 adhérents en
2003 soit un taux de 2%. Cette faible adhésion des peuls est due
à leur faible intégration dans la communauté haoussa. Sur
tout un autre plan, on constate que les plus vulnérables adhèrent
plus que les moins vulnérables et ce au niveau des deux villages. Ceci
s'explique du fait que ce sont eux qui possèdent les exploitations
chroniquement déficitaires sur le plan alimentaire. De ce fait ils sont
astreints à développer des stratégies en vue de
réduire leur degré de vulnérabilité.
C'est ainsi que l'exploitation des champs collectifs est
jugée comme une alternative pertinente surtout pour les plus
vulnérables.
En prenant en compte le sexe on note une adhésion
massive des femmes par rapport aux hommes à l'activité. A titre
illustratif en 2003, à Damama, les femmes représentaient 49% de
l'effectif (254 adhérents). Quand à Elguéza elles
représentaient 56% de l'effectif (127 adhérents).Cette situation
est due au fait que dans beaucoup d'exploitations après la campagne
agricole, leurs maris partent en exode. D'où la nécessité
d'une adhésion massive des femmes pour supporter les charges du foyer
à l'absence des chefs d'exploitations.
4-1-1-5 Diagnostic des groupements exerçant
l'exploitation des champs collectifs
· Contraintes et difficultés liées
à l'exploitation des champs
Compte tenu de leur statut collectif et des faibles
disponibilités foncières dans les villages, les superficies
consacrées à ces champs sont très faibles (0,5 à 1
ha) pour assurer une production pouvant conduire à l'atteinte des
objectifs fixés. C'est une contrainte qui se pose de manière
aiguë à Elguéza.
Les groupements dans leur intégralité ne
possèdent pas de sites propres. En effet les champs sont toujours
empruntés ou loués chez un producteur du village. Celui-ci ne
cède que des champs éloignés et très pauvres.
Une autre contrainte est l'attaque parasitaire
constatée au niveau de plusieurs champs. En effet les champs surtout
ceux d'arachide et de niébé ont été
sévèrement infestés par les pucerons, affectant
significativement les rendements.
Toutes ces contraintes ont empêché les champs
d'atteindre les objectifs fixés par les adhérents.
· Points forts de l'exploitation des champs
collectifs.
L'initiative d'exploiter les champs collectifs est très
pertinente eu égard aux objectifs qui leurs sont
assignés :
- constitution du stock de la banque
céréalière,
- constitution des fonds de roulement pour exercer des AGR.
Du fait de son caractère structurant cette
activité est à encourager. En effet :
- elle favorise l'esprit d'association ;
- elle ouvre beaucoup de perspectives économiques.
C'est là donc une voie de réduction de la
vulnérabilité chez les plus démunis.
· Points faibles liés à
l'exploitation des champs collectifs
Comme point faibles liés à l'exploitation des
champs collectifs, on note :
- la faible disponibilité des adhérents au
travail constaté au niveau de certains groupements qui s'occupent
d'abord de leurs propres champs. En effet, les champs collectifs pour toutes
les opérations culturales (semis, sarclage, récoltes) sont
traités en dernière position ; Ce qui justifie leur
échec ;
- le non respect de la date d'apport d'engrais chimiques
constaté au niveau de certains champs. En effet, les cultures n'ont pas
véritablement bénéficié de la fertilisation
apportée. En atteste les faibles rendements obtenus (tableau 9).
4-1-2 Activités des banques
céréalières
Au niveau du village de Damama la banque
céréalière a été mise en place en 2002.
Celle de Elguéza a vu le jour en 2001.
4-1-2-1 Evolution des stocks depuis la création
des banques céréalières à nos jours
Les banques céréalières mises en place
dans le cadre du PAIIP sont gérées par les paysans qui sont
d'ailleurs les actionnaires principaux.
Le tableau 12 donne l'évolution des ces stocks.
Tableau 12 : Evolution des stocks
des banques céréalières par village.
Villages
|
Stocks
|
Sources du capital des banques
céréalières
|
2001
|
2002
|
2003
|
Damama
|
Activités non
Démarrées
|
1600 kg de
mil
|
2400kg de
mil
|
- exploitation des champs collectifs
- appui PAIIP
|
Elguéza
|
52,5 kg de
mil
|
852,5 kg de
mil
|
1200kg de
mil
|
- exploitation des champs collectifs
- appui PAIIP
- spéculation de la banque
céréalière
|
Le tableau12 montre qu'il y a une évolution positive du
stock des banques céréalières depuis leur mise en place
dans les deux localités. Ceci est du à la bonne organisation des
comités de gestion de ces banques céréalières. Au
niveau de Elguéza chaque année après spéculation
l'argent est destiné à l'achat des vivres en vue de renouveler
le stock au terme de la campagne agricole en cours. Vient après la
contre partie de la production des champs collectifs. A titre illustratif cette
banque céréalière a mobilisé une somme de 150 000
FCFA au terme des spéculations de l'année passée.
Au niveau de Damama, nonobstant l'évolution positive
à la première année d'exercice, le stock a
été livré aux adhérents à titre de
crédit avec un taux d'intérêt de 30 % à verser
à la banque céréalière au remboursement. Cette
option ne permet pas de pérenniser les actions de la banque
céréalière. On présage déjà des
difficultés de remboursement car à la date du 20 / 10 /2003 aucun
adhérent ne s'est manifesté alors que la date limite de
remboursement arrêtée était le 30 / 09 / 2003, donc
aussitôt les récoltes démarrées. Cette situation
risquerait d'affaiblir le capital cette banque céréalière
au vue des difficultés évoquées plus haut.
4-1-2-2 Motivations d'adhésion par
catégories sociales
Les plus vulnérables tout comme les moins avancent les
raisons d'adhésions suivantes :
- l'implantation d'une banque céréalière
au sein de leurs terroirs leurs diminue les déplacements qu'ils
effectuent à la recherche des produits agricoles pendant les
périodes d'intenses activités champêtres, c'est aussi un
gain de temps très appréciable en cette période ;
- les spéculations des produits de la banque
céréalière tiennent compte du pouvoir d'achat des plus
démunis. C'est donc un moyen de lutte contre les spéculateurs
véreux qui fixent des prix exorbitants.
4-1-2-3 Avantages tirés par catégories
sociales
Au niveau du village de Damama, déjà à sa
première année d'exercice le comité de gestion de la
banque céréalière a livré le stock aux
adhérents à titre de crédit à un taux
d'intérêt de 30 %. Chaque groupement a eu 200 kg de mil. Les
présidents des groupements ont procédé au partage du stock
pour les adhérents.
C'est dire que la gestion de la banque
céréalière telle qu'elle s'est faite à Damama cette
année n'a pas été au service de toute la population du
village. L'un des objectifs visés à travers son implantation qui
est d'assuré la sécurité alimentaire villageoise est loin
d'être atteint. Par contre au niveau d'Elguéza, au-delà
même des adhérents proprement dits, la gestion de la banque
céréalière était au service de tout l'ensemble des
populations du village. Seulement concernant les spéculations les
adhérents profitent d'une réduction sur les prix de cession
fixés. A titre d'exemple cette année la réduction
était de 50 f CFA sur le prix de vente de la
« tia » du mil. 4.1.2.4 Evolution en terme
d'adhésion par catégories sociales
A l'instar de l'exploitation des champs collectifs,
l'implantation des banques céréalières a suscité un
grand engouement de la part de la population tant qu'à Damama
qu'à Elguéza. Les tableaux 13 et 14 mettent en relief cette
dynamique au niveau des deux villages.
Tableau 13 : Evolution des
adhésions à la banque céréalière au niveau
de Damama.
Ethnies
|
Année 2002
|
Année 2003
|
Haoussa
|
Adhérents
|
Catégorisation
|
Pourcentage
|
Adhérents
|
Catégorisation
|
Pourc-entage
|
PV
|
MV
|
TV
|
EV
|
PV
|
MV
|
TV
|
EV
|
Hommes
|
5
|
5
|
29
|
9
|
31,5 %
|
Hommes
|
10
|
19
|
49
|
17
|
37,5%
|
Femmes
|
2
|
20
|
48
|
14
|
55%
|
Femmes
|
3
|
22
|
77
|
21
|
48,5%
|
Jeunes
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Jeunes
|
-
|
2
|
9
|
3
|
5%
|
Vieux
|
9
|
2
|
4
|
-
|
10%
|
Vieux
|
11
|
2
|
4
|
-
|
7%
|
Peul
|
Hommes
|
1
|
1
|
3
|
-
|
3 ;5%
|
Hommes
|
1
|
1
|
3
|
-
|
2%
|
Total : 152
|
17
|
28
|
84
|
23
|
100%
|
Total=254
|
25
|
46
|
142
|
41
|
100%
|
VNA ( % )
|
36,69
|
Tableau 14 : Evolution des
adhésions à la banque céréalière au niveau
d'Elguéza ;
Ethnies
|
Année 2002
|
Année 2003
|
Haoussa
|
Adhérents
|
Catégorisation
|
Pourcentage
|
Adhérents
|
Catégorisation
|
Pourcentage
|
PV
|
MV
|
TV
|
EV
|
PV
|
MV
|
TV
|
EV
|
Hommes
|
1
|
-
|
3
|
-
|
31%
|
Hommes
|
1
|
1
|
1
|
1
|
25%
|
Femmes
|
1
|
1
|
1
|
-
|
23%
|
Femmes
|
1
|
1
|
-
|
2
|
25%
|
Jeunes
|
-
|
2
|
-
|
2
|
30%
|
Jeunes
|
-
|
2
|
1
|
2
|
31,5%
|
Vieux
|
2
|
-
|
-
|
-
|
16%
|
Vieux
|
2
|
1
|
-
|
-
|
18,5%
|
Total : 13
|
4
|
3
|
4
|
2
|
100%
|
Total=15
|
4
|
5
|
2
|
5
|
100%
|
VNA ( % )
|
13,33
|
Au vu de ces tableaux nous remarquons qu'en une année
d'exercice à Damama, de 152 adhérents on a passé à
254 soit une variation de 36,69% comparativement à Elguéza
où en deux années d'exercice on a passé de 13
adhérents à 16 adhérents soit une variation de 13,33 %.
Cette faible adhésion à Elguéza peut
s'expliquer par le fait que la population n'est pas confrontée à
une pénurie de produits agricoles de manière aiguë. Aussi
les exploitations agricoles d'Elguéza semblent bien gérer leurs
stocks céréaliers plus que celles de Damama , toute chose
qui ne les obligent pas à dépendre de la banque
céréalière en vue de la résorption des
problèmes liés au manque ou à l'insuffisance des vivres.
Toutefois, les populations des deux villages sont unanimes que la banque
céréalière joue un rôle important dans
l'instauration de la sécurité alimentaire villageoise surtout
pendant les années déficitaires. A l'instar des adhésions
aux champs collectifs, on note une absence des peuls aux activités des
banques céréalières. Seul la banque
céréalière de Damama possède cinq peuls comme
adhérents en 2003 sur 254 adhérents soit 2% de l'effectif total.
Cette situation pourrait être due à leur faible intégration
dans la communauté haoussa.
Les plus vulnérables adhèrent plus aux banques
céréalières que les moins vulnérables. A titre
illustratif à Damama en 2003 il y avait sur un effectif de 254
adhérents 183 plus vulnérables contre 71 moins vulnérables
en matière d'adhésion à la banque
céréalière. Ceci s'explique du fait que ce sont eux qui
possèdent ( les plus vulnérables ),les exploitations
chroniquement déficitaires sur le plan alimentaire ,par
conséquent astreints à développer les stratégies
en vue de réduire leur degré de
vulnérabilité .
En fin en prenant en compte le sexe, on note une
adhésion massive aux banques céréalières des femmes
par rapport aux hommes surtout à Damama où les femmes en 2003
représentaient 48,5% de l'effectif total (254) contre 37,5 % pour les
hommes. Ceci s'explique par le fait que dans beaucoup d'exploitations
après la campagne agricole, leurs maris partent en exode. En
adhérant aux champs collectifs, elles arrivent à apporter un
appoint pour la prise en charge du foyer à l'absence des chefs
d'exploitations.
4.1.2.5 Diagnostic des groupements exerçant les
activités des banques céréalières
· contraintes et difficultés liées
au fonctionnement des banques céréalières
- Au niveau de Damama
Le mode de gestion tel qu'il s'est fait cette année ne
permet pas de pérenniser les activités de la banque
céréalière. En effet la cession à titre de
crédit de son stock aux adhérents risquerait d `affaiblir
son capital, voire même entraîner sa disparition.
- Au niveau d'Elguéza
Le mode de gestion ne souffre pas de problèmes
majeurs. Ce qui atteste l'évolution positive de son capital depuis son
implantation (tableau 12)
A Damama tout comme à Elguéza du fait que les
membres du comité de gestion des banques
céréalières n'ont reçu aucune formation constitue
un blocage pour la bonne marche des activités.
· Points forts des activités des banques
céréalières
Le mode de gestion des banques
céréalières installées dans le cadre du PAIIP
implique et responsabilise la composante paysanne dans la gestion. En effet
les paysans actionnaires majoritaires de la banque
céréalière fixent le règlement intérieur et
le mode de gestion qui leur convient.
- L'implantation d'une banque céréalière
dans les terroirs garantit la disponibilité des vivres sur place aux
adhérents.
- Les spéculations prennent en compte le pouvoir
d'achat des adhérents. Ce qui permet de combattre l'attitude des
spéculateurs véreux.
Points faibles des banques
céréalières
La production des champs collectifs notamment en
céréales constitue le capital principal des banques
céréalières. De ce point de vue le seul point faible
qu'on peut noter est la manière dont ces champs sont exploités.
En effet pour toutes les opérations culturales (semis, sarclage,
récoltes) ils sont traités en dernière position. Cet
état de fait est plus constaté au niveau des champs collectifs de
Damama. Cette situation ne permettra pas donc d'optimaliser la production et
de ce fait les banques céréalières verront leurs stocks
moins consistants.
4.1.3 Activités des banques semencières
Seul le village d'Elgueza est concerné par ces
activités conformément à l'élaboration de son
schéma d'action en 2001. Le village de Damama pour sa part n'a pas
inscrit les activités de la banque semencière dans son
programme.
4.1 .3.1 Situation des activités de la
banque semencière de Elguéza
Bien qu'inscrite comme activité à mener en
2001, la multiplication des semences n'a débuté qu'en 2002. Au
terme de la campagne agricole 2002 la situation de la banque était la
suivante :
- 90 kg d'arachide produite sur 1 ha,
- 142,5 kg d mil produits sur 1,5 ha.
Cette quantité de semences a été
utilisée pour la préparation de la campagne agricole
écoulée. C'est dire que la multiplication n'a pas atteint un
niveau où l'on pourra véritablement installer une banque
semencière dans ce village.
4-1-3- 2 Motivations d'adhésion par
catégories sociales
Les plus vulnérables tout comme les moins
vulnérables avancent les raisons d'adhésions ci
après :
- en adhérant aux activités de la banque
semencière, Ils parviendront à mettre en place un circuit local
de spéculations de semences dans le village,
- si le circuit est performant, les problèmes de
pénurie de semences à l'approche des campagnes agricoles pourront
être atténués.
4-1-3-3 Avantages tirés par catégories
sociales
Le niveau de production des semences en 2002 qui était
de 90 kg d'arachide produite sur 1ha et 142,5 kg de mil produits sur 1,5 ha,
n'a pas suffit aux multiplicateurs d'asseoir véritablement une banque
semencière à Elguéza.
En effet les multiplicateurs pour la préparation de la
campagne agricole 2003 avaient utilisé l'intégralité du
mil et de l'arachide produite comme semences. C'est dire que le niveau de
production n'a pas atteint un seuil où il pourra être
spéculé aux paysans.
4-1-3-4 Evolution en terme d'adhésion à
la banque semencière à Elguéza
Cette évolution est donnée à travers le
tableau 15.
Tableau 15 : Evolution des
adhésions à la banque semencière d'Elgueza
Ethnies
|
Année 2002
|
Année 2003
|
Haoussa
|
Adhérents
|
Catégorisation
|
Pourcentage
|
Adhérents
|
Catégorisation
|
Pourcentage
|
PV
|
MV
|
TV
|
EV
|
PV
|
MV
|
TV
|
EV
|
Hommes
|
1
|
1
|
3
|
2
|
47%
|
Hommes
|
3
|
4
|
4
|
3
|
42%
|
Femmes
|
-
|
1
|
-
|
-
|
6,5%
|
Femmes
|
-
|
2
|
1
|
1
|
13%
|
Jeunes
|
1
|
2
|
1
|
2
|
40%
|
Jeunes
|
1
|
4
|
3
|
6
|
42%
|
Vieux
|
1
|
-
|
-
|
-
|
6,5%
|
Vieux
|
1
|
-
|
-
|
-
|
3%
|
Total : 15
|
3
|
4
|
4
|
4
|
100%
|
Total : 33
|
5
|
10
|
8
|
10
|
100%
|
VNA ( % )
|
54,54
|
De 15 adhérents en 2001 on a passé à 33
adhérents en 2003 soit une variation de 54,54 %. C'est une
évolution très insignifiante par rapport à celle
constatée au niveau de l'exploitation des champs collectifs et des
activités des banques céréalières. Ceci s'explique
par le fait que les problèmes de semences ne se posent pas de
manière aiguë dans le village d'Elgueza bien que les paysans ont eu
à inscrire la multiplication des semences comme activités lors de
l'élaboration du schéma d'action villageoise en 2001. En effet le
paysan au terme de chaque campagne agricole, avant de stocker sa production
dans les greniers sélectionne les épis comportant de gros grains
(cas du mil et du sorgho). Ce sont ces épis qui seront gardés et
utilisés comme semence pour la prochaine campagne agricole.
4.1.3.5 Diagnostic des groupements exerçants la
multiplication des semences
· Contraintes et difficultés liées
à la multiplication des semences
Deux contraintes majeures se sont posées cette
année :
- d'abord il y avait eu une sécheresse en début
de campagne agricole. Ce qui a retardé l'évolution des
cultures ;
- les superficies mises en valeur par les producteurs ne
permettent pas d'avoir une production pouvant satisfaire le besoin des paysans.
A titre illustratif en 2002 il y avait respectivement 1 ha et 1,5 ha pour la
multiplication de l'arachide et du mil.
En 2003 2 ha ont été mis en valeur pour la
multiplication de l'arachide, 1 ha pour le mil et 1 ha pour le
niébé.
· Points forts de la multiplication des semences
La multiplication des semences permet aux producteurs de
disposer de semences en quantité et en qualité suffisante pourvu
qu'ils s'investissent pleinement. Elle contribue à la réduction
de la vulnérabilité à travers une augmentation sensible du
niveau des productions et un accroissement des revenus par la vente d'une
partie des semences.
· Points faibles entravant une bonne
multiplication de semences
Ces points faibles ne sont que d'ordre organisationnel. En
effet les champs utilisés pour cette multiplication souffrent
énormément de manque d'entretiens notamment des retards dans
l'exécution des travaux de sarclage. Cette situation n'est pas sans
conséquence sur le rendement des cultures.
4.1.4 Culture du manioc
4-1-4-1 Nombre de producteurs
répertoriés par terroirs villageois
Au niveau du village de Damama 57 producteurs ont
été identifiés dont :
- 6 peu vulnérables,
- 21 moyennement vulnérables,
- 24 très vulnérables,
- 6 extrêmement vulnérables.
Quant au niveau du village d'Elgueza le nombre de producteurs
était de 45 dont :
- 6 peu vulnérables,
- 15 moyennement vulnérables,
- 15 très vulnérables,
- 9 extrêmement vulnérables.
4-1-4-2 Motivations d'adhésion par
catégories sociales
Les producteurs toutes catégories confondues
s'accordent à avancer les motivations d'adhésion
ci-après :
- tous sont unanimes que la culture du manioc comble les
déficits céréaliers aux quels les exploitations font face
pendant la période de soudure ;
- les tubercules de manioc commercialisé
génèrent des revenus supplémentaires pour les
producteurs.
4-1-4-3 Avantages tirés par catégories
d'exploitation
Dans l'impossibilité de parcourir toutes les
exploitations, une exploitation sur trois était retenue pour mener les
enquêtes toutes catégories confondues.
Les tableaux 16 et 17 mettent en relief les avantages
tirés par catégories d'exploitation pour chaque village.
Tableau 16 : Avantages
tirés par catégories d'exploitation en culture du manioc au
niveau du village de Damama
Catégories
D'exploitations
|
Superficies exploitées
(Ha)
|
Production totale
(kg )
|
Production autoconsommée ( kg )
|
Nbre de repas couverts au sein de l'exploitation
|
Revenu par catégorie d'exploitation
( F CFA)
|
EV ( 2)
|
0,35
|
500
|
225
|
45
|
22500
|
TV (8)
|
0,5
|
700
|
275
|
40
|
68300
|
MV (7)
|
0,4
|
600
|
360
|
50
|
20300
|
PV ( 2)
|
0,35
|
450
|
275
|
35
|
18000
|
Total : ( 19)
|
1,6
|
2250 kg
|
1135 kg
|
170 repas
|
129100 Fcfa
|
|
Tableau 17 : Avantages
tirés par catégorie d'exploitation en culture du manioc au niveau
du village d'Elgueza
Catégories
D'exploitations
|
Superficies exploitées
( ha )
|
Production totale
( kg )
|
Production autoconsommée ( kg )
|
Nbre de repas couverts au sein de l'exploitation
|
Revenu par catégorie d'exploitation
( F CFA
|
EV ( 3)
|
0,18
|
960
|
360
|
48
|
17000
|
TV (5)
|
0,216
|
900
|
480
|
60
|
17000
|
MV (5)
|
0,19
|
800
|
500
|
70
|
26000
|
PV ( 2)
|
0,2
|
420
|
300
|
40
|
18000
|
Total : ( 15)
|
0,786
|
3080 kg
|
1640 kg
|
218 repas
|
78000 F cfa
|
|
NB Les chiffres entre parenthèse se
trouvant dans les tableaux indiquent le nombre d'exploitations
enquêtées par catégories sociales.
Au vu des tableaux 16 et 17 du point de vue rendement en
tubercules de manioc la situation se présente comme suit :
- A Damama sur une superficie totale mise en valeur de 1,6
ha toutes exploitations confondues, la production totale est de 2250 kg
(tableau 16) soit un rendement de 1406,5 kg/ha,
- A Elgueza sur une superficie totale mise en valeur de 0,786
ha toutes exploitations confondues, la production totale est de 3080 kg
(tableau 17) soit un rendement de 3918,5 kg/ha.
Cette disparité pourrait s'expliquer par le fait que
les producteurs de manioc de Elguéza semblent conduire les
opérations culturales à temps. En effet, le retard dans
l'exécution des opération culturales est plus constaté au
niveau des producteurs de Damama. Ce qui n'est pas sans conséquence pour
l`obtention des meilleurs rendements.
Les superficies mises en valeur à Elguéza sont
moins importantes que celles qui sont mises en valeurs à Damama. Cela
p eut être dû au manque de disponibilité
foncière qui se pose de manière aiguë à
Elguéza qu'à Damama (tableaux 4 et 5 ).
En dépit de ces rendements très faibles, la
culture du manioc a significativement amélioré les conditions de
vie et les revenus des producteurs au niveau des deux villages. En effet comme
le montre les tableaux 16 et 17 au niveau du village de Damama le nombre de
repas fait à la base des tubercules de manioc au sein des exploitations
pendant la période de soudure varie de 35 à 45.
Au niveau d`Elgueza il varie de 40 à 70.
C'est dire qu'à Damama tout comme à Elgueza, la
culture de manioc a significativement réduit la
vulnérabilité des exploitations agricoles.
Les revenus générés après
commercialisation sont utilisés dans plusieurs voies.
Les exploitations plus vulnérables orientent leur
revenus dans l'achat des vivres ( mil sorgho ) lorsqu'elles se trouvent dans la
nécessité.
Quant aux moins vulnérables (exploitations à
contraintes faibles) ces revenus constituent des fonds de roulement pour
exercer des activités génératrices de revenus telles que
le commerce pendant la période d'inactivité agricole.
C'est dire qu'en définitive que la culture du manioc
est une initiative porteuse sous deux angles :
- amélioration des conditions de vie des producteurs
en instaurant une certaine sécurité alimentaire au sein des
exploitations,
- amélioration des revenus des producteurs à
travers une partie de la production commercialisée.
4.1.4.4 Contraintes et difficultés
liées à la culture du manioc
A Damama tout comme à Elguéza deux sortes de
contraintes entravent une production du manioc à la hauteur des
espérances des producteurs. Elles sont d'ordre naturelles et
techniques.
- les contraintes d'ordre naturel : les producteurs
soulignent qu'ils assistent chaque année à des
dégâts causés par les termites dans les champs de manioc.
Elles se nourrissent de tubercules et détruisent les boutures
nouvellement plantées. Il y'a aussi la pourriture des tubercules due
à des conditions du milieu défavorables telles que l'excès
d'humidité évoqué par certains producteurs.
- les contraintes d'ordre techniques : Elles sont
relatives à la période de plantation des boutures. Selon
Santens (1983), il est préférable de planter les
boutures dès que la saison de pluie est bien installée (juillet -
août) dans les conditions du Niger afin que les plantes ne puissent pas
souffrir d'insuffisance d'eau au cours de leur cycle. Or, beaucoup de
producteurs du fait qu'ils consacrent trop de temps aux champs de mil et autres
sur le plan activités champêtres pendant cette période,
arrivent difficilement à s'inscrire dans cette logique.
Les difficultés quant à elles se résument
à la rareté des boutures sur place surtout à
Elguéza. Certains producteurs sont contraints de partir jusqu'au Nigeria
pour s'en approvisionner.
La combinaison de toutes ces contraintes et difficultés
fait que les rendements obtenus en tubercules de manioc par les producteurs
sont faibles comme le montre les tableaux 16 et 17.
4-1-5- Promotion de la culture du Cassia tora et de
Moringa oliefera
4.1.5.1 Motivation d'adhésion par
catégorie sociale
A l'instar des autres initiatives et innovations mises en
oeuvre par les populations, la promotion de ces cultures s'inscrit dans une
logique de pouvoir apporter un supplément dans l'alimentation des
exploitations pendant les périodes d'intense activités
champêtres Les producteurs toutes catégories confondues visent ce
même objectif.
4.1.5.2 Avantages tirées par catégories
sociales
Il faut dire qu'à Damama tout comme à
Elguéza la mise en oeuvre de ces cultures n'a pas suscité un
grand engouement de la part des populations contrairement à
l'exploitation des champs collectifs par exemple. En effet l'esprit des gens
s'est beaucoup plus focalisé sur les activités menées en
groupement qui procurent des avantages plus significatifs aux adhérents.
Les tableaux 18 et 19 mettent en relief les productions du Cassia tora
et du Moringa oliefera au niveau des deux villages.
Tableau 18 : Productions du
Cassia tora et du Moringa oliefera à
Damama
Cultures
|
Nombre de producteurs par catégorie sociale
|
Production moyenne par catégorie sociale en kg
|
P.V
|
M.V
|
T.V
|
E.V
|
P.V
|
M.V
|
T.V
|
E.V
|
Cassia tora
|
1
|
3
|
2
|
1
|
10
|
15
|
13
|
25
|
Moringa oliefera
|
-
|
1
|
1
|
-
|
-
|
22
|
8
|
-
|
Tableau 19: Productions du Cassia
tora et du Moringa oliefera à
Elguéza
Cultures
|
Nombre de producteurs par catégorie sociale
|
Production moyenne par catégorie sociale en kg
|
P.V
|
M.V
|
T.V
|
E.V
|
P.V
|
M.V
|
T.V
|
E.V
|
Cassia tora
|
2
|
3
|
1
|
1
|
13
|
24
|
10
|
16
|
Moringa oliefera
|
2
|
2
|
-
|
2
|
3
|
2,5
|
-
|
14
|
Au vu de ces tableaux deux constats se
dégagent :
- au prime abord, il est à retenir que les cultures du
Cassia tora et du Moringa oliefera n'ont pas suscité
une grande mobilisation des populations de point de vue mise en oeuvre au
niveau des deux villages.
A Damama il y'avait sept ( 7 ) producteurs de Cassia tora
contre deux ( 2 ) du Moringa oliefera.
A Elguéza les producteurs du Cassia tora étaient
au nombre de sept (7) alors que ceux du Moringa oliefera
étaient au nombre de six ( 6 ).
Cette faible adhésion pourrait être dû au
pouvoir non structurant de ces cultures contrairement à l'exploitation
des champs collectifs.
- deuxièmement ces productions variant de10 à 25
kg à Damama et de 10 à 24 kg à Elguéza pour la
culture du Cassia tora ; de 8 à 22 kg à Damama et de 2,5
à 14 kg à Elguéza pour la culture de Moringa
oliefera sont très insignifiantes dans la résorption des
problèmes de déficit céréalier des
exploitations.
4.1 .5.3 contraintes et difficultés
liées à la culture du Cassia tora et
du Moringa oliefera
La seule contrainte relevée est le déficit
hydrique qui constitue pour toute culture un handicap majeur pour sa croissance
et son développement. Cette contrainte s'est posée aux
producteurs du Cassia tora et du Moringa oliefera de
Elguéza.
En effet ces cultures ont véritablement souffert de
sécheresse en début de campagne agricole. Le dommage causé
est que les feuilles de ces plantes se sont fanées et dans certain cas
on a assisté à une mort totale des plantes.
4.1.6 Changements sociaux produits par certaines
activités
C'est surtout la mise en oeuvre des activités de
groupements telles que l'exploitation des champs collectifs et les
activités des banques céréalières qui ont produit
des changements sociaux perceptibles à Damama tout comme à
Elguéza.
· L'exploitation des champs
collectifs
L'avènement des champs collectifs au niveau des
villages de Damama et Elgueza n'est pas resté sans effets. La dynamique
est qu'il a entraîné un changement de point de vue
organisationnelle surtout chez les femmes à travers la création
des groupements pour conduire des activités d'intérêt
public. Ceci s'est matérialisé à travers leur
participation active et massive dans la mise en oeuvre des actions de
développement telles que l'adhésion aux champs collectifs,
banques céréalières et semencières. C'est dire que
les femmes constituent tout comme les hommes un pivot important pour la
résolution des problèmes cruciaux de leurs terroirs.
Cet engouement d'association pour la mise en oeuvre de ces
activités a fait en sorte qu`elles ont eu une grande ouverture d'esprit.
Cet état de fait se matérialise à travers leurs prises de
position pertinentes lors des assemblées générales
villageoises.
· les activités des banques
céréalières
Les banques céréalières conçues
dans le cadre du PAIIP contribuent beaucoup à la construction de
l'inter village. Cette dernière s'est matérialisée
à travers l'adhésion des populations du village de samia Bakoye
aux activités de la banque céréalière de Damama.
C'est ce qu'entend d'ailleurs prôner le nouveau projet
PPILDA à savoir la construction de l'inter village
à travers des actions de développement salvatrices pour les
acteurs impliqués.
4.2 DISCUSSIONS
4.2.1. Production des champs collectifs
Le tableau numéro 9 nous donne les rendements obtenus
pour chaque culture.
§ Rendements en Mil
Ils varient de 89 à 230 kg à l'hectare alors que
selon Santens (1983 ), le rendement moyen du mil en culture
traditionnelle oscille entre 300 à 500 kg à l'hectare. Ce sont
là donc des rendements très faibles .
§ Rendements en Sorgho
Ils sont de l'ordre de 260 kg à l'hectare. Ces
rendements comparés à ceux obtenus par Santens (1981),
sont faibles. Selon cet auteur, le rendement moyen obtenu est de 550
kg par hectare. On peut obtenir 200 à 1200 kg à l'hectare, selon
le type de Sorgho, la terre, la pluviométrie et les techniques
culturales.
§ Rendements en Arachide
Ils sont de l'ordre de 172 kg à l'hectare alors que le
rendement moyen au Niger est d'environ 500 kg à l'hectare en culture
traditionnelle (Santens, 1983 ). En culture
améliorée le rendement monte de 1500 kg à l'hectare,
tandis que les rendements potentiels sont de 3000 kg à l'hectare. Dans
le premier comme dans le second cas ces rendements sont très faibles.
§ Rendements en niebé
Ils varient de 90 à 115 kg à l'hectare. Ces
rendements sont très faibles eu égard à ceux obtenus par
Club du Sahel en 1982 qui oscillent entre 220 à 320 kg
à l'hectare.
4.2.2. Activités des banques
céréalières
A la lumière du mode de gestion des banques
céréalières installées dans le cadre du PAIIP, un
constat très perceptible se dégage . Force est de
reconnaître qu'elles sont régies par un principe de gestion
différent de celui que planifie les ONG et projets de
développement tels que AFRICARE .
Selon Issoufou (2000), la différence
réside au fait que dans le cadre de PAIIP la gestion implique et
responsabilise la composante paysanne alors que au niveau de certains projets
tel n'est pas le cas.
Dans le PAIIP, les paysans sont les actionnaires principaux
des banques céréalières.
Le tableau 12 nous montre l`évolution des stocks par
village.
A Damama de 2002 à 2003, le stock a passé de
1600 à 2400 kg de MIL. A Elguéza , il a passé de 52,5
à 1200 kg de mil de 2001 à 2003. Ce mode de gestion est à
encourager dans la mesure où il permet aux villages de
générer des fonds en vue de la réalisation des travaux
d'intérêt public comme le fonçage des puits pour
solutionner le problème d'insuffisance d'eau.
4.2.3. Culture de Manioc
Les tableaux 16 et 17 nous donnent les rendements des champs
de Manioc par village . A Damama le rendement moyen à l'hectare est de
1406,5 kg et celui de Elguéza est de 3918,5 kg .
Ce sont là des rendements très faibles surtout
celui de Damama qui est de l'ordre de 1406,5 kg/ha alors que selon
Santens (1983) les rendements en tubercules de manioc varient
de 3 à 12 tonnes au Niger contre un record mondial de 15O tonnes/ha.
4.2.4 Activités des banques semencières
La multiplication des semences telle qu'elle s'est
déroulée à Elguéza ces deux dernières
années est loin d'atteindre les objectifs qui lui sont assignés
notamment la production de semences en quantité et en qualité aux
paysans. En effet, les paysans s'engagent volontairement à cette
activité. Ce qui laisse croire qu'il peut y avoir méconnaissance
des règles minimales à suivre pour la réussite d'une
multiplication de semences. Or selon Ousseïni (1997),
en matière de multiplication des semences aucune
médiocrité n'est tolérable. L'on doit s'assurer de la
capacité du paysan à conduire l'opération de la
préparation du sol en passant par les entretiens et en fin les
conditions de stockage des graines récoltées.
Conclusion générale et
recommandations
Les auto- diagnostics assistés conçus dans le
P.A.I.I.P constituent un cadre de renforcement de la capacité des
paysans. Ce qui leur ont permis de mieux connaître leur environnement
physique, social et économique ; d'apporter des solutions aux
problèmes minant leur terroir en identifiant des activités
à réaliser et enfin à tirer des leçons.
Ce renforcement de capacités s'est véritablement
matérialisé au niveau des villages de Damama et de
Elguéza à travers l'identification et la mise en oeuvre des
activités telles que l'exploitation des champs collectifs, des
activités des banques céréalières et
semencières, la culture de manioc, la promotion de la culture du Cassia
tora et de Moringa oliefera. Elles s'inscrivent dans une logique de
réduire le degré de vulnérabilité des
adhérents en améliorant leur condition de vie.
Au terme de cette étude le constat qui se dégage
est que malgré l'adhésion massive des populations à ces
activités au niveau des deux villages beaucoup reste à faire dans
la mesure où les avantages tirés pour le moment ne sont pas
parvenu à réduire significativement le degré de
vulnérabilité des groupes cibles. Toute fois l'exploitation des
champs collectifs, la culture de manioc et les activités des banques
céréalières offrent des bonnes perspectives. De ce fait
pour que les adhérents puissent véritablement tirer profit de
leurs activités, les contraintes surtout celles qui sont d'ordre
organisationnel se doivent d' être jugulées. Pour cela nous
recommandons :
v Au niveau de l'exploitation des champs collectifs, aux
différents groupements ou associations intéressés par
l'activité de prendre toutes les dispositions à l'avenir pour
bien entretenir les champs en exécutant les semis et sarclage à
temps, accroître si possible les superficies mises en valeurs ( qui
oscillent de 0,5 à 1 ha par groupement ) en empruntant des champs au
près de paysans qui ont plus de disponibilité foncière.
Ce sont là des dispositions très pertinentes allant dans le sens
d'améliorer la production des champs collectifs.
v Au niveau des activités des banques
céréalières, aux groupements d'augmenter les superficies
des champs si possible afin de rendre consistant les stocks des banques
céréalières au terme des campagnes agricoles, à la
C.T/ P.I.I.P d'organiser une formation en gestion des banques
céréalières aux membres de leur comité de gestion.
Cette disposition permettra aux membres des comités de bien gérer
leurs fonds.
v Au niveau des activités de la banque
semencière de Elguéza, aux groupements intéressés
par cette spéculation d'oeuvrer tout comme au niveau des champs
collectifs pour une exécution des opérations culturales à
temps car la réussite d'une multiplication de semences dépend en
grande partie de la capacité d'organisation du multiplicateur.
v Au niveau de la culture de manioc, aux producteurs
d'améliorer les techniques de production. Ces améliorations
s'articuleront au tour de la préparation du sol en passant par le choix
et la plantation des boutures et enfin les entretiens.
La préparation du sol consistera à casser les
rugosités du terrain afin de permettre un bon développement des
tubercules.
Une bonne production est tributaire en partie de
l'état de santé des boutures. En
Effet des boutures prélevées sur des
pieds malades ne pourront en aucune façon produire
à la hauteur des espérances.
La plantation des boutures proprement dite devrait
intervenir en pleine saison de
Pluies (juillet - août) afin de permettre aux
plantes de boucler leurs cycles sans problèmes majeurs du point de vue
alimentation en eau.
Enfin les entretiens consisteront à éliminer la
végétation adventice en vue d'accélérer la
croissance des plantes.
La combinaison de toutes ces dispositions
précitées au niveau de chaque activité permettra aux
adhérents de maximiser les avantages.
Références bibliographiques
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programmées dans le cadre de l'expérimentation d'une
démarche participative de valorisation des initiatives paysannes en
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typologie des exploitations dans l'analyse des systèmes de production
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agraires en milieu tropical et leurs transformations, P127- 137.
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la réduction de la pauvreté, P 40-41.
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niveau de vingt six villages de l'arrondissement d'Aguié, 23 pages.
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stratégies paysannes en matière de la gestion de la
fertilité des sols et des risques climatiques dans l'arrondissement
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manioc, IPDR Kollo 30 pages.
Santens P, 1983 : Agriculture spéciale :
l'arachide , IPDR Kollo 46 pages.
Santens P, 1983 : Agriculture spéciale : le
mil , IPDR Kollo 45 pages.
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sorgho , IPDR Kollo 42 pages.
Service du développement agricole de l'arrondissement
d'Aguié, 2002 : Rapport annuel.
Service des ressources animales de l'arrondissement
d'Aguié, 2002 : Rapport annuel.
Service du plan de l'arrondissement d'Aguié, 2002.
Rapport RGP.
Yamba B, 2002 : Etude des facteurs et perceptions
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Yamba B, Amadou. B, 1996 : Innovations paysannes et
facteur de dynamisme : Le cas de deux villages du dallol Bosso sud
(Windé Bago et Boye Bangou). In agriculture en mutation : Acte du
colloque SPP/E Niamey 14- 15 décembre 1995, pages 257 à 270.
ANNEXES