5.4.Poids des facteurs socio-économiques entre
1996 et 2006
Sur la période 1996-2006, le poids des facteurs
socio-économiques n'est devenu important pour l'explication du
phénomène de la malnutrition qu'à partir de l'année
2001. En effet, selon le tableau 5.11, le poids des facteurs
socio-économiques a évolué progressivement passant d'une
contribution de 13,3% en 2001 à une contribution est d'environ 40% en
2006. Cette tendance de la contribution des facteurs socio-économiques
montre que le risque de malnutrition chez les enfants de moins cinq ans au
Bénin évolue en fonction du contexte socio-économique dans
lequel vivent ces derniers.
Cependant, le poids des facteurs socio-économiques est
devenu prépondérant en 2006 où la contribution à
l'explication du phénomène est très élevée
(40%) comparativement aux autres facteurs notamment les caractéristiques
socio-démographiques de la mère et de l'enfant (28,44%).
159 | Page
Impact des facteurs socio-économiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins
de cinq ans au Bénin
Tableau 5.11 : Evolution de la contribution des
facteurs socio-économique à l'explication de la malnutrition
entre 1996 et 2006
Facteurs
|
Contribution (en %)
|
|
1996
|
2001
|
2006
|
Facteurs socio-économiques
|
ns
|
13,3
|
39,96
|
Facteurs liés au contexte de résidence
|
12,79
|
6,4
|
18,32
|
Facteurs socio-culturel
|
7,78
|
3,1
|
ns
|
Caractéristiques socio-démographiques de la
mère et de l'enfant
|
79,43
|
70,7
|
28,44
|
Facteurs relatifs aux
Comportements nutritionnels et sanitaires
|
ns
|
5,7
|
ns
|
Facteurs liés à l'assainissement et eau
|
ns
|
0,9
|
ns
|
ns : Non significatif
|
Source : exploitation des données des EDS I, II et
III
5.5.Discussion des résultats
Dans cette étude, l'accent est mis sur les facteurs
socio-économiques : le niveau d'instruction de la mère, le niveau
de vie du ménage et l'activité économique de la
mère. Mais seulement deux se sont révélés
déterminants dans l'explication de la malnutrition des enfants de moins
de cinq ans : le niveau d'instruction et le niveau de vie du ménage.
En ce qui concerne le niveau d'instruction, on espérait
que plus les mères sont instruites, moins leurs enfants sont
susceptibles de souffrir de la malnutrition. Les résultats de l'analyse
bi variée vont dans le même sens. Les résultats de la
régression logistique confirment ceux trouvé au niveau descriptif
tout en montrant qu'il existe un écart significatif entre les
comportements des mères sans niveau et ceux des mères instruites
(niveau secondaire et plus). Ces conclusions ont été obtenues par
KOBELEMBI (2004) en Centrafrique, INSAH (2008) dans les trois pays
d'étude (Burkina Faso, Mali et Tchad) et GIROUX (2008). Ainsi plus la
mère est instruite, moins l'enfant est encline de souffrir de
160 | Page
Impact des facteurs socio-économiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins
de cinq ans au Bénin
la malnutrition. Mais cet effet n'est véritablement
perceptible qu'à partir du secondaire ou plus. Aussi la
significativité du facteur niveau d'instruction indique clairement la
nécessité de renforcer l'éducation nutritionnelle en
direction des femmes en âge de procréer. En effet, une mère
instruite est mieux informée sur les comportements de santé et
d'alimentation appropriés pour ses enfants. Cette éducation en
matière d'alimentation et d'hygiène l'amène à
respecter les messages de prévention et de protection de l'enfant contre
les maladies et la malnutrition diffusé par les mass medias ou ceux
reçu dans les services de santé maternelle et infantile. De
même elle est prédisposée à la préservation
de son environnement qui doit être propre et plus hygiénique. Ces
différence de comportement fait que leurs enfants souffrent moins de la
malnutrition.
Le niveau de vie des ménages est le deuxième
facteur socio-économique qui explique les niveaux de la malnutrition.
D'abord l'effet du niveau de vie sur la malnutrition a été
masqué le facteur milieu de résidence. Ce qui montre que l'on
doit tenir compte de la différence de condition de vie existe entre le
milieu urbain et le milieu rural dans l'élaboration des politiques de
lutte contre la malnutrition. En effet, dans le milieu rural, il n'existe
souvent pas des infrastructures de socio-économique comme les services
de santé de maternelle et infantile, les centres d'éducation
nutritionnelle. Ainsi les enfants vivants dans les milieux urbains sont moins
exposés au risque de malnutrition à cause de la
disponibilité permanente des produits alimentaires sur le marché
et les infrastructures nécessaires.
Les résultats de cette étude indiquent
également en 2006 que les enfants vivant les ménages pauvres et
ceux des ménages moyens sont plus susceptibles de souffrir de la
malnutrition que ceux issus des ménages riches. Or sur la période
2000-2005, la croissance économique a chuté passant de 5,8%
à 2,9% et elle n'a pas permis de soutenir les actions de
réduction de la pauvreté. Cette situation s'est traduite par
l'incidence de pauvreté qui se serait accrue par rapport au niveau de
2002, passant de 28,5% à 36,8% en 2006 (EMICoV, 2006). Ces
éléments réunis ont aggravé les conditions de vie
dans les ménages notamment dans les milieux ruraux où la
situation est plus alarmante.
Ainsi, l'influence du niveau de vie sur l'état
nutritionnel des enfants peut être située à plusieurs
niveaux. Les parents défavorisés ne peuvent pas offrir une
alimentation de qualité à leurs enfants à cause du manque
de moyen financier pour se procurer des aliments hautes valeurs à
nutritives. Donc les ménages pauvres ont des revenus très bas
ayant une
161 | P a g e
Impact des facteurs socio-économiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins
de cinq ans au Bénin
conséquence particulièrement
dévastatrice: un apport énergétique déficient ou la
faim, malaise physiologique provoqué par un manque de nourriture. Par
ailleurs, la pauvreté pousse certains béninois à
ériger leurs ménages dans les zones insalubres où les
enfants sont exposés aux agents pathogènes des maladies comme la
diarrhée. Dans ces circonstances, en cas de maladie les parents vivant
dans les ménages pauvres sont incapable de faire soigner leurs enfants
dans une centre de santé maternelle et infantile ou d'acheter les
médicaments, ce qui rend l'enfant d'avantage malnutris.
Par ailleurs d'autres résultats obtenus dans cette
étude en dehors de ceux énumérés ci-dessus se sont
révélé important dans l'explication de la malnutrition des
enfants. En effet, il a été établit que l'âge de
l'enfant est l'un des autres facteurs les plus discriminants au fil du temps
(entre 1996 et 2006). Les résultats indiquent que le risque de
malnutrition augmente avec l'âge de l'enfant jusqu'au 36ième
où il entame une baisse. Il faut cependant noter que l'alimentation de
l'enfant doit varier au fur et à mesure qu'il prend de l'âge. Sur
la période 1996-2006, l'augmentation du risque chez les enfants à
partir du 12ème mois résulte des effets du sevrage qui
expose l'enfant à la malnutrition et surtout de l'ignorance besoins
nutritionnels des jeunes enfants et les valeurs nutritionnelles des aliments. A
cela s'ajoute la non maitrise du calendrier d'alimentation que les mères
devraient adopter et respecter même si elles pratiquent l'allaitement
maternel de façon généralisé au Bénin (95%
selon les EDS1, 2 et 3). En effet, avant le premier anniversaire, le lait
maternel permet de couvrir les besoins alimentaire du jeunes aux quel
s'ajoutent les aliments de complément à partir du
6ème mois selon l'OMS. Mais à partir de 2 ans environ,
l'enfant s'alimente exclusivement au plat familial qui est
préparé deux fois, voire une seule fois par jour à cause
de la pauvreté qui sévit dans les ménages. Il
reçoit une portion, en apparence volumineuse, d'un plat familial souvent
très épicé, de faible valeur énergétique,
contenant peu de matières grasses et de protéines. Dans ces
conditions, les apports couvrent à peine 60-70% des besoins caloriques
et 80 à 90%25 des besoins en protéines. Les
éléments sont donc réunis pour que s'installe un
état de malnutrition ou que s'aggrave une malnutrition
préexistante.
Au cours des trois périodes de notre étude, le
sexe de l'enfant s'est dégagé significativement
déterminant en matière de malnutrition notamment en 1996 et en
2006 ou
25 Jean-Claude Dillon, juin 2000, nutrition et
malnutrition chez l'enfant, page 17
162 | Page
Impact des facteurs socio-économiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins
de cinq ans au Bénin
les garçons sont plus susceptibles de souffrir de
malnutrition chronique que les filles. Ce résultat rejoint celui de
MASSAMBA (2012) au Congo où il attribue cette différence de
risque à la différence biologique entre ces deux sexes ; c'est
à dire que les garçons seraient moins résistants que les
filles. Ce résultat est aussi conformé par INSAH (2008) au
Tchad
L'âge de la mère à l'accouchement s'est
aussi révélé discriminant dans l'explication de la
malnutrition. En effet, les enfants issus des mères adolescentes (moins
de 20ans) courent 1,57 et 1,26 fois plus de risque de souffrir de la
malnutrition que leur homologue issus des mères jeunes (20-34ans)
respectivement en 2001 et 2006. En effet, ce résultat n'est pas
surprenant puisque les adolescentes n'étant pas encore
préparé ces fonctions, elles ne disposent d'aucune
expérience en matière d'alimentation, de santé ou
d'hygiène vis à vis du nouveau-né ou encore de la
préparation et conversation des repas. Cette inexpérience
prédispose leurs enfants à la malnutrition. Mais le risque parmi
ces enfants a baissé entre 2001 et 2006. Ce résultat est
réconfortant dans la mesure où il indique des changements
contextuels qui sont en à l'oeuvre. En effet plusieurs campagnes de
sensibilisation en matière de la santé de reproduction ont
été effectuées pendant cette période. Ainsi, les
programmes d'Information, d'Education et de Communication ont permis de
réduire le risque malnutrition parmi les enfants des jeunes
mères. Les résultats concernant l'âge de la mère
à l'accouchement montrent qu'il n'y a pas de différence
significative entre les mères adultes (35ans et plus) et les
mères jeunes (20-34ans). Ce résultat est contraire à celui
trouvé par AKOTO(1985). En effet, on devait s'attendre à ce que
les enfants des mères adultes courent plus de risque d'être
malnutris que ceux des mères jeunes. Mais ce résultat
contradictoire met en relief l'effet de la taille du ménage. En
réalité au Bénin, lorsque le ménage a une grande
taille c'est-à-dire 6 personnes ou plus, les mères adultes sont
souvent assistés par les personnes âgées du ménage
qui disposent des expériences en matière de pratique sanitaire et
alimentaires. Ce qui réduit largement le risque de malnutrition des
enfants.
L'influence de la vaccination s'est
révélée très importante dans l'explication de la
malnutrition en 2001 car le risque de malnutrition est largement réduit
lorsque l'enfant est vacciné. C'est le cas aussi l'allaitement, des
maladies infectieuses (diarrhée, la toux et l'IRA) ou de la
qualité de l'eau de boisson qui, discriminant en 2001, ne l'est plus en
2006.Ces résultats sont aussi réconfortant en ce sens qu'ils
justifient la pertinence et la nécessité d'une analyse à
différentes dates lorsque les données sont disponibles. En
outre
163 | P a g e
Impact des facteurs socio-économiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins
de cinq ans au Bénin
ces résultats révèlent le changement de
comportement chez les femmes en âges de procréer en matière
d'allaitement et en matière de pratique de la santé infantile. Il
faut aussi ajouter que le succès des programmes élargie de
vaccination, des projets d'adduction, les campagnes de mise en oeuvre de la
stratégie de promotion de l'hygiène et de l'assainissement qui
sont assurée par les structures déconcentrées de la
Direction de l'Hygiène et l'Assainissement de Base (DHAB).
Remarquons que l'effet de la religion sur la malnutrition
observé en 1996 a disparu aussi bien en 2001 qu'en 2006. En effet, les
enfants issus des mères qui pratiquent la religion traditionnelle sont
plus enclins d'être malnutris et cela, à cause des interdits
alimentaires privant ainsi le jeune enfant de certains aliments riches en
protéines tels que le poisson ou la viande, les oeufs. En effet, dans
les régions comme le Borgou, l'Atacora, par exemple, la viande est
souvent consommée pendant les périodes de fête. Ce constat
est confirmé par les résultats de cette étude qui indique
en 1996 que l'Atacora était la région où le risque de
malnutrition était très élevé et qu'en 2006, ce
sont les régions Borgou et Zou qui prennent la relève. À
cela s'ajoute le manque de personnel qualité en matière de
santé et du suivie de la croissance des enfants. De plus les quelques
services de santé maternelle et infantile sont distant des populations.
En effet, 61% (en 1996), 64% (en 2001) et 47% (en 2006) des femmes
respectivement parcourent une distance de moins 5km pour accéder
à un établissement offrant les services dans le domaine de
l'accouchement, suivi des enfants, vaccinations, éducation en
matière de santé et de nutrition (EDS 1,2 et 3).
Le risque de malnutrition est plus élevé parmi
les enfants qui ont un intervalle inter génésique court en 2001.
Cette influence devient importante lorsque les ressources familiales et
l'attention de la mère sont partagées entre au moins deux
enfants. En effet, cette situation contraint les parents à sevrer plus
précocement l'enfant qui est allaité. Or un sevrage
précipité est plus souvent mal géré surtout quand
le ménage n'a pas une situation économique confortable et quand
la taille de la famille est si élevée qu'il exige la
compétition des enfants autour de la nourriture familiale. Ainsi le plus
jeune est souvent affecté car ne bénéficiant plus de tout
l'attention nécessaire pour son bien-être. Cela peut être
dû également à l'épuisement de la mère dans
la mesure où elle n'avait pas encore totalement
récupéré après la naissance de l'enfant
précédent. Mais l'absence de ce facteur parmi les facteurs
discriminant en 2006 prouve que des efforts sont faits et continue d'être
fait surtout en matière de planning familial.
164 | Page
Impact des facteurs socioéconomiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins de
cinq ans au Bénin
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATION L'objectif
général de l'étude est élucider l'impact des
facteurs socio-économiques sur l'augmentation de la malnutrition
chronique des enfants de moins de cinq ans au Bénin afin de mettre en
évidence les principaux leviers susceptibles d'inverser la tendance
actuelle de la malnutrition chronique au Bénin. Ainsi de façon
spécifique, il s'agissait de : Déterminer les niveaux et
tendances de la malnutrition infanto-juvénile au Bénin entre 1996
et 2006,
Mettre en évidence les catégories sociales ayant
les plus contribué à l'augmentation de cette malnutrition,
Déterminer, au niveau contextuel, l'impact des facteurs
socio-économiques sur l'évolution observée de la
malnutrition,
Déterminer, au niveau individuel, le poids des facteurs
sociaux économiques sur le risque de malnutrition et son
évolution temporelle
Pour atteindre les objectifs poursuivis dans cette
étude, le contexte de cette étude a été
décrit un premier temps suivi de la revue de la littérature qui a
permis d'identifier les facteurs influençant la malnutrition. Dans cette
logique, les données utilisées dans cette étude ont
été examiné et la qualité de ces dernières
est jugée acceptable dans l'ensemble. Compte tenu des données
disponibles, les schémas d'analyse ont été conçu en
s'inspirant principalement du cadre conceptuel de l'Unicef (1990) (au niveau de
la régression) et celui de Eloundou et Groux (2010) pour de la
décomposition. Les schémas d'analyse (décomposition et
régression) ont permis de mettre en relation entre les facteurs
socio-économiques et le retard de croissance conformément aux
hypothèses émises dans ce travail. Les données qui ont
servi à tester ces hypothèses sont celles issues des EDS I de
1996 ; EDS II de 2001 et EDS III de 2006 du Bénin.
Ainsi, l'analyse bi-variée a permis de montrer que les
facteurs socio-économiques sont tous significativement associés
à la malnutrition des enfants et qu'il une tendance monotone croissante
se dessine clairement dans le temps. Cette analyse a permis également
d'identifier les groupes cibles constitués des enfants issus des
mères agricultrices, sans aucun niveau d'instruction et vivant dans des
ménages pauvres ou de niveau de vie moyen.
165 | P a g e
Impact des facteurs socioéconomiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins de
cinq ans au Bénin
L'analyse des sources du changement révèle que
la hausse de la malnutrition sur la période 1996-2006 provient
essentiellement de l'effet de performance. Autrement dit un changement de
comportement des différentes catégories sociales selon les
variables de classification (le niveau de vie du ménage et le niveau
d'instruction de la mère).
L'extension de cet effet comportement révèle que
les conditions de vie de plus en plus dégradante et la baisse du niveau
d'instruction des mères des enfants malnutri sont principalement les
sources de la hausse de la malnutrition observée de 1996 à 2001.
Mais sur la période 2001-2006, en outre la performance de base
prépondérant, la performance différentielle,
c'est-à-dire la différence de malnutrition dans les groupes
sociaux de la population béninoise féminine en âge de
procréer (par rapport aux conditions de vie des ménages et niveau
d'instruction) a aussi contribué de façon moins importante
à la hausse de ce phénomène. Ce qui montre que ces deux
facteurs interviennent dans la hausse de la malnutrition à partir des
années 2000. Ces résultats mettent en exergue les effets du
système éducatif et du système économique (la
croissance économique n'est pas soutenue pour améliorer les
conditions de vie de la population, persistance de la pauvreté
malgré les politiques de réduction de la pauvreté) sur la
malnutrition. En effet, les politiques d'éducation notamment des femmes
en âges de procréer et celles relatives à la
réduction de la pauvreté (DSRP par exemple) n'ont pas permis
d'améliorer le niveau de vie ni d'hausser le niveau d'instruction de la
population.
La régression logistique a permis de mettre en
lumière les facteurs socio-économiques qui expliquent la
malnutrition des enfants béninois pour la période de 19962006. La
plupart des résultats obtenus confirment ceux obtenus pour d'autres
pays, ou dans la revue de littérature. En effet, nous avons
montré qu'aucun facteur socio-économique n'influence le risque de
malnutrition et son évolution temporelle en 1996. Mais c'est en 2001
qu'on observe l'effet du niveau d'instruction. Cet effet est renforcé
par celui du niveau de vie en 2006. Ainsi c'est surtout en 2006 que les effets
facteurs socio-économiques notamment le niveau d'éducation et le
niveau de vie ont montré leurs poids dans l'explication du
phénomène puisqu'ils ont contribué eux seuls à
hauteur de 40% à l'explication de la malnutrition. Ce qui montre la
prépondérance de leurs effets sur la malnutrition
166 | Page
Impact des facteurs socioéconomiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins de
cinq ans au Bénin
En outre, la région de résidence, la religion,
l'âge de l'enfant et puis le sexe de l'enfant constituent des facteurs
importants qui conditionnent l'état nutritionnel des enfants en 1996
alors qu'en 2001 le milieu de résidence, le milieu de socialisation,
l'âge de la mère, l'intervalle inter-génésique,
l'âge enfant, l'état morbide ou les maladies contractées,
la vaccination, l'allaitement et la qualité de l'eau de boisson se sont
révélé très importants dans l'explication de la
malnutrition. De même le milieu de résidence, la région de
résidence, l'âge de la mère à l'accouchement,
l'âge enfant, le sexe de l'enfant sont facteurs les plus discriminants en
2006. Notons que l'influence des facteurs comme l'âge de l'enfant ont
été permanente sur la période 1996-2006.
Bien que les résultats intéressants
évoqués précédemment corroborent ceux
trouvé
dans d'autres pays, cette étude présente quelques
limites qu'il convient de souligner : L'effet de sélection : la non
prise en compte des enfants malnutris décédés avant la
date de l'enquête pourrait sous-estimer le niveau de la malnutrition
chronique ;
Les valeurs des courbes ROC des différents
modèles montrent que les facteurs évoqués pour expliquer
le phénomène ne sont pas les seuls et par conséquent il
existe certainement d'autres facteurs que notre étude n'a pas pris en
compte : le moment d'introduction des aliments de complément ;
La non prise en compte des variables du genre pour
appréhender l'impact de la prise de décision en cernant la
santé et l'alimentation de l'enfant et appréhender l'action du
conjoint de la mère dans la prévalence de ce
phénomène ,
La vétusté des données utilisées dans
cette étude peut constituer une limite
Problème d'antériorité : par exemple le
niveau d'instruction des mères ou leur niveau de vie observé au
moment de l'enquête n'est pas forcément celui qu'elles avaient un
ou deux ans avant l'enquête, ce qui constitue un biais
Malgré les limites de ce travail, nous pouvons
suggérer un certain nombre de mesures qui pourront permettre aux
décideurs d'inverser les tendances actuelles de la malnutrition et
améliorer l'état nutritionnel des enfants au Bénin :
167 | Page
Impact des facteurs socioéconomiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins de
cinq ans au Bénin
Sur le plan politique
Il est important de renforcer des stratégies visant
à améliorer les conditions de vie des ménages. Dans cette
optique, nous pensons qu'il serait bon de renforcer l'accès des
populations pauvres aux microcrédits notamment en faveur des femmes des
milieu ruraux qui supportent en grande partie les charge des enfants dans les
ménages pauvres.
Les résultats de ce travail renforcent la conviction
que la pauvreté est un véritable fléau, surtout dans les
pays comme le Bénin où l'accès aux services de
santé de qualité en particulier les services de santé
maternelle et infantile n'est pas généralisé. Plus le
niveau de vie du ménage s'améliore, plus les parents sont
incités à investir dans leur propre bien-être et la
qualité des enfants ('éducation, santé et nutrition, etc).
Ainsi des efforts supplémentaires doivent être faits pour
réduire significativement la pauvreté surtout dans les
départements du Borgou et du Zou où la prévalence de la
malnutrition est très élevée.
L'instruction de la mère contribue en grande partie
à l'adoption des comportements ou des pratiques alimentaires favorables
à la santé de l'enfant. Ainsi l'instruction maternelle devient le
principal facteur qui favorise la création d'un environnement propice
à l'alimentation des enfants de moins de cinq car elle prédispose
les mères à abandonner les tabous alimentaires contenues dans les
normes sociales. Il est donc important de promouvoir de
l'alphabétisation des femmes en âge de procréer et en
particulier dans le domaine de l'éducation nutritionnelle et de
l'hygiène.
Renforcer la scolarisation des filles et les maintenir
jusqu'à la fin des cycles secondaires. Du fait des moyens financiers
insuffisamment disponibles, l'instruction formelle est aussi une bonne munition
dans l'arsenal des stratégies de réduction de la pauvreté
au Bénin, car les mécanismes qu'elle sous-tend contribuent
largement à l'amélioration du niveau de vie et au succès
des programmes de planification familiale (espacement des naissances).
168 | Page
Impact des facteurs socioéconomiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins de
cinq ans au Bénin
Adapter l'alimentation de l'enfant à son âge tout
en tenant compte des différences de prévalence de la malnutrition
entre les sexes. Dans ce sens, le contrôle du contenu de la
publicité alimentaire, en particulier celle qui s'adresse aux enfants
doit être renforcé ;
Généraliser les programmes de prise en charge
des enfants malnutris mise en place le département du Borgou à
aux autres départements comme le Zou, le Mono, le Couffo. Dans cette
optique, les centres de santé de référence (service de
santé maternelle et infantile par exemple) et des centres
d'éducation nutritionnelle à l'image du centre nutritionnel
ambulatoire de TASSO au Nord-est du Bénin doivent être construits
dans les départements où ils sont absents. Les centres existant
doivent renforcer en équipement mais aussi être doté des
ressources humaines ayant la compétence en matière d'alimentation
et de nutrition ;
Recycler et former le personnel des services de santé
de tous les départements du Bénin en matière de
dépistage précoce de la malnutrition et du protocole de prise en
charge des enfants malnutris. Il est aussi important de constituer des
équipes pluridisciplinaires capables de mettre en place une approche
globale et intégrée en basant sur l'ensemble des facteurs
identifiés dans cette étude ;
Conscient que le Programme National d'Alimentation et de
Nutrition axé sur les résultats est un programme multisectoriels,
fédérateur d'énergies et garant de synergies entre
politiques sectorielles pour la lutte contre le double fardeau de la
malnutrition au Bénin, la mise en oeuvre de ce dernier constituera un
avancée important dans la lutte contre la malnutrition au
Bénin.
Sur le plan scientifique :
Envisager une étude multi niveau dans le but
d'identifier les effets des facteurs socio-économiques au niveau
communautaire, au niveau de la famille et au niveau individuel ;
169 | Page
Impact des facteurs socioéconomiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins de
cinq ans au Bénin
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