5.1.5. Facteurs socio-économiques de la
malnutrition
En utilisant la régression logistique binaire pas
à pas, 15 modèles ont été élaborés en
1996 et 16 modèles en 2001 et en 2006 permettant de déterminer
les mécanismes d'action des facteurs socio-économiques selon la
logique de notre cadre d'analyse. Cependant les facteurs
socio-économiques significatifs sont identifiés à travers
les modèles saturés (M14 du tableau 5.4 ; M16 du tableau 5.5 et
M16 du tableau 5.6) dans lesquels l'effet propre ou intrinsèque de
chaque facteur socio-économique est connu en présence des autres
variables indépendantes retenues pour l'étude. Ainsi, toutes
choses étant égales par ailleurs, les facteurs les plus
déterminants dans l'explication du retard de croissance chez les enfants
de moins de cinq ans au Bénin sont répartis comme suit :
Facteurs communs :
y' L'âge de l'enfant est commun aux trois années
1996, 2001 et 2006 ;
y' La région de résidence, le sexe de l'enfant
sont communs aux années 1996 et 2006 ;
y' Le niveau d'instruction le milieu de résidence,
l'âge de la mère, l'intervalle inter-génésique sont
communs aux années 2001 et 2006 ;
Facteurs spécifiques
y' En 1996 : Religion de la mère.
y' En 2001 : Le milieu de socialisation, allaitement, vaccination
et la qualité de l'eau de boisson.
y' En 2006 : la taille du ménage
5.1.5.1. Influence des facteurs
socio-économiques a) Le niveau de vie du ménage
Le niveau de vie n'explique significativement au seuil de 5%
le retard de croissance qu'en 2006. En effet, le niveau n'est ni significatif
en 1996 ni en 2001. Cependant en 2001, il faut remarquer que l'introduction de
la variable milieu de résidence dans le modèle M5 (tableau 5.5) a
fait annuler l'effet exercé par le niveau de vie sur la malnutrition des
enfants.
135 | P a g e
Impact des facteurs socio-économiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins
de cinq ans au Bénin
En 2006, lorsqu'on considère le modèle global
(modèle M15 du tableau 5.6), on remarque le niveau de vie est un facteur
de différenciation de la malnutrition chronique des enfants de moins
cinq ans. En effet, les enfants vivant dans les ménages riches courent
0,76 fois moins de risque de souffrir du retard de croissance que leurs
homologues vivant dans les ménages moyen. Le risque de malnutrition
parmi les enfants des ménages riches qui était de 0,61 (effet
brut) a augmenté en passant à 0,76 (effet net), soit une
augmentation d'environ du risque de malnutrition de 25% dans ces
ménages. Ainsi les effets des autres facteurs ont contribué
à l'augmentation de l'exposition au risque de malnutrition dans cette
catégorie.
Cependant on n'observe aucune différence significative
entre les enfants vivant dans les ménages de niveau de vie faible
(pauvres) et ceux des ménages de niveau de vie moyen. Ainsi sous le
poids des conditions de vie, les mères issues des ménages pauvres
et celles des ménages de niveau de vie moyen adoptent les mêmes
comportements nutritionnels alimentaires vis à vis de leurs enfants.
Remarquons que le risque de malnutrition diminue au fur et
à mesure que le niveau de vie augmente. Mais cet effet n'est perceptible
que pour les enfants vivant dans les ménages Donc l'hypothèse
H1 qui stipule que le risque de malnutrition et son
évolution temporelle sont significativement déterminés par
le niveau de vie du ménage est confirmée.
b) Niveau d'instruction de la mère
Le niveau d'instruction de la mère n'explique le retard
de croissance au seul de 5% qu'en 2001 et en 2006, toutes choses étant
égales par ailleurs. En effet en 1996, le niveau d'instruction n'est pas
significatif. Son effet brut s'annulé en présence de celui du
niveau de vie dans le modèle M2 (tableau5.4). Ainsi en 1996, l'effet de
niveau d'instruction passait par du celui du niveau de vie dont est
annulé par celui du milieu de résidence.
Dans le modèle global de 2001, le risque d'exposition
à la malnutrition chronique est moindre parmi les enfants issus des
mères de niveau d'instruction secondaire et plus. En effet, les enfants
dont leurs mères ont atteint le niveau secondaire ou plus courent 0,46
fois moins de risque de souffrir de la malnutrition que ceux des mères
sans niveau (Modèle M16 du tableau 5.5). Mais ce risque parmi cette
catégories d'enfants a augmenté passant de 0,28 (effet brut)
à 0,46 (effet net), soit une augmentation d'environ 61% de risque.
Ainsi
136 | Page
Impact des facteurs socio-économiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins
de cinq ans au Bénin
les effets des autres facteurs ont contribué à
l'augmentation de l'exposition au risque de malnutrition dans cette
catégorie.
Cependant, il n'y a pas de différence significative
entre les enfants des mères de niveau primaire et ceux des mères
sans niveau d'instruction. Ainsi ces deux catégories de mères
adoptent les mêmes comportements nutritionnels alimentaires vis à
vis de leurs enfants. Mais on remarque que le risque de malnutrition parmi les
enfants des mères de niveau d'instruction primaire qui était plus
élevé (0,83) s'est annulé avec l'introduction de la
variable le milieu de résidence (modèle M4 du tableau 5.5). Donc
lorsqu'on prend en compte le milieu de résidence, le niveau
d'instruction ne discrimine plus les enfants issus des mères sans niveau
d'instruction et ceux dont leurs mères ont atteint le niveau
primaire.
On constate dans le modèle M16 (tableau 5.6) de 2006
que les risques d'exposition à la malnutrition sont moindres parmi les
enfants issus des mères de niveau d'instruction primaire et secondaire
ou plus. En effet, les enfants des mères de niveau primaire et niveau
secondaire et plus ont respectivement 0,73 et 0,66 fois moins de risque de
souffrir du retard de croissance que les enfants des mères sans niveau.
Donc contrairement au modèle global de 2001 où les enfants des
mères sans niveau et de niveau primaire courraient les mêmes
risque de souffrir du retard de croissance ; en 2006 les enfants ces deux
catégories de mère ont des risques différents face
à la malnutrition. Ces risques parmi ces catégories d'enfants ont
augmenté passant des effets bruts de 0,62 pour les enfants des
mères de niveau primaire et 0,44 pour ceux issus des mères de
secondaire ou plus aux effets nets 0,74 et 0,67 respectivement pour ces deux
catégories d'enfants. Ainsi les effets des autres facteurs ont
contribué à l'augmentation de l'exposition au risque de
malnutrition dans ces catégories.
Par ailleurs, il faut noter que le risque de malnutrition
diminue au fur et à mesure que le niveau d'instruction augmente. De
plus, au cours de la période 2001-2006, le risque de malnutrition des
enfants issus des mères de niveau primaire était non significatif
en 2001 mais il le devient en 2006. Pour les enfants issus des mères
ayant atteint le secondaire ou plus, le risque de malnutrition est passé
de en 0,46 en 2001 à 0,67 en 2006. Ainsi ces résultats montrent
que l'hypothèse H2 selon laquelle le risque de
malnutrition et son évolution temporelle sont significativement
déterminés par le niveau d'instruction de la mère,
c'est-à-dire l'absence d'instruction est significativement
associée à l'augmentation de la malnutrition est
confirmée.
c) Activité économique de la
mère
137 | Page
Impact des facteurs socio-économiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins
de cinq ans au Bénin
L'occupation de la mère n'a pas une influence
significative sur le retard de croissance quelle que soit l'année. Mais
l'activité influençait le retard de croissance au départ
(effet brut) et cette influence est devenue non significative en
présence des facteurs niveau de vie et niveau d'instruction .Cependant,
le milieu de socialisation fait ressortir l'effet de l'activité
économique (modèles M8 du tableau 5.4) qui sera
complètement annulé après l'introduction de l'âge de
l'enfant dans le modèle M10 de 1996. Le même scénario s'est
aussi observé en 2001 où l'introduction de l'âge de
l'enfant annule complètement de l'effet de l'activité
économique de la mère. Mais en 2006, en dehors de l'âge de
l'enfant qui annule l'effet de l'activité sur la malnutrition, le sexe
de l'enfant fait ressortir cet effet (Modèles M10 et M11 du tableau 5.6)
qui sera ensuite annule à nouveau par le facteur vaccination.
Ainsi on peut donc déduire de ces différents
constats que l'effet de l'activité de la mère sur le retard de
croissance passe de façon prépondérant par celui de
l'âge de l'enfant et ensuite par le sexe de l'enfant et la vaccination.
Ces résultats montrent que l'hypothèse H3 qui stipule que le
risque de malnutrition et son évolution temporelle sont
significativement déterminés par l'activité
économique de la mère ; c'est à dire l'exercice d'une
activité économique rémunérée est
significativement associé à l'augmentation de la malnutrition est
infirmée.
|