1.8. Eau et assainissement
L'eau potable et l'assainissement sont indispensables à
la santé publique. Ils en constituent souvent la base, car lorsqu'on
aura garanti à tout un chacun, quelles que soient ses conditions de vie,
l'accès à l'eau potable, et aux services adéquats
d'assainissement et de meilleures conditions d'hygiène, la lutte contre
les maladies transmissibles connaitra un bond énorme. C'est pourquoi il
est nécessaire d'examiner les niveaux d'accès et de couverture
aussi bien pour l'eau que l'assainissement au Bénin afin de
dégager d'éventuelle relation entre la malnutrition et ces
derniers.
1.8.1. Eau potable
Malgré l'existence d'un fort potentiel hydrique,
l'accès à l'eau potable constitue encore un problème
majeur pour la population. En effet, 56% des ménages disposent d'eau
potable en 1996 (EDS1, 1996). Cette proportion est passée à 61%
en 2001(EDS2, 2001) et puis à 66% en 2006 (EDS3, 2006).
La situation est critique dans les milieux ruraux que dans les
villes puisque le pourcentage de ménages disposant d'eau potable y est
relativement faible: 57 % contre 80% en milieu urbain (EDS3, 2006). Cette
situation montre que la plupart des projets d'adduction d'eau sont souvent
concentrés dans les villes au détriment des zones rurales.
Toutefois, ces dernières années, d'importants
moyens ont été mis en oeuvre par les Pays-Bas, la KfW/GTZ,
l'USAID et l'UNICEF dans le secteur eau en milieu rural, notamment dans les
zones de ver de Guinée. Ces efforts ont certainement porté des
fruits mais il reste encore 43 % (contre 48 % en 2001) des ménages
ruraux qui ne disposent pas d'eau potable (EDS, 2006). D'autres projets de
forage ont permis d'améliorer la situation et les problèmes
liés à la réparation des pompes pour apporter ainsi des
solutions durables. Mais l'on est encore loin des progrès
nécessaires pour atteindre la cible des Objectifs du Millénaire
pour le Développement pour l'eau potable, c'est-à-dire une
couverture de 75 % d'ici 2015
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Impact des facteurs socio-économiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins de
cinq ans au Bénin
Cette insuffisance dans l'accès à l'eau potable
pourrait conduire la population à s'intéresser à d'autre
source d'eau moins potable comme l'eau des puits non protégé; eau
de la rivière/marigot/mare ou autre eau de pluie. Ainsi une
prolifération des maladies hydriques dans le rang des enfants de moins
cinq ans notamment la diarrhée qui est une cause de la malnutrition.
1.8.2. Assainissement
Le domaine d'assainissement concerne non seulement la gestion
des eaux usées, l'évacuation des excréta mais
également l'évacuation des déchets solides produits par
les ménages ou les établissements industriel ou hospitaliers.
D'une manière générale, l'évacuation des eaux
usées de douches se fait dans un puits perdus en milieu rural comme en
milieu urbain. Le puits perdu est constitué d'une fosse d'environ 1,5m
à 3,0m de profondeur remplie de graviers ou de moellons. Dans les zones
inondables (Cotonou et des villes secondaires comme Sèmè-Kpodji
et Grand-Popo où la nappe phréatique est à moins de 2m du
terrain naturel), les populations sont obligées de construire des
puisards pour l'élimination des eaux usées polluant ainsi la
nappe phréatique qui est aussi utilisée par une frange non moins
importante de la population pour les usages domestiques (notamment la
vaisselle, la lessive, la douche et quelques fois comme eau de boisson).
En matière de salubrité au Bénin, les
départements du Plateau, des Collines et de l'Atlantique sont les plus
salubres avec respectivement des taux de salubrité de 95 %; 93,40 % et
84,85 %. Par contre, les départements de l'Atacora, de la Donga et du
Borgou regorgent de maisons insalubres avec des taux d'insalubrité
respectifs de 43,44 %; 36,23 % et 31,91 %. Il faut noter que les taux de
salubrité et d'insalubrité de 50 % observés pour le
Littoral ne sont pas représentatifs du département car ils ne
concernent que la localité de Placodji qui est une zone insalubre.
La très faible utilisation des latrines, des fosses
septiques, des latrines à chasse manuelle et des latrines à
fosses ventilées par les ménages montre que la population
béninoise vit dans un milieu malsain. En effet, selon les données
de l'EDS-I de 2006, près des trois quarts des ménages ne
disposent pas de toilettes (73 %), alors que seulement un ménage sur
cinq environ (19 %) utilise des latrines couvertes et 7% des latrines non
couvertes. Mais en 2001, c'est un peu plus de deux ménages sur trois ne
disposent pas de toilettes (67 %) contre 15% pour les latrines ventilées
et 15 % pour les latrines non ventilées (EDS 2, 2001). La proportion des
ménages (62 %) ne disposant d'aucun type de toilettes a chuté par
rapport à
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Impact des facteurs socio-économiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins de
cinq ans au Bénin
celle de 2001. Cependant en milieu rural, la grande
majorité des ménages, c'est à dire 81 % ne dispose pas de
toilettes contre 66 % qui en dispose en milieu urbain (EDS3, 2006).
Notons enfin que le secteur d'assainissement connait beaucoup
de problème notamment une allocation trop faible et peu significative du
budget national (moins de 2% du budget du secteur de la santé). Ce qui
montre qu'il ne fait pas l'objet d'autant d'attention que le secteur
d'Approvisionnement en Eau Potable (AEP) en termes de dotation
budgétaire. L'analyse du financement des activités du secteur de
l'assainissement en 2006 montre que 46% des charges reviennent aux
ménages et 54 % sont supportées par l'Etat (ALE et
DEGBEVI;2007).
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