frontaliers
La Mauritanie est un pays vaste, avec seulement environ trois
millions d'habitants, principalement concentrés sur la côte
atlantique et au bord du fleuve Sénégal. Aujourd'hui, ce qui
était synonyme de veine jugulaire du bien est devenu le circuit du mal.
Les chemins jadis empruntés par les commerçants, les caravanes et
les routards et qui ont été des plus profitables à
l'humanité que ce soit pour le commerce, la culture et en termes
d'expansion de civilisation sont désormais utilisés par des
groupes d'extrémistes qui en font leur fief et par d'autres personnes
spécialisées dans le trafic de la drogue. Ce qui nous
amènera à voir l'émergence de ce groupe
d'extrémistes (A) et le narcotrafic (B).
Selon M. Sid' Ahmed Tfeil, journaliste de la
télévision mauritanienne dans une interview pour El Watan
week-end, un magazine marocain (La Mauritanie face à Al Qaïda,
article paru le Vendredi 15 octobre 2010 après l'invasion
américaine de l'Irak en 2003, la réaction de la rue arabe a
favorisé l'émergence d'un discours religieux extrémiste,
c'est-à-dire le «salafisme djihadiste» ou le «djihad
mondial». Et la Mauritanie a eu sa part de cette nouvelle donne dans le
changement du discours religieux. Une partie de la jeunesse mauritanienne a
été séduite par ce discours, d'autant que beaucoup de
jeunes ne suivent un cursus scolaire public qu'à moitié et
certains étudient l'enseignement religieux traditionnel. Selon les
jeunes, désireux de partir rejoindre les djihadistes en Irak, en
Afghanistan ou en Tchétchénie, la voie passait par le GSPC
2 algérien, qui devait, selon eux, assurer le
déplacement et la prise en charge des nouvelles recrues. C'est ainsi que
la plupart des jeunes djihadistes ont rejoint la Katiba des Moulathamin,
commandée par Mokhtar Belmokhtar dit «Le Borgne»,
opérant dans les zones frontalières entre la Mauritanie, le Mali
et l'Algérie. Mais la vraie vague de recrutement intensif de
Mauritaniens au sein du GSPC actuel Aqmi dans cette zone a
démarré après 2008 : cela coïncidait avec
l'arrestation de nombreux jeunes islamistes et le démantèlement
de plusieurs cellules actives ou dormantes. Tous les autres jeunes qui ont pu
fuir les services mauritaniens de sécurité se sont
réfugiés chez le GSPC. L'accueil de ces nouvelles recrues
s'était, selon les milieux salafistes, très bien passé :
Al Qaïda au Maghreb islamique avait surtout besoin d'autorités
religieuses, d'étudiants en religion pour affronter les arguments des
ennemis de cette organisation et pour édicter des fetwas djihadistes
(appel au combat) et des discours mobilisateurs. Parmi eux, Abou Anas Al
Chanqiti, spécialisé dans les appels aux jeunes pour rejoindre Al
Qaïda.
D'ailleurs, les attaques contre les militaires mauritaniens se
sont multipliées, surtout après le changement de nom du GSPC en
Aqmi et son allégeance à l'organisation d'Oussama Ben
Laden. Les opérations contre l'armée
mauritanienne se sont donc accélérées
(après Lemghaïty, il y a eu Tourine et El Ghalaouiya), ainsi que
des accrochages armés à Nouakchott même, des assassinats et
des rapts d'Occidentaux, etc. La Mauritanie a alors décidé de
changer sa politique sécuritaire en adoptant une stratégie de
«frappes préventives». L'idée est d'envoyer les troupes
de l'armée attaquer les groupes armés à l'intérieur
du Mali, allié de la Mauritanie dans la lutte contre Al Qaïda.
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