Université de Nouakchott
Faculté des Sciences et Juridiques
Economiques
Département : Droit Privé Option : Droit
des Affaires
Mémoire de Maitrise
Thème : La gestion de la migration de transite
en Mauritanie : Défis et Solutions
Présenté par l'étudiant
:
Mohamed Aboubecrine Djigo
Sous la direction de : Haimoud Ramdan
Professeur, Directeur de recherche
Année Universitaire : 2010-2011
Numéro de Dépôt :
Dédicaces
A ma mére, Fatimata kane A Dahoud (repose en paix)
Contenu
Première partie : Le défi de la
migration de transit 6
Chapitre 1er : Définition de la
migration 7
Section 1ère : Dimension historique
des mouvements migratoires 7
Paragraphe 1er : Genèse de la
migration 8
Sources : Rapport de l'EMOE 2007/2008, pages 17 11
Paragraphe 2 : Facteurs attractifs pour les migrants
de transit 11
A- Proximité géographique avec l'Europe
11
B- Existence d'opportunités d'emplois
12
Section 2 : Dimensions socio-économiques de la
migration 13
Paragraphe 1er : Impact de la migration de transit sur
le développement en
Mauritanie 14
A- Alternative à la pénurie de la
qualification de la main d'oeuvre local 14
B-Secteurs occupés par les migrants de transit
15
Paragraphe 2 : Les catégories de flux
migratoires 16
Chapitre 2 : Les conséquences de la migration
de transit irrégulier 19
Section 1ère : Une menace pour la
sécurité nationale 20
Paragraphe 1er : Les fléaux
liés à la défaillance des contrôles 20
Paragraphe 2 : L'impact du problème sur
l'économie 22
Section 2 : Transit durable 24
Paragraphe 1er : Durcissement des
contrôles frontaliers méridionaux 24
B - les accords bilatéraux de migration
25
Paragraphe 2 : Facteurs facilitant
l'intégration des migrants 26
B- Les liens culturels, linguistiques et religieux
27
INTRODUCTION
De nos jours, la migration est plus en plus au centre
débats nationaux et internationaux, ce qui fait d'elle une question
essentielle à l'heure de la mondialisation tant pour les pays d'origine,
de transit et de destination.
La Mauritanie à travers sa position géographique
stratégique (proximité avec l'Europe) devient de plus en plus un
territoire qui attire les migrants qui veulent rejoindre de l'Europe.
Ce pays, à travers sa diversité culturelle et
ces liens historiques avec les pays de la sous région s'est peu à
peu transformé depuis quelques années en un pays de transit pour
les migrants de passage et une terre d'accueil pour les migrants qui s'y
établissent.
Ces flux de personnes, commencent à être reconnus
comme des « migrants de transit » c'est-à-dire, comme la
migration en direction d'un pays dans l'intention d'y chercher la
possibilité de migrer dans un autre pays ou vers le pays de destination
finale.
Dans les médias, la Mauritanie est aujourd'hui
présentée comme une plaque tournante pour les migrants
clandestins qui espèrent gagner l'Europe via les Iles Canaries. La ville
de Nouadhibou en particulier, qui est le deuxième centre urbain du pays
située au Nord et à la frontière avec le Maroc, est
devenue un point de départ pour les pirogues en partance
vers l'Europe et est dénoncée par la presse
européenne comme le « chef-lieu de l'émigration clandestine
sauvage »
Le transit a cependant été largement remis en
cause depuis avril 2006 suite aux événements tragique de Ceuta et
Melilla par l'Union Européenne à travers le renforcement de la
surveillance.
En effet, la situation de certains pays du « Sud »
marquée par la pauvreté, l'instabilité politique (guerre
civile, émeute interethnique), sécheresse poussent de plus en pus
les jeunes à la migration en quête d'une meilleure vie. A titre
d'exemple, nous avons vu pendant le « printemps arabe » plusieurs
migrants qui débarquaient l'ile de Lampedusa (Italie) fuyant les
persécutions régime libyen et tunisien.
Cependant, la vision médiatique ne considère la
« migration » en Mauritanie que dans sa dimension de transit,
négligeant par- là même que ce vaste pays peu peuplé
(environ 3,5 millions d'habitants en 2006) constituait une destination à
part pour les ressortissants ouest-africains. L'histoire de ce pays est
profondément liée à celle de l'immigration, et il continue
aujourd'hui d'attirer une main-d'oeuvre importante avec la découverte
récente de pétrole et des chantiers en cours de
réalisation.
Aujourd'hui, face à l'ampleur de ces flux migratoires
une réelle prise de conscience commence à s'instaurer dans
l'esprit des autorités mauritaniennes. On sait que même si ce
phénomène constitue un risque pour les migrants il en est de
même pour la stabilité et l'économie du pays. Des lors la
nécessité de mettre en place une politique de gestion demeure une
préoccupation majeure pour l'Etat.
Cependant des solutions doivent être mise en place,
d'une part pour la protection des droits des migrants qui sont victimes
constamment d'abus de tout genre, et d'autre part des mesures doivent
être prises non pas pour freiner la venue des migrants mais plutôt
pour les impliquer dans le développement du pays.
Il est désormais clair que ce phénomène
transnational qu'est la migration de transit nous met face à un grand
défi, auquel l'Etat est obligé d'apporter des solutions durable
afin de préserver sa stabilité et la sécurité des
populations contre les effets négatifs qui pourront en
résulter.
Dans un premier temps, nous présenterons le défi
de la migration de transit en Mauritanie (Première partie), ensuite nous
essayerons de déceler les nouvelles tentatives de solutions
apportées (Deuxième partie) aussi bien au niveau politique que
des autres perspectives de solutions.
Première partie : Le défi de la migration
de transit
Aujourd'hui la question de la migration, sous
toutes ses formes, est au centre des préoccupations
nationales et internationales. La migration devient de plus en plus une
question majeure à l'heure de la mondialisation à la fois pour
les pays d'accueil, pour les pays de transit et les pays d'origine.
Les migrations de transit renvoient à ce
phénomène migratoire d'Africains subsahariens pour la plupart,
qui passent par des pays du Maghreb en vue de gagner l'Europe. Mais le terme
«migrants de transit» pour designer ces personnes est quelque peu
inexact, non seulement parce que certains migrants considèrent l'Afrique
du Nord -et en particulier la Libye ou le Maroc comme leur destination finale,
mais aussi parce qu'une proportion considérable des migrants qui
échouent ou qui n'ont pas le courage de continuer vers l'Europe
préfèrent rester en Afrique du Nord comme second option,
plutôt que de retourner vers leurs pays d'origine plus instables, plus
dangereux ou plus pauvres.
En Afrique aussi, sous la pression de la pauvreté
rurale, de l'instabilité politico-économique et de la
mondialisation de l'économie, les migrations ont pris une réelle
ampleur tant à l'intérieur du continent qu'en direction de
l'Europe. Ainsi, de nombreuses personnes,
en quête de meilleures conditions de vie et de travail,
quittent l'Afrique de l'Ouest pour se rendre au Maghreb, en vue de rejoindre
l'Europe, transitant notamment par la Mauritanie.
Pour analyser le défi de la migration de
transit nous tenterons de dégager une définition de la migration
(Chapitre 1) pour voir ensuite les conséquences de la migration de
transit irrégulier (Chapitre 2)
Chapitre 1er : Définition de la migration
La notion de migration signifie le déplacement d'une
personne ou d'un groupe de personnes, soit d'un pays à un autre, soit
à l'intérieur d'un pays d'une région à une autre.
Elle englobe tous les types de mouvements de population impliquant un
changement du lieu de résidence habituelle, quelles que soient leur
cause, leur composition, leur durée, incluant ainsi notamment les
mouvements des travailleurs, des réfugiés, des personnes
déplacées.
Dans le contexte de notre étude cette approche permet
justement de rendre compte de manière assez fine de la
réalité des migrations de transit ; en effet elle permet de
capter la complexité des phénomènes migratoires, qui ne
sont plus forcément linéaires, d'Etat à Etat. Elle apporte
de surcroît une vision dynamique, qui dépasse ainsi la position
statique habituellement adoptée sur les migrations, à savoir un
déplacement entre deux «sédentarités».
Dans ce présent chapitre nous verrons d'abord
la dimension historique des mouvements migratoires en Mauritanie (Section 1),
avant de voir la dimension socio-économique de ce
phénomène (Section 2).
Section 1ère : Dimension historique des mouvements
migratoires
Du début de années 1950 jusqu'à la fin
des années 70, la Mauritanie recevait essentiellement des travailleuses
et travailleurs migrants sénégalais pour combler son grand besoin
de main d'oeuvre qualifiée causé par le départ des
français suite à l'acquisition de son indépendance.
Ce pays a également accueilli durant cette
période, des peulhs guinéens ayant fui le régime en place,
à l'époque dans leur pays. Puis les Maliens sont entrés en
masse en Mauritanie, suite aux événements de 1989 ayant conduit
un grand nombre de Sénégalais à retourner dans leur pays.
L'arrivée d'autres nationalités est récente et l'on a
assisté à un renversement de cette tendance ces dernières
décennies.
Pour avoir une idée de la dimension historique
des mouvements migratoires, nous verrons successivement la genèse de
cette migration en Mauritanie (Paragraphe 1) et les facteurs attractifs pour
les migrants de transit (Paragraphe 2)
Paragraphe 1er : Genèse de la migration
Nous constatons que l'historique de la migration en
République Islamique de la Mauritanie remonte à plusieurs
décennies et ceci est la conséquence de l'aggravation des
problèmes économiques et des troubles sociopolitiques en Afrique
subsaharienne, des nouvelles découvertes pétrolières et de
leur début d'exploitation, et surtout du durcissement des
contrôles dans les pays du Maghreb, lieux habituels de transit des
migrant(e)s clandestins vers l'Europe, ce qui fait de la Mauritanie un point de
transit quasi-obligé ces dernières années.
A cela il faudrait ajouter la possibilité offerte
à tous les ressortissants de la Communauté Economique des Etats
de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) d'entrer en Mauritanie avec un passeport ou
toute autre pièce d'identité, sans visa ; ce qui favorise
l'immigration dans ce pays.
En effet, malgré le retrait de la Mauritanie de cette
organisation sous régionale en 1999, la clause de libre circulation des
biens et des personnes, de même que le droit de résidence et
d'établissement, entre la Mauritanie et les quinze (15) pays de la
CEDEAO sont maintenus et observés de fait. Les quinze autres Etats
membres n'ayant pas encore entériné le retrait
irréversible de la Mauritanie, appliquent et/ou tolèrent la
règle de réciprocité.
Ainsi, la Mauritanie connaît aujourd'hui trois types de
migrant(e)s originaires d'Afrique de l'Ouest :
1. Celles ou ceux dont la destination était la Mauritanie
et qui y sont installé(e)s ;
2. Celles ou ceux en situation de transit, qui arrivent en
Mauritanie sans aucune intention d'y résider et dont le souhait reste la
migration vers d'autres horizons plus prometteurs, qui se fixent temporairement
dans les principales villes mauritaniennes juste pour préparer le voyage
qui constitue leur ultime objectif ;
3. Celles ou ceux dans les deux premiers cas qui finissent
par demander asile.
Vue la complexité de la migration, nous
tenterons de donner une description de ce phénomène (A) pour
analyser ensuite son ampleur (B).
A- Description du phénomène
De par sa situation géographique dans le nord-ouest de
l'Afrique et à proximité de l'Europe, la Mauritanie, trait
d'union entre le reste du Maghreb et l'Afrique sub-saharienne est devenue
depuis quelques années la destination de prédilection des
migrants voulant rallier l'Europe.
Cette nouvelle donne ne cesse pas d'inquiéter les
autorités en ce sens qu'elle développe différentes formes
de migration susceptibles à moyen terme de troubler la quiétude
des populations et de menacer les institutions en place.
Les migrants qui transitent par la Mauritanie proviennent en
général de différents pays, parmi lesquels on peut citer
le Sénégal, le Mali, la Gambie, la Côte d'Ivoire...
Le coût du voyage est généralement
supporté par plusieurs membres de la famille voire de la
communauté d'origine. S'il s'agit de projets personnels, la dimension
collective reste toutefois importante. En plus, lorsque les migrants sont
amenés à rester des mois voire des années en Mauritanie,
du fait de leur situation extrêmement précaire de migrants
irréguliers, ils se regroupent et vivent en communauté.
Les migrants quittent aussi leur pays à cause d'une
crainte de persécution ou de violence, d'un manque général
d'opportunités, ou de la combinaison des deux. D'ailleurs l'un des
problèmes auxquels se trouve confrontée une organisation comme le
Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) tient à ce
«mélange» des types de migrants, dans ce que l'on appelle les
«flux migratoires mixtes» ; parmi les personnes arrivant en
Mauritanie, en effet, il se révèle difficile de distinguer les
demandeurs d'asile et les réfugiés d'une part, des migrants
purement «économiques» d'autre part.
Cependant on peut noter qu'un nombre croissant de migrants
ouest-africains évitent les routes centrales du Sahara en naviguant
à partir des côtes mauritaniennes, du Cap Vert, du
Sénégal et d'autres côtes ouest-africaines vers les Iles
Canaries. Ceux qui ont la chance d'atteindre Nouadhibou font face à un
«mur de fer» leur empêchant d'atteindre le territoire
marocain.
La majorité des migrants à Nouadhibou (ville
située à la frontière avec le Maroc) nourrissent
l'ambition d'un départ prochain vers l'Europe, la Mauritanie
n'étant qu'un pays de transit pour eux. Ainsi, dès que l'occasion
se présente, des dizaines de personnes s'embarquent dans des pirogues,
très souvent la nuit, pour tenter leur chance. Celles et ceux qui sont
interceptés se retrouvent au camp de rétention en attendant
d'être rapatriés dans leur pays d'origine. Les autres ne
reviennent pas, soit parce qu'ils ont pu regagner les côtes espagnoles et
font face à d'autres réalités qu'ils ignoraient, soit ils
ont eu moins de chance et ont perdu la vie en mer.
B- L'étendue du phénomène
Les motivations des migrants sont certes multiples et
variées, mais il apparaît toutefois que les causes de ces
mouvements migratoires sont essentiellement économiques : les
populations se déplacent pour chercher une activité
économique rémunératrice, notamment l'emploi
salarié, le commerce ou le travail de la terre, en vue
d'améliorer leurs conditions d'existence.
Jusqu'à un passé récent, les Africains
ont essentiellement migré à l'intérieur de leur continent.
Selon une étude réalisée par le BIT sur les conditions de
vie et de travail des femmes et hommes migrants d'Afrique de l'Ouest en
Mauritanie en avril 2009, les chiffres publiés dans l'Atlas des
Migrants font état de 17 millions de migrants internes et, en
Afrique de l'Ouest, 7,5 millions de personnes vivraient dans un pays
différent de celui où elles sont nées. Parmi elles, un
nombre croissant de femmes.
La Conférence internationale sur
l'égalité hommes-femmes, les migrations et le
développement tenue à Manille les 25 et 26 septembre 2008 a mis
en exergue le fait que les femmes représentent actuellement presque la
moitié de la population migrante mondiale. La majorité d'entre
elles s'expatrient pour travailler, étudier ou pour profiter des
opportunités offertes par la migration. Mais beaucoup d'entre elles sont
victimes de traite, d'abus divers, de violences et d'exploitations. Subissant
régression professionnelle et déqualification, elles se
retrouvent cantonnées dans une gamme d'emplois très restreints :
travail manuel dans l'agriculture, prestations de soins, emplois domestiques ou
restauration, hôtellerie ou spectacle.
La carte qui suit illustre les flux migratoires
internationaux, les axes migratoires et les villes de départ vers les
Canaries.
Le rapport de l'enquête sur la main d'oeuvre
étrangère (l'EMOE) 2007/2008 a fait ressortir l'intensification
des flux d'entrée en Mauritanie au cours des années 2006 et 2007.
(Voir le graphique suivant qui tracent les flux annuels d'entrée des
étrangers).
A- Proximité géographique avec
l'Europe
Sources : Rapport de l'EMOE 2007/2008, pages 17
La migration de transit est un phénomène
transnational. La Mauritanie du fait de sa position géographique attire
de plus en plus de migrants.
Paragraphe 2 : Facteurs attractifs pour les migrants de
transit
La République Islamique de Mauritanie est un pays
saharo-sahélien d'Afrique de l'Ouest de 1.030.000 km2
doté d'une façade atlantique de 700 km. Peuplé de
«3,5 millions d'habitants (projection sur la base du recensement de
2006/2007), le pays a pour principales ressources le poisson, le fer et, depuis
peu, le pétrole et le gaz.
La Mauritanie est à cause de sa position
stratégique entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne, un pays de plus
en plus emprunté par les migrants comme raccourci pour atteindre
l'Europe.
Ce choix est justifié par sa proximité
avec l'Europe (A) et par l'existence d'opportunités d'emploi
(B).
La Mauritanie jadis pratiquement ignorée par les
migrants qui préféraient d'autres itinéraires de transit
tels que ceux du Sahara central, est devenue aujourd'hui de plus en plus
prisée pour les migrations transsahariennes vers l'Europe
C'est ainsi que dans le rapport 2008-2009 sur les Migrations
méditerranéennes paru en octobre 2009, M. Sidna Ndah
Mohamed-Saleh et M. Ali Ben Saâd expliquent que la ville de
Nouadhibou fonctionnait plutôt comme un goulot d'étranglement
laissant passer parcimonieusement des flux ténus qui s'embarquaient
clandestinement par petits groupes dans les bateaux de pêche. Et si, en
fin 2005, la Mauritanie et particulièrement Nouadhibou se retrouvent
propulsées comme plateforme de transit vers l'Europe, ce n'est pas
seulement le durcissement de la répression des flux migratoires
subsahariens au Maroc et leur rabattement vers le Sud qui l'expliquent. C'est
plutôt l'aboutissement d'un long processus de désenclavement avec
l'achèvement de la route transsaharienne atlantique (Tanger- Dakar en
passant par Nouadhibou, Nouakchott et Rosso) commencée en 2002 pour sa
portion mauritanienne et celui auparavant de la «route de l'espoir»
reliant le Mali à Nouakchott. C'est ce qui explique cette
intégration progressive de la Mauritanie dans le dispositif migratoire.
Le redéploiement vers et par la Mauritanie avait commencé depuis
au moins deux ans. Avant même qu'il n'y ait cette «redescente»
des flux migratoires depuis le nord du Maroc vers le sud, la Mauritanie, et de
fait le Sahara occidental, étaient devenus une des principales voies
d'accès vers le nord du Maroc alors que ce dernier continuait à
être le lieu privilégié des tentatives de passage vers
l'Europe et ses enclaves sud. Aussi, le passage de Nouadhibou au rôle de
plateforme de connexion avec l'Europe, était déjà inscrit
dans les transformations de l'espace mauritanien, en dehors des conjonctures
qui l'ont révélé tel le durcissement de la politique de
répression marocaine et le glissement du cordon sanitaire
européen de plus en plus au sud. Il procédait d'un mouvement plus
global de «retour» du Sahara et de son «irruption» dans le
système relationnel international, au travers de son
développement, avec comme conséquence principale le
développement de la circulation et la jonction (re)nouée entre sa
rive sahélienne et sa rive maghrébine. Ce processus est intervenu
plus tardivement en Mauritanie en raison de la faiblesse de ses ressources,
d'une politique socio-économique moins volontariste et des tensions
liées à la guerre du Sahara occidental. La baisse des tensions
dans la région en même temps que les bouleversements connus
à ses limites septentrionales par une région (Sahara occidental)
où le Maroc voulait ancrer spatialement ses revendications
territoriales, impulseront ce processus dans l'axe saharien atlantique et y
développeront la circulation. La Mauritanie (re)devenait donc un espace
de transit vers la Méditerranée.1
B- Existence d'opportunités d'emplois
1 Source : Bensaad : « les migrations
transsaharienne, une mondialisation par la marge » Marges et
Mondialisation, Maghreb- Machrek, 2005, n°185, Paris : Choiseul,
pp.13-36
Le choix de la Mauritanie comme pays de transit est au
delà de sa proximité avec l'Europe, motivé par l'existence
d'une offre d'emplois, surtout dans le secteur informel, répondant aux
critères des migrants.
L'explosion urbaine et le passage brutal et massif d'une
société nomade à une société urbaine,
multipliant la demande sur ce terrain, ont fait de ce pays pauvre une niche
d'opportunités de survie pour les migrants sahéliens.
A son indépendance (1960), pays le moins
urbanisé d'Afrique de l'Ouest avec à peine 3% de sa population
vivant dans des villes dont aucune ne dépassait les 10.000 habitants, la
Mauritanie est aujourd'hui majoritairement urbaine et le quart de sa population
vit dans la seule ville de Nouakchott, la capitale qui est passée de
8.000 à 700.000 habitants en 40 ans multipliant ses effectifs par
presque cent !
On retrouve le plus souvent les migrants dans des domaines divers
tels que :
-le secteur des services (le travail de domestique, le
transport, la restauration et l'hôtellerie...),
-le secteur du BTP (Bâtiment et travaux publics), -le
secteur de la pêche.
En plus de la pêche, les migrants occupent des
activités dans l'industrie, l'agropastoral et les divers métiers
urbains dont les besoins augmentent sous l'effet d'une intense urbanisation.
La venue des nouveaux migrants se faisant par le biais des
membres de la communauté déjà installés, une forme
d'autorégulation s'exerce en fonction des capacités d'emplois et
d'accueil. Dans ce pays pauvre avec une concentration de la pauvreté en
milieu rural, les migrants, tous urbains et ayant soit des qualifications soit
des savoir-faire dans les métiers peu qualifiés, ont en
général un niveau de revenus qui se situe au niveau de la moyenne
voire légèrement en dessus, infirmant donc la perception de la
migration comme une concurrence avec la main d'oeuvre locale et une pression
sur le niveau des salaires. Du fait qu'elle répond à des besoins
de main d'oeuvre, la migration est bien tolérée par les
populations locales d'autant qu'elle est le pendant de la présence d'une
diaspora de commerçants mauritaniens dans certains pays d'origine de ces
migrants.
Section 2 : Dimensions socio-économiques de la
migration
Le caractère social de la migration est l'ensemble des
éléments permettant l'amélioration du séjour des
migrants dans les pays hôtes.
La migration vers la Mauritanie est un phénomène
très ancien. En provenance des pays voisins, les flux de migrants ne
peuvent être compris qu'à la lueur des efforts de construction
puis de consolidation de l'Etat entrepris par les élites mauritaniennes
après l'indépendance. La pénurie de main-d'oeuvre dans les
secteurs en forte croissance de la construction et des infrastructures a
considérablement alimenté la demande de travailleurs
étrangers. Dans les années 1990, la migration était
principalement le fait des nombreux
réfugiés et demandeurs d'asile fuyant les
conflits civils qui sévissaient dans des pays voisins comme le
Libéria, la Côte d'Ivoire et la Sierra Leone. Enfin, dans les
années 2000, la Mauritanie s'est progressivement convertie en un pays de
transit, attirant de nombreux migrants irréguliers espérant
rejoindre l'Europe par les Iles Canaries.
Dans cette section, nous tenterons d'analyser l'impact
de la migration de transit sur le développement en Mauritanie
(paragraphe 1), et de voir les catégories des flux migratoires
(paragraphe 2).
Paragraphe 1er : Impact de la migration de transit sur
le développement en
Mauritanie
Contrairement à l'idée répandue par les
nombreuses études relatant les effets négatifs d'une migration
irrégulière, une bonne gestion de ces flux migratoires peut
s'avérer rentable pour le développement du pays.
En dépit de ces réformes rendues possibles par
les efforts de libéralisation du pays, le dispositif mauritanien de
gestion de la migration demeure dépourvu d'une perspective
stratégique intégrée pouvant replacer la migration dans le
contexte du développement durable. Par ailleurs, certains secteurs de
l'économie mauritanienne comme l'éducation et les services ont
recours à l'immigration. Le besoin de recruter des migrants
qualifiés peut être partiellement expliqué par le fait que
les professionnels mauritaniens spécialisés dans ces domaines
d'activité établis à l'étranger ne sont pas
nombreux. Ensuite, bien que cette diaspora qualifiée soit petite en
nombre, le gouvernement n'a pas mis en place de plan d'action visant à
inciter les expatriés mauritaniens qualifiés à rentrer au
pays. En outre, le gouvernement mauritanien ne dispose pas de données
élaborées concernant cette forme de migration et ses
tendances°.
Néanmoins, quand la migration est bien
contrôlée, elle peut constituer une alternative à la
pénurie de main d'oeuvre (A) et ce, dans tous les secteurs
occupés par les migrants (B).
°Source : Consortium pour la recherche appliquée sur
les migrations internationales, p 8.
A- Alternative à la pénurie de la
qualification de la main d'oeuvre local
Jeune capitale surgie des dunes, face à l'océan,
Nouakchott est née en même temps que l'Etat indépendant de
Mauritanie. La Mauritanie, du fait de son manque de main d'oeuvre locale,
attire depuis son indépendance de nombreux migrants qui viennent y
travailler
Face aux multiples défis auxquels ce pays était
confronté, la construction occupait une place importante ; c'est ainsi
que le chantier d'importantes infrastructures tant dans le domaine de la
santé que dans ceux de l'éducation et de la culture ont vu le
jour. Ceci ce manifeste par une forte demande de main d'oeuvre.
Outre le secteur du BTP (Bâtiments et travaux publics)
qui à été une aubaine pour les travailleurs
étrangers ; pour la construction des routes goudronnées reliant
certains secteurs de la ville de Nouakchott, les migrants constituent une
alternative à la pénurie de main d'oeuvre locale. Les besoins se
font sentir dans divers domaines tels que la teinture,
l'électricité, la mécanique, la peinture, la restauration,
la menuiserie, la maçonnerie, la coiffure, la blanchisserie etc. Les
migrants qui travaillent dans le secteur informel l'ont choisi à
défaut d'alternative d'emplois dans le secteur formel. Néanmoins
ils arrivent tant bien que mal à en tirer profit et disent que
grâce à leur travail ils arrivent à satisfaire leurs
besoins et ne dépendent de personne. Il faut souligner que
l'hôtellerie emploie beaucoup de migrants notamment des
sénégalais, des maliens, des ghanéens, etc.
B-Secteurs occupés par les migrants de transit
Dans le document thématique 2009, traitant les
dimensions sociales de la migration en Mauritanie préparé par
Sidina Mohamed Saleh Ndah, l'auteur aborde un certain nombre de points :
1. Les différentes formes d'emplois pour les
migrants
Dans un environnement qu'ils considèrent hostile, du
moins précaire, les migrants cherchent toujours un emploi qui leur
permettra de subvenir à leurs besoins essentiels et immédiats que
sont la nourriture, le logement, les soins médicaux et
l'éducation de leurs enfants. Dans leur recherche d'emplois, les
migrants savent qu'ils sont recrutés pour combler un déficit
chronique de main-d'oeuvre locale et font face à des problèmes
sur le marché du travail.
Pour décrocher un travail, ils doivent souvent
recourir à des chefs d'entreprise ou des intermédiaires qui leur
font accepter des conditions salariales inférieures à celles
accordées aux Mauritaniens ayant les mêmes compétences. En
dépit des difficultés qu'ils peuvent rencontrer dans leur
quête d'emplois, les migrants dans la plupart des cas parviennent
à s'insérer sur le marché du travail.
2. Les emplois formels et informels
La méfiance des directeurs d'entreprise eu égard
au respect de la convention collective du travail est telle qu'il est difficile
de collecter des données sur le travail des migrants. Cependant, il est
connu qu'offrir un emploi à un migrant revient beaucoup moins
cher que pour un national dont le salaire est plus
élevé et pour lequel des charges sociales sont normalement dues.
Dans le même temps, les chefs d'entreprise reconnaissent aux travailleurs
migrants des qualités professionnelles et une grande
disponibilité.
Dans le secteur de la pêche par exemple, qui attire une
grande population étrangère, les sociétés
dépensent beaucoup moins en salaires accordés aux
étrangers qui acceptent des conditions de travail que les nationaux
refusent. Pour fidéliser cette catégorie d'employés, les
sociétés de pêche leur offrent des conditions minima
jugées suffisantes pour une grande partie d'entre eux qui vivent seuls
et parviennent ainsi à faire des économies substantielles sur
leurs salaires.
Quelques migrants employés dans le secteur privé
(la construction, les écoles privées) disent que les rapports
entre les chefs d'entreprise et leurs employés sont normaux. Il
règne souvent une atmosphère d'entente qui se caractérise
par des services extra professionnels (assistance aux baptêmes, aux
cérémonies de mariage, etc.).
Paragraphe 2 : Les catégories de flux
migratoires
La gestion de la migration en Mauritanie se heurte à un
véritable problème lié aux donnés disponibles sur
les flux migratoires. Après le départ des colonisateurs, la
Mauritanie faisait face à un besoin important de main d'oeuvre pour sa
«construction».
Les travailleurs migrants venus de divers horizons
peuvent être repartis dans plusieurs catégories ; nous allons voir
leur répartition socio-économique (B), après avoir
tenté de dresser un bilan de ces flux migratoires (A).
A- Bilan des flux migratoires
En Mauritanie, les migrants sont présents dans tout le
territoire, mais selon une étude réalisée par le Bureau
international du travail (BIT) les villes de Rosso, Nouakchott et Nouadhibou
comptent à elles seules plus de la moitié de la main d'oeuvre
étrangère dans le pays.
L'Enquête sur la Situation de la Main d'oeuvre
Etrangère en Mauritanie (EMOE 2007) explique ce fait par la position
stratégique qu'occupent ces trois villes à savoir : Rosso comme
ville d'entrée, Nouakchott ville d'accueil ou de transit et Nouadhibou,
porte de sortie et lieu de transit des migrant(e)s à destination de
l'Europe.
En effet, selon l'enquête sur la main d'oeuvre
étrangère (EMOE), réalisée par la Direction de
l'Emploi en 2007/2008, les trois villes, Nouakchott, Nouadhibou et Rosso
abritaient 24 400 travailleurs migrants dont 51,8% sont des hommes.
Nouakchott accueille le plus de migrant(e)s avec un effectif de
22153 individus, soit 91%, du total des travailleurs étrangers dans ces
trois villes contre 7% à Nouadhibou (1707 personnes) et 2% (540)
à Rosso.
Les résultats de cette même enquête et ceux du
Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH)
réalisé en 2000 donnent les proportions résumées
dans le tableau suivant :
Ces résultats montrent que la proportion des hommes est
plus élevée que celle des femmes dans les trois villes prises
ensemble. Cela se vérifie à Nouadhibou où le taux des
hommes est largement supérieur à celui des femmes. Le taux des
femmes était plus élevé que celui des hommes à
Rosso, en 2000. A Rosso on constate une tendance d'équilibrage entre la
proportion des hommes et celle des femmes migrantes.
En termes de main d'oeuvre étrangère, le rapport
de l'EMOE 2007/2008 fait la comparaison de ses résultats avec ceux du
Recensement générale de la population et de l'habitat (RGPH) 2000
qui montre des profils très comparables. Le tableau 3 ci-après,
présente la structure de la population étrangère par sexe,
âge, niveau d'instruction et par situation dans la profession, selon les
deux sources. Pour le RGPH 2000, les structures présentées
concernent tous les étrangers dans le pays, alors que l'EMOE 2007/2008
se limite aux trois villes (Nouakchott, Nouadhibou et Rosso). L'EMOE 2007/2008
démontre ainsi, à travers cette comparaison, que la
communauté étrangère active dans les trois villes
couvertes est majoritairement masculine : 56% d'hommes contre 44% de femmes. A
Nouadhibou, on a 65% d'hommes contre 35% de femmes. A Nouakchott, le taux des
femmes s'élève à 45% contre 55% pour les hommes. Et
à Rosso, cette proportion est de 52% d'hommes contre 48% de femmes.
Enfin, l'examen de ces résultats selon la
nationalité révèle que le taux des hommes est plus
élevé aux niveaux des différentes nationalités
présentes dans les trois villes sauf pour le cas des
Sénégalais dont le taux des femmes est de 57%. Les Gambiens
affichent les taux de 25% de femmes contre 75% d'hommes, et les
Guinéens, les taux de 70% d'hommes contre 30% de femmes.
B- Répartition socio-économique
En ce qui concerne la répartition
socio-économique de ces flux migratoires autrement dit les emplois
occupés par les travailleurs migrants, on note que les secteurs qui
attirent le plus les étrangers sont respectivement le secteur des
services 87%, suivi du secteur du BTP (Bâtiments et Travaux Publics) 6%
et du secteur de la pêche environ 5% et enfin les autres secteurs comme
l'industrie et l'agropastoral avec 2%.
Dans le secteur des services qui se situe au premier rang dans
les emplois occupés par les travailleurs, on constate la classification
suivante :
1. Première place : le travail de domestique avec
37%,
2. Deuxième place : le commerce avec 12%
3. Troisième place : le transport avec 11%
4. Quatrième place : la restauration et
l'hôtellerie avec 6%
5. Cinquième place : secrétariat et cadres
de bureau (Postes administratifs dans des entreprises privées) avec
5%
6. Sixième place : les autres services (coiffeurs,
photographes, gardiens, etc.) avec 16%.
En Mauritanie, plus de 80% des hommes et femmes migrants
travaillent dans l'économie informelle.
On y retrouve tous les métiers tels : ceux de cireurs
de chaussures, de laveurs de tapis, de cordonniers, de revendeurs/revendeuses
de produits cosmétiques, de coiffeurs/coiffeuses, de
restaurateurs/restauratrices, tailleurs/couturières, de peintres, de
blanchisseurs, de menuisiers, de maçons, de pêcheurs, de
plombiers, de teinturières, de femmes de ménage, de domestiques,
etc.
Toutes les communautés étrangères s'y
retrouvent dans diverses activités.
Les femmes Ghanéennes évoluent le plus souvent
dans la vente du poisson salé. Les Sénégalaises
également font du séchage de poisson qu'elles acheminent vers
leurs pays d'origine pour la vente. Elles se retrouvent également dans
la restauration, la coiffure et le petit commerce.
Les Guinéennes quant à elles travaillent le plus
souvent en famille avec leur mari et leurs enfants dans la vente, la couture,
la restauration, la cafétéria, la blanchisserie, etc., sous forme
d'entreprise familiale.
Les Maliennes travaillent dans le commerce, la teinture, la
confection des habits, la coiffure, la blanchisserie, l'achat et la revente de
divers produits et la restauration.
Les Ivoiriennes sont des gérantes de salons de coiffure et
des commerçantes.
Les Burkinabé, Togolaises et les autres exercent
généralement dans le petit commerce, la restauration, l'achat et
la revente de divers produits, etc.
Chapitre 2 : Les conséquences de la migration de
transit irrégulier
Malgré le durcissement des contrôles sur les
routes migratoires et les mesures de surveillance accrues dans le
détroit de Gibraltar, la Mauritanie reste victime de sa position
stratégique (sa proximité avec l'Europe) et devient ainsi un
point de passage pour les migrants. Ces derniers de plus en plus nombreux ne
voulant pas faire face à des contrôles pouvant réduire leur
chance d'atteindre l'Europe et ne voulant pas non plus être victimes
d'éventuelle reconduite à la frontière optent en
général pour un transit irrégulier, par exemple des
raccourcis dans le désert. Ce transit comporte aussi bien des risques
pour les candidats que pour les pays traversés
irrégulièrement.
A l'instar de nombreux autres pays, la Mauritanie se heurte
à d'innombrables difficultés pour surveiller l'étendue de
sa superficie (manques de moyens humains, matériels et financiers).
A- L'émergence de groupe
d'extrémistes
En effet contrôler un territoire de 1.030.000
km2 n'est pas une mince affaire et les autorités ont tendance
à voir les efforts devenir vains face à l'arrivée massive
des migrants. C'est ainsi que cette migration «anarchique»
devient une menace pour la sécurité nationale (section
1e) ; pour contrer ce phénomène les autorités
ont procédé via des partenariats avec l'Europe et l'Union du
Maghreb Arabe à des accords en vue de remédier à ce
fléau.
Les migrants, face à tous ces dispositifs mis
en place et au caractère aléatoire de leur transit se confrontent
à un transit durable (section 2e)
Section 1ère : Une menace pour la
sécurité nationale
La Mauritanie est depuis longtemps un pays par lequel
transitent beaucoup de personnes venant d'horizons divers. Ce vaste pays
disposant de 5070 kilomètres de frontières dont 740
kilomètres de côtes maritimes est très difficile à
surveiller, à cause d'une migration intensive des clandestins dont le
but est de traverser ce pays pour rejoindre l'Europe.
Aujourd'hui, ce pays est confronté à une grande
menace face à la montée croissante du nombre de migrants qui
afflue des différentes frontières. Ce phénomène est
accéléré par la fluidité des frontières qui
résulte d'un manque de coordination des services de la Direction
générale de la sûreté nationale (DGSN) en
l'occurrence la Direction de la surveillance du territoire (DST) d'une part, et
de l'immensité du territoire de ce pays qui demande d'énormes
moyens pour sa surveillance d'autre part. La combinaison de ces deux
facteurs aura un double impact sur le pays, nous verrons d'abord les
fléaux liés à la défaillance des contrôles
frontaliers (paragraphe 1) et l'impact du problème sur l'économie
(paragraphe 2).
Paragraphe 1er : Les fléaux liés à
la défaillance des contrôles
frontaliers
La Mauritanie est un pays vaste, avec seulement environ trois
millions d'habitants, principalement concentrés sur la côte
atlantique et au bord du fleuve Sénégal. Aujourd'hui, ce qui
était synonyme de veine jugulaire du bien est devenu le circuit du mal.
Les chemins jadis empruntés par les commerçants, les caravanes et
les routards et qui ont été des plus profitables à
l'humanité que ce soit pour le commerce, la culture et en termes
d'expansion de civilisation sont désormais utilisés par des
groupes d'extrémistes qui en font leur fief et par d'autres personnes
spécialisées dans le trafic de la drogue. Ce qui nous
amènera à voir l'émergence de ce groupe
d'extrémistes (A) et le narcotrafic (B).
Selon M. Sid' Ahmed Tfeil, journaliste de la
télévision mauritanienne dans une interview pour El Watan
week-end, un magazine marocain (La Mauritanie face à Al Qaïda,
article paru le Vendredi 15 octobre 2010 après l'invasion
américaine de l'Irak en 2003, la réaction de la rue arabe a
favorisé l'émergence d'un discours religieux extrémiste,
c'est-à-dire le «salafisme djihadiste» ou le «djihad
mondial». Et la Mauritanie a eu sa part de cette nouvelle donne dans le
changement du discours religieux. Une partie de la jeunesse mauritanienne a
été séduite par ce discours, d'autant que beaucoup de
jeunes ne suivent un cursus scolaire public qu'à moitié et
certains étudient l'enseignement religieux traditionnel. Selon les
jeunes, désireux de partir rejoindre les djihadistes en Irak, en
Afghanistan ou en Tchétchénie, la voie passait par le GSPC
2 algérien, qui devait, selon eux, assurer le
déplacement et la prise en charge des nouvelles recrues. C'est ainsi que
la plupart des jeunes djihadistes ont rejoint la Katiba des Moulathamin,
commandée par Mokhtar Belmokhtar dit «Le Borgne»,
opérant dans les zones frontalières entre la Mauritanie, le Mali
et l'Algérie. Mais la vraie vague de recrutement intensif de
Mauritaniens au sein du GSPC actuel Aqmi dans cette zone a
démarré après 2008 : cela coïncidait avec
l'arrestation de nombreux jeunes islamistes et le démantèlement
de plusieurs cellules actives ou dormantes. Tous les autres jeunes qui ont pu
fuir les services mauritaniens de sécurité se sont
réfugiés chez le GSPC. L'accueil de ces nouvelles recrues
s'était, selon les milieux salafistes, très bien passé :
Al Qaïda au Maghreb islamique avait surtout besoin d'autorités
religieuses, d'étudiants en religion pour affronter les arguments des
ennemis de cette organisation et pour édicter des fetwas djihadistes
(appel au combat) et des discours mobilisateurs. Parmi eux, Abou Anas Al
Chanqiti, spécialisé dans les appels aux jeunes pour rejoindre Al
Qaïda.
D'ailleurs, les attaques contre les militaires mauritaniens se
sont multipliées, surtout après le changement de nom du GSPC en
Aqmi et son allégeance à l'organisation d'Oussama Ben
Laden. Les opérations contre l'armée
mauritanienne se sont donc accélérées
(après Lemghaïty, il y a eu Tourine et El Ghalaouiya), ainsi que
des accrochages armés à Nouakchott même, des assassinats et
des rapts d'Occidentaux, etc. La Mauritanie a alors décidé de
changer sa politique sécuritaire en adoptant une stratégie de
«frappes préventives». L'idée est d'envoyer les troupes
de l'armée attaquer les groupes armés à l'intérieur
du Mali, allié de la Mauritanie dans la lutte contre Al Qaïda.
B- Le narco trafic
Le trafic de drogue est devenu une préoccupation
majeure et une menace de plus en plus sérieuse en Afrique et en
particulier la Mauritanie. Le développement phénoménal de
ce fléau vient de s'ajouter à une série de maux dont
souffre ce pays en voie de développement. Les circuits du narcotrafic se
font et se défont au gré des aléas géopolitiques et
des circonstances. Plus l'étau se resserre sur les narcotrafiquants,
plus ceux-ci s'ingénient pour trouver des issues et acheminer leurs
produits des zones de production aux lieux de consommation en transitant par le
no man's land qu'est le désert de la Mauritanie. En agissant dans la
clandestinité, les réseaux narcotiques s'intègrent aux
réseaux mafieux locaux.
2 Groupe salafiste pour la prédication et le
combat
Le trafic de drogue qui se chiffre à des sommes
colossales et concerne de puissants intérêts a une capacité
inouïe de développement de la corruption et des complicités
dans des milieux propices sous-développés et minés par une
instabilité. Dans un climat d'indigence ambiante et d'absence de
perspectives pour beaucoup de pays pauvres la tentation d'enrichissement
illégal et rapide est très forte. Il faut dire aussi qu'en
l'absence des conditions, de sécurité et de démocratie les
valeurs mafieuses prennent facilement le dessus.
Devenue la nouvelle plaque tournante de ce trafic, la
Mauritanie entre de plein pied dans «la cour de grands» du trafic de
drogue. Elle fait désormais partie des circuits les plus prisés
des réseaux très organisés traversant les continents,
lesquels changent de tactiques et d'itinéraires au fur et à
mesure que la vigilance s'intensifie et investissent d'autres cieux plus
«cléments» et moins vigilants.
En effet, la Mauritanie n'échappe pas, elle aussi,
à ce trafic qui lie ces derniers temps l'Amérique du Sud et
l'Europe. Elle présente les caractéristiques
«idylliques» pour les circuits des trafiquants. La situation des pays
du Sahel et la précarité socio-économique et
l'instabilité politique qui y règne, ainsi que les
caractéristiques géographiques et l'étendue du
désert, tous ces éléments facilitent grandement la
tâche des narcotrafiquants qui s'ingénient à mettre
à profit le chaos désertique et l'insécurité qui
sévissent dans la région pour tracer leurs circuits et assurer
l'acheminement de leurs cargaisons.
Paragraphe 2 : L'impact du problème sur
l'économie
La Mauritanie, comme d'autres pays de la zone
saharo-sahélienne, est confrontée à des risques
sécuritaires liés au passage de groupes terroristes, en connexion
directe ou indirecte avec Al Qaïda, aux conséquences des trafics de
drogue vers l'Europe ou de produits de contrebande, ainsi que des transports de
migrants illégaux. L'influence du conflit latent dans l'ancien Sahara
espagnol constitue un facteur supplémentaire. Bien qu'il ne semble pas
exister, en Mauritanie, de structures terroristes organisées, plusieurs
attentats commis à partir de décembre 2007 leur ont
été imputés. Ces événements ont eu un impact
négatif sur le tourisme et l'image du pays. Le gouvernement, conscient
des risques et des enjeux met en oeuvre des plans pour réduire
l'insécurité. Cependant, l'étendue des frontières
et des zones non-peuplées désertiques handicape leur mise en
oeuvre.
Les fléaux que nous venons de citer à savoir les
conséquences qui résultent de la fluidité des
frontières entraînant ainsi les problèmes que nous avons
tantôt évoqués auront encore un autre impact, cette fois-ci
économique pour le pays. Nous verrons que des secteurs clef pour
le développement de la Mauritanie seront directement touchés ;
parmi ceux-ci on peut citer le tourisme (A) et l'investissement
(B).
A- Le tourisme
A l'instar des ressources naturelles telles que les mines
(cuivre, fer, or), les ressources halieutiques dont dispose notre pays, le
tourisme constitue une importante source de revenus pour la Mauritanie.
Ce secteur qui attirait des milliers d'étrangers pour
des randonnées dans le désert ou pour la visite des sites
archéologiques et touristiques a connu une paralysie ces derniers temps
à cause d'une instabilité dans le Sahel. A titre d'exemple, une
des régions les plus fréquentées était la zone
désertique près des frontières avec le Mali et
l'Algérie, une zone qui accueillait le rallye Paris-Dakar, source
importante à l'époque de dividendes pour la Mauritanie,
jusqu'à son arrêt en 2008 suite aux menaces des groupes
armés. L'assassinat de Français à Aleg aussi a
été un coup dur pour le tourisme ainsi que les kidnappings qui se
multiplient dans la région. Jadis ce pays qui attirait des vagues de
touristes en provenance de tous les horizons se voit transformé en une
sorte de quartier général dans lequel des terroristes
opèrent sans aucune impunité, et qui font de l'Islam leur
«fond de commerce». Selon des experts Américains la
dangerosité de ces groupes se note à travers le `targeting
mistakes', cette tendance à déclarer la guerre à tout le
monde. Parmi les récentes victimes on peut citer l'otage Français
Michel Germaneau, assassiné en août 2010. La crainte des prises
d'otages et les crimes perpétrés à l'encontre des
occidentaux conduisent ces derniers à se tourner vers d'autres horizons
plus propices au tourisme.
B- L'investissement
L'investissement est dans presque tous les pays du monde un
élément moteur dans l'économie. L'utilisation de capitaux
externes ou même internes pour renforcer le potentiel de nos industries
dépend de plusieurs facteurs tels que la sécurité
juridique, la stabilité politique et économique (bonne
gouvernance), l'adaptation des règles qui régissent l'importation
et l'exportation des produits aux standards internationaux, la
solvabilité des acteurs économiques...
La Mauritanie a certes un potentiel qui découle de sa
position géographique de carrefour régional des échanges.
D'une part, elle pourrait offrir une porte sur la mer au Mali et d'autre part
elle peut canaliser des flux commerciaux entre le Maroc et les pays de la
CEDEAO. Pour développer cette spécialisation de point
d'éclatement du trafic et assurer de manière efficace et
fonctionnelle son rôle de transit, il faudrait toutefois renforcer la
compétitivité dans le domaine des infrastructures pour faciliter
l'attraction des investisseurs. Malheureusement, le contexte actuel de la
Mauritanie, l'insécurité qui gagne du terrain, la corruption, la
menace de l'Aqmi sont des facteurs qui ralentissent l'investissement. A titre
d'exemple on peut citer la banque française BNP Paribas qui a
quitté la Mauritanie en 2010.
Section 2 : Transit durable
Outre la menace pour la sécurité nationale,
l'autre conséquence de la migration de transit irrégulier est la
durabilité de ce transit. Les migrants qui tentent l'aventure de
manière irrégulière usent de leur habileté avec des
moyens frauduleux pour traverser le pays tels que la falsification des
documents (passeport, carte d'identité, carte de séjour...) pour
tromper les agents de contrôles. Malgré les manoeuvres
scrupuleuses, ces migrants se heurtent de plus en plus à des
aléas qui rendent ainsi leur traversée incertaine.
On le sait, les migrations irrégulières sont
devenues une préoccupation majeure pour les pays européens dans
leurs relations avec ceux de l'Afrique du Nord. En externalisant vers la rive
Sud de la Méditerranée sa politique de gestion des flux
migratoires, l'Europe a fait du Maghreb une zone tampon ou se joue le sort de
milliers de migrants subsahariens.
Nous évoquerons d'abord le durcissement des
contrôles frontaliers méridionaux (paragraphe 1er) et
ensuite les facteurs facilitant l'intégration des migrants de transit
(paragraphe 2ème).
Paragraphe 1er : Durcissement des contrôles
frontaliers méridionaux
L'Union Européenne fait face à ces migrations en
intensifiant la sécurisation et la surveillance des frontières.
Ce qui ne met pas fin à la question elle-même ou au
phénomène migratoire en général mais oblige ses
acteurs à mettre en place des stratégies de contournement. Les
politiques mises en place à l'échelle européenne ou entre
les Etats ne traitent pas tant de la résolution globale du
problème que de sa mise sous tutelle et de son strict encadrement par
l'augmentation des contrôles.
C'est ainsi qu'Armelle Choplin dans «L'immigré, le
migrant et l'autochtone» écrit : «Sous la pression de
l'opinion publique, l'Union européenne est intervenue dès avril
2006, en mettant en place un dispositif de surveillance dans le cadre de
Frontex, l'agence de gestion des frontières extérieures de l'UE :
un hélicoptère et des vedettes de surveillance ont
été dépêchés pour former les policiers
mauritaniens au contrôle frontalier».
Selon des estimations, plus de 100 000 migrants subsahariens
vivraient actuellement en Mauritanie. On relève qu'en 2006, il y'aurait
eu une croissance remarquable du nombre de tentatives d'atteindre l'Europe.
«Entre janvier et septembre 2006, quelques 24 000 migrants arrivaient sur
les Iles Canaries, comparé à 4 772 en 2005 et 9 900 en 2002.
Pendant les premiers sept mois de 2006, 10 400 migrants on été
appréhendés sur l'ile italienne de Lampedusa au sud de la Sicile,
comparé à 6 900 durant la même période en
2005»3. Face à cet «assaut» des migrants, la
réplique de l'Europe fut immédiate, c'est ainsi qu'on note un
durcissement des contrôles aux frontières méridionales ;
les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla (Nord du Maroc) se transforment en
obstacle infranchissable
3 Sources : Piyasiri Wickramasekra «les jeunes,
travail décent et la Migration irrégulière en provenance
de l'Afrique de l'Ouest, Problématiques et Stratégie »
pour les migrants, l'ile de Fuerteventura est placée
sous la surveillance du système espagnol SIVE (radars et caméras)
au profit de Tenerife ou Gran Canaria.
Le durcissement des contrôles frontaliers se manifeste
également à travers des accords de partenariat dans la sous
région. C'est ainsi que nous verrons successivement les rapports
entre l'UE et Maroc (A) et les accords entre l'UE et la Mauritanie
(B).
A- Les rapports UE/Maroc
Le Maroc entretient avec l'UE des relations de
coopération fortes ; dans le cadre du Partenariat
euro-méditerranéen (conclusion d'une étude menée
par Christophe Bertossi «l'immigration clandestine dans l'espace
Schengen»), approfondi et complété en 2003 avec la politique
européenne de voisinage (initiée par le processus de Barcelone
1995), le Maroc bénéficie d'une aide au développement
particulièrement élevée. A travers cet instrument le Maroc
bénéficie depuis le 1er janvier 2007, d'une enveloppe
budgétaire de 654 millions d'euros pour la période 2007-2010, ce
qui fait du Maroc le premier bénéficiaire des fonds
européens dans la région. Mais en échange, comme
désormais chacun le sait, les autorités européennes
exigent de la part du Maroc une plus grande maîtrise des flux
migratoires, c'est-à-dire d'empêcher la venue en Europe des flux
migratoires irréguliers, qu'ils soient marocains ou issus des pays
subsahariens.
Cette politique n'est pas à démontrer : la
conséquence est bien de faire supporter au Maroc, comme à
d'autres pays du Maghreb (Algérie, Tunisie), les problèmes
inhérents à la fermeture drastique des frontières
européennes.
Même si le Maroc ne souhaite pas admettre sur son
territoire des camps comme ceux de Sangatte par exemple, même si
certaines voix s'élèvent pour refuser le rôle de gendarme
que veut lui assigner l'Union européenne, il n'empêche que le pays
s'est doté, en 2003, d'une loi en matière d'entrée des
étrangers sur son territoire des plus répressives qui soient. (
voir " Bulletin officiel " n° 5160 du 18 ramadan 1424 ---13 novembre
2003).
Par ailleurs, il faut noter que les Marocains Résidents
à l'Etrangers (MRE) sont nombreux et, comme ils transfèrent des
liquidités très importantes (la première ressource en
devises provient de ces fonds des migrants), le Maroc a bien évidemment
tout intérêt à ne pas empêcher les départs de
migrants marocains vers l'Europe ; la position est donc complexe, et ces
relations (mi)donnant (mi)donnant entre le Maroc et l'Union européenne
font partie intégrante du problème.
B - les accords bilatéraux de
migration
Il existe également des accords bilatéraux parmi
lesquels on peut citer :
· Les accords bilatéraux avec l'Espagne en 2003
sur la réadmission en territoire mauritanien d'étrangers et
l'accord portant sur la gestion des flux migratoires de main d'oeuvre entre
les
deux Etats. Cet accord a permis à 40 jeunes
mauritaniens de bénéficier de contrats saisonniers en 2008.
· La convention avec le Sénégal en 1992
suite à la normalisation des relations entre les deux pays ;
· Plusieurs conventions relatives à la migration
de main d'oeuvre de travail ont été signées avec des pays
de la sous région comme la Libye (1995), le Sénégal et le
Mali, dans le cadre des accords de l'OMVS en 1980 ;
· L'accord bilatéral en 1992 avec la France sur
la migration. Celui-ci est venu à terme et n'a pas encore
été renouvelé.
En plus de l'absence de politique de gestion de la migration,
le cadre institutionnel de coordination est également insuffisant et on
trouve plusieurs acteurs intervenant dans la gestion de la migration interne et
externe. Plusieurs accords bilatéraux lient la Mauritanie à ses
voisins en matière de main d'oeuvre, leur évaluation mettra en
exergue les apports nécessaires pour renforcer leur
efficacité.
Les conventions bilatérales de sécurité
sociale ont pour objectif de faciliter le séjour des Mauritaniens
émigrés à l'étranger et réciproquement des
étrangers en Mauritanie et de leur procurer les soins médicaux
nécessaires.
La Mauritanie a en revanche conclu plusieurs conventions
bilatérales d'établissement avec un certain nombre de pays qui
fixent les conditions d'établissement de leurs ressortissants en
Mauritanie, protègent leurs biens dans le pays et réglementent
leurs transferts. L'exemple le plus marquant est celui de la convention
d'établissement signée entre la Mauritanie et le Mali le 25
juillet 1963. Cette convention accorde plusieurs avantages aux nationaux des
deux pays signataires. Ils accèdent aux emplois publics et aux
libertés publiques dans les mêmes conditions que les nationaux
selon la législation du pays d'accueil. Ils sont également
assimilés aux nationaux en matière d'exercice de profession
libérale.
De manière générale, les dispositions des
conventions et traités internationaux prévalent devant le juge
mauritanien sur les textes nationaux et ce, en vertu de l'article 80 de la
Constitution du 20 juillet 1991. De même, le Conseil constitutionnel
mauritanien a introduit dans le bloc de constitutionnalité les pactes de
l'Organisation des Nations Unies, de l'Union africaine, de la Ligue arabe et la
Déclaration universelle des droits de l'homme.
Nous constatons que ces accords bilatéraux entre la
Mauritanie et les autres Etats souverains ont permis d'accorder aux migrants
une relative protection en vue de faciliter leur intégration.
Paragraphe 2 : Facteurs facilitant l'intégration
des migrants
Divers facteurs contribuent à la facilitation de
l'intégration des migrants comme les instruments internationaux
(conventions, pactes et accords) qui peuvent être
considérés comme leur «bouclier» de protection. La
Mauritanie est signataire de plusieurs conventions et accords qui sont des
facteurs décisifs de lutte contre toute forme de discrimination
à
l'égard des étrangers qui résident sur
son territoire. A titre d'exemple les dispositions du code du travail
mauritanien s'appliquent à tous les travailleurs exerçant leur
activité professionnelle sur le territoire national nonobstant leur
race, couleur, religion ou origine et dans tous les secteurs
d'activités. Le code garantit aux migrants se trouvant sur le sol
national les mêmes droits qu'aux nationaux (salaires, avantages, droit
d'ester en justice, de se syndiquer et même d'appartenir au directoire
des syndicats, etc.). En plus de la réglementation peu contraignante de
la migration et les divers points communs existant entre ces migrants et les
mauritaniens, on assiste de plus en plus à l'établissement d'une
sorte de concorde. Pour expliquer ce fait, nous tenterons de voir
d'abord la réglementation laxiste sur la migration (A) et ensuite les
liens culturels, linguistiques et religieux (B).
A- La réglementation laxiste sur la migration
En Mauritanie, l'arsenal juridique en matière de
migration est hétéroclite du fait de la multiplicité des
acteurs intervenant dans sa gestion et de l'absence d'une politique claire dans
ce domaine. Ensuite, la législation mauritanienne relative à la
migration se résume en un ensemble de décrets antérieurs
à celui du 15 décembre 1964 portant régime de
l'immigration, révisé en 1965. Ce décret du 15
décembre 1964 représente le texte de référence des
droits des étrangers en Mauritanie. Il réglemente les droits
d'accès, de séjour et d'établissement et prévoit
des mesures administratives et pénales liées au non respect de la
loi. Cependant, on constate que la réglementation mauritanienne sur
l'immigration est tributaire d'une conception aujourd'hui
dépassée, car étant conçue et adaptée
à l'époque de l'acquisition de l'indépendance. L'autre
constat concerne le fait que cette réglementation est en
porte-à-faux avec les engagements internationaux de la Mauritanie en
matière d'immigration contractés avec la ratification de la
convention internationale sur les droits de tous les travailleurs migrants et
de leurs familles. Cette indulgence vis-à-vis des migrants
irréguliers ajoutée à un manque d'application des textes
en vigueur conduisent à favoriser la venue des migrants de
manière illégale.
B- Les liens culturels, linguistiques et religieux
Outre sa réglementation laxiste propice aux venues
massives des migrants, l'autre facteur qui facilite l'intégration de ces
derniers est le lien culturel, linguistique et religieux que nous partageons
avec eux. Composée à pratiquement 100% de musulmans, la
République Islamique de Mauritanie attire de plus en plus de personnes
à cause de leur appartenance à la religion musulmane d'autant
plus que la majeure partie des pays de l'Afrique de l'Ouest sont
majoritairement musulmans. Loin d'être un frein pour l'intégration
ce lien commun nous rapproche encore davantage ; à titre d'exemple
certaines mosquées de la ville sont dirigées par des Imams
d'origine malienne ou guinéenne. Les diasporas de migrants qui arrivent
dans ce pays viennent avec leur culture, leur langue et leur manière de
comprendre les choses. La langue française qu'ils pratiquent en
général constitue un important moyen de communication qui leur
facilite l'intégration et leur donne accès aux emplois.
Deuxième Partie : Les tentatives de solutions
apportées
En lisant certains documents thématiques, des rapports
qui traitent de la question de la migration on peut quand même constater
que des évolutions sont apparus en Mauritanie, et certaines initiatives
ont ou sont en train de voir le jour qui, même si elles sont loin
d'êtres porteuses de solutions définitives, sont au moins
là, et ce, à plusieurs niveaux. Les choses seraient-elles
réellement en train de changer ?
Notre pays, comme nous l'évoquions est en quelques
sorte victime de sa position géographique très stratégique
; mais ce constat auquel beaucoup d'acteurs se bornent, ne suffit pas ;
nous allons tenter de voir, dans cette situation, quels types de
réponses sont apportées, et ce par plusieurs acteurs
concernés par les migrations. Nous verrons les volontés
politiques (chapitre 1er) et les perspectives de solutions (chapitre
2).
Chapitre 1er : Les volontés politiques
Récemment, une sorte d'entente à
l'échelle planétaire est apparu sur la nécessité
d'apporter des solutions durables en matière de gestion des migrations.
Un dialogue de Haut Niveau sur les migrations et le développement ont eu
lieu en septembre 2006 à New York dans le cadre de la 62e
session de l'Assemblée Générale des Nations Unies.
Ce dialogue, le premier du genre, marque l'aboutissement d'une
longue coopération interétatique menée dans le cadre de
plusieurs initiatives mondiales : Commission Globale, Processus de Helsinki,
Groupe de Genève, Initiative de Berne, Agenda de l'Organisation
Internationales des migrations, et les processus consultatif régionaux
tels que le dialogue 5+5 entre autre.
Mais face à l'accentuation des flux migratoires d'une
part et à la pression européenne d'autre part, rappelons à
titre d'exemple qu'en juin 2002, lors du conseil européen de
Séville plusieurs Etats Européens et en particulier l'Espagne
avait menacé de bloquer les aides financières au pays de
départ et de transit s'ils ne les aident à lutter contre le venue
de clandestin en Europe. Ce qui nous amène à analyser les
volontés politiques au niveau national (Section 1e) et au
niveau international (Section 2)
Section 1ère : Au niveau national
En matière de gestion de la migration, la Mauritanie
peut être considérée comme un pays d'accueil et de transit.
Or, les différents gouvernements qui se sont succédé
n'avaient pas tous la même préoccupation par rapport à la
question de la gestion de la migration. La dernière institution en
charge de la question migratoire (des Mauritaniens de l'étranger) fut
A- Les lois
créée en 2008 avec un Secrétariat d'Etat
mais n'a pas fonctionné. Deux mois après sa création, et
avec le changement intervenu récemment en 2008, cette structure a
disparu de l'organigramme gouvernemental. ° Mais l'absence d'une politique
nationale de gestion de la migration est marquée au plan institutionnel
aussi par le manque d'un département ministériel chargé de
cette question ou de la coordination intersectorielle pour assurer la gestion
de la migration en Mauritanie. Par conséquent, le dispositif
institutionnel de gestion de la migration fait intervenir un ensemble d'acteurs
dont les missions touchent aux différents aspects de la migration. On
peut citer per exemple le ministère de l'intérieur et de la
décentralisation (chargé des questions relative aux aspects
sécuritaires à travers la gestion des flux migratoires au niveau
des sorties des migrants) , le ministère de la Défense nationale
( impliqué dans la gestion des frontières terrestres et maritimes
pour faire face aux vagues d'émigrants clandestins vers les Iles
Canaries ou au Maroc en traversant le pays par voie terrestre ou maritime) et
enfin le ministère de la Justice (chargé de la mise à jour
du cadre légal et réglementaire).
Dans le cadre de la régulation des flux migratoires,
les pouvoirs publics ont adopté des stratégies nationales
relatives à la migration. Celle-ci comprend plusieurs points
dont l'élaboration d'un cadre législatif permettant de
réguler la migration. Ce qui nous poussera a voire le cadre
législatif (paragraphe 1e) et l'implication des acteurs
nationaux (paragraphe 2).
Paragraphe 1er : Le cadre législatif
Rappelons qu'au niveau national, même si des obstacles
surgissent dans l'application des textes régissant la migration. Un
dispositif juridique adapté est une condition sine qua non à la
Mauritanie pour pouvoir appréhender de manière efficace les
problèmes liés à la migration. C'est ainsi que le Dr.
Haimoud Ramdan écrivait dans (le MEMORANDUM, revue juridique de droit
mauritanien P 2) que : « les capacités de la Mauritanie
à contrôler les flux migratoires demeurent limitées par
l'inadéquation de sa législation avec les réalités
actuelle de la migration. Elle devrait donc entreprendre une réforme de
sa législation sur la migration et mettre en place des institutions
à même de réguler les flux migratoires et d'optimiser la
coopération avec ses partenaires régionaux et internationaux
». On peut constater cependant que législateur mauritanien a
mis en place des textes (décrets, lois, règlement) pour pouvoir
protéger les migrants contre toute forme de discrimination à leur
égard. A l'instar des conventions internationales ratifiées par
la Mauritanie ces textes contribuent à lutter contre toutes atteintes
envers la personne du migrant et de sa dignité.
Nous essayerons de voire successivement les lois (A)
et les conventions
(B)
L'arsenal juridique de protection des travailleurs migrants a
été révisé au cours des dernières
années pour le conformer aux conventions internationales, pactes,
traités ou accords bilatéraux auxquels la Mauritanie a
adhéré. Cet arsenal est constitué principalement des
textes majeurs suivants :
Le code du travail : Le code du travail
adopté en 2004 par la loi 2004-017 est une loi essentielle dans la
protection des migrants consacrant l'aboutissement d'une longue refonte globale
du code du travail de 1963 (loi 63-023 du 23 janvier 1963) qui est fortement
inspiré du code du travail d'Outre mer. Ce nouveau code 2004 a
été réalisé par l'appui et l'assistance technique
du Bureau international du Travail (BIT) et tient compte des dispositions de
l'ensemble des conventions internationales ratifiées par la Mauritanie.
Les dispositions du code du travail s'applique sans discrimination aucune
à tous les travailleurs exerçant leur activité
professionnelle sur le territoire national nonobstant leur race, couleur,
religion ou origine et dans tous les secteurs d'activités.
La loi sur la sécurité sociale :
La loi 67 039 du 23 février 1967 est la loi instituant le
régime de la sécurité sociale en Mauritanie. Ce
régime comporte trois branches : la branche des allocations familiales,
celle de la vieillesse et celle des risques professionnels (accidents du
travail et maladies professionnelles). Malgré qu'elle soit ancienne, ne
comportant pas de branche maladie et mérite un toilettage en profondeur,
cette loi assure une égalité de traitement pour les travailleurs
nationaux et étrangers affiliés à son régime.
Les droits acquis par les travailleurs étrangers au
cours de leur séjour en Mauritanie sont garantis et
protégés par la loi. Néanmoins les transferts ou
réciprocité entre les institutions de sécurité
sociale sont commandés par des conventions bilatérales entre les
Etats. Il est en tout cas établi qu'aucune discrimination de quelque
nature que ce soit vis-à-vis des migrants n'a été
signalée ou n'a fait l'objet de contentieux au niveau des tribunaux
mauritaniens.
La loi sur la répression de la traite des
êtres humains, adoptée en 2007, vise à lutter
contre
toute forme de maltraitance, exploitation ou traitement cruel
et/ou inhumain à l'égard de tout être humain qu'il soit
résidant ou en transit sur le territoire national. Cette loi a
été considérée comme révolutionnaire dans la
mesure où elle prévoit des sanctions dissuasives à
l'encontre des filières de trafic d'êtres humains qui ont connu un
développement sans précédent à la fin des
années 90.
La loi incriminant l'esclavage et les pratiques
similaires : Cette loi vise à punir le travail forcé ou
toute autre pratique assimilable. Cette loi protège aussi les migrants
contre toute exploitation ou maltraitance.
En ce qui concerne les dernières évolutions en
date, La Mauritanie a adopté en 2010, une loi relative au trafic
illicite des migrants (Cf. loi 2010_021 du 10 février 2010) et
rénové, cette même année, le code de la
nationalité. Ce dernier texte consacre, en particulier, la fin de
l'exclusion, jusqu'ici catégorique, de la double nationalité.
L'innovation ainsi introduite répond, à l'évidence,
à une attente exprimée, notamment par les communautés
mauritaniennes durablement expatriées.
B- Les conventions
Au plan international, la Mauritanie a ratifié certaines
conventions qui ont un rapport avec la question des travailleurs
migrants4. Il s'agit notamment de :
· La convention (n° 3) sur la protection de la
maternité (ratification : 8 novembre 1963) ;
· La convention (n° 4) sur le travail de nuit (femme)
(ratification : 20 juin 1961) ;
· La convention (n° 89) sur le travail de nuit (femme)
(ratification : 8 novembre 1963) ;
· La convention (n° 182) sur les pires formes de
travail des enfants (ratification : 3 décembre 2001) ;
· La convention (n° 5) sur l'âge minimum
(industrie) (ratification : 20 juin 1961) ;
· La convention (n° 6) sur le travail de nuit des
enfants (ratification : 20 juin 1961) ;
· La convention (n° 15) sur l'âge minimum
(routiers et chauffeurs) (ratification : 8 novembre 1963) ;
· La convention (n° 33) sur l'âge minimum
(travail non industriel) (ratification : 20 juin 1961) ;
· La convention (n° 58) sur l'âge minimum
(travail maritime) (ratification : 8 novembre 1963) ;
· La convention (n° 90) sur le travail de nuit des
enfants (industrie) (ratification : 8 novembre 1963) ;
· La convention (n° 112) sur l'âge minimum
(pêcheur) (ratification : 8 novembre 1963) ;
· La convention (n° 138) sur l'âge minimum
(ratification : 3 décembre 2001) ;
· La convention (n° 11) sur le droit d'association
(agriculture) (ratification : 20 juin 1961) ;
· La convention (n° 52) relative aux congés
payés (ratification : 8 novembre 1963) ;
· La convention (n° 91) relative aux congés
payés des marins (ratification : 8 novembre 1963) ;
· La convention (n° 101) relative aux congés
payés des agriculteurs (ratification : 8 novembre 1963) ;
· La convention (n° 102) concernant la
sécurité sociale (norme minimum) (ratification : 15 juillet
4 S : M. Ould Brahim Ould Jiddou Fah
; migration, marché du travail et développement
C'est ainsi qu'on note l'implication des Associations
de la société civile (A) et des ONG (B).
1968) ;
· La convention (n° 13) sur la céruse
(peinture) (ratification : 20 juin 1961) ;
· La convention (n° 14) sur le repos hebdomadaire
(ratification : 20 juin 1961) ;
· La convention (n° 17) sur la réparation des
accidents (ratification : 8 février 1963) ;
· La convention (n° 18) sur les maladies
professionnelles (ratification : 20 juin 1961) ;
· La convention (n° 22) sur les contrats d'engagement
des marins (ratification : 8 novembre 1963) ;
· La convention (n° 23) sur le rapatriement des marins
(ratification : 8 novembre 1963) ;
· La convention (n° 26) sur les méthodes de
fixation des salaires (ratification : 20 juin 1961) ;
· La convention (n° 53) sur les brevets de
capacité des officiers (ratification : 8 novembre 1963) ;
· La convention (n° 62) sur les prescriptions de
sécurité (ratification : 8 novembre 1963) ;
· La convention (n° 81) sur l'inspection du travail
(ratification : 8 novembre 1963) ;
· La convention (n° 87) sur la liberté
syndicale et la protection du droit syndical (ratification : 20 juin 1961) ;
· La convention (n° 94) sur les clauses de travail
(ratification : 20 juin 1961) ;
Paragraphe 2e; L'implication des acteurs nationaux
En Mauritanie, outre les dispositions légales des
autorités qui réglementent la migration, le ministère de
la fonction publique et de l'emploi s'est vu doté, de la Division
Prévention Sociales et Migration, en octobre 2008.
Cependant, cette Division n'est pas assez outillée pour
répondre de manière efficace aux problèmes des
travailleurs et travailleuses migrant(e)s.
Néanmoins, on note une participation effective de
plusieurs acteurs nationaux dans la recherche de solutions durables vis
à vis de la gestion des flux migratoires. Cette implication de ces
acteurs peut être considérée comme un prolongement des
interventions de l'Etat en vue de mettre en place une politique de gestion
capable de répondre aux attentes des migrants
A- La société civile (les Associations)
Presque toutes les communautés étrangères
originaires d'Afrique de l'Ouest ont mis sur pied une association de
ressortissants. Ces associations sont dans leur grande majorité
inscrites au Ministère de l'Intérieur et sont donc
détentrices du récépissé délivré par
ce Ministère.
Elles ont chacune entrepris des actions pour venir en aide
à leurs membres qui sont en difficulté. Celle des Maliens est
allée plus loin dans la démarche et a mis sur pied une structure
d'accueil, d'aide, d'assistance et d'information des migrant(e)ts maliens
clandestins et nouveaux venus. Cette structure dénommée AIDES
SIGUI a pris en charge courant octobre 2008, trente sept (37) Maliens et
Guinéens dont deux (2) femmes, clandestins refoulés. Nous avons
également une Association Guinéenne qui remplie presque les
mêmes fonctions pour ses ressortissants.
Présentation sommaire de l'Associations des
Malien(ne)s en Mauritanie / Aide SIGI
Membre du Haut Conseil des Maliens à l'étranger,
Aide SIGI a pour objectifs de gérer la colonie malienne en Mauritanie,
résoudre les problèmes de ses membres résidents en
Mauritanie de façon légale ou illégale et des candidats
à l'émigration vers l'Europe.
Aide SIGI essaie de (i) d'aider les Maliens résidents
en Mauritanie à faire valoir leurs droits qui découlent de
l'accord bilatéral de libre circulation et libre installation entre le
Mali et la Mauritanie, (ii) de créer une structure d'accueil et (iii) de
participer au rapatriement des maliens victimes des passeurs,
arrêtés ou malades.
Au centre d'accueil, les membres de Aide SIGI apportent de la
nourriture, des soins et organise l'accompagnement à la frontière
de leurs compatriotes.
Aide SIGI a créé une caisse avec les cotisations
de ses membres surtout pour aider les maliens qui arrivent sans aucune
préparation préalable (formation, information) pour
s'insérer sur le marché de l'emploi en Mauritanie. Aussi, Aide
SIGI a initié la formation en informatique, comptabilité et
maçonnerie.
Les formateurs pour la période initiale et
expérimentale sont des membres qui le font de façon
bénévole pour venir en aide aux jeunes migrant(e)s.
Aide SIGI a un contact permanent avec l'Ambassade malienne en
Mauritanie et à l'instar des autres associations, développe un
partenariat avec l'OIM, le HCR, le Ministère de l'Intérieur, la
CGTM, etc.
Présentation sommaire de l'Associations des
Guinéen(ne)s en Mauritanie
L'Union des ressortissants guinéens en Mauritanie est
créée depuis 1965, et a obtenu le récépissé
du Ministère de l'Intérieur en 1998. Elle collabore avec le
Consulat de la Guinée en Mauritanie, qui coordonne toutes ses
activités.
Bref, c'est le partenaire opérationnel du HCR en
Mauritanie. Son groupe cible dans ce domaine est essentiellement composé
de réfugiés et de requérants d'asile.
Son but est de résoudre les problèmes de ses
membres qui dans la grande majorité évoluent dans le secteur
informel, surtout dans la restauration. Le droit d'adhésion est
fixé à 200 Ouguiya et la condition d'adhésion est d'avoir
une carte consulaire. L'Union qui compte près de 4 000 membres.
On peut constater que ces diverses communautés
présentent sur le sol mauritanienne sont organisées et
regroupées en association enregistrée et reconnue par l'Etat
mauritanien. Certaines ont déjà bénéficié de
l'appui d'une ONG ou organisme d'appui aux personnes migrantes.
B- Les ONG
A l'instar des associations les ONG jouent un rôle non
négligeable dans la gestion de la migration, a titre d'exemple à
Nouakchott trois acteurs de la société civile ont
intégré à leur plan d'action la question de la Migration
en Mauritanie ; 1°) le Centre Guide pour la Migration (CGTM), 2°)
ALPD et 3°) AMLII
1. Centre Guide pour la Migration
Le centre a été ouvert en octobre 2008
grâce au financement des bailleurs étrangers. Mais les
activités au profit des migrants a commencé à la CGTM dans
les années 1995 et 1996, avec les sollicitudes des travailleurs et
travailleuses mauritanien(ne)s revenu(e)s de l'étranger. Le Centre
collabore avec des associations des communautés étrangères
:
Sénégal, Mali, Gambie, Guinée Conakry,
Ghana, Burkina-Faso, etc. Réalisations
Grâce au partenariat développé avec
l'Union Générale des Travailleurs d'Espagne, le Centre a
organisé des activités de sensibilisation et de recueil
d'information sur les migrant(e)s à Nouakchott et Nouadhibou (Ville
frontalière avec l'Espagne, ville industrielle).
2. ALPD
L'Association de Lutte contre la Pauvreté et le
sous-développement (ALPD) est une ONG à vocation nationale qui
travaille dans le cadre de la lutte contrée la pauvreté.
L'ALPD a un volet qui concerne la protection des droits de
l'homme. Dans ce cadre, elle travaille avec l'UNHCR ; par exemple c'est cette
ONG qui prend en charge l'accueil et l'enregistrement des demandeurs d'asile en
Mauritanie.
Réalisations :
· Participation aux opérations de rapatriement :
accueillir les rapatriés, les assister, les transporter jusqu'aux
sites.
· Mise en place, en 2006, d'un centre d'accueil et
d'écoute des femmes réfugiées à
Nouakchott. Ce centre fait de la formation dans divers
métiers et aide les femmes formées à s'installer.
3. AMLII
Créé en oct. 2007, l'Association Mauritanienne
de Lutte contre l'Immigration
Illégale (AMLII) lutte contre l'immigration
illégale. Les immigrants qui sont très souvent en situation de
transit en Mauritanie sont originaires du Mali, du Sénégal, du
Cameroun, de la Guinée, de la Gambie, de la Côte d'Ivoire et du
Togo. Leur premier souci est de travailler pour réunir les 400 à
500 milles Ouguiya à verser aux passeurs pour rejoindre l'Europe. Et,
AMLII a fait de ce groupe de migrant(e)s son groupe cible.
AMLII est composée de journalistes et de juristes.
Elle a pour activités : la sensibilisation, les projections de films, la
causerie dans les quartiers, etc.
Elle s'est à présent constituée en un
réseau panafricain qui regroupe le Mali, le Sénégal, la
Guinée, le Cameroun, la Côte d'Ivoire.
Réalisations
· Causeries, débats et projections de films dans les
quartiers populaires de Nouakchott.
· Organisation, en décembre 2007, des concerts
populaires au profit des jeunes et des candidats à l'immigration, aux
fins d'impulser chez eux une prise de conscience des énormes dangers et
risques encourus par les aventuriers à cette meurtrière
odyssée.
· Organisation, les 3 et 4 juin 2008, d'un forum
sous-régional sur les Migrations clandestines des jeunes ; participants
du Niger, du Mali, du Burkina Faso, du Cameroun, de la Côte-d'Ivoire, du
Bénin et de la Guinée Conakry.
Lorsqu'on analyse le problème de la
migration d'un point de vue géographique, on se rend compte qu'il
dépasse bien évidemment les frontières de la Mauritanie.
C'est en effet
Section 2 : Au niveau international
un phénomène régional, continental voire
intercontinental si l'on intègre l'Europe comme objectif souvent
affiché à atteindre par les migrants.
De même, le problème des migrations de transit
n'est pas simplement un problème auquel une réponse humanitaire
est attendue, mais également un problème dont la cause et les
conséquences se situent au niveau international.
Pour la première fois dans son histoire, l'Organisation
des Nations Unies organisait un sommet sur les migrations, qui réunit
plus de cent pays ; l'expérience fut plutôt positive et donc on
décida de créer, sur proposition de M Kofi Annan, un «
Global Forum on Migration and Development » (GFMD). Ce forum eut
lieu les 10 et 11 juillet 2007 à Bruxelles, et 800
délégations de plus de 140 pays y participèrent.
A cette occasion, le nouveau secrétaire
général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, appela à
l'action immédiate en direction des quelques 200 millions de migrants
dans le mondes, et caractérisa les migrations comme « one of the
great global challenges of our Century »
Nous allons voire d'abord les conventions internationales
(paragraphe 1) et ensuite la coopération inter régional
UE/AFRIQUE (paragraphe2).
Paragraphe 1er : Les conventions internationales
Il existe plusieurs normes internationales et des
recommandations politiques acceptées par certains Etats Africains en
particulier la Mauritanie.
Nous pouvons en citer par ailleurs les Conventions de
l'OIT (A) et les Conventions des Nations Unies (B).
A- Les conventions de l'OIT
L'Organisation Internationale du Travail a mis l'accent sur la
nécessité de mobiliser l'ensemble de ses moyens d'action
normative, de coopération technique et d'investigation dans la recherche
dans tous les domaines de compétence qui sont les siens, afin de
prêter une attention spéciale aux problèmes des personnes
qui ont des besoins sociaux spécifiques, plus précisément
les travailleurs migrants. Dans ce domaine, l'OIT a adopté deux normes
de base qui sont spécifiques aux travailleurs migrants.
Il s'agit d'abord de la Convention No.97
(révisée) de 1949 qui fournit les fondements pour une
égalité de traitement entre les nationaux et les migrants
réguliers dans des domaines tels que les procédures de
recrutement, les conditions de vie et de travail, l'accès à la
justice, les réglementations concernant les impôts et la
sécurité sociale.
Il s'agit ensuite de la Convention No.143 sur les travailleurs
migrants de 1975 qui se fixe pour objectif de réglementer les flux
migratoires, d'éliminer les migrations irrégulières et de
lutter contre les activités de trafic et la traite.
La Convention No.97 de 1949
La convention concernant les travailleurs migrants
révisée en 1949 impose d'emblée à « tout
membre de l'OIT ayant ratifié la convention de s'engager à mettre
à la disposition du BIT et de tout autre membre, à leur demande
:
- des informations sur la politique et la législation
nationale relatives à l'émigration et à l'immigration
;
- des informations sur les dispositions particulières
concernant le mouvement des travailleurs et leurs conditions de travail et de
vie ;
- des informations concernant les accords
généraux et les arrangements particuliers en ces matières
conclues par le membre en question.
Le membre devra créer un service gratuit chargé
d'aider les travailleurs migrants en lui fournissant des informations en vue de
faciliter son départ, son accueil et ses voyages. Il devra veiller
à l'état de santé des migrants et la mise en place d'une
protection médicale suffisante pour leurs familles.
Il devra veiller à éliminer toute forme de
discrimination tant sur le plan du traitement (rémunération,
système de sécurité sociale, impôts et taxes,
etc....) que sur l'affiliation aux organisations syndicales et la jouissance
des avantages offerts par les conventions collectives. Le pays membre devra
également veiller à permettre au travailleur migrant de
transférer toute partie des gains ou économies
réalisée par celui-ci.
B- Les conventions des nations unies
Les recommandations politiques
. Dans l'article 13, la Déclaration Universelle des
droits de l'homme dispose en son paragraphe 2 : « Toute personne a le
droit de quitter tout pays, y compris le sien et de revenir dans son pays
».
Depuis cette date, cette déclaration constitue un
impératif moral régissant les rapports entre les individus et
leurs gouvernements ainsi que la garantie à la protection des droits de
l'homme, des libertés fondamentales et de la dignité
afférente à tous les membres de la famille humaine.
La Déclaration a exercé une influence
considérable dans le monde entier et a permis d'encourager et
d'inspirer, au sein de l'ONU comme ailleurs, des décisions
internationales de grande portée qui ont entraîné la
création de nouvelles règles.
Cette vaste entreprise à laquelle l'ONU s'est
attachée dès sa création, a été
achevée le 16 décembre 1966 avec l'adoption de deux pactes :
? Le pacte relatif aux droits civils et politiques entré
en vigueur le 23 mars 1976.
? Le pacte international relatif aux droits économiques,
sociaux et culturels entré en vigueur le 3 septembre 1976 qui est le
pendant du pacte des droits civils et politiques.
La convention internationale sur la protection des droits
de tous les travailleurs migrants et des membres de leur
famille.5
Cette convention adoptée en 1990 par l'Assemblée
Générale des Nations Unies donne une définition
complète des « valeurs de base » et fournit un fondement
juridique en vue d'élaborer une politique nationale et de son
application concernant les travailleurs migrants et les membres de leur
famille.
Elle sert d'outil pour encourager les Etats à concevoir
leur législation nationale en accord avec les normes internationales.
De nombreuses dispositions se recoupent avec un agenda
détaillé en vue d'élaborer une politique nationale afin de
faire en sorte que les Etats coopèrent et se consultent pour formuler
une politique migratoire de main d'oeuvre, échanger des informations,
fournir des informations aux migrants, procéder à leur retour
méthodique et les aider à se réinsérer.
Les organisations internationales : Nous pouvons citer
entre autre ;
1. L'Organisation Internationale pour la Migration (OIM)
appuie le processus de définition d'une Stratégie et
d'élaboration d'une Politique en matière de gestion de la
migration en Mauritanie.
2. Le BIT dont le mandant est de promouvoir le travail
décent pour toutes les femmes et tous les hommes, y compris les
travailleuses et travailleurs migrant(e)s.
3. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les
Réfugiés (HCR) qui est chargé de l'assistance des
réfugié(e)s et requérant(e)s d'asile, en Mauritanie.
Paragraphe 2 : La coopération inter
régional UE/AFRIQUE
Pour ce qui est de la coopération UE/AFRIQUE pour la
gestion de la question migratoire, nous pouvons constater que le dialogue«
5 + 5 » sur la migration en Méditerranée occidentale fait
partie du dialogue politique informel instauré entre l'Algérie,
la Libye, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie, d'une part, la France,
l'Italie, l'Espagne, le Portugal et Malte, d'autre part. Ces pays ont
jugés nécessaire d'y inclure d'autres pays d'origine de transit
et de destination afin de pouvoir élargir l'impact positif qui pourra
résulter de ces rencontres à l'ensemble des Etats
concernés.
5 Sources : Hamidou BA « législation en
matière de travailleur migrants »
C'est dans cette même lancé que furent
organisé les conférences euro-africaine sur les migrations (A),
en vue d'aboutir à des partenariats de mobilité Nord-Sud
(B).
A- Les conférences euro-africaines sur les
migrations
Les migrations entre l'Afrique et l'Europe sont d'abord une
source d'enrichissement mutuel. Mais lorsqu'elles ne sont pas
maîtrisées, elles entraînent une série d'effets
négatifs. C'est dans cette lancée que la Conférence
ministérielle euro-africaine sur la Migration et Développement
fut organisée6 à Rabat (Maroc).
Deux éléments ont donné au partenariat de
Rabat son aspect novateur. Il s'agit d'abord de la première
démarche qui associe les pays d'origine, de transit et de destination
des flux migratoires, en l'occurrence autour des routes migratoires qui
relient, d'une part, l'Afrique centrale, occidentale et du Nord et, d'autre
part, l'Europe. C'est aussi la première fois que seront prises en compte
à la fois les politiques de développement et de
co-développement, l'organisation des migrations légales et la
lutte contre l'immigration irrégulière.
La France, à titre national et en tant qu'Etat membre
de l'Union européenne, avait la volonté de donner à ce
partenariat toute sa dimension opérationnelle et concrète pour
obtenir des résultats avec les partenaires d'Afrique du Nord,
occidentale et centrale et d'Europe.
C'est ainsi que les autorités françaises avaient
soumis à leurs partenaires européens et africains une
première série de propositions concrètes pour mettre en
oeuvre sans délai la déclaration politique et le plan d'action de
Rabat, en agissant de concert sur les trois volets du développement et
du co-développement, de la migration légale et de la lutte contre
l'immigration irrégulière, en veillant à
l'équilibre de cette démarche commune.
La France avait proposée en particulier :
- de participer à la mise en place d'un
observatoire euro-africain des migrations.
- de lancer de nouveaux projets de
codéveloppement entre l'Europe et l'Afrique en mobilisant les
diasporas installées en Europe et en utilisant notamment les
financements communautaires existants.
- de favoriser la mobilité des
compétences entre l'Europe et l'Afrique grâce à
des mesures concrètes, ciblées notamment sur les
étudiants, les jeunes professionnels, les médecins, les
chercheurs et tous ceux qui concourent au développement et au dynamisme
des pays d'origine et d'accueil.
6 Conférence organisée les 10 et 11
juillet 2006 à Rabat (Maroc).
- de définir de façon concertée une
stratégie en matière de réadmission
visant à couvrir les principales étapes des routes
migratoires, et prévoyant les mesures d'accompagnement
nécessaires, afin qu'une coopération s'établisse entre les
pays d'Europe et d'Afrique sur la question de la réadmission, qui fait
partie intégrante d'un dialogue global sur les migrations.
B - Partenariat de mobilité entre l'UE et les «
pays du sud »
En ce qui concerne le partenariat entre l'UE et les pays du
Sud, la question de la mobilité fut l'un des trois volets du
développement et du co-développement, évoqués
à la Conférence ministériel euro-africaine de Rabat. A
titre d'exemple, on peut citer la mobilité des jeunes professionnels ;
des accords relatifs aux échanges de jeunes professionnels ont
été conclus par la France avec plusieurs pays réformant
leur économie ou tout simplement demandeurs d'actions de formation.
Ces accords visent à encourager la venue temporaire en
France de jeunes travailleurs, désireux de perfectionner leurs
connaissances linguistiques et d'acquérir une expérience
professionnelle qui pourra bénéficier à leur pays
d'origine.
Ces accords, négociés selon un principe de
réciprocité et dans la limite de contingents annuels, permettent
à des jeunes âgés de 18 à 35 ans de venir travailler
dans une entreprise en France, dans le cadre d'un contrat de travail qui leur
garantit les mêmes condit ions d'emploi et de rémunération
que les jeunes français, ainsi qu'une protection sociale.
La conclusion d'accords de jeunes professionnels est possible
dans tout secteur d'activité (à l'exclusion des professions
réglementées s'il n'y a pas d'équivalence de
diplômes). Les jeunes travailleurs reçoivent une autorisation de
séjour et de travail d'une durée égale à celle de
leur période d'emploi (entre 3 et 18 mois), à l'issue de laquelle
ils doivent en principe rentrer dans leur pays d'origine.
Au niveau de la Mauritanie force est de constater que des
efforts doivent être fait par le gouvernement, en ce sens pour cause la
France a conclu des accords de jeunes professionnels avec le Maroc (mai 2001),
le Sénégal (juin 2001) et la Tunisie (décembre 2003). De
ce fait notre pays semble être complètement ignoré par
cette initiative Nord-Sud.
Chapitre 2 : Perspectives de solution
L'ampleur des flux migratoires à laquelle la Mauritanie
fait face, suppose une réponse forte et coordonnée de l'ensemble
des acteurs directement ou indirectement concernés par ce fléau.
La Mauritanie à l'instar des pays concernés par ce
problème semble malgré ces faibles moyens prendre conscience de
l'ampleur de ce phénomène. Si l'on revient
A- Le développement des statistiques et bases de
données sur les migrants
aux facteurs qui poussent la personne à la migration
irrégulière, on sait qu'ils sont en général d'ordre
économique, mais ce n'est la principale cause ; dans plusieurs cas la
migration et surtout clandestine apparaît comme un fait normale, naturel,
puisque l'homme par sa nature suit les richesses. De ce point de vue
l'émigration apparaît comme un droit, mais un droit qui s'exerce
parfois de manière illégale. D'où la
nécessité et même l'urgence de mettre en place des
alternatives tant au niveau national (section 1) que
régional (section 2) pour réguler les flux
migratoire
Section 1ère : Au niveau national
En plus des lois et conventions ratifiés par les
autorités Mauritanienne en matière de migration, d'autres
solutions sont entreprises pour venir en aide au nombre croissant de migrant
qui afflux de jours en jours sur le sol mauritanienne en vue de rejoindre
l'Europe. Aujourd'hui, nous constatons que les obstacles au mouvement des
personnes constituent une véritable et constante entrave à de
nouveaux gains économiques découlant de la libéralisation
des échanges. Donc pour mettre en place une politique
susceptible de faciliter les mouvements des personnes de manière
méthodique et prévisible, sure et utile pour tous les Etats
concernés, des travaux devraient être faites au niveau national
pour la mise en place d'une structure de gestion des flux migratoire
(paragraphe 1) et le développement des réseaux diplomatiques et
consulaires (paragraphe 2).
Paragraphe 1er : La mise en place d'une structure de
gestion des flux
migratoires
En effet, pour les solutions au niveau national il est
important de mettre en place des structures en vue de gérer les flux
migratoires. C'est en ce sens que La Direction de l'Emploi avec l'appui de
l'OIM, avait entrepris une évaluation nationale sur la politique de la
migration. Ce travail devrait aboutir sur la définition d'une
stratégie et l'adoption d'une politique en matière de migration
en Mauritanie.
La Commission Nationale des Droits de l'Homme (CNDH) avait
réalisé des visites au camp de rétention à
Nouadhibou. Elle avait également formulée des recommandations
pour améliorer les conditions de détention dans ce camp et
favoriser le retour des migrant(e)s de façon digne dans les pays
d'origine. En dépit des tentatives de solutions faites par les
acteurs nationaux, on constate que beaucoup d'efforts doivent être
mené dans le développement des statistiques et bases de
données relative aux migrants (A) afin de maximiser les effets positifs
de la migration sur le développement (B).
En lisant de document travail intitulé «
Mauritanie Migration, marché du travail et développement »
réalisé par Mr Ould Brahim Ould Jiddou Fah, économiste
mauritanien, on se rend compte que des efforts devraient dans le sens du
développement des statistiques et bases de données sur les
migrants.
Pour cause, les données sur la migration sont
éparpillées et non exhaustives.
Les enquêtes spécialisées sur la migration
n'ont jamais été entreprises au niveau national. Les questions
traitées dans le Recensement général sur la population et
l'habitat (RGPH) en 2000 sont anciennes et limitées aux nombres de
migrants et ne permettent pas d'approfondir les caractéristiques
socioéconomiques des migrants recensés. Dans ce domaine, les
données les plus récentes font référence à
celles de l'enquête relative à la situation de la main d'oeuvre
étrangère en Mauritanie dans les trois principales villes du pays
(Nouakchott, Nouadhibou et Rosso). Cette enquête est
réalisée en 2007 par le bureau d'étude privé EDFOR
pour le compte du ministère de l'Emploi dans le cadre de la
préparation de la stratégie de la main d'oeuvre
étrangère. Toutefois, cette stratégie n a pas encore
été validée ni mise en oeuvre.
Cependant, il existe quelques données relative à
la migration que l'on peut trouver à travers certaines enquêtes
menés par des organismes internationaux à savoir ; le HCR, l'OIM,
Banque Mondiale...
D'une manière générale, le système
statistique mauritanien reste pauvre en termes de données sur la
migration. L'une des faiblesses majeures de ce système est l'absence
d'enquêtes exhaustives sur la migration portant à la fois sur
l'immigration et l'émigration et leurs incidences sur le
développement du pays. Il faut que les autorités mettent en place
une coordination entre les structures concernées par la question de
migration afin que les informations qui seront produites soient exhaustives,
centralisées et publiées officiellement.
Le fléau de la migration n'est pas un problème
qu'on doit régler de manière superficielle. Une base de
données fiable aidera les autorités nationales à mesurer
l'ampleur des flux migratoires afin de mettre en place une politique permettant
de maitriser l'entrée et la circulation des migrants sur le territoire
national.
B- La maximisation des effets positifs de la migration sur
le développement
En réalité la migration n'est pas toujours
synonymes de mal, des expériences ont montrées qu'une bonne
gestion de la migration peut être un pilier de développement aussi
bien pour les pays d'origines de transit et de destination que pour les
migrants eux-mêmes. La maximisation des effets positifs de la migration
sur le développement passera par le renforcement des capacités
nationales en termes de ressources et de formation du personnel pour la
formulation, la mise en place et le suivi de la politique migratoire
mauritanienne. Elle passera également par une cohérence de la
politique nationale en matière de migration avec les autres politiques
de développement en vigueur (développement économiques,
commerciales, l'emploi et les droits humains). L'Etat devrait aussi encourager
une gestion régional des flux migratoires, et ce à travers
certains types d'actions : en appuyant les processus de consultation
régionale en matière de migration, encourager aussi la tenue
de
conférences et de forum de discussion régionaux
(le groupe 5+5 élargi aux autres Etats). Les autorités doivent
aussi encourager les mesures facilitant la circulation des travailleurs dans le
cadre de programmes de migrations temporaires, en impliquant aussi bien les
Etats que le secteur privé (les employeurs), améliorer
l'information sur les besoins et les conditions d'accès aux
marchés du travail pour les migrants.
Paragraphe 2 : Le développement des
réseaux diplomatiques et consulaires
La diplomatie a toujours jouée un rôle
très important dans les relations entre les Etats souverains. Cependant,
dans le contexte actuel, ou la migration et surtout irrégulière
commence à prendre une ampleur considérable, les réseaux
diplomatiques peuvent contribuer à la recherche d'une solution durable
face à ce fléau. Aujourd'hui, le nombre de migrants ne cesse de
croitre pour des raisons d'insécurité, de pauvreté et
même parfois climatiques. Selon les ONG et les Associations des droits de
l'Homme, les migrants dans leur majorité subissent de graves violations
des droits humains à travers la montée de la xénophobie et
de l'intolérance à leur égard dans les pays de transit et
d'accueil à cela on s'ajoute les menaces contre leur
intégrité physique, notamment les femmes et les enfants qui sont
exposés aux violences sexuelles. Les étrangers dont les pays
d'origines n'ont pas de représentation diplomatiques ou consulaires sont
généralement les exposés aux risques de maltraitances.
C'est ainsi que le développement des réseaux diplomatiques et
consulaires devienne une nécessité pour garantir le respect des
droits des migrants contre d'éventuelles atteintes.
Outre les organismes internationales tels que le HCR, OIM,
BIT... on constate qu'il ya une prise de conscience au niveau national, cela se
manifeste à travers l'émergence d'association et d'ONG locales
qui s'activent pour l'amélioration des conditions de vie des
migrants. Au niveau des autorités, il faudrait un appui aux
associations de la diaspora (A) et une forte implication de celle-ci sur les
activités pays (B) pour pouvoir améliorer le sort des
migrants.
A- L'appui aux associations de la diaspora
L'essor du mouvement associatif produit de nouvelles formes de
solidarités et offre aux individus et aux groupes un cadre leur
permettant de prendre des initiatives socioéconomiques, culturelles et
politiques. Les associations remplissent plusieurs fonctions qui sont
liées au projet migratoire et aux problématiques sociales,
économiques et politiques auxquelles sont confrontées les
personnes issues de l'immigration. C'est ainsi que des associations comme SIGI
(association malienne) et l'association guinéenne qui visent comme nous
venons de le voire à sauvegarder l'intérêt de leur
ressortissant, doivent être impliqué dans les activités
pays. On note cependant que ces associations à l'instar des ONG
développent aussi des partenariats avec des organismes internationaux
tels que l'OIM et le HCR...
Le soutien aux associations de la diaspora devrait
également se manifester à travers un appui financier et technique
de la part des autorités en vue d'aider ces associations dans la prise
en charge des migrants et plus particulièrement les plus
vulnérable que sont ; les femmes et les enfants.
B- L'implication de la diaspora dans les activités
du pays
Dans le panorama associatif mauritanienne, assez dynamique il
ya des associations humanitaires, d'assistance, d'une part, et les
organisations de défense des droits humains d'autre part, (la Commission
Nationale des Droits de l'Homme (CNDH) ) Dans un entretien que j'ai eu à
faire avec un membre de ses associations, ce dernier explique que les ONG et en
particulier les associations au niveau du pays se limitaient aux propositions
et aux recommandations qu'ils faisaient parvenir aux décideurs en
l'occurrence l'Etat et aux organisations internationales.
Néanmoins, il se trouve que leur opinions sur la
question migratoire était peu écoutées et ils ne
recevaient presque pas de soutien ni matériel ni financier de la part
des autorités pour pouvoir assister les migrants en difficulté,
les associations de la diaspora également subissaient pratiquement le
même sort. Mais avec l'accentuation des flux migratoires et les pressions
que subit l'Etat de la part de l'Europe. Les autorités en vue
d'élaborer une politique nationale de la migration essaye de plus en
plus d'impliquer la diaspora dans les activités allant dans ce sens.
L'implication de la diaspora ne doit pas être
qu'exceptionnelle au regard des circonstances, mais elle doit plutôt
demeurer constante.
Section 2 : Au niveau régional
Toujours, dans la recherche de solution pour la migration,
à l'heure ou les mécanismes des Etats semblent insignifiants pour
la gestion de celle-ci, l'intégration régionale renforcée
sera inévitablement un outil qui permettra d'accentuer la circulation
des personnes. Cette intégration loin d'être « un bouclier
» pour freiner les migrations devrait plutôt constituer un espace
propice à l'harmonisation des législations nationales en
matière de migration et de développer les échanges
réguliers entre ces pays. Même si le premier réflexe des
européens face à la crise économique et à l'ampleur
de la migration fut la fermeture des frontières, cela n'a pas
été pour autant bénéfique pour les pays
africains.
Néanmoins, pour faire face à ce «
challenge » de la migration les l'Etats Africains devraient songer
à mettre en place un mécanisme qui fera de la migration un outil
pour le développement régional (paragraphe 1) et en même
temps promouvoir la coopération Sud-Sud (paragraphe 2).
Paragraphe 1er : Un outil pour le développement
régional
On sait que l'Afrique de l'Ouest est en général
une zone de forte tradition de migrations, l'ensemble des pays de cet espace
bénéficient des retombés économiques de cette
pratique. Mais aujourd'hui, la condition de vie des migrants demeure de plus en
plus fragile en l'absence d'un cadre juridique permettant de garantir leurs
droits.
Pour faire face à ces enjeux, les Etats de la sous
région ont fait des efforts pour mettre en place des politiques de
gestion des flux migratoires à l'échelle nationale permettant
d'assurer le respect et la protection des droits de tous les migrants.
Faire de la migration un levier pour le
développement nécessitera le renforcement de l'intégration
régional (A) et la mise en place d'une législation interafricaine
sur la question de la migration (B).
A- Le renforcement de l'intégration
régional
On sait que les migrations sud-sud ont toujours joués
un rôle considérable dans le développement des populations
de l'Afrique de l'Ouest qui, pour des raisons économiques et politiques,
ont besoin de se rendre dans les pays voisins pour rechercher des emplois
temporaires. La Mauritanie en tant que pays se situant au carrefour des pays de
l'Afrique de l'Ouest et ceux du Maghreb, en plus de ces relations historiques
avec les Etats de la CEDEAO, appartient aussi à des institutions
régionales arabes telles que la Ligue des Etats Arabes et l'Union du
Maghreb Arabe.
Parmi les conventions de la Ligue des Etats Arabes relative
à la migration on peut
citer :
- La convention arabe sur le placement de la main d'oeuvre
- La convention arabe sur le déplacement de la main
d'oeuvre - La convention arabe sur la formation
Ces conventions ont pour objectif de mettre en place les bases
d'une coopération « gagnant-gagnant » en vue de favoriser la
mobilité des migrants de cette zone. On peut alors s'étonner de
l'inertie des autorités Mauritanienne quant à la ratification de
ces conventions.
En ce qui concerne l'Union du Maghreb Arabe, rappelons que
L'article 2 de son traité du 17 février 1989 affirme que cette
institution vise progressivement à réaliser la libre circulation
des personnes, des services, des marchandises et des capitaux. Pour ce faire,
l'institution fait de la promotion de la circulation des personnes et des biens
un vecteur de construction de l'unité de la région
maghrébine. C'est dans cette optique que plusieurs
conventions et accords ont été signés
sous l'égide de cette union en matière commerciale,
douanière, de sécurité sociale, judiciaire...
Certes, ces conventions sont porteuses d'espoir mais pour
qu'elles puissent avoir un impact positif sur l'ensemble des pays membres, les
autorités devraient accompagner leur application.
B- La législation interafricaine
Pour faire face à ces défis, les pays de la sous
région se sont efforcés de mettre en place des cadres
institutionnels et juridiques multilatéraux, bilatéraux et
nationaux à même de favoriser la mise en cohérence des
migrations avec le développement économique et social et
d'assurer sur des bases saines le respect et la protection des droits de tous
les migrants et des membres de leur famille.
a) Dans le traité de l'OUA
Dans la charte de l'OUA signé à Addis-Abeba le
25 mai 1963, les chefs d'Etat et de Gouvernement africains ont convenus de
créer l'organisation de l'Unité Africaine, persuadés que
la charte des Nations Unies et la Déclaration universelle des Droits de
l'Homme, principes desquels ils réaffirment leur adhésion, offre
une base solide pour une coopération technique fructueuse entre leurs
Etats.
En effet, en vertu de l'article 2 de la charte de l'OUA, l'un
des objectifs de l'OUA est de favoriser la coopération internationale en
tenant compte de la charte des Nations Unies et de la Déclaration
universelle des Droits de l'Homme.
En conformité avec l'article 13 de cette
déclaration qui proclame que « toute personne a le droit de quitter
tout pays, y compris le sien et de revenir dans son
pays», les législations interafricaines ont
prévu presque toutes des dispositions relatives à la circulation
des personnes à travers des accords multilatéraux ou
bilatéraux
b) Dans le cadre des accords de
Cotonou
Les accords de Cotonou signés le 23 juin 2000 entre
l'Union Européenne et les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique)
constituent une remise à jour des anciens accords de LOME signés
en 1975. Ils encadrent trois des principales mesures nécessaires pour
atteindre les objectifs de lutte contre la pauvreté par un
développement adapté à la fois aux conditions de la
mondialisation et à l'état des pays :
? dispositions institutionnelles ? stratégies de
coopération
? financement du développement
Parmi les articles de ces accords, concernent la migration et les
migrants, on peut citer ;
? l'article 13 est consacré aux conditions des
migrations, il souligne, entre autres, la nécessité de «
l'élaboration de stratégies de mise en oeuvre de programmes de
coopération nationaux et régionaux en faveur de
l'amélioration des conditions de vie et de travail et de la
création d'emplois, et du développement d'actions visant à
l'insertion professionnelle des ressortissants des pays ACP (Afrique
Caraïbes Pacifique) dans leur pays d'origine ou dans un Etat membre de
l'Union Européenne »7
Paragraphe 2e : La promotion de la coopération
SUD/SUD
La coopération Sud-Sud est reconnue comme un outil
efficace de coopération pour le développement et de renforcement
des efforts d'intégration sous-régionale. Elle répond
également à un impératif de rationalisation dans
l'utilisation des ressources dans la mesure où elle contribue à
améliorer la concertation aux niveaux sous-régional,
régional et international. Certes des organisations régionales
comme la CEDEAO, l'UMA et la CEMAC existent et jouent un important rôle
dans la cohésion de leurs Etats membres, via leurs institutions
communes. Mais on note un défaut de coordination entre ces organisations
sur la question de la gestion de la migration.
Pour venir à bout de ce phénomène
transnational qu'est la migration il faut en plus des efforts des Etats
séparément une politique commune, qui aura comme effet la
facilitation de la mobilité des migrants (A) l'harmonisation des
législations en matière de migration de transit (B) et le
développement par la migration (C).
A-La mobilité des migrants
Ce droit, revendiqué par certaines associations, titre
sa légitimité de la Déclaration universelle des Droits de
l'Homme de 1948, dont l'article 13-1 stipule que « Tout homme a le droit
de quitter son pays, y compris le sien ». De nos jours, on comprend de
plus en plus que beaucoup d'acteurs commencent à prendre conscience de
la nécessité de gérer les migrations à un niveau
global. C'est ainsi que Catherine Withol de Wenden explique : « La
légitimité de la fermeture des frontières étatiques
se trouve ébranlée par la diversité des formes de
mobilité avec lesquelles les législations d'entée et de
séjour accusent souvent un décalage de plusieurs années de
retard, source de dysfonctionnement. (...) L'idée que les Etats ne
peuvent pas indéfiniment empêcher la mobilité des hommes
commence à se répandre, en même temps qu'un timide droit de
migrer commence à être revendiqué dans les milieux
associatifs, même si le droit à quitter son pays, y compris le
sien (affirmé dans la déclaration
7 S : Cahier des Migrations internationales : Mr
Hamidou BA en collaboration avec Mr Abdoulaye Fall « Législations
relatives aux travailleurs migrants en Afrique d l'Ouest »
Universelle des Droits de l'Homme de 1948), demeure fort peu
respecté de par le monde tant les conditions d'entrée sont
devenues difficiles ». Voir Catherine Withol « les frontières
de la mobilité »
De ce fait, pour une meilleure gestion des flux migratoires,
les Gouvernements devraient mettre en place des plans pour encourager la
mobilité des personnes (commerçants, professionnels
étudiants...) via des programmes d'échanges. L'Etat peut
également faciliter l'accès des étrangers en
allégeant les procédures d'entrée et séjours dans
le pays. Cette solution pourrait à long terme amoindrir voire
éradiqué le phénomène de la migration
irrégulière.
B- L'harmonisation de la législation en
matière de la migration
de transit
Dans l'espérance de la libre-circulation entre les pays
de l'union européenne et ceux de l'Afrique dont aucune initiative ne
présage d'ailleurs sa mise en place, l'idéal serait à
songer au développement des migrations régulières. Cette
mesure passera inévitablement par une harmonisation de la
législation en matière de migration de transit. C'est à
travers une cohésion des normes relative à la question migratoire
et surtout celle de main-d'oeuvre que l'on pourra améliorer le sort des
migrants. Nous savons que de nos jours, la migration de la main-d'oeuvre est
perçue comme faisant partie intégrante du paysage
économique mondial.
Ceci s'explique grâce à la puissante dynamique
mondiale à l'oeuvre dans les activités de production, la logique
déterminant de l'offre et de la demande de main-d'oeuvre agit
désormais au-delà des frontières. Cette logique se
caractérise encore avant tout par la recherche constante d'une plus
grande productivité et d'une production améliorée,
valorisant de ce fait la place de la main d'oeuvre migrante dans une
équation complexe censée produire les meilleurs résultats
possibles.
Aujourd'hui la question la plus importante, d'un
intérêt très immédiat pour les pays d'origine comme
pour les pays de destination, est celle des droits de l'homme, des droits dans
le domaine du travail et du statut des travailleurs migrants. Les questions
à résoudre vont au-delà de la simple formulation ou
application de normes minima de protection aussi importante que soient ces
dernières. Dans un marché de travail en voie de mondialisation,
les travailleurs migrants se déplacent en partie parce qu'ils
possèdent, au minimum, des atouts qui leur permettent de rivaliser,
s'agissant autant de compétences ou d'attentes salariales que de
spécificités culturelles. L'idéal ici consistera donc
à mettre en place un ensemble de politiques qui auront pour but de
mettre à profit les avantages concurrentiels, tout en s'opposant
résolument à la transformation des travailleurs migrants en
simple marchandises.
C- Migration et développement
L'ors de du Forum mondial tenu à Bruxelles en juillet
2007, la question de la relation entre Migration et développement a fait
l'objet de plusieurs débats.
La contribution croissante de la migration et surtout celle de
la main-d'oeuvre à l'économie mondiale a fait l'objet de
nombreuses recherches et de nombreux propos ces dernières années
(OIM 2005), l'un des principaux thèmes étant l'importante
contribution des migrants au développement de leur pays d'origine
grâce au transfert de connaissances et de compétences, aux
investissements et au rapatriement de fonds. En 2006, les fonds
rapatriés dans le monde entier auraient été
supérieurs à 280 milliards de dollars US (Banque Mondiale,
2007).
Cependant quelques grandes questions se posent aux pouvoirs
publics :
O Que faire pour réduire le cout de
rapatriement de fonds et encourager le recours aux voies officielles pour ces
remises de fonds ?
°Quelles conditions créer pour encourager
l'utilisation des fonds rapatriés à des initiatives de
développement durable, sans pour autant oublier qu'il s'agit bel et bien
de fons privés ?
°Quelles stratégies mettre en oeuvre pour veiller
à ce que la migration de la main d'oeuvre ne soit pas synonyme de
déperdition de compétences dans les pays en développement
d'origine ?
° Quels type de partenariat créer entre les Etats
et les diasporas pour valoriser l'impact des fonds rapatriés sur le
développement des pays d'origine ?
Ces questions ont une importance intrinsèque, elles
représentent également un point de convergence permettant aux
pays d'origine, aux pays de transit et aux pays de destination de travailler
ensemble à la recherche d'objectifs communs. C'est sans doute là
une des raisons du succès des processus consultatifs régionaux
sur la migration qui ont vu le jour depuis quelques années tels que le
Dialogue 5+5 sur la migration en Méditerranéen occidentale
(processus 5+5).
CONCLUSION
L'observation de la migration de transit montre que la
Mauritanie fait face à un phénomène transnational. Nous
pouvons constater que malgré les faibles ressources dont dispose ce
pays, la gestion de la migration reste pénible.
Certes, le nombre d'atelier, de séminaire, que ce soit
à l'échelle nationale, régional, internationale est
impressionnant. La quantité de plan d'actions, de recommandations, de
déclarations l'est aussi, mais, comme on le voit, pour l'instant rien ne
bouge du coté de la Mauritanie.
Nous savons donc que la Mauritanie à elle seule est
loin de pouvoir résoudre cette équation que pose la migration.
Mais de l'autre coté de la méditerranéen, l'union
européenne semble adresser aux pays du sud et en particulier la
Mauritanie des demandes fortement contradictoires. D'un coté, elle
exerce une très grande pression pour faire en sorte qu'on entreprenne
avec conviction des processus concrets de démocratisation et de respect
des droits de l'homme. De l'autre, elle nous oblige à participer
activement à la gestion des flux migratoires, en contribuant au
renforcement des instruments de contrôle et de répression. C'est
ainsi qu'Abdelkrim Belguendouz écrivait : « On constate ainsi que
l'Europe cadenasse ses frontières, délègue le
contrôle, exporte et sous-traite la répression supposée
dissuasive vis-à-vis des migrants. Ce faisant, on devient au niveau des
officiels du Nord moins regardant sur le respect par le Sud des droits de
l'Homme à l'égard des migrants, puisque le service rendu arrange
d'abord les autorités du continent européen qui se voient
débarrassées du travail besogneux et de bas étage et,
surtout, protégées de la venue des populations du sud
indésirables » .
Aujourd'hui, on constate que des pratiques telles que ;
l'expulsion de masse des migrants, le blindage des frontières n'est
absolument pas la solution aux grandes difficultés dont souffre la
politique migratoire, mais au contraire risque de rendre certains
équilibres de la sous région plus fragile. Désormais, on
ne doit plus continuer à regarder la migration comme un
phénomène auquel on doit s'opposer, mais, en revanche il est
nécessaire d'en accepter la responsabilité, partagée et de
les gérer.
Evidemment, d'innombrables efforts sont entrepris au niveau
régional et international à travers les volontés
politiques en vue de rechercher des solutions durables.
Au niveau national, nous pouvons constater une l'implication
des acteurs tels que ; les Associations, les ONG et les organismes
internationaux (HCR, OIM, BIT...) pour suppléer au travail des
autorités dans la gestion des flux migratoires.
En somme, si nous ne parvenons pas à instaurer une
véritable coordination entre les acteurs nationaux concernés par
la question migratoire et l'Etat en vue de renforcer le dispositif juridique
pour la régulation de ces flux, si nous ne fournissons pas des efforts
pour une harmonisation et une application des normes relative à la
migration au niveau régional,
- Conditions de vie et de travail des femmes et hommes migrants
d'Afrique de l'Ouest en Mauritanie, avril 2009, BIT
pour la protection des migrants, même avec l'appui des
bailleurs les plus généreux, la gestion de la migration de
transit en Mauritanie restera incertaine.
Bibliographie
Document :
Ali Ben Saad
- La Mauritanie, les dimensions politiques et sociales des
migrations, CARIM, rapport 2008-2009.
Haimoud Ramdan
- Migration irrégulière : états des lieux
et défi de la gestion des flux de migrants irréguliers en
Mauritanie, 2009, Organisation internationale pour les migrations (OIM).
- MEMORANDUM revue juridique de droit mauritanien (droit des
étrangers et protection des réfugiés en Mauritanie)
2007
- La lutte contre la précarité des enfants en
Mauritanie
- La Mauritanie face au défi de l'immigration
clandestine
- La migration de la main d'oeuvre pour l'intégration et
le développement dans L'EUROMED, L'Afrique Orientale et Occidentale,
juin 2005
- Mauritanie face au défi de l'immigration clandestine,
Investigations, mars 2008.
- La Législation de la Migration et des Travailleurs
Migrants en Mauritanie,
- OIT, Projet Migration de Main-d'oeuvre pour
l'intégration et le Développement en Afrique de l'Ouest, 2005
- CARIM Rapports de Recherche 2009 /03 : La Mauritanie et la
Convention des Nations Unies sur la protection des droits des travailleurs
migrants et des membres de leur famille.
Pour plus d'informations voire
www.google.fr/haimoud
ramdan.
Sidna ould ndah :
Migration en Mauritanie ; les dimensions sociales de la
migration en Mauritanie, document d'analyse ;
nov. 2008.
www.lacimade.org
- Le consortium pour la Recherche Appliquée sur les
Migrations Internationales(CARIM) ; Mauritanie, les dimensions
démographique et économique de la migration
www.carim.org /rapport 2008-2009
- Mauritanie ; Profil de la migration de main-d'oeuvre
(séminaire sur la gestion de la migration de main d'oeuvre), 13 mai
2009. DevsStat Consult.
BIT :
- Alfred wisskirchen, Notes sur les migrations
irrégulières, 2005
- DOCUMENT DE TRAVAIL, préparé par Ould jiddou
ould brahim Fah Mauritanie Migration, marché du travail et
développement, 2010
- Lorenzo Coslovi (Roma) : Migration de
transit au Maghreb, 2006(CeSPI, Roma) - HICHAM DRIOUACH :
Université de Salé, Recherche sur la question de la
migration clandestine en Méditerranéen, le cas
du Maroc ; Casablanca, juin 2003
(l'Association Marocaine d'Etudes et de Recherches sur les
Migrations. PDF).
- la CIMADE, Document d'analyse (Association de
solidarité) novembre 2008,
www.lacimade.org
- Armelle Choplin : l'immigré, le
migrant, l'allochtone (Manuscrit de l'auteur, publié dans "Politique
africaine, 109 (2008) pp. 73-90)
- Union Parlementaire Africaine (Conférence
parlementaire africaine « L'Afrique et les migrations : défis,
problèmes et solutions ») Rabat, Royaume du Maroc, du 22 au 24
mai 2008, La déclaration finale.
- Séminaire : Formation sur les migrations
internationales de main-d'oeuvre ;
Gestion efficace et protection des travailleurs (3-6 novembre
2008 à l'hôtel Halima, Nouakchott)
-Wihtol de Wenden, Catherine, Atlas des
migrations dans le monde. Réfugiés ou migrants volontaires,
Autrement, 2005.
Mémoire universitaire :
- Céline laperrierre
(université de paris 1 panthéon la Sorbonne), La gestion
des migrations : quelles réponses apportées au Maroc ?
2006-2007
- Dia saidou : Le phénomène de
l'immigration clandestine en Mauritanie (juin
2007), université de Nouakchott
Migreurop, Cimade.
|