Valeurs et et relativisme moral dans la généalogie de la morale (1887) de friedrich nietzsche( Télécharger le fichier original )par Daniel Blaise BITECK Université de Yaoundé 1 - DIPES II 2013 |
I.2. L'IDEAL MORAL JUDEO-CHRETIENPour les judéo-chrétiens, les valeurs morales ont une origine unique au-delà de toutes les affirmations : Dieu considéré comme le seul organisateur de l'ordre éthique que nous connaissons et subissons de nos jours. En effet, dans la conception judéo-chrétienne, il est admis que la vie et les comportements des hommes doivent être calqués sur les commandements qu'ils ont reçus de leur créateur. C'est donc l'obéissance aux « Dix commandements » donnés par le seigneur au peuple d'Israël et partant au monde entier et qui s'imposent à lui de manière catégorique qui constituent la source de la morale religieuse. Aussi le chrétien, le musulman ou tout religieux doit pouvoir mener une vie bonne c'est-à-dire une vie dont les actes sont conformes à la volonté de Dieu, une vie qui plaît à ce dernier. C'est dans ce sens que Saint Paul dans son Epître aux Romains encourage ceux-ci en ces termes: « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir votre corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de (leur) part un culte raisonnable »22(*). Le successeur de Pierre recommande ainsi à ses « frères » de vouer leur vie, leur âme au seigneur et ceci passe par l'acceptation, la mise en pratique personnelle des préceptes divins et l'évangélisation c'est-à-dire l'enseignement ou la communication à Autrui des bienfaits de la parole de Dieu. Aussi la moralité et le salut de l'homme sont garantis par la soumission aux commandements divins d'une part et le service rendu au prochain d'autre part. Ce service rendu au prochain est, au-delà de la simple aide apportée à Autrui, une marque qui singularise les « enfants de Dieu » des non croyants ou mondains. Les paroles de Jésus à ce propos sont fort illustrateurs : « Aime ton prochain comme toi toi-même. C'est par là qu'on reconnaîtra que vous êtes mes enfants car l'amour est le premier fruit de l'esprit »23(*). Jésus résume ainsi tous les commandements, toute la volonté de son père en un mot : l'Amour. Il s'agit du don entier de soi entendons l'abandon total de soi à Dieu et à Autrui. Il s'agit d'aimer notre prochain comme nous-mêmes, comme Dieu lui-même nous aime. Il n'y a pas, aux yeux de Jésus, de plus grand commandement que celui-là. Cependant, il importe de remarquer qu'avec la mort et la résurrection de Jésus, la condition du salut de l'homme ne se limite plus à l'amour du prochain ou à la « transformation empirique par le culte et par l'ascèse, mais dans la foi en la puissance du salut apporté par la vie et par la mort du christ, salut considéré en dernière instance comme don de Dieu »24(*). Contrairement au juif qui croit que la foi sans les oeuvres est vaine, le chrétien pense que c'est la grâce divine symbolisée par Jésus-Christ qui va lui procurer le salut. Mais sachant de manière pertinente qu'il ne pourra jamais se conformer entièrement et convenablement aux injonctions divines, le chrétien trouve dans la crucifixion du christ le pardon de ses fautes et en même temps son salut. Parce que le chrétien a accepté Jésus comme seigneur et sauveur il est à nouveau uni à son créateur. En effet, la Bible nous enseigne que, parce qu'ils avaient péché (en mangeant du fruit de l'arbre défendu) Adam et Eve ont été chassés du jardin et condamnés à la souffrance du dur labeur. Ce rejet de la part du créateur ne signifiait pas seulement le départ de leur milieu de vie (le jardin) mais il marquait surtout la rupture de la relation de confiance qui avait jadis existé entre le créateur (Dieu) et ses enfants (Adam et Eve) de sorte que le christ, par son sacrifice sert de lien qui vient réunir de nouveau les parties autrefois cohérentes. L'homme qui s'était perdu, qui s'était souillé par le péché retrouve en et par Jésus la pureté, la sainteté. Par lui, il est saint et l'esprit de Dieu réside en lui. En effet : L'esprit de Dieu ou esprit saint est un principe de vie supérieure, un mode de participation au divin, qui est accordé au croyant en vue de son salut et de sa sanctification. Ainsi l'ordre éthique s'établi sur la distinction entre deux catégories d'hommes : ceux qui vivent selon la chair et ceux qui vivent selon l'esprit25(*). C'est ceux qui vivent par l'esprit qui sont agréables aux yeux de l'éternel. Il est à noter que c'est le sacrifice du christ qui rend possible la réconciliation de l'homme et de Dieu. Considéré comme source des valeurs morales par les chrétiens et les religieux en général, Dieu construit préalablement à l'homme et pour l'homme un ensemble de normes que ce dernier ne doit que se limiter à suivre pour avoir une conduite juste. Aussi, il devra faire preuve d'humilité, de pardon, de charité etc.... A la fin de cette réflexion sur l'origine des valeurs morales dans la philosophie de Platon et la pensée judéo-chrétienne, il ressort que toutes les deux posent comme fondement de celles-ci l'Absolu. Mais, nous avons noté une différence sur la nature que l'une et l'autre attribut à cet absolu. Pour Platon, la base des valeurs morales c'est l'Idée et plus précisément l'Idée du Bien. Pour les religions par contre, le socle sur lequel se construit la morale c'est Dieu. Mais, contre ceci Kant fait valoir une morale adossée sur la raison. * 22 La sainte Bible, Romains 12 : 1, traduction révisée de Louis Segond, Genève, 1975, p. 1145. * 23 Ronz, Artiste musicien Camerounais, « Un seul et grand commandement » in album intitulé« Stop », 2010. * 24 Monique Canto-Sperber, (dir), Op.Cit., p. 1094. * 25 Ibid., p. 1104. |
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