Valeurs et et relativisme moral dans la généalogie de la morale (1887) de friedrich nietzsche( Télécharger le fichier original )par Daniel Blaise BITECK Université de Yaoundé 1 - DIPES II 2013 |
IV-1- LA DESTRUCTION DES VALEURS ET LA RECONSTRUCTIONLa Généalogie de la morale tout comme Par-delà bien et mal sont une critique nietzschéenne de la culture occidentale moderne et de l'ensemble de ses valeurs religieuses, métaphysiques et morales. Les valeurs qui règnent en occident depuis la naissance du christianisme, dont Nietzsche a situé les prémisses chez Platon, sont néfastes et ont été des instruments de domination. Certaines valeurs, que Nietzsche juge comme étant les plus basses et les plus fausses, l'ont progressivement emporté sur les valeurs les plus authentiques. Nietzsche nous dit que le nihilisme c'est-à-dire la haine de la vie ; étymologiquement « le goût pour le rien » vient du fait que les plus hautes valeurs se dévalorisent. L'humanité a renoncé aux valeurs du monde sensible au nom du monde des idéaux, l'au-delà de la religion chrétienne ou le « monde intelligible » chez Platon, monde qui n'est que le reflet illusoire du monde réel, le seul monde digne d'intérêt pour Nietzsche. L'au-delà des métaphysiciens a rendu l'humanité malade. Il a appris aux hommes à délaisser la vie sur terre au profit d'une vie après la mort. L'homme ne vit donc plus pleinement, il est dans l'abstinence et dans le renoncement. Le nihilisme est l'évènement fondamental de l'histoire, l'auteur de Ainsi parlait Zarathoustra lit donc cette histoire comme celle de la dévalorisation des valeurs suprêmes. Il a compris la nécessité d'invalider, de dévaloriser les anciennes valeurs pour redonner à la vie le goût que Platon, Kant, Schopenhauer et la morale chrétienne lui ont ôté. Il est important de faire naître une nouvelle hiérarchie entre les valeurs : la destruction n'implique pas le néant, elle conduira à la reconstruction. Martin Heidegger nous dira que Malgré la dévalorisation des plus hautes valeurs pour le monde, ce monde lui-même continue, et ce monde ainsi dépourvu de valeurs tend inévitablement à une institution de valeurs42(*). Il semble que notre monde soit nécessairement porteur de valeurs. La dévalorisation des valeurs doit permettre une reconstruction. En effet, pour Nietzsche, il va falloir inverser le principe d'évaluation, passer des valeurs négatives, hostiles à la vie, à des valeurs affirmatives exaltant la vie. L'au-delà des métaphysiciens n'existe pas, pas plus que les dieux des religions. L'homme doit donc se référer uniquement à lui-même, il est seul, il doit créer lui-même ses valeurs. Mais quels moyens vont être mis en oeuvre pour une réévaluation des valeurs ? * 42 H. Bernt-Winter, Nietzsche et le problème des valeurs, Paris, Gallimard, 2000, p. 34. |
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