Politique budgétaire en RDC: instruments, moyens et efficacité.( Télécharger le fichier original )par Alain NZANZU TAVULYANDANDA Université Catholique du Graben - Licence 2015 |
I.2.2. Les explications keynésiennesLe rôle de l'État en tant que stimulateur de l'activité économique et de relance de la croissance a été défendu par Keynes après la crise de 1929. La théorie keynésienne se place dans un contexte de sous-emploi et dans une approche macroéconomique, c'est-à-dire avec un raisonnement au niveau des grandes variables de l'économie telles la demande, la consommation ou l'investissement. C'est aux analyses keynésiennes que l'on doit les premières présentations des finances publiques envisagées comme des instruments de politiques économiques. I.2.2.1. Fondements keynésiensPour Keynes13(*), le niveau du revenu global et de l'emploi dans l'économie à un moment donné, dépendent du niveau des dépenses de consommation et des dépenses d'investissement dans cette économie. Les chefs d'entreprises produisent des biens et services et emploient des facteurs de production parce qu'ils prévoient une demande pour leur production. En effet, selon lui, tout part de la demande effective et non pas de l'offre comme le soutiendront les " supply siders ". Ainsi, pour Keynes, la demande effective est la demande anticipée par les entrepreneurs pour leur permettre de mettre en oeuvre un certain niveau de production et donc d'emploi. Seulement pour que les entreprises embauchent, il faut que les perspectives de ventes soient bonnes, c'est-à-dire que la demande globale (qui est égale à la consommation, l'investissement et les exportations en économie ouverte) soit importante. Le volume de l'emploi est alors commandé par le niveau des dépenses de la collectivité, c'est-à-dire par le niveau de la demande globale. Keynes ajoute que le revenu global est un revenu d'équilibre lorsque les plans des producteurs et ceux des consommateurs sont compatibles. Mais ce niveau d'équilibre n'est pas forcement caractérisé par le plein-emploi des ressources. Keynes14(*) montre au contraire que le revenu d'équilibre peut être inférieur au revenu de plein-emploi si les niveaux de consommation et d'investissement sont faibles. Il y a alors excès d'épargne par rapport à l'investissement, ce qui soumet l'économie à des forces déflationnistes. Inversement, si les niveaux de consommation et d'investissement sont élevés, le niveau d'équilibre peut être supérieur au niveau de plein-emploi. Il y a alors pression inflationniste. Pour remédier à cette situation, la théorie keynésienne propose d'une part l'accroissement de la demande de consommation par une politique de redistribution des revenus, d'autre part la relance de l'investissement privée par une baisse du taux d'intérêt et une politique d'investissement publics. Ainsi selon Keynes15(*) la seule façon de sortir du sous-emploi est de relancer la demande. Or, celle-ci est faible en situation de sous-emploi en raison d'une faiblesse des revenus. Dès lors, il appartient à l'État de la stimuler en injectant de la monnaie dans l'économie. Cette injection de la monnaie se fait par l'entreprise de la politique des grands travaux notamment la construction des infrastructures de base. Pour ce faire, l'État est obligé de recourir à une forte main d'oeuvre, laquelle est rémunérée. Ainsi en acquérant les matériaux et en payant cette main d'oeuvre, l'État injecte la monnaie dans le circuit de payement. La main d'oeuvre disposant d'un revenu va réinjecter celui-ci dans le circuit notamment en payant des biens et services de base nécessaires pour leur survis. Les entreprises productrices de ces biens et services sont alors encouragées de produire d'avantage car, la demande de leurs produits a augmenté. C'est ce que l'on appelle le principe du multiplicateur. En effet, celui-ci décrit les mécanismes en chaîne à l'issue desquels une injection de revenus dans l'économie par un investissement autonome de l'État, va provoquer une augmentation de la production supérieure à l'investissement initial. Cette relance se fait donc à travers le budget. Ici l'État peut aller jusqu'au déficit budgétaire qui sera résorbé ultérieurement car les recettes vont augmenter. * 13TOULOUSE, J-B., et alii., Finances publiques et politiques publiques, éd. Économica, Paris, p 410 * 14Idem, p 411 * 15STUMPF, E., (2001), L'intervention de l'état est-elle nécessaire dans une économie de marché, [en ligne], [Référence du 23 novembre 2015], disponible sur http://aygosi.pagespersoorange.fr/DISSERTinterventionEtatEconomieMarche.html |
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