II.2.3. Politique
budgétaire et évolution du taux d'intérêt et taux
de change
Dès l'avènement des défaillances de la
politique du type keynésien, les gouvernements ont
développé des politiques mixtes qui consistent à combiner
politique budgétaire et politique monétaire.
La macroéconomie notamment avec l'équilibre
IS-LM enseigne qu'une politique budgétaire est plus efficace si en
augmentant les dépenses publiques, le taux d'intérêt
réel ne remonte pas, en raison en particulier de l'apparition
d'anticipations d'inflation ou de l'excès d'offre de titres publics et
le taux de change réel ne s'apprécie pas pour
rééquilibrer le marché des biens.
En fait, le taux d'intérêt en augmentant
évince ou élimine la capacité d'une politique
budgétaire de contribuer à relever le niveau du revenu national.
Ainsi, cette politique ne peut être efficace que si elle est
combinée avec le taux d'intérêt stable ou en diminution.
Graphique n° 10 : Évolution du taux
d'intérêt en RDC
Source : Construit à partir des rapports de la
BCC
Le taux d'intérêt repris sur ce graphique est le
taux débiteur appliqué par les banques commerciales en RDC. En
effet, ce taux a subi des fluctuations sur toute la période sous
étude. Bien qu'ayant atteint un pic de 69, 77% à 2009,
globalement il présente une allure décroissante après
celui-ci. En RDC, à voir l'allure des fluctuations de ce taux
d'intérêt, il ne s'écarte pas tellement de ce qu'enseigne
la macroéconomie.
De la même façon la RDC connait une
quasi-stabilité du taux de change. De 2003 à 2014 le taux de
change est resté stables subissant de moindre variation excepté
le passage de 2008 à 2009 où ce taux a considérablement
augmenté se situant à 806,9 CDF en moyenne pour 1 USD en 2009
contre 561,1 CDF l'année plutôt. Cette situation est
représentée sur le graphique ci-dessous.
Graphique n°11 : Évolution du taux de
change moyen USD/CDF
Source : Construit à partir des rapports annuels
de la BCC : 2012, tableau III.37, p. 173 ; 2013, tableau III.22, p.
161 ; 2014, tableau III.25, p. 144
Les politiques budgétaires menées aujourd'hui ne
semblent pas devoir faire remonter les taux d'intérêt réels
ou les taux de change réels. Alors que l'accroissement des
dépenses publiques sans que la production intérieure augmente
aurait pour effet de hausser les prix ; pour éviter cette hausse, le
gouvernement a dû accompagner la politique budgétaire de hausse
des dépenses publiques d'une politique monétaire de stabilisation
des prix. Cette politique a eu comme principale mesure le taux
d'intérêt directeur.
Le taux d'intérêt directeur de la BCC est
depuis 2010, maintenu à des niveaux aussi bas que possible passant de
22% fin 2010 à 2% fin 2015. Pour la BCC, cette option est
justifiée, d'une part, par l'absence des risques inflationnistes majeurs
et, d'autre part, par la nécessité de soutenir le dynamisme de
l'activité économique via une stimulation du crédit. La
BCC utilise cet instrument pour limiter les hausses de prix.
Exceptionnellement, la BCC fait recours aux modifications des
règles de réserves obligatoires des banques commerciales.
Ainsi, loin d'empêcher l'efficacité de la
politique budgétaire, le taux d'intérêt et le taux de
change présentent des conditions favorables. L'inefficacité de la
politique budgétaire en RDC reste donc due à une mauvaise
orientation de ses dépenses publiques et non à des mesures
monétaires qui lui sont conjugués concomitamment.
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