RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU
CONGO
« R.D.C »
ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET UNIVERSITAIRE
« E.S.U.»
UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DU GRABEN
« U.C.G »
B.P. 29 BUTEMBO/NORD-KIVU
FACULTÉ DES SCIENCES ÉCONOMIQUES ET
GESTION
Par : NZANZU TAVULYANDANDA Alain
Mémoire présenté et défendu en vue
de l'obtention du diplôme de licence en sciences économiques et de
gestion
Option : Gestion Financière
Directeur : KAMBALE MIREMBE Omer
Professeur
Encadreur : AMBEREKI MUKUTE Augustin
Chef de travaux
ANNÉE ACADÉMIQUE :
2015-2016
À mes enseignants, Aux gouvernants,
À ma famille, et À tous mes amis.
Je dédie ce modeste travail
REMERCIEMENTS
La réalisation de toute oeuvre implique le concours de
plusieurs personnes. Celle-ci n'est pas exceptionnelle. Qu'il nous soit permis
d'adresser notre gratitude à tous ceux qui de près ou de loin,
ont contribué à la réalisation de ce travail.
Nous tenons à remercier d'abord le Grand Architecte de
l'Univers qui nous a gratifié le don de l'intelligence.
Nous adressons nos sincères remerciements à
l'ensemble du corps professoral de l'Université Catholique du Graben, en
générale et de la faculté des Sciences Économiques
et de Gestion, en particulier.
Notre profonde gratitude à notre Directeur de
Mémoire, Professeur KAMBALE MIREMBE Omer et à notre Encadreur de
Mémoire, Chef de travaux AMBEREKI MUKUTE Augustin, qui ont bien voulu
nous diriger et encadrer avec rigueur et cordialité malgré leurs
occupations. Leurs remarques, conseils et soutiens pédagogiques,
documentaires, nous ont été d'un concours précieux et
admirable.
Nous exprimons notre profonde reconnaissance aux Responsables
et Dirigeants de la Coopérative d'Épargne et de Crédit La
Semence pour leur soutien financier durant notre formation Universitaire.
Nous remercions vivement notre famille, spécialement
nos parents KAMBALE MUSAYI David et KAVIRA SIHERYA qui, dès le
départ, ont su montrer l'importance à l'éducation, et pour
avoir su nous accompagner, encourager dans la poursuite de nos études.
Que mes frères et soeur, TAVULYANDANDA Emery, TAVULYANDANDA Osias et
MWENGESYALI Aline trouvent à travers ces quelques lignes un signe de
reconnaissance et que cette oeuvre modeste leur serve d'exemplaire.
À nos camarades de promotion, nous adressons nos
remerciements pour leur franche collaboration.
Présentant à tout un chacun notre profonde
reconnaissance, espérons que ce travail rencontrera vos ententes
respectives.
SIGLES ET
ABRÉVIATIONS
ANAPI : Agence National pour la Promotion des Investissement
BCC : Banque Centrale du Congo
CDF : Congo Democratic Franc (Franc congolais)
E.S.U : Enseignement Supérieur et Universitaire
FMI : Fonds Monétaire International
PIB : Produit Intérieur Brut
RDC : République Démocratique du Congo
SEM : Son Excellence Monsieur
U.C.G : Université Catholique du Graben
USD : United States Dollar (Dollar des États-Unis)
UN DESA : United Nations Department of Economic and Social
Affairs (Département des affaires
économiques et sociales des Nations Unies)
RÉSUME
La République Démocratique du Congo connait
depuis 2003 des performances macroéconomiques. Cet acquis figure parmi
les objectifs d'une politique budgétaire. Dans ce travail nous nous
sommes intéressé à identifier les instruments
utilisés pour la conduite de la politique budgétaire en RDC et
son efficacité à avoir contribué à la
réalisation de performances enregistrées. Grâce à
l'analyse des données récoltées dans différents
rapports de la BCC et relatives aux finances publiques en RDC, nous avons
abouti aux résultats suivants: durant la période retenu pour
l'étude (2003 à 2015) la politique budgétaire mise en
oeuvre a eu comme instruments l'accroissement des dépenses publiques
financé essentiellement par les recettes fiscales ; cette politique
n'a pas pu contribuer à la réalisation des performances
macroéconomiques enregistrées en RDC depuis 2003. En effet, son
inefficacité s'explique par le niveau et la composition des
dépenses publiques (dépenses courantes en proportion importante
et en plus en biens et service) face à l'ouverture de l'économie
caractérisée par une balance de paiement déficitaire
(rubrique biens et services).
ABSTRACT
Since 2003, the Democratic Republic of Congo realised
macroeconomic performance. This achievement is one of the fiscal policy aims.
In this work we are interested in identifying instruments of the fiscal policy
in the DRC and its effectiveness in contributing to the achievement of
performance recorded. Through the analysis of the data collected from the
different BCC reports and public finance in the DRC, these are our main
findings: during the period selected for the study (2003-2015), the fiscal
policy conducted was mainly based on public expenditure rising. This policy has
not contributed to the enhancing of macroeconomic performance into opening up
of the economy characterized by trade balance in deficit. Indeed, its
ineffectiveness is due to the level and composition of public expenditure
(current expenditure in important proportion and more on goods and
services).
INTRODUCTION
GÉNÉRALE
1. Problématique
De 1989 à 2001, l'économie congolaise a
réalisé des contreperformances macroéconomiques :
chute de la production nationale, hyperinflation, taux de chômage
élevé, instabilité du taux de change, endettement
élevé et balance de paiement déficitaire1(*) .
Depuis 2003, le pays connait progressivement la stabilisation
du cadre macroéconomique. D'après MATATA PONYO2(*), Premier ministre de la RDC, « L'inflation est sous
contrôle et le taux de change est remarquablement stable. Entre 2012 et
2014, la hausse du niveau général des prix a été en
moyenne annuelle de 1,6% en RDC contre 6,6% pour l'Afrique du Sud du Sahara...
la croissance économique en RDC est restée vigoureuse et
soutenue, se situant en moyenne à 8,2%, nettement au-delà de la
moyenne africaine établie à 6,6% l'an... S'agissant du taux de
chômage et de l'indice de pauvreté, ils étaient à
60% et 71% entre 2005 et 2009. Pour la période de 2010 à 2014,
ils se sont situés à 40% et 63% respectivement.»
Dans son discours devant le congrès en 2014, le
Président de la République
déclare : « ... la stabilité du cadre
macroéconomique est, depuis quelques années, devenue une marque
distinctive de notre économie ... Aussi déterminante qu'elle
puisse être pour la relance de notre économie, cette
stabilité n'est pas à elle seule suffisante, et ne devrait pas
être considérée comme une fin en soi.3(*) »
« Stabilité du cadre
macroéconomique » sont devenus ainsi les mots
récurrents dans les discours des dirigeants. Dans le but de maintenir
cet acquis, le gouvernement actuel y a même consacré un objectif
dans son programme quinquennal (2012-2016) : « consolider la
stabilité du cadre macroéconomique et accélérer la
croissance et la création d'emplois 4(*)» ; tel est le
deuxième principal objectif dudit programme. Un tel objectif s'inspire
de l'idéal que vise chaque pays : croissance, stabilité des
prix, plein emploi, équilibre de la balance de paiement.
Pour matérialiser cet objectif, le gouvernement a
arrêté un certain nombre d'actions exprimées par
« une politique budgétaire visant d'une part à
accroitre le niveau des recettes publiques du simple au triple à
l'horizon 2016 et d'autre part, à rationaliser les dépenses et
à améliorer à la fois leur composition ; une
politique monétaire prudente visant principalement la stabilité
des prix dans le cadre d'un régime de change flottant et de
préservation tant de la positivité que de la flexibilité
du taux d'intérêt directeur de la BCC.5(*) »
Plus concrètement dans cette investigation, notre
attention est plus axée sur les outils et moyens de politique
budgétaire ayant été mis en oeuvre en RDC de 2003
à 2015 et susceptibles de l'avoir conduit à atteindre ses
performances macroéconomiques : croissance économique
élevée, prix stables (inflation inférieur à 3%),
diminution du taux de chômage.
Par politique budgétaire note le dictionnaire La
Toupie6(*), nous entendons
une politique mise en oeuvre par le gouvernement pour agir sur
l'économie du pays en utilisant son pouvoir de fixer les recettes de
l'État et les priorités dans la répartition des
dépenses publiques. Elle recouvre ainsi l'utilisation des
dépenses et des recettes des administrations publiques par le
gouvernement pour réguler le rythme de l'activité
économique afin d'atteindre ses objectifs que ce soit dans le domaine
social ou économique. La politique budgétaire est alors l'un de
deux instruments de la politique économique.
De ce fait, la politique budgétaire consiste à
influencer la conjoncture économique par le biais du budget de
l'État. Avant la crise de 19297(*), les finances publiques n'avaient que pour but
d'assurer les activités régaliennes de l'État, ce qui
limitait les possibilités de mise en oeuvre d'une telle politique ; on
pensait alors que le budget ne pouvait pas avoir une fonction
régulatrice de l'activité économique. Ce n'est qu'avec la
mise en application des théories keynésiennes que la relance
économique a pu avoir lieu par l'augmentation des dépenses
publiques. La mise en oeuvre de cette politique a fonctionné un temps,
avant d'être vivement remise en cause dans les années soixante,
à un moment où elle révélait ses limites.
En effet, les analyses Keynésiennes montrent que
l'État peut tirer partie des effets multiplicateurs positifs et
négatifs de ses dépenses et de ses prélèvements
pour relancer l'économie lorsqu'il s'agit de lutter contre le
chômage ou, au contraire, la freiner pour enrayer l'inflation.8(*) Ces analyses présentent
ainsi donc cet instrument comme étant un stimulant de la demande globale
et contribuant à relancer une économie stagnante grâce aux
multiplicateurs budgétaire et fiscale. Cet argument n'est pas
partagé par les néolibéraux. D'après ces derniers,
les mécanismes de marché sont supérieurs aux interventions
économiques et sociales de l'État et par conséquent, ils
préconisent une réduction, voire, une suppression totale de ces
dernières.9(*) Les
néolibéraux démontrent qu'une politique budgétaire
a des effets négatifs sur l'activité économique.
Bien qu'elle soit l'objet de multiples controverses, la
politique budgétaire vise donc à réaliser les objectifs du
carré magique de Kaldor : plein-emploi, stabilité des prix,
croissance économique et équilibre extérieur. En outre, la
politique budgétaire poursuit une multitude d'objectifs
non-économiques tels que des objectifs culturels, éducatifs ou de
santé publique.
Considérant cet état de choses, il
s'avère important de pouvoir mener une étude sur le cas
précis de la RDC. La réflexion s'articule autour des questions
suivantes :
· Quels sont les instruments et les moyens de
politique budgétaire de la RDC de 2003 à 2015 ?
· Cette politique a-t-elle été efficace
dans la gestion des problèmes macroéconomiques de la
RDC ?
Vu l'ampleur de notre champs de recherche, il est
impérieux de pouvoir l'affronter tout en ayant des réponses
avancées à ces différentes questions.
2. Hypothèses du
travail
Pour mieux cadrer notre recherche, nous avons
arrêté anticipativement les réponses suivantes à nos
différentes questions :
· Il semble que les instruments de politique
budgétaire en RDC soient l'accroissement des impôts et taxes et
celle des dépenses publiques. Dans cette logique les moyens de cette
politique proviendraient en grande partie des impôts et taxes ;
· Il est possible que la politique budgétaire en
vigueur en RDC ait été efficace et ce en contribuant à la
relance de la croissance, à la diminution du taux de chômage et
à la stabilité du niveau général des prix.
Aucune recherche ne peut être effectuée sans
qu'elle ait une finalité, la nôtre n'en fait pas exception.
3. Objectifs de la
recherche
L'objectif assigné à ce travail consiste
à identifier les outils, les moyens et les effets de la politique
budgétaire en RDC.
Dans cette même logique d'idées et de
façon plus spécifique l'objectif consiste à
identifier si les politiques budgétaires adoptées ces
dernières années par la RDC ont été efficaces et
efficientes pour la résolution des problèmes
macroéconomiques de la RDC.
La réalisation de tout objectif n'est possible que si
une certaine méthodologie adéquate a été mise en
oeuvre
4. Méthodologie de la
recherche
La méthodologie d'une recherche définie les
méthodes et techniques utilisées dans la réalisation d'un
travail.
Dans ce travail, nous avons utilisé les
méthodes suivantes :
o La méthode descriptive : cette
méthode consiste à décrire, nommer ou caractériser
un phénomène, une situation ou un événement de
sorte qu'il apparaisse familier. Elle nous a permis de décrire les
faits économiques les plus marquants de la période sous
investigation ;
o La méthode analytique : celle-ci
étant une analyse systématique de toutes les informations ainsi
que des données récoltées, elle nous a permis de
déterminer les outils, moyens et de mesurer l'efficacité de la
politique budgétaire en RDC de 2003 à 2015 ;
o La méthode comparative : cette
méthode est définie par REUCHELIN (Reuchlin, M., les
Méthodes en psychologie , 3ème édition, P.U.F, Paris,
1973, p.25), comme « démarche cognitive par laquelle on s'efforce
à comprendre un phénomène par la confrontation des
situations différentes » .elle nous a permis de comparer deux ou
plusieurs phénomènes ou situations afin de dégager les
écarts et ainsi les interpréter.
Quant à la technique, nous avons
utilisé:
o La technique documentaire : elle nous a
été utile dans l'élaboration de la partie théorique
et l'illustration de nos idées par celles des auteurs et chercheurs nous
ayant précédé dans la rédaction et la recherche.
Cette technique a aussi permis de réunir les données
nécessaires à la réalisation de notre travail. Ainsi,
avons consulté les ouvrages disponibles dans la bibliothèque
centrale de l'UCG, sur internet en général et sur le site de la
BCC en particulier.
5. Délimitation du
travail
Prétendre réaliser un travail sans limites
spatiale et temporelle, nous serait irréaliste de par les contraintes
temporelle et financière. C'est dans cette optique que nous avons
effectué notre étude sur la RDC et ce pour une période
allant de 2003 à 2015.
6. Subdivision du
travail
Ce travail est subdivisé en deux chapitres. Le premier
chapitre traite de la revue de la littérature sur de la politique
budgétaire. Le second chapitre analyse les instruments et les moyens de
la politique budgétaire en RDC, son efficacité. A la fin de
chaque chapitre, nous plaçons une conclusion partielle. Outre ces deux
chapitres, une introduction générale se trouve en début de
ce travail et une conclusion générale en constitue l'expression
finale.
CHAPITRE PREMIER
REVUE DE LA
LITTÉRATURE SUR LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE
La politique budgétaire constitue, avec la politique
monétaire, l'un des principaux leviers de la politique économique
de l'État. Elle consiste à utiliser certains instruments
budgétaires (dépenses publiques, endettement public,
prélèvements fiscaux) pour influer sur la conjoncture
économique.
« La politique budgétaire est la forme
principale de l'action publique au plan macro-économique. Tout
État en a une. Le rôle important que joue l'État dans la
vie économique s'exprime dans la loi budgétaire qui est
voté annuellement. Cette loi prévoit les recettes et les
dépenses que l'État va effectuer dans l'exercice annuel à
venir.10(*) »
Jusqu'à la crise des années 1930, la gestion des
finances publiques a eu pour principal objectif d'assurer le financement des
services publics. Le volume des dépenses de l'État n'était
alors pas considéré comme une variable susceptible d'influencer
le niveau d'activité de l'économie. L'analyse de
l'économiste britannique John Maynard Keynes a modifié cette
conception en soulignant l'impact de la politique budgétaire sur le
niveau d'activité économique d'un pays. Par conséquent, la
plupart des pays développés ont mené depuis les
années 1930 des politiques de relance budgétaire lors des
périodes de récession ou de moindre croissance. Ainsi donc pour
Keynes et les keynésiens, une politique de dépenses soutenues
contribuerait à rapprocher l'économie nationale du plein emploi
et la politique budgétaire serait un puissant levier de dynamisme
économique. En relançant l'activité, le budget
génère en effet des effets d'entraînement positifs sur
l'ensemble de l'économie (on parle d'effet multiplicateur).
À compter de la crise consécutive au choc pétrolier de
1973, les théoriciens néolibéraux ont cependant
souligné les limites de la politique budgétaire et notamment, les
effets néfastes des déficits et de la dette publique. Dès
lors la politique budgétaire fait l'objet de nombreuses controverses
entre les économistes keynésiens et néolibéraux.
Le présent chapitre présente un aperçu de
la politique budgétaire à travers différents courants de
pensée économique. Précisons d'abord les notions de budget
de l'État et de politique budgétaire.
I.1. LE BUDGET ET LA
POLITIQUE BUDGÉTAIRE
Le budget est l'acte par lequel sont prévues et
autorisées les recettes et les dépenses annuelles de
l'État.
Au budget de l'État, les dépenses publiques (G)
sont distinguées en dépenses courantes et en dépenses en
capital. Les dépenses courantes représentent les dépenses
normales et récurrentes comme la consommation publique des biens et
services et les prestations sociales. Les dépenses en capital comportent
les dépenses d'investissement qui servent à augmenter le
patrimoine public ainsi que le remboursement de la dette publique. La part des
dépenses publiques dans le PIB constitue un indicateur
important.11(*)
Les recettes publiques (T) sont subdivisées en recettes
ordinaires (impôts et revenus de la propriété de
l'État) et recettes extraordinaires. Les cotisations versées
à la sécurité sociale constituent une source importante
des recettes publiques.
Le solde budgétaire (SB) est la différence entre
les recettes de l'État (T) et les dépenses (G).
Arithmétiquement on écrit : SB= T-G.
Il y a : Excédent budgétaire si SB >0 ;
Déficit budgétaire : SB <0 ; Équilibre
budgétaire: SB = 0.
De façon générale, le déficit
budgétaire peut être financé par l'endettement public ou
l'utilisation des réserves budgétaires.
L'endettement peut être réalisé à
court terme (émission des bons de trésor) ou à long terme
(émission d'obligations de l'État). Cet endettement peut aussi
être intérieur ou extérieur. L'endettement peut être
effectué auprès du système bancaire notamment à la
banque centrale, c'est-à-dire le financement monétaire
assuré par la création de monnaie.
On comprend dès lors que le budget annuel de
l'État comporte deux volets: les dépenses et les recettes. Ainsi
la politique budgétaire comprend deux catégories des
décisions: les unes portent sur les dépenses et les autres sont
relatives aux recettes (fiscales, tarifaires et d'emprunt).
Cette façon de l'État d'intervenir sur
l'activité économique et sociale a des bases
théoriques.
I.2. LES THÉORIES
ÉCONOMIQUES DE LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE
Sous cette section sont présentées les
principales justifications de l'intervention de l'État dans les
activités économiques et sociales notamment par
l'intermédiaire de son Budget. Ainsi sont développées
successivement les justifications néoclassiques et
keynésiennes.
I.2.1. Les justifications néoclassiques12(*)
Fondée sur une analyse micro-économique des
producteurs et des consommateurs supposés rationnels, la théorie
néoclassique a d'abord ignoré le rôle économique de
l'État et des finances publiques. Elle s'est alors centrée sur le
problème de l'allocation optimale des ressources dans une
économie d'échanges parfaitement libres. Ce n'est que par rapport
aux déficiences du marché vis-à-vis de la fourniture de
certains services et des conditions de réalisation d'une situation
optimale au sens de Pareto que la théorie néoclassique s'est
intéressée aux finances publiques.
La réalisation de l'optimum de Pareto suppose la
réunion de plusieurs conditions, et en particulier l'existence d'une
concurrence pure et parfaite, une parfaite indépendance des fonctions
d'utilité des consommateurs et des fonctions de production des
entreprises, c'est-à-dire l'absence d'effets externes et l'existence des
biens figurant simultanément dans la fonction d'utilité de
plusieurs individus, c'est-à-dire des biens ou services indivisibles.
Ces conditions, très restrictives, ont conduit les auteurs
néoclassiques à mettre en évidence certaines
déficiences du marché vis-à-vis de l'allocation des
ressources et à justifier par ces déficiences les interventions
de l'État et des finances publiques.
Les néoclassiques s'intéressent en particulier
à deux grandes catégories de services : les services
collectifs indivisibles et les services dits de tutelle.
I.2.1.1. Les services
collectifs indivisibles
Ce sont les services dont l'offre est indivisible,
c'est-à-dire que lorsqu'ils sont produits, ils bénéficient
immédiatement à l'ensemble des membres d'une collectivité
territoriale donnée, sans que ceux-ci aient nécessairement
conscience, et parfois même contre leur gré quand ils estiment
certains de ces services inutiles, voire néfastes. Il s'agit, par
exemple ; à l'échelle d'un pays, des services de
défense nationale, de justice, ou de police. Plus
précisément ces services présentent deux
caractéristiques majeures qui justifient leur fourniture par les
pouvoirs publics et leur financement par les finances publiques :
o Le processus de production jointe qui est une
conséquence immédiate de l'indivisibilité de
l'offre ;
o L'impossibilité d'exclusion.
À propos des services indivisibles, l'analyse
néoclassique développe une théorie dite
« théorie de l'échange volontaire ». Elle
s'appuie sur une conception individualiste de l'État, selon laquelle
celui-ci n'a pas de véritable existence propre, mais n'est que la somme
des individus qui décident d'agir collectivement et qui s'adressent
à lui, comme à une entreprise, pour obtenir certains services que
les entreprises du marché ne sont pas en mesure de fournir.
I.2.1.2. Les services de
tutelle
Les services de tutelle sont divisibles et peuvent
techniquement être soumis au processus de l'exclusion par les prix. Ils
pourraient donc être fournis par le jeu des mécanismes du
marché, mais les pouvoirs publics les prennent à leur charge et
les financent par des prélèvements obligatoires car, ils les
estiment absolument nécessaires pour les individus. C'est le cas, par
exemple, de la sécurité sociale ou de l'éducation
nationale. L'État agit entant que tuteur des individus en leur imposant
ses propres préférences et en procédant à des choix
qu'il estime bon pour eux.
Ici, l'État est conçu comme une
réalité distincte des individus, conception qui est celle de
l'analyse Keynésienne.
I.2.2. Les explications
keynésiennes
Le rôle de l'État en tant que stimulateur de
l'activité économique et de relance de la croissance a
été défendu par Keynes après la crise de 1929. La
théorie keynésienne se place dans un contexte de sous-emploi et
dans une approche macroéconomique, c'est-à-dire avec un
raisonnement au niveau des grandes variables de l'économie telles la
demande, la consommation ou l'investissement. C'est aux analyses
keynésiennes que l'on doit les premières présentations des
finances publiques envisagées comme des instruments de politiques
économiques.
I.2.2.1. Fondements
keynésiens
Pour Keynes13(*), le niveau du revenu global et de l'emploi dans
l'économie à un moment donné, dépendent du niveau
des dépenses de consommation et des dépenses d'investissement
dans cette économie. Les chefs d'entreprises produisent des biens et
services et emploient des facteurs de production parce qu'ils prévoient
une demande pour leur production. En effet, selon lui, tout part de la demande
effective et non pas de l'offre comme le soutiendront les " supply
siders ". Ainsi, pour Keynes, la demande effective est la demande
anticipée par les entrepreneurs pour leur permettre de mettre en oeuvre
un certain niveau de production et donc d'emploi. Seulement pour que les
entreprises embauchent, il faut que les perspectives de ventes soient bonnes,
c'est-à-dire que la demande globale (qui est égale à la
consommation, l'investissement et les exportations en économie ouverte)
soit importante. Le volume de l'emploi est alors commandé par le niveau
des dépenses de la collectivité, c'est-à-dire par le
niveau de la demande globale.
Keynes ajoute que le revenu global est un revenu
d'équilibre lorsque les plans des producteurs et ceux des consommateurs
sont compatibles. Mais ce niveau d'équilibre n'est pas forcement
caractérisé par le plein-emploi des ressources. Keynes14(*) montre au contraire que le
revenu d'équilibre peut être inférieur au revenu de
plein-emploi si les niveaux de consommation et d'investissement sont faibles.
Il y a alors excès d'épargne par rapport à
l'investissement, ce qui soumet l'économie à des forces
déflationnistes. Inversement, si les niveaux de consommation et
d'investissement sont élevés, le niveau d'équilibre peut
être supérieur au niveau de plein-emploi. Il y a alors pression
inflationniste. Pour remédier à cette situation, la
théorie keynésienne propose d'une part l'accroissement de la
demande de consommation par une politique de redistribution des revenus,
d'autre part la relance de l'investissement privée par une baisse du
taux d'intérêt et une politique d'investissement publics.
Ainsi selon Keynes15(*) la seule façon de sortir du
sous-emploi est de relancer la demande. Or, celle-ci est faible en situation de
sous-emploi en raison d'une faiblesse des revenus. Dès lors, il
appartient à l'État de la stimuler en injectant de la monnaie
dans l'économie. Cette injection de la monnaie se fait par l'entreprise
de la politique des grands travaux notamment la construction des
infrastructures de base. Pour ce faire, l'État est obligé de
recourir à une forte main d'oeuvre, laquelle est
rémunérée. Ainsi en acquérant les matériaux
et en payant cette main d'oeuvre, l'État injecte la monnaie dans le
circuit de payement. La main d'oeuvre disposant d'un revenu va
réinjecter celui-ci dans le circuit notamment en payant des biens et
services de base nécessaires pour leur survis. Les entreprises
productrices de ces biens et services sont alors encouragées de produire
d'avantage car, la demande de leurs produits a augmenté. C'est ce que
l'on appelle le principe du multiplicateur. En effet, celui-ci décrit
les mécanismes en chaîne à l'issue desquels une injection
de revenus dans l'économie par un investissement autonome de
l'État, va provoquer une augmentation de la production supérieure
à l'investissement initial. Cette relance se fait donc à travers
le budget. Ici l'État peut aller jusqu'au déficit
budgétaire qui sera résorbé ultérieurement car les
recettes vont augmenter.
I.2.2.2. Le multiplicateur
budgétaire
En cas de récession, d'équilibre de sous-emploi,
la politique budgétaire permet de stimuler la demande globale. Le
multiplicateur budgétaire permet de mesurer l'impact d'une politique
budgétaire sur l'activité économique. Il a
été développé par l'économiste John Maynard
Keynes au début du XXème siècle.
On peut mettre en évidence trois types simples de
multiplicateur.
A. Le multiplicateur de dépense
publique
Ce multiplicateur exprime l'augmentation du revenu et de
production découlant d'un accroissement du montant des dépenses
publiques (ÄG) sans que le volume des impôts soit modifié
(il y a donc création ou augmentation du déficit
budgétaire qui sera financé par voie d'emprunt)16(*).
On note
. Ainsi le multiplicateur est
. Avec
la variation du revenu,
l'augmentation de la dépense publique, c la propension marginale
à consommer, k est le multiplicateur.
Une augmentation de la dépense publique entraine donc
un accroissement plus que proportionnel (effet de multiplicateur) du niveau du
revenu (Y); on vérifie que le multiplicateur de dépense a la
même valeur que le multiplicateur d'investissement.
Par ailleurs, plus la propension à consommer est forte
et plus l'effet multiplicateur sera efficace ; dès lors il faut
augmenter les bas salaires car leurs détenteurs ont une plus forte
propension à consommer, 17(*)c'est-à-dire augmenter les salaires des
travailleurs ayant une faible rémunération. En effet, ceux qui
ont un revenu élevé consacrent une part moins importante de leur
revenu à la consommation que ceux qui ont un faible revenu. C'est ce que
Keynes appelle la « loi psychologique fondamentale », la
consommation augmente avec le revenu mais à un niveau moins que
proportionnelle, c'est-à-dire que la propension marginale à
consommer est positive mais elle serait décroissante.
De plus, par son investissement autonome, l'État va
donc distribuer des revenus qui permettent d'augmenter le pouvoir d'achat des
consommateurs, notamment en engageant plus des travailleurs. Les entreprises
face à l'augmentation de la demande devront produire plus et donc
embaucheront. Pour Keynes, cela est possible car l'offre est infiniment
élastique jusqu'à la situation de plein-emploi des facteurs de
production. En effet, celle-ci peut augmenter car tous les facteurs de
production ne sont pas utilisés. Selon cet auteur, il existe une demande
globale de plein-emploi et c'est ce niveau que l'économie doit
atteindre.18(*)
B. Le multiplicateur fiscal
Il s'agit d'un multiplicateur qui fait montre de
l'augmentation du revenu et de la production découlant d'une diminution
des prélèvements opérés par l'État sans que
le montant des dépenses soit modifié (il y a donc là
encore modification du déficit budgétaire financé par
l'emprunt).19(*)
On note avec la variation du revenu, la diminution des prélèvements opérés par
l'État, c la propension marginale à consommer. De façon
claire ce multiplicateur est .
La variation du niveau de production est de sens opposé
à celle du niveau des prélèvements ; une augmentation
des prélèvements de l'État entraîne une diminution
du niveau de revenu et de production ; une diminution des
prélèvements publics entraîne une augmentation de
celui-ci.
La raison essentielle de la différence dans
l'importance de la relance tient au fait que la dépense publique
supplémentaire se traduit directement par une augmentation de la demande
alors que la réduction d'impôt entraîne d'abord une
augmentation du revenu disponible qui n'est pas immédiatement
dépensée ( car une partie est épargné).20(*)
Partant, Keynes explique que l'épargne a un rôle
néfaste pour l'économie car, c'est une fuite. Les effets du
multiplicateur sont de moins en moins efficaces car, tous les revenus
distribués ne sont pas réinjectés dans le circuit
économique puisqu'une partie est épargnée. Dans son
ouvrage théorie générale sur l'emploi, la monnaie et
l'intérêt, Keynes21(*) écrit : « Il
devient évident que, toutes choses étant égales ailleurs,
un renforcement de la propension à épargner contracte le revenu
et la production, tandis qu'un accroissement de l'incitation à investir
les développe».
Cependant, il ne faut pas omettre qu'en économie
ouverte, une partie des revenus sert à payer les importations et
qu'ainsi le multiplicateur est moins efficace.
C. Le multiplicateur du budget
équilibré
Les deux premiers multiplicateurs démontrent chacun les
effets d'une action prise par l'État de faire varier soit la
dépense publique, soit les recettes fiscales et ce de façon non
simultanée. Le multiplicateur du budget équilibré traduit
ici l'influence exercée sur le niveau de production par l'augmentation
égale et simultanée des dépenses et des recettes de
l'État.
C'est ici le point d'aboutissement même de la
théorie Keynésienne tel que décrit par le
« théorème de
Haavelmo ».22(*) Ce théorème démontre en effet
que le financement d'une augmentation des dépenses publiques par un
accroissement de même ampleur des impôts n'est pas neutre. Il y a
un accroissement du revenu national de même montant que l'augmentation
des dépenses publiques. Ainsi, selon Haavelmo, un budget même
équilibré n'est pas neutre.
Mathématiquement on écrit :
Ainsi si ,
Alors
Avec la variation du revenu, la variation des dépenses publiques, la variation des recettes fiscales et c la propension marginale
à consommer.
Les formules ci-dessus décrivent les
conséquences sur le niveau du revenu d'équilibre d'une variation
qui intervient simultanément dans les dépenses et dans les
recettes. L'accroissement équilibré du Budget conduit donc
à un accroissement du niveau d'activité égal à
l'accroissement du Budget. Le multiplicateur du budget équilibré
est égal à un. Ceci va à l'encontre des thèses des
théoriciens de l'équilibre, pour qui la compensation des hausses
des dépenses budgétaires par une hausse équivalente des
impôts neutralise les effets de la hausse budgétaire.
Outres ces multiplicateurs, les keynésiens
au-delà des missions régaliennes de l'État lui
reconnaissent d'autres.
I.2.2.3. Fonctions
reconnues à l'État par les Keynésiens
Dans son ouvrage « Theory of public
finance », l'économiste Richard Musgrave23(*) a défini, en 1959 trois
fonctions à l'État : l'allocation, la stabilisation et
la répartition.
Par la fonction d'allocation, note l'auteur nous
entendons la satisfaction par l'État des besoins collectifs, ou alors
son intervention pour réguler la production des biens privés.
L'État a pour fonction essentielle de distribuer les biens et services
indivisibles dont la propriété est collective et pour lesquels
aucun prix ne peut être déterminé. Les économistes
Keynésiens reconnaissent ensuite à l'État la
possibilité d'intervenir dans la fixation du prix d'un bien pour des
raisons d'optimum collectifs alors même que l'entreprise se trouve en
situation de monopole.
La fonction de stabilisation définit
l'utilisation du budget de l'État en vue de réguler la
conjoncture économique. Cette fonction résulte des effets
multiplicateurs reconnus par Keynes aux dépenses publiques et à
la fiscalité. Les masses budgétaires ont en outre des effets de
stabilisation automatique. Ainsi, lorsque la production diminue, les
impôts dont une partie repose sur la production voient leur montant se
réduire. Si les dépenses budgétaires sont maintenues
à leur niveau initial d'équilibre avec les recettes, il y aura
injonction de crédits supplémentaires dans l'économie qui
compensera la dépression. De la même façon, en cas de
surchauffe de l'économie, les recettes fiscales vont s'accroitre ce qui
réduit les liquidités et donc calme la tension inflationniste. Le
rôle de stabilisateur de l'État dépasse les seuls aspects
budgétaires. L'État peut freiner ou relancer la demande globale
grâce à la politique monétaire.
La dernière fonction économique reconnue
à l'État par Musgrave est celle de redistribution des
revenus. Un certain nombre des dépenses budgétaires et plus
largement, des dépenses publiques (sécurité sociale,
allocations aux chômeurs) ont pour objet d'accorder aux ménages
les plus démunis ou subissant des charges importantes, des revenus
supplémentaires par la voie de transferts. Il peut s'agir des
dépenses sociales qui ont pour but d'accroitre directement les revenus
disponibles (prestations en espèces, allocations diverses) ou bien de
déductions fiscales qui ont les mêmes effets économiques
puisqu'elles accroissent la part du revenu disponible.
Tout au long de cette deuxième section ont
été présentées sommairement les justifications de
l'intervention de l'État dans les domaines économique et social.
Si en premier lieu les explications développées sont celles des
néoclassiques, tous ne sont pas unanimes quant à ce. La section
suivante passe en revue certains courants qui s'opposent à cette
intervention de l'État.
I.3. LES THÉORIES
ÉCONOMIQUES CONTESTANT LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE
Si la première section de ce chapitre traite des
théories qui se révèlent être pour la politique
budgétaire, celle-ci essaie de mettre en évidence celles qui se
montrent être contre. Ces théories sont essentiellement celles qui
exposent la remise en cause des politiques Keynésiennes.
I.3.1. La critique
Hayekienne
L'idée de la primauté du marché dans
l'économie a surtout été défendue par Friedrich
Hayek24(*), pour qui, seul
le marché permet la réalisation des intérêts
individuels et de la civilisation. La soumission au marché permet ainsi
la liberté et la satisfaction maximale des individus. Hayek voit le
capitalisme comme un "ordre spontané" qui se régule tout seul par
l'intermédiaire du système de prix. Ainsi, pour Hayek, les prix
et notamment les salaires doivent être totalement flexibles. Selon lui,
les syndicats sont la cause du chômage car, ils empêchent un juste
équilibrage des salaires.
Pour cet auteur, ce n'est pas l'insuffisance de la demande qui
est la cause du sous-emploi, mais l'injection trop importante de monnaie de la
part des autorités monétaires (donc l'État au travers la
banque centrale). En effet, une injection de monnaie dans l'économie ne
permet pas de résorber le chômage, au contraire, elle
entraîne des disparités dans la répartition de la
production entre les différents secteurs (notamment entre ceux qui
produisent des biens de consommation et ceux qui produisent des biens
d'équipement) et elle peut aggraver le chômage en
précipitant les crises. Les politiques Keynésiennes peuvent
atteindre donc une situation contraire à l'objectif initial. Par
ailleurs, Hayek explique la situation de stagflation que l'on connaîtra
dans l'économie, à savoir une forte inflation et un chômage
élevé et il explique que la crise peut être
évitée s'il y a un long détour de production pour les
biens d'équipement.
D'après Hayek, explique Gilles Dostaler25(*) «Toute tentative pour
modifier l'ordre spontané, spécialement le marché, par une
redistribution des revenus, une réorganisation de la production, des
manipulations monétaires et toute autre mesure d'intervention
gouvernementale dans l'économie, ne peut que mener qu'à des
distorsions, à l'inefficacité et, surtout, à la gestion au
profit des groupes les plus forts et les mieux organisés, au premier
rang desquels les syndicats. La volonté de justice sociale ne peut se
traduire que par une législation discriminatoire, donc par la violation
de la règle de droit, qui caractérise tous les totalitarismes,
autoritaires ou démocratiques ».
Parlant de la crise, Hayek note que celle-ci est la
manifestation qu'une économie vit au-dessus de ses moyens. Elle est en
même temps le moyen de purger celle-ci de ses excès en
résorbant les déséquilibres qui l'ont provoquée.
« Il ne s'agit donc pas de relancer la demande effective et
l'investissement par un financement monétaire de celui-ci, mais par la
reconstitution d'une épargne suffisante pour retrouver
l'équilibre entre épargne et investissement. » Une
fois la crise déclarée nous ne pouvons rien faire pour en sortir
avant son terme naturel. En ces termes, Hayek s'oppose à Keynes lequel
conteste l'épargne.
Si Hayek explique que les politiques de relance sont
inefficaces, un autre économiste Milton Friedman, chef de file des
monétaristes adressera lui aussi une sévère critique
à Keynes et à l'État.
I.3.2. Les tenants de
l'éviction
Les tenants de « l'effet de
l'éviction » cherchent à prouver que l'extension de
l'activité économique serait compensée par une diminution
de l'activité économique privée. Il aurait donc
éviction entre dépenses publiques et dépenses
privées.26(*) Les
tenants de l'éviction sont principalement des monétaristes dont
la figure de proue est Milton Friedman.
La critique monétariste de la politique
budgétaire s'appuie sur trois arguments : la remise en cause de la
stabilité de la fonction de consommation, le financement du
déficit public par émission de titres et la temporalité de
l'intervention étatique.
De un, Friedman a remis en cause la fonction de consommation
Keynésienne en introduisant sa théorie du revenu
permanent.27(*) Il
souligne que la consommation ne dépend pas du revenu courant, mais bien
de la richesse, ou en première approximation, du revenu permanent
(c'est-à-dire des revenus passés des ménages et
l'anticipation qu'ils ont de leurs revenus à long terme). Il n'y aurait
dès lors plus de relation stable entre le revenu courant de la
période et la consommation de cette même période, donc plus
de stabilité de la fonction de consommation, de la propension à
consommer ni du multiplicateur. De ce fait, l'argumentation Keynésienne
ne tient plus : à quoi servirait une politique de relance si les
ménages accumulent l'excédent de revenu dans des bas de laine
sous leurs matelas ? À peu de choses à part creuser le
déficit ! La politique budgétaire serait donc inefficace
à court terme et déstabilisante à moyen terme.
De deux, le financement des dépenses publiques par
émission de titres engendrerait un effet d'éviction.
Pour Friedman28(*), les
dépenses gouvernementales financées par l'emprunt public ne font
que remplacer un volume approximativement égal de dépenses
privées (notamment l'investissement). De nombreux arguments ont
été avancés pour appuyer cette thèse. Un des plus
simples est celui suivant lequel l'accroissement de l'intervention de
l'État accroîtrait la méfiance des investisseurs
privés, modifierait leurs anticipations et diminuerait
l'efficacité marginale du capital. L'investissement public
supplémentaire serait ainsi contrebalancé par la diminution de
l'investissement privé.
L'autre thèse porte sur l'effet de l'éviction
financière.29(*)
L'accroissement de l'intervention de l'État pose un problème de
financement que l'on peut régler en procédant soit par
l'impôt (une hausse de l'impôt diminue cependant le revenu
disponible, donc la consommation des agents économiques), soit par
emprunt. Dans ce dernier cas, pour que l'État incite les agents
économiques à souscrire, il lui faut effectivement proposer une
rémunération attractive (un taux d'intérêt
élevé). L'État risque ainsi d'engendrer des tensions sur
le marché financier. Cette hausse des taux d'intérêt
exercera un effet négatif sur l'investissement privé. Dans ce
cas, une partie des investissements privés peut se trouver
évincée à cause du niveau élevé des taux
d'intérêt réels.
De trois, Friedman porte un autre coup, plus violent, aux
théories Keynésiennes sur l'intervention étatique en
période de crise : loin d'atténuer les crises, elle ne fait
que les aggraver. En effet, Milton Friedman souligne, écrit Alexis
Vintray30(*), que l'action
de l'État est marquée par des lags ou délais en
français. Il estime ainsi entre 10 et 24 mois les délais entre le
moment critique et le moment où l'État agit concrètement.
Entre les deux, il y a un délai entre le moment où le
problème survient et celui où les hommes de l'État en
prennent conscience, puis à nouveau un délai jusqu'à la
décision des mesures à prendre, et enfin un troisième
avant que les effets de ces mesures se fassent sentir. Il résume ainsi
cette analyse des lags de l'action publique en 1962 dans son ouvrage
capital, Capitalism and Freedom: « There is likely to be
a lag between the need for action and government recognition of the need; a
further lag between recognition of the need for action and the taking of
action; and a still further lag between the action and its
effects. » Partant, les effets des plans de
« relance » se font sentir quand la machine
économique reprend, accentuant l'expansion de façon
inconsidérée.
La critique des politiques du type Keynésienne ne
s'arrête pas à Friedman et les monétaristes, les partisans
de l'économie de l'offre en ont aussi fait la leur.
I.3.3. Les partisans de
l'économie de l'offre
Les économistes dits « de l'offre »
en anglais « supply-siders » ont pour ténor Arthur
Laffer. Ces économistes prennent les contrepieds des analyses
Keynésiennes en considérant que la production
précède nécessairement les revenus et la demande et que,
par conséquent, c'est l'offre, et non pas la demande, qui est le
véritable moteur de l'activité économique.31(*)
D'après les partisans de l'économie de l'offre,
le développement des inventions économiques et sociales de
l'État a conduit à des excès de réglementations,
de dépenses publiques et des prélèvements obligatoires,
excès qui ont pour effet de décourager l'activité
productive privée. Cette interprétation des faits constitue la
base même de la théorie de l'offre.
En termes de fiscalité, les économistes de
l'offre démontrent que les effets macroéconomiques qu'un
gouvernement attend d'une variation du taux d'imposition peuvent être
contrariés par les réactions des individus. Plus le taux
d'imposition qui frappe une activité est élevé, plus les
contribuables cherchent à échapper à l'impôt en
abandonnant cette activité.32(*)Ainsi, l'américain A. Laffer33(*) a-t-il mis en évidence
une loi des rendements fiscaux décroissants, plus connue sous les termes
de « courbe de Laffer ». En effet, selon cet auteur
écrit Jean-Baptiste Toulouse et ses co-auteurs, une augmentation du taux
de l'impôt ne se traduit pas indéfiniment par une augmentation
proportionnelle des recettes fiscales. Il existe un taux de l'impôt
auquel les recettes fiscales sont à leur maximum. Toute augmentation du
taux de l'impôt au-delà de ce point se traduira par une baisse des
recettes fiscales liées à une réduction de l'assiette de
l'impôt. De ce fait, est-il préférable pour l'État
d'obtenir un même niveau de recettes avec un taux d'impôt se
situant à gauche du point maximum, puisque sans aucun manque à
gagner, il permet aux contribuables de bénéficier d'un taux plus
faible, ce qui les incitent à produire davantage et élargir ainsi
l'assiette de l'impôt et donc les recettes fiscales futures.
Bien que ce courant expose une thèse qui prend le
contrepied de l'analyse Keynésienne, elle est aussi condamnée.
Cette thèse est critiquée34(*) de ne voir dans les impôts que leur aspect
prélèvement et négliger donc les impacts positifs que les
dépenses qu'ils permettent de financer peuvent avoir sur
l'activité économique. D'autre part, même s'il est vrai que
les transferts sociaux peuvent donner lieu à certains abus et
gaspillage, il ne faut sans doute pas perdre de vue pour autant que la
protection sociale est un important facteur de cohésion sociale et que
les populations des pays où elle est très développé
y sont très attachées.
La critique de l'intervention ne se limite pas aux
« supply-siders », « l'école du public
choice » en a fait la sienne.
I.3.4. Le courant des choix
publics
Les critiques précédentes démontrent que
l'intervention de l'État est néfaste à l'économie,
les partisans l'école du « public choice » montrent
à leur tour que les gouvernants ne prennent pas toujours des
décisions dans l'intérêt de la population et le
bien-être de la société mais souvent dans leur propre
intérêt.
Cette école a pour objet l'étude
économique des systèmes de décisions non marchands. En
pratique, cela consiste à appliquer des méthodes d'analyses
économiques à la science politique et ses recommandations visent
à limiter les interventions de l'État. Pour les
économistes de cette école de pensée, il n'y a pas
d'État-providence bienveillant par nature et cherchant à
maximiser le bien-être collectif. Pour comprendre les choix publics, il
faut donc partir du comportement des individus et prendre en compte le
processus de décision politique.
Le point de départ de la théorie des choix
publics est le processus de décision politique. D'après
l'école des choix publics, les hommes politiques qui prennent ces
décisions doivent être considérés comme des gens
ordinaires qui cherchent à maximiser leur propre intérêt et
non comme des personnes désintéressées, au service d'un
hypothétique bien commun. Quand une personne devient un homme
politique ou un bureaucrate, il est toujours d'abord motivé par son
intérêt personnel. Les gouvernants cherchent par exemple à
maximiser la taille de leurs budgets, car ils peuvent ainsi augmenter leur
rémunération réelle en termes de salaire et de divers
avantages. Même si un décideur unique voulait agir pour le bien
public, la théorie des Choix Publics nie qu'un intérêt
collectif puisse exister en dehors des multiples intérêts
individuels.35(*)
Partant, l'État n'est pas le garant absolu de
l'intérêt général. En effet, il n'est pas une
construction désincarnée, et encore moins une autorité
omnisciente, infaillible ou impartiale. Il est plus simplement, une
organisation humaine dans laquelle les décisions sont prises par des
personnes, hommes politiques et fonctionnaires, qui ne sont ni meilleurs ni
plus mauvais que les autres et qui sont elles aussi préoccupées
par leurs intérêts personnels.36(*) C'est ainsi que les hommes politiques qui font
carrière dans la politique ont un objectif simple :
« être élus et réélus »
par une majorité d'électeurs et que les fonctionnaires ont
l'ambition « d'augmenter leurs
rémunérations. »
Selon l'analyse de marché politique le mobile
électoral en politique est équivalent au mobile du profit dans
l'entreprise privée, il incite les hommes politiques à faire des
promesses qui se matérialisent par des programmes de dépenses
publiques qui ont d'autant plus de chances d'être populaires clairement
identifiés, lors que leurs coûts (prélèvements
destinés à les financer) sont généralement diffus
car, répartis sur l'ensemble des citoyens (thèse de
l'asymétrie ou de l'illusion financière).
Ainsi la théorie des cycles
politico-économiques37(*) explique qu'à l'approche des élections
la nature des politiques économiques change. Aussi, avant les
élections, il y a en général une augmentation des
dépenses publiques pour relancer l'activité économique.
Les gouvernants, par l'augmentation des dépenses, pensent favoriser leur
réélection, en postulant que les climats économique et
social sont des facteurs déterminant pour le résultat des
élections. La thèse de l'électeur médian, par
ailleurs, démontre que les hommes politiques cherchent à attirer
l'électeur qui hésite entre deux grandes tendances
politiques ; ainsi, ils chercheraient à satisfaire
l'électeur médian de manière à capter les voix du
plus large éventail possible de l'électorat.
Dès lors le choix de la politique budgétaire est
loin d'être un moyen de réguler l'activité
économique mais plutôt un moyen d'emporter les
élections.
Si les partisans de l'école du « public
choice » analysent de cette façon la politique
budgétaire, David Ricardo et Robert Barro au travers le principe
d'équivalence de Ricardo-Barro en ont fait une autre observation.
I.3.5. Le principe
d'équivalence de Ricardo-Barro
La théorie de l'équivalence Ricardienne postule
que l'effet des dépenses publiques sur l'économie est totalement
indépendant de la façon dont sont financées les
dépenses et, tout particulièrement, du choix entre l'impôt
(paiement immédiat), l'emprunt (paiement futur), voire la
création monétaire. L'élargissement de cette
théorie se fera aux transferts intergénérationnels par
Robert Barro pour en montrer l'inefficacité politique économique
keynésienne.
Dans un article de référence, "
Are
Government Bonds Net Wealth?", publiée dans une des revues
d'économie les plus prestigieuses « Journal of Political
Economy » (1974), Robert Barro38(*)approfondit notamment la théorie de
"l'équivalence Ricardienne" qui est un concept développé
par l'économiste britannique David Ricardo au cours du XIXème
siècle. En substance, l'équivalence Ricardienne présente
l'inefficacité d'une politique économique associant
réduction des impôts et augmentation de la dette publique, et
constitue donc une référence théorique pour
appréhender les effets de la politique budgétaire. En pratique
l'idée est la suivante : « il y a équivalence car
une augmentation de la dette publique aujourd'hui correspond à une
augmentation des impôts demain, pour rembourser la dette ainsi que les
intérêts attachés à cette dette.» Les
agents économiques sont rationnels et ils anticipent la hausse des
impôts. R Barro montre ainsi qu'en cas de relance budgétaire
financée par un déficit, les agents économiques
anticiperont la probabilité d'une hausse d'impôts futurs et
augmenteront leur épargne pour s'y préparer, ce qui diminue les
effets du multiplicateur keynésien traditionnel.
Dès lors toute politique de déficit
budgétaire reste sans effets sur l'activité économique,
dans la mesure où les agents ne sont pas victimes d'une "illusion
fiscale" : ils anticipent parfaitement la hausse future des impôts,
destinée à rembourser l'emprunt initial ; en prévision de
ces prélèvements futurs, les ménages constituent alors
immédiatement une épargne d'un montant équivalent à
l'endettement public et mettent en échec la politique de relance.
Partant la théorie de l'équivalence Ricardienne
repose sur les hypothèses ci-après :
1) En cas de financement par emprunt, les agents anticipent le
surcroît d'impôt qui sera prélevé
ultérieurement pour rembourser. En conséquence, ils
épargnent le montant actualisé correspondant. Leur richesse
globale comme leur consommation restent donc inchangées ;
2) En cas de financement monétaire, les agents
prévoient l'émission régulière de nouvelle monnaie
et partant anticipent rationnellement l'érosion de leurs encaisses par
l'inflation. Dès lors, ils épargnent pour reconstituer la valeur
réelle de leurs encaisses. Il n'y a donc aucun effet multiplicateur sur
la demande globale
Ainsi la conséquence de l'équivalence est claire
: le multiplicateur fiscal (réaction du produit national à une
réduction d'impôt) est nul. La réduction des
prélèvements obligatoires ne permet pas de relancer la
consommation, la politique fiscale est totalement inefficace, ce qui va
à l'encontre des modèles keynésiens. Pour Barro, il
n'existe pas de réductions permanentes de l'impôt car il faudra
les financer tôt ou tard : si l'horizon des ménages est infini,
l'allégement fiscal est toujours temporaire.
Il est donc supposé que les ménages font des
anticipations parfaites et intègrent dans leur contrainte
budgétaire inter temporelle les impôts futurs. Le raisonnement de
Barro peut être prolongé à un cadre
intergénérationnel39(*) : les agents savent que l'emprunt public ne constitue
pas une richesse nette et qu'il se traduira demain par des impôts
supplémentaires pour leurs descendants ; en conséquence, ils
épargnent davantage aujourd'hui pour léguer un héritage
augmenté du montant des impôts futurs.
Dès le début de cette troisième section
les idées exposées sont celles des courants de penser qui
s'avèrent être contre l'intervention étatique. Après
ces multiples controverses entre keynésiens et
néolibéraux, qu'en est-il de l'efficacité de la politique
budgétaire ?
I.4. EFFICACITÉ DE
LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE40(*)
Selon l'analyse keynésienne, les dépenses
publiques (ou les réductions d'impôts) conduisent à une
augmentation du PIB, qui représente un multiple des dépenses (ou
d'impôts). La plupart des fonds payés par le gouvernement sont
dépensés à nouveau, et plus les sommes
ré-dépensées sont importantes, plus grand en est l'effet
multiplicateur. Si les taux de l'épargne sont faibles, comme ils le sont
souvent dans les pays très pauvres, la proportion des fonds
affectés à la consommation sera considérable, l'effet
multiplicateur sera alors très élevé et les
dépenses publiques particulièrement efficaces. Par contraste, en
Asie de l'Est, où les taux de l'épargne avaient été
très élevés, les effets multiplicateurs ont
été plus faibles.
Nonobstant, les ménages et les entreprises subissent
des contraintes tant au niveau des liquidités que du crédit dans
le cas des pays en développement. En effet, l'effet multiplicateur
pourrait être plus conséquent si ces ménages ou entreprises
avaient plus d'argent à dépenser. Par exemple, si le gouvernement
offrait de meilleures prestations de chômage (aspect presque inexistant
dans ces pays), il serait fort à parier que les chômeurs
dépenseraient leurs allocations en totalité ou du moins en grande
partie. La ventilation de ces dépenses indique qu'une partie de cette
somme est attribuée à des particuliers (propriétaires de
logements ou de locaux commerciaux) qui ne la dépenseront pas
entièrement, mais il est important de noter que dans les pays en
développement, l'effet multiplicateur peut être relativement
élevé.
Faudra-t-on également distinguer les effets des
déficits en période de récession et durant le plein
emploi. C'est dans ce dernier cas que les déficits sont les plus
susceptibles d'entraîner des conséquences négatives. Les
arguments d'éviction (inflationnistes de surcroît) sont alors
très persuasifs car la taille du « revenu » est fixe. Lorsque
l'économie fonctionne à pleine capacité, l'augmentation
des dépenses publiques doit se faire au détriment de la
réduction de la consommation ou aux dépens d'autres
investissements, ailleurs dans le cycle économique. Mais l'effet
d'éviction n'est pas inévitable lorsque
l'économie est en deçà du plein emploi. La taille
du revenu peut augmenter de sorte que les dépenses publiques suivent la
tendance sans diminution des investissements privés. Dans le cas des
réductions d'impôt, il est également possible que la
consommation augmente et que les investissements ne baissent pas pour
autant.
En outre, l'argument de l'effet d'éviction suppose
implicitement que les banques centrales sont incapables de prendre des mesures
compensatrices pour baisser les taux d'intérêt. Pourtant,
les banques centrales peuvent parvenir à ce résultat en
renforçant la masse monétaire. L'une des préoccupations
liées aux emprunts publics réside dans le fait que la dette est
monétisée (l'emprunt est en réalité financé
par l'impression de billets) et le système bancaire est autorisé
à augmenter le volume de la monnaie fiduciaire (et le crédit en
conséquence) de manière excessive. Même lorsque les taux
d'intérêt sont proches de zéro et qu'il existe des limites
imposées aux autorités monétaires qui empêchent
celles-ci de baisser davantage les taux d'intérêt (trappe à
liquidités de type keynésien), les banques centrales peuvent au
moins compenser la hausse des taux d'intérêt résultant des
déficits publics. En outre, dans une petite économie ouverte, il
y a une autre raison qui explique le maintien des taux d'intérêt
à des niveaux peu élevés et l'absence d'effet
d'éviction : un afflux de capitaux peut parfaitement empêcher une
hausse des taux d'intérêt.
Finalement, les réponses du secteur privé
peuvent en réalité produire l'effet inverse et rehausser les
résultats de la politique budgétaire. Ainsi est-il fort possible
d'obtenir un effet d'attraction. Par exemple, des dépenses publiques
élevées revigorent l'économie et améliorent la
situation économique de sorte à autoriser un accroissement des
investissements. De la même manière, une augmentation des
investissements de l'État pour compléter l'investissement
privé (comme par exemple, les dépenses relatives aux
infrastructures) est susceptible d'intensifier les retours sur investissement
dans le secteur privé et relancer les investissements privés
ainsi que l'économie de manière globale.
Le succès enregistré par la Chine durant la
crise de l'Asie de l'Est en rapport avec ses dépenses publiques
constitue un cas d'école. La réussite de l'expérience
chinoise s'explique en partie par le fait que les dépenses courantes
étaient fondées sur un ensemble de plans d'investissement
stratégique, axés sur l'amélioration de l'infrastructure.
L'amélioration de l'infrastructure s'est traduite par un renforcement
des retours sur investissement dans le secteur privé, encourageant ainsi
les investissements productifs ayant stimulé la croissance de la Chine
à long terme.
L'expérience de stabilisation et d'ajustement qu'a
connu l'Inde, à la suite de sa crise de la dette extérieure au
début des années 1990, est quelque peu différente.
Pourtant, ce pays a également fourni des preuves probantes de la
complémentarité des investissements dans le public et le
privé, qui suggèrent un effet d'attraction plutôt qu'une
éviction du secteur privé.
Certains économistes y voient un argument
supplémentaire pour encourager les pouvoirs publics à maintenir
une politique budgétaire stricte, afin de conserver la confiance des
investisseurs. Selon cette approche, les dépenses publiques
entraînent des niveaux d'investissement privé plus faibles du fait
que les investisseurs, à la vue des déficits croissants, perdent
confiance dans l'économie et décident de ne pas investir. Seule
une action résolue du gouvernement pour palier au déficit est
susceptible de rétablir la confiance, d'intensifier les investissements
et de restaurer rapidement la santé de l'économie.
Cependant, il existe peu de recherche empirique à
l'appui de cette théorie, alors que les preuves abondent, qui
démontrent que la réduction des dépenses publiques
entraîne la baisse du PIB à la fois dans les pays
développés et les pays en développement. Loin de produire
les effets positifs prédits par le « modèle de confiance
», la réduction des dépenses publiques en Argentine et en
Asie de l'Est dans les années 1990 a conduit aux conséquences
négatives annoncées par les modèles keynésiens
standards. L'impact direct de la réduction des dépenses publiques
sur le PIB semble être plus marquant que celui de l'effet de
confiance.
En effet, l'incidence d'une politique budgétaire
resserrée sur la confiance des investisseurs dépend en grande
partie du type d'investisseurs qu'un gouvernement souhaite attirer. Les
investisseurs et créditeurs à court terme sont souvent
plus intéressés par la taille du déficit budgétaire
que par d'autres variables. La question la plus importante pour ces
investisseurs reste la capacité du gouvernement à rembourser sa
dette à très court terme. Dans la mesure où le
gouvernement économise de l'argent en réduisant le déficit
budgétaire, il dispose d'un surplus de fonds lui permettant de
rembourser ses créditeurs à court terme, même si ceci
entrave la croissance à long terme. Ce sont précisément
ces types d'investisseurs qui accentuent la volatilité du marché
au lieu de maintenir la croissance à long terme.
Quant aux investisseurs à long terme, ils regardent
au-delà du déficit et s'intéressent à une plage de
variables. Les politiques aboutissant à une croissance durable sur le
long terme confortent naturellement la confiance dans l'économie et
amènent encore plus d'investissements. Si les pays s'endettent pour
financer des investissements productifs, susceptibles de générer
des retours supérieurs en valeur au montant des taux
d'intérêt payés, la croissance sera
améliorée. Les investisseurs reconnaissent alors le renforcement
de la santé de l'économie du pays en question et doivent
normalement lui renouveler leur confiance.
Globalement, de la revue de littérature sur la
politique budgétaire il ressort que, bien que cette politique fasse
l'objet des nombreuses critiques, elle présente une certaine
l'efficacité conditionnée par :
- l'accroissement des dépenses publiques de
consommation par une politique de redistribution des revenus aux
agents en plus forte propension marginale à consommer,
c'est-à-dire augmenter les salaires des travailleurs ayant une faible
rémunération, voire accorder des allocations aux chômeurs.
En effet, ceux qui ont un faible revenu consacrent une part plus importante de
leur revenu à la consommation que ceux qui ont un revenu
élevé. Dans cette logique, cet accroissement de dépenses
de consommation se traduit en accroissement de demande. Une conséquence
directe d'une telle politique est l'encouragement des investissements nationaux
désireux de répondre à cet accroissement de la demande.
D'où, une autre condition s'impose ;
- l'existence d'une propension marginale à investir
dans une économie. En effet, si les entreprises d'une
économie ont une propension plutôt de répondre à la
demande par l'accroissement des importations, ceci annule les effets positifs
d'une politique budgétaire.
- la relance de l'investissement privée par une
baisse du taux d'intérêt et une politique d'investissement
publics. L'État et les privés en investissant contribuent
à la résorption du chômage et à la croissance de la
production nationale. Cette condition renvoie à la combinaison de la
politique budgétaire avec une politique monétaire.
CONCLUSION PARTIELLE
Ce premier chapitre, à caractère explicite et
analytique, permet de s'imprégner du contenu et de la nature de la
politique budgétaire. Ce chapitre a été
développé en quatre sections dont la première expose une
idée sur le budget et la politique budgétaire. La deuxième
et la troisième section retracent les diverses conceptions du rôle
reconnu à cette politique. En effet, si la deuxième section
expose les principales justifications de la politique budgétaire et fait
mention de l'importance et de la place qu'elle occupe dans la vie
économique et sociale, la troisième présente les
controverses relatives à la compréhension, à
l'interprétation et à l'étendue du champ d'application de
la politique budgétaire. Une quatrième et dernière section
se focalise sur l'efficacité de la politique budgétaire en
essayant de donner l'exemple d'un pays dont la croissance est
consécutive à la politique des dépenses courantes et un
autre faisant preuve de la complémentarité entre investissements
publics et privés contrairement à la fameuse
« éviction » entre ces deux types
d'investissement.
Il est alors important de se demander si les avancées
macroéconomiques qu'enregistre la RDC ces dernières
années, s'expliquent par l'analyse de type keynésien de la
politique budgétaire. Ainsi, pour analyser les actions concrètes
menées dans le cadre de la politique budgétaire et leurs
incidences et/ou contributions à l'atteinte des performances
macroéconomiques en RDC, ce travail se situe dans une approche
Keynésienne.
Dans cette logique, le chapitre suivant porte sur les
instruments et les moyens de politique budgétaire en RDC et son
efficacité de 2003 à 2015.
CHAPITRE
DEUXIÈME
INSTRUMENTS, MOYENS DE LA
POLITIQUE BUDGÉTAIRE EN RDC ET LEUR EFFICACITÉ
L'évaluation de la politique budgétaire
nécessite une connaissance préalable des instruments
budgétaires mis en oeuvre par un État, instruments à
partir desquels une politique budgétaire agit sur les activités
économiques et sociales. Dans cette logique en première section
de ce second chapitre nous présentons le contenu du budget de la RDC en
vue d'en déduire les types d'instruments et des moyens mis en oeuvre
pour la conduite de sa politique budgétaire. La mise en évidence
de l'efficacité de cette politique pour la période sous
étude est faite en deuxième section où sont exposés
les problèmes macroéconomiques face à la politique
budgétaire adoptée pendant ces années par la RDC.
Sous ce chapitre sont donc présentés et
développés des analyses permettant de se rendre compte de
l'efficacité de la politique budgétaire en RDC dans l'atteinte de
ses performances macroéconomiques.
Aussi est-il que l'efficacité d'une politique
budgétaire est d'autant plus grande lorsque le taux
d'intérêt est inélastique par rapport à
l'augmentation des dépenses publiques et lorsque la monnaie ne
s'apprécie pas. Ceci étant, une troisième section expose
la situation du taux d'intérêt et du taux de change en RDC, tous
deux instruments d'une politique monétaire, étant donné
que les résultats macroéconomiques sont souvent la conjonction
des politiques budgétaire et monétaire.
II.1. CONTENU DU BUDGET DE
LA RDC
Dans le budget de la RDC, les ressources et les charges
budgétaires sont retracées sous forme des recettes et des
dépenses. Ainsi, sous cette section, deux grandes sous-sections sont
présentées dont la première est consacrée à
l'analyse des recettes et la seconde à celle des dépenses
publiques.
II.1.1. Les ressources
budgétaires
Les ressources budgétaires comprennent principalement
les recettes fiscales (les impôts sur le commerce
extérieur, les impôts sur les revenus, les impôts sur les
biens et services et autres recettes fiscales), les recettes non
fiscales (recettes administratives, judiciaires et domaniales, le
portefeuille et autres) et les recettes exceptionnelles (les dons
projets, les prêts projets, les dons budgétaires). Pendant la
période sur laquelle porte notre étude, voici comment a
évolué la contribution de chacune de ces différentes
catégories de recettes au total des recettes réalisées.
Graphique n°1 : Importance des
différentes catégories de recettes
Source : Construit à partir des rapports de la
BCC
De 2003 à 2015, les recettes fiscales ont
été la plus grande source de financement de l'État. Durant
cette période plus de 65% (sauf pour 2009 : 56,63%) des ressources
financières pour le financement de dépenses publiques du cadre
budgétaire proviennent de cette catégorie. Ceci témoigne
de la dépendance des finances publiques de la RDC vis-à-vis des
ressources fiscales. Vu l'importance de cette catégorie de recette, une
analyse plus détaillée de sa composition en est faite dans la
suite au point II.1.1.1.
En outre, le graphique fait montre d'une part des ressources
exceptionnelles de plus de 10 % pour les années avant 2007 alors
qu'après 2010 celles-ci ont diminué sensiblement, situation
expliquée essentiellement par la non réalisation de certaines
exigences dans le cadre du Programme Économique du Gouvernement et du
Programme suivi avec le FMI41(*). Il ressort que l'État congolais n'ait pas
recouru à l'endettement pour financer ses charges du cadre
budgétaire et que ses ressources budgétaires sont de plus en
plus importantes.
Une comparaison entre les prévisions et les
réalisations permet d'élargir l'analyse notamment en relevant
l'effort de mobilisation des recettes pour chaque catégorie de
celles-ci.
Tableau n°1 : Répartition des
recettes du cadre budgétaire de la RDC
Année
|
Recettes Fiscales en % budget prévu
|
Recettes Fiscales en % budget exécuté
|
Recettes Non Fiscales en % du budget prévu
|
Recettes Non Fiscales en % budget exécuté
|
Recettes Exceptionnelles en % budget prévu
|
Recettes Exceptionnelles en % budget exécuté
|
2003
|
46,58
|
66,15
|
11,61
|
11,54
|
41,81
|
22,32
|
2004
|
39,61
|
70,93
|
4,95
|
11,47
|
55,45
|
17,60
|
2005
|
36,33
|
67,78
|
5,56
|
11,47
|
58,11
|
20,75
|
2006
|
35,14
|
69,06
|
12,54
|
9,83
|
52,32
|
21,11
|
2007
|
46,59
|
76,18
|
17,89
|
19,72
|
35,53
|
4,09
|
2008
|
46,73
|
78,04
|
21,31
|
16,84
|
31,96
|
5,12
|
2009
|
41,93
|
56,63
|
12,75
|
19,01
|
45,32
|
24,36
|
2010
|
32,07
|
71,12
|
15,49
|
23,33
|
52,44
|
5,55
|
2011
|
34,69
|
75,30
|
14,00
|
23,12
|
51,31
|
1,58
|
2012
|
47,10
|
72,04
|
17,36
|
24,54
|
35,54
|
3,42
|
2013
|
52,64
|
82,22
|
18,87
|
16,13
|
28,49
|
1,65
|
2014
|
61,55
|
82,87
|
12,02
|
16,78
|
26,42
|
0,35
|
2015
|
70,94
|
96,87
|
8,21
|
3,13
|
20,85
|
0,00
|
Source : Construit à partir des rapports de la
BCC
Il ressort de ce tableau que l'effort de mobilisation des
recettes durant toute la période d'étude a été
concentré sur les recettes fiscales. Ces dernières ont
été mobilisées au-dessus de leur prévision, en
termes relatifs, pendant toute cette période.
En effet, depuis 2002, des reformes ont été
faites en RDC. Il s'agit de la création de l'Agence Nationale pour la
Promotion des Investissements (Loi n° 004/2002 du 21 février 2002
portant Code des Investissements), La création du Comité de
Pilotage pour l'Amélioration du Climat des Affaires et des
Investissements (Décret du 8/08/2009 modifié par celui du
30/08/2010), l'adhésion de RDC au Traité de l'OHADA et la
ratification des Actes Uniformes de l'OHADA.
Plus spécifiquement en matière de paiement des
taxes et impôts et en matière de commerce transfrontalier
plusieurs réformes ont été prises notamment42(*) :
- Le remplacement de l'impôt sur le chiffre d'affaires
par la Taxe sur la Valeur Ajoutée
- La réduction de 40 à 35% du taux d'imposition
des sociétés sur les bénéfices et profits et la
fixation de l'impôt sur les bénéfices des entreprises de
petite taille à1% pour les activités de vente, à 2% pour
les activités de prestation de services, et à un forfait annuel
de 50.000 CDF des micro-entreprises ;
- La réduction des pénalités de 10%
à 4% ;
- La simplification de la parafiscalité avec la
suppression des redondances, la fusion ou l'élimination de certains
prélèvement, ramenant ainsi le nombre de perceptions de
près de 500 à 364 (Ordonnance-loi n°13/002 du 23
février 2013 et Ordonnance-loi n°13/001 du 23 février 2013
fixant la nomenclature des droits, taxes et redevances du pouvoir central et
provincial ;
- La simplification des formulaires de déclaration
d'impôt ainsi que des procédures de déclaration et de
paiement des impôts ;
- La suppression du récépissé dans la
procédure de paiement d'impôts ;
- La fusion des échéances de dépôt
de déclaration et de paiement des impôts à paiement mensuel
par l'unification de toutes les échéances de déclaration
et de paiement au 15 de chaque mois ;
- La réduction de 10 à 4% du taux des
pénalités pour non paiement à l'échéance
;
- La rationalisation des contrôles fiscaux (calendrier
des contrôles fiscaux et parafiscaux) ;
- L'interdiction du contrôle et du recouvrement des
impôts, droits, taxes et autres redevances dus à l'État
sans requête des régies financières ;
- Abandon du régime de contrôles
systématiques par celui de contrôles ponctuels.
- La création du guichet unique de dédouanement
;
- L'instauration du nouveau Code de douanes et le manuel des
procédures harmonisées pour les transitaires ;
- Le recours au système SYDONIA WORLD ;
- La mise en oeuvre du Décret du 11 juin 2011 portant
suppression des perceptions illégales aux frontières ;
- La limitation des services publics habilités à
exercer aux frontières ;
- La réduction des coûts et consolidation des
perceptions autres que les droits et taxes dus au trésor ;
- La réduction de 10 à 4, le nombre de documents
requis pour les opérations d'importation et de 7 à 6, le nombre
de documents à l'exportation, etc.
Ces reformes ont contribuées positivement à
l'accroissement des ressources budgétaires de la RDC surtout à la
mobilisation des recettes fiscales.
Cependant, dans son plan d'action quinquennal (2012-2016), le
gouvernement congolais se fixer comme objectif « accroitre le
niveau des recettes publiques du simple au triple à l'horizon
2016 ». Ceci signifie que le gouvernement voulait un
accroissement de 300% des recettes publiques. À l'an 2015, année
à la quelle se limite les données analysées dans ce
travail, le gouvernement n'a pas jusqu'ici réussi à les accroitre
de la moitié. En effet, en termes de prévision, situées en
2012 à 6609,17 milliards de CDF, les recettes publiques ont
été arrêtées à 7586,22 milliards de CDF en
2015, soit un accroissement de 14,78%. En termes de réalisations, si en
2012 ces recettes étaient réalisées 3762,38 Milliards de
CDF, elles ont été exécuté à 3851,38
milliards de CDF en 2015, soit un accroissement de 2,37%. En prévision
tout comme en réalisation le gouvernement congolais n'a pas su
concrétiser son objectif. La forte dépendance des recettes
publiques du commerce extérieur (impôts sur le commerce
extérieur) dans lequel la RDC n'offre que des produits d'industries
extractives et pour lesquels produits, elle n'en est pas le price maker, en est
la principale cause. Toute variation du prix des ces produits miniers a des
graves conséquences sur les finances publiques en RDC.
II.1.1.1. Les recettes fiscales
Les ressources fiscales sont composées de produit des
impôts et taxes relevant de la fiscalité directe et indirecte. Ces
ressources peuvent être éclatées en quatre
catégories à savoir : les impôts sur le commerce
extérieur, les impôts sur les revenus, les impôts sur les
biens et services et autres recettes fiscales. Ces trois dernières
catégories reprennent les recettes fiscales issues des activités
intérieures. Le graphique ci-dessus visualise l'importance de chacun de
ces types d'impôts dans les recettes du cadre budgétaire
réalisé.
Graphique n°2 : Composition des recettes
fiscales (En % du total budget exécuté)
Source : Construit à partir des rapports de la
BCC
La fiscalité congolaise tire plus de ressources du
commerce extérieur (exportations et importations avec
prééminence des importations). En effet, comme le montre le
graphique ci-dessus sur le total des recettes réalisées
annuellement, le commerce extérieur, à lui seul, contribue
à la hauteur de plus de 20%. Cet état de lieu se lu pour toutes
les années retenues pour l'étude. En effet, si entre 2003 et 2009
la part des impôts sur le commerce extérieur a
évoluée en dent de scie, il sied de noter que depuis 2010 cette
part est en croissance (située à 25,11% en 2010, elle s'est
située à 40,11% en 2014). Ainsi, si le graphique n°1 fait
montre de la prépondérance de la fiscalité en
général, celui ci-dessus renseigne du poids des impôts sur
le commerce extérieur dans le financement du budget de la RDC. Les
recettes du cadre budgétaire de la RDC sont donc dépendantes de
la conjoncture extérieure (par l'importation) ; ce qui constitue une
vulnérabilité.
Certes, outre le commerce extérieur les autres
impôts ont aussi une part considérable. Il s'agit des impôts
sur les biens et services et des impôts sur les revenus.
II.1.1.2. Les recettes non fiscales et
exceptionnelles
Les ressources non fiscales sont composées de recettes
administratives, judiciaires et domaniales, le portefeuille et autres. Les
recettes exceptionnelles sont de leur côté les dons projets, les
prêts projets, les dons budgétaires. Les données relatives
à ces deux catégories reprises dans ce travail concernent leurs
différentes composantes susmentionnées.
II.1.2. Des dépenses
publiques
Les dépenses publiques sont classées au budget
de la RDC soit par programme, soit par administration, ou encore nature
économique.
Elles comprennent les dépenses courantes et les
dépenses en capital. Si les premières sont dites de consommation,
les secondes concernent l'investissement. Le graphique ci-dessous fait montre
de la part relative de ces deux types de dépenses dans les
exécutions du budget de la RDC d'année en année de 2003
à 2015.
Graphique n° 3: Structure d'exécution
de dépenses du cadre budgétaire de 2003 à
2015.
Source : Construit à partir des rapports de la BCC
De façon globale, la structure d'exécution des
dépenses publiques du cadre budgétaire de la RDC au cours de la
période d'étude fait montre de la prépondérance des
dépenses de consommation (dépenses courantes) face à une
faible proportion de dépenses d'investissements (dépenses en
capital) bien que la part de ces dernières semble se relever dès
2008. En effet, à 2006 et à 2012, le gouvernement congolais a mis
en place des paragrammes d'actions dont le contenu privilégie les
investissements. C'est entre autre le programme de cinq chantiers en 2006 et
celui de la révolution de la modernité en 2012. Paradoxalement,
la structure d'exécution des dépenses publiques témoigne
d'un parfait désaccord entre les prévisions du gouvernement en
termes d'investissements et leurs traductions en objectifs
budgétaires.
Si le graphique ci-haut fait montre de la structure
d'exécution des dépenses publiques, l'analyse peut être
enrichie notamment en effectuant une comparaison entre crédit
prévu et exécuté par catégorie de dépenses
pour se rendre compte de la priorité du gouvernement dans
l'exécution de celles-ci. La comparaison effectuée à ce
niveau est faite en termes relatifs, c'est-à-dire il s'agit de comparer
les proportions (en pourcentage) de chacune de ces deux catégories des
dépenses dans les prévisions et dans les réalisations.
Cette situation se lit dans le tableau ci-dessous.
Tableau n° 2 : Structure de prévision
et exécution des dépenses du cadre budgétaire de 2003
à 2015.
Années
|
Dépenses courantes en % du total des prévisions
budgétaires
|
Dépenses courantes en % du budget
exécuté
|
Dépenses en capital en % du total des prévisions
budgétaires
|
Dépenses en capital en % du budget
exécuté
|
2003
|
77.88
|
93.94
|
22.12
|
6.06
|
2004
|
72.80
|
93.82
|
27.20
|
6.18
|
2005
|
72.05
|
94.80
|
27.95
|
5.20
|
2006
|
75.05
|
95.33
|
24.95
|
4.67
|
2007
|
74.35
|
97.36
|
25.65
|
2.64
|
2008
|
84.11
|
87.51
|
15.89
|
12.49
|
2009
|
68.07
|
76.69
|
31.93
|
23.31
|
2010
|
50.79
|
72.04
|
49.21
|
27.96
|
2011
|
66.27
|
87.41
|
33.73
|
12.59
|
2012
|
66.99
|
84.17
|
33.01
|
15.83
|
2013
|
61.01
|
88.22
|
38.99
|
11.78
|
2014
|
61.79
|
89.84
|
38.21
|
10.16
|
2015
|
63,50
|
99,90
|
36,50
|
0,10
|
Source : Construit à partir des rapports de la
BCC
La lecture de ce tableau permet de se rendre compte que la
structure des dépenses publiques est restée la même
d'année en année.
En effet, pendant toute la période sous étude,
la proportion des prévisions en dépenses courantes au budget de
la RDC se montre faible par rapport à celle des réalisations. La
part de dépenses courantes, en termes d'exécution, s'est
située à des niveaux plus élevés par rapport
à celui des prévisions. En termes relatifs, il s'observe donc un
important dépassement budgétaire dans l'exécution de ces
dépenses. La situation inverse s'observe pour les dépenses en
capital qui, visiblement, ont une part de plus en plus importante dans les
prévisions d'année en année alors que dans les
exécutions la proportion de ces dernières croit moins que celle
des prévisions. En termes relatifs, ces dépenses sont
exécutées en deçà de leur prévision.
Globalement, la volonté manifeste des autorités
d'augmenter la part des dépenses en capital, visible dans les
prévisions et tel que préconisé dans le programme
budgétaire des actions du gouvernement (stratégie
budgétaire 2012-2016)43(*)que les dépenses en capital devraient atteindre
40% en moyenne, ne s'est pas concrétisée dans les
réalisations( elles dépassent à peine 10%). La
priorité du gouvernement dans l'exécution de son budget se montre
consistante dans les dépenses de consommation (dépenses
courantes) que dans les dépenses d'investissement (dépenses en
capital). Il y a donc une parfaite incohérence entre le programme du
gouvernement et sa traduction en exécution budgétaire dans lequel
le gouvernement voulait aussi rationaliser les dépenses et à
améliorer à la fois leur composition.
De part la composition des dépenses publiques, la
théorie de public choice se vérifie en moitie dans ce pays. En
effet, composées de dépenses courantes, dont la part importante
est en biens et services, les gouvernants visent leurs propres
intérêts, notamment en augmentant leurs
rémunérations. Une analyse plus détailler de
dépenses courantes enrichie d'avantage ce raisonnement (voir tableau
n°3).
Avant d'en arriver, cette priorité du gouvernement en
dépenses de consommation peut aussi se lire sur le graphique ci-dessous.
Graphique n°4 : Structure de
prévision et exécution de dépenses du cadre
budgétaire de 2003 à 2015.
Source : Construit à partir des rapports de la
BCC
II.1.2.1. Analyse de la composition des dépenses
courantes
Les dépenses courantes sont groupées sous six
titres ou grandes natures à savoir : Dette publique en capital ; Frais
financiers ; Dépenses de personnel ; Biens et matériels ;
Dépenses de prestations ; Transferts et interventions. Ces
dépenses courantes sont regroupées dans les rapports de la Banque
Centrale du Congo en 3 grandes catégories : les dépenses en
biens et services, les dépenses de versement d'intérêts et
les subventions et transferts. Les données reprises dans les pages qui
suivent sont présentées suivant cette dernière
catégorisation étant donné que celles-ci ont
été collectées de différents rapports annuels de la
Banque Centrale du Congo disponibles à son site.
Les dépenses courantes peuvent aussi s'analyser suivant
les services. Suivant cette approche au budget de la RDC, on distingue les
dépenses des institutions politiques, des ministères et autres
services.
A. Dépenses courantes par nature
Suivant la catégorisation retenue dans le rapport de
la BCC ces dépenses sont regroupées en trois. Ainsi le graphique
ci-dessous expose la part relative de chacune de ces trois catégories
de dépenses dans le total d'exécution du budget.
Graphique n°5 : Structure d'exécution
des dépenses courantes par nature
Source : Construit à partir des rapports de la
BCC
Les dépenses courantes sont plus constituées des
dépenses en biens et services bien que celles-ci aient
régressées très considérablement en 2009 et 2010.
En effet, comme nous pouvons le lire sur le graphique ci-dessus, depuis 2005 la
part des subventions et transferts a évolué. De 2005, la
politique des dépenses courantes a donc consisté à
l'accroissement des dépenses effectuées en biens et
matériels et celles des subventions et transferts. Ces premières
concernent principalement les rémunérations, les fournitures et
matériels, les frais généraux et divers, etc. ; bref
les dépenses de fonctionnement. Les secondes sont principalement des
transferts aux organismes publics, aux entreprises, aux ménages et
à l'étranger (cotisation à des organismes
internationaux).
Les dépenses de versement des intérêts
quant à elles se montrent avoir été considérables
pendant les années avant 2007, ceci peut s'expliquer par le
surendettement de l'État congolais faite les années plutôt
(période des grands travaux). Avec l'entente de l'achèvement de
l'initiative PPTE en 2010, la part de ces dépenses a sensiblement
diminuée.
Comme déjà souligné plus haut, la
structure des dépenses courantes est dominée par les
dépenses en biens et matériels. Étant donné que
cette catégorie se rapporte plus aux dépenses de fonctionnement,
il nous semble utile de pouvoir élargir nos analyses notamment à
la structure des dépenses courantes non seulement suivant la nature mais
aussi suivant les services.
B. Dépenses courantes par service
Les services sont distingués en institutions
politiques, ministères et autres services. Ces derniers comprennent la
dette publique, les villes et provinces, les dépenses communes, les
budgets annexes, les dépenses pour ordre et les dépenses
exceptionnelles.
En effet, si de façon global, le budget est
exécuté en deçà de prévisions, il en est pas
ainsi de tous les services dépensiers. Le tableau suivant
démontre cette affirmation rien que pour les dépenses courantes.
Tableau n° 3 : Taux d'exécution de
dépenses courantes par service par rapport à leur crédit
(en %)
Années
|
Institutions politiques
|
Ministères
|
Autres services
|
Présidence de la République
|
Assemblée Nationale et Sénat
|
Primature
|
organismes auxiliaires
|
Autres
|
Magistrature, Cours et Tribunaux
|
2003
|
151,47
|
20,90
|
556,05
|
17,54
|
0,00
|
0,00
|
229,87
|
64,21
|
2004
|
210,35
|
87,96
|
568,12
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
221,82
|
71,91
|
2005
|
259,22
|
77,40
|
700,00
|
206,22
|
0,00
|
0,00
|
146,51
|
95,05
|
2006
|
178,10
|
196,27
|
524,07
|
59,79
|
0,00
|
0,00
|
154,74
|
74,77
|
2007
|
261,90
|
55,69
|
383,01
|
371,21
|
0,00
|
0,00
|
237,96
|
52,26
|
2008
|
246,47
|
55,75
|
435,83
|
599,66
|
0,00
|
0,00
|
354,31
|
56,57
|
2009
|
222,01
|
103,67
|
190,81
|
67,94
|
0,00
|
0,00
|
208,18
|
70,98
|
2010
|
311,58
|
80,50
|
161,28
|
88,26
|
0,00
|
0,00
|
114,26
|
43,80
|
2011
|
474,15
|
110,54
|
195,00
|
700,27
|
0,00
|
0,00
|
99,00
|
49,79
|
2012
|
293,62
|
105,73
|
185,45
|
69,44
|
149,85
|
12,31
|
101,64
|
53,18
|
2013
|
307,72
|
82,39
|
255,24
|
148,94
|
102,85
|
22,51
|
84,49
|
92,81
|
2014
|
197,15
|
79,90
|
264,94
|
111,82
|
87,46
|
19,85
|
60,89
|
90,52
|
Source : Construit à partir des rapports de la
BCC
De ce tableau, il s'avère que d'année en
année la plupart des institutions politiques de la RDC exécutent
leurs dépenses courantes en dépassement de leurs crédits.
Il s'agit principalement de la présidence ; de la primature et du
parlement et des organismes auxiliaires. Outre les institutions politiques, les
ministères exécutent aussi les leurs en dépassement de
leur crédit. Cette situation est traduite par des taux
d'exécution supérieurs à 100%. En fait, il s'agit ici d'un
dépassement en termes absolus. Les institutions politiques et les
ministères sont donc des services les plus dépensiers. Ceux-ci,
ont pourtant une propension marginale à dépenser en achat des
biens et en consommation faible comparativement à la majorité de
la population (à faible revenu). D'où l'efficacité de ce
genre de politique remis en cause.
Cet état de lieu explique d'avantage le
dépassement de dépenses courantes en termes relatifs.
Globalement pour toute la période sous étude, en termes absolu,
les dépenses courantes sont exécutées en
deçà de leur prévision suite à la
sous-exécution de dépenses des autres services notamment :
dette publique, les villes et provinces, les dépenses communes, les
budgets annexes, les dépenses pour ordre et les dépenses
exceptionnelles. Cependant, comparer la structure prévisionnelle
à celle d'exécution il se révèle une
sur-exécution de ces dépenses en termes relatifs (voir tableau
n°1).
II.1.2.2. Les dépenses en capital
Les dépenses en capital sont groupées sous deux
titres ou grandes natures, à savoir : les équipements et la
Construction, réfection, réhabilitation, addition d'ouvrage et
édifice, acquisition immobilière. Elles peuvent aussi être
éclatées en dépenses d'acquisitions des biens de capital
et en transfert d'équipement suivent le secteur dans lequel elles sont
affectés (rapport annuel de la BCC 2013 voire tableau II.23). Les
dépenses en capital présentées dans ce travail sont
globales et elles ont été affectées à l'acquisition
des biens en capital.
Cependant, comme déjà souligné plus haut
dans le texte, la part de celles-ci est encore moindre dans les
exécutions du budget de la RDC. Il faut cependant reconnaitre l'effort
fourni depuis 2009, année à partir de laquelle ces
dépenses ont commencé à représenter au moins plus
10 % des exécutions du budget bien qu'étant loin de l'objectif du
gouvernement de le ramener à 40%.
II.1.2.3. Dépenses publiques par
ministères
À lire les rapports de la BCC spécialement les
tableaux relatifs aux dépenses publiques par services notamment pour les
ministères, certains d'entre elles suscite une attention
particulière. Il s'agit entre autre des ministères en rapport
avec les problèmes macroéconomiques, d'une part et ceux en
rapport avec les objectifs sociaux, de l'autre. Outre ces deux
catégories, d'autres ministères peuvent faire l'objet d'une
critique tout aussi particulières il s'agit défense nationale,
Sport et jeunesse, budget et Recherche scientifique pour ne citer que
ceux-ci.
A. Ministères en rapport avec les
problèmes macroéconomiques et objectifs sociaux
Ceux retenue en titre illustratif dans ce travail sont :
- les ministères en rapport avec les problèmes
macroéconomiques : ministère du travail et prévoyance
sociale, de l'agriculture et développement rural (étant
donné que la majorité de la population produit dans le secteur
agricole) ;
- les ministères en rapport avec les objectifs
sociaux : ministère de l'éducation, de la santé,
affaires sociales.
Le tableau ici bas reflète la situation de chacun des
ces ministères en prévision, en exécution.
Tableau n°4 : Ministères en rapport
avec les problèmes macroéconomiques et objectifs
sociaux
Année
|
Ministères en rapport avec les problèmes
macroéconomiques
|
Ministères en rapport avec les objectifs sociaux
|
Travail et prévoyance Sociale
|
Agriculture
|
Développement Rural
|
Éducation nationale
|
Santé publique
|
Affaires sociales
|
Prév.
|
Exéc.
|
Taux d'Exéc
|
Prév.
|
Exéc.
|
Taux d'Exéc
|
Prév.
|
Exéc.
|
Taux d'Exéc
|
Prév.
|
Exéc.
|
Taux d'Exéc
|
Prév.
|
Exéc.
|
Taux d'Exéc
|
Prév.
|
Exéc.
|
Taux d'Exéc
|
2003
|
0,11
|
0,31
|
281,82
|
0,65
|
0,44
|
67,69
|
0,27
|
0,17
|
62,96
|
0,56
|
0,84
|
150,00
|
2,13
|
1,59
|
74,65
|
0,61
|
0,56
|
91,80
|
2004
|
0,19
|
0,14
|
73,68
|
0,27
|
0,48
|
177,78
|
0,27
|
0,08
|
29,63
|
1,29
|
1,3
|
100,78
|
0,53
|
0,97
|
183,02
|
0,48
|
0,21
|
43,75
|
2005
|
0,45
|
0,17
|
37,78
|
1,38
|
1,15
|
83,33
|
1,29
|
0,74
|
57,36
|
9,45
|
3,63
|
38,41
|
2,63
|
1,82
|
69,20
|
1,23
|
0,33
|
26,83
|
2006
|
0,12
|
0,16
|
133,33
|
0,55
|
3,54
|
643,64
|
0,44
|
1,8
|
409,09
|
19,57
|
3,75
|
19,16
|
5,31
|
8,56
|
161,21
|
0,23
|
1,87
|
813,04
|
2007
|
0,86
|
0,32
|
37,21
|
6,19
|
2,42
|
39,10
|
2,71
|
1,10
|
40,59
|
30,12
|
20,25
|
67,23
|
13,23
|
12,86
|
97,20
|
1,17
|
0,10
|
8,55
|
2008
|
1,36
|
0,44
|
32,35
|
4,93
|
13,53
|
274,44
|
2,54
|
1,26
|
49,61
|
25,63
|
23,34
|
91,07
|
14,77
|
15,24
|
103,18
|
5,48
|
0,11
|
2,01
|
2009
|
0,96
|
0,6
|
62,50
|
14,17
|
44,51
|
314,11
|
65,17
|
15,63
|
23,98
|
75,33
|
27,8
|
36,90
|
107,53
|
29
|
26,97
|
1,30
|
1,09
|
83,85
|
2010
|
2,80
|
0,27
|
9,64
|
40,37
|
12,09
|
29,95
|
46,61
|
4,12
|
8,84
|
135,18
|
12,29
|
9,09
|
253,52
|
10,78
|
4,25
|
18,71
|
0,39
|
2,08
|
2011
|
2,29
|
0,51
|
22,27
|
74,07
|
8,60
|
11,61
|
43,57
|
0,29
|
0,67
|
175,50
|
13,01
|
7,41
|
130,07
|
10,14
|
7,80
|
10,01
|
0,29
|
2,90
|
2012
|
2,70
|
0,82
|
30,37
|
226,72
|
28,74
|
12,68
|
36,89
|
0,78
|
2,11
|
208,82
|
29,08
|
13,93
|
372,79
|
21,51
|
5,77
|
18,17
|
1,2
|
6,60
|
2013
|
7,32
|
1,86
|
25,41
|
57,88
|
35,19
|
60,80
|
31,50
|
1,25
|
3,97
|
206,66
|
30,31
|
14,67
|
156,43
|
54,78
|
35,02
|
7,09
|
0,7
|
9,87
|
2014
|
9,11
|
1,79
|
19,65
|
193,82
|
74,91
|
38,65
|
172,4
|
0,84
|
0,49
|
166,2
|
55,41
|
33,34
|
358,21
|
55,43
|
15,47
|
22,06
|
0,67
|
3,04
|
Source : Construit à partir des rapports de la
BCC
Les prévisions et les exécutions sont
exprimées en milliards de CDF, le taux d'exécution en
pourcentage
De ce tableau, il ressort que durant toute la période
retenu pour l'étude, tous les ministères présentés
ci-dessus ont une structure quasi identique en termes d'exécution des
crédits leurs alloués. En effet, si pendant les années de
2003 à 2008 ces ministères présentent des taux
d'exécution plus ou moins égale à 50% de leurs
crédits, excepté le ministère des affaires sociales, il
faut noter que c'est pendant ces même années qu'ils leurs
étaient alloués des crédits très insignifiants. De
2009 à 2014, alors qu'à ces ministères sont alloués
des crédits de plus en plus élevé, bien que ces
crédits soient encore faibles, la tendance d'exécution des leurs
crédits s'inverse et les taux d'exécution n'atteignent même
plus 50%. Il s'en suit que, en termes d'exécution du budget, la logique
du gouvernement reste la même. L'augmentation des crédits
alloués à tous ces ministères est restée apparente
étant donné sa non traduction en exécution.
Étant donné que la majorité de la
population produit dans le secteur agricole, et que les ministères en
rapport avec ce secteur (ministère du travail et prévoyance
sociale, de l'agriculture et développement rural) reçoivent des
crédits insignifiants qui ne sont même pas exécutés
en totalité, il en résulte qu'une telle orientation des
dépenses publiques n'ait eu aucune une incidence sur les revenus de la
plupart de la population congolaise.
Aussi, les ministères en rapport avec les objectifs
sociaux ont reçu des faibles crédits durant toute la
période retenue pour l'étude. Il s'agit des ministères de
l'éducation, de la santé et affaires sociales. Curieusement,
alors que le gouvernement congolais a déclaré l'année 2010
« année du social », ce slogan ne s'est pas traduit en
allocation des ressources budgétaires aux ministères ayant trait
au social. Ceci réaffirme le désaccord entre la vision du
gouvernement congolais et sa traduction en termes budgétaires.
Ces différentes observations peuvent se confirmer
à partir de l'importance relative du crédit
exécuté par chacun de ces ministères par rapport au budget
du gouvernement.
Tableau n°5 : Importance relative
Ministères en rapport avec les problèmes macroéconomiques
et objectifs sociaux au budget
Années
|
Travail et prévoyance sociale
|
Agriculture
|
Développement rural
|
Éducation nationale
|
Santé publique
|
Affaires sociales
|
2003
|
0,13
|
0,19
|
0,07
|
0,36
|
0,68
|
0,24
|
2004
|
0,04
|
0,14
|
0,02
|
0,39
|
0,29
|
0,06
|
2005
|
0,03
|
0,22
|
0,14
|
0,69
|
0,35
|
0,06
|
2006
|
0,02
|
0,50
|
0,26
|
0,53
|
1,22
|
0,27
|
2007
|
0,04
|
0,29
|
0,13
|
2,39
|
1,51
|
0,01
|
2008
|
0,03
|
1,05
|
0,10
|
1,81
|
1,18
|
0,01
|
2009
|
0,03
|
2,16
|
0,76
|
1,35
|
1,41
|
0,05
|
2010
|
0,01
|
0,56
|
0,19
|
0,57
|
0,50
|
0,02
|
2011
|
0,02
|
0,29
|
0,01
|
0,43
|
0,34
|
0,01
|
2012
|
0,02
|
0,85
|
0,02
|
0,86
|
0,64
|
0,04
|
2013
|
0,04
|
0,84
|
0,03
|
0,73
|
1,31
|
0,02
|
2014
|
0,04
|
1,68
|
0,02
|
1,25
|
1,25
|
0,02
|
Source : Construit à partir des rapports de la
BCC
Tous les ministères repris à titre illustratif
dans ce tableau, présentent des crédits exécutés
qui sont inférieur à 0,5% du budget pour toute la période
sous étude, excepté les ministères de l'éducation
nationale, de la santé publique et celui du développement rural
qui ont des parts pour certaines années relativement peu
supérieur à 0, 5% du total du budget exécuté.
L'analyse de cette orientation des dépenses publiques
avec ses conséquences sur les objectifs macroéconomiques est plus
approfondie en deuxième section de ce chapitre.
B. Autre ministères
Certains ministères de la RDC méritent tout
aussi une attention particulière à voir leurs allocations
budgétaires. Ce sont le ministère de la défense nationale,
Sport et jeunesse, budget et Recherche scientifique pour ne citer que ceux-ci.
Voici comment se comporte le taux d'exécution des crédits
alloués à ces ministères.
Tableau n°6 : Dépenses publiques pour
certains ministères
Années
|
Défense nationale
|
Sport et jeunesse
|
Budget
|
Recherche scientifique
|
Prév.
|
Exéc.
|
Taux d'Exéc
|
Prév.
|
Exéc.
|
Taux d'Exéc
|
Prév.
|
Exéc.
|
Taux d'Exéc
|
Prév.
|
Exéc.
|
Taux d'Exéc
|
2003
|
12,48
|
24,13
|
193,35
|
1,45
|
1,12
|
77,24
|
0,73
|
0,17
|
23,29
|
0,08
|
0,3
|
375,00
|
2004
|
16,08
|
21,18
|
131,72
|
1,24
|
1,15
|
92,74
|
2,68
|
1,8
|
67,16
|
0,21
|
0,16
|
76,19
|
2005
|
22,00
|
37,89
|
172,23
|
1,85
|
1,42
|
76,76
|
2,97
|
2,22
|
74,75
|
0,24
|
0,2
|
83,33
|
2006
|
15,05
|
33,65
|
223,59
|
1,94
|
1,84
|
94,85
|
3,46
|
4,51
|
130,35
|
0,51
|
2,51
|
492,16
|
2007
|
17,16
|
72,72
|
423,78
|
2,27
|
1,87
|
82,38
|
7,96
|
7,16
|
89,95
|
1,07
|
0,23
|
21,50
|
2008
|
17,07
|
96,66
|
566,26
|
2,90
|
1,18
|
40,69
|
6,28
|
12,01
|
191,24
|
0,33
|
0,63
|
190,91
|
2009
|
21,87
|
54,96
|
251,30
|
2,83
|
12,23
|
432,16
|
4,45
|
6,08
|
136,63
|
0,78
|
0,03
|
3,85
|
2010
|
87,70
|
111,45
|
127,08
|
7,04
|
13,81
|
196,16
|
35,96
|
22,62
|
62,90
|
3,13
|
0,38
|
12,14
|
2011
|
99,26
|
121,21
|
122,11
|
8,45
|
17,81
|
210,77
|
20,31
|
35,06
|
172,62
|
5,42
|
0,76
|
14,02
|
2012
|
142,55
|
194,68
|
136,57
|
14,48
|
16,75
|
115,68
|
28,89
|
50,5
|
174,80
|
3,19
|
0,76
|
23,82
|
2013
|
211,60
|
173,67
|
82,07
|
16,51
|
18,99
|
115,02
|
28,67
|
26,63
|
92,88
|
4,10
|
1,06
|
25,85
|
2014
|
285,04
|
133,26
|
46,75
|
13,31
|
17,83
|
133,26
|
28,51
|
26,51
|
92,62
|
4,41
|
0,3
|
6,80
|
Source : Construit par nous même à partir
des rapports de la BCC
Les prévisions et les exécutions sont
exprimées en milliards de CDF, le taux d'exécution en
pourcentage
Tel qu'il se lu dans ce tableau, le ministère de la
défense nationale est l'un de ceux qui ont eu plus de crédit et
dont l'exécution est excédentaire. En termes de secteur, la
priorité du gouvernement de la RDC a consisté dans les
dépenses de sécurité. Cette attitude peut être due
aux multiples guerres ayant secoué la république depuis 1997.
D'autre ministères, à l'instar de celui du sport et jeunesse,
celui du budget peuvent faire l'objet d'un questionnement de par leurs
crédits et le taux d'exécution de ceux-ci. Comparé au
ministère de la recherche scientifique, elles reçoivent plus de
crédit et l'exécute en dépassement de prévision.
Cependant, s'il faut s'atteler à l'importance relative
de chacun d'eux, il est anormal que le ministère du sport et jeunesse
ait une part plus considérable que celui de la recherche scientifique.
Il s'en suit que dans ce pays le sport est roi.
Le ministère de la recherche scientifique grâce
à son soutien à la recherche, contribuerait au
développement. Mais par contre il reçoit un crédit
insignifiant qui n'est même pas exécuté en hauteur de sa
prévision. Tout au long de la période sous étude, le
crédit exécuté par ce ministère se situé en
deçà de un milliards de CDF excepté 2006 et 2013. En voire
les prévisions consacrées à ce ministère, le
gouvernement ne témoigne pas d'une volonté à soutenir la
recherche pourtant un secteur susceptible de contribuer au développement
grâce aux innovations. Certes, pendant certaines années notamment
de 2003, 2006 et 2008, le ministère de la recherche scientifique a
exécuté ses dépenses en dépassement du
crédit lui alloué, mais ce dernier est resté
rudimentaire.
Globalement l'orientation ou l'affectation des recettes
publiques aux dépenses publiques a de quoi craindre. Ainsi la
deuxième section de ce chapitre est consacrée à
l'identification des implications d'une telle politique sur les
problèmes macroéconomiques de la RDC.
II.2. PROBLÈMES
MACROÉCONOMIQUES ET POLITIQUE BUDGÉTAIRE EN RDC
II.2. 1. Croissance et
dépenses publiques
La macroéconomie surtout keynésienne enseigne
que même un budget équilibré, notamment à partir du
théorème de Haavelmo, a un effet de même ampleur sur le
revenu global d'une nation que n'en varient ses dépenses publiques.
Toutes choses restant égales par ailleurs, les dépenses publiques
et le PIB varient donc dans le même sens.
La RDC connait depuis 2003 des performances au niveau de ses
indicateurs macroéconomiques entre autre un taux de croissance
élevé.
L'on sait que, l'un des objectifs de la politique
budgétaire est de promouvoir la croissance économique. Ainsi,
est-il normal de se poser la question de savoir la contribution de la politique
budgétaire adoptée (de 2003 à 2014) à cette
croissance enregistrée.
Graphique n°6 : Évolution du ratio
dépenses publiques/PIB (en %)s
Source : Construit à partir des rapports de la
BCC
Comme le montre le graphique ci-dessus, le niveau du ratio des
dépenses publiques au Produit Intérieur Brut a eu une tendance
d'évolution en dents de scie durant la période 2003-2014.
Excepté 2015, où il se remarque une véritable diminution
de ce ratio. Globalement, ce ratio est encore faible situé entre 6 et 14
%.
Le taux de croissance de ces deux variables (croissance du PIB
et de dépenses publiques se présente pour la période
2003-2014 comme suit :
Graphique n° 7 : Évolution des taux de
croissance du PIB et des dépenses publiques
Source : Construit à partir des rapports de la
BCC
Ce graphique montre un taux de croissance du PIB quasi-stable
se situant entre 5 et 10 % sur la période sous étude exception
fait de 2009 où ce taux a chuté jusqu'à 2,9%. Au niveau de
toute la période, les dépenses publiques évoluent à
un rythme nettement différent à celui du PIB. À voir
l'allure de la croissance des dépenses publiques, il ressort une forte
indépendance entre celles-ci et la croissance du PIB ou vice versa. En
effet, si en 2010 le taux de croissance des dépenses publiques est
passé dans le négatif, celui du PIB s'est relevé
après avoir chuté en 2009. Cette chute de 2009 est la
conséquence de la crise financière internationale de 2008 et les
crises énergétique et alimentaire de 2009, étant
donnée l'économie de la RDC est dépendante de
l'extérieur. De même en 2015, alors que la croissance de
dépenses publiques a chuté de 45% suite à la diminution
des prix des matières minérales, la croissance du PIB est
restée positive situé à 7,7%. Il n'y a donc pas de
liaison constante entre les variations de deux variables. Si l'un des deux
variables augmente, l'autre n'augmente pas ou ne diminue pas
nécessairement.
Cette situation est contraire à l'idéal qui
voudrait que le PIB et les dépenses publiques fluctuent dans le
même sens. Cette fluctuation indépendante de ces deux variables
témoigne de l'absence de l'incidence de l'une sur l'autre.
L'analyse de la corrélation entre la croissance des
dépenses publiques et celle du PIB prouve d'avantage l'inexistence d'une
dépendance entre elles. En effet, telle que nous pouvons le lire sur le
graphique n° 8, et d'après les résultats de l'analyse de la
régression entre ces deux variables, il n'existe pas une influence
significative entre elles. D'où, pas d'incidence de la variation des
dépenses publiques sur celle du PIB. Plusieurs facteurs peuvent
expliquer cette situation, notamment l'orientation même des
dépenses publique et l'ouverture de l'économie congolaise ;
tel que démontré dans la suite de ce travail.
L'analyse serait élargie sur la détermination du
lien de causalité entre ces variables si elles étaient en
corrélation.
Graphique n° 8 : Corrélation
Croissance du PIB / Croissance dépenses publiques
Source : Construit à partir des rapports de la
BCC
Équation de la droite de régression : y = 0,000x
+ 6,632 repris sur le graphique ci-dessus signifie : Croissance du PIB =
0,000 * Croissance dépenses publiques + 6,632.
Y représente donc la croissance du PIB et x celle des
dépenses publiques.
Formellement cette équation s'écrit :
y = â1*x + â0 avec
â1 le coefficient de régression ou du taux de
croissance des dépenses publiques et â0 le terme
constant.
Le coefficient du taux de croissance des dépenses
publiques est égal à zéro et donc la croissance des
dépenses publiques n'influence pas le taux de croissance du PIB. Les
dépenses publiques n'ont aucune influence sur la croissance
économique congolaise.
Quels peuvent être les déterminants de cette
indépendance PIB-dépenses publique ?
A. L'ouverture de l'économie de la RDC et
balance de paiement
L'on sait que l'incidence de la politique budgétaire
est d'autant moins importante que l'économie est ouverte et la demande
intérieure par rapport aux importations est forte. Ceci est le cas de la
RDC où la quasi-totalité des biens en valeur ajoutée
élevé sont importés. Certes, les dépenses publiques
augmentent, mais pas la production, car ces dépenses étant des
dépenses de consommation et que les biens de consommation achetés
sont en grande partie des biens importés, d'où le faible impact
sur la production intérieure.
Tableau n° 7 : Solde de la balance de
paiement rubrique biens et services
Années
|
Biens et services (en millions d'USD)
|
2003
|
-400,2
|
2004
|
-508,80
|
2005
|
-769,10
|
2006
|
-659,80
|
2007
|
-334,50
|
2008
|
-1127,60
|
2009
|
-1745,10
|
2010
|
-1838,7
|
2011
|
-1593,6
|
2012
|
-1977,8
|
2013
|
-1494,7
|
2014(p)
|
-2432,5
|
Source : Construit à partir des rapports annuels
2013, p 169 et 2014, p 151 de la BCC
L'une des conclusions retenues dans la première
section de ce chapitre est que la priorité du gouvernement consiste dans
l'exécution des dépenses de consommation (courantes). Vu que la
plupart des biens de consommation sont importés (balance
déficitaire sur toute la période de 2003 à 2014), il
parait logique qu'une telle politique n'ait pas eu d'incidence significative
sur la croissance économique. En permettant l'acquisition des biens a
grande partie importés, ces dépenses constituent une fuite de
fonds du circuit de paiement intérieur.
En effet, l'on sait que le PIB se calcul par trois optique
différentes mais conduisant au même résultat. Ces approches
sont : Production, Revenu et Dépenses. Suivant cette
dernière le PIB est donné par :
PIB = C+I+G+(X-M)
Avec : C= la Consommation des privées
I= l'investissement
G= les dépenses publiques
X =les exportations et
M= les importations
Il s'en suit que les importations influence
négativement le PIB et en conséquence la croissance
économique. Bien que les dépenses publiques aient
représenté, durant toute la période d'étude, une
moyenne de 11 % du PIB, cette proportion a dû être
évincée par l'incidence négative de l'ouverture de
l'économie et la nature des dépenses.
A. Nature et Composition des dépenses
publiques
L'orientation des dépenses vers les dépenses
courantes peut aussi compromettre l'efficacité de la politique
budgétaire. Certes, les dépenses courantes d'un État sont
une composante de la demande globale comme toutes les autres. Mais est-il que,
quels que soient les besoins et les circonstances, qui varient d'un pays
à l'autre, l'efficacité de la politique budgétaire
dépend dans une large mesure du niveau et de la composition des
dépenses. Une conclusion capitale des études consacrées
à cette question est que l'investissement est associé à la
croissance de façon plus robuste que ne le sont les dépenses
courantes.44(*)
Cette conclusion peut être nuancée, du fait que
les dépenses courantes ne sont pas toutes les mêmes et que
d'autres sont évidemment indispensables à la prestation de
services, surtout en matière de santé et d'éducation.
Néanmoins, la réalité congolaise vis-à-vis de ces
dernières n'est pas du tout convainquant suite à la part
allouée à la santé et à l'éducation.
En plus, à voir les ministères et institutions
de la RDC les plus dépensiers, ils ne reflètent nullement un
caractère de soutien à la croissance économique qui tire
sa plus grande partie du secteur primaire : agriculture et des industries
extractives. Quel a été la part du budget consacrée au
soutient de ce levier de la croissance réalisée en RDC ?
Cette part se lit dans le tableau qui suit :
Tableaux n°8 : Allocation de l'agriculture
et au ministère des Mines, industries et artisanat
Années
|
Agriculture
|
Mines, industries et artisanat
|
Total budget
|
Montant exécuté en milliards de CDF
|
Part en %
|
Montant exécuté en milliards de CDF
|
Part en %
|
2003
|
0,44
|
0,19
|
0,07
|
0,03
|
232,5
|
2004
|
0,48
|
0,14
|
0,19
|
0,06
|
335,2
|
2005
|
1,15
|
0,22
|
0,23
|
0,04
|
524,9
|
2006
|
3,54
|
0,50
|
0,07
|
0,01
|
703,9
|
2007
|
2,42
|
0,29
|
3,54
|
0,42
|
849
|
2008
|
13,53
|
1,05
|
1,16
|
0,09
|
1287,7
|
2009
|
44,5
|
2,16
|
0,06
|
0,00
|
2059,5
|
2010
|
12,09
|
0,56
|
0,47
|
0,02
|
2141,6
|
2011
|
8,58
|
0,29
|
1,26
|
0,04
|
2996,5
|
2012
|
28,74
|
0,85
|
1,54
|
0,05
|
3371,7
|
2013
|
35,19
|
0,84
|
2,56
|
0,06
|
4171,9
|
2014
|
74,91
|
1,68
|
1,33
|
0,03
|
4448,6
|
Source : Construit à partir des rapports de la
BCC
De 2003 à 2014, le gouvernement congolais a
consacré moins de un pour cent de ses dépenses à
l'agriculture et au ministère des mines, industries et artisanat
exception faite de 2008, 2009 et 2014 où l' agriculture a reçu au
moins un pour cent. Cette situation est déplorable vu que le secteur
primaire reste le poumon de la croissance économique enregistrée
en RDC et qui, malheureusement, ne bénéficie pas de l'encadrement
du gouvernement en termes d'allocations des ressources. En effet, comme une
entreprise finance ses branches d'activités les plus productives, la
logique voudrait que ce soit le secteur primaire qui puisse
bénéficier du concourt du gouvernement, hélas c'est un
secteur laissé à son triste sort.
Au-delà d'être l'un des poumons de la croissance
économique dans ce pays ; il faut noter que la plupart de la
population congolaise est rurale et tire plus de revenu des activités
agricoles. Mais, l'action du gouvernement est quasi absente pour soutenir ce
secteur. Pourtant l'agriculture crée des possibilités
génératrices de revenus pour les pauvres et elle réduit
les prix des aliments qui sont prédominants dans le panier de
consommation des populations à faible revenu.45(*)
De lors, la possibilité d'une telle orientation des
dépenses publiques de contribuer non seulement à la croissance
mais aussi à l'amélioration de conditions de vie est remise en
cause.
Certes, de nos jours, l'on ne peut pas se contenter du seul
secteur primaire vue l'évolution des économies modernes qui sont
en train de passer d'ailleurs du secteur secondaire au secteur tertiaire. Ces
deux secteurs étant productifs de biens et services
élaborés ou en grande valeur ajoutée.
En considération de cet aspect non négligeable
de l'évolution de économies modernes, dans son plan d'action
quinquennal, le gouvernement congolais ne s'est pas passé du secteur
secondaire notamment en envisageant orienter ses actions vers l'acquisition des
industries agroalimentaires et industrialisantes suite à la
vulnérabilité de l'économie congolaise aux chocs
extérieurs et tributaires de l'aide internationale du fait de
l'orientation de cette économie vers l'exploitations des produits
primaires. En à croire le gouvernement congolais :
« Le développement des industries de
transformation, en particulier dans les secteurs de l'agro-industrie et de la
transformation des produits primaires, et des industries structurantes ou
industrialisantes, constitue le socle du progrès social et
économique de notre pays... le programme se propose aussi de
développer et/ou de renforcer les industries structurantes existantes et
à créer. Un accent particulier sera mis sur les industries
structurantes qui soutiennent en amont le processus de reconstitution. Il
s'agit particulièrement de : l'industrie de ciment, du bois, du
cuivre, de l'acier, du sable siliceux, de l'industrie de construction des
routes et ouvrages et de celui de construction
ferroviaire. »46(*)
Un fameux objectif comme celui-ci exige au gouvernement de
consacrer des fonds importants aux dépenses en capital. Dès lors,
qu'elles ont été les actions concrètes, en termes
d'allocations des ressources, orientées vers la rencontre de cet
ambitieux souhait ?
Il est vrai qu'il existe un fond spécial pour
l'industrie en RDC : Fond de promotion de l'industrie dont le financement
provient principalement de la taxe de promotion de l'industrie et dont la
mission47(*) principale
est de promouvoir l'essor de l'industrie congolaise par :
w la promotion d'industries nouvelles en veillant à
réaliser l'équilibre industriel au plan national;
w la promotion de la petite et moyenne industrie;
w la promotion de l'intégration industrielle, notamment
entre les grandes et petites unités et l'implantation des industries de
production des produits semi-finis;
w la promotion des activités de recherche
appliquée permettant le développement et l'amélioration du
secteur industriel.
Ceci n'empêche à rien au gouvernement de pouvoir
intervenir dans le secteur de l'industrie. Dans le tableau n° 8 nous avons
présenté la part allouée au ministère de
mines ; industrie et artisanat, part globale (c'est à dire en
dépense courante et en capital) qui correspond à moins d'un pour
cent sur toute la période sous étude.
Globalement réitérons-le, la part des
dépenses en capital est encore insignifiante pour permettre de stimuler
l'industrialisation tel que l'envisage le gouvernement.
S'il faut parler de la tertiairisation des économies
modernes, cette dernière tire ses origines des innovations, lesquelles
sont les résultats de la recherche. La RDC ne manifeste aucune
volonté d'apporter son soutien à la recherche. Au point II.1.2.3
de la première section de ce second chapitre nous avons
présenté l'importance relative de ce secteur dans les
dépenses totales exécutées. Il s'est
révélé que durant toute la période
considérée, le ministère de la recherche scientifique a
reçu moins de 0,5 %. Avec un pourcentage aussi faible que celui-ci la
RDC ne peut aspirer aucunement à un développement du secteur
tertiaire, en termes d'innovations, de son économie. Celui-ci ne peut
donc rester en forte dépendance du commerce qui, malheureusement est
basé sur les importations, lesquelles constituent une fuite des capitaux
et une source de détérioration de la balance commerciale. Se
passer de la recherche c'est aussi compromettre le secteur secondaire qui
entretient des relations avec les innovations.
De 2003 à 2014 la politique budgétaire mise en
oeuvre par la RDC n'a significativement pas contribué à la
croissance économique alors que cette politique économique s'est
voulue expansionniste dans l'accroissement des dépenses publiques et
dans les ambitions du programme du gouvernement. La relation
d'indépendance entre le taux de croissance des dépenses et du PIB
en est la preuve. Cet état de lieu ne s'accommode pas avec l'existence
d'une relation d'entrainement entre ces deux variables tel que l'enseigne la
macroéconomie. Le niveau et la composition des dépenses face
à une balance de paiement déficitaire en sont les principales
causes.
L'analyse aurait dû être élargie à
une modélisation macro-économétrique surtout si les
données étaient mensuelles, ce qui permettrait d'avoir plus
d'observations pour une meilleure mesure de cette relation entre PIB et
Croissance, hélas nous n'avons eu des données annuelles.
II.2.2. Chômage et
politique budgétaire en RDC
Au-delà de son objectif de soutenir la croissance, la
politique budgétaire aide aussi à résorber le
chômage. Ceci sous-entend l'augmentation des dépenses publiques.
Cependant, la réduction du chômage dépendra plus de la
nature des dépenses augmentées.
L'on sait que lorsque les investissements augmentent les
emplois les sont aussi et en conséquence le taux de chômage
diminue. Ainsi, pour réduire le taux de chômage, le gouvernement
doit agir sur ses dépenses d'investissement (en capital). Il peut aussi
augmenter les transferts et permettre l'augmentation du revenu disponible des
agents. Cette augmentation du revenu, une fois affecté dans le circuit
de paiement, encourage les investisseurs privés à investir
davantage car ils ont un débouché plus vaste, en
conséquence ils vont employer plus de main d'ouvre et contribuer
à résorber le chômage. Ceci suppose une économie
dans laquelle une amélioration des affaires encourage les
investissements internes avec existence de ce que nous pouvons appeler
« propension marginale à investir »
élevé et non une économie avec une propension à
importer très élevée.
En fait, il est vrai que les statistiques nationales font
preuve d'une diminution du taux de chômage (tableau n° 9).
Cependant, un double questionnement vaut la peine d'être
formulé : sur base des quelles informations ces statistiques
sont-elles fondées ? S'il est vrai que ce taux est en diminution
quels en sont ses origines?
Tableau n° 9 : Répartition par
secteur des effectifs des travailleurs
Années
|
Travailleurs en milliers
|
Emplois crées en milliers
|
Population Active (D)
|
Chômeurs
(D-C )
|
Taux de Chômage en %
|
Public (A)
|
Privé* (B)
|
Total (C)
|
Public At-At-1
|
Privé*
Bt-Bt-1
|
Total
|
2003
|
640,9
|
16816,3
|
17457,2
|
150,6
|
474,7
|
625,3
|
33897,5
|
16440,3
|
48,5
|
2004
|
703,8
|
18262,5
|
18966,3
|
62,9
|
1446,2
|
1509,1
|
34736,8
|
15770,5
|
45,4
|
2005
|
708,5
|
17239,8
|
17948,3
|
4,7
|
-1022,7
|
-1018
|
35611,3
|
17663
|
49,6
|
2006
|
818,3
|
18090,6
|
18908,9
|
109,8
|
850,8
|
960,6
|
36503,8
|
17594,9
|
48,2
|
2007
|
858
|
19211,1
|
20069,1
|
39,7
|
1120,5
|
1160,2
|
38009,7
|
17940,6
|
47,2
|
2008
|
915,3
|
17335,7
|
18251
|
57,3
|
-1875,4
|
-1818,1
|
38998
|
20747
|
53,2
|
2009
|
972,6
|
14727,4
|
15700
|
57,3
|
-2608,3
|
-2551
|
40050,9
|
24350,9
|
60,8
|
2010
|
1136,5
|
19388
|
20524,5
|
163,9
|
4660,6
|
4824,5
|
41131,3
|
20606,8
|
50,1
|
2011
|
717,6
|
20791,8
|
21509,4
|
-418,9
|
1403,8
|
984,9
|
44258
|
22748,6
|
51,4
|
2012
|
920,8
|
22489,2
|
23410
|
203,2
|
1697,4
|
1900,6
|
46028,3
|
22618,3
|
49,1
|
2013
|
999,8
|
24821
|
25820,8
|
79
|
2331,8
|
2410,8
|
47869
|
22048,2
|
46,1
|
Sources : Rapport BCC 2012, p 73 et 2013, p 73 *Le
secteur privé prend en compte, en plus de la population occupée
salariée, les indépendants établis à leur propre
compte.
De ce tableau, il ressort que le taux de chômage est
presque stable se situant entre 48 % en 2003 et 43% en 2014. D'année en
année ce taux a connu des moindres fluctuations hormis 2009. Cette chute
en 2009 coïncide avec le ralentissement de la croissance,
conséquence de la crise financière internationale de 2008 et les
crises énergétique et alimentaire de 2009. Il se dégage
donc une relation entre la croissance réalisée et le niveau de
l'emploi (Voir graphique n° 9). Cependant, la réalité de la
vie quotidienne en RDC ne s'accorde pas avec ces statistiques nationales ;
il y a lieu d'émettre des doutes sur ces faibles taux de chômage
alors qu'une partie importante de la population active est visiblement sans
emploi.
L'emploi créé par secteur révèle
que le secteur privé a contribué davantage à
résorber le chômage face à une moindre contribution du
secteur public. Il est normal que le secteur privé crée plus
d'emplois que le public. Cependant, ce dernier aurait eu une part plus
importante si le gouvernement faisait des dépenses en capital sa
priorité. Ceci permettrait au gouvernement d'investir et de créer
plus d'emplois.
Graphique n° 9 : Évolution taux de
croissance du PIB et taux de Chômage
Source : Construit à partir des rapports de la
BCC
Ce graphique illustre l'existence d'une relation de
dépendance entre taux de croissance du PIB et taux de chômage. Les
deux variables évoluent en sens contraire, si l'un augmente l'autre
diminue et vice versa. Cette situation est conforme à l'idéal
qu'enseigne la macroéconomie. La variation du revenu national induit
celle du taux de chômage mais de sens opposé. En 2009 tel que le
fait voir le graphique, alors que la croissance du PIB ralentie, le taux de
chômage est élevé.
En établissant une équation de régression
multiple entre le taux de chômage, le taux de croissance du PIB et celui
des dépenses publiques, on s'aperçoit que ces derniers n'ont pas
eu d'influence significative sur le taux de chômage. Ici-bas
l'équation telle qu'établie à partir du logiciel
Sphinx.
Équation de la régression :
Y = â1 * X1 +â2 *
X2 +â0+E
Avec :
- Y le taux de chômage ;
- X1 le taux de croissance des dépenses
publiques ;
- X2 le taux de croissance du PIB ;
- â1 le coefficient du taux de croissance des
dépenses publiques ;
- â2 le coefficient du taux de croissance du
PIB et
- â0 le terme constant et
- E le terme d'erreur.
Après estimation nous avons Y = -0.064 * X1
-2.104 * X2 +64.446
Les résultats d'analyse renseignent que les 2 variables
expliquent 66.6% de la variance de taux de chômage (coefficient de
détermination), avec un coefficient de corrélation multiple : R
= 0,82.
Le coefficient du taux de croissance dépenses publiques
est égalé à -0,06, son écart-type est 0,05 et le
coefficient du taux de croissance du PIB est -2,10, son écart-type
égale 0,52. Le signe négatif de chacun des coefficients signifie
que ces deux variables évoluent en sens inverse du taux de
chômage. Ainsi -0,06 signifie que lorsque la dépense publique
augmente d'un point, le chômage diminue de 0,06 points et -2,10 signifie
aussi que lorsque la croissance du PIB augmente d'un point, le chômage
diminue de 2,10 points. Les écart-types relatent de la dispersion des
observations. Cependant faut-il aussi préciser la significative des ces
coefficients.
Test de la Significativité des
coefficients
Hypothèses du test
H0 : â1=0 et
H'0 : â2=0
H1 : â1?0 et
H'1 : â2?0
Règle de décision48(*)
Un coefficient pour être significatif, le test
statistique veut que la statistique du test en valeur absolue soit
supérieure à la valeur théorique du t de student.
La statistique du test est donnée par le rapport et est la valeur théorique du t de student avec á le seuil
de signification et n le nombre d'observations.
Ainsi H0 sera rejetée si | |? et H'0 le sera si | ||?
En fixant un seuil de signification de 5%, la table
statistique de la loi de student donne =
Calcul
| | et .
Interprétation et conclusion.
Comme | |= 1,2 ? nous acceptons l'hypothèse nulle H0 et nous concluons
que le coefficient du taux de croissance des dépenses publiques n'est
pas significativement différent de zéro et donc la croissance des
dépenses publiques n'influence pas le taux de chômage.
Aussi comme | |= 4,04? nous rejetons l'hypothèse nulle H'0 et concluons que
le coefficient du taux de croissance du PIB est significativement
différent de zéro. Se fiant à aux statiques nationales, la
croissance économique influence donc le taux de chômage.
Cependant, la réalité congolaise ne s'accorde pas avec ces
statistiques nationales, notamment les nivaux bas du taux de chômage.
Par sa politique budgétaire, le gouvernement congolais
n'a pas pu influencer la fluctuation du taux de chômage durant toute la
période sous étude. Ceci se rattache à l'absence
d'incidence de ses dépenses sur la croissance économique. N'ayant
pas eu d'incidence sur le revenu national, il est normal que cette politique
n'ait pas pu influencer le taux de chômage. Aussi les parts de ses
dépenses en capital, dépenses de transferts et subventions
sont-elles insignifiantes pour agir sur le niveau de l'emploi. Le tableau
ci-dessus visualise la part consacrée aux transferts et subventions par
le gouvernement congolais.
Tableau n°10 : Composition des
dépenses en transferts et subventions
Années
|
subventions et transferts
|
Organismes publiques
|
Entreprises
|
Ménages
|
Cotisation aux organismes internationaux
|
Milliards de CDF
|
part au budget
|
Milliards de CDF
|
part dans les transferts
|
Milliards de CDF
|
part dans les transferts
|
Milliards de CDF
|
part dans les transferts
|
Milliards de CDF
|
part dans les transferts
|
2003
|
2,67
|
1,15
|
0
|
0,00
|
0
|
0,00
|
0,29
|
10,86
|
0,59
|
22,10
|
2004
|
5,28
|
1,58
|
0
|
0,00
|
0
|
0,00
|
3,79
|
71,78
|
1,49
|
28,22
|
2005
|
92,93
|
17,70
|
78,37
|
84,33
|
0
|
0,00
|
13,64
|
14,68
|
0,91
|
0,98
|
2006
|
154,47
|
21,94
|
146,47
|
94,82
|
0
|
0,00
|
7,36
|
4,76
|
0,64
|
0,41
|
2007
|
248,24
|
29,24
|
231,15
|
93,12
|
0
|
0,00
|
15,66
|
6,31
|
1,43
|
0,58
|
2008
|
226,12
|
17,56
|
196,96
|
87,10
|
8,26
|
3,65
|
15,3
|
6,77
|
5,6
|
2,48
|
2009
|
625,16
|
30,35
|
601,28
|
96,18
|
0
|
0,00
|
15,95
|
2,55
|
7,92
|
1,27
|
2010
|
597,19
|
27,89
|
539,65
|
90,36
|
0
|
0,00
|
42,68
|
7,15
|
14,85
|
2,49
|
2011
|
405,65
|
13,54
|
363,77
|
89,68
|
0
|
0,00
|
29,63
|
7,30
|
12,24
|
3,02
|
2012
|
461,69
|
13,69
|
408,18
|
88,41
|
0
|
0,00
|
35,12
|
7,61
|
18,39
|
3,98
|
2013
|
524,72
|
12,58
|
450,02
|
85,76
|
21,03
|
4,01
|
34,02
|
6,48
|
19,65
|
3,74
|
2014
|
470,32
|
10,57
|
405,65
|
86,25
|
16,95
|
3,60
|
30,45
|
6,47
|
17,27
|
3,67
|
Source : Construit à partir des rapports de la
BCC
De ce tableau, il ressort que globalement les transferts et
subventions bien qu'ayant reçu en moyenne plus de 10% du budget, cette
part a été affectée aux organismes publiques qui, depuis
2005, en consomment plus de 80%. Les entreprises et les ménages dont les
effets seraient plus immédiats en ont reçu difficilement plus de
10%. Bien qu'en 2005 les ménages avaient 71% de ces dépenses et
celles-ci ne représentaient malheureusement qu'à l'époque
1,58% du budget total. Il n'y a donc pas d'accroissement de revenu (des
manages) par les transferts et donc pas d'effet d'accroissement de la demande
globale, et par conséquent pas d'effet sur l'augmentation de la
production et effet sur le chômage non plus.
II.2.3. Politique
budgétaire et évolution du taux d'intérêt et taux
de change
Dès l'avènement des défaillances de la
politique du type keynésien, les gouvernements ont
développé des politiques mixtes qui consistent à combiner
politique budgétaire et politique monétaire.
La macroéconomie notamment avec l'équilibre
IS-LM enseigne qu'une politique budgétaire est plus efficace si en
augmentant les dépenses publiques, le taux d'intérêt
réel ne remonte pas, en raison en particulier de l'apparition
d'anticipations d'inflation ou de l'excès d'offre de titres publics et
le taux de change réel ne s'apprécie pas pour
rééquilibrer le marché des biens.
En fait, le taux d'intérêt en augmentant
évince ou élimine la capacité d'une politique
budgétaire de contribuer à relever le niveau du revenu national.
Ainsi, cette politique ne peut être efficace que si elle est
combinée avec le taux d'intérêt stable ou en diminution.
Graphique n° 10 : Évolution du taux
d'intérêt en RDC
Source : Construit à partir des rapports de la
BCC
Le taux d'intérêt repris sur ce graphique est le
taux débiteur appliqué par les banques commerciales en RDC. En
effet, ce taux a subi des fluctuations sur toute la période sous
étude. Bien qu'ayant atteint un pic de 69, 77% à 2009,
globalement il présente une allure décroissante après
celui-ci. En RDC, à voir l'allure des fluctuations de ce taux
d'intérêt, il ne s'écarte pas tellement de ce qu'enseigne
la macroéconomie.
De la même façon la RDC connait une
quasi-stabilité du taux de change. De 2003 à 2014 le taux de
change est resté stables subissant de moindre variation excepté
le passage de 2008 à 2009 où ce taux a considérablement
augmenté se situant à 806,9 CDF en moyenne pour 1 USD en 2009
contre 561,1 CDF l'année plutôt. Cette situation est
représentée sur le graphique ci-dessous.
Graphique n°11 : Évolution du taux de
change moyen USD/CDF
Source : Construit à partir des rapports annuels
de la BCC : 2012, tableau III.37, p. 173 ; 2013, tableau III.22, p.
161 ; 2014, tableau III.25, p. 144
Les politiques budgétaires menées aujourd'hui ne
semblent pas devoir faire remonter les taux d'intérêt réels
ou les taux de change réels. Alors que l'accroissement des
dépenses publiques sans que la production intérieure augmente
aurait pour effet de hausser les prix ; pour éviter cette hausse, le
gouvernement a dû accompagner la politique budgétaire de hausse
des dépenses publiques d'une politique monétaire de stabilisation
des prix. Cette politique a eu comme principale mesure le taux
d'intérêt directeur.
Le taux d'intérêt directeur de la BCC est
depuis 2010, maintenu à des niveaux aussi bas que possible passant de
22% fin 2010 à 2% fin 2015. Pour la BCC, cette option est
justifiée, d'une part, par l'absence des risques inflationnistes majeurs
et, d'autre part, par la nécessité de soutenir le dynamisme de
l'activité économique via une stimulation du crédit. La
BCC utilise cet instrument pour limiter les hausses de prix.
Exceptionnellement, la BCC fait recours aux modifications des
règles de réserves obligatoires des banques commerciales.
Ainsi, loin d'empêcher l'efficacité de la
politique budgétaire, le taux d'intérêt et le taux de
change présentent des conditions favorables. L'inefficacité de la
politique budgétaire en RDC reste donc due à une mauvaise
orientation de ses dépenses publiques et non à des mesures
monétaires qui lui sont conjugués concomitamment.
CONCLUSION PARTIELLE
Ce second chapitre s'est focalisé à
l'identification des instruments de la politique budgétaire ayant
été appliquée en RDC de 2003 à 2015 et à
l'évaluation de son efficacité d'avoir contribué à
la réalisation des performances macroéconomiques dans ce pays.
En effet, si la RDC a enregistré pendant la
période sous étude un taux de croissance en moyenne
supérieur à 5%, une stabilité des prix (maitrise de
l'inflation) et une diminution du taux de chômage ; sa politique
budgétaire durant cette période se révèle avoir
été sans incidence sur ces indicateurs macroéconomiques et
donc inefficace pour l'atteinte de leur niveau performant. Cette politique a
consisté à l'augmentation des dépenses publiques
financées, en grande partie, par les recettes fiscales. Ces
dépenses publiques ont été plus composées des
dépenses courantes qu'en capital. Les dépenses courantes
étant formées des consommations des administrations (institutions
politiques et certains ministères) et orientées plus vers les
biens et services se sont butées à l'ouverture de
l'économie caractérisée par une balance de paiement
déficitaire (branche biens et services). Elles ont donc constitué
plus une sortie qu'une entrée des fonds dans le circuit de paiement,
sans incidence aucune sur la croissance économique encore moins sur le
chômage.
Cette orientation des dépenses publiques a rendu inerte
les fluctuations du taux d'intérêt qui, pourtant se sont
présentés de façon à permettre une
efficacité de la politique budgétaire à relever le niveau
du revenu national.
CONCLUSION
GÉNÉRALE
La politique budgétaire en RDC : instrument et son
efficacité ; tel est le thème traité dans ce papier.
En l'abordant notre objectif était de découvrir les instruments
et/ou outils ayant été mis en oeuvre pour la conduite de cette
politique en RDC et de mesurer son efficacité dans la réalisation
des performances macroéconomiques enregistrées.
Pour ce faire, deux principales questions ont guidé
notre raisonnement : Quels sont les instruments et les moyens de politique
budgétaire de la RDC de ces 13 dernières années ?
Cette politique a-t-elle été efficace dans la gestion des
problèmes macroéconomiques de la RDC ?
À ces deux questions, en guise d'hypothèse, nous
avons retenu qu'il semble que les instruments de politique budgétaire
en RDC soient l'accroissement des impôts et taxes et celle des
dépenses publiques. Dans cette logique les moyens de cette politique
proviendraient, en grande partie, des impôts et taxes. Il est possible
que la politique budgétaire en vigueur en RDC ait été
efficace et ce en contribuant à la relance de la croissance, à
la diminution du taux de chômage et la stabilité du niveau
général des prix.
Excepté l'introduction générale et cette
conclusion générale, l'ossature de ce travail est faite de deux
chapitres.
Le premier expose une revue de la littérature sur la
politique budgétaire. Il retrace les idées soutenues par les deux
postulants relatifs à sa conception. Le premier postulant est celui des
idées keynésiennes qui prônent l'intervention de
l'État dans les activités économiques et sociales
notamment en fixant librement ses dépenses et recettes
budgétaire. Le second courant est celui des néolibéraux
qui voient dans l'intervention de l'État des effets néfastes.
Le second chapitre est consacré à l'analyse de
la politique budgétaire en RDC en vue d'identifier les instruments de
celle-ci et de révéler sa contribution par rapport aux
performances macroéconomiques de la période de l'étude.
Après analyse et interprétation des
données, les résultats suivant en ressort :
ü Pendant la période d'étude, la politique
budgétaire en RDC a consisté à l'accroissement des
dépenses publiques (dont la priorité consiste dans les
dépenses courantes et en grande partie des biens et services) et celui
des recettes (formées en partie importante des recettes fiscales). Ce
résultat affirme notre première hypothèse.
ü Cette politique budgétaire n'a pas
contribué à la réalisation des performances
macroéconomiques en RDC. En effet, il s'est dégagé une
absence d'incidence de la variation des dépenses publiques sur celle du
PIB (le coefficient de l'équation de régression
PIB-Dépenses publiques égale à zéro). Ce fait se
révèle être dû au niveau et à la nature des
dépenses publiques qui, constituées majoritairement des
dépenses courantes en bien et services, ont formé plus une sortie
des fonds qu'une entrée suite à la dépendance de
l'économie congolaises vis-à-vis de l'extérieur (balance
de paiement en biens et service déficitaire). Aussi, cette politique n'a
pas influencé le taux de chômage bien qu'il se présente en
diminution, en à croire les statistiques nationales. Alors que cette
influence résulterait des dépenses en capital et en transferts
aux ménages et entreprises, ces dépenses ont
représenté une moindre importance dans le budget de la RDC. Ainsi
notre seconde hypothèse est infirmée.
Certes, le niveau du budget de la RDC est encore faible.
Cependant, vues les sources de l'inefficacité de la politique
budgétaire en RDC, le gouvernement devrait fournir un effort pour la
concrétisation de son souhait de ramener les dépenses publiques
en capital à 40 % du budget voir les élever au delà de ce
taux. Il devrait en faire sa priorité. Aussi les dépenses
courantes devraient être recadrées vers les transferts (aux
ménages) et subventions (aux entreprises) que de consister en biens et
services, qui malheureusement en grande partie importés. Les
ministères du travail et prévoyance sociale, de l'agriculture,
développement rural, de l'éducation, de la santé, de
affaires sociales doivent aussi faire part des priorités du
gouvernement. Aussi, MIREMBE Omer49(*) a-t-il écrit : « Les
pauvres peuvent bénéficier des retombées de la croissance
à travers les changements dans les dépenses publiques en faveur
des infrastructures de base telles que les écoles, les hôpitaux,
les routes etc. En effet, ce qui compte pour les populations, c'est le
développement humain. On ne peut se satisfaire simplement de la
croissance ni de la stabilisation du cadre
macroéconomique ».
Toutes choses étant égales ailleurs,
estimons-nous, qu'une telle orientation des dépenses publiques
contribuerait à l'efficacité de la politique budgétaire en
RDC.
BIBLIOGRAPHIE
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publiques, une approche économique, éd. Dunod, Paris, 252p
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République Démocratique du Congo dans la réalisation des
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B. Articles
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Documentation Française, Découverte de l'économie, 2.
Histoire de la pensée économique, n°280, pp. 71-78
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croissance sans développement ?, Working Paper, Institute of
Development Policy and Management.
C. Webographie
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THEILLIER, D.,
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www.lemondepolitique.fr/cours/introduction-economie/politiques-economiques/politique-budgetaire.html
D. Cours
0mer KAMBALEMIREMBE, Macroéconomie, Cours
inédit, L1 tous, Sciences économiques et Gestion à l'UCG,
2014-2015
MAFIKIRI TSONGO Angélus., Économétrie,
cours inédit L1 sciences Économiques et de Gestion, UCG,
2014-2015
E. Texte légale
Ordonnance 89-171 portant création et statuts d'une
entreprise publique dénommée Fonds de promotion de l'industrie,
en abrégé
«F.P.I». (J.O.Z., n°16, 15 août 1989,
p. 36)
F. Autres
Gouvernement central de la RDC, (Mai 2012), Programme
d'action du gouvernement 2012-2016, Kinshasa, p
Gouvernement central de la RDC, (Octobre 2012), Programme
budgétaire des actions du gouvernement (stratégie
budgétaire 2012-2016), Kinshasa, 31p
TABLE DES
MATIÈRES
REMERCIEMENTS
ii
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
iii
RÉSUME
iv
ABSTRACT
v
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
1. Problématique
1
2. Hypothèses du travail
3
3. Objectifs de la recherche
4
4. Méthodologie de recherche
4
5. Délimitation du travail
5
6. Subdivision du travail
5
CHAPITRE PREMIER
6
REVUE DE LA LITTÉRATURE SUR LA POLITIQUE
BUDGÉTAIRE
6
I.1. LE BUDGET ET LA POLITIQUE
BUDGÉTAIRE
7
I.2. LES THÉORIES ÉCONOMIQUES DE LA
POLITIQUE BUDGÉTAIRE
8
I.2.1.1. Les services collectifs indivisibles
9
I.2.1.2. Les services de tutelle
9
I.2.2. Les explications keynésiennes
10
I.2.2.1. Fondements keynésiens
10
I.2.2.2. Le multiplicateur budgétaire
11
I.2.2.3. Fonctions reconnues à l'État
par les Keynésiens
15
I.3. LES THÉORIES ÉCONOMIQUES
CONTESTANT LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE
16
I.3.1. La critique Hayekienne
16
I.3.2. Les tenants de l'éviction
17
I.3.3. Les partisans de l'économie de
l'offre
19
I.3.4. Le courant des choix publics
21
I.3.5. Le principe d'équivalence de
Ricardo-Barro
23
I.4. EFFICACITÉ DE LA POLITIQUE
BUDGÉTAIRE
25
CONCLUSION PARTIELLE
29
CHAPITRE DEUXIÈME
30
INSTRUMENTS, MOYENS DE LA POLITIQUE
BUDGÉTAIRE EN RDC ET LEUR EFFICACITÉ
30
II.1. CONTENU DU BUDGET DE LA RDC
30
II.1.1. Les ressources budgétaires
30
II.1.2. Des dépenses
publiques
36
II.2. PROBLÈMES MACROÉCONOMIQUES ET
POLITIQUE BUDGÉTAIRE EN RDC
48
II.2. 1. Croissance et dépenses
publiques
48
II.2.2. Chômage et politique
budgétaire en RDC
56
II.2.3. Politique budgétaire et
évolution du taux d'intérêt et taux de change
61
CONCLUSION PARTIELLE
64
CONCLUSION GÉNÉRALE
65
BIBLIOGRAPHIE
67
TABLE DES MATIÈRES
70
ANNEXES
a
Annexe1 : Liste des graphiques
a
Annexe 2 : Liste des tableaux
a
Annexe 3 : Prévisions et
exécutions des budgets annuels de la RDC de 2003 à 2015
b
Annexe 4 : Évolution des certains
indicateurs macroéconomiques en RDC
c
ANNEXES
Annexe1 : Liste des
graphiques
Graphique n°1 : Importance des différentes
catégories de recettes
Graphique n°2 : Composition des recettes fiscales
(En % du total budget exécuté)
Graphique n° 3: Structure d'exécution de
dépenses du cadre budgétaire de 2003 à 2015.
Graphique n°4 : Structure de prévision et
exécution de dépenses du cadre budgétaire de 2003 à
2015.
Graphique n°5 : Structure d'exécution des
dépenses courantes par nature
Graphique n°6 : Évolution du ratio dépenses
publiques/PIB (en %)s
Graphique n° 7 : Évolution des taux de croissance
du PIB et des dépenses publiques
Graphique n° 8 : Corrélation Croissance
du PIB / Croissance dépenses publiques
Graphique n° 9 : Évolution taux de croissance
du PIB et taux de Chômage
Graphique n° 10 : Évolution du taux
d'intérêt en RDC
Graphique n° 11 : Évolution du taux de change
moyen USD/CDF
Annexe 2 : Liste
des tableaux
Tableau n°1 : Répartition des recettes du
cadre budgétaire de la RDC
Tableau n°2 : Structure de prévision et
exécution des dépenses du cadre budgétaire de 2003
à 2015.
Tableau n°3 : Taux d'exécution de
dépenses courantes par service par rapport à leur crédit
(en %)
Tableau n°4 : Ministères en rapport avec les
problèmes macroéconomiques et objectifs sociaux
Tableau n°5 : Importance relative Ministères
en rapport avec les problèmes macroéconomiques et objectifs
sociaux au budget
Tableau n°6 : Dépenses publiques pour
certains ministères
Tableau n° 7 : Solde de la balance de paiement rubrique
biens et services artisanat
Tableaux n°8 : Allocation de l'agriculture et au
ministère des Mines, industries et
Tableau n° 9 : Répartition par secteur des
effectifs des travailleurs
Tableau n°10 : Composition des dépenses en
transferts et subventions
Annexe 3 :
Prévisions et exécutions des budgets annuels de la RDC de 2003
à 2015
PRÉVISIONS EN MILLIARDS DE CDF
|
DÉPENSES
|
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
Dépenses courantes
|
263,80
|
384,61
|
580,84
|
780,20
|
1018,86
|
1498,40
|
1989,29
|
2847,98
|
4470,75
|
4427,31
|
3925,50
|
4602,40
|
4817,33
|
Dépenses en capital
|
74,91
|
143,72
|
225,33
|
259,36
|
351,45
|
282,98
|
933,10
|
2759,53
|
2275,58
|
2181,86
|
2509,20
|
2846,60
|
2768,89
|
Total prévu
|
338,71
|
528,33
|
806,17
|
1039,56
|
1370,31
|
1781,38
|
2922,39
|
5607,51
|
6746,33
|
6609,17
|
6434,70
|
7449,00
|
7586,22
|
RECETTES
|
Recettes fiscales
|
156,85
|
209,26
|
292,84
|
365,35
|
638,36
|
832,43
|
1225,33
|
1798,33
|
2340,47
|
3112,76
|
3387,40
|
4584,76
|
5381,65
|
Recettes non fiscales
|
39,09
|
26,13
|
44,85
|
130,37
|
245,12
|
379,55
|
372,56
|
868,39
|
944,56
|
1147,54
|
1214,00
|
895,63
|
622,54
|
Recettes exceptionnelles
|
142,78
|
292,94
|
468,48
|
543,85
|
486,83
|
569,40
|
1324,50
|
2940,80
|
3461,30
|
2348,88
|
1833,30
|
1968,61
|
1582,03
|
Total prévu
|
338,71
|
528,33
|
806,17
|
1039,56
|
1370,31
|
1781,38
|
2922,39
|
5607,51
|
6746,33
|
6609,17
|
6434,70
|
7449,00
|
7586,22
|
EXÉCUTION DES BUDGETS EN MILLIARDS DE
CDF
|
DÉPENSES
|
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
Dépenses courantes
|
218,40
|
314,50
|
497,60
|
671,00
|
826,60
|
1126,90
|
1579,50
|
1542,80
|
2619,20
|
2838,10
|
3680,40
|
3996,80
|
2369,25
|
Biens et services
|
208,90
|
270,20
|
304,80
|
403,40
|
544,00
|
859,80
|
891,20
|
894,10
|
2087,00
|
2215,60
|
2912,60
|
3386,90
|
2172,27
|
Versements d'intérêts
|
6,80
|
39,00
|
99,80
|
113,10
|
34,40
|
41,00
|
63,10
|
51,50
|
126,60
|
160,80
|
243,10
|
139,60
|
196,98
|
Subventions et transferts
|
2,70
|
5,30
|
93,00
|
154,50
|
248,20
|
226,10
|
625,20
|
597,20
|
405,60
|
461,70
|
524,70
|
470,30
|
0
|
Dépenses en capital
|
14,10
|
20,70
|
27,30
|
32,90
|
22,40
|
160,80
|
480,00
|
598,80
|
377,30
|
533,60
|
491,50
|
451,80
|
2,46
|
Total général
exécuté
|
232,50
|
335,20
|
524,90
|
703,90
|
849,00
|
1287,70
|
2059,50
|
2141,60
|
2996,50
|
3371,70
|
4171,90
|
4448,60
|
2371,71
|
RECETTES
|
Recettes fiscales
|
146,39
|
217,06
|
335,70
|
462,10
|
604,75
|
992,42
|
1191,81
|
1631,40
|
2108,00
|
2710,34
|
3388,63
|
3615,40
|
3730,89
|
Recettes non fiscales
|
25,53
|
35,09
|
56,79
|
65,79
|
156,57
|
214,09
|
400,19
|
535,09
|
647,34
|
923,38
|
664,89
|
732,00
|
120,49
|
Recettes exceptionnelles
|
49,39
|
53,88
|
102,77
|
141,28
|
32,48
|
65,17
|
512,72
|
127,39
|
44,31
|
128,66
|
68,09
|
15,10
|
0
|
Total général
exécuté
|
221,30
|
306,02
|
495,26
|
669,17
|
793,79
|
1271,68
|
2104,72
|
2293,88
|
2799,66
|
3762,38
|
4121,60
|
4362,50
|
3851,38
|
SOLDE
|
-11,20
|
-29,18
|
-29,64
|
-34,73
|
-55,21
|
-16,02
|
45,22
|
152,28
|
-196,85
|
390,68
|
-50,30
|
-86,10
|
1479,67
|
Source: construit à partir des rapports annuels de la
BCC, tableaux relatifs aux finances publiques (20012, 2013 et 2014) et
Cond Info Stat N°08 au 26 février 2016, p 19
|
Annexe 4 :
Évolution des certains indicateurs macroéconomiques en RDC
Années
|
PIB (à prix courants, en milliards de CDF)
|
PIB (à prix constants de 2005, en milliards de CDF)
|
Déflateur de PIB
|
Dépenses publiques (à prix courants, en milliards
de CDF)
|
Dépenses publiques (à prix constants de 2005, en
milliards de CDF)
|
Taux de Croissance du PIB en %
|
Taux de Croissance des dépenses publiques en %
|
Taux de Chômage en %
|
2003
|
3824,46
|
4932,30
|
77,54
|
232,50
|
299,85
|
5,60
|
57,94
|
48,50
|
2004
|
4327,49
|
5259,80
|
82,27
|
335,20
|
407,42
|
6,64
|
35,87
|
45,40
|
2005
|
5670,10
|
5670,10
|
100,00
|
524,90
|
524,90
|
7,80
|
28,84
|
49,60
|
2006
|
6767,52
|
5971,80
|
113,32
|
703,90
|
621,14
|
5,32
|
18,33
|
48,20
|
2007
|
8648,88
|
6345,60
|
136,30
|
849,00
|
622,90
|
6,26
|
0,28
|
47,20
|
2008
|
11067,57
|
6740,60
|
164,19
|
1287,70
|
784,26
|
6,22
|
25,90
|
53,20
|
2009
|
15101,19
|
6933,10
|
217,81
|
2059,50
|
945,54
|
2,86
|
20,56
|
60,80
|
2010
|
19536,68
|
7425,90
|
263,09
|
2141,60
|
814,02
|
7,11
|
-13,91
|
50,10
|
2011
|
23759,42
|
7936,40
|
299,37
|
2996,50
|
1000,93
|
6,87
|
22,96
|
51,40
|
2012
|
26954,55
|
8498,80
|
317,16
|
3371,70
|
1063,10
|
7,09
|
6,21
|
49,14
|
2013
|
30051,18
|
9219,70
|
325,95
|
4171,90
|
1279,94
|
8,48
|
20,40
|
46,06
|
2014
|
33224,28
|
10092,80
|
329,19
|
4448,60
|
1351,39
|
9,47
|
5,58
|
43,00
|
2015
|
34804,90
|
10872,00
|
320,13
|
2371,71
|
740,85
|
7,72
|
-45,18
|
|
Source : Construit à partir des
rapports de la BCC ; rapport 2014 tableau I.11, p 37 ; Rapport 2013
tableau I. 41, p 73 ; Rapport 2012 tableau I. 43, p 73, les tableaux relatifs
aux finances publiques de ces trois rapports et Cond Info Stat N°08
au 26 février 2016, p 2 et p 19
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* 2MATATA POYON,M., ``la
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* 3Extraits du Discours de
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* 4Gouvernement central
de la RDC, Programme d'action du gouvernement 2012-2016, Kinshasa, Mai
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* 5Gouvernement central
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* 11KAMBALE MIREMBE, O.,
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* 12EUZÉBY, A ET
HARSCHTEL, M-L ., Op.cit, pp.24-26
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* 17STUMPF, E., (2001),
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* 18STUMPF, E., (2001),
Op.cit
* 19 ABRAHAM-FROIS, G.,
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* 20 ABRAHAM-FROIS, G.,
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* 22 TOULOUSE, J-B., et
ali., Op.cit, p 412
* 23 TOULOUSE, J-B., et
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* 24STUMPF, E., Op.cit
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* 29EUZEBY, A., et
HARSCHTEl, M-L., op.cit, p 31
* 30VINTRAY, A., Op.cit
* 31EUZEBY, A., et
HARSCHTEl, M-L., Op.cit, p 32
* 32 TOULOUSE, J-B., et
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* 33TOULOUSE, J-B., et ali.,
Op.cit, p 419
* 34EUZEBY, A., et
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* 35THEILLIER, D.,
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* 37STUMPF, E., Op.cit
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2013-06, p.22
|
|