4-DISCUSSION
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L'angle fémoro-tibial de l'enfant béninois :
étude clinique et radiologique. A propos de 760 enfants
Au terme de cette étude clinique et radiologique, nous
avons examiné 1520 genoux chez 760 enfants, tous sexes confondus. Ce
travail nous a permis d'étudier l'axe mécanique de leurs membres
pelviens et d'apprécier l'évolution de l'angle
fémoro-tibial avec l'âge.
L'angle fémoro-tibial chez les enfants européens
[10, 24] a été bien documenté, de même que chez les
enfants chinois [14]. Chez l'enfant africain en général et en
région ouest africaine en particulier, très peu d'études
ont été publiées sur la question. Plusieurs
méthodes ont été définies afin de mesurer l'Angle
Fémoro-Tibial (AFT) et de suivre son évolution au cours de la
croissance des enfants. La technique radiographique a été
utilisée dans les premiers articles qui avaient étudié la
question [39, 41, 44, 46]. D'autres études [17, 30] ont suivi. Certains
auteurs pensent que sur le plan éthique, il peut être difficile
d'exposer des milliers d'enfants aux rayons-X inutilement s'ils ne sont pas
malades et que, beaucoup d'erreurs peuvent se produire au cours du
positionnement des enfants et lors du tracé de l'axe mécanique
sur les radiographies [10, 14]. C'est ainsi, que d'autres moyens, moins
invasifs de dépistage comportant la mesure de l'angle
fémoro-tibial clinique ou, plus simplement, la mesure des distances
inter-condylienne et inter-malléolaire, ont été
proposés. Actuellement, il est aussi possible de photographier les deux
membres inférieurs après avoir marqué les repères
à savoir l'articulation coxo-fémorale, le centre de la patella et
la cheville. L'axe mécanique est ensuite tracé sur les photos,
puis l'AFT mesuré à l'aide d'un goniomètre [10, 24].
Les méthodes cliniques sont de nos jours plus souvent
utilisées, car elles sont facilement applicables et reproductibles [14,
40]. Elles constituent une partie importante de la routine de l'examen physique
en orthopédie pédiatrique. CHENG et Coll [14] ont décrit
le profil normal de rotation angulaire des membres pelviens chez 2630 enfants
chinois âgés de zéro à 12 ans à travers
une
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L'angle fémoro-tibial de l'enfant béninois :
étude clinique et radiologique. A propos de 760 enfants
étude clinique. De leur côté, HEATH et
STÄHELI [24] ont déterminé les
limites normales de l'AFT par une étude clinique et
plus précisément par des
photographies réalisées sur des enfants blancs
américains.
Nous discuterons successivement :
V' Les caractéristiques
générales de la population d'étude
V' Le morphotype des enfants
V' L'évolution de l'axe mécanique avec
l'âge
V' Les facteurs influençant cet axe
mécanique
V' Corrélation entre les mesures clinique et
radiologique
4.1. LA POPULATION D'ETUDE 4.1.1.
L'âge
Nous avons enquêté dans les écoles afin de
toucher facilement toutes les tranches d'âge. Selon plusieurs
études antérieures [11, 48], c'est en âge
préscolaire et scolaire que l'AFT subit plusieurs modifications.
L'âge des enfants de notre échantillon varie entre 1 et 15 ans
avec une moyenne égale à 8 ans. Cette moyenne est la même
que celle obtenue dans une étude consacrée au
développement de l'AFT chez l'enfant coréen en 2008 [50].
Elle est par contre très variable d'une étude
à l'autre, allant de 5,5 ans pour OMOLULU au Nigéria en 2003
[40], à 5,54 ans pour HEATH aux USA en 1993 [24], à 6,5 ans pour
SALENIUS en Finlande en 1975 [44] et à 10 ans pour MEHEMET en Turquie
[37].
4.1.2. Le sexe
L'étude a porté sur les deux sexes. A l'issue de
l'enquête, nous avons obtenu 51,7% de garçons contre 48,3% de
filles contrairement à ce à quoi on
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L'angle fémoro-tibial de l'enfant béninois :
étude clinique et radiologique. A propos de 760 enfants
devrait s'attendre d'après les calculs
théoriques (46% de garçons pour 54% de filles). Les calculs ont
été effectués en fonction de l'effectif des enfants
à Cotonou, au niveau de chaque tranche d'âge afin que
l'échantillon soit représentatif.
Cette différence observée est due globalement au
faible taux de scolarisation des filles par rapport à celui des
garçons. En effet en 2007 et 2008, 9,8 filles pour 10 garçons
étaient scolarisés à la maternelle, 8,2 filles pour 10
garçons au primaire et 5,2 filles pour 10 garçons au secondaire
[27]. Cette variation est également due à certaines
difficultés rencontrées sur le terrain à savoir
l'impossibilité d'obtenir l'âge réel de certains enfants et
le refus de certains parents à ce que leurs enfants participent à
l'enquête.
Notre observation se rapproche de celle de MEHMET qui avait eu
51,3% de garçons contre 48,7% de filles [37] et celle de CHENG qui avait
eu 53,35% de garçons contre 46,65% filles [14]. A l'opposé, une
étude nigériane a observé 51,3% de filles et 49,7% de
garçons [40].
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