3.2 Le coût global comme critère
d'attribution :
Si nous avons souligné précédemment
l'importance du coup global, nous avons également fait remarquer que les
acheteurs manquent souvent d'outils adaptés pour appliquer son
utilisation aux marchés de travaux. Nous allons tâcher de proposer
les grandes lignes d'une méthode d'évaluation du coût
global d'un projet de construction qui remplacerait le critère de prix
lié uniquement aux coûts initiaux qui est utilisé
actuellement par Radio France.
Comment déterminer la consommation
énergétique théorique d 'un bâtiment :
Comme nous allons le voir certains coûts
différés peuvent être difficiles à évaluer.
Les coûts relatifs à la consommation d'énergie ont une
place centrale dans l'évaluation d'offres architecturalement et
techniquement différentes tout en étant facilement estimables.
La méthode de calcul TH - BCE 2012 a pour objectif initial
de contrôle qu'un bâtiment est conforme aux trois exigences de la
RT 2012 qui pour rappel portent sur l'efficacité
énergétique du bâti (BBio), les consommations
énergétiques tout type confondu (Cep) et la température
opérative maximale horaire. Au-delà de la vérification de
conformité d'un projet vis-à-vis des « contraintes »
règlementaires cet outil, élaboré par le Centre
Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) pourrait nous servir de base
pour une évaluation en coût global de diverses variantes
techniques et/ou architecturales d'un projet de construction. L'utilisation de
cette outil permettrait en effet de déterminer l'influence en terme de
coûts de différentes solutions proposées par
détermination des différents Cepprojet. Le Cep désignant
la consommation en énergie primaire d'un bâtiment exprimée
en kWh d'énergie primaire par m2 et par an et ce pour :
- le chauffage,
- le refroidissement,
- la production d'eau chaude sanitaire,
- les ventilateurs locaux et centraux pour le chauffage, le
refroidissement et la ventilation,
- les auxiliaires de distribution et génération
pour le chauffage, le refroidissement et l'eau
chaude sanitaire,
- l'éclairage des locaux,
Ce coefficient va dépendre d'une multitude de
critères qu'il nous faudra renseigner comme le type d'usage du
bâtiment, le scénario d'occupation des locaux, la localisation de
l'ouvrage, les différents apports internes d'humidité ou de
chaleur, les apports solaires, l'utilisation d'éclairage naturel, les
surfaces vitrées ou plus généralement les choix
architecturaux ou encore les choix techniques relatifs aux système de
chauffage, de refroidissement, d'eau chaude sanitaire, d'auxiliaires et
d'éclairage.
Nous n'entrerons pas dans les détails de calculs mais
l'objectif serait de de demander aux candidats de renseigner les informations
relatives aux critères précédemment énoncés
et nécessaires au calcul du Cep. Le tableur associé pourrait
éventuellement leur être fourni pour expliquer la
méthodologie de calcul.
Pour calculer Cep il faudra au préalable définir le
scénario du projet comprenant (liste non exhaustive) : le type
d'exploitation, les paramètres d'occupation, la géolocalisation
et l'altitude de l'ouvrage, les différentes températures de
consignes, le nombre de semaines de chauffages et de climatisation, les besoins
hebdomadaires en eau chaude sanitaire et en eau froide ou encore les
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plages horaires d'éclairage.
Il faudra également définir la tarification des
différentes énergies et fluides (liste non
exhaustive) : l'électricité à l'achat mais
aussi pour une revente éventuelle, l'eau, le bois, le gaz liquide, le
fuel domestique, le gaz naturel ou encore la vapeur.
Les autres coûts différés
:
Les autres coûts différés tels que les frais
d'exploitation, de maintenance ou d'entretien sont difficiles à estimer
dans le cadre de la sélection des offres. Les sources de données
pour l'estimation de ces coûts ne pourra provenir principalement, de la
part de Radio France, que des coûts historiques constatés
provenant d'équipement similaires dans d'autres stations France Bleu.
Les fiches FDES pourront nous fournir la « durée de
vie typique » (DVT ; par exemple 50 ans) des différents ouvrages du
bâtiment et ainsi les frais associé à l'entretien courant
annuel (1% du prix par exemple), au coût d'un gros entretien /
remplacement (généralement 100% du prix) ou du coût de
déconstruction (de l'ordre de 2% à 10% selon les
éléments).
Concernant les frais de maintenance et d'exploitation il sera
à la charge de l'entreprise de les justifier au regard de leur expertise
et des frais constatés sur des projets précédents
utilisant les mêmes équipements.
Certains postes, comme les frais de gestion, les frais de
gardiennage ou de ménage pourront ne pas être pris en compte s'il
semblent être indépendants des choix de propositions des
différents candidats.
Les outils à la disposition de l'acheteur
relatifs au coût global :
Pour l'élaboration de la démarche et son
développement Radio France pourra s'aider d'un certain nombre d'outils
disponibles relatifs au coût global.
Le site du Ministère de l'Environnement, de l'Energie et
de la Mer propose par exemple dans sa rubrique Développement Durable un
outil de calcul en coût global dédié aux acheteurs publics
et s'appuyant sur la norme ISO 15686-5 associée. Les
fonctionnalités de cette plateforme sont cependant limitées.
Il existe sur le marché un certain nombre de logiciels
payants proposant une méthodologie et une base de connaissances pour
l'évaluation du coût global. La suite logicielle DescWord m'a par
exemple semblé proposer une gamme d'outils très complète
pour l'évaluation du coût global d'un projet et plus encore par
l'intermédiaire de ses 7 modules :
L'acquisition d'un tel outil représenterait sans doute un
investissement intéressant pour un maître d'ouvrage public «
novice » en matière de coût global.
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