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Promotion 2016 Spécialité
Bâtiment
Option Bâtiment et Ville Durable
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MEMOIRE DE TFE
Intégration et optimisation d'une
démarche de développement durable dans le processus achat des
marchés publics de travaux.
Mémoire réalisé par Mathieu
PACAUD
Entreprise d'accueil :
RADIO FRANCE
Direction des Achats
116, avenue du Président Kennedy
75220 Paris Cedex 16
Informations relatives au stage :
Stage effectué du 19/05/2014 au 21/11/2014
Tuteur de stage : Mme Malika KADIRI
Conseiller pédagogique : M. Benjamin NGUYEN HUU
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Sommaire :
1) Achat Responsable : quels enjeux et
problématiques associées ? 6
1.1 Chapitre introductif : découverte et exploitation des
énergies, un démultiplicateur de
croissance. 6
1.2 La « responsabilité » du bâtiment :
7
1.3 La « responsabilité » de la commande
publique : 7
1.4 Achat Responsable - Définition : 7
1.5 Etat des lieux général : 8
1.6 Le poids du Développement Durable dans les appels
d'offre : 10
1.7 Les freins : 11
2) Quels moyens à la disposition de l'acheteur public
travaux chez Radio France ? 13
2.1 Présentation de la Direction des Achats de Radio
France : 14
2.2 Faire le point sur la règlementation 19
2.3 Prise en compte du développement durable dans les
marchés passés par Radio France et
premières pistes d'amélioration :
27
2.3.1 Prise en compte du développement durable
dans les documents de marché : 27
2.3.2 Le suivi et l'évaluation des fournisseurs :
32
2.3.3 Echanger, s'inspirer des pratiques externes et
comparer ses performances : 37
2.4 Autres pistes d'amélioration : 44
2.4.1 La prise en compte du Coût Global et
bénéfices associés : 44
2.4.2 Prise en compte des enjeux sociaux du
développement durable : 55
2.5 Indicateurs, reporting et évaluation de
création de valeur par les achats responsables et
durables : 58
3) Propositions concrètes d'outils en application
aux marchés de radio France et en
adéquation avec la stratégie du
groupe (incluant les problématiques rencontrées). 64
3.1 La performance environnementale comme critère
d'attribution : 64
3.2 Le coût global comme critère d'attribution :
67
Comment déterminer la consommation
énergétique théorique d 'un bâtiment :
67
Les autres coûts différés :
68
Les outils à la disposition de l'acheteur
relatifs au coût global : 68
4) Conclusion : 69
5) Bibliographie : 70
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Lors de mon stage de fin d'études effectué au sein
de la Direction des Achats du groupe Radio France j'ai pu découvrir,
avec beaucoup d'intérêt, le métier d'acheteur public et le
fonctionnement d'une direction achat telle qu'il en existe dans les grandes
entreprises. J'ai ainsi eu l'opportunité de me familiariser avec le
domaine des marchés publics, les règlementations et les processus
associés.
Etant cependant très attaché aux différentes
problématiques liées au développement durable et aux
notions telles que le cycle de vie ou le coût global qui en
découle, je me suis étonné de constater leur trop faible
prise en compte. C'est pour cette raison que j'ai proposé à Radio
France la rédaction d'un mémoire sur l'intégration d'une
démarche d'achat responsable, en insistant sur les
bénéfices apportés et en proposant un certain nombre de
pistes d'améliorations.
Dans un premier temps nous analyserons les enjeux relatifs aux
achats responsables associés aux marchés publics de travaux, nous
ferons le point sur l'intégration de ces enjeux dans les marchés
actuels et sur les freins au développement de la démarche. Nous
verrons ensuite quels sont les outils à la disposition de l'acheteur
public chez Radio France ; quels sont les outils à améliorer,
quels outils pourraient être développés ? L'accent sera en
particulier mis sur l'importance de définir la valeur ajoutée des
achats responsables. Finalement nous proposerons quelques outils plus concrets
qui pourraient être mis en application dans le cas des marchés de
travaux passés par Radio France.
J'espère que ce document saura encourager le groupe
à poursuivre ses efforts en termes de développement durable et le
persuader de l'intérêt de la démarche.
During my last year internship I did within Radio France
Purchasing Department I had the chance to experience, with a great interest,
the work of public buyer and the organisation linked to a purchassing
department such as the ones we could find in some big companies. I thus had the
opportunity to familiarize myself with the area of public procurement,
regulations and associated processes.
Being still very attached to the various issues related to
sustainable development and concepts such as life cycle cost or total cost of
ownership. I was surprised to see them only faintly taken into consideration.
That is why I suggested to Radio France and wrote a paper on the integration of
sustainable procurement, focusing on the provided benefits and proposing a few
areas of improvement.
We will first analyse the issues associated with public
sustanable procurement linked to public works contracts, we will review the
inclusion of these issues in current contracts and the obstacles to it's
development. We will then see what tools are available to the public buyers at
Radio France; what tools to improve, what tools could be developed? We will
particularly focus on the importance of defining the value added of sustanable
procurement. In the end we will propose some more concrete tools that could be
applied in the case of Radio France works contracts.
I hope that this document will encourage the group to continue
its efforts in terms of sustainable development and persuade him of the
interest of this approach.
ESTP Mathieu PACAUD
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1) Achat Responsable : quels enjeux et
problématiques associées ?
1.1 Chapitre introductif : découverte et
exploitation des énergies, un démultiplicateur de croissance.
Amorcée par la révolution industrielle du XIXe
siècle, freinée par les Grandes Guerres puis relancée par
la naissance de l'industrie pétrolière à partir des
années 50, l'évolution démographique mondiale va exploser
dès le début du XXe siècle, nous faisant passer d'une
population de 1,76 Milliards d'habitants en 1900 à plus de 7,2 Milliards
en 2014 soit une population globale plus que quadruplée.
Cette explosion démographique, qui n'en est pas encore
à son point culminent puisque la population totale est estimée
à 9 Milliards d'individus pour 2050, fait planer de sérieux
enjeux à la fois sociaux, économiques et environnementaux
au-dessus de nos têtes (gestions des ressources, besoins en alimentation,
empreinte carbone, crises économiques, gestion des déchets,
formation et développement des compétences, perte de
diversité, inégalités, chômage, éthique...)
et plus encore pour les générations futures.
Cette croissance démographique et technologique ainsi
que notre capacité croissante à polluer la planète, sont
en grande partie liées à la découverte et à
l'exploitation massive des énergies fossiles de manière
démesurée et incontrôlée. Si l'exploitation du
charbon a débutée bien avant, c'est l'industrie
pétrolière, à partir de 1955 qui va réellement
amorcer la « boulimie » énergétique de la fin du XXe
siècle. Il faut avoir conscience qu'un litre d'essence, vendu environ
0,5 € hors taxes et frais de distribution, peut produire environ 4kW.h
d'énergie mécanique soit l'équivalent de l'énergie
développée par 4 cyclistes professionnels en une étape de
course type tour de France ; la différence de rapports énergie
produite/prix entre le pétrole et l'énergie humaine est ainsi
drastique. Dans cette même optique, certains calculs ont abouti à
la conclusion que la consommation d'un individu en 2000 correspondait à
un équivalent de 100 « esclaves énergétiques ».
On comprendra aisément qu'une telle puissance subitement mise à
notre disposition ai pu engendrer les sérieux problèmes,
environnement principalement mais aussi sociaux et économiques de part
notamment les inégalités crées par la mise à
disposition et l'utilisation déphasée dans le temps de ces
énergies, que nous connaissons actuellement.
Il nous faut donc apprendre à consommer, concevoir et
acheter différemment. Si la prise de conscience de ces différents
enjeux a débuté dès la seconde moitié du XXe
siècle, c'est dans le rapport Brundtland, publié en 1987,
qu'apparaît la première définition du Développement
Durable et qui reste, pour de nombreux experts, la définition
modèle :
« Un développement qui répond aux
besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre aux leurs. Deux
concepts sont inhérents à cette notion : le concept de besoin, et
plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis,
à qui il convient d'accorder la plus grande priorité, et
l'idée des limitations que l'état de nos techniques et de notre
organisation sociale imposent sur la capacité de l'environnement
à répondre aux besoins actuels et à venir. »
Cette définition semble cependant axée sur les
aspects sociaux et environnementaux du développement durable, en
laissant de côté le troisième pilier qu'est l'aspect
économique. Malgré la bonne volonté et la prise de
conscience croissantes de nombreux états un dilemme de taille freine
bien souvent les négociations internationales : comment demander aux
pays émergeant de consommer moins lorsque, à eux seuls, les pays
industrialisés sont responsables de près de 80% des
émissions de gaz à effet de serre cumulées dans
l'atmosphère depuis 1900 alors qu'ils représentent à peine
plus de 15% de la population mondiale. S'il est certain que les pays les plus
« responsables » devraient fournir de plus gros efforts et appuyer
les pays en voie de développement dans leur
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croissance il apparaît aussi important de
démontrer aux entreprises les bénéfices quantifiables, en
particulier financièrement, que peuvent apporter l'intégration
d'une démarche socialement, environnementalement et
économiquement responsable.
Ce mémoire portera principalement sur le domaine des
travaux de construction ou de réhabilitation réalisés par
des entreprises ou acteurs publics tels que Radio France et qui, comme nous
allons le voir, représente un levier important pour la formation d'une
société plus responsable.
1.2 La « responsabilité » du
bâtiment :
Le secteur du bâtiment est responsable à lui seul
de 40% de la consommation énergétique en France, de 23% des
émissions de CO2 en France, de 40% des déchets et de
40% des émissions de CO2 mondiales. D'un point de vue
économique, et sur la durée de vie totale d'un bâtiment,
75% des coûts proviendront de son exploitation contre 20% pour la
construction et 5% pour les études. De ces deux constats, il
apparaît d'une part clairement l'importance à donner au domaine de
la construction pour aux enjeux actuels du développement durable, mais
aussi l'importance d'avoir un raisonnement global sur toute la durée de
vie du bâtiment (construction, exploitation et maintenance, fin de vie)
avec des indicateurs liés d'une part à la construction mais
également d'autres indicateurs qui soient liés à son
exploitation.
1.3 La « responsabilité » de la
commande publique :
La commande publique représente 16% du P11B
européen et 10% du P11B en France et constitue ainsi un levier important
pour le développement durable. Au-delà de cette part non
négligeable dans le P11B il s'agit d'un secteur qui doit se montrer
exemplaire et porteur d'innovation pour influencer le marché. Dans cette
lourde tâche, l'acheteur public semble avoir une place
déterminante : en devenant un élément porteur de la
démarche et de son développement et avec le soutien
nécessaire, il va en effet pouvoir gagner en légitimité et
créer une forte valeur ajoutée, prouvée et mesurée,
en achetant de manière responsable.
1.4 Achat Responsable - Définition :
Avant d'aller plus loin il me semble important de définir
clairement ce qu'est un achat responsable. L'observatoire des achats
responsables (ObsAR) en donne en 2011 la définition suivante, qui me
semble relativement pertinente et complète :
« Tout achat intégrant dans un esprit
d'équilibre entre parties prenantes des exigences, spécifications
et critères en faveur de la protection et de la mise en valeur de
l'environnement, du progrès social et du développement
économique. L'acheteur recherche l'efficacité,
l'amélioration de la qualité des prestations et l'optimisation
des coûts globaux (immédiats et différés) au sein
d'une chaîne de valeur et en mesure l'impact. » «
Définition de l'Achat Responsable par l'ObsAR »
Cette définition intègre en effet les trois piliers
du développement durable, elle met l'accent sur l'importance des
différentes parties prenantes et sur la notion primordiale de mesure de
la valeur ajoutée. C'est également une définition qui
pourra être amenée à évoluer puisque la notion
d'achats responsables est, comme nous allons le voir, relativement jeune.
ESTP Mathieu PACAUD
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Responsables Page 8 sur 70
1.5 Etat des lieux général :
Si le terme de direction des achats dans une entreprise est
relativement récent (à peine plus d'une trentaine
d'années), la notion d'achats durables ou responsable l'est d'autant
plus. On commence à parler d'achats responsables au début des
années 2000, l'on assiste alors à une forte effervescence autour
de ce sujet encore émergent plus liée à un effet de mode
et à des préoccupations marketing qu'à un réel
désir d'entreprendre des actions en profondeur. Seuls quelques pionniers
entreprennent une démarche concrète et approfondie sur le sujet,
et prennent la pleine mesure des enjeux qui y sont associés ainsi que
des bénéfices qu'ils pourront en tirer. Dans les années
2002 - 2004 un certain nombre de grandes entreprises nomment leurs Directeurs
du Développement Durable qui seront bien souvent livrés à
eux même et sans grands moyens. Le « baromètre » HEC -
EcoVadis, qui réalise des études sur l'évolution du
développement durable au sein des directions achats depuis 2003
caractérisera cette période 2000-2004 comme étant un
« effet de mode ». Toutefois pendant cette période, et
toujours selon les études réalisées par HEC, 40% des
directeurs achats interrogés citent déjà, en 2003, le
développement durable comme faisant partie de leurs priorités en
termes de stratégie.
A partir de 2004, de nombreux Directeurs
Généraux prennent conscience des risques liés à la
non intégration du développement durable dans leur
stratégie globale notamment à la suite d'un certain nombre de cas
d'entreprises « piégées » par le non-respect de la
réglementation. Il s'agit plus alors d'une contrainte liée
à la gestion des risques et à la réglementation ainsi
qu'à l'image de la société que d'une réelle
volonté de bien faire. Il faut d'autre part préciser que pendant
cette période allant jusqu'à 2006, très rares sont les
entreprises à intégrer de manière complète les
trois piliers environnemental, social et économique. Entre 2004 et 2006,
et comme l'a montré l'enquête HEC de 2009 :
« plus de 60% des Directeurs Achats interrogés
considèrent qu'il devient stratégique de prendre en compte le
Développement Durable dans leurs politiques et leurs pratiques ;
toutefois d'énormes écarts subsistent entre cette vision
naissante et les niveaux de pratiques réellement observés sur le
terrain. » « Baromètre HEC - EcoVadis 2009 »
Dès 2006, et jusqu'en 2008, on va entrer dans une
période caractérisée par un désir pour les
entreprises d'entreprendre des actions concrètes ; désir qui sera
freiné par un manque d'outils dédiés, manque
d'indicateurs, de compétences pour mener à bien et quantifier les
bénéfices d'une politique d'achats durables. Durant cette
période, il a été révélé que :
« 80% des Directeurs Achats affirment que le
Développement Durable fait partie de leur TOP 3 priorités, juste
derrière la réduction des coûts directs et indirects. Il
reste toutefois encore un grand écart entre les déclarations
d'intention et les réalisations concrètes - visibles sur le
terrain - puisque moins de 10% disent avoir pleinement accompli leurs objectifs
d'Achats Durables, et 50% avouent n'avoir encore rien initié du tout ou
très peu. » « Baromètre HEC - EcoVadis 2009
»
Pendant cette période se sont principalement des
actions simples mais à fort impact qui ont été
entreprises. A titre d'exemple, et comme précisé dans le
baromètre HEC, le choix en 2007 par le groupe La Poste d'utiliser le
train plutôt que l'avion sur le trajet Paris / Bordeaux lui permet de
réduire son empreinte carbone tout en réalisant des
économies considérables. Cette même période sera
également celle d'une présence accrue du développement
durable au sein des relations fournisseurs. Malgré la crise, on constate
que l'intérêt pour le Développement Durable ne faiblit pas
puisqu'il se généralise à tous les secteurs
d'activités et que les ressources dédiées au sein des
entreprises augmentent d'une manière générale. Le
baromètre HEC 2009 mène cependant au constat que la plupart des
entreprises (65%) gardent une approche défensive (protection de l'image
de l'entreprise et respect de la réglementation), 41% considèrent
le DD comme un levier économique potentiel et un peu plus de 20%
adoptent une démarche « offensive ».
Ci-dessous les principaux facteurs de motivations aux initiatives
Achats Durables issus du
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baromètre HEC - EcoVadis 2009 :
En 2009 81% des entreprises avaient entamé une
démarche d'intégration du développement durable dans leur
processus achat mais seules 7% estimaient avoir pleinement atteint leurs
objectifs :
Entre 2009 et aujourd'hui, les choses ont encore très
largement évolué, avec de nombreux appuis comme la
législation dont nous aurons l'occasion de reparler plus en
détail.
Dans leur dernière étude datant de 2013
intitulée « Sustainable Procurement : Time to measure value
creation ! », et ce après 4 années d'évolution, HEC
et EcoVadis se sont principalement intéressé à l'un des
grands enjeux actuels des achats durable : la mesure des résultats.
Depuis 2007, l'importance donnée au
développement durable au sein des entreprises ne semble plus
évoluer ; si de nouveaux facteurs tentent de se faire une place en
tête de liste tels que la réponse aux attentes des clients, les
risques liés à la chaine de production ou les avantages
compétitifs par rapport aux concurrents, le principal facteur moteur
reste la maîtrise des risques lié à l'image de l'entreprise
ainsi que la conformité à la réglementation. En effet,
à une époque où de nombreuses actions en faveur du
développement durables sont connues et mises en oeuvre, où une
organisation spécifique est progressivement mise en place au sein des
entreprises avec des directions ou services dédiés, reste la
question, et ce afin de donner sa pleine légitimité / force aux
achats responsables, de la quantification des résultats obtenus, que ce
soit en termes de réduction de coûts, de minimisation des risques
ou encore de bénéfices environnementaux.
Force est de constater qu'encore aujourd'hui, parmi l'ensemble
des marchés publics de travaux et en particulier ceux passés par
Radio France, rares sont ceux à intégrer une démarche
d'achats responsables et à en exploiter pleinement le potentiel.
Diverses études semblent pourtant montrer une nette amélioration
quant à l'importance du développement durable au sein des appels
d'offre.
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Responsables Page 10 sur 70
1.6 Le poids du Développement Durable dans les
appels d'offre :
L'Observatoire des Achats Responsables, en association avec la
société d'études et de sondages OpinionWay publie chaque
année son « Baromètre Achats Responsables » dont la
dernière a été publié en février dernier.
Selon cette étude, basée sur un sondage effectué
auprès de 351 responsables achats dont 105 issus d'organisations
publiques, 81% des sociétés ayant mis en place une politique
d'achats responsables estiment aujourd'hui avoir une bonne connaissance globale
des règlementations, référentiels et bonnes pratiques
(contre 75% en 2015). 42% d'entre elles accorderaient même à la
mise en oeuvre ou à l'approfondissement de leur politique d'Achats
Responsables une place prioritaire et 61% estiment avoir atteint voir
dépassé leurs objectifs en la matière. Dans le secteur
public 43% des répondants mènent une politique d'Achats
Responsables depuis plus de cinq ans et l'on pourrait donc s'attendre à
une très bonne prise en compte des enjeux du Développement
Durable dans les appels d'offre. Qu'en est-il réellement ?
Lorsque l'on étudie les documents de consultations des
divers appels d'offre actuels relatifs à des marchés de travaux
le constat semble bien loin de ce que semblaient nous promettre les sondages.
En effet très rares sont les marchés à intégrer de
manière approfondie les problématiques du développement
durable et une majorité d'entre eux (en particulier pour les plus petits
appels d'offre) s'en tient pour ainsi dire au strict minimum.
Bien que l'utilisation de critères de sélection des
offre sociaux /environnementaux ou l'intégration de clauses
contractuelles soit de plus en plus courante, les chiffres restent en effet
relativement faibles.
A titre d'exemple, et selon une enquête statistique
réalisée en 2013 par l'OEAP seuls 6,7% des marchés de 90
000 € HT et plus comportaient une clause environnementale et 6,1%
comportaient une clause sociale. Bien que ces chiffres soient en constante
évolution nous restons aujourd'hui très loin d'une utilisation
systématique de ces outils.
Dans cette optique la France a mis au point un Plan National
d'Action pour les Achats Publics Durables pour la période 2015-2020
(PNAAPD). Sa réalisation est issue d'une demande initiale de la
Commission européenne formulée en 2003 qui s'est ensuite
poursuivie. Ce plan d'action succède au plan d'action 2007-2010 qui
avait pour objectif de faire de la France un pays exemplaire en termes
d'intégration des enjeux du développement durable dans ses
marchés publics. Il fixe un certain nombre d'objectifs à horizon
2020 :
D'ici 2020,
· 25% des marchés passés au cours de
l'année comprendront au moins une clause sociale,
· 30% des marchés passés au cours de
l'année comprendront au moins une clause environnementale,
· Dès l'étape de la définition du
besoin, 100% des marchés feront l'objet d'une analyse approfondie,
visant à définir si les objectifs du développement durable
peuvent être pris en compte dans le marché.
· 60% des organisations publiques (services de l'Etat,
établissements publics, collectivités locales et
établissements publics locaux, établissements hospitaliers)
seront signataires de la charte pour l'achat public durable en 2020.
· 100% des produits et services achetés par les
organisations publiques seront des produits à haute performance
énergétique, sauf si le coût global des produits et
services à haute performance énergétique est
supérieur à celui des produits et services classiques, et dans la
mesure où cela est compatible avec l'adéquation technique et la
durabilité au sens large.
· 80% des organisations réalisant des achats de
papier, d'appareils d'impression, de fournitures, de mobilier, de
vêtements, de matériel de bureautique prendront en compte la fin
de
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vie de ces produits, que ce soit dans les conditions
d'exécution du marché ou dans une démarche globale de
gestion de la fin de vie des produits (recyclage, réemploi, traitement
des déchets...).
Après étude de divers appels d'offre disponibles
sur la plateforme
Achatpublic.com je n'ai pu trouver
aucun document de consultation intégrant l'intégralité des
objectifs précédents et rares sont ceux qui en prennent compte ne
serait-ce que quelques-uns.
En reprenant l'exemple de Radio France je n'ai par exemple vu
apparaître aucune clause sociale ni environnementale dans les contrats
liés à des marchés de travaux que j'ai été
amené à étudier durant mon stage. Aucun d'entre eux n'a
non plus fait l'objet d'une étude que l'on puisse qualifier
d'approfondie visant à définir si les objectifs du
développement durable pouvaient être pris en compte dans le
marché. Le seul véritable effort d'intégration du
Développement Durable par la Direction des Achats se résumant
bien souvent à tâcher d'utiliser lorsque cela était
possible, et à la décision de l'acheteur, des critères
environnementaux de sélection des offres.
La plupart des acteurs publics ne semblent ainsi, aujourd'hui
encore, faire « l'effort » d'intégrer le Développement
Durable à leurs marchés que pour les plus gros d'entre eux, sans
avoir de politique bien définie en la matière. Quels sont les
freins à la mise en place de la démarche ?
1.7 Les freins :
Le métier d'acheteur est, comme nous l'avons vu, un
métier relativement nouveau dans le monde de l'entreprise qui peine bien
souvent à se faire apprécier à sa juste valeur. Les
prescripteurs ont encore aujourd'hui tendance à tenir l'acheteur, qu'ils
perçoivent comme un frein, à l'écart des projets. Pour
gagner en légitimité l'acheteur responsable devra faire preuve
d'initiatives, devra être force de proposition et prouver par des
résultats concrets les bénéfices de son action.
Les achats responsables sont pour beaucoup synonymes de couts
supplémentaires, et le manque d'indicateurs de mesures reste l'un des
principaux freins à la démarche. Le secteur public est
également un secteur qui, d'une manière générale, a
du mal à se projeter sur le long-terme lorsqu'il s'agit des coûts,
freinant ainsi l'utilisation d'outils tels que le TCO pour l'évaluation
du prix global d'un marché.
En 2009, le baromètre HEC-EcoVadis référence
ainsi les principaux freins au déploiement d'initiatives Achats
Durables. A l'époque les principaux freins sont ainsi les suivants :
1- Contraintes budgétaires : 48%
2- Objectifs contradictoires Court Terme / Long Terme : 44%
3- Manque d'indicateurs de mesure : 43%
4- Manque d'outils : 27%
5- Responsabilités non définies clairement :
22%
6- Résistance des fournisseurs : 21%
7- Absence de soutien de la Direction : 17%
8- Manque d'expertise interne : 8%
9- Autres : 5%
Dans le dernier Baromètre des Achats Responsables ObsAR /
OpinionWay de 2016 le constat est sensiblement le même : si les
contraintes budgétaires tendent à être de moins en moins
problématiques, le manque d'indicateurs de mesure reste le frein
principal lors de la mise en place d'Achats Responsables.
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Le Baromètre HEC EcoVadis de 2013 faisait quant à
lui apparaitre en tout premier plan un manque de soutien de la part des
Directions en amont. L'aspect contradictoire des objectifs CT/LT faisait
également parti freins qualifiés de « critiques » dans
la mise en place et le développement d'une politique d'Achats
Durables.
Il est intéressant de noter que cette problématique
d'objectifs contradictoires tend à garder la même importance au
fil des années alors que la maturité des entreprises en termes de
développement durable évolue (43% des Directeurs Achats
interrogés en 2013 considérait les objectifs contradictoires
comme un frein « critique » contre 40% en 2007). On voit d'ailleurs
bien dans le Baromètre ObsAR Opinionway de 2016 (cf. graphique
précédent) que ce facteur reste toujours aussi important bien
qu'une nette amélioration puisse être constatée entre 2015
et 2016.
Ci-dessous les freins principaux au développement d'une
politique d'achat responsable (Baromètre HEC EcoVadis 2013 «
Time to measure value creation ! ») :
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Ci-dessous l'évolution des freins principaux en fonction
du niveau de maturité d'une entreprise (Baromètre HEC EcoVadis
2013 « Time to measure value creation ! ») :
Ainsi, si l'on a bien conscience qu'il est de temps de passer du
stade de management du risque à celui de création de valeur, les
objectifs d'économies à court terme contradictoires avec les
notions de coût global et d'action sur le long terme du
développement durable font également partie des problèmes
majeurs. A cela s'ajoute de toute façon le manque de modèles TCO
simples et facilement applicables, par exemple pour le calcul du prix dans les
critères de sélection.
Se pose également la question de la bonne diffusion des
pratiques, du partage des informations entre les différents acteurs pour
une mise en commun d'une base de connaissances, de données et d'outils.
En effet, dès lors qu'une société prend conscience de la
potentielle valeur ajoutée des achats responsables dans sa
stratégie, se pose le problème de la concurrence (Il m'a
semblé en particulier très difficile d'obtenir des informations
provenant du secteur privé) qui freine le partage de pratiques
innovantes. Si la règlementation impose aux sociétés
cotées en bourse une parfaite transparence quant à la
communication de leurs résultats liés au développement
durable, rien ne les oblige à rendre public les procédés
mis en oeuvre ou les outils utilisés dans un processus d'achat
responsable.
Nous tacherons dans la suite de ce mémoire de
préciser la problématique dans le cadre des marchés
publics de travaux et en particulier concernant le groupe Radio France. Nous
tâcherons ainsi d'établir un certain nombre de processus / outils
à mettre en place afin d'intégrer pleinement les enjeux du
développement durable dans le cadre d'un chantier de rénovation
de grande envergure ou plus généralement dans le cadre d'une
stratégie immobilière globale. L'objectif étant d'aller
vers une politique d'Achat Responsable non plus basée sur un simple
management du risque, mais vers une véritable création de valeur,
démontrée et quantifiée.
2) Quels moyens à la disposition de l'acheteur
public travaux chez Radio France ?
Comme nous allons le voir, notamment au regard de ce que nous
permettent les nouvelles règlementations, il existe une multitude
d'actions, de processus ou d'outils à la disposition de l'acheteur
public pour intégrer les enjeux du développement durable.
Rappelons avant toute chose les principes généraux
relatifs au développement des achats
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responsables au sein d'une entreprise et l'importance de son
inscription dans une stratégie globale.
Il est en effet primordial qu'un processus d'achat responsable
s'inscrive dans une politique de développement durable élargie au
groupe lui-même et incluant une communication touchant tous les acteurs
internes comme externes. Les bénéfices d'une démarche
d'achats responsables touchent en effet tous les acteurs que sont la
société, les clients, les salariés, les acheteurs, les
fournisseurs ou encore la collectivité.
La méthodologie pour mettre en place une politique
d'achats responsables se fait ainsi sur trois niveaux :
- Au niveau stratégique il s'agit pour la
direction d'ancrer la démarche au sein de la stratégie globale du
groupe, de mettre en place un mécanisme d'évaluation des besoins,
d'établir des lignes directrices ainsi que de flexibiliser les processus
budgétaires (en effet aujourd'hui les économies
réalisées sur le long terme ne profitent pas à leurs
auteurs, ce qui n'incite pas au développement de stratégies sur
le long terme)
- Au niveau organisationnel il s'agit pour les
responsables des achats d'évaluer la situation, de fixer des objectifs,
de développer un plan d'action puis de le mettre en oeuvre puis de
mesurer les résultats obtenus.
- Au niveau opérationnel il s'agit pour
les acheteurs de réaliser une analyse de marché
détaillée, d'utiliser les différents outils disponibles
pour intégrer les enjeux du développement durable dans les appels
d'offres et de suivre les contrats.
Pour la mise en place d'une telle politique il sera indispensable
d'y inclure de la formation, adaptée à chaque fonction et ce pour
l'ensemble du personnel.
Dans cette partie du mémoire, après avoir
présenté la direction des achats de Radio France et fait le point
sur la règlementation, nous ferons l'état des lieux des pratiques
qui y sont mises en place ; nous proposerons ensuite un certain nombre de
pistes d'amélioration à intégrer au processus actuel afin
de développer une démarche plus responsable. Nous essaierons
d'inclure des éléments relatifs aux trois niveaux,
stratégique, organisationnel et opérationnel
précédemment évoqués.
L'accent sera en particulier mis sur les enjeux environnementaux
et économiques du développement durable. Nous évoquerons
cependant l'aspect règlementaire lié aux enjeux sociaux actuels
et les avantages que peut avoir en particulier le recours au secteur
protégé et adapté.
2.1 Présentation de la Direction des Achats de
Radio France :
Présentation générale :
La Direction des Achats de Radio France est située
à la Maison de la Radio, Paris 16ème
(ex. Maison de l'O.R.T.F. inaugurée par le Général de
GAULLE en 1963 et resté depuis un bâtiment emblématique de
la ville de Paris). En 2003, et à la suite d'une demande de mise en
conformité en termes de résistance au feu de la préfecture
de police de Paris, un programme de réhabilitation voit le jour avec un
double objectif : accroître la sécurité du bâtiment
qui, selon un diagnostic de sécurité, aurait pu voir sa structure
métallique céder en moins de 7 minutes en cas d'incendie, mais
aussi permettre une plus large ouverture au public ainsi qu'une meilleure
intégration du bâtiment dans la ville. Les travaux
débuteront en 2008 et sont toujours en cours alors que mon stage se
termine, fin 2014, bien que l'ouverture au public du bâtiment et plus
particulièrement de son grand auditorium (nouvelle salle de prestige des
quatre formations musicales de la Maison) ai eu lieu en Novembre 2014.
C'est dans ce contexte que le premier groupe radiophonique
français décide en 2011, de mettre en place une politique d'achat
ambitieuse et conforme aux engagements pris lors du COM (Contrat d'Objectifs et
de Moyens) passé avec l'Etat pour la période 2010-2014,
conduisant ainsi à la création d'une Direction Achat telle qu'il
en existe dans les grandes structures du secteur public ou
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privé et donc les deux grands objectifs sont les
suivants : optimiser le rapport qualité / prix et assurer une parfaite
sécurité juridique de l'acte d'achat. Mais elle devra
également, et tel que mentionné dans la politique d'achat du
groupe :
« Tenir compte des préoccupations nouvelles et de
plus en plus présentes telles que le développement durable et
l'achat socialement responsable ».
La Direction des Achats de Radio France comprend quatre
pôles liés aux catégories d'achat qui sont les suivantes
:
- Numériques, Techniques et Technologies Nouvelles
- Prestations Intellectuelles et Infrastructures
- Travaux, Réhabilitation
- Travaux, Réseaux et Patrimoine
- Fournitures et Prestations de services
Elle se divise en trois départements associés aux
trois principaux métiers de la direction achat :
- Le Département des achats associé au
métier d'acheteur - Le Département des marchés
associé au métier de juriste
- Le Département P.P.A.Q (pilotage de la performance
achats et qualité) associé au métier de pilote achats et
performance
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Ci-dessous l'organigramme de la Direction des Achats en 2014 :
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Les chiffres clés en 2014 :
Le caractère public de Radio France :
Radio France est une société anonyme à
capitaux publics. Ce statut soumet le groupe, pour ces achats, à
l'ordonnance n° 2005-649 du 06/06/2005 relatives aux marchés
passés par certaines personnes publiques ou privées, non soumises
au code des marchés publics et à son décret d'application
n° 2005-1742 du 30/12/2005.
Les principes fondamentaux de ce texte sont la mise en
concurrence obligatoire, l'égalité de traitement des candidats et
la transparence des procédures.
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L'ordonnance repose ainsi sur 3 principes fondamentaux de la mise
en concurrence :
« Tous les candidats doivent
bénéficier des mêmes informations et des
mêmes
conditions de mise en
concurrence »
« Aucune limitation à l'accès des
candidats aux marchés publics qui ne soit strictement
justifiée par les conditions d'exécution du marché
»
« Un « bon marché » ne doit pas se
contenter de respecter les règles de la commande publique. Le respect
des règles est un préalable »
« La finalité reste la bonne utilisation des
ressources budgétaires de Radio France»
« L'acheteur rend public ce qu'il fait et fait ce qu'il a
rendu public »
s :
La Politique Achat de Radio France :
En tant que premier groupe radiophonique et diffuseur officiel
des radios publiques en France Radio France se doit d'être exemplaire sur
tous les plans et en particulier pour la réalisation de ces achats. Le
groupe doit en particulier veiller à une utilisation intelligente des
deniers publics et véhiculer une image d'exemplarité sociale,
économique et environnementale.
Six axes fixent ainsi, pour répondre à ces
enjeux, les grandes orientations des achats chez Radio France, tant aux niveaux
stratégiques qu'opérationnels :
1.1. LES 6 AXES DE LA POLITIQUE D'ACHAT DE RADIO
FRANCE
1. Les principaux leviers d'achat pour construire sa
stratégie d'achat
1. L'amélioration des spécifications des
fournitures, services et travaux achetés,
2. La concentration des volumes au bon niveau de
l'organisation,
3. L'approche des prix en coût complet,
4. La négociation,
5.
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La connaissance des marchés fournisseurs,
6. Une utilisation plus large des nouveaux outils d'achat et
perspectives de l'ordonnance de 2005
2. La maitrise des dépenses
Anticiper
· Mettre en place des plans annuels d'économies
(avec objectifs et indicateurs de suivi),
· Intégrer des objectifs d'économie de
dépenses (volume et prix) dans les budgets. Optimiser
l'achat
· Définir le juste niveau des besoins pour
éviter des prix trop élevé,
· Définir des stratégies d'achat ainsi que
des objectifs d'économie par famille d'achats,
· Intégrer la démarche achat à toutes
les étapes importantes d'un projet. Optimiser la
commande
· Reconsidérer la gestion des achats
répétitifs de faible montant en mettant en place des
systèmes simplifiés et en imposant aux fournisseurs des
facturations adaptées,
· Améliorer les coûts de gestion de stocks.
Optimiser l'approvisionnement
· L'optimisation des circuits d'approvisionnement doit
rester un souci constant,
· Il est important que chaque direction définisse un
plan d'actions d'optimisation de l'organisation de ses approvisionnements et de
la gestion de ses stocks.
3. La maîtrise des risques juridiques
La maîtrise des risques juridiques doit être un
objectif permanent :
· L'acheteur doit impérativement s'appuyer sur
l'ordonnance, son décret d'application et sur les règles
définis en internes,
· Une collaboration permanente doit s'exercer entre les
acheteurs, les rédacteurs de marchés et les juristes.
4. L'engagement dans l'achat responsable
Radio France souhaite s'engager dans une large démarche
d'achat responsable, visant à :
· équilibrer les préoccupations
économiques, sociales environnementales et de diversité.
· mettre en place des stratégies d'achat
cohérentes, centrées sur la durabilité et
l'équité, dans le cadre des préoccupations sociales et du
développement durable.
5. Le contrôle des achats
Chaque direction est responsable de la surveillance et du
contrôle des prestations exécutées dans le cadre de ses
marchés. Elle travaillera pour cela en étroite collaboration avec
le service pilotage et contrôle de la performance achat.
6. Les règles déontologiques
Les règles énoncées intéressent
toutes personnes travaillant, de manière temporaire ou permanente, pour
Radio France et participant, directement ou indirectement, à l'achat et
plus particulièrement les acheteurs. Elles concernent plus
particulièrement les comportements à adopter ou à
proscrire en matière d'achats, qu'il s'agisse d'achats sans
formalité préalable ou d'achats formalisés (appels
d'offres, marchés négociés, etc.)
Si la volonté du groupe d'intégrer le
développement durable dans la passation de marchés est bien
présente comme on peut le voir par exemple dans les 6 axes
précédents ou plus généralement dans les
différents documents liés à la stratégie achat, la
mise en oeuvre dans la pratique est « timide » et les actions mises
en place sont pour l'instant limitées.
Quelle est l'organisation actuelle et comment pourrait-on faire
des achats responsables un élément central de la politique achat
du groupe ? Nous tâcherons dans un premier temps de faire le point sur un
certains nombres d'actions / processus à mettre en place ainsi que sur
l'aménagement d'indicateurs permettant de mesurer la valeur
ajoutée des processus ainsi mis en place. Nous essaierons finalement
d'étudier une application concrète relative à un appel
d'offre et à son suivi.
2.2 Faire le point sur la règlementation
Avant d'aller plus loin il semble important de faire le point sur
le cadre règlementaire relatif à la prise en compte du
Développement Durable dans les achats. Si celui-ci impose un certain
nombre de contraintes c'est aussi est surtout, comme nous allons le voir, dans
l'objectif d'apporter à l'acheteur public toujours plus
d'opportunités pour la mise en oeuvre d'une politique d'achat
responsable.
Il parait en effet primordial de connaître la
règlementation pour acheter dans le respect de la loi
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d'une part, mais surtout pour pouvoir optimiser au mieux sa
démarche en profitant de tous les outils, instruments de marché
et moyens mis à disposition par l'Etat.
2.2.1 Objectifs de la France concernant l'énergie et
l'environnement :
Dérèglements climatiques, épuisement des
ressources ou encore perte de biodiversité sont quelques un des grands
enjeux du Développement Durable en matière de protection de
l'environnement. Pour faire face à ces enjeux et entamer la transition
énergétique la France s'est engagé politiquement, dans une
dynamique collective de l'Union Européenne, sur un certain nombre
d'objectifs à long terme concernant en particulier les énergies
et les émissions de gaz à effet de serre.
Le Grenelle de l'environnement :
Pour répondre aux problématiques environnementales
du développement durable la France lance le 18 mai 2007 le Grenelle de
l'environnement dont sera issue la loi dite « Loi Grenelle 1 du 3
août 2009 » ou plus précisément la « loi
n°2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise
en oeuvre du Grenelle de l'environnement ».
Les engagements suivants sont alors pris :
A horizon 2020 :
- Réduire de 20% les émissions de gaz à
effet de serre par rapport à 1990.
- Améliorer de 20% l'efficacité
énergétique.
- Porter à 20% la part d'énergies renouvelables
dans la part de consommation finale.
A horizon 2050 :
- Diviser par quatre les émissions de gaz à effet
de serre par rapport à 1990 (environ 3% par an).
Le secteur du bâtiment étant l'un des plus
énergivore (44% de l'énergie utilisée) et responsable
d'une grande partie des émissions de GES (24% des émissions de
CO2) est de ce fait une cible prioritaire.
Le Plan Bâtiment du Grenelle 1 défini ainsi à
l'époque les étapes suivantes : les nouveaux bâtiments
publics ou privés tertiaires devront être construits à
basse consommation (BBC, consommation inférieure à
50kWh/m2/an)) dès 2010 (2012 pour le secteur privé non
tertiaire) et à énergie positive en 2020 (BEPOS)
c'est-à-dire produisant plus d'énergie qu'ils n'en consomment.
Concernant le parc existant l'état fixe pour objectif la
rénovation énergétique de la totalité des logements
sociaux et en particulier de 800 000 logements dont la consommation
d'énergie primaire est supérieure à 230
kWh/m2/an avant 2020. Concernant les bâtiments de l'Etat et
les établissements publics, leur rénovation
énergétique devra être engagée avant fin 2012 et
c'est dans ce contexte que les travaux de réhabilitation de la Maison de
la Radio débuteront en 2008. D'une manière plus
générale l'objectif est la rénovation de 400 000 logements
par an à partir de 2013.
Des incitations financières seront également mises
en place pour encourager la réalisation de travaux de rénovation
énergétique.
Loi Grenelle 2 du 12 juillet 2010 :
Cette loi vient compléter la loi "Grenelle 1" qui donnait
les objectifs principaux à suivre pour améliorer la performance
du parc immobilier français.
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La loi grenelle 2 se présente comme une "boite a outils "
juridique répartie en six thèmes dont un consacré au
bâtiment et à l'urbanisme. Elle apporte en particulier des
modifications aux différents outils d'urbanisme.
Parmi ses objectifs concernant le bâtiment on retrouve le
développement de l'utilisation des contrats de performance
énergétique et la facilitation de l'accès aux
améliorations énergétiques pour les
copropriétés.
Elle vient ainsi modifier un certain nombre de textes :
-Code de l'environnement
-Code de la construction et de l'habitation
-Code de procédure pénale
-Code général des impôts
-Code de l'urbanisme
-Code général des collectivités
territoriales
-Code du patrimoine
En 2015, la loi sur la transition énergétique :
La loi relative à la transition énergétique
pour la croissance verte du 17 août 2015, publiée au Journal
Officiel du 18 août 2015, va permettre à la France de
contribuer plus efficacement à la lutte contre le
dérèglement climatique et de renforcer son indépendance
énergétique en équilibrant mieux ses différentes
sources d'approvisionnement.
Elle fixe les grands objectifs suivants pour la transition
énergétique :
A horizon 2030 :
- Réduction de 40% des émissions de gaz à
effet de serre.
- Porter la part d'utilisation des énergies renouvelables
à 32% de la consommation.
A horizon 2050 :
- Diviser par quatre les émissions de gaz à effet
de serre.
- Diviser par deux la consommation énergétique
finale par rapport à 2012.
Et pour le secteur du bâtiment :
- Atteindre un nombre de 500 000 rénovations
énergétiques lourdes par an d'ici 2017.
- D'une manière plus générale la
rénovation thermique des bâtiments et la construction de
bâtiments à haute performance
énergétique est l'une des priorités.
Cette loi met également en place de nouveaux outils et
aides financières pour encourager en particulier les travaux de
rénovation énergétique et fixe comme objectif de
quadrupler la contribution climat énergie dite « taxe carbone
» entre 2016 et 2030 passant ainsi de 22 euros la tonne de CO2 à
100 euros.
Si ces objectifs peuvent sembler ambitieux, la France semble
avoir entamé une phase ou les progrès en matière de
réduction de la consommation d'énergie et de réduction des
gaz à effet de serre semblent connaitre une nette
accélération pour le secteur du bâtiment. C'est
l'évolution des règlementations thermiques qui a en particulier
permis de tels progrès.
Les règlementations thermiques :
La première règlementation thermique voit le jour
en 1974 en réponse au premier choc pétrolier et ce afin de
réduire la facture énergétique de la France. Cette
règlementation sera revue de
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Marchés Publics de travaux - Achats Responsables Page
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nombreuses fois après sa création : en 1982,
1988, 2000, 2005, 2012 et dernièrement en 2015 pour aboutir à
l'actuelle RT 2012 simplifiée.
Les consommations règlementaires ont
considérablement évolué ces dernières
années. Ci-dessous un résumé des objectifs relatifs aux
différentes règlementations thermiques depuis 1974.
- 1974 : la RT 1974 fixe un objectif global et simple de
réduction de 25% de la consommation énergétique des
bâtiments par rapport aux anciennes normes en vigueur. A cette
époque la consommation énergétique moyenne est d'environ
470 kWh d'énergie primaire par mètre carré et par an. Un
certain nombre de coefficients relatifs aux déperditions
d'énergie voient le jour.
- 1982 : la RT 1982 fixe pour objectif un gain de 20%
supplémentaires. La notion de besoin en chauffage voit le jour avec
l'apparition d'un nouveau coefficient associé. La consommation
énergétique d'un bâtiment construit à cette
époque sera d'environ 370 kWh d'énergie primaire par mètre
carré et par an.
- 1988 : la RT 1988 s'applique maintenant aux bâtiments non
résidentiels et ne se limite plus à la bonne isolation du
bâtiment puisque la performance des installations est maintenant prise en
compte. La consommation énergétique d'un bâtiment construit
à cette époque sera d'en-viron 280 kWh d'énergie primaire
par mètre carré et par an.
- 2000 : la RT 2000 fixe un nouvel objectif de réduction
de 20% de consommation maximale des logements par rapport à la RT 1988
et de 40% pour le tertiaire. Un bâtiment construit sous les exigences de
la RT 2000 consommera au maximum 190 kWh d'énergie primaire par
mètre carré et par an.
- 2005 : la RT 2005 intègre la notion de construction
bioclimatique et la prise en compte des énergies renouvelables. Elle
fixe la consommation maximale à 150 kWh d'énergie primaire par
mètre carré et par an.
- 2012 : le RT 2012 fixe la consommation maximale à 50 kWh
d'énergie primaire par mètre carré et par an.
L'utilisation des énergies renouvelables se généralise.
- 2015 : la RT 2012 est simplifiée le 1er
janvier 2015 pour répondre à des difficultés de
réponse aux exigences, notamment pour les petits logements ou
bâtiments atypiques.
- Prochainement : généralisation des
bâtiments à énergie positive.
Un bâtiment construit sous les exigences de la
Règlementation Thermique 2012 consommera 9 fois qu'un bâtiment
construit en 1974 et dégagera 3 fois moins de gaz à effet de
serre. Ce résultat est contrebalancé par le fait de
l'augmentation croissante du parc de logement (augmentation de plus de
moitié entre 1974 et aujourd'hui). On constate malgré cela une
réduction globale des émissions de GES de l'ordre de 32% sur
cette même période.
Pour illustrer cette accélération on estime que
le progrès sur le plan technique entre 2005 et 2012 correspond à
celui de la période 1974-2005.
Cependant deux tiers du parc existant a été
construit avant 1974 et bien qu'environ 1% du parc soit renouvelé par
an, il est primordial d'inciter les travaux de rénovation
énergétique portant sur une isolation efficace, des
équipements performants ou encore l'utilisation d'énergies
renouvelables.
L'objectif pour demain sera, plus qu'un objectif de
réduction de la consommation, de généraliser les
constructions à énergie positive, qui se font déjà
de plus en plus nombreuses. Pour prendre les
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devants, l'acheteur public a ainsi tout intérêt
à aller dès maintenant au-delà des exigences de RT 2012 en
visant la construction à énergie positive.
Le schéma ci-dessous représente bien la chronologie
d'évolution des règlementations thermiques :
ESTP Mathieu PACAUD
Marchés Publics de travaux - Achats Responsables Page
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ESTP Mathieu PACAUD
Les enjeux environnementaux liés à la construction
ne concernent cependant pas uniquement l'utilisation des énergies et la
pollution atmosphérique ; la bonne utilisation des ressources et la
gestion des déchets font également partie des priorités
pour la règlementation.
2.2.2 Concernant l'élimination et la valorisation
des déchets de chantier :
Avec la génération de 40 millions de tonnes de
déchets par an le secteur du bâtiment génère plus de
déchets que la production d'ordures ménagères. La
répartition de ces déchets en termes de provenance est la
suivante : 65% pour la démolition, 28% pour la réhabilitation et
7% pour la construction neuve.
L'élimination de ces déchets de chantier
représente, selon la possibilité ou non de trie, 2 à 4% du
chiffre d'affaire du secteur soit respectivement 1,2 à 2,4 milliards
d'euros par an.
Que ce soit dans une optique de réduction des coûts,
de réduction de l'impact environnemental ou de respect simple respect de
la règlementation, il est donc très important de mettre au point
une organisation basée entre autres sur la sensibilisation / formation
des différents intervenants et ce afin d'optimiser la valorisation de
ces déchets.
La règlementation actuelle :
La Commission européenne a fixé comme objectif une
valorisation de 70% des déchets inertes et non dangereux pour le secteur
du bâtiment et des travaux publics d'ici 2020. Aujourd'hui on estime que
seuls 40 à 60% de ces déchets sont valorisés.
Radio France est ainsi soumises aux obligations suivantes :
- respecter les obligations de traçabilité des
déchets dangereux ;
- trier les emballages divers pour pouvoir les valoriser par la
suite ;
- respecter les obligations concernant le transport des
déchets en respectant un certain nombre de conditions, ou les confier
à un professionnel qui procèdera à leur valorisation dans
les conditions légales, c'est-à-dire par réemploi,
recyclage ou transformation en énergie, à l'exclusion de tout
autre mode d'élimination.
Dans l'article 36.1 de Cahier des Clauses Administratives
Générales relatif aux travaux issu de l'arrêté du 8
septembre 2009 du Code des marchés il est précisé que la
valorisation ou l'élimination des déchets
générés par les travaux objets du marché sont
à la charge non seulement du maître d'ouvrage public en tant que
« producteur » de déchets mais également du titulaire
en tant que « détenteur » de déchets.
Radio France a donc intérêt à demander aux
candidats une explication précise concernant le mode de gestion des
déchets envisagé en accord avec la règlementation et les
enjeux
Marchés Publics de travaux - Achats Responsables Page
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environnementaux du développement durable.
Dans le cas de marché allotis, ce qui est
généralement le cas des marchés passés par Radio
France, une organisation commune doit être mise en place avec une
répartition négociée du financement par les diverses
entreprises.
Divers documents relatifs à la bonne
traçabilité de l'élimination ou la revalorisation des
déchets doivent finalement être mis en place tels que des
bordereaux de suivi de déchets.
Pour inciter les entreprises à aller plus loin, le
traitement et la valorisation des déchets (au-delà du simple
respect de la règlementation) pourront faire l'objet dans critère
ou sous critère de sélection des offres relatif au respect de
l'environnement comme c'est déjà le cas actuellement pour
certains marchés passés par Radio France.
Le maître d'ouvrage a d'autre part pour obligation
règlementaire de prévoir les coûts relatifs au traitement
règlementaire des déchets de chantier dans l'évaluation
d'un marché de travaux. Si ce marché a trait à des travaux
de démolition ou à de la réhabilitation avec destruction
d'une grande partie de la structure il devra également réaliser
un diagnostic déchets avant démolition.
Seuls les bâtiments dont la surface de plancher est
supérieure à 1000 m2 ou contenant des déchets
dangereux sont concerné par ce diagnostic qui doit être
réalisé avant la demande de permis de démolir et donc les
fonctions sont les suivantes :
- définir et quantifier les déchets,
- mettre au point un processus de valorisation,
- définir une filière de traitement et
d'élimination adaptée à chaque type de déchet, -
procéder à une évaluation des coûts.
Les coûts de démolition d'un ouvrage en fin de vie
ne sont malheureusement que très rarement pris en compte pour
l'attribution d'un marché public de travaux alors que ces derniers
peuvent être très importants et varier en fonction des solutions
techniques ou architecturale initialement définies. En effet même
dans le cas où le coût global est pris en compte est pris en
compte l'horizon temporel des calculs ne dépasse que rarement les 30
ans.
2.2.3 La règlementation spécifique aux
marchés publics :
Selon le Baromètre des Achats Responsables de 2016
réalisé par l'Observatoire des Achats Responsables en
collaboration avec la société de sondages OpinionWay, le respect
des règlementations et des normes est la deuxième source de
motivation des sociétés en matière d'achats responsables
(43% des sociétés ont placé ce critère parmi leurs
trois principales motivations) juste après l'image de l'entreprise
(49%).
Ce constat est à la fois positif et négatif :
positif car il montre que le respect de la règlementation est un
élément pris très au sérieux par les
sociétés/organisations et qu'il s'agit donc d'un levier important
pour faire progresser les achats responsables. Négatif car le fait que
les deux principaux éléments moteurs soient liés à
des éléments généralement perçus comme des
contraintes montre que la démarche n'est pas encore assez centrée
sur l'intérêt de l'entreprise. A titre d'exemple la
réduction des coûts des services et/ou produits n'arrive qu'en
6ème position avec seulement 26%. On
constate cependant une belle évolution puisque ces pourcentages
étaient respectivement de 53 et de 52% en 2015.
Avant d'aller plus loin revenons sur la définition d'un
achat publique responsable et sur tous les éléments qui le
constituent. C'est en effet l'ensemble de ces éléments que la
règlementation relative aux marchés publics va tenter
d'intégrer.
ESTP Mathieu PACAUD
Marchés Publics de travaux - Achats Responsables Page
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Un achat public est un achat réalisé par un pouvoir
adjudicateur soumis au code des marchés publics ou à l'ordonnance
n° 2005-649 du 6 juin 2005 relative aux marchés passés par
certaines personnes publiques ou privées non soumises au code des
marchés publics (cas de Radio France).
Un achat public pourra être qualifié de responsable
s'il :
- intègre des dispositions en faveur de la protection ou
de la mise en valeur de
l'environnement, du progrès social, et en favorisant le
développement économique ;
- prend en compte l'intérêt de l'ensemble des
parties prenantes concernées par l'acte d'achat ; - permet de
réaliser des économies « intelligentes » au plus
près du besoin et incitant à la sobriété en terme
d'énergie et de ressources ;
- et intègre toutes les étapes du marché et
de la vie du produit ou de la prestation.
Il est important de noter à nouveau que cette
définition inclue la notion d'économies. Il est en effet
important que les sociétés / organisations prennent conscience
que la prise en compte du développement durable doit être un
levier de croissance économique et que la règlementation va dans
ce sens, non pas pour nous contraindre, mais plutôt pour nous donner des
perspectives et des outils d'amélioration. Dans cette optique beaucoup
de démarches restent volontaires et ne font pas l'objet de «
contraintes » législatives.
L'intégration de nouveaux instruments de marché
pour intégrer le développement durable aux appels d'offre s'est
faite de manière progressive au cours de ces dernières
années. L'objectif n'est pas en effet de contraindre les acheteurs mais
bien de leur donner les moyens d'optimiser la prise en comptes des enjeux
sociaux, économiques et environnementaux dans leurs marchés.
La chronologie d'intégration des nouveaux instruments de
marché relatifs aux achats responsables est ainsi la suivante :
- 2001 : possibilité d'intégrer des conditions
environnementales et sociales aux conditions d'exécution (article
14).
- 2004 : la directive Marchés publics de 2004 organise les
conditions d'insertion du Développement Durable dans les
spécifications techniques ou dans les critères de choix des
offres. L'article 53-II offre ainsi la possibilité de prendre en compte
les enjeux environnementaux dans les critères d'attribution. C'est
à cette époque que le droit relatif à l'achat public
responsable émerge véritablement.
- 2005 : le critère social d'insertion des personnes en
difficulté peut faire l'objet d'un critère d'attribution (article
53-II).
- 2006 : obligation de tenir compte des enjeux du
développement durable dès le stade de la définition du
besoin. Les spécifications techniques peuvent inclure des
spécifications environnementales comme des écolabels.
Généralisation de la notion de conditions d'exécution
sociales. Possibilité de demander des certificats de qualité
liés au management environnemental. Et enfin possibilité
d'intégrer le coût global dans les critères de
sélection des offres (respectivement articles 5, 6, 14, 45, 53-II).
- 2009 : possibilité de recourir aux variantes
environnementales (article 48 de la loi du 3 août 2009).
- 2011 : possibilité pour les maîtres d'ouvrage
publics de recourir à des marchés de conception -
réalisation dans le cadre d'un engagement contractuel lié
à l'amélioration de l'efficacité
énergétique. Possibilité de recourir à divers
marchés globaux de type conception
ESTP Mathieu PACAUD
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- réalisation - exploitation / maintenance lorsque des
objectifs contractuels précis d'efficacité
énergétique, de qualité de service ou d'incidence
environnementale sont définis.
- 2012 : la directive 2012/27/UE du 25 octobre 2012 relative
à l'efficacité énergétique introduit en particulier
la possibilité de recourir aux contrats de performance
énergétique.
- 2016 : incitation à prendre en compte le coût du
cycle de vie en y introduisant des externalités telles que les
émissions de gaz à effet de serre, les émissions
polluantes d'une manière générale ou encore les
coûts d'adaptation au changement climatique (Décret n°
2016-360 du 25 mars 2016 relatif aux marchés publics).
Ce sont autant d'outils que nous tâcherons
d'intégrer à notre démarche pour renforcer la prise en
compte du développement durable dans les marchés passés
par Radio France.
Règlementation :
- Connaître et mettre à profit les
différents instruments de marchés pour intégrer au mieux
le développement durable : la règlementation n'est pas une
contrainte mais un outil.
|
2.3 Prise en compte du développement durable
dans les marchés passés par Radio France et premières
pistes d'amélioration :
2.3.1 Prise en compte du développement durable dans
les documents de marché :
Utilisation de critères environnementaux de
sélection des offres :
L'utilisation de critères spécifiques pour la
sélection des offres est la principale action visant à
intégrer le développement durable dans les marchés de
travaux passés par Radio France et l'objectif semble être de
rendre cette intégration quasi systématique. Leur
pondération est généralement de l'ordre de 5% à 10%
et a pour objectif de valoriser la prise en compte des enjeux environnementaux
ou sociaux du développement durable par les sociétés.
Dans son critère de sélection des offres
intitulé « développement durable » Radio France
n'intègre généralement pour ces marchés de travaux
que des aspects environnementaux. Ces critères peuvent être
liés par exemple au mode d'élimination et à la
valorisation des déchets ou encore à l'utilisation de produits
respectueux de l'environnement lors de la réalisation d'un chantier.
ESTP Mathieu PACAUD
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Ci-dessous un exemple de marché passé par Radio
France prenant en compte le respect de l'environnement dans la notation des
offres :
4
|
Critère 4 : développement
durable
|
10%
|
4.1
|
Utilisation de produits respectueux de l'environnement lors de la
réalisation du chantier
|
5%
|
4.2
|
Moyens et modalités d'élimination, de retraitement
et de valorisation des déchets apprécié en fonction de la
méthodologie et l'organisation relatives à l'élimination
au retraitement et à la valorisation des déchets et de
l'adéquation des sites et prestataires d'élimination, de
retraitement et de valorisation des déchets
|
5%
|
Société 1
|
8
|
|
4
|
4
|
Signataire de la chartre "Bâtir avec l'environne-ment" et
emploi de matériaux "éco label"
|
4
|
4
|
Déchets déjà pré-quantifié.
Mise en place d' un responsable environnement. Contrat avec la
société "PAPREC recyclage" pour traitement, revalorisation et
élimination de leurs déchets
|
Société 2
|
5
|
|
2
|
2
|
Ne fais référence qu'aux qualités NF et
CE des ma-tériaux employés.
|
3
|
3
|
Mise en place du tri sélectif sur le chantier et
élimi-nation par une société de traitement des
déchets
|
Si dans l'exemple ci-dessus les critères environnementaux
et la notation des offres semble être relativement pertinente, on
constate pour certains appels d'offres que des notes proches de la note
maximale sont attribuées pour simple respect de la règlementation
(concernant la gestion et la valorisation des déchets par exemple). On
constate d'autre part que les critères restent vagues et leur notation
assez subjective puisque ne découlant pas d'une méthode de calcul
de la performance environnementale définie. Les critères choisis
ne sont pas non plus exhaustifs puisqu'ils n'incluent finalement qu'un nombre
limité de sous-critères sans englober de manière globale
les différentes problématiques liées à
l'environnement. On pourrait par exemple y intégrer l'énergie
utiliser pour le chantier notamment par les différents engins
véhicules et l'impact du déplacement des divers matériaux
de chantier, la pollution de l'air, la quantité d'eau utilisée ou
encore les nuisances diverses.
ESTP Mathieu PACAUD
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29 sur 70
La mesure de la performance environnementale d'un projet de
construction ou de réhabilitation peut s'avérer être un
levier d'achat très intéressant sous réserve d'être
d'avoir fixé des objectifs précis, d'en connaître les
avantages et de pouvoir mesurer cette performance avec une méthode bien
définie. Il ne s'agit pas en effet d'introduire des critères de
développement durable « basiques » dans le simple souci de
pouvoir qualifier son achat de « responsable ».
Des indicateurs de la performance associés devront
également être établis, d'une part concernant la
performance des achats eux même d'un point de vue environnemental,
d'autre part concernant la mesure de la performance environnementale
réelle et suivie des exploitations de Radio France. Les seuls
indicateurs achats utilisés à l'époque étaient le
pourcentage de marchés incluant des critères de sélection
liés au développement durable et la moyenne des notes obtenus par
les prestataires retenus.
La faible pondération de ses critères (dans le cas
précédent la pondération restait « relativement
élevée avec 10% mais dans la plupart des marchés la
pondération était de 5%) et le manque d'outils de mesures et
d'indicateurs ne veut pas pour autant dire que Radio France n'achète pas
de manière durable. Il existe en effet bien d'autres moyens
d'intégrer les enjeux environnementaux à ses achats que dans les
critères d'attribution.
Prise en compte du développement durable dans
le cahier des charges :
Pour ces marchés de travaux, la mise en oeuvre d'une
politique d'achat durable par Radio France peut nous sembler très
insuffisante si l'on ne considère que les critères de
sélection évoqués ci-dessus, cela ne veut pas pour autant
dire que ces préoccupations ne sont pas prises en compte. En effet Radio
France semble avoir choisi d'intégrer le développement durable
dans la définition du besoin plutôt que dans la sélection
des offres. Les cahiers des charges sont ainsi élaborés avec soin
pour garantir un ouvrage final économique et écologique et ce sur
le long terme. Le problème de cette démarche est qu'elle fige le
besoin et ne permet pas l'émergence de solutions innovantes qui
pourraient être plus intéressantes, sur certains points, que la
proposition originale.
Les Normes et demandes d'Eco Labels dans les
spécifications techniques :
Une norme est un document officiel réalisé par un
organisme de normalisation agréé qui définit des
exigences, des spécifications, des lignes directrices ou des
caractéristiques à utiliser systématiquement pour assurer
l'aptitude à l'emploi des matériaux, produits, processus et
services.
Il est tout à fait possible pour l'acheteur public
d'imposer le respect de prescriptions relative à une norme dans les
documents contractuels.
Dans l'intégralité de ses marchés de
travaux, Radio France demande ainsi le respect des prescriptions relatives
à un certain nombre de normes en vigueur (françaises et
européennes de l'association française de normalisation AFNOR en
particulier) concernant les différents ouvrages du bâtiment. Si le
respect de ces prescriptions assure une bonne mise en oeuvre des
matériaux de construction et une qualité globale des ouvrages,
les normes demandées par radio France ne concernent pas le
développement durable à proprement parler.
Un Label est quant à lui un document, certificat ou
attestation qui confirme que les procédés ou procédures
relatifs à un ouvrage, un produit ou un service remplissent des
exigences qui peuvent porter sur la qualité, le respect de
l'environnement ou encore des aspects sociaux.
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Il est possible pour un acheteur d'intégrer des exigences
relatives à un label sous certaines conditions :
- ces exigences doivent être liées à l'objet
du marché,
- ces exigences doivent porter sur des critères
objectivement vérifiables,
- le label doit être accessible à tout acteur
susceptible de répondre à l'appel d'offre,
- enfin tout label équivalent doit être
accepté ainsi que tout autre moyen de preuve répondant à
ces exigences.
Radio France demande ainsi parfois, dans ses marchés,
l'utilisation de matériaux faisant l'objet d'un Eco Label ou de son
équivalent. Si la demande n'en a pas expressément
été faite, l'utilisation de produits
éco-labélisés sera de toute façon prise en compte
dans un éventuel critère environnemental de sélection des
offres.
Premières pistes d'amélioration
concernant la performance environnementale :
Comme nous avons pu le constater, la mesure de la performance
environnementale des achats réalisés par Radio France n'est pour
l'instant pas assez prise en compte. Avant d'aller plus loin nous allons
tâcher de comprendre quels pourraient être les
bénéfices de son intégration d'une manière plus
approfondie.
Le premier bénéfice sera d'être en «
avance » par rapport à la règlementation, par rapports aux
objectifs de l'état et au devoir d'exemplarité du domaine public.
Rappelons par exemple que le PNAAPD fixe les objectifs suivants à
horizon 2020 :
? 25% des marchés passés au cours de l'année
comprendront au moins une clause sociale, ? 30% des marchés
passés au cours de l'année comprendront au moins une clause
environnementale,
? Dès l'étape de la définition du besoin,
100% des marchés feront l'objet d'une analyse
approfondie, visant à définir si les objectifs du
développement durable peuvent être pris en compte dans le
marché.
Si ce n'est pas le motif qui me tienne le plus à coeur la
notion d'image est également bien présente et a une grande
importance (qui serait d'autant plus grande pour une société dont
les capitaux seraient en partie ou totalement privés et ce afin
d'attirer les investisseurs). La réalisation de locaux aux
répercussions environnementales limitées influencera en effet
l'image qu'ont les différentes parties prenantes de l'entreprise. Bien
que la construction ne soit bien évidement pas le coeur de métier
de Radio France, la performance environnementale influencera l'image de
modernité et de responsabilité associée au groupe,
entrainant ainsi la fierté de ses employés et l'approbation des
auditeurs. Il pourra être intéressant, pouvoir associer à
cette notion d'image une communication concrète et pour suivre une
méthodologie bien définie, d'avoir recours à la
certification (la norme ISO 14001 relative au management environnemental donne
par exemple lieu à une certification qui doit être
renouvelée tous les trois ans et qui pourrait devenir un objectif pour
le groupe).
Des locaux « environnementalement performants » seront
aussi bien souvent synonymes d'un plus grand bien être pour les
utilisateurs (qualité de l'air, meilleure gestion de la
luminosité, confort acoustique ou encore confort thermique et
hygrométrique) et pourront avoir une influence sur l'efficacité
au travail ou encore sur la fidélité des employés.
Accorder une plus grande importance à la performance
environnementale de ses ouvrages peut
ESTP Mathieu PACAUD
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également s'avérer être économiquement
intéressant et ce pour plusieurs raisons.
Tout d'abord pour des notions de risques associés aux
variations du prix des différents fluides et énergies. Ces
risques concerneront également les taxes environnementales actuelles,
susceptibles d'évoluer et les potentielles taxes à venir. En
effet plus les impacts environnementaux d'un bâtiment seront
réduits, plus celui-ci sera indépendant les fluctuations
relatives aux taxes et aux marchés de l'eau, du gaz et de
l'énergie d'une manière générale. Comme
évoqué précédemment, la contribution climat
énergie dite « taxe carbone » devrait par exemple fortement
augmenter entre 2016 et 2030 et passer de 22 euros la tonne de CO2 à 100
euros. Cibler les impacts environnementaux associés comme
critères d'attribution est donc un moyen de diminuer ces risques en
diminuant l'empreinte environnementale de l'entreprise.
Nous tâcherons, un peu plus tard dans ce document,
d'analyser les bénéfices d'une démarche en coût
global dans les marchés de travaux. Si toutefois, et comme c'est le cas
actuellement, une analyse des coûts globaux n'est pas faite, la
sélection de ces mêmes impacts environnementaux en tant que
critères de sélection des offres s'avèrera être
source d'économie liée aux réductions de consommations
associées pendant toute la durée d'exploitation de l'ouvrage.
La performance environnementale liée à un
bâtiment lui confère finalement une valeur ajoutée
intrinsèquement associée, souvent appelée « green
value » et étant estimée à plus de 30% pour certains
ouvrages. Cette plus-value fera souvent partie des motivations du maître
d'ouvrage, en particulier dans le cas d'un bâtiment susceptible
d'être revendu. La spécificité des locaux de Radio France
relative à son activité peut cependant rendre cette valeur verte
difficilement exploitable.
Les différents points précédemment
évoqués montrent bien l'importance que peut avoir la prise en
compte des impacts environnementaux d'un projet de construction ou de
réhabilitation. Il serait ainsi intéressant pour Radio France de
mettre au point une méthode d'évaluation de cette performance
dans le cadre de l'attribution de ses marchés. Nous essaierons de
proposer, plus loin dans ce document, des outils qui pourraient être mis
en application dans le cas de Radio France. Il sera finalement important d'y
associer des indicateurs de suivi d'une part, de la performance achat en
elle-même, et d'autre part de la performance constatée des
bâtiments pendant leur exploitation.
Les ministères de l'écologie et du logement
travaillent d'ailleurs, dans ce sens, à la réalisation d'une
« étiquette environnementale du bâtiment » dont les
premières expérimentations devraient voir le jour cette
année. Les différents impacts environnementaux liés au
cycle de vie du bâtiment, tels que ses différentes consommations
et émissions y seront intégrés. Un tel outil, une fois mis
au point pourrait servir de base d'évaluation. Il semble cependant
important que les entreprises sachent anticiper les actions entreprises par
l'Etat et aller au-delà.
Introduire des critères relatifs à la performance
environnementale c'est aussi inciter les fournisseurs à innover et
à développer leur prise en compte du développement durable
dans leurs solutions et dans leur organisation. Si le développement
durable touche et rassemble tous les acteurs il est en effet important
d'améliorer les relations avec ses fournisseurs.
Performance environnementale :
- Aller au-delà des objectifs
règlementaires pour anticiper les règlementations
futures.
- Améliorer l'image de l'entreprise et la
fierté de ses employés en communiquant sur des résultats
concrets et en recourant à la certification.
- Donner de l'importance à la performance
environnementale de ses locaux pour améliorer le confort et le
bien-être des usagers.
- Mettre au point une méthode d'évaluation
de la performance environnementale et un critère de sélection des
offres associé.
- Être économiquement plus performant en
prenant en compte des notions telles que la « green value
» ou encore les risques relatifs aux fluctuations du prix des
énergies et aux les taxes environnementales.
|
ESTP Mathieu PACAUD
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2.3.2 Le suivi et l'évaluation des fournisseurs :
Les achats responsables doivent se faire dans un esprit
d'équilibre, de confiance, d'émulation collective et d'entraide
entre les différentes parties prenantes. Le suivi et l'évaluation
des fournisseurs est donc une étape indispensable dans la
création d'un processus d'amélioration continue. Faisons le point
sur l'évolution de la démarche au sein de Radio France.
D'une manière générale l'analyse des «
risques fournisseurs » devient de plus en plus un élément
moteur dans les politiques d'achats responsables. D'après le
Baromètre des Achats Responsables 2016, 34% des sociétés
et organisations interrogées l'ont classée parmi leurs trois
premières sources de motivation contre 24% seulement en 2015. C'est
ainsi la motivation qui semble connaitre actuellement l'évolution la
plus significative.
Une démarche d'évaluation fournisseurs est d'autre
part nécessaire pour l'attribution de certaines certifications
(certification ISO 9001de management de la qualité par exemple et
visée en l'occurrence par Radio France).
Chez Radio France, l'évaluation des fournisseurs a
été mise en place relativement récemment et s'inscrit dans
les principaux objectifs de la Direction des Achats. En juin 2014 un document
fait le point sur la démarche et en redéfini les objectifs qui
sont les suivants :
- Piloter les contrats : relance d'un marché,
élimination d'un candidat, pénalités. - Mettre en place
des plans de progrès.
- Débuter une démarche qualité
(certification).
Après l'enclenchement de la démarche, des fiches
d'évaluation fournisseurs dédiées aux 5 grandes familles
des achats de Radio France (fournitures, prestations de service, travaux,
prestations intellectuelles, fournitures / prestations « coeur de
métier ») pour lesquelles des critères de notation
spécifiques ont été conçus.
Un outil de compilation des grilles d'évaluation,
administré par les pilotes de performance achats permet ensuite :
- d'identifier les « meilleurs » prestataires de Radio
France
- et de donner une vision d'ensemble de la performance d'un
fournisseur (au sein de sa famille d'achats et sur plusieurs années).
ESTP Mathieu PACAUD
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Ci-dessous le planning de mise en place de la démarche
:
Ci-dessous l'organisation de la démarche :
En fin 2014 un planning d'évaluations comprenant deux
à trois fournisseurs par pôle est lancé. Pour chaque
fournisseur stratégique identifié, une réunion est
organisée avec la direction prescriptrice pour évaluer le
fournisseur incluant pour chacun de ces critères une note, une
appréciation ainsi que des propositions d'axes d'amélioration.
Une réunion avec le fournisseur est ensuite organisée pour faire
le point sur ces différentes appréciations ; le fournisseur peut
alors donner son avis et proposer une échéance de mise en oeuvre
de plans d'actions. Si plusieurs
ESTP Mathieu PACAUD
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réunions peuvent être organisées avec le
fournisseur au cours d'une année pour évaluer la progression des
plans d'actions mis en place, la fiche d'évaluation fournisseur ne sera
remplie qu'une fois par an et par fournisseur, avec par la suite un suivi de la
progression annuel.
Voici ci-dessous les critères et sous critères
d'évaluation d'une fiche type :
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Une démarche d'évaluations fournisseurs, de par sa
dimension d'échanges, de confiance mutuelle et de
co-développement sur le long terme, est forcément liée au
Développement Durable. On remarquera cependant qu'aucun critère
retenu dans cette fiche d'évaluation ne se rapporte directement aux
aspects sociaux ou environnementaux du développement durable.
Pistes d'améliorations concernant le suivi et
l'évaluation des fournisseurs :
Dans un esprit de collaboration et afin de responsabiliser les
fournisseurs ainsi que de les inciter à développer une
démarche de développement durable, Radio France pourrait
facilement intégrer des questions relatives au développement
durable dans ses évaluations fournisseur. Pourraient par exemple
être intégrés la prise en compte et l'amélioration
du cycle de vie des produits, la prise en compte du coût global, le
système mis en place au sein de l'entreprise pour répondre aux
enjeux environnementaux actuels, la gestion de la fin de vie des produits ou
encore la responsabilité sociale de l'entreprise et son recours au
secteur protégé et adapté.
Pour les fournisseurs identifiés comme étant
particulièrement bons dans l'un ou plusieurs de ces domaines, il pourra
être intéressant d'analyser plus en détail leur
démarche afin d'identifier leurs bonnes pratiques et de nouvelles
idées. Ces derniers pourront proposer des pistes d'amélioration
des fiches actuelles afin par exemple de modifier certaines questions ou d'y
introduire de nouvelles.
Ci-dessous un certain nombre d'exemples de questions qui
pourraient être intégrées aux fiches d'évaluation
:
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Le Label
Vers l'obtention d'un label :
|
|
Les relations entre Radio France et ses fournisseurs doivent se
faire dans un esprit d'améliora-tion collective continue et ne doivent
pas se limiter à de simples fiches d'évaluation souvent un peu
« unilatérales ». Le terme de « fiche d'évaluation
» me semble en particulier un peu gênant et pourrait être
modifié pour mieux souligner le caractère bilatéral de la
démarche (par exemple « fiche d'amélioration continue en
collaboration avec le fournisseur ») ; dans leur contenu celles-ci
pourrait d'autre part chercher à mieux intégrer le ressenti et
les retours des fournisseurs.
Afin de concrétiser et compléter la
démarche, Radio France pourrait ainsi chercher à se faire
labéliser « Relations fournisseur responsables » ; ce dernier
vise en effet à distinguer les organisations ayant fait la preuve de
relations durables et équilibrées avec leurs fournisseurs. Il est
le premier et le seul label en la matière remis par les pouvoirs publics
et est attribué pour une période de trois ans. Il a
été décerné pour la première fois le 20
décembre 2012 par la Médiation des entreprises, la
Médiation des Marchés publics et la CDAF (Compagnie des
dirigeants et acheteurs de France), en présence de Fleur PELLERIN,
ministre chargée des Petites et Moyennes Entreprises, de
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l'Innovation et de l'Economie numérique, aux entreprises
Legrand, Société Générale, SNCF et Thalès.
Depuis, de nombreuses organisations ont également été
labellisées.
Ce label s'inscrit dans le prolongement et la mise en application
des 10 engagements pour des achats responsables définis par la Charte
Relations fournisseur responsables. Il repose également sur « la
liste des 36 mauvaises pratiques » répertoriée dans le
rapport Volot du 30 juillet 2010. Afin de consolider leur engagement de
progrès en matière d'achats, toutes les organisations
adhérant aux principes de la Charte Relations fournisseur responsables
peuvent se porter candidates au Label Relations fournisseur responsables. Pour
l'obtenir, Radio France devra au préalable se soumettre à une
évaluation conduite par un des évaluateurs tiers externes neutres
et indépendants qui ont été agréés par le
labellisateur.
Les critères d'évaluation seront les suivants
(parmi lesquels certains sont rédhibitoires) :
1 - Respect des intérêts des fournisseurs et des
sous-traitants - Équité financière vis-à-vis des
fournisseurs - Promotion de relations durables et équilibrées -
Égalité de traitement entre les fournisseurs et les
sous-traitants - Prévention de la corruption
2 - Impacts des achats sur la compétitivité
économique - Aide à la consolidation des filières et au
déploiement international - Appréciation du coût total de
l'achat
3 - Intégration des facteurs environnementaux et
sociétaux dans le processus d'achat - Intégration dans le
processus d'achat des performances environnementales des fournisseurs et des
sous-traitants - Contribution au développement du territoire -
Intégration dans les processus d'achat des performances sociales des
fournisseurs
4 - Conditions de la qualité de la relation fournisseur -
sous-traitant - Professionnalisation de la fonction et du processus d'achat -
Développement des relations et de la médiation commerciale.
Démarche d'amélioration continue en
collaboration avec les fournisseurs :
- Encourager les fournisseurs à poursuivre et
développer une démarche responsable en introduisant des questions
liées au développement durable dans les actuelles «
fiches d'évaluation ».
- Optimiser ces fiches en collaboration avec les
fournisseurs en identifiant en particulier les «
meilleurs » dans le domaine du développement
durable.
- Intégrer tous les critères liés
à une bonne relation entre Radio France et ses fournisseurs et ainsi
viser la labélisation « Relations fournisseur responsables
».
|
2.3.3 Echanger, s'inspirer des pratiques externes et
comparer ses performances :
Nous nous sommes toujours inspiré de ce qui nous entoure
et continuons à le faire aujourd'hui. Le biomimétisme en est par
exemple, en imitant la nature pour l'élaboration de nouvelles
technologies, une parfaite illustration. Il est en n'effet en effet de moyen
plus facile pour progresser que de s'inspirer des pratiques externes.
Le Benchmark Immobilier réalisé en 2015,
étalon de mesure d'une future démarche d'Achat Responsable
:
Radio France est implanté sur la région Parisienne
avec la Maison de Radio France et plusieurs autres immeubles
représentant 153 000m2 et sur l'ensemble du territoire
Français par son entité France Bleu représentant 38
000m2, l'ensemble représentant 50 bâtiments.
Il est important d'avoir une idée précise de sa
« performance immobilière » et Radio France ne connait pas en
2014, de manière précise, les montants relatifs à
l'exploitation de ses locaux ni leur impact environnemental. Un appel d'offre
est ainsi lancé pour la réalisation d'un marché de service
de mesure de la performance immobilière du groupe radiophonique.
Les objectifs de ce marché sont d'évaluer la
performance immobilière et l'analyse précise des
ESTP Mathieu PACAUD
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coûts d'exploitation des implantations de Radio France et
de comparer ces données à un benchmark spécifique externe.
D'une durée de 4 ans il permettra une consolidation des données
d'une année sur l'autre.
Ce « Benchmark » immobilier a été
réalisé selon les indicateurs suivants :
- Coûts,
- Surfaces et occupants (densification de l'espace),
- Données environnementales,
- Typologie des immeubles,
- Zone de marché,
- Age de l'immeuble,
- Equipements techniques,
- Niveaux de prestation de services mis au regard des niveaux de
coûts.
Focus sur les 5 grandes catégories de coûts :
Coûts d'occupation (liste non exhaustive) :
- Loyer (ou coûts équivalents loyer)
- Frais d'acquisition
- Taxes
- Frais espaces occasionnels
Coûts d'adaptation (liste non exhaustive) liés aux
investissements : - Aménagements
- Amélioration
- Mobiliers
Coûts des services bâtiments (liste non exhaustive)
:
- Charges locatives
- Assurances
- Réparations diverses (aménagements
intérieurs, mécaniques, électriques, ...)
- Déménagements
- Sécurité - sûreté
- Nettoyage
- Déchets
- Eau et évacuation
- Energies
Coûts des services occupants (liste non exhaustive) :
- Restauration
- Accueil et réception
- Courriers internes et externes
- Reprographie
- Transports
Coûts de gestion (liste non exhaustive) : - Frais de
gestion immobilière - Frais de gestion des installations - Frais de
gestion de projets
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Focus sur le niveau de performance environnementale :
L'analyse des locaux devait permettre de définir un niveau
de performance environnementale et un
positionnement au regard de la réglementation thermique en
vigueur, notamment :
- Consommation énergie primaire rapport à la SHON
RT
- Consommation énergie finale rapport à la SHON
RT
- Consommation d'eau rapport à la surface et aux
occupants
- Rejets gaz carbonique rapport à la surface
- Rejets de déchets rapport à la surface
Ces données auront pour avantage, en plus de pouvoir
comparer sa performance immobilière par rapport à des locaux de
même type, de pouvoir fournir une base solide pour la mesure de la
performance d'une démarche d'Achat Responsable en comparant en
particulier les futurs coûts d'exploi-tation et données
environnementales. Il pourra en résulter en particulier des indicateurs
sur la performance environnementale des achats futurs tels que :
- Diminution de la consommation moyenne d'énergie des
locaux construits après la mise en place d'une démarche d'achat
responsable par rapport à la moyenne constatée dans le benchmark
initial pour les locaux de même type.
- Diminution de la consommation moyenne des locaux ayant subi des
travaux de réhabilitation (notamment énergétique) par
rapport à la consommation initiale.
- Des indicateurs similaires concernant la consommation d'eau
et les rejets de gaz carbonique.
- (...)
Au-delà de la seule performance
immobilière, un Benchmarking concurrentiel du processus achat
:
Comme nous commencé à le voir, il est souvent
judicieux afin d'atteindre de meilleures performances de comparer ses pratiques
à celles de sociétés de références ou
reconnues comme leader dans un certain domaine. Cette analyse est bien entendu
plus facile lorsque la comparaison se fait avec une entreprise similaire mais
peut également être effectuée avec des entreprises en
apparence très différentes dans leur activité et/ou leur
fonctionnement pour s'inspirer de certaines pratiques en les adaptant
intelligemment.
Si la Direction des Achats de Radio France semble entretenir de
bonnes relations avec certains grands groupes dont elle peut s'inspirer comme
c'est le cas avec Air France, celle-ci ne semble pas exploiter pleinement cette
notion de Benchmarking externe.
Les objectifs d'une telle analyse seraient les suivants :
- L'identification des meilleures pratiques en termes de
méthodologies et d'outils.
- L'évaluation de ses processus et de ses performances
en comparaison aux entreprises « leader ».
- La sélection de certains éléments
à adopter, en les adaptant, afin de faire progresser les achats du
groupe.
- La valorisation de Radio France par rapport à ses
concurrents en termes de pratiques d'achat.
ESTP Mathieu PACAUD
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Dans le cas de Radio France la collecte d'information serait
relativement aisée. En effet celle-ci pourrait se faire facilement avec
tous les groupes du secteur publics ainsi qu'avec tous les groupes
privés dont le domaine d'activité est différent et qui ne
sont donc pas en concurrence.
D'autre part, si certains grands groupes communiquent
difficilement concernant les achats liés à leur coeur de
métier ils seraient plus à même de le faire concernant la
gestion de leur patrimoine immobilier. Le groupe Airbus pourrait par exemple
facilement donner des informations concernant le processus achat responsable de
ses nouveaux locaux à Airbus Hélicoptère Marignane.
Focus sur la certification BREEAM ; le choix
d'airbus hélicoptère pour la réalisation de son nouveau
bâtiment :
De nombreuses sociétés cherchent de nos jours
à faire certifier leurs bâtiments à l'exemple de
l'entreprise IKEA qui s'est fixé comme objectif la certification BREEAM
« Very Good » de l'ensemble de ces magasins. Le choix de la
certification et de la recherche de performance liée au
développement durable a également été le choix
d'Airbus Hélicoptère pour la réalisation de son nouveau
bâtiment à Marignane. Je me suis penché sur leur
démarche.
Airbus Helicopters (anciennement Eurocopter), premier fabricant
d'hélicoptères civils au monde, principal constructeur
d'hélicoptères militaires et filiale du groupe Airbus a en effet
achevé récemment la construction de son « Main Development
Center » (MDC) à Marignane.
Le bâtiment, certifié BREEAM « Very Good
», abrite aujourd'hui 1000 personnes du bureau d'étude dont le
responsable du bureau d'étude et ses « n-1 » et ce sur 18 000
m2 de bureaux répartis sur 5 étages. Il comprend des
espaces de créativité, de nombreuses salles de réunion
toutes équipées en visio conférence ainsi que des plus
petites pour s'isoler, faire une webex ou une réunion. Le bâtiment
comprend également un grand atelier chaîne de montage pour les
prototypes.
J'ai ainsi pris l'initiative d'interroger M. Bernard Bourrelly,
Responsable service travaux neufs et maintenance des infrastructures
(bâtiments, réseaux, énergie, déménagements,
rénovations et maintenance du site), et M. Nicolas LALLEMENT, acheteur
travaux pour Airbus Helicopters, et de formation ESTP, sur
l'intérêt, les éventuelles limites et les modalités
d'applications de la démarche.
Les différentes certifications et leur fonctionnement :
Il semble important, avant toute chose, de faire le point sur
trois grandes démarches de certification actuelles : HQE, BREEAM et
LEED. La certification française HQE est la plus dans l'hexagone, elle
repose sur la mise en place d'un système de management environnemental
et l'évaluation de la qualité environnementale du bâtiment
sur 14 cibles. Des critères minimaux doivent être respectés
pour chacune de ces cibles afin d'assurer la certification garantissant, de ce
fait, d'avoir un ouvrage final vraiment durable.
Les certifications anglaise BREEAM et américaine LEED
reposent quant à elles sur l'atteinte d'un score minimal à
atteindre en fonction du niveau de certification recherché. Ce score
étant calculé à partir du cumul des points obtenus pour
chaque cible, le maître d'ouvrage est libre de sélectionner «
à la carte » des cibles prioritaires.
Pour les entreprises souhaitant se lancer dans la mise en oeuvre
d'un projet de construction responsable, la certification BREEAM offre les
avantages d'être à la fois très complète, en
intégrant notamment la problématique du transport, et
d'être la moins chère sur le « marché ».
Pour la certification d'un immeuble de bureau de 20 000
m2, le cabinet de conseil Greenaffair donne la comparaison de
coûts entre les certification BREEAM et HQE suivante :
ESTP Mathieu PACAUD
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La certification BREEAM est en effet beaucoup moins stricte quant
à la vérification contrairement à la certification HQE qui
exige notamment une triple vérification réalisée par un
auditeur extérieur.
Recourir à la certification BREEAM c'est aussi
l'opportunité d'obtenir une véritable aide à la mise en
place d'une démarche de développement durable avec en particulier
de nombreux outils et moyens pour atteindre les performances souhaitées.
Au contraire la certification HQE ne fait que fixer des objectifs à
atteindre.
Nouveau bâtiment à Airbus
Hélicoptère Marignane, explication de la démarche :
Ci-dessous les éléments de réponses aux
questions que j'ai pu poser à M. Bernard Bourrelly, Responsable service
travaux neufs et maintenance des infrastructures (bâtiments,
réseaux, énergie, déménagements, rénovations
et maintenance du site) pour Airbus Helicopters Marignane.
« Pourquoi le choix de recourir à la certification ?
»
Les raisons semblent diverses et dépendent de
l'échelle. Pour Airbus Group il s'agit d'une démarche globale
liée à la stratégie « building / energy » du
groupe, celle-ci semble basée en grande partie sur une notion d'image
et, pour certains bâtiments, sur des critères. La certification
BREEAM « Very Good » du siège à Paris s'est en effet
faite en grande partie pour une notion d'image et de « green value »
; le bâtiment étant en effet susceptible d'être revendu
prochainement. Concernant le MDC de Marignane il s'agit bien entendu toujours
de suivre la stratégie du groupe et de donner une image
d'exemplarité en termes de respect de l'environnement, de conception
architecturale mais aussi et surtout en termes de confort des usagers. Selon M.
Bourrelly la mise en place d'une certification devait en outre contraindre les
différents acteurs du projet à obtenir les résultats
escomptés. Finalement, et contrairement aux locaux du siège, ce
bâtiment n'a pas pour « vocation » d'être revendu et la
notion de « green value » n'a donc pas été un
critère de choix.
« Pourquoi le choix de la certification BREEAM ? » ,
Le groupe Airbus a commandé en 2009 une étude
comparative, réalisée par la société de conseil
ELAN, qui a eu pour objectif la comparaison et l'étude des meilleures
méthodologies entre les différentes certifications que sont
BREEAM, LEED et HQE. Le groupe souhaite en effet généraliser une
démarche de certification.
ESTP Mathieu PACAUD
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BREEAM semble profiter le meilleur rayonnement à
l'échelle européenne ainsi qu'au moyen orient et c'est ce qui a
en particulier guidé le choix d'Airbus, localisé en France et en
Allemagne principalement mais également dans de nombreux autres pays
européens et non-européens. Le critère du prix,
évoqué précédemment, n'a pas semblé avoir
été important dans ce choix. A titre d'exemple la
réalisation du Main Development Center a couté plus de 38
millions d'euros quand une certification HQE (la plus chère) aurait
couté moins de 30 000 euros. Le HQE, pas assez international et le LEED,
pas assez européen et n'offrant pas assez de suivi (toute la
démarche s'effectue sur internet sans aucun audit) n'ont ainsi pas
été retenus.
« Comment avez-vous procédé pour mettre en
place la certification ? »
L'appel d'offre s'est fait sous la forme d'un concours
d'architectes associés à des entreprises de construction
(marché de conception - réalisation). Un AMO
spécialisé en certification BREEAM a été
engagé pour suivre l'ensemble du projet depuis la phase de conception et
jusqu'à un an après la livraison de l'ouvrage.
« Pourquoi ne pas avoir intégré une approche
en coût global poussée en intégrant par exemple la
maintenance et l'exploitation au marché ? »
Concernant la maintenance il n'a tout simplement pas
été possible de l'intégrer au marcher. En effet le groupe
Airbus, comme beaucoup d'autres groupes ou sociétés, a
déjà un contrat de maintenance global pour l'ensemble de ses
sites. Le responsable service travaux neufs et maintenance des infrastructures
ne semble de toute façon pas vraiment convaincu par la démarche.
Selon lui par exemple concernant l'énergie le bâtiment
consommerait approximativement 500 kWh/ an soit une dépense annuelle
approximative de 300 k€ ; en gagnant 20 % par rapport à la RT 2012,
ce qui a été l'objectif fixé en termes de consommation
d'énergie pour gagner 7 précieux points alloués à
ce thème, on ne gagne ainsi « que » 60 k€ par an. Si l'on
fait la somme pour une durée de vie de 50 ans on arrive tout de
même à une économie réalisée de 3 millions
d'euros et ce rien que sur le thème de l'énergie qui, on le
rappelle ne représente généralement jamais (pour un
bâtiment construit sous les exigences de la RT 2012) plus de 20% des
dépenses liées à l'exploitation d'un bâtiment sur sa
durée de vie.
« Quel a été selon vous le principal avantage
de la certification BREEAM ? »
Selon Bernard Bourelly, cela a contraint le système du
fait du suivi par l'organisme certificateur et par l'AMO BREEAM. Ainsi «
tout fonctionnait dès le début » sans réserves, ce
qui été apparemment une première. Le principal avantage,
outre l'aspect d'image et de « green value », semble en effet
être l'apport d'une méthodologie, d'outils et de moyens pour
assurer d'atteindre les performances souhaitées et ce depuis la phase de
conception.
La certification BREEAM a en particulier pour avantage
d'inclure une grande partie relative au chantier. (à
compléter...)
Les limites du seul recours à la certification :
Comme le montre cet exemple, l'unique recours à la
certification ne permet pas forcement d'obtenir le meilleur rapport coût
/ performance. En effet ici Airbus Helicopters a fait le choix, dès la
définition du besoin, de viser le niveau de certification « Very
Good » et en particulier d'avoir un Cep 20% inférieur à
celui imposé par la règlementation thermique. Ce choix a fait que
dans la pratique aucun candidat n'a proposé d'améliorer la
performance énergétique au-delà de cet objectif minimum
imposé. Quel aurait été en effet été
l'avantage pour les groupements d'architectes / entreprises de proposer une
offre avec un coût direct plus élevé mais offrant des
avantages économiques sur le long terme quand le critère de prix
n'englobait pas la durée de vie complète du
ESTP Mathieu PACAUD
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bâtiment ? Il pourra ainsi être intéressant,
comme nous le verrons tout à l'heure, de compléter la
démarche par une approche en coût global.
Autres pistes d'amélioration relatifs au partage des
bonnes pratiques :
L'exemple précédent m'a semblé
intéressant pour montrer dans quelle mesure il peut être
intéressant de s'informer des pratiques relatives à diverses
entreprises dans le domaine des achats responsables. Nous avons ici pu
constater un certain nombre d'avantages mais aussi de limites liées
à la certification. Nous avons également pu constater que les
marchés globaux et les stratégies de groupe peuvent parfois
limiter le champ d'action des achats responsables et que la démarche
devra donc vraiment se faire de manière globale et s'intégrer
dans la stratégie de la politique achat. La présence de certains
marchés comme des accords-cadres relatifs à la conception
architecturale ou des marchés globaux de maintenance peut en effet
limiter les actions possibles pour la passation de nouveaux marchés de
travaux.
Pour en revenir à notre sujet, Radio France aurait tout
intérêt à renforcer ses liens, dans un esprit de
collaboration, avec d'autres directions achats d'entreprises (publiques ou
privées) non concurrentielles. S'il existe un certain nombre
d'organismes qui tâchent de rassembler les différents acteurs
liés à la construction, on constate cependant un assez mauvais
partage et de mise en commun d'outils, de processus ou de bonnes pratiques
relatives aux achats responsables. Il est par exemple très difficile de
se procurer des documents de marchés, souvent « confidentiels
», relatifs à des achats passés par des entreprises
privées. Dans le domaine public les documents sont souvent disponibles
sur la plateforme des achats publics mais de nombreux marchés, et
généralement ceux qui seraient les plus intéressants du
point de vue des achats responsables, passent par une phase de sélection
des candidatures. Il m'a ainsi semblé, d'une manière
générale, que de gros progrès pourraient être faits
quant à une meilleure entraide et une meilleure diffusion des bonnes
pratiques. Concernant Radio France il pourrait par exemple être
intéressant de se rapprocher d'autres sociétés telles que
la SNCF, qui semble avancée dans sa démarche d'achat responsable.
Un échange avec la SNCF semble d'autant plus intéressant que la
société ferroviaire rencontre certainement des
problématiques similaires liées à une implantation bien
spécifique sur tout le territoire (tout comme Radio France et son
réseau France Bleu).
Echanger, s'inspirer des pratiques externes et comparer
ses performances :
- Utiliser les données du Benchmark Immobilier
comme étalon de mesure de l'amélioration future des performances
liées à une meilleure prise en compte du développement
durable.
- Mettre en place des relations d'échanges
collaboratifs avec d'autres acteurs publics ou entreprises privées non
concurrentes. S'inspirer des bonnes pratiques externes.
- Analyser au travers des retours d'expérience
d'entreprises extérieures les avantages de certaines pratiques comme par
exemple le recours à la certification.
- Les échanges et la mise en commun des
connaissances, des outils et processus semblent être d'une manière
générale un levier important pour le développement des
achats responsables et qui reste pour l'instant trop peu
développé.
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ESTP Mathieu PACAUD
2.4 Autres pistes d'amélioration :
2.4.1 La prise en compte du Coût Global et
bénéfices associés :
Nous avons déjà évoqué à
plusieurs reprises la notion de coût global qui semble être, selon
moi, l'un des meilleurs outils à la disposition de l'acheteur travaux
pour justifier, sur le long terme, la plus-value d'une prise en compte du
développement durable. Nous allons tâcher de faire le point sur
les enjeux qui y sont associés pour le secteur du bâtiment, nous
étudierons ensuite son périmètre et son fonctionnement en
application aux marchés de travaux et donnerons finalement des
premières pistes quant à sa mise en oeuvre et son
évaluation.
Intégrer le coût global dans les marchés
de construction rénovation :
Selon le Baromètre des Achats Responsables ObsAR
Opinionway de 2016 le coût global est appréhendé par 69%
des sociétés ou organisations ayant mis en place une politique
d'achats responsables. On constate cependant que le coût global n'est que
très rarement utilisé pour les marchés de travaux dans
lesquels, bien souvent, seuls les coûts de constructions sont pris en
compte alors que ces derniers ne représentent en moyenne que 20% des
coût engendrés par un bâtiment sur toute sa durée de
vie contre 75 à 80% pour l'utilisation !
On considère généralement que la
répartition des coûts en fonction des tâches pour un projet
de construction se fait comme il suit :
- Conception : 2 à 4% pour le montage ; 2% pour les
études de maîtrise d'oeuvre. - Réalisation : 15 à
20% pour l'étape du chantier.
- Gestion : 75 à 80% concernant l'utilisation du
bâtiment.
On parle ainsi souvent « d'iceberg des coûts »
pour mentionner les coûts cachés liés en particulier
à l'exploitation et à la maintenance des bâtiments :
Penser en coût global revient en effet à prendre en
considération, au-delà des coûts immédiats, les
différents coûts et bénéfices différés
engendrés sur toute la durée de vie d'un ouvrage depuis le
montage jusqu'à une éventuelle déconstruction. Certains
types de marchés tels que les Partenariat Public Privé (PPP)
imposent l'utilisation de cette démarche mais il est temps pour les
acheteurs publics d'en comprendre les bénéfices et de
généraliser son utilisation.
ESTP Mathieu PACAUD
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Il existe différentes façons d'appréhender
le coût global d'un ouvrage. On différencie principalement deux
types de coût global :
- Le coût global dit simple : coût
élémentaire initial, coût élémentaire de
fonctionnement et valeur résiduelle,
- et le coût global étendu à des notions
comme les impacts environnementaux ou l'image. Ce dernier est plus
difficilement chiffrable.
Le coût global dit simple ou élémentaire
comprendra en particulier les éléments suivants :
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De manière plus détaillée le
périmètre traditionnel du coût initial est le suivant :
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Et le périmètre des coûts
différés est le suivant :
ESTP Mathieu PACAUD
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Importance de la maintenance :
La maintenance régulière des bâtiments avec
entretien léger mais régulier dès l'apparition des
défauts aura tendance à améliorer la durée de vie
à moindre coût donc à réduire le coût global
d'un ouvrage sur une longue durée.
Ci-dessous un exemple de coût global simplifié
illustrant l'importance de la maintenance :
Les coûts de maintenance liés à la
conservation du bon état de marche et à la lutte contre le
vieillissement se répartissent en deux catégories
:
- La maintenance courante :
Préventive : petit entretien, frais de personnel,
fournitures, contrats d'entretien,
contrats de maintenance
Corrective : travaux de réparation faisant suite
à des désordres
Contrôles règlementaires
- Le gros entretien de renouvellement :
Ensemble des travaux programmables suffisamment importants pour
être
immobilisés visant à lutter contre le
vieillissement.
Travaux de réparation exceptionnels réalisés
dans un esprit de conservation du
patrimoine.
Les coûts d'exploitation quant à eux sont
liés au fonctionnement des ouvrages et des
équipements dans des conditions définies de
sécurité, de sureté ou encore de confort. Ils
ESTP Mathieu PACAUD
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comprennent les coûts suivants :
- Les coûts d'exploitation technique :
Fluides (électricité, gaz, eau, ...)
Conduite des installations climatiques (mise en route,
arrêt, ...)
- Les coûts d'exploitation fonctionnelle :
Nettoyage, accueil, standard, courrier (ces coûts ne
peuvent à priori pas figurer dans
un critère de prix en coût global de
sélection des offres puisqu'ils ne dépendent pas à
priori de la réalisation de l'ouvrage).
Il faudra également prendre en compte les travaux et frais
liés à des modifications fonctionnelles
ou règlementaires :
- Coût de mise en conformité.
- Travaux et frais liés à des changements d'usage :
déménagement de services, redistribution,
restructuration.
Il est difficile pour ne pas dire impossible de prévoir
ces derniers et par conséquent de les inclure
par exemple dans un appel d'offre.
Finalement, et en intégrant les coûts initiaux et
différés précédemment mentionnés, l'on
obtient des coûts sur tout le cycle de vie d'un bâtiment qui
auraient cette allure avec, un gros investissement initial, des coûts
croissants liés à l'exploitation - maintenance et aux fluides,
des entretiens ou renouvellements plus ou moins important rabaissant les
coûts précédents et généralement une grosse
opération d'entretien - renouvellement après 30 ans :
ESTP Mathieu PACAUD
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La prise en compte du temps :
L'approche en coût global voudrait logiquement
privilégier un horizon de temps correspondant à la durée
de vie physique d'un ouvrage. Des notions d'incertitude limitent bien souvent
cet horizon à un cycle d'obsolescence correspondant à un cycle
d'investissement lourd. Les dépenses et revenus, étalés
sur cette période posent la question de l'impact du temps sur l'argent.
Le temps transforme en effet la valeur de l'argent suivant deux
phénomènes :
- l'inflation dont il peut être nécessaire de
différencier les indices en fonction des différentes
catégories de biens ou services,
- et l'actualisation qui tient compte du déphasage dans le
temps des flux financiers pour les ramener à une même base. En
effet on considère qu'une somme donnée a une plus grande valeur
dans le présent que dans le futur (un euro 2016 vaut 1/(1+a) euro 2017
avec a le taux d'actualisation). A titre d'exemple avec un taux d'actualisation
à 4%, un euro économisé dans 10 ans aura une valeur
actualisée 2016 de 0,68€.
Finalement en tenant compte de ces deux phénomènes
on obtient la formule suivante :
V actualisée 2016 = V année 2016 + j x (1 + i)j
/ (1 + a)j avec : i le taux d'inflation
a le taux d'actualisation
Nous n'entrerons pas ici dans les détails de la
détermination relativement complexe du taux d'actualisation. Le rapport
Lebègue a cependant fixé le taux d'actualisation pour les
investissements publics (bâtiments, infrastructures, ...) à 4%
depuis 2005. Pour les investissements supérieurs à 30 ans ce taux
peut être réduit au taux minimum de 2%.
Coût global et variantes :
Une logique de raisonnement en coût global n'aura par
nature d'intérêt que pour la comparaison d'offres
différentes dans leur contenu. Un cahier des charges rigide sans
possibilité de variantes aura pour conséquence des coûts
différés à priori identiques. Il me semble ainsi
nécessaire d'autoriser les variantes dans le règlement de
consultation des entreprises (sauf dans le cas des marchés à
procédure formalisée pour lesquels les variantes seront
autorisées à moins qu'elles ne soient expressément
interdites).
Autoriser ainsi les variantes permettra d'inciter les entreprises
à proposer des solutions innovantes et performantes en termes
d'économie d'énergie en particulier. L'objectif de ces variantes
limitées ou large sera par exemple une amélioration de la
durée de vie des différents éléments ou encore une
meilleure fiabilité induisant des coûts de maintenance plus
faibles.
Cependant, si l'autorisation des variantes va de soit pour un
concours de maîtrise d'oeuvre il peut être délicat
d'introduire des variantes au stade des appels d'offre de réalisation
sans compromettre les choix de conception dont dépendent la
qualité globale de l'ouvrage.
L'importance de la phase de conception :
Si les coûts de conceptions représentent 15% des
coûts initiaux qui sont bien souvent les seuls coûts prix en
compte, on constate que les choix de conception engagent 90% du coût
global d'un ouvrage alors qu'ils ne représentent alors plus que 2% de ce
dernier. S'intéresser au coût global d'un ouvrage s'est donc avant
tout apporter à la conception l'importance qui lui est due. Pour un
maître d'ouvrage occasionnel il pourra être plus avantageux de
faire appel à une assistance à maîtrise d'ouvrage pour la
mise en place du programme et intégrer les concepts calcul en coût
global.
ESTP Mathieu PACAUD
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Evaluer différentes offres sur un critère de
coût global peut finalement être délicat voir impossible
à mettre en place selon le type de marché. Si le programme et les
différents cahiers des charges ont par exemple déjà
été définis par un architecte il sera difficile, comme
évoqué précédemment avec le cas des variantes, de
juger sur ce critère des offres répondant toutes aux mêmes
contraintes techniques architecturales et techniques déjà
établies.
Dans un objectif de sélection des offres sur un
critère de coût global et si l'on veut pouvoir introduire en
particulier la réalisation, il pourra ainsi être
intéressant de recourir à des associations :
- construction et exploitation,
- conception et réalisation,
- ou encore conception, réalisation et maintenance comme
dans le cas d'un contrat de performance énergétique avec travaux
et garantie de résultats.
Retour sur le coût global et partagé :
Comme précisé précédemment et pour
aller plus loin dans la démarche, on pourra chercher à
élargir le coût global lorsque les choix de conception, de
réalisation et de gestion améliorent par exemple le confort et le
bien-être, la sécurité des utilisateurs, l'image que
renvoie l'entreprise ou encore réduisent les coûts de transport
pour les utilisateurs.
Pour aller encore plus loin le coût global partagé
introduira les facteurs sociaux, environnementaux et économiques du
développement durable comme la « valeur verte » d'un ouvrage,
la réduction des nuisances pour les riverains, la contribution au
développement des filières locales, le gain de
productivité des employés au travers du confort, du
bien-être et de la qualité environnementale (meilleure
qualité de l'air par exemple), la sécurité des
utilisateurs, etc.
Coûts d'exploitation - maintenance ; l'importance du
commissionnement :
Il est très bien de réaliser des installations
économes et respectueuses de l'environnements et d'estimer le coût
global d'un ouvrage, encore faut-il s'assurer de la conformité entre les
performances réelles et le besoin exprimé. Les coûts
constatés de l'exploitation - maintenance sur le plan de
l'énergie peuvent en effet pour certaines réalisations
dépasser largement les coûts estimés.
Le mémento du commissionnement réalisé par
COSTIC (centre d'études et de formation pour le génie climatique)
avec les soutiens de l'Union Climatique de France de la FFB, de l'ADEME et de
l'Union Européenne, tâche de souligner l'importance du
commissionnement pour une bonne conformité d'une réalisation avec
les objectifs de performance contractuels liés en particulier aux
installations climatiques.
La définition du commissionnement suivante y est
proposée :
« Ensemble de tâches pour mener à terme une
installation neuve afin qu'elle atteigne le niveau de performances
contractuelles et créer les conditions pour les maintenir : mettre
à disposition des clients et/ou des usagers la documentation et les
instructions d'utilisation et de maintenance, incluant l'initiation ou
même la formation des intervenants. »
Le document prend la forme d'une sorte de guide pour les
différents acteurs. Il donne ainsi dans un premier temps un certain
nombre d'indications concernant les maîtres d'ouvrage et l'application
dans les marchés. Il est ensuite fait le tour des différents
enjeux et acteurs nécessaires à la conception et à la
réalisation d'installations performantes et conformes aux exigences
contractuelles.
ESTP Mathieu PACAUD
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Le tableau ci-dessous définit les actions à mettre
en place pour l'exploitation et la maintenance en fonction des
différentes phases d'un projet :
Nous nous contenterons ici de relever un certains nombres
d'outils et d'actions qui sont à la disposition de l'acheteur publics
concernant le commissionnement. Le document complet est disponible gratuitement
sur le site internet du COSTIC.
Dès la phase du montage puis du programme :
Il est important de prévoir dès la phase du
programme les consommations et les coûts d'exploitation en s'associant
éventuellement à un professionnel compétent. Des objectifs
chiffrés doivent en ressortir tels que les propriétés
fonctionnelles, environnementales, économiques ou sécuritaires
ainsi que les résultats concrets attendus en terme de performance. Ces
objectifs devront faire l'objet de clauses
particulières.
Il pourra être judicieux de s'associer à des
sociétés d'exploitation et de service en matière
d'énergie et d'environnement dès ces premières phases du
projet.
Nous insisterons sur l'importance d'être rigoureux
dès cette première étape car une mauvaise estimation des
coûts entrainant une maintenance insuffisante peut être lourde de
conséquences comme illustré ci-dessous :
ESTP Mathieu PACAUD
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Il sera également important de formuler clairement et de
manière complète la demande relative au commissionnement dans le
cahier des charges et les documents contractuels :
« Les tâches du commissionnement sont vastes et
multiples. Raison pour laquelle elles doivent être identifiées
précisément dans le cahier des charges, et leurs coûts
chiffrés par les professionnels qui répondront à l'appel
d'offres. »
Le commissionnement devra ainsi être une clause du CCTP qui
précise les limites des prestations demandés et
doit être chiffré. Il comprendra en
particulier les prestations suivantes :
- Des études de réalisation qui
prévoient les étapes qui suivent : mise au
point, vérification des performances, exploitation, maintenance et
documentation.
- Une installation de qualité, dans un chantier
organisé.
- Une mise au point complète :
réglages, vérifications et documentation, qui atteste les
performances et alimente les dossiers techniques pour la maintenance.
- Une réception facilitée par les tâches qui
ont précédé.
- Des tâches de post-réception : mises en
service après la réception, mises en main, instructions
pour l'exploitation et la maintenance.
Il faut toutefois avoir conscience que les prestations de
services qui suivent la réception ne sont pas soumises aux règles
des marchés de travaux ni aux garanties associées.
La demande de qualification :
La demande de certaines qualifications QUALIBAT assurent que le
prestataire sera en mesure d'assurer le commissionnement relatif à ces
installations. On peut par exemple noter les qualifications suivantes pour les
installations thermique de génie climatique :
- 5312 Installations thermiques technicité
confirmée - 5313 Installations thermiques technicité
supérieure
Et pour les installations d'aéraulique et de
conditionnement d'air :
- 5412 Climatisation technicité confirmée
- 5413 Climatisation technicité supérieure
- 5414 Climatisation technicité exceptionnelle
« L'entreprise assure la mise en service, la mise au
point et les réglages permettant d'obtenir les résultats
demandés dans le marché, la formation des utilisateurs ainsi que
la remise des documents nécessaires à l'exploitation et au suivi
de l'installation (plans, notices, consignes, références des
équipements, relevé des mesures et réglages
effectués, etc.) et propose éventuellement des recommandations
permettant d'en optimiser le fonctionnement. » « Extrait de la
qualification Qualibat 5312 »
Autres éléments à prendre en compte pour
garantir la performance :
Nous avons parlé précédemment de
l'importance du commissionnement afin de garantir les performances attendues
d'un ouvrage. La maîtrise de la qualité sur le chantier sera
également très importante. On considère en effet que les
défauts de mise en oeuvre (infiltrations d'air, infiltrations d'eau,
fonctionnement non optimal des systèmes de chauffage, de refroidissement
et de ventilation, manque d'isolation et/ou création de ponts
thermiques, fissuration des parois extérieures etc.) représentent
une surcompensation énergétique de l'ordre de 20% par rapport aux
prévisionnels. De
ESTP Mathieu PACAUD
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ce fait il est très important, dès la phase de
définition du besoin puis d'achat, de définir des exigences en
matière de qualité ainsi que les modalités de
contrôle du respect de cette qualité sur le chantier.
Sur son site internet, le centre de resources technologiques
Nobatek propose, dans un document intitulé PerfEN, des fiches qui
récapitulent les différentes pathologies pouvant avoir un effet
direct ou indirect sur les performances énergétiques des
bâtiments. Pour chaque cas, le tableau reprend les causes de
désordres lors de la mise en oeuvre, le ou les corps d'états
concernés, à quel avancement du chantier les défauts de
mise en oeuvre arrivent-ils et enfin les contrôles (et moyens de
contrôles) possibles pour éviter le désordre ou le
repérer a posteriori.
Si l'observation visuelle permet de desceller un grand nombre de
désordres sur un chantier certains moyens de contrôle efficaces
peuvent être mis en place. Je conseille ainsi vivement à Radio
France d'étudier les différentes pathologies
évoquées dans ce document, d'accorder une importance
particulière à la maîtrise de la qualité pendant la
phase de chantier, et de mettre en place des processus de contrôle tels
que :
- Test de mesure d'étanchéité à l'air
par porte soufflante. - Test d'isolation par thermographie infrarouge
- (...)
Conclusion sur les difficultés rencontrées par les
entreprises dans la prise en compte du coût global :
Si les notions tels que le coût global, le coût
global étendu, le coût global partagé ou encore le
coût de cycle de vie sont des notions généralement connues
par les acheteurs le potentiel de ces dernières n'est que très
rarement exploité dans la pratique. Les deux principales
difficultés rencontrées sont les suivantes :
- La notion de coût global est globalement connue par les
acheteurs mais n'est en pratique que
très peu exploitée dans les appels d'offre. Ce
phénomène est en partie due à un manque
d'outils disponible permettant d'intégrer le coût
global ou le coût du cycle de vie.
- Certaines externalités notamment environnementales sont
très difficilement monétisables.
Leur prise en compte est pourtant encouragée par les
nouvelles règlementations. Les articles 67 et 68 de la directive
2014/24/UE autorisent et encouragent par exemple l'utilisation du Coût du
Cycle de Vie comme critère d'attribution d'un marché sous
certaines conditions (la méthode de sélection devra en
particulier être accessible à tous et les données requises
à l'évaluation devront être fournies par le maître
d'ouvrage).
Article 62 du Décret 2016-360 du 25 mars 2016
- Coût du cycle de vie
I. - Le coût du cycle de vie couvre, dans la mesure
où ils sont pertinents, tout ou partie des coûts suivants du cycle
de vie d'un produit, d'un service ou d'un ouvrage :
1° Les coûts supportés par l'acheteur ou
par d'autres utilisateurs, tels que :
a) Les coûts liés à l'acquisition
;
b) Les coûts liés à l'utilisation comme
la consommation d'énergie et d'autres ressources ;
c) Les frais de maintenance ;
d) Les coûts liés à la fin de vie comme
les coûts de collecte et de recyclage ;
2° Les coûts imputés aux
externalités environnementales liés au produit, au service ou
à l'ouvrage pendant son cycle de vie, à condition que leur valeur
monétaire puisse être déterminée et
vérifiée. Ces coûts peuvent inclure le coût des
émissions de gaz à effet de serre et d'autres émissions
polluantes ainsi que d'autres coûts d'atténuation du changement
climatique.
II. - Lorsque l'acheteur évalue les coûts
selon une approche fondée sur le cycle de vie, il indique dans les
documents de la consultation les données que doivent fournir les
soumissionnaires et la méthode qu'il utilisera pour déterminer le
coût du cycle de vie sur la base de ces données.
La méthode utilisée pour évaluer les
coûts imputés aux externalités environnementales respecte
l'ensemble des conditions suivantes :
a) Elle se fonde sur des critères vérifiables
de façon objective et non-discriminatoires. En particulier, lorsqu'elle
n'a pas été prévue pour une application
répétée ou continue, elle ne favorise ni ne
défavorise indûment certains opérateurs économiques
;
b) Elle est accessible à toutes les parties
intéressées ;
c) Elle implique que les données requises puissent
être fournies moyennant un effort raisonnable consenti par des
opérateurs économiques normalement diligents.
|
ESTP Mathieu PACAUD
Marchés Publics de travaux - Achats Responsables Page
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Il ne manque plus que des outils pratiques et concrets de mise en
oeuvre pour chaque catégorie d'achat et en particulier pour le domaine
des travaux de construction ou de réhabilitation pour lesquels la
démarche a beaucoup de mal à être intégrée
aux appels d'offres. Nous tâcherons tout à l'heure de proposer des
outils permettant le calcul du coût global en application à un
marché public de travaux. Il existe également des outils
juridiques et certains types de marchés permettant sa prise en compte.
C'est par exemple le cas des contrats de performance énergétique
(CPE) qui, visant à améliorer la performance
énergétique, associent de manière contractuelle un niveau
d'amélioration de la performance énergétique
préalablement défini à des prestations (travaux,
maintenance, ...). En 2013 la Fédération des services
énergie environnement (Fedene) publie une série de fiches
exemples sur des marchés de performance énergétiques
passés par différents maîtres d'ouvrages publics et les
objectifs associés (voir document en annexe).
Ce type de marché pourrait par exemple être
appliqué à un contrat global de maintenance / exploitation
multitechnique pour l'ensemble des sites de Radio France.
Le coût global comme levier de performance
économique et environnementale :
- Le coût global est actuellement trop peu pris
en compte dans les marchés publics de travaux.
- Mettre en place une évaluation du coût
global des projets afin de connaître l'ensemble des coûts
liés en particulier à son utilisation.
- Favoriser la prise en compte du coût global en
utilisant les outils de marchés adéquates :
autorisation des variantes, marchés globaux de type conception
réalisation, contrats de performance
énergétique.
- Prendre en compte l'importance de la maintenance comme
réducteur de coûts sur le long terme.
- Prendre en compte l'importance du commissionnement
pour garantir l'atteinte des performances attendues.
- Mettre en place un outil d'évaluation des offres
sur la base du coût global.
|
2.4.2 Prise en compte des enjeux sociaux du
développement durable :
L'aspect social est très peu pris en compte dans les
marchés de travaux passés par Radio France. On ne retrouve pas
par exemple de clauses ni de critères d'attributions relatifs aux enjeux
sociaux actuels. Nous allons tenter d'examiner les différentes raisons
que pourrait avoir la direction achat de Radio France de faire évoluer
la démarche.
Faire appel au secteur protégé et adapté
:
Dans un contexte de crise économique le nombre de
demandeurs d'emploi en situation de handicap n'a cessé d'augmenter.
L'enjeux de leur intégration est donc de taille et il est important de
réaliser qu'avec une organisation adaptée et la mise en oeuvre
d'un minimum de moyens, celle-ci peut être économiquement
intéressante. C'est d'autant plus vrai avec la professionnalisation
ESTP Mathieu PACAUD
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constante des ESAT/EA et grâce au soutien, sous formes
d'aides (pour les bons élèves), qu'apporte la
règlementation.
D'une manière générale, et bien que
globalement l'image de l'emploi de travailleurs handicapés ai
évolué de manière très positive ces
dernières années, certaines entreprises semblent toujours avoir
du mal à faire appel au secteur protégé et adapté.
Si l'argument de la qualité de l'encadrement et de la formation dans les
structures telles que les EA (entreprises adaptées) ne suffit pas, la
règlementation est là pour lever le frein du coût voir
même, pour faire en sorte que le secteur protégé et
adapté apparaisse comme un levier économique.
Si la loi relative à l'obligation d'emploi de personnes en
situation de handicap remonte à 1987, a loi du 11 février 2005
pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la
citoyenneté des personnes en situation de handicap en a renforcé
un certain nombre d'obligations.
Toute entreprise de 20 salariés et plus doit remplir
annuellement une Déclaration Obligatoire des Travailleurs
Handicapés (DOETH) relative aux obligations d'emplois faisant appel au
secteur protégé et adapté. Si les obligations ne sont pas
respectées l'entreprise devra alors verser une contribution à
l'AGEFIPH. Ces entreprises doivent en particulier remplir, hors
exonérations, un quota de 6% de personnes en situation de handicap.
Pour réduire le montant de la contribution à
l'AGEFIPH, nous avons le choix entre plusieurs options en faisant appel
à des personnes en situation de handicap via nos achats directs, via des
contrats de sous-traitance, ou encore via le détachement de personnel
handicapé.
- Sous-traitance : passer des contrats avec le secteur
protégé et adapté permet une exonération
du montant de la contribution à l'AGEFIPH pouvant
atteindre 50% de l'obligation d'emploi. - Accueil de stagiaires en situation de
handicap :au prorata temporis et à hauteur de 2%
maximum de l'obligation.
- Autres actions :
La formation et la sensibilisation de l'ensemble des
salariés dans le cadre de l'em-bauche ou du maintien dans l'emploi des
travailleurs handicapés.
La réalisation d'études et d'aménagements de
postes pour les collaborateurs en situation de handicap.
La mise en place de transports adaptés, le soutien
d'actions en faveur du secteur du handicap.
Ces actions sont déductibles dans la limite de 10% de la
contribution.
Il est important d'avoir conscience de la très grande
diversité d'activités pouvant être réalisées
en faisant appel au secteur protégé et adapté. On pourra
en particulier faire avoir recours à l'économie sociale et
solidaire dans le secteur du bâtiment et pour la réalisation de
travaux ou la maintenance / exploitation d'ouvrages.
Ci-dessous une liste de prestations pouvant être
réalisées par le secteur protégé et adapté
:
- Agriculture-Environnement-Espaces verts ;
- Bâtiments et travaux publics ;
- Blanchisserie ;
- Collecte-traitement-Recyclage-Déchets ;
- Commerce-distribution ;
- Energie renouvelable ;
- Gestion administrative-informatique ;
- Hôtellerie-Tourisme-Location de salle ;
- Impression-Communication-Edition ;
- Nettoyage ;
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- Réparation-dépannage-SAV ;
- Restauration ;
- Sous-traitance industrielle ;
- Textile-Ameublement-Artisanat d'art ;
- Transport.
Intégration de clauses sociales d'insertion :
Afin d'acheter de manière socialement responsable, Radio
France pourrait intégrer des clauses sociales d'insertion à ses
marchés de travaux. Leur utilisation, au même titre que les
clauses environnementales et en effet, et comme nous avons pu le voir
précédemment, autorisé voir encouragé par le Code
des Marchés Publics. L'objectif est de promouvoir l'accès
à l'emploi de personnes qui en sont « éloignées
» et se présentera alors sous la forme d'une obligation pour tout
répondant à l'appel d'offre. Un certain pourcentage d'heures de
main d'oeuvre sera ainsi réservé à un public en «
difficulté d'accès à l'emploi » qui peuvent
être par exemple des personnes en situation de handicap, des jeunes sans
qualifications, des chômeurs de longue durée, des
bénéficiaires du RSA ou encore des demandeurs d'emploi de longue
durée. Le choix du public ciblé relèvera de la
décision de Radio France.
Il me semble important qu'une société telle que
Radio France fasse « l'effort » d'intégrer les aspects sociaux
en allant éventuellement au-delà de la règlementation. En
plus des bénéfices évidents pour les personnes ainsi
employées, Radio France pourrait gagner une image d'entreprise
socialement engagée vis-à-vis des auditeurs, des employés,
des différents collaborateurs et des prescripteurs.
Quelques exemples d'engagements :
Conseil Général de Meurthe et Moselle, un
engagement sur deux niveaux :
- Intégration quasi systématique d'une clause
d'insertion dans les marchés publics. Cette clause prévoit le
recours, pour la réalisation du marché, à un prorata de
main d'oeuvre rencontrant des difficultés d'accès à
l'emploi, particulièrement des personnes bénéficiaires du
RSA.
- Depuis 2008, tous les projets d'investissement
cofinancés par le Conseil Général doivent s'inscrire dans
une démarche de développement durable. Pour obtenir l'aide du
département sur des marchés supérieurs à 100
000€, l'intégration d'une clause d'insertion est obligatoire.
La charte d'insertion de l'Agence Nationale de Rénovation
Urbaine (Anru) :
L'objectif de la charte nationale d'insertion est de permettre
l'accès aux emplois générés par les projets de
rénovation urbaine (exemple : quartier de la Croix de Metz à
Toul) aux habitants des zones urbaines sensibles (ZUS).
L'enjeu est d'utiliser à la fois les marchés de
travaux relatifs aux investissements financés dans le cadre du projet,
mais aussi de favoriser l'accès aux emplois de gestion urbaine de
proximité (GUP) et de gestion de nouveaux équipements.
En signant la convention pluriannuelle de rénovation
urbaine, la ville de Toul et Toul Habitat s'engagent à respecter et
mettre en place les dispositions de la charte nationale en matière
d'inser-tion par l'activité économique.
Exemple de clause d'insertion par l'activité
économique :
Ci-dessous un exemple de clause sociale d'insertion par
l'activité économique incluse dans un appel d'offres ouvert
concernant des travaux de Restauration de l'écluse de Don, située
sur le canal
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Marchés Publics de travaux - Achats Responsables Page
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de la Deûle. Il pourra en effet être judicieux pour
Radio France de s'inspirer de clauses présentes dans des marchés
existants tout en les adaptant. On peut voir par exemple ici que le
maître d'ouvrage a choisi de s'associer à un organisme
spécialisé et assurant une mission d'assistance auprès des
candidats.
2-15. Clauses sociales -
Insertion par l'activité économique
Pour promouvoir l'emploi et combattre l'exclusion, les Voies
Navigables de France souhaitent faire appel à ses partenaires
privilégiés que sont les entreprises qui répondent
à ses appels d'offres. L'entreprise choisie, quelle qu'elle soit, est
tenue, pour l'exécution du marché, de proposer une action
d'insertion qui permette l'accès ou le retour à l'emploi des
personnes rencontrant des difficultés professionnelles ou sociales
particulières (demandeurs d'emploi de longue durée - plus d'un an
; allocataires du RSA, publics reconnus travailleurs handicapés au sens
de l'article L 5212-13 du code du Travail, les bénéficiaires des
minimas sociaux, jeunes de faible niveau de qualification et/ou n'ayant jamais
travaillé en recherche d'emploi, des personnes de plus de 50 ans, les
personnes relevant de l'insertion par l'activité économique
définies dans l'article L-5132-4 du code du Travail, les participants
des Plans Locaux pour l'Insertion et l'Emploi ...).
Une offre qui ne satisferait pas à cette condition
serait irrecevable pour non-conformité au cahier des charges.
Afin de vous associer à cette démarche sans
alourdir la procédure, le service des marchés a
élaboré des annexes spécifiques aux documents contractuels
qui vous sont familiers. Afin de faciliter la mise en oeuvre de la
démarche d'insertion, les Voies Navigables de France ont mis en place
une procédure spécifique d'assistance, gérée sur
cette opération par . ·
Maison de l'Emploi de Lille-Lomme-Hellemmes Contact
. · Sylvain DURSENT Téléphone . · 03.20.14.85.50
e-mail . ·
clause.insert@reussir.asso.fr
Intégration des enjeux sociaux du
développement durable :
- Agir avant tout par solidarité et pour
répondre aux problématiques sociales actuelles.
- Avoir conscience de la professionnalisation
constante et du champ de compétence des organismes tels que les ESAT et
les EA.
- Connaitre la règlementation et les
bénéfices économiques du recours aux secteurs
protégé et adapté.
- Favoriser l'accès à l'emploi aux
personnes qui en sont éloignées en intégrant des clauses
sociales d'insertion.
|
2.5 Indicateurs, reporting et évaluation de
création de valeur par les achats responsables et durables :
En 2013, le Baromètre HEC -EcoVadis intitulé «
Time to measure value creation » se concentre sur l'importance pour les
sociétés de pouvoir traduire les actions entreprises en termes de
création de valeur mais aussi et surtout sur les difficultés
rencontrées. A l'époque la mesure des bénéfices est
un objectif principal pour les différentes directions des achats
interrogées et 55% d'entre eux mesurent déjà d'une
manière ou d'une autre les bénéfices apportés par
une démarche d'achat responsable en se concentrant en priorité la
réduction des coûts (48%), la minimisation des risques
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(41%) et les bénéfices environnementaux (35%).
Cependant à l'époque de l'étude seuls 7% sont capables de
traduire de manière exhaustive les bénéfices en termes de
gain économique.
Selon le Baromètre des Achats Responsables ObsAR
Opinionway de 2016, 45% des sociétés ou organisations
interrogées ayant mis en place une politique d'achats responsables
estiment que le manque d'indicateurs de mesure est l'un des principaux freins
au développement de la démarche.
Nous tâcherons de faire le point sur l'utilité du
reporting pour le Direction des Achats, sur sa mise en oeuvre et son
périmètre d'action. Nous tâcherons ensuite de faire un
état des lieux des indicateurs utilisés chez Radio France dans un
premier temps, puis d'autres indicateurs pertinents potentiels dans un second
temps ainsi que de mettre en place des outils de mesure de la performance des
actions effectuées dans le sens d'une démarche d'achat
responsable.
4.1 L'utilité des indicateurs pour les Achats Responsables
:
L'utilité d'indicateurs relatifs aux Achat Responsable
serait pour Radio France à la fois interne et externe. En interne le
choix d'indicateurs pertinents permettra d'encourager et de valoriser les
bonnes pratiques, d'apporter de la crédibilité quant à la
valeur ajoutée des acheteurs et de convaincre les directions
prescriptrices de la pertinence de la démarche. Cela va également
permettre une différenciation des fournisseurs sur des critères
de qualité, de responsabilité environnementale et social. En
externe cela va permettre de communiquer de manière concrète sur
les performances du groupe. Cela va également permettre de
déterminer des facteurs clés de succès vis-à-vis
d'un marketing responsable ainsi que de sensibiliser les fournisseurs.
Mise en oeuvre :
Il est important d'intégrer la mise en place d'indicateurs
dès la mise en place d'une démarche d'achats reponsables quitte
à avoir un panel limité d'indicateurs ou à limiter de
manière stratégique le champ du reporting dans un premier temps
et le faire évoluer par la suite. Le second point important est
d'apporter une vision complète des Achats Responsables pour
évaluer l'acte d'achat dans sa globalité et ce en
définissant un périmètre comprenant les
éléments suivants :
- l'acte d'achat,
- l'organisation des achats,
- la relation fournisseurs,
- les pratiques fournisseurs,
- les caractéristiques des biens, produits ou services
achetés.
L'ObsAR propose une série de 15 indicateurs couvrant
l'ensemble des points évoqués et répartis en
5 objectifs :
- le déploiement en interne,
- le déploiement en externe,
- les résultats des fournisseurs en matière de
RSE,
- les résultats de l'entreprise dans ses pratiques
d'achats,
- et finalement les résultats de mesure d'impact des
produits et prestations achetées.
ESTP Mathieu PACAUD
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Radio France pourrait reprendre un certain nombre de ces
indicateurs en essayant de couvrir l'acte d'achat dans sa globalité. Il
pourra également être intéressant d'intégrer
d'autres indicateurs relatifs à la valeur ajoutée d'une
démarche responsable tels que :
- Des indicateurs comparant les différentes performances
économiques et environnementales des ouvrages avant et après le
renforcement de responsabilisation des achats.
- Des indicateurs comparant les coûts
énergétiques, d'exploitation et de maintenance de locaux
construits ou réhabilités en prenant en compte le coût
global avec les coûts associés à des locaux
équivalents sans prise en compte du coût global.
ESTP Mathieu PACAUD
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4.2 Indicateurs de suivi de performance de la Direction des
Achats de Radio France (2014) :
Pour la Direction des Achats de Radio France l'analyse des
indicateurs de suivi de la performance est un élément clef de la
stratégie achat. Le pilotage de son activité se fait sur trois
niveaux : Stratégique, Performance et
Opérationnel.
Les indicateurs sont déclinés en deux
catégories principales :
? Les indicateurs de performance :
- Leur calcul permettra de mesurer la contribution de la fonction
stratégie de l'entreprise. - Exemple : Retour sur investissement de la
fonction achat.
? Les indicateurs d'activité :
- Leur calcul permettra de mesurer l'activité
opérationnelle de la fonction achat. - Exemple : nombre de dossiers
traités.
La fréquence de mise à jour des indicateurs est
semestrielle avec des premiers calculs effectués sur
l'année 2013.
L'analyse des indicateurs de suivi de performance de la Direction
des Achats de Radio France répond aux cinq objectifs
suivants :
Objectif 1 : Les principaux leviers d'achat pour mettre en
oeuvre des stratégies.
4 Identifier les principaux leviers d'achat pour mettre en oeuvre
des stratégies.
Ces indicateurs permettent de mesurer la gestion de la relation
fournisseur et de mettre sous contrôle la performance des fournisseurs
stratégiques. Il est prévu à l'époque une nette
amélioration de ces indicateurs grâce au développement de
la démarche d'évaluation fournisseur précédemment
évoquée.
Objectif 2 : La maîtrise des dépenses.
4 Anticiper, mieux acheter, mieux commander.
ESTP Mathieu PACAUD
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Cet indicateur est décliné sous trois formes :
- L'écart entre l'estimation budgétaire
effectuée par le service prescripteur et le montant attribué. Le
chiffre observé, 32,8%, met en exergue la nécessité de
mieux évaluer l'estimation budgétaire.
- L'écart entre la moyenne des prix observée sur le
marché et le montant attribué. Le pourcentage de 33,8% est selon
Radio France la conséquence d'une meilleure définition des
besoins et des engagements de qualité.
- L'écart entre le montant après
négociation et le montant avant négociation nous permet
d'identifier précisément le gain
réalisé grâce à un acte de négociation, en
l'occurrence 12,8% du montant total attribué sur l'année 2013.
Ces indicateurs sont néanmoins calculés à
l'époque sur la base des coûts initiaux uniquement et non des
coûts globaux ou coûts de cycle de vie.
Objectif 3 : La maîtrise des risques juridiques.
4 Respect de l'ordonnance et des dispositions
internes. A l'époque aucun indicateur n'est calculé.
Objectif 4 : L'engagement dans l'achat responsable.
4 Equilibrer les préoccupations,
stratégies d'achat cohérentes centrées sur la
durabilité et l'équité.
Ces indicateurs mesurent la prise en compte des aspects
développement durable dans la gestion des marchés. Leur suivi a
débuté en 2014 uniquement. Comme on peut le constater la
Direction des Achats de Radio France n'en ai en 2014 qu'aux prémices
d'une démarche d'achats responsables. Le nombre d'indicateurs est en
effet trop faible, ne couvre pas les trois piliers du développement
durable, n'apporte pas une vision complète de l'acte d'achat ni
d'éléments montrant la valeur ajoutée de
l'intégration du développement durable et son évolution.
Il est cependant intéressant de noter que des indicateurs sont
introduits rapidement alors que la démarche d'achats responsable
émerge.
Objectif 5 : La maîtrise de la fonction achat.
4 Surveillance, évaluation de la fonction
achat et plan de formation.
ESTP Mathieu PACAUD
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Coût de la fonction achat / impacts de son action : les
ratios observés prouvent que la direction des achats est le centre de
profit qui vise largement la « création de valeur » sous
toutes ses formes. Les trois derniers indicateurs nous permettent de mesurer la
performance des acteurs de la direction des achats ainsi que
l'amélioration de la gestion des contrats.
Indicateurs achat responsable :
- Avoir conscience de l'importance de la mesure des
résultats liés à la mise en place d'une démarche
d'achat responsable.
- Mettre en place des indicateurs au commencement d'une
démarche d'achat responsable en limitant éventuellement leur
évaluation à quelques fournisseurs stratégiques dans un
premier temps.
- Couvrir l'acte d'achat dans sa globalité de par
le panel d'indicateurs sélectionnés. - Introduire des indicateurs
qui permettent de mesurer la valeur ajoutée des achats responsables par
rapport à une base de mesure antérieure.
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ESTP Mathieu PACAUD
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3) Propositions concrètes d'outils en
application aux marchés de radio France et en adéquation avec la
stratégie du groupe (incluant les problématiques
rencontrées).
Comme nous l'avons déjà fait remarquer, une
démarche d'achat responsable approfondie sera vectrice de certaines
modifications importantes en termes de stratégie ou vis-à-vis des
accords-cadres et marchés globaux existants. L'une des principales
problématiques de Radio France concernant les travaux
(réhabilitation, aménagement de locaux ou construction neuve)
vient de l'éclatement géographique de ces stations France Bleu.
Il est en effet difficile dans ces conditions d'envisager la mutualisation /
globalisation du besoin sous forme d'un marché global de type
conception-réalisation-maintenance. Une autre problématique vient
du fait de la diversité des types de travaux en fonction des stations.
En effet certaines stations reçoivent des travaux de rénovation
ou de réhabilitation, d'autres déménagent et
nécessitent l'aménagement de nouvelles stations sur une surface
comprise entre 750 et 850 m2 dans des locaux pris nus (sans
électricité, infrastructures thermiques ni installations de CVC)
alors que d'autres demanderont des travaux de construction à neuf.
Radio est amenée à procéder à des
déménagements de stations annuellement, à raison de 1
à 2 par an.
Nous proposerons ainsi dans ce chapitre un certain nombre
d'actions et d'outils concrets à mettre en place et en application avec
un marché de travaux « isolé », faisant ainsi office
« d'échantillon test » pour expérimenter et mettre au
point une évaluation de la valeur ajoutée ainsi qu'un suivi des
performances associées à la démarche sans pour autant
devoir entrer en détail dans des notions de stratégie
immobilière.
Au travers du chapitre précédent, nous avons pu
voir qu'il existe un grand nombre de pistes d'amélioration potentielles.
Nous nous concentrerons ici sur l'analyse du cycle de vie et
l'appréhension du coût global qui sont selon moi des
éléments susceptibles représenter des difficultés
pour l'acheteur public de Radio France.
Dans la suite de ce chapitre nous imaginerons un marché de
travaux « expérimental » sur le plan des achats durable et
indépendant de tout autre marché déjà existant. Ce
pourrait être par exemple la création d'une nouvelle station
France Bleu.
3.1 La performance environnementale comme
critère d'attribution :
Comme nous l'avons évoqué
précédemment, les critères environnementaux actuels de
sélection des offres chez Radio France ne prennent pas en compte la
notion de performance
environnementale d'une manière suffisamment large, en
intégrant les différents impacts tout au long du cycle de vie des
divers éléments. Nous allons donc tâcher d'expliquer plus
précisément comment un système d'évaluation de la
performance environnementale de différents projets pourrait être
mis en place pour faire l'objet d'un critère d'attribution.
Disponible gratuitement en version d'évaluation
uniquement, la Plateforme ELODIE élaborée par le Centre
Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) propose, quel que soit la
phase d'un projet donné, d'en évaluer l'impact environnemental en
exploitant en particulier les données des Fiches de Déclaration
Environnementale et Sanitaire (FDES) des divers éléments de
l'ouvrage. Une large bibliothèque est d'ailleurs déjà
présente sur la plateforme mais des fiches ou données
complémentaires peuvent être facilement
implémentées. Une telle plateforme pourrait servir de base
à la mise au point d'un critère d'attribution relatif à la
performance environnementale pour les projets de construction /
réhabilitation passés par Radio France.
ESTP Mathieu PACAUD
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Il semble important avant toute chose de préciser ce
qu'est une fiche FDES, puisque c'est sur leur utilisation que repose tout
l'intérêt de la démarche.
Une fiche FDES est un document standardisé et
normalisé qui, en se basant sur l'analyse du cycle de vie (de
l'extraction des matières premières jusqu'à la fin de vie)
des différents produits de construction, va permettre d'en renseigner
les impacts environnementaux et sanitaires. Chaque fiche renseignera ainsi les
éléments suivants :
- Impacts environnementaux :
Epuisement des ressources (en kg d'équivalent
antimoine)
Changement climatique (en kg d'équivalent CO2)
Acidification atmosphérique (en kg d'équivalent
SO2)
Pollution de l'air (en m3 d'air)
Pollution de l'eau (en m3 d'eau)
Destruction de la couche d'ozone stratosphérique (en kg
CFC-11 équivalent)
Formation d'ozone photochimique (en kg H4 équivalent)
- Consommation des ressources :
Energie primaire totale (en MJ)
Energie renouvelable (en MJ)
Indicateur énergétique Energie non renouvelable (en
MJ)
Indicateur énergétique Energie
procédé (en MJ)
Consommation d'eau totale (en L)
- Production de déchets :
Déchets solides valorisés total (en kg)
Déchets solides éliminés en déchets
dangereux (en kg)
Déchets solides éliminés pour les
déchets non dangereux (en kg)
Déchets solides éliminés pour les
déchets inertes (en kg)
Déchets solides éliminés pour les
déchets radioactifs (en kg)
L'évaluation de la contribution du contributeur Composants
dans les impacts environnementaux. Pour évaluer de manière
complète la performance environnementale il faut ajouter à cela
les contributeurs suivants :
- (Le contributeur Composants)
- Le contributeur Energie (lié à la consommation
prévisionnelle du bâtiment)
- Le contributeur Eau (évalue les consommations futures en
eau)
- Le contributeur Déplacements (modes de
déplacement utilisés)
- Le contributeur Chantier (construction neuve, démolition
-
reconstruction ou réhabilitation)
- Et le contributeur Déchets (liés à
l'activité du bâtiment)
Nous ferons le choix, comme nous allons le voir tout à
l'heure, de prendre en compte les contributeurs Energie et Eau dans un
critère d'attribution basé sur le coût global. Il faudra
ainsi faire attention de ne pas être redondant en utilisant les
mêmes critères pour la performance environnementale.
Pour chaque contributeur nous obtiendrons les impacts
environnementaux suivants qui deviendrons alors les sous-critères de
notre notation, il est important de différencier contributeur et impact
; en effet l'impact « consommation totale d'énergie primaire »
n'est par exemple pas uniquement associée au contributeur Energie, mais
également aux contributeurs tels que les composants ou le chantier :
Marchés Publics de travaux - Achats Responsables Page
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ESTP Mathieu PACAUD
- Consommation totale d'énergie primaire.
4 Pour le contributeur Energie ce critère
ne sera pas retenu car intégré au coût global.
- Consommation d'énergie non renouvelable.
4 Pour le contributeur Energie nous
transformerons ce critère en consommation d'énergie non
renouvelable par rapport à la consommation totale
d'énergie primaire.
- Changement climatique (kg equ CO2 / m2 SDP / an).
- Consommation d'eau.
4 Non retenue pour le contributeur Eau car
intégrée au coût global.
- Déchets dangereux.
- Déchets non dangereux.
- Déchets radioactifs.
- Acidification atmosphérique (kg equ SO2 / m2
SDP / an).
- Formation d'ozone photochimique (kg equ éthylène
/ m2 SDP / an).
Après avoir renseigné toutes les données
requises il est temps de faire le point sur les résultats et les impacts
environnementaux de différentes solutions architecturales et techniques
(sur l'illustration ci-dessous des impacts supplémentaires ont
été ajoutés) :
Radio France pourra décider de l'importance à
accorder à chacun de ses sous-critères et éventuellement
écarter certains contributeurs ou critères en fonction du type de
marché. Pour chaque sous-critère, la note maximale serait
attribuée à la solution la plus performante et la note des
concurrents au prorata de cette dernière. Il sera à la charge des
candidats de renseigner toutes les données permettant le calcul des
différents impacts comme les fiches FDES des différents
composants.
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La démarche demanderait bien évidemment
d'être expérimentée afin de préciser l'outil
utilisé (utilisation directe de la plateforme ELODIE ou adaptation) et
d'évaluer les difficultés de mise en oeuvre. Il est en effet
possible que la démarche soit relativement contraignante pour l'acheteur
comme pour le candidat.
3.2 Le coût global comme critère
d'attribution :
Si nous avons souligné précédemment
l'importance du coup global, nous avons également fait remarquer que les
acheteurs manquent souvent d'outils adaptés pour appliquer son
utilisation aux marchés de travaux. Nous allons tâcher de proposer
les grandes lignes d'une méthode d'évaluation du coût
global d'un projet de construction qui remplacerait le critère de prix
lié uniquement aux coûts initiaux qui est utilisé
actuellement par Radio France.
Comment déterminer la consommation
énergétique théorique d 'un bâtiment :
Comme nous allons le voir certains coûts
différés peuvent être difficiles à évaluer.
Les coûts relatifs à la consommation d'énergie ont une
place centrale dans l'évaluation d'offres architecturalement et
techniquement différentes tout en étant facilement estimables.
La méthode de calcul TH - BCE 2012 a pour objectif initial
de contrôle qu'un bâtiment est conforme aux trois exigences de la
RT 2012 qui pour rappel portent sur l'efficacité
énergétique du bâti (BBio), les consommations
énergétiques tout type confondu (Cep) et la température
opérative maximale horaire. Au-delà de la vérification de
conformité d'un projet vis-à-vis des « contraintes »
règlementaires cet outil, élaboré par le Centre
Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) pourrait nous servir de base
pour une évaluation en coût global de diverses variantes
techniques et/ou architecturales d'un projet de construction. L'utilisation de
cette outil permettrait en effet de déterminer l'influence en terme de
coûts de différentes solutions proposées par
détermination des différents Cepprojet. Le Cep désignant
la consommation en énergie primaire d'un bâtiment exprimée
en kWh d'énergie primaire par m2 et par an et ce pour :
- le chauffage,
- le refroidissement,
- la production d'eau chaude sanitaire,
- les ventilateurs locaux et centraux pour le chauffage, le
refroidissement et la ventilation,
- les auxiliaires de distribution et génération
pour le chauffage, le refroidissement et l'eau
chaude sanitaire,
- l'éclairage des locaux,
Ce coefficient va dépendre d'une multitude de
critères qu'il nous faudra renseigner comme le type d'usage du
bâtiment, le scénario d'occupation des locaux, la localisation de
l'ouvrage, les différents apports internes d'humidité ou de
chaleur, les apports solaires, l'utilisation d'éclairage naturel, les
surfaces vitrées ou plus généralement les choix
architecturaux ou encore les choix techniques relatifs aux système de
chauffage, de refroidissement, d'eau chaude sanitaire, d'auxiliaires et
d'éclairage.
Nous n'entrerons pas dans les détails de calculs mais
l'objectif serait de de demander aux candidats de renseigner les informations
relatives aux critères précédemment énoncés
et nécessaires au calcul du Cep. Le tableur associé pourrait
éventuellement leur être fourni pour expliquer la
méthodologie de calcul.
Pour calculer Cep il faudra au préalable définir le
scénario du projet comprenant (liste non exhaustive) : le type
d'exploitation, les paramètres d'occupation, la géolocalisation
et l'altitude de l'ouvrage, les différentes températures de
consignes, le nombre de semaines de chauffages et de climatisation, les besoins
hebdomadaires en eau chaude sanitaire et en eau froide ou encore les
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plages horaires d'éclairage.
Il faudra également définir la tarification des
différentes énergies et fluides (liste non
exhaustive) : l'électricité à l'achat mais
aussi pour une revente éventuelle, l'eau, le bois, le gaz liquide, le
fuel domestique, le gaz naturel ou encore la vapeur.
Les autres coûts différés
:
Les autres coûts différés tels que les frais
d'exploitation, de maintenance ou d'entretien sont difficiles à estimer
dans le cadre de la sélection des offres. Les sources de données
pour l'estimation de ces coûts ne pourra provenir principalement, de la
part de Radio France, que des coûts historiques constatés
provenant d'équipement similaires dans d'autres stations France Bleu.
Les fiches FDES pourront nous fournir la « durée de
vie typique » (DVT ; par exemple 50 ans) des différents ouvrages du
bâtiment et ainsi les frais associé à l'entretien courant
annuel (1% du prix par exemple), au coût d'un gros entretien /
remplacement (généralement 100% du prix) ou du coût de
déconstruction (de l'ordre de 2% à 10% selon les
éléments).
Concernant les frais de maintenance et d'exploitation il sera
à la charge de l'entreprise de les justifier au regard de leur expertise
et des frais constatés sur des projets précédents
utilisant les mêmes équipements.
Certains postes, comme les frais de gestion, les frais de
gardiennage ou de ménage pourront ne pas être pris en compte s'il
semblent être indépendants des choix de propositions des
différents candidats.
Les outils à la disposition de l'acheteur
relatifs au coût global :
Pour l'élaboration de la démarche et son
développement Radio France pourra s'aider d'un certain nombre d'outils
disponibles relatifs au coût global.
Le site du Ministère de l'Environnement, de l'Energie et
de la Mer propose par exemple dans sa rubrique Développement Durable un
outil de calcul en coût global dédié aux acheteurs publics
et s'appuyant sur la norme ISO 15686-5 associée. Les
fonctionnalités de cette plateforme sont cependant limitées.
Il existe sur le marché un certain nombre de logiciels
payants proposant une méthodologie et une base de connaissances pour
l'évaluation du coût global. La suite logicielle DescWord m'a par
exemple semblé proposer une gamme d'outils très complète
pour l'évaluation du coût global d'un projet et plus encore par
l'intermédiaire de ses 7 modules :
L'acquisition d'un tel outil représenterait sans doute un
investissement intéressant pour un maître d'ouvrage public «
novice » en matière de coût global.
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4) Conclusion :
Pour intégrer et développer la prise en compte des
enjeux du développement durable à son processus achat Radio
France doit avoir conscience de ses forces et de ses faiblesses, de toutes les
opportunités associées mais aussi des risques encourus si le
développement durable ne devenait pas un élément moteur de
la politique achat. Il faudra savoir se montrer curieux, parfois inventif
Il n'existe pas de « bonne solution » mais simplement
une multitude d'outils à la disposition de l'acheteur qui devront
être adaptés et expérimentés. Cette
intégration doit se faire progressivement mais en mobilisant l'ensemble
des acteurs et prenant place au sein de la stratégie globale du groupe.
La formation des différents acteurs prendra d'ailleurs une place
importante dans le déploiement du processus. Il est en effet important,
avant toute chose, que chacun se sente concerné, comprenne les enjeux et
les bénéfices associés, afin de pouvoir mettre sa
motivation et son engouement au service de la démarche.
Les achats responsables ne représentent finalement pas un
jeu en solitaire ; il s'agit d'une réponse à des
problématiques sociales, économiques et environnementales
globales. Chacun se doit ainsi, dans un esprit de partage, de participer
à l'élaboration collective de cette réponse.
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5) Bibliographie :
- HEC-EcoVadis 2009 Procurement Benchmark (HEC, EcoVadis)
- HEC-EcoVadis 2013 Procurement Barometer : « Sustainable
Procurement : Time to measure value creation » (HEC, EcoVadis)
- Baromètre Achats Responsables ObsAR 2016 (Observatoire
des Achats Responsables ;
http://www.obsar.asso.fr
)
- Cours ESTP - BVD du 9 décembre 2013 : Application du
développement durable dans l'entreprise Responsabilité sociale
des entreprises (GWENAEL JAN, greenaffair)
- Cours ESTP du 6 janvier 2014 : Intégrer le coût
global dans les marchés de construction (M. CATARINO, Essilor)
- Guide d'harmonisation des clauses techniques contractuelles
relatives aux documents, concernant le management de la qualité et le
respect de l'environnement, à fournir par le titulaire d'un
marché de travaux - Version du 10 juillet 2014 (Ministère de
l'Ecologie, du Développement Durable et de l'Energie)
- Guide relatif à la prise en compte du coût global
dans les marchés publics de maîtrise d'oeuvre et de travaux -
Version de mai 2010 (Ministère de l'Economie, de l'Industrie et de
l'Emploi)
- Guide 2012 relatif à l'achat durable dans les
marchés publics (Communauté de communes de la Hague)
- Mémento du commissionnement pour des
équipements techniques aux qualités durables (COSTIC, FFB, ADEME,
Fonds Social Européen)
- Etude comparative des certifications LEED, BREEAM et HQE
réalisée par la société ELAN pour Airbus
Helicopters (ELAN)
- Annexe concernant la méthode de calcul TH-C-E ex
élaborée par le CSTB (Centre Scientifique et Technique du
Bâtiment)
- Déchets de chantier - Les réponses aux questions
que vous vous posez ; version octobre 2014 (Fédération
Française du Bâtiment)
- Plateforme Elodie de mesure de l'impact environnemental des
bâtiments (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment ;
http://www.elodie-cstb.fr
)
- Suite logicielle DescWord de maîtrise d'ouvrage (AJ SOFT
;
http://www.ajsoft.fr/logiciel-descword.html
)
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