1
INTRODUCTION
2
INTRODUCTION
Le travail est une occupation à laquelle l'on se livre
habituellement pour gagner sa vie. La rémunération du personnel
est le prix à payer par l'employeur pour le service que lui rend un
salarié en lui offrant sa force de travail1. Ainsi, le
traitement des agents de l'Etat, de ses différents composants
(traitement, primes et indemnités) sont fixés comme l'ensemble
des règles de gestion de leur carrière, à partir de
dispositions statutaires et réglementaires arrêtées par
l'Etat.
Le traitement des agents de l'Etat constitue à la fois
un élément majeur de la dépense publique et une
rétribution du service réalisé par les agents. Au regard
des préoccupations d'intérêt général, pour
les agents, ils doivent exercer leur fonction dans des conditions
satisfaisantes. Quant à l'Etat, il devra créer un cadre
approprié pour la satisfaction de l'intérêt
général. Plus de 55 ans après l'indépendance du
Togo, l'on constate que les éléments de
rémunération tels que les primes de logement et d'allocations
familiales prévues par les textes n'ont pas évoluées de la
même manière que les prix.
Au Togo, la valeur indiciaire qui était de 369,55 en
1960 est passée à 1101,87 en 2015. Elle a connu une croissance de
145% entre 1971 et 2015. Le SMIG est passé de 3 597 FCFA en 1960
à 35 000FCFA depuis 2012 ; il a augmenté de 467% entre 1971 et
2015. De 1971 à 2015, les recettes fiscales ont augmentés de
4566% tandis que la valeur ajoutée a été multipliée
par 9. Le Produit intérieur brut est passé de 81,9 milliards de
FCFA en 1971 à 2429,24 milliards de FCFA soit une croissance de 2866%.
L'inflation est à la base de la vie chère. L'indice de prix
à la consommation (IPC) est passé de 100 en 2008 à 116,06
en 2015 soit un accroissement de 13,84% en 6 ans. Les prix ont
été multipliés par 8 de 1971 à 2015.
Dans les années 80, le pays a été
frappé par une conjoncture économique internationale
défavorable. Dans la foulée, il a aussi connu plusieurs
programmes d'ajustement structurel (PAS) couplé d'une dévaluation
de 50% de la monnaie locale. L'absence de mesures d'accompagnements et la
hausse généralisée des prix dû à la
dévaluation ont réduit le pouvoir d'achat des salariés
togolais. De même, les prix sont influencés par la variation du
prix du carburant à la pompe. Cependant, l'on assiste à des
revendications en cascade des agents du secteur public justifiées par la
difficulté à subvenir à leurs besoins essentiels à
cause de leur faible pouvoir d'achat. Le pouvoir d'achat est passé de
22,11 en 1960 à 11,24 en 1996 puis en 2011 à 8,67 soit une
paupérisation de 60% en 50 ans, soit une perte annuelle moyenne de
1 FAYOL, Lexique Economique, (1918), Page 67.
3
1,2%. La baisse continuelle du pouvoir d'achat explique la
frustration des agents de l'Etat. De ce qui précède, il convient
de dire que les prix des biens évoluent plus vite que le traitement. On
constate que le taux de croissance des traitements nette réels est de
94,92% sur la période de 1960 à 2015. Depuis 1960, le traitement
des agents de l'Etat au Togo connait une croissance modérée.
Compte tenu de ces différentes évolutions, il est normal de
s'inquiéter sur le sort des travailleurs du secteur public au Togo dans
le cadre de la redistribution de la valeur ajoutée. Il est alors correct
de s'interroger sur la question centrale suivante : Est-ce que le salaire
évolue dans la même dimension que les prix sur le marché
?
De cette question centrale découle les deux (02) questions
subsidiaires qui sont :
? comment évoluent la masse salariale et les facteurs
susceptibles de l'influencer ?
? l'évolution de la valeur du point d'indice permet
à l'agent du secteur public de faire face à ses besoins?
Ceci suscite un certain nombre de réflexions sur la
manière dont le traitement des agents évolue et la
stratégie à mettre en oeuvre pour une amélioration
significative des conditions de vie des agents de l'Etat au Togo. C'est sous
cet angle que réside l'intérêt de notre thème :
«Evolution de la rémunération des agents publics
entre 1960 et 2015 au Togo». L'objectif principal de ce
mémoire est d'analyser l'évolution du PIB et celui de la
rémunération des agents du secteur public. Il s'agira de :
? analyser les effets des variables liées aux finances
publiques ; ? analyser l'effet des variables liées à la monnaie
;
? proposer des approches de solutions permettant
d'améliorer les rémunérations des travailleurs dans le
respect des critères de convergence.
Pour les besoins de notre réflexion, notre travail
s'articule autour de deux (02) axes. La première partie sera
consacrée au cadre conceptuel de la rémunération des
agents publics : généralités sur la
rémunération des agents publics (CHAPITRE 1) puis les composants
du traitement et l'évolution de la masse salariale au Togo (CHAPITRE 2).
La seconde partie parlera de l'analyse et l'évolution de la masse
salariale des agents publics au Togo : dans le CHAPITRE 1 une étude des
variations sera faite et dans le CHAPITRE 2 une analyse ; mais avant de
conclure, il y aura nos approches de solutions.
4
PREMIERE PARTIE :
LE CADRE CONCEPTUEL DE LA REMUNERATION DES AGENTS
PUBLICS
5
Chapitre I : GENERALITES SUR LA REMUNERATION DES AGENTS
PUBLICS
Dans ce chapitre, il est utile de savoir les diverses visions
sur le salaire (section 1) puis les notions du produit intérieur brut
(section 2).
Section I : Diverses visions sur le salaire
Après quelques notions dans le paragraphe 1, nous
parlerons dans le paragraphe 2 des diverses visions du salaire et des
conceptions théoriques de la rémunération.
Paragraphe 1 : Définitions
A travers ce paragraphe nous donnerons quelques notions
liées à notre travail. A- Agent de l'Etat,
rémunération et inflation
Il convient d'avoir les notions d'agent de l'Etat, de
rémunération et d'inflation.
1. Notion d'agent de l'Etat
Selon la Larousse, le fonctionnaire est un agent public
nommé et titularisé dans un grade de la hiérarchie
administrative. Selon la loi N° 2013-002 du 10/08/2013 portant statut
général de la fonction publique Togolaise, le fonctionnaire est
toute personne placée à l'égard de l'administration dans
une situation statutaire et réglementaire, nommée et
titularisée dans un grade de la hiérarchie des emplois publics,
ayant vocation, par application des règles d'avancement de fonctionnaire
à occuper des emplois publics permanents.
2. Notion de rémunération
Historiquement, la rémunération est d'abord
considérée comme un centre de coût. Ce coût
appelé « masse salariale », est composé de l'ensemble
des charges engendrées par la rétribution du travail des
salariés2. Jusqu'à la première guerre mondiale,
dans la plupart des pays industriellement avancés, la loi de l'offre et
de la demande régit la détermination du salaire. Sous l'effet des
crises économiques et avec le renforcement du pouvoir syndical, il
devenait nécessaire d'élaborer une politique salariale
intégrant des objectifs multiples dont les principaux sont :
? identification et classification des principales composantes de
rémunération ; ? identification des principaux arbitrages d'une
politique de rémunération ;
2 Compoy E., Maclou E., « Gestion de ressources
humaines », Edition Pearson Education, France, 2008.
6
? définition et utilisation de critères pertinents
pour effectuer des choix des éléments d'une politique de
rémunération.
Grosso modo, la rémunération est tout ce que
reçoit un employé en contrepartie de son travail. Une
rémunération peut être le salaire ou le traitement mais
aussi tous les avantages (primes, indemnités, avantages en nature). En
contrepartie du travail ou de la prestation que le travailleur s'engage
à fournir, l'employeur s'engage à payer une
rémunération. Cette dernière appelée le salaire est
définie à partir du contrat de travail. Cependant, le traitement
est la rémunération qu'on paie aux fonctionnaires de l'Etat. Il
est régi par le statut général de la fonction publique. Il
est fixé en fonction de la catégorie, du grade et de
l'échelon de l'agent.
3. Notion d'inflation
L'inflation est une situation de déséquilibre
économique caractérisée par une hausse
générale, durable, cumulative et plus ou moins forte des prix ou
par allongement des délais de livraison ou de files d'attente pour un
grand nombre de produits dans les pays pratiquant la fixation administrative
des prix. Elle est définie comme la hausse du niveau
général des prix3. Les tenants de la théorie de
l'inflation par les coûts mettent l'accent sur la hausse excessive des
salaires. En raison de la pression syndicale, la hausse des salaires se
répercute sur le prix des produits. L'inflation peut être
mesurée soit par le déflateur, soit par l'IPC. Ainsi, l'on peut
relever les conséquences de l'inflation sur les ménages et sur
les entreprises.
Les ménages peuvent être perdants si les salaires
ne suivent pas la hausse. En période inflationniste, il faut emprunter
car l'inflation allège les charges de remboursements des prêts.
Une inflation modérée et soutenue peut donc stimuler le
crédit donc les investissements et la consommation des ménages.
L'inflation n'est donc pas toujours une maladie. D'ailleurs la période
des « trente glorieuses » (de 1945 à 1975) se
caractérisait par une inflation régulière. Les plus
touchées par l'inflation sont les ménages à faibles
revenus et les rentiers.
Pour les entreprises, l'inflation a une conséquence sur
les exportations des entreprises moins compétitives (dévaluation
de la monnaie). L'inflation permet aux entreprises non rentables de subsister ;
mais cela est peu dangereux à long terme car pouvant entrainer
potentiellement la disparition de certaines entreprises donc une augmentation
du chômage. En période d'inflation, les entreprises
négligent le progrès technique. Enfin, l'inflation déforme
les prix.
3 Lexique d'économie, 9e
édition, Dalloz, page 434
7
B- Notions de salaire
1. Définitions
Le salaire est un revenu qui paie la force de travail. Pour
son calcul, le salaire est égal au taux de salaire multiplié par
le temps de travail. Le salaire est la combinaison du salaire, des primes et
d'autres formes de compensation. Le salaire est payé en échange
pour une gamme d'activités professionnelles qui varient selon la
fonction exercée.
Le dictionnaire Larousse traduit le salaire comme
étant un paiement en échange d'un travail ou d'un service ou bien
par l'employeur à un salarié en contrepartie de son travail en
vertu d'un contrat de travail.
Sur nos bulletins il existe diverses appellations du salaire
en fonction de l'activité : traitement (fonctionnaires civils), solde
(militaire), appointements (cadres supérieurs), gages (personnel
domestique) etc.
2. Types de salaire
Après les diverses appellations, prenons connaissances des
différents types de salaire.
· Le salaire de base est le salaire
prévu dans le contrat d'engagement, les primes non comprises.
· Le salaire brut désigne la
rémunération à laquelle a droit un salarié pour le
travail accompli.
· Le salaire super-brut (ou salaire
total) est la somme du salaire net et des cotisations sociales salariales et
patronales payées en contrepartie du travail effectué par le
salarié.
· Le salaire net est la
rémunération après déduction des cotisations
sociales.
· Le salaire nominal est la
quantité d'argent reçue.
· Le traitement net nominal est la
différence entre le traitement brut hors primes et toutes les retenues
sur traitement auquel s'ajoutent les accessoires sur traitement. Le pouvoir
d'achat de cette quantité d'argent reçue est le salaire
réel.
· Salaire mensuel :
rémunération versée aux travailleurs à la fin de
chaque mois.
· Salaire différé :
ensemble des revenus sociaux (remboursement des soins médicaux,
retraite...) perçus par les salariés. Ces revenus sont
versés en contrepartie des cotisations sociales (part patronale et part
sociale).
Pour être tout à fait exact, il convient parfois
d'ajouter au salaire la part de revenu induite par le contrat de travail et
à la charge de l'employeur. On peut citer à titre
8
· Le salaire indirect (ou social) :
ensemble des prestations sociales reçues par les salariés
(retraites, allocations, indemnités journalières, ....) et qui
sont financées par l'ensemble des cotisations sociales.
· Le coût salarial comprend
l'ensemble des charges qui sont liées à l'utilisation du facteur
travail. Outre le salaire brut et les cotisations sociales versées par
l'employeur, il comprend les impôts sur les salaires ou la main-d'oeuvre,
les sommes versées au comité d'entreprise et des
compléments divers découlant d'obligations contractuelles de
l'entreprise vis-à-vis de son personnel. Le coût salarial est donc
supérieur à la rémunération perçue par le
salarié qui est le salaire net.
· Le salaire naturel représente
le revenu qui permet au salarié d'assurer ses propres besoins et celui
de sa famille. Il peut être comparé au minimum vital
· Salaire médian est un salaire
tel que la moitié des salariés de la population
considérée gagne moins et l'autre moitié gagne plus. Il se
différencie du salaire moyen qui est la moyenne de l'ensemble des
salaires de la population considérée
· Le salaire moyen en équivalent
temps plein est calculé en prenant en compte tous les postes de travail
des salariés (y compris les postes à temps partiel). Chaque poste
de travail est pris en compte au prorata de son volume horaire de travail
rapporté à celui d'un poste à temps complet.
· le Salaire Minimum Interprofessionnel de
Garanti (SMIG) est une rémunération minimale ayant pour
objectif d'assurer un minimum vital dont le pouvoir d'achat était
garanti par une procédure d'indexation sur l'évolution des prix
à la consommation.
· Le salaire minimum de croissance
(Smic) correspond au salaire horaire minimum légal que le
salarié doit percevoir. Des abattements sont toutefois applicables, dans
certains cas (apprentis et salariés de moins de 18 ans).
· Le salariat est un mode
d'organisation du travail qui repose sur la fourniture d'une prestation par une
personne, contre rémunération le lien de subordination juridique
avec un employeur.
· Revenus extra-salariaux
9
d'exemple : les gratuités ou prix réduits sur
des produits de l'entreprise, les oeuvres sociales du comité
d'entreprise et la participation patronale à la restauration.
? Le salaire d'efficience désigne le
salaire optimal qui résulte de l'arbitrage, opéré par les
employeurs, entre l'efficacité du facteur travail et son coût. Le
concept de salaire d'efficience allie plusieurs autres concepts tels que celui
des asymétries informationnelles et permet d'expliquer la
rigidité des salaires à la baisse ainsi que le chômage
involontaire. Les fondements de la théorie des salaires d'efficience
sont la nouvelle macroéconomie classique basée sur
l'hypothèse de la flexibilité des prix et des salaires et
l'hypothèse des anticipations rationnelles puis les asymétries
informationnelles. Selon la théorie, il existe une relation croissante
entre la productivité du travailleur et le niveau de salaire. Or, cela
implique que le coût salarial par unité produite
(salaire/productivité) ne varie plus comme le salaire.
De ce qui précède, l'on peut constater que le
salaire d'efficience repose sur les hypothèses d'anti-sélection
et d'aléa moral. En effet, l'hypothèse d'anti-sélection
est à la base du salaire d'efficience : offrir un salaire plus
élevé que le salaire normal va attirer de meilleurs candidats,
dans le cas où on ne peut pas connaître aisément les
compétences réelles. Le risque moral comme base du salaire
d'efficience s'explique par le fait qu'un salaire plus haut que la normale
dissuade le travailleur de mal faire son travail car si sa faute est
découverte alors la perte sera plus grande que s'il était
payé au salaire courant, dans la situation où l'employeur ne peut
pas contrôler sans un coût excessif le travail de son
employé.
3. Objet du salaire
En droit, on considère que le salaire est la «
nécessaire contrepartie du contrat de travail »4. Le
salarié-employé louant sa force de travail à un employeur
sur le marché du travail. L'existence de cette
rémunération est différemment appréhendée en
fonction des théories politiques. L'action sur le marché du
travail est différente selon la théorie utilisée.
Selon la théorie libérale, le salaire est la
variable d'ajustement entre l'offre (employeur) et la demande de travail
(salariés). Plus les salaires sont élevés, plus y aura de
personnes voulant travailler moins il y aura de poste de travail disponibles.
Plus les salaires seront bas, moins il
4 Serge Braudo, Dictionnaire du droit privé
2016.
10
y aura de personnes souhaitant travailler mais plus il y aura
de poste disponibles. L'objectif du libéralisme est donc de
libéraliser le marché du travail et de mettre un prix libre du
salaire.
Selon la théorie marxiste du salaire : « C'est le
salariat qui est l'organisation bourgeoise actuellement existante du travail.
Sans lui, point de capital, point de bourgeoisie, point de
société bourgeoise ». Le communisme a pour but de supprimer
le système capitaliste qui est basé sur le profit et le salariat,
considéré comme étant la base de l'exploitation et de
l'aliénation du prolétariat. À noter toutefois que les
pays déclarant s'inspirer de sa doctrine ont, en fait, fortement
développé le salariat, et ce, sans avoir une organisation
directive bourgeoise au sens capitaliste du terme.
Depuis la seconde guerre mondiale, avec la mise en place de la
cotisation sociale comme composante du salaire et son mécanisme par
répartition, ce n'est plus le salariat qui est visé par la
théorie marxiste mais l'emploi5. Entre les deux, il existe la
théorie du juste prix et de la juste rémunération de
Thomas d'Aquin5. Cette théorie justifiant une certaine
intervention sur la fixation du montant des salaires.
Paragraphe II : Les diverses visions du salaire et les
conceptions théoriques de la rémunération.
Tout salarié travaille pour un objectif donné.
C'est ainsi que dans ce paragraphe nous allons parler de la vision du salaire
et des différentes conceptions théoriques de la
rémunération.
A- Visions du salaire
Le salaire est perçu de diverses manières.
1. Vision économique du salaire
Pour tout salarié rationnel, l'objectif après
les dépenses est l'épargne. Ce qui fait que le salaire est
sensé d'indexer les réalités économiques du
moment.
Sous l'angle économique, la rémunération
doit prendre en compte les éléments suivants :
- fidélisation des salariés occupant des postes
clés : suivi d'enquêtes de salaire pour s'assurer de
l'équité externe ;
- coût pour l'entreprise : pilotage et suivi de la masse
salariale.
5 Thomas d'Aquin, Somme théologique (1273), le
Cerf, 1986.
11
2. Vision sociale du salaire
Sous l'angle social, la rémunération doit
prendre en compte les éléments suivants : - équité
interne : existence d'une classification et d'une échelle des salaires
;
- récompense de la performance, du mérite : mise
en oeuvre de l'individualisation des salaires ;
- partage des bénéfices de l'entreprise : existence
d'une formule de participation ;
- implication des hommes : existence de systèmes de
récompense de la performance d'équipe et de la performance
individuelle ;
- climat social : implication dans des négociations
annuelles ;
- gestion des carrières : mesure des capacités,
analyse des potentiels. B- Les théories autour de la
rémunération
Dans cette rubrique, il est question de passer en revue les
différentes conceptions théoriques de la
rémunération dans la littérature économique.
1. La théorie classique
Pour Adam SMITH6(1776), le salaire est le
résultat d'un rapport de force inégale entre l'ouvrier et le
propriétaire du capital dont il dépend pour lui verser son
salaire. Le niveau de salaire dépend du « fonds des salaires
», c'est-à-dire de capitaux dont dispose les employeurs pour payer
leurs salariés. Toute période de croissance est favorable aux
salaires. Le salaire du marché tend à se fixer autour de salaire
de subsistance, mais il se peut qu'à un moment donné le salaire
de marché augmente et s'écarte du salaire de subsistance. Ainsi,
lorsque la richesse du pays augmente, les profits augmentent, le fonds des
salaires augmentera permettant aux salaires d'augmenter et à l'emploi de
progresser.
David RICARDO reprend la notion du « salaire naturel
» d'Adam SMITH, il indique que le facteur travail a un prix naturel.
Cependant D. RICARDO introduit la notion du prix courant ou de prix du
marché. Ainsi, le salaire est déterminé par le jeu de
l'offre et de la demande et il varie entre le prix naturel et le prix courant
du marché.7
6 SMITH, Recherches sur la nature et les causes de la
richesse des nations, 1776
7 Sandretto R., « Rémunération et
répartition des revenus ». Edition Armand Colin, Paris, 1993,
P85-86.
12
Selon Léon WALRAS (1898)8, le salaire est la
rémunération du service rendu par les personnes. Quant à
JOHN STUART MILL (1848)9, le salaire est fonction du fonds de
salaire et du nombre de travailleurs (salaire moyen) et ne peut être
amélioré par l'action syndicale.
2. La théorie néo-classique
Pour les néo-classiques, le travail est une
marchandise comme une autre dont le prix se fixe par confrontation de l'offre
et de la demande sur un marché. Le travailleur doit arbitrer librement
entre travail et loisir. Un salaire qui augmente incite à offrir plus de
travail.
La flexibilité des salaires constitue un moyen de
lutter contre le chômage en favorisant l'ajustement sur le marché
du travail. Les néo-classiques affirment que, le marché de
travail possède des vertus d'autorégulation qui exécutent
toutes possibilités de chômage involontaire. La restitution de
l'équilibre qui conditionne la disparition du chômage involontaire
passe, pour les néoclassiques, par la restitution du marché du
travail concurrentiel et la « flexibilité » salariale.
3. La théorie keynésienne
Pour Keynes, le marché du travail des
néoclassiques est une pure fiction. Le choix entre travail et loisir est
purement théorique puisque le salarié est contraint de vendre sa
force de travail pour vivre et ce, quel que soit le niveau de salaire qui lui
est proposé. Le niveau de l'emploi ne dépend pas de la loi du
marché mais de la demande effective. Quand il y a une crise de
surproduction et chômage, baisser les salaires ne favorise pas l'embauche
et ne fait qu'aggraver la situation. Il faut au contraire relancer la demande
effective en créant du pouvoir d'achat. Le salaire n'est pas un prix
comme les autres. Il est fixé hors du marché par voie de
négociation, de convention collective, de réglementation.
Chez les néo-classiques, l'apparition du
déséquilibre entre l'offre et la demande de travail,
c'est-à-dire le chômage peut être résorbé par
l'ajustement à la baisse du taux de salaire réel
réputé flexible. Pour Keynes, ce raisonnement est erroné,
car les contrats de travail sont exprimés en salaire nominal et non en
salaire réel. Or, précise-t-il contrairement au salaire
réel, le salaire nominal présente une rigidité à la
baisse.
8 Léon WALRAS ; Elément
d'économie politique appliquée ; 1898.
9 STUART MILL ; Principes d'économie politique
; 1848
13
4. La théorie marxiste
A l'instar de l'analyse classique, l'analyse marxiste
n'élabore pas une théorie à part du salaire. La question
de la formation des salaires est abordée dans le cadre de la
théorie de l'exploitation. Si, pour les classiques le salaire constitue
la contrepartie du travail, il constitue pour Karl MARX l'expression
monétaire de la valeur de la force du travail.10
Le salaire correspond à l'expression monétaire
de la force du travail, il constitue donc un prix. Le salaire fluctue à
l'instar des prix des autres marchandises autour de cette valeur selon le jeu
de l'offre et de la demande. L'explication fournie par Karl MARX sur la
formation du salaire joue un rôle important dans la théorie de
l'exploitation.
Cette théorie s'explique de la manière suivante
: lors de l'établissement d'un contrat de travail, le salarié met
à la disposition du capitaliste toute sa force de travail,
c'est-à-dire sa valeur d'usage. Il obtient en contrepartie la valeur
d'échange. Or, comme le précise K. MARX, la valeur d'usage
crée une valeur supérieure à la valeur d'échange,
ce qui explique l'apparition d'une plus-value qui revient au capitaliste. Pour
les différences des niveaux de salaires, Karl MARX explique cette
différenciation en opérant une distinction entre « travail
simple » et « travail complexe ».
Le premier se définit comme étant une
dépense du travail qualifié, qui correspond à un
coût supérieure de la force de travail. Pour les deux formes de
salaires, c'est-à-dire : le salaire au temps et le salaire aux
pièces, Karl MARX précise que la première forme ne permet
pas d'établir une relation étroite entre le niveau du salaire et
la dépense effective de la force de travail. Le deuxième
présente un avantage dans le sens où elle permet d'établir
une relation étroite entre le niveau du salaire et le niveau de la
production. Ainsi la qualité et l'intensité du travail sont
garanties par la forme même du salaire, c'est-à-dire le salaire
aux pièces.
5. Théorie des contrats implicites
Publiée par Costas Azariadis en 1975, la théorie
des contrats implicites appartient au courant de la Nouvelle économie
keynésienne et cherche à montrer les imperfections qui existent
sur le marché du travail, expliquant une rigidité des prix sur ce
marché.
Cette théorie part du constat que les fluctuations des
salaires sont beaucoup plus faibles que les variations de l'emploi et de la
production. L'explication tient au fait que les salariés ont
10 Reynaud B., Op.cit., P9.
Le PIB est une mesure des richesses créées dans
un pays donné et pour une année donnée.
Schématiquement, on le calcule en faisant la somme des valeurs
ajoutées dans le pays.
14
une aversion pour le risque, ils craignent une baisse de leur
revenu (salaire). Dans le même temps, les entrepreneurs acceptent la
prise de risque, ils vont donc proposer aux salariés un contrat
d'assurance implicite en offrant un salaire peu lié aux fluctuations
conjoncturelles. En période de forte croissance, les salaires
n'augmentent pas ou pas assez. En période de récession, les
salaires ne baissent pas, comme si les entreprises payaient une
indemnité. Pour les entreprises, le coût est nul : le salaire est
le même. L'avantage pour le salarié est qu'il peut réguler
sa consommation, l'entreprise peut quant à elle fidéliser ses
salariés.
D'une façon plus concrète, les agents
économiques sont confrontés à une situation d'incertitude
devant l'activité économique et ses fluctuations, un contrat avec
un salaire fixe permet à un salarié de ne pas voir son salaire
ajusté selon l'activité économique: lors d'une
récession par exemple, le salaire d'un agent ne va pas diminuer en vertu
d'un contrat signé avec l'employeur, cela permet de garantir un revenu
fixe aux salariés.
Inversement, une période de forte croissance de
l'activité économique ne se traduira pas forcément par une
hausse des salaires, l'employeur gagnera donc une plus-value.
6. Théorie hédonique des
salaires
La théorie hédonique des salaires est un des
modèles développés en économie du travail pour
rendre compte des différences de salaire entre individus. Cette
théorie a pour objectif d'expliquer théoriquement les
différences de salaire entre individus reposant sur les
différences de pénibilité des tâches qu'ils
accomplissent au travail.
Le modèle simple établi par Rosen rend compte de
l'hétérogénéité des salaires entre individus
en tant que mécanisme de compensation de la différence de
pénibilité de chaque type de travail. La théorie de Rosen
montre qu'un marché concurrentiel aboutira à compenser les
travailleurs qui effectuent un travail plus pénible par un salaire plus
élevé. La théorie de Rosen montre également qu'un
marché de concurrence pure et parfaite permet à chaque individu
de choisir le niveau de pénibilité de son travail en fonction de
ses préférences.
Section II : Le produit intérieur brut (PIB)
Dans cette section s'articulera autour de la notion du PIB.
Paragraphe 1 : Notion sur le produit intérieur brut
(PIB)
11 Par exemple, la farine avec laquelle on fait le
pain est exclue (car étant une consommation intermédiaire du
calcul de la richesse produite par le boulanger).
15
A- Origine et définitions du produit intérieur
brut (PIB)
1. Origine
À la demande du congrès américain en
1932, Simon Kuznets crée une comptabilité nationale aux
États-Unis, et invente le PIB, en 1934 afin de mesurer l'effet de la
Grande Dépression sur l'économie. A cette époque, l'on ne
disposait d'aucun indicateur synthétique.
2. Définitions
Le PIB est un indicateur économique qui mesure les
richesses créées dans un pays donné et pour une
année donnée. Il est la valeur totale de la production interne de
biens et services dans un pays donné au cours d'une année
donnée par les agents résidant à l'intérieur du
territoire national. Le PIB mesure le revenu provenant de la production dans un
pays
donné.il est un agrégat des
comptes nationaux, obtenu en additionnant des grandeurs mesurées par
catégories d'agents économiques (ménages, entreprises,
administrations publiques). Afin d'éviter que la même production
entre plus d'une fois dans le calcul, ne font partie du PIB que les biens et
services finaux (c'est-à-dire la valeur ajoutée, soit les biens
et services de consommation et les biens d'équipement), les biens
intermédiaires11 de production étant exclus. La
variation du PIB est l'indicateur le plus utilisé pour mesurer la
croissance économique.
Le PIB par habitant, quant à lui, sert d'indicateur du
niveau de vie en donnant une valeur indicative du pouvoir d'achat. Il est plus
efficace que le PIB pour mesurer le développement d'un pays ; cependant,
il n'est qu'une moyenne donc il ne permet pas de rendre compte des
inégalités de revenu et de richesse au sein d'une population. Il
est un bon indicateur de la productivité économique, mais il ne
rend compte qu'imparfaitement du niveau de bien-être de la population ou
du degré de réussite d'un pays en matière de
développement.
Le PIB potentiel correspond à celui qu'une
économie pourrait atteindre si toutes ses ressources productives
étaient utilisées, dans un contexte de plein emploi et
d'inflation stable. C'est un indicateur à manier avec précaution,
car il repose sur des estimations qui comportent d'importantes marges
d'erreur.
16
Trois facteurs directs interviennent dans son calcul : le
volume du facteur de production travail, le volume du facteur de production
capital et la productivité globale des facteurs qui est définie
comme la part de la croissance non expliquée par l'augmentation du
volume des facteurs de production et souvent assimilée au progrès
technique.
La mesure du PIB potentiel est essentielle puisque les
programmes de consolidation budgétaire s'appuient sur son estimation
afin de déterminer une cible de déficit conjoncturel puis
structurel. Trois types de méthode peuvent déterminer un PIB
potentiel :
- la méthode par sondage ;
- la méthode non-structurelle qui s'appuient sur des
outils statistiques pour quantifier l'évolution du PIB potentiel et du
PIB effectif et
- la méthode « structurel », analyse les
contributions des facteurs de production à la croissance (travail,
capital et progrès technique) au moyen d'une fonction de production.
B- Les approches du PIB
D'une manière très synthétique, le
produit intérieur brut vise à mesurer la richesse
créée par les hommes dans un pays pendant une période
donnée, le plus souvent une année ou un trimestre. Cette
création de richesse peut être considérée selon
trois approches : l'approche production, l'approche revenu et l'approche
demande.
1. L'approche production
Dans l'approche production, le produit intérieur brut
est calculé à partir de la valeur ajoutée,
c'est-à-dire de la différence entre la production et la
consommation intermédiaire. En effet, la production mesure la
création de richesse et la consommation intermédiaire sa
destruction au cours du processus de production. La valeur ajoutée
mesure donc la richesse effectivement mise à la disposition de
l'économie par le système productif. Toutefois, pour calculer le
PIB, il faut tenir compte des conventions de mesure de la production
adoptées par la comptabilité nationale.
La production est, en effet, mesurée aux prix de base,
c'est-à-dire à un prix qui exclut les impôts sur les
produits et inclut les subventions sur les produits. Or, le PIB doit être
évalué aux prix du marché, c'est-à-dire au prix
effectivement payé par l'acheteur, puisque la comptabilité
nationale considère que le prix du marché constitue la meilleure
mesure objectivement disponible de la valeur d'un produit.
En constatant, d'une part, que la somme des impôts sur
les produits et des autres impôts sur la production correspond aux
impôts sur la production et les importations, d'autre part, que la
17
Contrairement au prix de base, le prix du marché
comprend les impôts sur les produits et exclut les subventions sur les
produits. Il convient donc de faire une correction pour passer des valeurs
ajoutées au produit intérieur brut. Ainsi, le PIB selon
l'approche production est calculé de la manière suivante :
PIB = Somme des valeurs ajoutées + Taxe sur la Valeur
Ajoutée + Droits de Douane - Subventions
2. L'approche revenu
L'approche revenu met en évidence cette
répartition. La production est également l'occasion d'une
répartition de la richesse produite entre les salariés, les
entreprises et l'Etat. Le calcul du PIB selon cette approche dérive
directement de la précédente, il suffit d'utiliser la
décomposition de la valeur ajoutée (VA) provenant du compte
d'exploitation. Ainsi,
VA = Rémunération des salariées + Autres
impôts sur la production - Autres subventions sur la production +
Excédent d'exploitation sur revenu mixte
Le PIB est égal à la somme des revenus bruts des
secteurs institutionnels : rémunération des salariés (RS),
impôts sur la production et les importations moins les subventions (T),
excédent brut d'exploitation et revenus mixtes (EBE).
PIB = (Rémunération des salariés +
Bénéfices des sociétés avant Impôts +
Intérêts et revenus divers de placement + Revenus nets des
entreprises + Ajustement de la valeur des stocks ) + (Taxes nettes +
Dépréciation )
Simplement, en remplaçant dans le calcul du PIB selon
l'approche production de la valeur ajoutée par ses différents
éléments on obtient :
PIB = Rémunération des salariées +
Impôts sur les produits + Autres impôts sur la production -
Subvention sur les produits - Autres subventions sur la production +
Excédent d'exploitation sur revenu mixte
18
somme des subventions sur les produits et des autres
subventions sur la production correspond aux subventions, on obtient :
PIB = Rémunération des salariées +
Impôts sur la production et les importations - Subventions +
Excédent d'exploitation sur revenu mixte
3. L'approche demande
L'approche demande montre comment la richesse
créée a été utilisée. Le calcul du produit
intérieur brut qui lui correspond peut se déduire du compte de
biens et services. Ainsi, le calcul du PIB selon l'approche demande se
présente ainsi :
PIB = Consommation finale + Formation brute de capital fixe +
Variation des stocks + Acquisition moins cessions d'objet de valeur +
Exportations - Importations
D'une manière synthétique, on peut dire que le
produit intérieur brut est égal à la somme des emplois
finals, c'est-à-dire des emplois excluant la consommation
intermédiaire.
Paragraphe 2 : les formes, utilités et limites du
PIB
A travers ce paragraphe nous parlerons des formes du PIB, de son
utilité et de ses limites.
A- Les formes du PIB
Il convient d'avoir une notion sur le PIB nominal et le PIB
réel.
1. PIB nominal et PIB réel
Le PIB nominal12 est la mesure de
référence pour les données de long terme. Le PIB nominal
qui lui est fortement influencé par la variation des prix de vente et
donc par l'inflation.
Soit ????,?? le prix d'un bien au cours d'une période et
Q??,?? la quantité de ce bien demandée au cours de la
période (demande finale, investissement et exportations nettes) ; alors
:
PIBNominal,t = ? ????,??Q??,??
??
12 Si une plaque de chocolat est vendu 100F en 2005
et que la même plaque est vendue 500F en 2006, avec la même
quantité vendue le produit de la vente sera plus élevé ce
qui augmentera le PIB nominal (influencé par l'inflation) malgré
que la production n'a pas augmentée.
19
Avec :
? P : prix ;
? i : produit ; ? t : taux ;
? Q : quantité.
Le PIB réel est constitué par la valeur des
biens demandés au cours de la période mesurés à
prix constants. Le PIB réel n'est concrètement utilisé que
pour mesurer la croissance du PIB d'une année à l'autre. Il est
corrigé de l'inflation avec un prix de référence qui ne
change pas. Il permet de connaître les variations de volume (et non de
prix) de la production nationale.
PIB Nominal
PIB réel =
|
X 100
Indice des Prix
|
Le déflateur du PIB est un instrument permettant de
corriger le PIB des effets de l'inflation. Il est calculé à
partir de la formule suivante :
PIB Nominal
Déflateur du PIB =
|
PIB réel X 100
|
2. PIB en volume et PIB en valeur
Le PIB peut être mesuré à prix courants,
c'est-à-dire en valeur, ou en prix constants, c'est-à-dire en
volume. Son augmentation d'une grandeur économique peut donc être
due soit à l'augmentation du volume, donc de la quantité ou
à l'augmentation du prix. Le PIB en volume est égal au PIB en
valeur déflaté, c'est-à-dire qu'on ne prend pas en compte
la variation des prix. Pour annuler l'effet de l'inflation sur une
évolution en valeur, on divise le PIB par l'indice des prix de
l'année.
PIB en valeur
?????? ???? ???????????? =
|
|
???????????? ???? p??????
|
La croissance du PIB peut être due à
l'augmentation du volume, c'est-à-dire la quantité produite.
C'est la croissance réelle. Ainsi, le PIB en volume est la valeur du PIB
en tenant compte des variations des prix, c'est-à-dire de
l'inflation.
Le PIB en volume a l'avantage de montrer les variations
à la hausse et à la baisse dans les quantités de la
production des biens et services. C'est la valeur utilisée lorsque l'on
mesure la croissance du PIB. La croissance du PIB peut être due à
l'augmentation du prix, c'est-à-dire l'inflation. C'est la croissance
nominale.
20
Le PIB en valeur est l'ensemble des valeurs ajoutées
compte tenu de la hausse des prix ; on parle alors de prix courants. En effet,
on ne peut pas savoir uniquement en observant le PIB en valeur, si la hausse
des prix, d'une hausse de la production ou dans quelles proportions ces deux
variations se combinent.
B- Utilité et limites du PIB
1. Utilités du PIB
Le PIB permet de dégager un indicateur conventionnel
sur l'activité économique d'un pays (ou d'une zone) pendant une
période donnée (généralement l'année). C'est
un indicateur, qui permet la comparaison dans l'espace (entre pays ou zones) et
dans le temps (d'une année à l'autre ou d'une période
à l'autre).
Le PIB a pour objet de quantifier la production de richesse
réalisée par un pays sur une période donnée,
généralement un an ou un trimestre, grâce aux agents
économiques résidant dans le pays concerné. Il s'agit donc
d'un indicateur qui reflète l'activité économique interne
d'un pays. La variation du PIB d'une année sur l'autre permet de mesurer
le taux de croissance économique d'un pays.
Le PIB par habitant(ou par tête) est la valeur du PIB
divisé par le nombre d'habitants d'un pays. Il est plus efficace que le
PIB pour mesurer le développement d'un pays, cependant, il n'est qu'une
moyenne donc il ne permet pas de rendre compte des inégalités de
revenu et de richesse au sein d'une population.
Cet indicateur n'est pas égal au revenu par
tête. Il est un bon indicateur de la productivité
économique, mais il ne rend pas lui-même compte du niveau de
bien-être de la population ou du degré de réussite d'un
pays en matière de développement. Il ne montre pas dans quelle
mesure le revenu d'un pays est réparti de manière
équitable ou non entre ses habitants.
2. Limites du PIB
Le PIB ne permet d'appréhender ni les
inégalités sociales ni leur évolution. On peut très
bien avoir un PIB moyen qui augmente alors que les revenus (qu'il est
censé mesurer) diminuent pour une majorité de la population et
augmentent fortement pour une minorité, ce qui renforce les
inégalités.
Les activités clandestines ainsi que celles du secteur
informel ne sont pas prise en compte. Pour certains pays (et pendant certaines
périodes), le poids du secteur informel est tellement important que sa
négligence rend le PIB peu fiable.
21
D'une manière générale, tout ce qui peut
se produire et se vendre avec une valeur ajoutée monétaire va
gonfler le PIB et la croissance, indépendamment du fait que cela ajoute
ou non au bien-être individuel et collectif. La destruction
organisée des forêts tropicales pour y planter du soja
transgénique ou des végétaux destinés aux
agro-carburants est bonne pour le PIB des pays concernés et pour le PIB
mondial. Peu importe que ce soit une catastrophe écologique et que les
peuples indigènes soient chassés manu militari, rien de
tout cela n'est reflété dans le PIB. Car le PIB est
indifférent à la nature de l'activité
génératrice de revenus : que ce soit une augmentation des ventes
d'armes, d'antidépresseurs, ou une hausse des services
thérapeutiques effectués à cause de l'explosion du nombre
de cancers, tout cela est compté comme « positif » par le
PIB.
Les économistes James Tobin et William Nordhaus ont
dénoncé ces absurdités à l'aide du concept de
dépenses défensives. Ces dernières désignent des
situations où le PIB augmente du fait d'activités qui consistent
seulement à réparer des dégâts divers commis par
d'autres activités qui, elles aussi, gonflent le PIB (par exemple,
dépolluer). Il y a alors croissance économique mais aucune
progression du bien-être puisqu'on ne fait, dans le meilleur des cas, que
revenir au point de départ. Il faudrait pour cela traiter les
dépenses défensives comme des consommations intermédiaires
et non comme des produits finaux ajoutés au PIB.
Par ailleurs, le PIB et sa croissance sont indifférents
au fait que l'on puise dans les stocks pour continuer à croître :
on puise dans les ressources naturelles, on puise dans les ressources sociales
et dans les ressources humaines. Plus généralement, notre
comptabilité nationale n'est pas une comptabilité patrimoniale :
elle n'est qu'une vaste comptabilité d'entreprise, centrée sur
les flux, avec des entrées et des sorties, qui laisse dans l'ombre ce
qu'il advient du patrimoine - toujours considéré comme gratuit ou
inchangé à l'occasion de la production. Il est tout à fait
possible qu'un enrichissement de la production nationale s'accompagne
d'évolutions positives de l'état de santé de la
population, de l'amélioration de l'état des ressources
naturelles, des conditions de travail ou du degré de solidarité
existant à un moment donné dans une société. Mais
le contraire est tout autant possible et nous n'en tenons aucun compte. Pour
caricaturer, nous pourrions très bien nous retrouver un jour avec un
« gros » PIB, un très fort taux de croissance et un nombre
extrêmement élevé de morts par incivilités, une
société totalement atomisée, des conditions de travail
considérablement dégradées, un patrimoine naturel
dévasté, etc.
22
Chapitre 2 : Les composants du traitement et de
l'évolution de la masse salariale au Togo
Dans ce chapitre, nous passerons en revue les composants du
traitement des agents au Togo en Section 1, et la technique d'évolution
de la masse salariale en Section 2.
Section 1 : Les composants du salaire et des
traitements des agents au Togo
Le traitement dépend de certains éléments
qui le composent ; c'est la raison pour laquelle il varie d'un agent à
un autre.
Paragraphe 1 : Les éléments du traitement
des agents de l'Etat
L'on distingue dans le traitement les éléments
administratifs et les éléments financiers. A- Les
éléments administratifs du traitement
Les éléments administratifs sont les suivants :
? La catégorie est le classement des
emplois en fonction des objectifs à atteindre, ou des
spécifications techniques ou administratives requises des personnels
susceptibles de les occuper. A l'intérieur de chaque catégorie,
on a les classes, les échelons, les échelles et les grades.
? Le grade est le titre juridique qui
détermine le palier d'intégration dans la Fonction publique.
L'avancement de grade à lieu au profit des agents inscrits, à
raison de leur mérite, à un tableau annuel d'avancement
établi après avis d'une commission administrative paritaire ;
? La classe est la subdivision du grade
regroupant plusieurs échelons, soumise à des conditions
spécifiques d'accès ;
? L'échelon est la subdivision du
grade qui donne à son bénéficiaire un nouveau titre
statutaire. L'avancement d'échelon est lié à
l'ancienneté et se traduit par une augmentation de solde ;
? L'indice désigne le nombre indiquant
la valeur du grade du fonctionnaire servant de base au calcul de son
traitement. L'indice auquel est rattaché tout fonctionnaire est
calculé selon le corps statutaire auquel il appartient, son grade et son
échelon. Les agents sont appelés à changer d'indice au
cours de leur carrière ;
23
· Le corps est le regroupement de
fonctionnaires ayant vocation aux mêmes grades ;
· Le cadre est le regroupement de corps
hiérarchisés relevant de la même technique administrative
ou de la même spécialité, ayant vocation aux mêmes
grades par voie d'avancement ;
· La valeur du point d'indice est le
montant monétaire affecté au point d'indice.
· La grille salariale indiciaire (ou
barème salarial, ou grille barémique) est un tableau
représentant l'ensemble des indices affectés aux
différents grades et emplois, servant de base au calcul des salaires. Le
fonctionnaire est dans une situation statutaire et règlementaire du
droit public. Le traitement qu'il perçoit est fonction de sa
catégorie, de l'emploi, du grade et de l'échelon.
B- Les éléments financiers du traitement
Les éléments financiers sont composés des
éléments du gain et de retenues.
1) Les éléments du gain
Les éléments du gain se composent du solde cadre,
de la sujétion cadre et des accessoires:
· La solde cadre est le traitement brut
de base des fonctionnaires. Elle est fixée en fonction du grade du
fonctionnaire et de l'échelon auquel il appartient ou de l'emploi auquel
il a été nommé ;
· La sujétion cadre est
l'indemnité de présence effective au poste de travail. Le taux de
la sujétion cadre est uniformément fixé par décret
pour tous les fonctionnaires à un pourcentage déterminé de
la solde cadre ;
· Les accessoires du traitement.
Ils regroupent les primes et indemnités. Ils viennent en
complément au salaire brut. Ce sont : - Les allocations familiales
(2000FCFA par enfant et pour six enfants au maximum) ;
- La prime spéciale sur salaire introduite à
partir du 1er janvier 2011 pour compenser la baisse du pouvoir d'achat des
fonctionnaires. Elle est 6500FCFA pour les cadres des catégories A et B
puis 6500FCFA pour les autres.
- L'indemnité de véhicule accordée au chef
de département ;
- L'indemnité de logement ; - L'indemnité de
fonction ;
24
- L'indemnité de responsabilité financière
donnée aux comptables de la caisse ;
- La prime de technicité perçue par les
médecins entre autres.
2) Les éléments de retenues sur le
traitement
Les retenues sur salaire sont effectuées
périodiquement. Ce sont :
Les cotisations de sécurité sociale (maladie,
vieillesse, retraite, assurance chômage) ;
Les retenues à caractère exceptionnel (par exemple
la saisie sur rémunération).
a) Les retenues obligatoires A ce jour, les
retenues obligatoires sont :
La pension de retraite est une cotisation faite par le
fonctionnaire pour l'assurance vieillesse du cadre ; à ce jour elle est
équivalente à 7% du salaire de base. Dès lors que vous
avez atteint l'âge minimum de départ à la retraite, vous
pouvez bénéficier d'une pension de retraite.
L'Impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP)
est un impôt annuel prélevé sur le revenu net global des
personnes physiques au profit de l'Etat (Annexe I) ;
La Taxe Complémentaire sur Salaire (TCS) est un
impôt forfaitaire ;
L'Assurance Maladie est prélevée au profit de
l'institut national d'assurance maladie.
b) Les retenues facultatives
Les retenues facultatives sont liées soient aux avances
ou acompte sur rémunération, soient aux oppositions sur salaire.
Les avances sur salaire comme les acomptes sont des moyens de répondre
à des besoins de liquidité ponctuels des salariés.
L'avance sur salaire n'est qu'un prêt consenti par
l'entreprise à son salarié ;
L'acompte sur salaire correspond au versement d'une partie du
salaire basé sur un travail effectué ;
L'opposition sur salaire est faite par les créanciers
du fonctionnaire dans les limites fixées par la loi.
Le traitement des agents dans la fonction publique est
déterminé en fonction de certaines bases. Ce paragraphe a pour
objet d'examiner les éléments constitutifs du traitement net.
25
Paragraphe 2 : Les éléments de la masse
salariale
A- La masse salariale
La masse salariale représente l'ensemble des sommes
versées à une population donnée, pendant une durée
donnée (généralement une année). Elle prend en
compte : les rémunérations, les salaires, les commissions de
base, les primes (sauf si elle s'agit de remboursement de frais), et les
indemnités.
Cependant, selon divers secteurs, la masse salariale se
définit différemment. Dans certaines entreprises, la masse
salariale peut représenter une forte proportion des charges de
celles-ci. C'est d'ailleurs ce qui a donné naissance à ce terme
fréquemment utilisé, le "pilotage de la masse salariale". Ce
dernier vise à réduire la masse salariale, en utilisant des
méthodes et des techniques précises en ce sens.
? La masse salariale comptable :
Dans le secteur de la comptabilité, la masse salariale
comporte toutes les charges patronales, incluant la provision des congés
qui sont payés. Elle sert de référence quant au calcul des
contributions patronales, en se basant sur l'ensemble de la masse salariale.
? La masse salariale fiscale :
Au niveau de la fiscalité, la masse salariale comprend
toutes formes de rémunération, incluant les avantages et les
primes imposables dont bénéficient les salariés, mais
excluant les charges patronales. Ainsi, dans le présent contexte, la
masse salariale se calcule avec les déductions que chaque employé
doit payer, mais non avec celles de l'employeur.
? La masse salariale budgétaire :
La masse salariale budgétaire se veut plus un outil de
gestion, et parfois de négociation. Elle se calcule en incluant les
cotisations patronales et les indemnités de licenciement, sans toutefois
tenir compte des primes et indemnités variables. Les gestionnaires
utilisent principalement la masse salariale budgétaire afin de faire des
comparaisons des salaires d'une année à l'autre.
B- La détermination du traitement net
nominal
26
1. Les éléments principaux sur
traitement
Dans la fonction publique, les agents sont repartis en
catégories hiérarchique sur la base des qualifications. Il s'en
suit un étagement des traitements et salaires appelé «
grille indiciaire » en rapport avec la répartition des indices qui
composent ladite grille.
Le traitement des agents de l'Etat est
déterminé en tenant compte de son indice et de la valeur
indiciaire en vigueur. Le traitement est déterminé en fonction
d'un barème appelé la grille des indices. Il présente de
façon détaillé les catégories professionnelles avec
les indices correspondants ainsi que les avancements de grade et des
échelons. A cet effet, chaque corps rassemble des fonctionnaires soumis
au même déroulement de carrière. Le fonctionnaire est
titulaire d'un grade, lui-même affecté à une échelle
indiciaire. A chaque échelon correspond un indice qui permet de calculer
la solde cadre. L'ancienneté requise pour passer d'un échelon
à l'autre est fixée dans le statut régissant chaque
corps.
Les traitements de la fonction publique sont calculés
en fonction d'une grille qui définit la rémunération
principale, selon l'échelon hiérarchique et l'ancienneté.
Le calcul du traitement brut passe par la détermination du solde cadre
mensuelle, de la sujétion cadre mensuelle et du traitement brut hors
primes.
? Solde cadre mensuelle (SCM) = valeur indiciaire*point
d'indice
12
? Sujétion cadre mensuelle (SUCM) = SCM * 20
100
? Traitement brut hors primes (TBHP) = SCM + SUCM
Il existe des accessoires au traitement. Ainsi,
Certains accessoires sur traitement sont attribués aux agents
qui occupent un poste et dans l'exercice de leurs fonctions, ou en fonction de
leur situation matrimoniale. Si certains accessoires se calculent, d'autres
sont déterminés à partir des taux fixés par un
décret ou une décision d'attribution. Ainsi, la somme due
à l'agent de l'Etat est le traitement brut hors primes et ses
accessoires.
2. Le calcul des retenues sur traitement
Les retenues auxquelles le traitement des agents est assujetti
sont :
? Le montant de la pension de retraite
versée est déterminé via la formule suivante :
7
pension de retraite = 100 * solde cadre mensuelle
salariale (variation d'effectifs, modifications structurelles de
l'emploi...), la mesure des effets
27
? La prime d'assurance maladie est déterminée
après application de la formule de calcul suivante :
prime d'assurance maladie = 3,5% * Traitement brut
hors primes
? La Taxe Complémentaire sur les Traitements et Salaires
est due par les personnes physiques qui perçoivent des revenus. A ce
jour, la taxe complémentaire sur salaire est un forfait de 250F CFA si
l'on ne paie pas l'IRPP sinon il est de 125FCFA.
? L'Impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP).
L'IRPP est un impôt progressif, car son taux augmente à mesure que
les revenus déclarés par les agents économiques sont plus
élevés. Pour cette raison, il est souvent présenté
comme le plus juste.
De ce qui précède, le traitement net nominal est
:
??????????e??e???? ??e?? ?????????????? =
??????????e??e???? ???????? h?????? ????????e?? + P??????e?? -
Re??e????e??
Section 2 : Evolution de la masse salariale
Nous aurons à parler dans cette section le principe et
la méthode de la politique salariale ainsi que son impact et le pilotage
de la masse salariale.
Paragraphe 1 : Principe et méthode de la
politique salariale
Il convient ici d'énoncer le principe et la méthode
de la politique salariale.
A- Principe
La politique salariale de l'entreprise peut se traduire par
des augmentations collectives ou catégorielles des salaires. Elle
consiste aussi en un système d'évolution des
rémunérations individuelles au mérite, à
l'ancienneté ou liées aux changements de postes. L'ensemble de
ces hausses collectives, catégorielles ou individuelles, ont un impact
sur la masse salariale totale plus ou moins fort en fonction des taux de hausse
et des dates de leur mise en application. En outre, les hausses des
rémunérations appliquées pendant un exercice ont un effet
sur l'évolution de la masse salariale de l'exercice suivant.
B- Méthode de la politique salariale
On distingue la masse salariale de base et les effets sur la
masse salariale totale.
1. La masse salariale de base
Afin d'isoler les variations des rémunérations des
autres facteurs d'évolution de la masse
28
masse, niveau et de report est calculée à
effectifs constants. La masse salariale de base est la somme des salaires,
indemnités et primes régulièrement perçus par un
effectif constant.
2. Les effets sur la masse salariale totale
Une des qualités du système de
rémunération est son impact limité sur la masse salariale
et sa conformité avec les possibilités de trésorerie
à court terme et les ressources à long terme. Pour limiter la
progression de la masse salariale, on doit en maîtriser les techniques de
projection afin de calculer les différents effets qu'engendre la
politique de rémunération.
Il faut rappeler ce que sont ces effets et à quoi ils
correspondent. Pour leur compréhension on précise ici que
l'année en cours, aussi appelée année de
référence, est l'année A et que l'année suivante,
dite année de projection, est l'année B. La masse salariale de
base, celle de l'année A, se définit comme la somme de tous les
éléments de rémunération récurrents,
incluant salaire de base et primes fixes des salariés en Contrat
à Durée Indéterminée.
L'importance de la masse salariale dans la valeur
ajoutée nécessite une attention particulière portée
à son contrôle. La rémunération de base d'un
salarié est susceptible d'augmenter dans les cas suivants :
- Augmentations générales concernant la
totalité du personnel de l'entreprise ; - Augmentations individuelles
à l'intérieur de la zone de progrès du poste ; -
Changement de poste dans le cadre d'une promotion ;
- Influence de l'ancienneté.
L'évolution de la masse salariale résulte des
décisions prises pour l'exercice et d'effets induits qui sont les
conséquences des décisions prises au cours d'une période
antérieure (effet report), des modifications quantitatives ou
qualitative de la population étudiée entre deux périodes
de référence : effets d'effectif, effet de structure, effet de
noria. Ces effets infléchissent l'évolution de la masse salariale
en masse et en niveau.
i. Effet d'effectif
Lorsque les effectifs varient en fonction de la politique de
l'emploi, ils entraînent une conséquence financière
mesurée sur la masse salariale qui est l'effet d'effectif. Il
résulte du coût salarial du nombre de postes créés
dans l'année de projection B minoré du coût salarial des
postes supprimés dans la même période. On a l'habitude
d'exprimer ce coût en rapport avec la masse salariale totale de
l'année A de référence.
29
ii. L'effet niveau
L'effet niveau mesure est un pourcentage d'évolution de
la rémunération instantanée entre deux dates
données, généralement de décembre N à
décembre N+1.
nouveau salaire - ancien salaire
Effet niveau =
|
|
ancien salaire
|
iii. Effet de structure
L'effet de structure mesure les conséquences sur la
masse salariale des changements de catégorie professionnelle,
c'est-à-dire l'augmentation de salaire qui accompagne la promotion
concernée. Il résulte de toutes les modifications dans la
composition de l'effet salarié, il mesure ce que l'on appelle aussi
« la mobilité verticale »
iv. Effet masse
Il représente le coût des augmentations
générales décidées pour l'année B
rapporté à la masse salariale de l'année A de
référence. Autrement dit, c'est le taux d'augmentation de la
masse salariale de l'année B par rapport à celle de
l'année A, dû aux augmentations générales
prévues sur B. La formule de l'effet de masse est la suivante :
Masse salariale de l'année B
Effet masse = Masse salariale de l'année A *
100
Pour simuler l'impact des augmentations
générales à partir d'hypothèses exprimées en
pourcentage, pas besoin d'un progiciel spécialement dédié
à la masse salariale, car le principe de calcul s'intègre
aisément dans les fonctions d'un tableur.
v. Effet d'ancienneté
C'est l'augmentation de la masse salariale de N+1 par rapport
à N qui correspond aux majorations automatiques, du salaire ou de la
prime d'ancienneté, dues au passage du temps.
vi. Effet de report
Il correspond à la prise en compte sur une année
complète des augmentations, décidées dans le courant de
l'année précédente. L'effet de report représente
donc une augmentation de la masse salariale à effectif constant entre A
et B avant même de simuler l'augmentation d'un paramètre sur B. La
formule de l'effet de report est la suivante :
Effet de report =
|
Masse salariale plancher de C
|
* 100
|
Masse salariale de l'année B
|
30
vii. Effet noria
Il mesure, en année B, l'économie que
représente le remplacement d'un salarié ayant une certaine
ancienneté par un autre salarié dépourvu de ces attributs
de salaire. Il se calcule par différence entre le salaire des entrants
et celui des sortants le tout rapporté en pourcentage à la masse
salariale de l'année A de référence.
L'analyse du taux de noria donne la double mesure d'une
économie réalisée à court terme sur la masse
salariale de l'année de projection B et du renouvellement, sur un plus
long terme, des ressources humaines à gérer. La formule de
l'effet de noria est la suivante :
Salaire des entrants - Salaire des sortants
Effet de noria =
|
|
Masse salariale de l'année A
|
viii. L'effet de changement d'horaire
Il mesure les variations d'horaire visant à une
meilleure adéquation des ressources avec la charge de travail. Cette
augmentation de la masse ainsi constatée en année B sera sans
effet report sur l'année suivante
ix. Effet des contrats temporaires
Il mesure le coût de ce qu'on a coutume d'appeler
aujourd'hui la flexibilité de l'emploi. L'effet des contrats temporaires
mesure le coût complet, salaire, indemnité de fin de contrat,
indemnité de congés payés et charges patronales, des
contrats à durée déterminée recrutés dans
l'année B. Il s'impute sur le compte comptable 64 qui représente
les « frais de personnel » et dans lequel les salaires des CDD sont
confondus avec ceux des CDI.
L'effet de contrats temporaires est d'autant plus important
ces dernières années que les effets des périodes de crise
puis de reprise économique ont rendu les entreprises très
prudentes en matière de recrutement à durée
indéterminée.
x. L'effet Glissement Vieillesse Technicité
(GVT)
L'effet Glissement Vieillesse Technicité est la part de
l'évolution des salaires qui résulte des évolutions de
carrière propres à chaque salarié. Glissement,
Vieillissement et Technicité constituent l'effet GVT. Ces trois effets
se traduisent par une augmentation de la masse salariale et peuvent être
mesurés en niveau, masse et report.
En effet, l'effet glissement est l'impact des
entrées et des sorties, c'est-à-dire du renouvellement du
personnel sur l'évolution de la masse salariale. Les entrants sont en
moyenne plus jeunes et moins « primés » et par,
conséquent, rémunérés à un niveau moins
31
élevé que l'ensemble des salariés d'un
établissement. L'effet des entrants est donc en général
négatif sur l'évolution générale de la masse
salariale. Le signe de l'effet des sortants est moins évident car les
sortants ne sont pas forcément des personnes plus qualifiées
et/ou plus âgées et donc mieux rémunérées. De
grandes variations locales, liées aux départs à la
retraite et à la politique de recrutement peuvent être
observées ;
Aussi, l'effet vieillesse est l'impact sur
l'évolution générale de la masse salariale des changements
de salaire, sans changement de fonction, dus au déroulement normal de
carrière dans le métier suite à l'ancienneté. Cela
correspond donc à l'évolution de la prime d'ancienneté et
à la majoration spécifique pour les cadres ;
Enfin, l'effet technicité est l'impact
sur l'évolution générale de la masse salariale des
modifications de la répartition du personnel entre les différents
métiers et compléments à la suite de changements de
fonctions, ou de l'acquisition de compétences nouvelles. Ces changements
sont en général validés suite à un concours ou un
examen professionnel. Cela correspond donc dans notre convention à un
changement de coefficient de référence et/ou de
compléments liés à un concours, examen ou formation.
Sont toutefois toujours exclus du GVT tous les autres facteurs
influant la masse salariale, à savoir la variation du point, la
distribution de points (uniformes ou différentiés) ainsi que les
mesures catégorielles.
Il convient de préciser que l'on peut maitriser les
effets du GVT sur la masse salariale, en revanche l'effet de Vieillissement est
difficile à contrôler car il entraine une progression des
coûts salariaux.
? Assurer la compétitivité externe, qui se
traduit par la valorisation des métiers de l'entreprise, objectif visant
à maintenir les meilleurs éléments et à assurer les
recrutements de qualité ;
? Réalisé l'équité interne, qui
consiste dans le fait que la politique de rémunération doit
être ressentie comme juste par l'ensemble du personnel de l'entreprise
;
? Ensuite, l'établissement d'une structure salariale,
c'est-à-dire les plages de salaires des différentes
catégories tenant compte des différences de niveaux de
compétences et de qualification. Cela revient à fixer la part de
rémunération de chaque agent et la mise en place de la
hiérarchie des salaires qui fixe les critères et les conditions
de progression ;
32
? Enfin, la mise en place d'un système d'information
pour le suivi, d'une part de l'évolution de la politique de
rémunération, et d'autre part des changements de l'environnement
en matière de salaire, de prix, de métiers, etc.
3. Relation effet niveau, effet masse et effet
report
L'effet niveau est indépendant des dates auxquelles les
hausses sont appliquées au cours d'une année. Au contraire,
l'impact d'une hausse en niveau des salaires sur la masse salariale de
l'année et de l'année suivante dépend de la date de la
mise en application de cette hausse.
Plus la hausse est proche du début de l'année,
plus l'effet masse se rapproche de l'effet niveau et plus l'effet de report est
faible. Plus la hausse est proche de la fin de l'année, plus l'effet
masse est faible et plus l'effet de report se rapproche de l'effet niveau. Dans
le cadre de négociations salariales, l'administration doit prendre en
compte ces considérations :
? Une hausse mise en application au début de
l'année N à un coût financier immédiat plus
important ;
? Plus la date est tardive, plus le coût financier est
retardé sur l'année suivante, au risque cependant, d'entraver
l'administration pendant l'exercice suivant dans le cadre de nouvelles
négociations salariales.
Paragraphe 2 : Le pilotage de la masse salariale et
l'impact de la politique salariale
Il sera développé le pilotage de la masse
salariale et examiné l'impact de la politique salariale sur la masse
salariale.
A- Le pilotage de la masse salariale
Le pilotage de la masse salariale permet d'opérer des
choix de gestion et de nourrir le dialogue de gestion. Sous le terme
générique de pilotage de la masse salariale, on désigne en
fait deux processus : la budgétisation et la gestion au cours de
l'exercice. Peu à peu, ceux-ci devraient prendre en compte une
perspective pluriannuelle.
Le pilotage de la masse salariale s'inscrit toujours dans une
démarche itérative, caractérisée par de constants
allers et retours entre le prévisionnel et le constaté. La
budgétisation a pour objectif de déterminer l'enveloppe de
crédits allouée aux dépenses de personnel. Elle se
déroule généralement une année donnée pour
l'exercice suivante. Elle est éclairée par les
éléments d'exécution ou la prévision
d'exécution de l'année précédente à
l'année étudiée.
33
La gestion annuelle de la masse salariale a pour objectif de
permettre de respecter en exécution l'enveloppe de crédits tout
en assurant la couverture de l'ensemble des engagements. Elle implique de
suivre et d'analyser la dépense à l'échelle
infra-annuelle, c'est-à-dire de comparer la prévision et la
réalisation. Les éventuels écarts doivent être
réintégrés pour réajuster la prévision en
fonction de la dépense constatée et permettre ainsi de prendre
les mesures de gestion qui sont rendues nécessaires pour respecter
l'enveloppe allouée ou qui sont rendues possibles en cas de marges de
manoeuvre. L'analyse de l'exécution de la dépense doit être
menée de façon mensuelle.
Enfin, les incidences des calendriers de gestion, des modes
d'organisation et des procédures sont telles qu'elles doivent donner
lieu à des réflexions sur leur optimisation afin de minimiser les
aléas de gestion de la masse salariale et simplifier le suivi.
B- L'impact de la politique salariale
Une des qualités du système de
rémunération est son impact limité sur la masse salariale
et sa conformité avec les possibilités de trésorerie
à court terme et les ressources à long terme. Pour limiter la
progression de la masse salariale, on doit en maîtriser les techniques de
projection afin de calculer les différents effets qu'engendre la
politique de rémunération sur les exercices à venir. Il
faut rappeler ce que sont ces effets et à quoi ils correspondent. Pour
leur compréhension on précise que l'année en cours, aussi
appelée année de référence, est l'année N et
que l'année suivante, dite année de projection, est
l'année N+1. La masse salariale de base, celle de l'année N, se
définit comme la somme de tous les éléments de
rémunération récurrents, incluant salaire de base et
primes fixes des salariés en CDI.
34
DEUXIEME PARTIE :
L'ANALYSE ET L'EVOLUTION DE LA MASSE SALARIALE DES
AGENTS
PUBLICS AU TOGO
35
Chapitre I : Etude des variations entre 1960 et
2015
Ce chapitre nous permettra d'analyser les éléments
liés à l'autorité des pouvoirs publics en section 1 et les
effets liés à l'autorité monétaire dans la section
2.
Section I : Analyse d'éléments
liés à l'autorité des pouvoirs publics
Nous allons consacrée cette section à l'analyse des
éléments directement liés au pilotage de la masse
salariale (paragraphe 1) et les effets comparés (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Analyse des éléments
directement liés au pilotage de la masse salariale A- Analyse de
l'évolution de la masse salariale
La masse salariale est un enjeu de maitrise des finances
publiques. Elle est le cumul des rémunérations brutes des
salariés de l'établissement (hors cotisations patronales). Les
rémunérations correspondent aux salaires et primes des
salariés au cours de l'année d'exercice.
Graphique 1 : Evolution de la masse salariale (En
milliards de F CFA).
180
160
140
120
100
80
60
40
20
0
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
2015
Source : A partir des données de
la BCEAO.
Sur l'ensemble de la période 1960 et 2015 la masse
salariale a une tendance haussière. Au cours de cette période,
elle a augmenté de 97,14%. Cette hausse permanente s'explique par les
rappels de solde, les recrutements de nouveaux agents, le dégel du point
des salaires et les revalorisations de la valeur indiciaire.
36
B- Analyse de l'évolution du SMIG
Graphique N° 2 : Evolution du SMIG en Francs CFA.
40 000
35 000
30 000
25 000
20 000
15 000
10 000
5 000
0
1960
1965
1970
1975
1980
1985
1990
1995
2000
2005
2010
2015
Source : A partir des données de
la BCEAO.
Depuis 1960 le SMIG est en croissance. Entre 1990 et 2007, le
SMIG a connu une stagnation c'est-à-dire que dans cette période
le SMIG était resté stable à 13 757 FCFA. Il a subit une
croissance de 203,5% entre 2007 et 2011 passant de 13757 FCFA à 28000
FCFA. En 2012, le SMIG est passé de 28000 FCFA à 35 000 FCFA soit
une hausse de 25%. Il est passé de 3597,0 à 35000 FCFA entre 1960
et 2015, soit une augmentation de 89,72%. L'évolution du SMIG est
souvent liée au prix moyen des biens qui composent le panier de la
ménagère.
C- Analyse de l'évolution du PIB
réel
Le produit intérieur brut réel illustre
l'importance de l'activité économique d'un pays ou la grandeur de
sa richesse générée. Il permet de procéder plus
adéquatement à des comparaisons à travers les
années puisqu'il tient alors compte de l'inflation ou de la
déflation.
Graphique N°3 : Evolution du PIB réel (en
milliard de F CFA).
2000
1500
1000
500
0
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015
Source : A partir des données de
la BCEAO.
-0,05
-0,15
0,05
-0,1
0
1955
1960
1965
1970
1975
1980
1985
1990
1995
2000
2005
2010
2015
Source : A partir des données de
la BCEAO.
37
Le PIB réel a une tendance haussière depuis
1960. La production intérieure a connu une relative récession en
1990 qui correspond au début des mouvements sociopolitiques. Mais, le
PIB a connu une augmentation de 449% entre 1960 et 2015.
D- Analyse de l'évolution du PIB par
habitant
Le PIB par habitant mesure le niveau de vie et, de
façon approximative, celui du pouvoir d'achat .
Graphique N°4 : Evolution du PIB par habitant en
Franc CFA.
300 000 250 000 200 000 150 000 100 000 50 000
0
|
|
|
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015
Source : A partir des données de
la BCEAO.
Une reprise progressive de la croissance du ratio s'est
constatée à partir de 1980 suivie d'une légère
détérioration en 1995. En 2001 le ratio a connu une reprise de
croissance stable. Alors on peut constater de 1960 à nos jours (2015),
une croissance de 57,70%.
E- Analyse de l'évolution du solde
budgétaire global
Dans l'UEMOA, le ratio solde budgétaire global en
pourcentage du PIB nominal doit être positif.
Graphique N°5 : Evolution du solde global en
pourcentage du PIB nominal
Entre 1960 et 2015 soit 55 ans, la valeur indiciaire a
augmenté de 64,45% tandis que les prix à travers le
déflateur du PIB ont été multipliés par cinq. Il
apparait donc que la valeur du point
38
L'on remarque que le Togo a rarement respecté ce
critère.
Le déficit budgétaire se traduit par des
emprunts nouveaux que l'État doit contracter au cours de l'année.
Si l'État doit emprunter pour se procurer des liquidités
nécessaires pour couvrir les emprunts antérieurs arrivés
à échéance, on parle alors d'effet « boule de neige
».
Selon les économistes, le déficit
budgétaire peut jouer différents rôles. Pour Keynes, il
peut stimuler la croissance et l'emploi dans une économie en
récession. En revanche, les libéraux insistent sur les effets
néfastes de l'accroissement de la dette publique Dette publique Ensemble
des dettes de l'Etat résultant des emprunts que ce dernier a émis
ou garantis..
Par un phénomène purement mécanique, le
déficit budgétaire se réduit en période de forte
croissance économique, dans la période faste du cycle
économique (les recettes de l'État augmentent fortement, alors
que ses dépenses ont une volatilité plus faible, donc augmentent
moins rapidement).
Les différents gouvernements ont également
tendance à présenter un budget en fort déficit en
début de mandat (application des programmes électoraux,
dépenses mises au compte du précédent gouvernement), et
à présenter un déficit budgétaire réduit en
fin de mandat, à des fins électorales (report à
l'année suivante, déplacement de créances sur des
organismes publics divers, utilisation de jeux comptables).
Paragraphe 2 : Analyse d'effets comparés
Dans ce paragraphe il sera tour à tour analysé
le taux de croissance de la valeur indiciaire et le taux inflation, la valeur
indiciaire et l'indice des prix, le ratio masse salariale sur recettes fiscales
et les effets des programmes d'ajustement structurels.
A- Analyse du taux de croissance de la valeur indiciaire -
taux inflation
L'inflation est la perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui
se traduit par une augmentation générale et durable du niveau des
prix. Le taux reflète le changement subi par le consommateur moyen
pendant une période donnée lors de ses achats de biens et
services. Il est d'une utilité incontournable dans la mesure du
coût de la vie dans un pays en plus de permettre la comparaison de
données dans le temps.
39
d'indice n'est pas indexée à l'inflation ; la
conséquence serait inévitablement la perte du pouvoir d'achat des
travailleurs.
B- Analyse comparative valeur indiciaire et de l'indice
des prix à la consommation
L'IPC est une mesure permettant de suivre dans le temps
l'évolution des prix des biens et services couramment utilisées
ou consommées. Si dans un pays l'IPC connait de fortes variations
positives et que les salaires sont inchangés, le pouvoir d'achat
diminue.
Graphique 6 : Evolution valeur indiciaire - indice des
prix à la consommation
Indice des prix a la consommation Val ind mensuelle
120
120
100
100
80
80
60
60
40
20
40
0
20
-20
1960
1965
1970
1975
1980
1985
1990
1995
2000
2005
2010
2015
0
Source : A partir des données de
la BCEAO.
Vers les années 60, la valeur indiciaire permettait
aux agents de l'Etat togolais d'avoir un pouvoir d'achat acceptable. Depuis,
l'évolution des prix a été en leur défaveur ce qui
explique la perte du pouvoir d'achat.
C- Analyse de l'évolution de la masse salariale
en pourcentage du PIB
Pour certains économistes comme LAWSON DODY,
la loi devrait rendre obligatoire l'ajustement des
rémunérations publiques à l'évolution du PIB. Pour
ce faire, analysons l'évolution de cet agrégat. En effet la
croissance économique13 est l'indice premier d'une
13 La croissance économique est la tendance
à la hausse du niveau de l'activité économique se
traduisant par l'augmentation du revenu national d'une année à
l'autre. « La croissance économique se définit par
l'augmentation de la production nationale des biens et services
accompagnée ou non d'un changement de structure. » confer cours de
politique budgétaire de M. AMAWUDA Kodzo, ENA-TOGO, Lomé
2016.
40
économie viable. La santé financière du
gouvernement est tributaire de la hausse de la croissance du PIB. Son
évolution reflète soit le dynamisme (accroissement), soit
l'absence de dynamisme ou même un recul (croissance négative) de
l'activité économique.
Graphique N°7 : Evolution de la masse salariale en
pourcentage du PIB.
14% 12% 10% 8% 6% 4% 2% 0%
|
|
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015
Source : A partir des données de
la BCEAO.
Les mesures de contrôle des dépenses de personnel
ne se traduisent pas souvent par une augmentation salariale.
En termes de croissance on voit que les salaires et
traitements et le PIB se sont talonnés dans le temps. Par contre, de
2005 jusqu'en 2009, les salaires et traitements ont pris le pas sur la
croissance économique. La masse salariale a commencé à
évoluer plus vite que l'activité économique.
D- Analyse du ratio masse salariale / des recettes
fiscales
Le Togo est membre de l'UEMOA. Ainsi, il est tenu de respecter
les critères dits de convergence. L'UEMOA a édicté en
janvier 2003 des critères de convergence budgétaire pour ses pays
membres. La norme communautaire est de 35% maximum.
Autrement, des normes pour mesurer le degré de bonne
gouvernance et de gestion des finances publiques internes, aux fins
d'éviter de perpétuer dans les déficits. Parmi ces
critères, il y a le ratio masse salariale sur recettes fiscales.
41
Graphique 8 : Evolution du ratio masse salariale sur les
recettes fiscales.
135% 125% 115% 105% 95% 85% 75% 65% 55% 45% 35% 25%
|
|
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015
Source : A partir des données de
la BCEAO.
Ce ratio a évolué pendant longtemps au-dessus de
la norme. Le pays en a donc trop consacré aux salaires au regard de ses
recouvrements fiscaux. A partir de 2003, un effort est fait par le gouvernement
pour respecter ce taux. Les mesures de contrôle des dépenses de
personnel ne se traduisent pas souvent par une augmentation salariale. Lorsque
cet indice est supérieur à 35% une « revalorisation »
quelle qu'elle soit est improbable.
E- Analyse des recettes fiscales rapportées au
PIB
Les recettes fiscales désignent les recettes provenant
des impôts sur le revenu et les bénéfices, des cotisations
de sécurité sociale, des taxes prélevées sur les
biens et les services, des prélèvements sur les salaires, des
impôts sur le patrimoine et des droits de mutation, ainsi que d'autres
impôts et taxes. Suivant les critères de convergence, les recettes
fiscales doivent correspondre à au moins 17% du PIB.
Graphique 9 : Evolution des ratios recettes fiscales en
pourcentage du PIB nominal.
31%
24%
17%
10%
3%
1960
1965
1970
1975
1980
1985
1990
1995
2000
2005
2010
2015
Source : A partir des données de
la BCEAO.
42
Dans l'UEMOA, ce ratio devrait être supérieur ou
égal à 17%. L'évolution du ratio recettes fiscales aux PIB
nominal sur la période fait ressortir que ce critère a
été sur une longue période parfois respecté. Depuis
2012, ce ratio est respecté.
F- Evolution des salaires et traitement /
dépenses totales
Une garantie financière doit porter aussi bien sur le
court terme que sur le long terme. En effet, le relèvement du niveau des
rémunérations est une mesure que le caractère impopulaire
de la décision contraire rend irrévocable.
Graphique N°10: Evolution de la part des salaires et
traitements dans les dépenses totales
40%
20%
60%
30%
50%
10%
0%
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015
Source : A partir des données de
la BCEAO.
On peut constater que les salaires et traitements ont
constitué plus de 20% des dépenses totales depuis
l'indépendance. Pendant longtemps, ce ratio a oscillé entre 20%
et 40%. Ce qui conduit à une réduction de la marge de manoeuvre
budgétaire. En moyenne, la part des salaires et traitements dans les
dépenses totales a diminué de 2 points (0,021 point) en
glissement annuel moyen entre 1960 et 2015.
G- Effet des programmes d'ajustement
structurels
La Programme d'ajustement structurel (PAS) est un ensemble de
dispositions résultant d'une négociation entre un pays
endetté et le Fonds monétaire international (FMI). Afin de
corriger les déséquilibres macro-économiques et permettre
la reprise d'une croissance durable, il nécessitait, par des mesures
appropriées, s'attaquer aux maux de la politique économique, de
gestion et d'aménagement du cadre juridique et institutionnel du pays en
difficulté. L'application des mesures du PAS a entraîné
l'abaissement du PIB suite aux réductions des dépenses
gouvernementales, des investissements publics, par le gel des salaires et le
plafonnement des recrutements dans la fonction publique.
43
Dans le cas du Togo, ceci fut effectif à partir de
1983. Seule la réussite à un concours de recrutement à la
fonction publique y donne accès. Les employés qui quittent pour
cause de retraite, décès, ou toute autre raison ne sont plus
remplacés. En premier lieu, la réduction conséquente des
effectifs de la fonction publique va entraîner une diminution des revenus
des ménages et une réduction de la demande globale.
Section II : Effets liés à
l'autorité monétaire
Cette section va analyser les éléments liés
aux normes de taux et ceux liés à la richesse. Paragraphe
1 : Analyse des éléments liés aux normes de
taux
Le taux est un élément très important au
niveau des banques et à ce qui concerne l'inflation. Pour les banques il
s'agit du taux de crédits accordé à la clientèle.
Pour l'inflation il s'agit de l'augmentation des prix des produits sur le
marché.
A- Analyse de l'évolution du taux
d'intérêt nominal
Pendant longtemps les banques togolaises ont pratiqué
des taux d'intérêts très élevés. Ainsi, les
travailleurs togolais qui, pour la plupart, ont assez de préoccupations
étaient obligés de souffrir des banques. La conséquence
immédiate est la réduction des capacités
financières de l'employé de l'Etat. Le taux
d'intérêt des banques a sérieusement baissé. Cette
baisse est favorable aux travailleurs togolais qui pour la plupart vivent des
prêts bancaires.
Les togolais aspirants à vivre dans leurs maisons, une
bonne rémunération permettrait à ces derniers de
réaliser de plus grands investissements. Aussi, un taux
d'intérêt faible favorise les investissements et donc la
création des richesses. De ceci découlera un accroissement du PIB
et probablement du revenu par habitant.
De 1993 à 1994 le taux de crédit à la
clientèle était de 10%. Depuis l'année 1995 le taux moyen
des crédits à la clientèle a fortement augmenté
réduisant significativement les capacités financières des
agents ayant reçu des prêts bancaires. Depuis 2008 ce taux a
drastiquement baissé. Cette baisse a encouragé les agents de
l'administration publique à solliciter des prêts auprès des
banques de la place.
B- Analyse de l'évolution de
l'inflation
Aujourd'hui, on a l'impression que l'inflation est devenue un
instrument des politiques pour justifier et maintenir les salaires bas.
L'inflation entraîne des modifications dans la répartition des
revenus : les agents pénalisés sont ceux dont les
rémunérations réelles sont érodées par
44
l'inflation (détenteur de revenus fixes). L'observation
du graphique indique une évolution en dents de scie entre 1960 et 2015.
Le pic fut atteint au cours de l'année 1994 suite à la
dévaluation du franc CFA.
Graphique 11 : Evolution de l'inflation
%
-17
43
53
33
23
13
-7
3
1970
1975
1980
1985
1990
1995
2000
2005
2010
2015
Source : A partir des données de
la BCEAO.
L'inflation a évolué en dents de scies.
L'inflation au Togo était due entre 1960 et 1970 aux chocs
pétroliers. Entre 1989-1998 le taux d'inflation moyen était due
à la combinaison des effets de la crise sociopolitique et de la
dévaluation du Franc CFA en janvier 1994. La décennie 1999-2008 a
enregistré un faible taux d'inflation annuel (2,99%). Ce faible taux
s'explique par la maîtrise de l'inflation.
De l'analyse de la courbe, il apparait que le Togo n'a pas
connu une véritable stabilité des prix sur une longue
période puisque pendant longtemps le taux d'inflation a
été supérieur à la norme communautaire de 3%.
C- Effet de la dévaluation du franc CFA
Les premiers effets de la dévaluation, ont
été les changements des prix à la consommation qui sont
passés du simple au double, du jour au lendemain. En effet, le
marché togolais alimenté par l'importation des produits
manufacturés provenant de l'Europe. Face à l'absence des mesures
accompagnement, les salaires n'ont pas augmenté.
45
Paragraphe 2 : Analyse des éléments
liés à la richesse
Suite à l'analyse du pouvoir d'achat l'on parvient
à conclure si le salaire ou le traitement perd sa valeur de jour au
jour. Dans ce paragraphe certains graphiques nous permettront à voir les
évolutions du pouvoir d'achat depuis 1980 jusqu'à nos jours.
A- Evolution de la part de la masse salariale dans la
valeur ajoutée
La valeur ajoutée correspond à la valeur de la
production moins le coût des consommations intermédiaires. Elle
mesure les richesses nouvelles qui ont été produites au cours
d'un cycle de production. En comptabilité nationale, la
répartition de la valeur ajoutée s'opère entre :
les différents facteurs de production ;
les rémunérations salariales,
rémunération du facteur travail ; l'excédent brut
d'exploitation, rémunération du facteur capital.
La part des salaires dans la valeur ajoutée, ou part
salariale, est un indicateur de la richesse qui revient aux salariés.
C'est donc un reflet du rapport de force entre le capital et le travail. Le
partage de la valeur ajoutée a des implications à la fois
économiques et sociales. Elle dépend notamment de
l'intensité capitalistique sectorielle et des rapports de force dans les
négociations salariales.
Graphique N°12 : Evolution de la part de la masse
salariale dans la valeur ajoutée
Au
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015
Source : A partir des données de
la BCEAO.
Au Togo, l'on constate que la richesse qui revient aux
salariés a une tendance baissière. Ceci s'expliquerait par :
l'absence de toute action publique de redistribution,
46
du pouvoir de négociation des syndicats,
des capacités des employeurs à s'approprier une
large part, ou
plus généralement de l'état
présent des rapports de forces entre employeurs et travailleurs.
B- Evolution du taux de pression fiscale
Quand bien même certains auteurs considèrent la
pression fiscale comme un rapport qualitatif14, l'usage courant
l'appréhende comme un rapport quantitatif. Il sied alors de se conformer
à ce dernier. Ainsi la pression fiscale est le rapport existant entre le
prélèvement fiscal subi par une personne, un groupe social ou une
collectivité territoriale et le revenu dont dispose cette personne, ce
groupe ou cette collectivité.
Graphique N°13 : Evolution du taux de pression
fiscale
taux en %
34
17
0
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015
Source : A partir des données de
la BCEAO.
Entre 1974 et 1990 le taux de pression fiscale était
au-delà de 17%. Entre 1990 et 2012 ce taux n'a pas été
respecté en tenant compte de la norme communautaire. Depuis lors la
norme communautaire est respectée, soit un taux supérieur ou
égal à 17%.
C- Evolution du pouvoir d'achat interne de la
monnaie
Le pouvoir d'achat de la monnaie mesure la capacité
à consommer grâce au revenu disponible. La perte de valeur des
unités de monnaie est un phénomène qui frappe
l'économie
14 Pierre BELTRAME, les systèmes fiscaux :
« la pression fiscale ressentie à un moment donné dans un
pays donné, dépend non seulement de la charge fiscale globale,
mais également du niveau du revenu national, de l'état des
infrastructures économiques et sociales, de la répartition du
poids de l'impôt entre les catégories de contribuables ainsi que
du volume et de la qualité des prestations gratuites fournies par l'Etat
aux individus ».
47
nationale dans son ensemble. Le pouvoir d'achat interne de la
monnaie est l'inverse de l'indice des prix à la consommation.
Graphique 14 : Evolution du pouvoir d'achat interne de la
monnaie
0,09
0,08
0,07
0,06
0,05
0,04
0,03
0,02
0,01
0,00
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015
Source : A partir des données de
la BCEAO.
De ce graphique ressort que le traitement net réel des
agents a connu une tendance baissière depuis 1970. Ceci s'explique par
les politiques d'ajustement structurel conclu avec le FMI et le Gouvernement
Togolais qui avait pour objectif de geler les avancements d'échelon, et
les reclassements des agents. Ainsi, le Gouvernement a bloqué les
avancements et les reclassements à trois reprises comme le montre le
tableau suivant :
Blocages
|
Périodes
|
Durées
|
1er blocage
|
1983 à 1986
|
4 ans
|
2e blocage
|
1989 à 1991
|
3 ans
|
3e blocage
|
2000 à 2005
|
6 ans
|
Source : Direction Générale
de la Fonction Publique.
D- Evolution du pouvoir d'achat du point d'indice
Depuis quelques années, les Togolais assistent à
une hausse des prix des biens sur le marché. Sachant que les revenus
sont quasi constants, ce phénomène génère la
cherté de la vie et soutient la détérioration des
conditions de vie dans le pays. Le pouvoir d'achat d'un salaire est la
quantité moyenne de biens qu'il permet d'obtenir.
Valeur indiciaire
pouvoir d'achat de la monnaie =
|
* 100
indice des prix à la consommation
|
Source : A partir des données de
la BCEAO.
48
Graphique 15: Evolution du pouvoir d'achat du point
d'indice
350
300
250
200
150
100
50
0
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015
Source : A partir des données de la
BCEAO.
Le pouvoir d'achat interne de la monnaie a un trend-descendant
entre 1960 et 2015. Il a constamment baissé d'environ 4% par an. Les
augmentations du prix du litre d'essence sans plomb constituent des
surcoûts qui sont forcément répercutés sur les
tarifs des transporteurs et, par ricochet, sur les prix des denrées
alimentaires. Quand bien même le gouvernement a, plusieurs fois les
salaires des fonctionnaires, octroyé des primes de transport ou fait
baisser sensiblement le montant de l'IRPP et créé l'assurance
maladie.
E- Evolution du pouvoir d'achat du SMIG
Le pouvoir d'achat du SMIG est la quantité moyenne de
biens que ce revenu permet d'obtenir.
SMIG
pouvoir d'achat du SMIG =
|
* 100
indice des prix à la consommation
|
Pouvoir d'achat du SMIG
600
500
400
300
200
100
0
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015
Graphique 16 : Evolution du pouvoir d'achat du SMIG base
100 en 2008
49
La croissance du pouvoir d'achat peut, suivant les
périodes, être plus forte ou moins forte pour les ménages
modestes que pour les ménages aisés. Les fortes hausses de prix
n'ont pas toujours conduit à une révision du SMIG. Ceci explique
non seulement la tendance baissière du pouvoir d'achat du SMIG mais
aussi son évolution irrégulière.
Entre 1960 à 2007, le pouvoir d'achat du SMIG a
baissé de 41,07% passant de 511,76 en 1971 à 301,57 en 2015 soit
une perte de 0,93% par an. Entre 1993 et 1994, le pouvoir d'achat du SMIG a
baissé de 45% passant de 357,14 à 194,45 suite à la
dévaluation du FCFA. Depuis 2008, le SMIG a retrouvé son pouvoir
d'achat d'avant 1994.
Le SMIG a pour objectif d'assurer un minimum vital à
ceux dont le pouvoir d'achat était garanti par une procédure
d'indexation sur l'évolution des prix à la consommation.
50
Chapitre II : Analyses du ratio SMIG et valeur
indiciaire et approches de solutions
Ce chapitre fera premièrement une analyse statistique, et
nous aurons à proposer certaines choses sous forme de recommandations en
section 2.
Section I : Evolutions du SMIG et de la valeur
indiciaire
Dans cette section, il sera analysé diverses
évolutions du SMIG et de la valeur indiciaire. Paragraphe 1 :
Evolutions du SMIG
Dans ce paragraphe il sera question de démontrer
l'évolution simultanée du SMIG et du déflateur du PIB (A),
puis celle du SMIG déflaté et du déflateur du PIB (B), et
enfin l'évolution du SMIG nominal et SMIG réel.
A- Evolution comparée du SMIG nominal et du
déflateur du PIB.
Le déflateur mesure les prix de tous les biens et
services produits dans l'économie. La hausse des prix des biens et
services achetés dans une économie se reflète dans le
déflateur du PIB.
Graphique N°17 : l'évolution du SMIG et du
déflateur du PIB
2,0
0,0
1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
2015
SMIG base 100 en 2008 Deflateur du PIB
Source : A partir des données de
la BCEAO
De 1960 à 2015 les prix ont connu une tendance
haussière. Il en est de même pour le SMIG. La courbe
reflète que le SMIG permettait a ceux qui le percevait d'avoir un
pouvoir d'achat. Ce dernier à partir de 2009 s'est constamment affaibli
et stable jusqu'en 2015. Toutefois il a noté que le SMIG a connu une
revalorisation en 2012 de 25%. L'on constate donc que le SMIG n'a pas
évolué parallèlement aux prix sur le marché.
B- Evolution comparée du SMIG
déflaté et du déflateur du PIB
Source : A partir des données de
la BCEAO
51
Graphique N°18 : Evolution du SMIG
déflaté et du déflateur du PIB
4
0
6
5
3
2
1
1960
1964
Deflateur du PIB Pouvoir d'achat du SMIG déflaté
base 100 en 2008
1968
1972
1976
1980
1984
1988
1992
1996
2000
2004
2008
2012
2016
4
0
6
5
3
2
1
Source : A partir des données de
la BCEAO
Si le SMIG déflaté était indexé au
déflateur du PIB, l'on constate que le pouvoir d'achat du SMIG a
toujours évolué en sens contraire que les prix. Ce qui signifie
que le SMIG n'est pas indexé aux prix sur le marché.
C- Evolution comparée du SMIG nominal et du SMIG
déflaté
Le salaire minimal vise à garantir un niveau de revenu
aux salariés. Si le principe du salaire minimum est admis dans les
différentes philosophies, la fixation de son niveau fait l'objet de
fortes dissensions en leur sein. Pour les économistes libéraux,
le salaire minimal correspond à une interdiction de travailler pour les
employés dont le travail ne permet pas de produire cette valeur. Pour
les marxistes, le minimum salarial permet de rémunérer les
salariés les moins qualifiés à un « juste niveau
» qui assure une subsistance correcte.
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015
SMIG SMIG déflaté
40000
35000
30000
25000
20000
15000
10000
5000
0
40 000
35 000
30 000
25 000
20 000
15 000
10 000
5 000
-
Graphique 19 : Courbes d'évolution SMIG nominal et
SMIG réel
Source : A partir des données de
la BCEAO
52
L'analyse de l'écart permet d'apprécier dans le
temps si le niveau du SMIG permet à la fois de vérifier les
tendances ci-dessus citées. Il apparait que depuis 2008, le SMIG a subit
moins l'érosion de l'inflation et donc ceux qui le perçoivent
comme rémunération ont gagné en pouvoir d'achat.
L'écart entre SMIG nominal et SMIG réel a été
réellement réduit dans le temps. Depuis 2008, l'Etat a donc fait
des efforts pour accroître le pouvoir d'achat des agents payés au
SMIG.
L'augmentation du SMIG risque de nourrir l'inflation, allant
ainsi à l'encontre de l'objectif affiché. En effet, les
augmentations du salaire minimum sont répercutées sur les prix
à la consommation, ce qui conduira à revendiquer de nouvelles
revalorisations salariales qui affecteront à leur tour les prix, et
ainsi de suite.
Cette spirale inflationniste va à l'encontre de la
sauvegarde du pouvoir d'achat des travailleurs. On peut même envisager
raisonnablement que cette augmentation risque de nourrir une vague de
revendications de hausses salariales car les autres salariés verront
l'écart de revenu se rétrécir avec les « smicards
», ce qui va les pousser aussi à réclamer un
réajustement à la hausse de leurs salaires entretenant la spirale
inflationniste.
Paragraphe 2 : Evolutions de la valeur indiciaire
Dans ce paragraphe il y a lieu de faire une analyse
évolutive de la valeur indiciaire et du déflateur du PIB, puis
celle de la valeur indiciaire déflatée et du déflateur du
PIB, et finir avec l'analyse des valeurs indiciaires nominale et
réelle.
0,00
3,00
2,00
1,00
1962 1972 1982 1992 2002 2012
-1,00
-2,00
Valeur indiciaire base 100 en 2008 Deflateur du PIB
3,00
2,00
1,00
0,00
-1,00
-2,00
A- Evolution comparée valeur indiciaire
déflatée - déflateur du PIB Graphique 20
: Evolution de la valeur indiciaire déflatée et du
déflateur du PIB
Source : A partir des données de
la BCEAO
53
La valeur indiciaire déflatée base 100 en 2008
permet de comparer efficacement cette valeur au déflateur. Si la valeur
indiciaire était indexée au déflateur du PIB, l'on
constate que son pouvoir d'achat a toujours évolué en sens
contraire que les prix. De ce qui précède, l'on peut dire que la
valeur indiciaire quand bien même elle a été souvent revue
à la hausse, cette hausse n'est pas conséquente.
B- Evolution comparée valeur indiciaire -
déflateur du PIB Graphique 21 : Evolution de la valeur
indiciaire déflatée base 100 en 2008 et du déflateur
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015
Deflateur du PIB Pouvoir d'achat du point d'indice base 100 en
2008
4,0
3,0
2,0
1,0
0,0
4,0
3,0
2,0
1,0
0,0
Source : A partir des données de
la BCEAO
La valeur indiciaire et les prix ont évolué en
sens inverses donc la valeur indiciaire n'est pas indexée aux prix. Il
apparait donc qu'une revalorisation de la valeur indiciaire est
nécessaire.
C-
350 300 250 200 150 100
50
0
|
|
|
350 300 250 200 150 100 50 0
|
|
|
|
|
1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020
Val ind mensuelle Pouvoir d'achat du point d'indice
Analyse des valeurs indiciaires nominale et réelle
Graphique 22 : Evolution comparée valeurs indiciaire
nominal et réelle
54
Avant 2008, la valeur indiciaire appliquée permettait
d'avoir une valeur indiciaire réelle plus élevée et donc
un pouvoir d'achat fort. Au fil du temps, il s'est considérablement
érodé. Elle a été presque nulle en 2008.
Après une longue stagnation, la valeur indiciaire a augmenté de
28% entre 2006 et 2015. Malgré cette forte hausse qui a vu le salaire de
certain doublé, il existe toujours un écart négatif entre
les valeurs indiciaires nominale et réelle. Alors que la valeur
indiciaire nominale a toujours augmenté, l'on constate que la valeur
indiciaire réelle est en baisse depuis 2009 montrant ainsi la perte du
pouvoir d'achat des travailleurs payés au-delà du SMIG.
On constate sur ce ratio que la valeur indiciaire a
été presque nulle en 2008. Après une longue stagnation, la
valeur indiciaire a augmenté de 28% entre 2006 et 2015. Entre temps le
pouvoir d'achat du point d'indice a connu une chute en 1995 suivi d'une
évolution stable jusqu'à nos jours.
Section II : Analyses statistiques et approches de
solutions Paragraphe 1 : Analyse statistique du SMIG et de la valeur
indiciaire
Les salaires résultent d'un processus de
négociations individuelles ou collectives, par l'intermédiaire
d'un syndicat de travailleurs. Dans les deux cas, les syndicats et individus se
préoccupent de leur salaire réel. Cela signifie que les
négociations sont réalisées sur la base du niveau de prix
anticipé pour la durée du contrat. Le prix à la
consommation dépend du résultat des négociations de
salaire et n'est donc pas connu avec certitude au moment des
négociations. Etant donnée cette anticipation de prix, le niveau
du salaire négocié dépend de beaucoup de facteurs, mais un
facteur clé est certainement le taux de chômage.
A- Analyse statistique du SMIG
L'étude ci-après est relative à
l'évolution du SMIG. En fait, l'étude consiste à
déterminer la valeur du SMIG s'il était indexé à
l'évolution des prix. Pour ce faire, le déflateur du PIB sera
l'élément à utilisé corrigé la valeur
indiciaire. Nous utiliserons les formules suivantes :
? SMIG déflatée=SMIG * déflateur du PIB
? Ecart de SMIG= SMIG déflatée - SMIG
? SMIG ajusté=SMIG + Ecart de SMIG
De ce calcul, nous faisons l'hypothèse que si la valeur du
SMIG ajustée est :
- inférieur au SMIG pratiqué, alors l'on conserve
la valeur du SMIG en vigueur.
55
- supérieur au SMIG pratiqué, alors l'on
procède à une revalorisation de la valeur du SMIG en cours.
Ainsi, le nouveau SMIG sera le SMIG ajusté.
A partir de nos calculs, il est extrait le tableau suivant :
LIBELLE
|
SMIG déflaté
|
SMIG
|
SMIG ajustée
|
2005
|
1020
|
13 757
|
12 737
|
2006
|
1025
|
13 757
|
12 732
|
2007
|
1026
|
13 757
|
12 731
|
2008
|
945
|
28 000
|
27 055
|
2009
|
930
|
28 000
|
27 070
|
2010
|
762
|
28 000
|
27 238
|
2011
|
713
|
28 000
|
27 287
|
2012
|
739
|
35 000
|
34 261
|
2013
|
751
|
35 000
|
34 249
|
2014
|
769
|
35 000
|
34 231
|
2015
|
757
|
35 000
|
34 243
|
L'on constate que de tout temps que le SMIG en vigueur a permis
d'assurer un minimum vital au travailleur.
B- Analyse statistique de la valeur indiciaire
L'étude consiste à déterminer la valeur de
la valeur indiciaire si elle était indexée à
l'évolution des prix. Pour ce faire, le déflateur du PIB sera
l'élément à utiliser, corrigé de la valeur
indiciaire.
Méthode de calcul :
Valeur indiciaire annuelle
12
Valeur indiciaire mensuelle(VIM) =
Valeur indiciaire mensuelle déflatée = VIM *
déflateur du PIB Ecart de valeur indiciaire mensuelle (EVIM) = VIM
déflatée - VIM valeur indiciaire mensuelle ajustée = VIM +
EVIM
De ce calcul, nous faisons l'hypothèse que si :
- la valeur indiciaire mensuelle ajustée est
inférieur à zéro, alors l'on conserve la valeur indiciaire
en cours.
L'instabilité politique engendre de troubles qui
créent des pénuries de biens et services d'où la hausse
des prix. Pour cela, il est nécessaire de :
56
- la valeur indiciaire mensuelle ajustée est
supérieur à zéro, alors l'on procède à une
revalorisation de la valeur indiciaire en cours. Ainsi, la nouvelle valeur
indiciaire sera valeur indiciaire ajustée.
A partir de nos calculs, il est extrait le tableau suivant :
LIBELLE
|
valeur indiciaire mensuelle
|
valeur indiciaire mensuelle déflatée
|
Ecart de Valeur indiciaire
|
valeur indiciaire mensuelle
ajustée
|
valeur indiciaire annuelle
|
valeur indiciaire annuelle ajustée
|
2005
|
72,82
|
62,38
|
-10,44
|
62,38
|
873,79
|
748,54
|
2006
|
72,82
|
62,06
|
-10,75
|
62,06
|
873,79
|
744,77
|
2007
|
76,46
|
68,40
|
-8,05
|
68,40
|
917,48
|
820,82
|
2008
|
78,75
|
78,75
|
0,00
|
78,75
|
945,00
|
945,00
|
2009
|
78,75
|
80,00
|
1,25
|
80,00
|
945,00
|
959,97
|
2010
|
78,75
|
80,51
|
1,76
|
80,51
|
945,00
|
966,08
|
2011
|
78,75
|
104,37
|
25,62
|
104,37
|
945,00
|
1252,39
|
2012
|
86,63
|
121,79
|
35,16
|
121,79
|
1039,50
|
1461,48
|
2013
|
86,63
|
119,97
|
33,34
|
119,97
|
1039,50
|
1439,60
|
2014
|
91,82
|
131,62
|
39,80
|
131,62
|
1101,87
|
1579,42
|
2015
|
91,82
|
133,62
|
41,80
|
133,62
|
1101,87
|
1603,47
|
Au regard des données, nous constatons que depuis 2009
il existe un écart positif entre la valeur indiciaire nominale et la
valeur indiciaire mensuelle déflatée. Ceci signifie la
nécessité d'appliquer un taux de salaire plus élevé
que celui en vigueur. Quant à l'application, il revient au gouvernement
de décider entre l'ajustement automatique et l'ajustement
différé.
Paragraphe 2 : approches de solutions
A partir des analyses et enseignements fournis par la
présente, et dans la perspective de maintenir la stabilité
macroéconomique face à l'accélération de
l'inflation et améliorer la croissance, des propositions de politique
économiques seront faites, notamment à l'endroit des pouvoirs
publics et des autorités monétaires afin d'étouffer
l'impact néfaste de l'augmentation des prix des produits sur le
coût de la vie.
A- Les propositions seront à moyen et à
long terme. ? Au plan politique
57
- renforcer l'état de droit ;
- promouvoir l'intégration régionale ;
- renforcer le partenariat et l'efficacité de l'aide
publique au développement ;
- améliorer la transparence dans la gestion des
affaires publiques à travers la lutte contre la fraude, la corruption et
le blanchiment des capitaux ;
- veiller à la consolidation de la stabilité
sociopolitique ; ? En matière de politique
budgétaire
Il serait rentable pour l'Etat de réduire les droits de
douane et taxes perçus sur les produits de première
nécessité. Ces mesures permettront d'augmenter le pouvoir d'achat
des ménages. En ce qui concerne les produits de grandes consommations,
l'Etat peut opérer un ciblage afin que les subventions puissent
bénéficier aux nationaux. Un niveau élevé des
recettes fiscales pourrait témoigner du dynamisme de l'économie.
Il est souhaitable de déterminer le niveau de recettes fiscales optimal
pour l'économie togolaise. Dès lors, l'Etat peut :
- élargir l'assiette fiscale et intensifier
l'informatisation des régies financières afin de réduire
les fraudes et l'évasion fiscale ;
- proposer un système d'incitations fiscales sur
l'objectif de création d'emplois ;
- adoption et mise en oeuvre du cadre d'organisation des appuis
budgétaires ; - consolidé les organes et les pouvoirs de gestion
des marchés publics ;
- consolider les acquis et mettre en oeuvre les mesures
à même créer u cadre global des affaires conforme aux
standards régional et international ;
- mettre en oeuvre un plan stratégique de modernisation
de l'administration fiscale ; - adopté un plan d'action de la politique
nationale pour l'emploi ;
- améliorer la prévision budgétaire par
la réalisation d'un budget de l'Etat réaliste ;
- il est souhaitable à moyen terme que les textes qui
organisent diverses indemnités (indemnités de logement, de
déplacement, etc.) de même que les avantages au profit des agents
publics soient actualisés en tenant compte du coût actuel de la
vie.
58
- il est également souhaitable à moyen terme que
l'Etat donne aux travailleurs une prime de déplacement
conséquente ou mette à leur disposition des moyens de
déplacement et/ou de transport en commun.
- revaloriser les allocations familiales de façon
significative
- l'Etat doit également mettre en oeuvre un
système de pension dont la restructuration permettrait d'assurer une
sécurité de revenus aux retraités et autres
bénéficiaires,
- encourager la création d'emplois et améliorer
le système d'information sur la situation de l'emploi des jeunes ;
- pour des considérations de soutenabilité
budgétaire, la réduction des dépenses courantes en
pourcentage du PIB.
- l'administration doit devenir un acteur productif et avoir
une gestion par la performance
- augmenter les salaires peut être un
élément d'une politique de relance par la consommation.
A moyen terme, il se produirait une hausse de la croissance
économique en raison de la maîtrise du déficit
budgétaire et de l'amélioration qui en résulterait des
conditions de financement de l'économie. La baisse de la demande
susciterait un recul des prix intérieurs dont l'impact serait
bénéfique sur la compétitivité des entreprises et
le développement des exportations.
? Dans le domaine commercial
Il convient d'assurer :
- améliorer l'environnement global des affaires ;
- la réhabilitation des mécanismes de
contrôle des prix sur les marchés en mettant à la
disposition des populations des numéros verts, afin qu'ils puissent
aviser l'autorité en cas de défaillance de la part des
commerçants.
- mettre en oeuvre une politique fiscale plus incitative
visant à améliorer les atouts compétitifs du pays en
réduisant le poids de la fiscalité sur les opérateurs
économiques du secteur informel ;
- renforcer le cadre de concertation entre l'Etat et le secteur
privé ;
59
- améliorer le cadre règlementaire et
institutionnel du secteur privé ;
- prendre des mesures visant la réduction de l'incidence
des aléas climatiques sur les performances du secteur agricole ;
- assurer l'organisation de la fluidité des informations
sur les marchés et des circuits d'échanges des zones
excédentaires vers les régions déficitaires ;
- améliorer le cadre institutionnel, juridique et
organisationnel des secteurs de promotion de la croissance ;
- accorder une priorité aux initiatives visant
l'accroissement de l'offre énergétique et veiller à la
consolidation de la stabilité socio-politique ;
- améliorer le cadre juridique et judiciaire des affaires
;
- mettre en oeuvre une politique agricole qui pourrait constituer
un axe de développement de la production au Togo.
- améliorer la gestion financière des entreprises
publiques.
- la recherche des substituts aux produits pétroliers,
notamment le biocarburant et l'énergie solaire.
B- Propositions à l'endroit des autorités
monétaires et de change
Face à la flambée des prix des produits
alimentaire et énergétique, les autorités
monétaires et de change peuvent :
- mettre en oeuvre un environnement favorable aux crédits
;
- mettre en oeuvre des réformes du secteur financier
à travers la restructuration du secteur de la micro finance ;
- renforcer la surveillance de l'évolution de la
liquidité globale ;
- dans le cadre de la politique monétaire et de la gestion
de crédit, donner une priorité aux financements des
investissements productifs afin que l'économie trouve des sentiers
d'expansion forts.
- construction de logements à loyer modérés.
- création d'une banque de l'habitat
60
CONCLUSION
L'évolution de la rémunération des agents
publics entre 1960 et 2015 au TOGO, nous a notamment permis de cerner dans un
premier temps le cadre théorique de la masse salariale, et dans un
second temps d'étudier les variations de différents
éléments qui influencent cette masse salariale.
Après l'indépendance du Togo, la Fonction
Publique a été organisée par les textes. Ceux-ci ont
défini les conditions de rémunérations des agents publics.
Plus de cinquante-cinq ans après l'indépendance, les mêmes
textes sont toujours en vigueur et ont connu très peu de modifications.
Cette situation entraîne l'inadéquation entre le salaire des
agents publics et les réalités économiques en
perpétuelle mutation. La non adaptation des textes au contexte
économique a conduit à la baisse du pouvoir d'achat. Or la baisse
du pouvoir d'achat montre immédiatement que la population ne vit pas
heureux, particulièrement les agents de l'Etat n'arrivent pas à
satisfaire leurs besoins à cause de l'insuffisance de leur traitement
par rapport au prix des biens sur le marché.
L'objectif général de ce travail est d'attirer
l'attention des gouvernants sur l'augmentation des prix des produits sur le
marché par rapport à l'augmentation de la grille indiciaire. A
cet effet, nous nous sommes servis des éléments directement
liés au pilotage de la masse salariale et à ceux liés
à l'autorité monétaire.
Malgré tous les efforts du gouvernement sur
l'augmentation du SMIG ainsi que le traitement dans la fonction publique, tout
paraît comme si rien n'était fait. Mais cela est dû à
la non maîtrise des prix des biens sur le marché par le
gouvernement.
Les programmes d'ajustement structurels et la
dévaluation du FCFA en 1994 non suivi de mesures d'accompagnement ont
réduit le pouvoir d'achat des travailleurs. Outre ces facteurs, l'on
note également l'augmentation du prix du litre de l'essence à la
pompe dont toute variation se répercute sur le prix des transports et
immédiatement sur celui des biens sur le marché. Le gouvernement
a donc sa partition à jouer dans ce contexte en suivant le prix du baril
et non les fluctuations du dollar. Si l'Etat ne contrôle pas les prix sur
le marché, tous ses efforts concernant l'augmentation de la
rémunération des agents du secteur public ne vont rien changer
dans la vie de ces derniers.
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Si le SMIG a évolué dans le même sens que
les prix, l'évolution n'a pas été parallèle. En ce
qui concerne la valeur indiciaire, son évolution bien qu'à la
hausse ne reflète pas la réalité du marché. Il
serait donc efficace et efficient d'indexé les revenu des agents de
l'Etat au déflateur du PIB. Le PIB serait amélioré si les
revenus le sont aussi étant donné que le circuit
économique relie les agents économiques que sont : l'Etat, les
banques, les marchés, les ménages.
En définitive ce sont les revendications salariales
observées ces dernières années au Togo qui nous ont
poussés à faire cette analyse tout au long de notre travail.
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