CHAPITRE VI :
DISCUSSION
I. Caractéristique des ISO
1. Du taux
d'incidence
Notre étude est basée uniquement sur le
diagnostic clinique comme dans la plupart d'autres études ( Melling,
2005). L'incidence des ISO est élevé : soit un taux de
30,67%. Ce taux variait de 34% au service de Chirurgie et de 26,6% au service
de Gynécologie et, était de 4% en chirurgie propre. Environs
34,7% (8/23) des ISO ont été diagnostiquées après
la sortie de l'hôpital. Ces résultats sont presque comparables
à ceux obtenu par Bagheri et al.qui ont rapporté en 2011
des études d'incidence des ISO parmi les patients
bénéficiant d'une chirurgie dans les hôpitaux Africains
allaient de 2,5% à 30,9%. (Bagheri Nejad et al., 2011). Ce taux
était de 19,4% en Tanzanie dont 36,4% identifiés lors du suivi
après la sortie de l'hôpital (ERIKSEN, 2003) ; puis de 24% en
2006(FEHR , 2006) et de 14,6% dans un service de chirurgie digestive en
Algérie (Guerchani, 2005).Une étude Américaine estime
à 70% la part des infections diagnostiquées après la
sorite (McNeish , 2007) et de 80% à 90% dans chez les
césarisés après la sortie(Corcoran S, 2013). Lors de suivi
des femmes césarisées en suisse en 2006, l'incidence
trouvée des ISO était de 23,6% proche de la nôtre en
Gynécologie-Obstétrique (Williams, October 2007). Au CHU de Nancy
en 2008, un taux de 22% a été retrouvé
(Hautemanière A, 2013). Le taux élevé dans notre
série pourrait s'expliquer aussi par le nombre élevé
d'infection en chirurgie par laparotomie (59% d'infection, voir figure1) dont
la principale étiologie était la plaie pénétrante
de l'abdomen par arme blanche. La laparotomie a été par ailleurs
retrouvée comme principal facteur de risque des ISO en
2008(Bakkum-Gamez, 2013).
Pourtant, différents taux très bas ont
été retrouvés dans des pays où la surveillance des
ISO a longtemps existée et démontrée son
efficacité. En France, il était de 3,9% (en 1998), 1,58% (en
2004), 1,37% (en 2005) ; 1,16% (en 2007 et 2008) ; 1 % (en 2009 et
2010) et continue à baisser (RAISIN/CCLIN OUEST, 2011). On retrouve un
taux 2,6% en 2011 en Italie (Marchi, 2014)(Golliot et al., 1999).
Une politique de surveillance régulière est
nécessaire pour lutter contre ces infections.
2. Des
conséquences des ISO
L'âge moyen dans cet échantillon était de
34 ans avec les extrêmes à 3 et 79 ans. La tranche d'âge la
plus touchée était celle de 15 à 30 ans. Cette tranche
très jeune représente pourtant une population active dans la
société et donc une journée d'hospitalisation
génère des dépenses directes et indirectes. Or,
d'après le tableau VIII, les infectés passent 7 jours
d'hospitalisations de plus soit en moyen le double du séjour habituel.
De plus, 10% des infectés ont subis une reintervention, 80% ont
continué avec les pansements et 10% par les autres traitements (Tableau
IX). Ce qui accroit les dépenses. C'est ce même sens qu'en
Algérie dans une étude de l'impact de l'ISO conduite par
Guerchani a montré que l'ISO multipliait par 3 la durée du
séjour et par 4 le coût de traitement soit une dépense
moyenne de 2100 DA (13 000 frs CFA) par ISO par jour (Guerchani, 2005).
La mortalité globale dans l'échantillon
était de 9,33% (IC95%=3,84%-18,29%) avec une létalité de
30,43% (7 décédés sur les 23 infectés ;
IC95%=13,21%-52,92%). Elle était de 80% dans les cas d'infection
profonde des organes. Il a été difficile d'imputer la
mortalité à la seule infection du site opératoire. Le taux
de létalité directement ou indirectement attribuable à
l'ISO était de 2% (IC95% = [1,1%- 3,5%] (F.Simon et coll.,
2007).Certains facteurs comme la gravité des pathologies à
l'admission et le pronostic vital en jeux doivent être pris en compte
(Exemple d'une patiente opérée pour occlusion avec nécrose
intestinale sur anémie qui est décédée à J9
enregistrée dans notre échantillon. Toutefois, la
mortalité reste une des complications la plus redoutée des ISO.
|