Chapitre 1. Facteurs de la
contrebande et de la consommation des médicaments dopants à
Maroua
Introduction
Les fortes contraintes économiques des années
1980 qui s'accompagnèrent d'une diminution importante des emplois, ont
vu apparaître l'émergence simultanée d'une économie
informelle devenue prédominante au début des années 1990
(en nombre de salariés). Parallèlement le secteur de la
santé a connu des années difficiles avec des importations
insuffisantes de médicaments, les baisses de salaire ont diminué
la qualité des services et le médicament est devenu de plus en
plus inaccessible (trop cher ou indisponible) (Kengne, 1988). Ainsi, dans le
contexte de cette pénurie, les commerçants du secteur informel
ont commencé à vendre des médicaments, exerçant
ainsi une pression concurrentielle sur les pharmacies officielles. Les prix
sont devenus rapidement plus intéressants dans la rue que dans les
pharmacies, et la débrouillardise des acteurs informels (contrebande,
arrangements) a rendu les « médicaments de la rue » plus
disponibles que les médicaments du secteur formel. C'est dans ce
contexte que l'utilisation des médicaments dopants s'est rependue dans
la ville de Maroua. Ainsi, plusieurs facteurs participent à la
vulgarisation et à la consommation des médicaments dopants de
contrebande dans la ville de Maroua à travers une multitude de
méthodes.
1.1. Facteurs du
développement de la contrebande des produits dopants à Maroua
La contrebande des médicaments entre
l'Extrême-Nord Cameroun et le Nigéria est soutenue par un certain
nombre de facteurs qui facilitent non seulement la contrebande des
médicaments dopants, mais aussi un grand nombre de produits qui rentrent
au Cameroun en général et dans la ville de Maroua en particulier
de façon illicite. A cet effet, les taxes et droits de douane
étant faibles ou inexistants au Nigéria, et élevés
au Cameroun, les deux pays n'ont pas la même politique dans ce domaine.
Il en résulte donc des différences de prix considérables,
pouvant aller du simple au double pour les produits industriels et les
marchandises importée (Hallaire, 1983). Une telle situation favorise
évidemment la contrebande que les multiples postes douaniers camerounais
sont impuissants à enrayer totalement.
1.1.1. Porosité des
frontières entre le nord Cameroun et le nord du Nigeria
La crise économique de 1980 a perturbé le
fonctionnement économique de l'Etat. Son aggravation a bouleversé
le mode de vie des camerounais. Avant cette crise, il était rare de voir
des camerounais pratiquer des activités commerciales informelles. De nos
jours, ils sont nombreux à pratiquer ces activités ; c'est le cas
de la vente des médicaments de la rue qui tire ses origines dans le
manque d'emploi et la pauvreté. Du fait du caractère illicite de
cette activité, afin d'éviter tout contrôle douanier et
policier, les vendeurs emploient des méthodes performantes pour faire
acheminer à l'intérieur du Cameroun, les médicaments
nigérians transitant par l'espace Banki-Amchidé (Yadang, 2005).
En plus de cela, ce qui favorise l'entrée des produits nigérians
dans les villes septentrionales en général et à Maroua en
particulier, c'est sa proximité avec ce pays. En effet, du fait
notamment de la porosité des frontières, les marchandises
échangées entre le Cameroun et ses voisins échappent
à la surveillance des services douaniers, notamment les produits
pharmaceutiques contribuant fortement à l'intensification des
échanges transfrontaliers avec le Cameroun.
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