Dédicace
A nos Parents
Remerciements
Nous ne serions jamais arrivés au bout de ce travail
sans l'aide de ceux qui nous ont soutenus. Raison pour laquelle, nous sommes
particulièrement reconnaissant à l'endroit de nos directeurs de
mémoire le Pr. Gonne Bernard et le Dr. Baska Toussia Daniel
Valérie pour toute l'aide qu'ils nous ont apportée dans la
production de ce travail.
Les Dr. Watang Félix et Pahimi Patrice respectivement
chefs de département de Géographie et d'Histoire pour toutes les
pédagogies et les recommandations qu'ils nous ont inculqués
durant la période d'apprentissage.
Tous les enseignants de Géographie et d'Histoire de
l'Ecole Normale Supérieure de Maroua ayant contribués à
notre formation.
Nos remerciements vont également à l'endroit du
commandant de subdivision commerciale des Douanes Camerounaise Mr. Jude Mofor,
le médecin généraliste en service à l'hôpital
de la CNPS Dr Bindjemé, le directeur d'ACAMAS Mr. Abdourahman Tom, pour
leur accueil, disponibilité, orientation et encouragement. Nous
n'oublions pas les autres responsables dans les services de l'hôpital
Régional et l'hôpital de la Police de Maroua, les
différentes pharmacies de Maroua Ier et IIe, ainsi que les populations
des différents quartiers de Maroua qui ont bien voulu nous donner les
informations dont nous avions besoin.
Nous remercions particulièrement Harouna Ibrahim,
Oumarou, Mariama Atiné, Sadatou Djibring, Djomo Oyono
Réné, Ibrahim Bouba Mana, Mme Bouba Suzanne, Fadimatou Bouba,
Aissatou Bouba, Mariama Atiné, Aboubakar El Oumar et Nzie Esther
Adeline pour leurs apports financiers, matériels et moraux.
Nous pensons aussi aux autres membres de nos
différentes familles, à nos camarades de promotion, à nos
amis, frères et soeurs qui nous ont soutenus matériellement,
moralement et financièrement de près ou de loin tout au long de
notre parcours.
Table des matières
Dédicace
Erreur ! Signet non
défini.
Remerciements
ii
Résumé
viii
Abstract
viii
Liste des figures
xi
Liste des tableaux
xii
Liste des Photos
xiii
Liste des planches
xiv
Liste des acronymes et sigles
xv
Introduction générale
1
I. Contexte général
2
II. Délimitation du sujet
4
II.1.Délimitation thématique
4
II.2.Délimitation spatiale
5
III. Problématique
6
III.1. Problème général
8
III.2. Problèmes spécifiques
8
IV. Questions de recherches
9
IV.1.Question principale
9
IV.2. Questions spécifiques
9
V. Revue de la littérature
9
V.1. Contrefaçon des médicaments
9
V.2. Vente illicite des médicaments de la
rue
12
V.3. Contrebande
16
VI. Objectifs de la recherche
18
VI.1. Objectif principal de recherche
18
VI.2. Objectifs spécifiques
18
VII. Hypothèses
18
VII.1. Hypothèse principale
18
VII.2. Hypothèses spécifiques
19
VIII. Cadre conceptuel et théorique
19
VIII.1. Cadre conceptuel
19
VIII.1.1. Concept de l'Organisation
19
VIII.1.2. Concept de contrebande
20
VIII.1.3. Concept du médicament dopant
22
VIII.2. Cadre théorique
25
IX. Cadre méthodologique
28
IX.1. La technique d'échantillonnage par
boule de neige
28
IX.2.La collecte des données
29
IX.2.1. Les données secondaires
29
IX.2.2. Les données primaires
29
IX.3. Le traitement et analyse des
données
30
IX.3.1. Traitement des données
30
IX.3.2. Analyse des données
31
X. Intérêt de l'étude
31
X.1. Intérêt scientifique
31
X.2. Intérêt économique
32
X.3. Intérêt géopolitique
32
X.4. Intérêt social
32
XI. Plan de travail
33
Chapitre 1. Facteurs de la contrebande et de la
consommation des médicaments dopants à Maroua
34
Introduction
34
1.1. Facteurs du développement de la
contrebande des produits dopants à Maroua
34
1.1.1. Porosité des frontières entre
le nord Cameroun et le nord du Nigeria
35
1.1.2. Utilisation limitée des voies
principales dans la pratique de la contrebande
35
1.1.3. Utilisation des voies non officielles dans
la pratique de la contrebande des médicaments dopants
36
1.1.4. Prolifération des activités
informelles et consommation des médicaments dopants de contrebande
à Maroua
36
1.1.2. Méthodes employées par les
contrebandiers pour acheminer les médicaments à Maroua
39
1.1.2.1. Corruption des agents de contrôle au
niveau des frontières
39
1.1.2.2. Produits dopants et camouflage aux
contrôles douaniers
40
1.1.2.3. Emprunt régulier de pistes
inconnues par les médicaments dopants dans la ville de Maroua
41
1.1.3. Facteurs favorisant la consommation des
médicaments dopants dans la ville de Maroua
41
1.1.3.1. Faible niveau de scolarisation des
consommateurs des médicaments dopants de contrebande à Maroua
42
1.1.3.2. Faible revenu des consommateurs des
médicaments dopants dans la ville de Maroua
43
1.1.3.3. Non implication des autorités
sanitaires, communales et administratives dans la consommation des
médicaments dopants
43
Conclusion
45
Chapitre 2. Distribution des médicaments
dopants de contrebande dans la ville de Maroua
46
Introduction
46
2.1. Circuit et flux des médicaments dopants
de contrebande de la ville de Maroua
46
2.1.1. Nigéria principal lieu
d'approvisionnement en Afrique de l'ouest et centrale
48
2.2. Itinéraires utilisés par les
contrebandiers des médicaments dopants à Maroua
50
2.2.1. Routes utilisées par les
contrebandiers avant l'avènement de l'insécurité à
l'Extrême-Nord
51
2.2.2. Nouvelles voies utilisées par les
contrebandiers des médicaments dopants pour la ville de Maroua
52
2.3. Acteurs de la contrebande des
médicaments dopants à Maroua
53
2.3.1. Grossistes fournisseurs des
détaillants, des vendeurs ambulants et des populations
53
2.3.2. Vendeurs en détail :
distributeurs auprès des vendeurs ambulants et des populations des
quartiers
61
2.3.3. Vendeurs ambulants : distributeurs
auprès des populations des quartiers éloignés
63
1.2.4. Consommateurs : acteurs favorisant la
contrebande des médicaments dopants à Maroua
67
2.3.4. Maroua : Un lieu de ravitaillement des
villes environnantes en médicaments dopants
71
2.4. Typologie des médicaments dopants
consommés dans la ville de Maroua
71
2.5. Répartition socioprofessionnelle et
spatiale des consommateurs des médicaments dopants à Maroua
78
2.5.1. Répartition socioprofessionnelle des
consommateurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua
79
2.5.1.1. Consommation du tramol par les mototaxi
mans dans la ville de Maroua
80
2.5.1.2. Consommation du tramol par les pousseurs
et les maçons à Maroua
81
2.5.1.3. Consommation du diazépam et du
viagra par les commerçants dans la ville de Maroua
81
2.5.1.4. Consommation du diazépam par les
élèves et étudiants dans la ville de Maroua
82
2.5.2. Répartition spatiale des
consommateurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua
82
Conclusion
87
Chapitre 3. Risques sanitaires des
médicaments dopants de contrebande
88
Introduction
88
3.1. Médicaments dopants fabriqués
pour le traitement de l'anxiété, des douleurs cancéreuses
et des dysfonctionnements érectiles
89
3.1.1. Utilisation du diazépam, tramol et du
viagra pour des fins dopantes à Maroua
91
3.1.2. Diazépam, tramol et le viagra de
contrebande consommés dans les rues de Maroua
93
3.2. Effets immédiats du tramol de
contrebande sur la santé du consommateur
96
3.2.1. Effets respiratoires observés chez
les consommateurs du Tramol de contrebande
97
3.2.2. Risque D'AVC (accident vasculaire
cérébral) pour les consommateurs du Tramol de contrebande
98
3.2.3. Effets neurologiques tels que la
sédation, convulsion dus à la consommation abusive du tramol
98
3.3. Effets à long terme du tramol sur la
santé du consommateur des médicaments dopants de contrebande
99
3.3.1. Troubles maniaco-dépressif
100
3.3.2. Forte dépendance des consommateurs
vis-à-vis de ces médicaments dopants
100
3.3.3. Réduction de l'espérance de
vie des consommateurs du tramol de contrebande
101
3.4. Caractéristiques physiologiques des
consommateurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua
104
3.4.1. Manque de raisonnement chez les
consommateurs du tramol et du Diazépam
105
3.4.2. Déséquilibre physique des
consommateurs des médicaments dopants
105
3.4.3. Association avec d'autres produits dopants
tels que le cannabis
105
Conclusion
106
Chapitre 4. Stratégies de lutte contre la
contrebande des médicaments dopants
108
Introduction
108
4.1. Différents acteurs et leurs politiques
de lutte contre la commercialisation des médicaments dopants de
contrebande
108
4.1.1. Actions de l'Etat camerounais dans la lutte
contre la vente des médicaments dopants de contrebande à
Maroua
109
4.1.2. Rôle de la Délégation
régionale de la santé publique dans la saisie des
médicaments dopants auprès des vendeurs à Maroua
109
4.1.3. Rôle de l'ordre national des
pharmaciens du Cameroun dans la sensibilisation des consommateurs sur les
conséquences des médicaments dopants de contrebande sur la
santé
110
4.1.4. Forces de l'ordre et les autorités
communales dans la lutte contre les médicaments dopants de
contrebande
111
4.1.5. Rôle mitigé des populations de
Maroua dans la lutte contre la contrebande des médicaments dopants
111
4.2. Limites des mesures prises par les acteurs
dans la lutte contre la vente des médicaments dopants de contrebande
dans la ville de Maroua
112
4.2.1. Absence ou faiblesse des autorités
régionales de réglementation pharmaceutique dans la lutte contre
la vente des médicaments dopants de contrebande à Maroua
112
4.2.2. Manque de rigueur dans l'application de la
législation existante face à la vente des médicaments
dopants de contrebande à Maroua
113
4.2.3. Faiblesse des sanctions pénales,
corruption et conflits d'intérêts dans la lutte contre la vente
des médicaments dopants de contrebande à Maroua
113
4.2.4. Insuffisance des moyens à louer au
service de douane dans la lutte contre la contrebande des médicaments
dopants à Maroua
113
4.3. Quelques suggestions pour limiter la
consommation des médicaments dopants dans la ville de Maroua
114
4.3.1. Favoriser la scolarisation des jeunes
consommateurs de Maroua
114
4.3.2. Mise sur pied d'un système de
contrôle de tous les médicaments qui circulent à Maroua
115
4.3.3. Création des aires de divertissement
pour varier les loisirs des jeunes afin de réduire le taux
d'anxiété pouvant conduire à la consommation des produits
dopant à Maroua
116
4.3.4. Donner les moyens nécessaires aux
autorités sanitaires de lutter contre la vente illicite des
médicaments dopants
117
Pendant les enquêtes sur le terrain, il a
été remarqué une absence des autorités sanitaires
dans la lutte contre la vente illicite des médicaments de la rue en
général et des médicaments dopants en particulier. Il
ressort que la lutte contre la vente illicite des médicaments de la rue
ne relève pas de leur compétence. Ainsi, l'Etat et la commune
urbaine de Maroua doivent donnent les moyens aux autorités sanitaires
afin que ces derniers puissent lutter contre la vente illicite des
médicaments dopants dans la ville de Maroua. En dehors des acteurs
locaux qui luttent contre la vente illicite des médicaments dopants, il
y'a également les acteurs à l'échelle Mondiale et
Régionale.
117
4.4. Acteurs Mondiaux et Régionaux de lutte
contre la contrebande des médicaments dopants
117
Conclusion
118
Conclusion générale
120
Références bibliographiques
124
Ouvrages
124
Webographie
127
Annexe 1. Loi relative à l'exercice et
à l'organisation de la profession de médecine
129
Annexe 2. Enregistrement des achats des
psychotropes à la pharmacie Masseboeuf de Maroua
131
Annexe 3. Incidents causés par les mototaxi
mans dans trois (03) quartiers de Maroua
131
Annexe
4. Lois et règlements limitant la fabrication et la distribution des
stupéfiants
132
Annexe 5. Sources orales
136
Annexe 6. Fiches d'enquêtes
137
Résumé
Ce travail traite de la contrebande des médicaments
dopants dans la ville de Maroua. Il s'agit ici d'analyser les différents
circuits de la contrebande de ces produits. Ainsi, l'objectif de ce travail est
de montrer l'organisation de la contrebande des médicaments dopants
à travers ses différents circuits d'approvisionnement, les
acteurs et les facteurs y afférents. Pour mener à bien ces
recherches, la technique d'échantillonnage par boule de neige de 100
vendeurs et 50 consommateurs de ces médicaments a été
adoptée. L'analyse des données issues des enquêtes a
permis de comprendre que le Nigéria est la principale source
d'approvisionnement des médicaments dopants de contrebande à
cause de la porosité des frontières entre ce pays et
l'Extrême-Nord Cameroun. De ce fait, le tramol apparaît comme
étant le médicament le plus utilisé dans la ville de
Maroua soit 52%. Toutefois il entraine des effets néfastes à long
et à court termes sur la santé du consommateur tels que les
convulsions, la sédation, la dépendance et les comportements
maniaco-dépressifs. Afin d'éradiquer ce fléau, il serait
judicieux de créer les emplois, les lieux de divertissements,
contrôler tous les médicaments qui entrent dans la ville de Maroua
et favoriser l'accès à la scolarisation des jeunes dans la ville
de Maroua, car c'est la couche sociale la plus touchée, soit 92%.
Mots clés.
Contrebande-Contrefaçon-Médicaments Dopants-Toxicomanie
médicamenteuse-Psychotropes-Maroua-Cameroun.
Abstract
This work deals with the smuggling of doping substances in
the town of Maroua. this is to analyze the different circuits of the smuggling
of these products. Thus, the objective of this work is to show the organization
of the smuggling of doping substances through its various supply channels,
actors and factors relating thereto. To carry out this research, the sampling
technique snowball 100 sellers and 50 consumers of these drugs has been
adopted. Analysis of the survey data has to understand that Nigeria is the main
source of dopants smuggling drugs because of the porous borders between the
country and the Far North Cameroon. Therefore, the tramol appears to be the
most used drug in the city of Maroua 52%. However it causes adverse effects in
the long and short terms on consumer health such as seizures, sedation,
addiction and manic behavior. To eradicate this scourge, it would be wise to
create jobs, entertainment, control all drugs that enter the city of Maroua and
promote access to schooling for young people in the town of Maroua, because it
' is the most affected social group, or 92%.
Keywords. Contraband-Counterfeit-Drugs
Dopants-Addiction Drug-Psychotropic-Maroua-Cameroon
Liste des figures
Figure 1. Zone d'étude
3
Figure
2. Circuit frauduleux des médicaments d'Asie pour l'Afrique
49
Figure 3. Différents itinéraires
utilisés dans l'acheminement des médicaments dans la ville de
Maroua
52
Figure 4. Distribution spatiale des vendeurs des
médicaments dopants de contrebande par quartiers
55
Figure 5. Avis des vendeurs des médicaments
dopants de contrebande sur leur formation en médecine à
Maroua
58
Figure 6. Types des vendeurs et leurs revenus
journaliers sur les médicaments dopants de contrebande
59
Figure 7. Raisons évoquées par les
consommateurs des médicaments dopants
67
Figure 8. Schéma des acteurs
impliqués dans la contrebande des médicaments dopants dans la
ville de Maroua
68
Figure 9. Flux de distribution des
médicaments dopants de contrebande à Maroua
69
Figure
10. Répartition des médicaments dopants de contrebande
consommés à Maroua
71
Figure 11. Répartition spatiale de la
consommation du diazépam dans la ville de Maroua
73
Figure 12. Consommation du tramol dans les
quartiers de la ville de Maroua
75
Figure 13. Consommation du viagra dans les
quartiers de Maroua
77
Figure
14. Catégories professionnelles des consommateurs des médicaments
dopants à Maroua
78
Figure
15. Répartition spatiale des consommateurs des médicaments
dopants de contrebande à Maroua
82
Figure
16. Répartition par tranches d'âge des consommateurs des
médicaments dopants par quartiers
84
Figure 17. Dépenses journalières des
consommateurs pour l'achat des médicaments dopants
85
Figure
18. Dépenses journalières en fonction de l'ancienneté des
consommateurs
85
Figure
19. Pathologies des toxicomanes en fonction de la durée de la
consommation
101
Liste des tableaux
Tableau I. Opérationnalisation des
concepts
3
Tableau II. Origines des médicaments dopants
vendus à Maroua
40
Tableau III. Niveau scolaire des consommateurs des
médicaments dopants de contrebande à Maroua
42
Tableau IV. Types de vendeurs des
médicaments dopants de contrebande à Maroua
54
Tableau V. Ethnie d'origine des vendeurs des
médicaments dopants dans la ville de Maroua
56
Tableau VII. Points de stationnement en
soirée des vendeurs ambulants des médicaments dopants de
contrebande
63
Tableau VII. Types de problèmes
rencontrés par les vendeurs des médicaments dopants de
contrebande à Maroua
64
Tableau VIII. Age et sexe des consommateurs des
médicaments dopants de contrebande à Maroua
81
Tableau IX. Raisons de la consommation des
médicaments dopants en fonction des quartiers
83
Tableau X. Récapitulatif de certaines
maladies traitées par les médicaments dopants
88
Tableau XI. Récapitulatif des quartiers
utilisant les médicaments dopants de contrebande
91
Tableau XII. Malades enregistrés dans les
hôpitaux suite à la consommation abusive des médicaments
dopants de contrebande à Maroua
95
Tableau XIII. Récapitulatif des Mesures
prises en cas de Crise de Convulsion due à la prise du tramol à
Maroua
97
Tableau XIV. Récapitulatif des personnes
ayant assisté aux décès causés par le tramol
100
Tableau XV. Quantité de médicament
consommé par jour et par individu
103
Liste des Photos
Photo
1. Installation des médicaments de contrebande au marché
central de Maroua.
53
Photo 2. Vendeurs ambulants des médicaments
dopants de contrebande à Dougoi
65
Photo 3. Qualité du diazépam
vendu au marché central de Maroua
72
Photo 4. Qualité de tramadol vendu à
Maroua
74
Photo 5. Différentes qualités de
viagra vendues à Maroua
76
Liste des planches
Planche
1. Quelques activités nécessitant les efforts physiques
à Maroua............
37
Planche
2. Médicaments dopants dissipés dans la marchandise d'un
vendeur détaillant au quartier
Mbarmaré...........................................................................
60
Planche
3. Comparaison entre le tramadol vendu au marché et celui vendu en
pharmacie
93
Planche
4. Viagra et diazépam vendus dans les pharmacies
94
Liste des acronymes et sigles
ACAMAS : Association Camerounaise pour
l'Aide et la Solidarité
AMA : Agence Mondiale Anti-dopage
AVC : Accident Vasculaire
Cérébral
BUCREP : Bureau Central des Recensements
et des Etudes de Population
CAPP : Centre d'Approvisionnement en Produits
Pharmaceutiques
CCP : Compagnie Camerounaise de Pharmacie
CEMAC : Communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale
CENAME : Centrale Nationale
d'Approvisionnement en Médicaments et Consommables Médicaux
Essentiels
CIO : Comité International
Olympique
CMA : Centre Médicalisé
d'Approvisionnement
CNAC : Commission Nationale
d'Aménagement Commercial
CNPS : Caisse Nationale de
Prévoyance Sociale
CNOP : Conseil National de l'Ordre des
Pharmaciens
Cp : Comprimé
DAP : Programme d'Action pour les
Médicaments essentiels
DMP : Division de la Gestion et des
Politiques pharmaceutiques
FCFA : Francs des
Colonies Française d'Afrique
GPS : Global Positioning System
HRM : Hôpital Régional de
Maroua
HP : Hôpital de la Police
IDE : Infirmier Dipômé
d'Etat
INS : Institut National de la
Statistique
INSERM : Institut national de la
santé et de la recherche médicale
OCISCA : Observatoire du Changement et
de l'Innovation Sociale au Cameroun
OICS : Organe Internationale du
Contrôle des Stupéfiants
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé
OMD : Organisation Mondiale des
Douanes
LANACOM : Laboratoire National de
Contrôle de Qualité des Médicaments
Mg : Milligramme
MSP : Ministère de la Santé
Publique
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour
l'enfance
UNODC: United Nations Office on Drugs and
Crime
REMED : Réseau Médicament
et Développement
SNC : Système Nerveux Central
Introduction
générale
La mondialisation a engendré le développement
d'un marché juteux qui est encore de nos jours en pleine expansion,
s'adaptant au contexte socio-économique de chaque pays : il s'agit du
marché des médicaments de contrebande. Dans les pays
développés, internet constitue le lieu où les acteurs de
ce marché proposent leurs différents produits dopants à
l'instar du viagra et d'autres médicaments appartenant à la
famille des benzodiazépines. Ces médicaments sont ainsi soumis
à une législation renforcée (stupéfiants), mais ils
sont surtout conçus pour le traitement des maladies de longue
durée. Il s'agit à cet effet des médicaments psychoactifs
qui permettent d'atténuer ou de faire disparaître une souffrance
psychologique : anxiété, angoisse, insomnie, dépression,
psychoses, maladie affective bipolaire (Roussin, 2011). Dans les pays du tiers
monde dont l'économie est soutenue par le secteur informel, la
contrebande est employée dans l'exercice des activités de
certains opérateurs économiques et même de la plupart des
activités formelles et informelles telles que la vente des
médicaments dans la rue où l'on trouve également les
médicaments dopants.
En Afrique par contre, le marché des
médicaments de la rue en général et ceux dopants en
particulier à profiter de la crise économique des années
1980 et de la dévaluation du franc CFA dans les années 1994 qui
a considérablement réduit le pouvoir d'achat des populations
(Ouedraogo, 2008). C'est de là qu'est parti le développement du
marché des médicaments de la rue où l'on voit
exposés des médicaments par les vendeurs qui sont tantôt
immobiles ou stables, et tantôt mobiles ou ambulants dans les rues, dans
les marchés et dans les bus. Ce marché illicite qui s'expose
à la vue de tous comme s'il s'agit d'une pratique légale, s'est
étendu peu à peu pour prendre de nos jours des tournures
inquiétantes devenant, ainsi un véritable problème de
santé publique. La vraie complication dans la lutte contre la vente des
médicaments dopants est qu'elle ne concerne pas seulement les
délinquants généralement traqués par la police,
mais également des hommes d'affaires, professionnels de la santé
et les politiques.
Le Cameroun est également concerné par ce
phénomène car les populations ont très souvent recours
à l'automédication qui est justifiée par des raisons
économiques et sociales. Ainsi, depuis les années 1980 le
phénomène de l'offre informelle pharmaceutique et même
médicale s'est développé. Cependant, cette offre est
alimentée par le fléau des médicaments de contrebande que
l'on trouve dans les rues de la plus part des villes du Cameroun. Mais, il est
important de signaler tout de même que la contrebande prend plusieurs
sens. Il faut distinguer la contrebande de la propriété
intellectuelle qui désigne la falsification des produits mis sur le
marché par une entreprise ou une personne de la contrebande des
marchandises qui désigne tout simplement le commerce ou le trafic
illicite des marchandises. A cet effet, le concept qui va le plus nous
intéressé sera la contrebande des marchandises qui est le champ
dans lequel s'inscrit notre recherche qui porte sur la contrebande des
médicaments dopants et ses effets sur la santé des consommateurs
: cas de Maroua. Cette pratique étant dangereuse et nuisible à la
santé de la population, il a été choisi de mener une
étude afin de connaître les principales causes qui entretiennent
l'utilisation des « médicaments dopants » de
contrebande et évaluer les conséquences de ces médicaments
sur la santé des consommateurs.
I.
Contexte général
Ce travail rentre dans le cadre de la lutte contre le trafic
de drogue de façon générale à travers le monde et
la lutte contre la contrebande des médicaments illicites
consommés par certaines personnes pour se droguer (toxicomanie
médicamenteuse) en particulier. A cet effet, nous avons constaté
que la consommation et le trafic de drogue sont devenus de nos jours un
problème d'ordre mondial car lorsqu'on observe les
sociétés occidentales en générale et celles du
tiers monde en particulier, on se rend compte que la consommation de la drogue
constitue un phénomène social contre lequel les gouvernements et
les organismes internationaux tels que l'Organisation Mondiale de la
Santé (OMS) et l'Organe Internationale du Contrôle des
Stupéfiants (OICS) luttent sans cesse. Les jeunes sont de plus en plus
impliqués dans la consommation de ces produits. A cet effet, nous avons
également remarqué que l'Afrique et particulièrement la
sous-région Afrique centrale est touchée par le fléau de
la contrebande de médicaments dopants. Ainsi, nous avons remarqué
que les villes africaines telles que Ndjamena au Tchad, Libreville au Gabon,
Yaoundé et Maroua au Cameroun sont envahies par les médicaments
de la rue (Pouillot et al., 2007 ; Ngarbitana, 1998).
Au Cameroun, le phénomène de trafic de drogue
et de toxicomanie médicamenteuse touche les plus grandes villes du pays.
Car après cinq (05) ans d'observation on s'est rendu compte que la
circulation des médicaments dopants est devenue un
phénomène de plus en plus répandu partout dans le pays
à cause de plusieurs raisons parmi lesquelles le laxisme des
autorités camerounaises. Nous parlons de laxisme des autorités
parce que ce commerce se passe en plein jour dans les rues de nos villes et
ceci en toute impunité. Par ailleurs, on a également
constaté que la vente des médicaments de la rue contre laquelle
l'Etat camerounais lutte depuis longtemps connait une évolution au fil
du temps et aujourd'hui, elle prend une nouvelle trajectoire qui est celle de
la contrebande. Ainsi, la contrebande des médicaments dopants trouve
donc ses origines réelles dans la vente des médicaments de la
rue.
Toutefois, il est nécessaire de signaler que ces
produits se vendent également dans les pharmacies car ce sont des
produits qui, à la base ont été conçus pour des
traitements précis. Etant donné que la plus part de ces
médicaments sont psychoactifs c'est-à-dire qu'ils permettent
d'atténuer ou de faire disparaître une souffrance psychologique :
anxiété, angoisse, insomnie, dépression, et psychoses, ces
médicaments se trouvent finalement être vendus dans les rues et
sans ordonnance. Préalablement signaler, toutes les régions de
notre pays sont concernées par la contrebande des médicaments
dopants, mais la région de l'Extrême-Nord est l'une des
régions les plus touchées par ce trafic. Cette situation se
justifie par sa proximité avec le Nigeria qui est l'un des pourvoyeurs
majeurs des médicaments vendus dans nos rues.
Une autre justification est celle du pouvoir d'achat des
populations qui n'ont pas assez de moyens pour se rendre dans des pharmacies
parce que le même médicament coûte deux à trois fois
plus moins cher dans la rue. Notre étude est basée sur cette
Région et principalement dans la ville de Maroua qui est non seulement
le chef-lieu de l'Extrême-Nord, mais aussi la ville la plus
peuplée de cette région et par conséquent, constitue
l'exemple parfait pour ces recherches. En outre, on se rend compte que la
population de cette ville utilise beaucoup ces médicaments pour des fins
dopants, c'est-à-dire qu'elle pratique la toxicomanie
médicamenteuse. C'est donc dans ce contexte que ce thème
s'inscrit, un contexte de la consommation des médicaments dopants de
contrebande.
C'est également dans un contexte
d'insécurité créée par les consommateurs de ces
produits dans leur milieu de vie, qu'entre notre thème. Car nous avons
constaté que les consommateurs de ces médicaments deviennent
parfois violents et un danger permanent pour la société. De ce
point de vue, le contrôle du trafic des médicaments dopants
devient ainsi un phénomène contre lequel les autorités
administratives de la région de l'Extrême-Nord en particulier et
du Cameroun en générale devraient absolument lutter. Il est donc
impératif de contrôler non seulement la nature de tous les
médicaments qui traversent nos frontières, mais aussi exiger
l'ordonnance médicale pour l'achat de ces types de
médicaments.
II.
Délimitation du sujet
Dans cette étude, il est important de faire une
délimitation thématique, spatiale et temporelle de notre
thème de recherche, afin de mieux circonscrire et localiser
géographiquement la zone d'étude.
II.1.Délimitation thématique
Ce thème de recherche s'inscrit dans le champ de la
géographie de la santé et de la géographie sociale. De ce
fait, cette recherche étudie la signification de la répartition
géographique devant la santé et le processus de diffusion des
médicaments dopants. La géographie de la santé
étudie les maladies et plus particulièrement celles de la
mortalité et de ses causes immédiates en rapport avec
l'organisation du territoire. Elle s'intéresse aux facteurs de
mortalité des maladies et de ses causes en rapport avec l'organisation
du territoire. Quant à la géographie sociale, elle met non
seulement l'accent sur les interactions de rapports sociaux et spatiaux. Ce
thème de recherche traite également de la question du
détournement du rôle premier des médicaments dopants qui
est celui de soulager les maux des malades. Ces derniers sont finalement
utilisés pour se droguer.
Le thème qui fait l'objet de notre étude est
« la contrebande des médicaments dopants et ses effets sur la
santé des consommateurs à Maroua». Ce thème
rentre dans la contrebande des médicaments, notamment les
médicaments de la rue. Mais il s'agit ici d'axer le travail sur les
médicaments dopants de contrebande et les effets de ces derniers sur la
santé des consommateurs. Les recherches seront donc centrées sur
les drogues emballées sous formes de comprimés (Cp), ou encore
des médicaments qui sont détournés de leur fonction
première ; car ces médicaments sont conçus dans le
but de soigner des maladies bien spécifiques. De ce fait, il s'agira de
ressortir dans un premier temps les facteurs d'une existence de la toxicomanie
médicamenteuse, en suite de faire un lien entre l'entrée
frauduleuse des médicaments.
II.2.Délimitation spatiale
Cette étude a pour cadre géographique la ville
de Maroua, chef-lieu de la Région de l'Extrême-Nord. Cette ville
est située à 10° 33'' de latitude Nord, 10°37'' de
Latitude Nord et 14°15''de Latitude Est, 14°23'' de latitude Est
(figure 1). Elle se trouve dans la pleine du Diamaré. D'après
l'organisation administrative, la ville de Maroua est subdivisée en
trois arrondissements : Maroua 1er, Maroua 2e et
Maroua 3e soit une superficie de 1610 km2 (Bello et al.,
2010).
Elle connaît une croissance urbaine sans
précédent : les premiers administrateurs français
évaluèrent sa population en Octobre 1916 à environ 25000
habitants. Ce chiffre de la population est maintenu pendant une décennie
avant qu'une série de crises d'épidémies et disettes, ne
ramenèrent les recensements administratifs à des chiffres plus
modestes : 16 606 habitants en 1940 ; 17 269 en 1954. Depuis, la ville ne cesse
de croître : 31 422 en 1963, 62 600 au recensement général
de 1976 (BUCREP, 2010). Le choix de cette ville est simple. La ville de Maroua
se situe dans l'Extrême-Nord du Cameroun. Elle débouche sur le
Nigeria et bénéficie ainsi des échanges très
poussés dus à l'industrialisation du Nord du Nigéria.
Réalisée et adaptée
par Mohamed, janvier 2016.
Figure 1. Zone d'étude
Cet espace géographique est limité au nord par
l'arrondissement de Petté, au Sud par le Département du Mayo
Kani, à l'Est par les arrondissements de Bogo et Dargala, et à
l'Ouest par les arrondissements de Gazawa et Méri.
III.
Problématique
La consommation des médicaments dopants de contrebande
ou la toxicomanie médicamenteuse est interdite dans la plupart des pays
du monde. Le Cameroun n'est pas en reste, car la consommation, le trafic et
la vente de ces médicaments sont strictement interdits par les lois
camerounaises, étant donné que ces trafics sont passibles d'une
peine de prison (Code Pénal n° 67/LF/112 Juin 1967). On note tout
de même que cette activité est menée en toute
impunité par les vendeurs des médicaments dans les rues de la
ville de Maroua. On peut alors prendre pour exemple les tramadol qui sont plus
connu sous le nom de « tramol ». Les médicaments
dopants devraient normalement être vendus dans les pharmacies sous
ordonnances mais le constat fait est autre sur le terrain. A cet effet, on note
de plus en plus une forte dépendance des consommateurs car à
force de consommer ces produits, ils finissent par être totalement
dépendants. Pour mener à bien notre recherche, nous allons
focaliser notre attention sur les jeunes car la jeunesse étant l'espoir
d'une nation, il est très important pour nous de nous interroger sur ses
comportements et sur son état de santé.
Il est question ici de présenter le problème de
la dépendance des consommateurs des produits dopants à Maroua. La
consommation du « tramol » amène à
enquêter sur les effets néfastes que peut avoir ce produit sur la
santé humaine. Lors des recherches dans la ville de Maroua, surtout
dans les quartiers à fonction commerciale comme Kakataré, Dougoi
ou encore Mbarmaré, à chaque cinq minutes de marche se trouvent
toujours des plaquettes de « tramol » déjà
utilisé. Ainsi, il ressort que la population active dans le secteur
informel de Maroua fait appel à ce produit dans l'exercice de leurs
activités. Car à 80%, ces médicaments les aident à
booster leurs capacités physiques et sexuelles.
Dans le même ordre d'idées, le but est
également de vérifier les capacités réelles des
populations de la ville de Maroua, c'est-à-dire connaitre le pourcentage
et la tranche d'âges des personnes qui font recours aux
médicaments dopants de contrebande dans leurs différentes
activités. Connaitre également les effets réels de ces
produits sur la santé de la population consommatrice sera aussi l'une
des principales questions aux quelles vont s'atteler ces recherches. A cet
effet, ayant constaté un nombre de personnes dont l'état de
santé tire presqu'à la folie et un nombre de jeunes non
négligeable atteints par la folie (10%), cette situation
nécessite des enquêtes afin de trouver des liens entre
l'état de santé de ces personnes et la consommation abusive des
médicaments dopants. Ainsi, il ressort qu'elles sont atteintes de folie
parce qu'elles consommaient exagérément ces produits. A partir de
ce constat, on comprend clairement que ces produits ont des
conséquences très négatives (crises de convulsions,
dépendances, problèmes respiratoires) lorsqu'ils sont
consommés au quotidien.
Dans la même perspective, quelle est la relation
conséquente qui existe entre les personnes atteintes par des convulsions
et la consommation des médicaments dopants de contrebande?
Là encore il se trouve que ces consommateurs de tramol sont des
personnes en majorité jeunes. A cet effet, qu'est ce qui explique le
fait que ce soit cette couche sociale qui soit la plus touchée ?
Le tramol en lui-même constitue-t-il un danger? Autrement dit,
l'autoconsommation abusive du tramol n'est-elle pas une pratique
extrêmement dangereuse pour la santé des consommateurs ?
Compte tenu de l'importante consommation des psychotropes dans la ville de
Maroua, la contrebande des médicaments dopants n'est-elle pas interdite
par la loi camerounaise ? Cependant, comment comprendre la vente de ces
médicaments dans toutes les rues de la ville et même dans les
différents marchés en toute impunité?
III.1.
Problème général
Dans le cadre de ce travail, il est question de s'interroger
sur l'organisation de la contrebande des médicaments dopants dans la
ville de Maroua à travers les différents circuits, les flux de
distribution et les risques sanitaires liés à l'utilisation
abusive de ces médicaments.
III.2.
Problèmes spécifiques
Ø La contrebande des médicaments dopants inonde
les marchés de la ville de Maroua de faux produits pharmaceutiques, mais
elle reste à étudier ;
Ø Le circuit et les flux de distribution des
médicaments dopants dans la ville de Maroua ne respectent pas les nomes
pharmaceutiques ;
Ø La consommation des médicaments dopants de
contrebande est un risque sanitaire pour la population de Maroua ;
Ø La mise sur pieds des mécanismes pouvant
éradiquer la contrebande des médicaments dopants est un gage.
IV.
Questions de recherches
A partir de la problématique de ce thème
découle une question principale et des questions spécifiques.
IV.1.Question principale
Comment s'organise la contrebande des médicaments
dopants dans la ville de Maroua?
IV.2.
Questions spécifiques
Ø Comment la contrebande des médicaments dopants
inonde la ville de Maroua de faux produits pharmaceutiques?
Ø Comment s'organisent le circuit et les flux de
distribution des médicaments dopants de contrebande dans la ville de
Maroua ?
Ø En quoi est-ce que la contrebande des
médicaments dopants constitue-t-elle un risque sanitaire pour les
populations de la ville de Maroua?
Ø En quoi la mise sur pieds des stratégies de
lutte contre la vente illicite des médicaments dopants est-elle
nécessaire?
V.
Revue de la littérature
Les problèmes relatifs à l'organisation de la
contrebande des médicaments ont été abordés par de
nombreux auteurs autour de trois axes : la contrefaçon des
médicaments, la vente illicite des médicaments de la rue et la
contrebande.
V.1.
Contrefaçon des médicaments
Le thème sur la contrefaçon des
médicaments dans le monde et au Cameroun en particulier, a fait l'objet
de plusieurs travaux de recherches. C'est ainsi que, Barbereau (2006) parle non
seulement des différentes dimensions que peut prendre le mot
contrefaçon, mais aussi l'état de ce phénomène
à l'échelle mondiale. Il souligne d'entrée de jeu que
c'est chaque pays qui donne le sens qu'il veut au mot contrefaçon.
Ainsi, en fonction des pays, la définition est restée
différente et comprend des notions de qualité, de
légalité et d'intention frauduleuse. Cela a amené l'OMS
à définir un médicament contrefait comme étant :
un médicament qui a été délibérément
et frauduleusement étiqueté de façon erronée quant
à son identité et/ou sa source. Il pense ainsi que la notion de
contrefaçon comprend trois concepts différents à savoir :
celui de la qualité du médicament, celui de la
légalité du produit et celui de l'intention frauduleuse. Le
travail de Barbereau nous permet de connaitre les différentes
définitions du mot contrefaçon. Au-delà des
définitions de ce concept, il fait également l'état des
lieux du phénomène de contrefaçon ; à cet effet, il
constate donc que la contrefaçon est un phénomène en
pleine expansion à travers le monde. Cependant, il faut noter que le
travail de Barbereau dans ses différentes définitions n'a pas
pris en compte le fait que la contrebande concerne également
l'entrée frauduleuse des médicaments dans un territoire,
même si ces médicaments sont originaux ou authentiques. Dans le
même ordre d'idées, Videau fait un lien entre la
contrefaçon des médicaments et la pauvreté des pays qui
entraine le non-respect des réglementations pharmaceutiques et
douanières.
Videau (2006) associe la qualité des
médicaments des pays pauvres à leur situation économiques
et à leur difficulté à faire respecter les
réglementations pharmaceutiques et douanières. En effet, ces pays
sont exposés au phénomène de contrefaçon et de
malfaçon des médicaments. D'où la multiplication des
produits pharmaceutiques illicites dans les marchés de ces pays. Selon
lui, les populations les plus pauvres sont alors soumises au risque de
consommation desdits produits.
Il analyse également cette multiplication des
médicaments d'origine douteuse par les politiques pharmaceutiques mises
en place par les gouvernements car ces politiques rendent les
médicaments de bonne qualité inaccessibles du fait qu'ils sont
financièrement et géographiquement chers. Le travail de Videau
permet d'élaborer des stratégies de lutte contre les
médicaments contrefaits. Car il pense que seul un système
d'approvisionnement et de distribution rationnel et rigoureux basé sur
le respect des procédures d'assurance qualité tout au long de la
chaîne pharmaceutique peut permettre d'offrir aux patients des produits
de santé présentant toutes les garanties de qualité,
d'efficacité et de sécurité. Ainsi, pour résoudre
le problème des médicaments dopants, il est également
impératif de résoudre le problème de la vente illicite des
produits pharmaceutiques car ces deux phénomènes sont intimement
liés.
Il faut cependant noter que, Videau a juste donner une
solution qui règle seulement le problème de l'entrée des
produits contrefaits dans les pays pauvres sans toutefois dire comment faire
pour le résoudre le problème de l'inaccessibilité
financière de ces produits qui ne sont pas à la portée de
tout le monde. Ainsi, pendant que Videau met l'accent sur les facteurs
responsables de la prolifération des médicaments contrefaits dans
les pays pauvres, le projet conjoint de la Division de la Gestion et des
Politiques pharmaceutiques (DMP) et le Programme d'Action pour les
Médicaments essentiels (DAP) quant à lui guide les Etats dans
l'élaboration des mesures visant à éliminer les
médicaments contrefaits.
Le guide pour l'élaboration des mesures visant
à éliminer les médicaments contrefaits (1995 à
1997) préparé sous l'égide du projet conjoint de la
Division de la DMP et le DAP, a été géré par les
offices de l'OMS sur les médicaments contrefaits. Ce présent
guide est destiné à orienter les Etats dans l'élaboration
des mesures nationales pour combattre les médicaments contrefaits,
notamment à instituer des programmes pour prévenir et
détecter l'exportation, l'importation et la contrebande entre autre des
médicaments dopants. En effet, il donne un aperçu
général du problème et des facteurs qui favorisent la
contrebande des médicaments. Selon ce document, le
phénomène affecte les pays développés comme ceux en
voie de développement. Mais il touche davantage les pays où la
fabrication, l'importation, la distribution, l'approvisionnement et la vente de
ces médicaments sont moins réglementés et où
l'application de la réglementation manque de rigueur. Surtout lorsqu'on
sait que les médicaments contrefaits ont été rarement
efficaces et dans de nombreux cas, ils se sont même
révélés dangereux et préjudiciables à la
santé publique. Dans le cas des pays développés, la vente
de ces médicaments se fait via internet.
Bourgoin (2015) fait un aperçu de la
contrefaçon des médicaments en Europe aujourd'hui, notamment la
falsification des médicaments qui est un sujet plus que jamais avec le
développement important de la vente par le biais d'internet d'une part
et le procédé des sérialisation devant être mis en
place dans chaque industrie d'autre part. Cette thèse montre que la
contrefaçon des médicaments touche aussi bien les pharmaciens
officinaux que les pharmaciens industriels. Pour lui, il n'existe pas un moyen
de lutte contre la contrefaçon des médicaments mais plusieurs qui
ont chacun un niveau d'authentification différent, mais tous ont une
utilité et une complémentarité. Cependant, Bourgoin s'est
appuyé seulement sur les réalités européennes pour
analyser et décrire la contrefaçon. Alors qu'au Cameroun la vente
des médicaments contrefaits ne se fait pas sur internet mais plus
tôt dans les rues et les marchés. Mais le travail le Bourgoin va
nous aider à élaborer les différentes méthodes de
distribution des médicaments contrefaits dans le monde. Au-delà
des études qui ont été menées sur la
contrefaçon des médicaments, un autre aspect a été
évoqué par plusieurs auteurs à savoir la vente illicite de
ces médicaments dans les rues.
V.2.
Vente illicite des médicaments de la rue
L'émergence de cette activité est l'une des
conséquences de la crise économique des années 1980.
Ainsi, Hamel (2006) pense que cette vente constitue un véritable
phénomène de société dans certains pays à
revenu intermédiaire et faible. Pour lui le recours à ce
marché est intégré aux moeurs dans la mesure où les
vendeurs sont connus de la population et les zones concernées sont
autant rurales qu'urbaines. Pour les plus démunis, l'achat
facilité (crédits, vente à l'unité) de
médicaments livrés à domicile est une aubaine. Le
marché informel distribue les médicaments jusque dans les zones
rurales isolées, autant par le biais des marchés hebdomadaires
que par les petits vendeurs ambulants qui parcourent parfois plusieurs villages
par journée. L'avantage économique de ce recours est
considérable puisqu'il épargne des coûts
d'opportunité et de déplacement parfois très
élevés ; surtout lorsque plusieurs dizaines de kilomètres
séparent les malades du centre de santé le plus proche. Le
travail de Hamel nous permet donc de constater, de voir comment les
médicaments contrefaits dans lesquels se trouvent également les
médicaments dopants sont vendus. En même temps, cette thèse
va nous aider dans l'élaboration des circuits de ventes et les atouts du
commerce illicite des médicaments à des fins dopants. C'est dans
la même perspective en parlant du circuit de vente des médicaments
dopants, Pouillot et al., ont mené une étude à
Yaoundé et à Niamey.
Pouillot et al., (2007) ont menés une étude
pour la santé publique sur le circuit informel dans les
médicaments à Yaoundé (Cameroun) et à Niamey
(Niger). Elle a pour objectif de décrire la population des vendeurs des
médicaments dudit circuit à Yaoundé et à Niamey et
d'évaluer la qualité des médicaments vendus. Ici,
l'analyse des données issues de l'échantillon des vendeurs
illicites dans ces villes montre qu'il pourrait avoir un impact en termes de
santé publique sur les consommateurs, du fait que le taux de
non-conformité s'élève globalement à environ 50%
des médicaments analysés dans les deux villes. Ainsi, des
études complémentaires sont nécessaires pour connaitre
l'origine de ces non-conformités, entre contrefaçon, faible
qualité ou instabilité des formulations. Cette étude a le
méritez de nous édifier sur le phénomène des vents
illicites des médicaments dans les rues de Yaoundé et de Niamey.
Cependant, cette étude ne prend pas en compte la nature des
médicaments contrefaits qui est l'objet de notre thème de
mémoire. A sa suite Wogaing évoque également la question
du circuit de vente illicite des médicaments.
Ainsi, Wogaing (2010) mentionne que le circuit illicite des
médicaments est en plein expansion en Afrique et on observe que de plus
en plus de personnes en quête de médicaments ont recours aux deux
secteurs, formel et informel. Dans cet article, elle fait un essai d'analyse du
circuit thérapeutique suivi par une population en quête de
médicaments modernes au Cameroun. A travers une enquête
menée auprès de la population de Douala, cet article vise
à montrer à la fois les risques sanitaires pris par les
populations à la recherche du médicament par les vendeurs. Ici,
le constat est que pour les clients et vendeurs les médicaments sont de
bonnes1 qualités, disponibles et financièrement accessibles au
grand nombre. Mais le travail de Jeannette Wogaing se limite seulement dans la
ville de Douala. Nous cherchons à comprendre le circuit et la vente des
médicaments à des fins dopants dans la ville de Maroua.
Ouedraogo (2008) constate que le développement du
marché parallèle des médicaments constitue un
véritable problème de santé publique dans les pays en
développement et plus particulièrement au Burkina Faso. A cet
effet, elle montre que les résultats des luttes déjà
menées sont en deçà des attentes sur le sujet. Il est donc
impératif de renforcer les stratégies de lutte déjà
en place afin d'aboutir à la maîtrise du circuit
d'approvisionnement et de distribution du médicament (fabrication
approvisionnement et distribution) ; à un accès favorable et
facile (financier et géographique) aux soins et aux médicaments
dans les structures légales ; à un accès à une
médecine et une pharmacopée traditionnelle de qualité. En
mettant l'accent sur l'élaboration des stratégies pouvant
maîtriser le circuit de vente illicite des médicaments de la rue
au Burkina Faso, Fassin traite ce thème sur la banlieue de Dakar tout en
dénonçant la passivité du l'Etat sur la question.
Fassin (1985) aborde ce thème sous l'angle
économique et consacre une étude sur la banlieue de Dakar
dénommé Pikine. Dans ce travail, l'auteur explique les raisons
d'intervention des Marabouts dans le réseau de la vente illicite des
médicaments au Sénégal. Il dénonce par la
même occasion le non intervention ou la passivité de l'Etat sur ce
type de problème.
«L'Afrique malade de médicaments» est un
titre évocateur du problème des médicaments de la rue.
Dans cet article, est évoquée la situation dans certains pays en
Afrique (Benin, Burkina-Faso, Cameroun). Le marché des
médicaments de la rue, au Benin est aussi florissant qu'il est illicite,
comme partout ailleurs. Selon l'organisation mondiale de la santé, 25%
des médicaments consommés dans les pays pauvres sont des
contrefaçons ou des produits de qualité inférieure. En
Afrique de l'Ouest, le phénomène a particulièrement pris
de l'ampleur depuis la dévaluation du franc CFA. Ici l'explosion du
marché informel des médicaments est le corollaire des coupes
claires dans les budgets de la santé imposés par les politiques
d'ajustement structurel initiées dans les années 1980. La vente
de médicaments dans le circuit informel est extrêmement populaire
au Niger où les vendeurs des rues sont légion et où le
phénomène semble prendre une ampleur grandissante ; Idrissa
(2005) relève un nombre d'aberrations dans la capitale nigérienne
: Un anxiolytique tel que le vanadium peut ainsi être vendu comme
vitamine. Les conséquences de ce commerce ne sont pas anodines puisque,
selon une analyse documentaire, 146 malades intoxiqués par les
médicaments vendus sur le marché illicite ont été
recensés aux urgences de l'hôpital national de Niamey et de
l'hôpital universitaire de Lamordé. Dans ses travaux pour une
bonne approche de la vente des médicaments dans les rues, il cible son
investigation sur la distribution des anti-infectieux. Dans son travail il note
les différentes caractéristiques des vendeurs comme par exemple :
modes de ventes des médicaments de la rue, le sexe et l'âge des
vendeurs, leur ancienneté dans la vente de médicaments. Mais il
ne fait pas allusion aux lieux de vente desdits médicaments, ni à
leur localisation dans la ville de Niamey. Toujours sur la question du circuit
des médicaments, une étude a été menée sur
la distribution des médicaments au Tchad.
Donato et Odjimbey (1998) dans leurs travaux portant sur la
distribution des médicaments au Tchad, adoptent une attitude alarmiste.
Selon eux, la vente illicite des médicaments est une activité
dangereuse pour la vie publique. De même, elle tue le secteur
privé de la pharmacie. A leur suite, Ngarssen (1998), après avoir
mené une étude sur la prolifération des médicaments
illicites note que le circuit est étranglé par les vendeurs
ambulants des produits pharmaceutiques.
Dans le même sens le rapport de l'AIA (2008) met en
exergue l'ambigüité de la sous-région de la
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC)
qui est dotée d'une richesse incontestable, mais qui figure
paradoxalement parmi les Etats les moins avancés. La pauvreté
associée à d'autres facteurs tels que la
perméabilité des frontières pousse les individus à
emprunter le chemin des activités illicites dont la contrefaçon.
Ainsi, la synergie des efforts entre les Etats doit être de mise pour
mieux limiter le phénomène.
Suivant la même logique du rapport de l'AIA, les
stratégies développées par les vendeurs de
médicaments de la rue sont particulières. Médeibou (2004)
dans ses travaux à Ngaoundéré aborde ce thème sous
un aspect spatio-temporel. Aussi les réseaux des médicaments
illicites intéressent Yadang (2005) qui se focalise sur les
réseaux sur l'espace frontalière Banki-Amchidé. Elle a
regroupé de nombreux acteurs intervenant dans la vente illicite de
médicaments (grossistes, détaillants et vendeurs ambulants).
Ceux-ci s'insinuent dans cette activité dans le but de répondre
à leurs besoins financiers et sanitaires tout en ignorant l'impact y
afférant sur la santé humaine.
L'impact des médicaments de la rue sur la
santé, est soulevé par Wabo (2003) vue leurs moyens de
conservation qui sont très précaires et leurs provenances
douteuses. Les médicaments vendus au Cameroun en général
et en particulier à Dschang dans le secteur informel, proviennent en
grande majorité du Nigeria. Compte tenu de l'ignorance de l'impact de
l'environnement physique (température, degré de chaleur ou
d'humidité) sur les médicaments par des acteurs sans formation,
ces produits sont très dangereux éventuellement pour les
consommateurs, malgré, que certains d'entre eux s'avèrent
soulageant. L'informel dans le secteur de la pharmacie constitue une
véritable plaie sociale, une gangrène qu'il est urgent de
supprimer.
V.3.
Contrebande
La vente des médicaments dopants est faite dans des
normes sanitaires sous prescription médicale. Cependant au Cameroun et
plus précisément à Maroua, les usagers s'offrent ces
produits dans des marchés inondés des produits de toute nature
issus essentiellement de la contrebande. C'est dans ce contexte que plusieurs
auteurs ont écrit sur la question de contrebande telle que Kengne
Fodouop, Djanabou, OCISCA, Tatoloum.
Kengne (1988), étudie les échanges commerciaux
entre le Cameroun et le Nigéria qui se font essentiellement par le biais
de la contrebande. Interrompue entre 1967 et 1970 par la guerre de
sécession biafraise, cette contrebande a repris progressivement et a
atteint dans les années 1980 une grande ampleur, en dépit des
mesures par les gouvernements camerounais et nigérians pour la
contrebande. En effet, la pratique de la contrebande apparait comme une
activité qui nourrit son homme, car elle n'offre pas seulement de
nombreux emplois, mais elle assure aussi à ses hommes des revenus
confortables. Elle est l'occasion d'une intense circulation des personnes, des
marchandises et des capitaux qui suivent deux itinéraires : la voie
terrestres et les voies d'eaux maritimes, fluviales ou lacustres.
Djanabou (2005) étudie la dynamique du commerce
transfrontalier pratiqué par les femmes entre les frontières
camerouno-nigériane et camerouno-tchadienne. En fait, les femmes sont
perçue ici comme les actrices de la contrebande car usant des voies et
moyens pour pouvoir contrecarrer les barrières douanières afin de
mettre le produits sur le marché.
Dans la même logique, l'Observatoire du Changement et
de l'Innovation Sociale au Cameroun (OCISCA, 2005) a réalisé un
travail important sur les échanges transfrontaliers informels entre le
Cameroun et le Nigéria. Ce travail, dans la perspective de notre
thème relève clairement les facteurs et les acteurs des
échanges informels et les routes de la fraude entre les deux pays. De
plus, l'Etat camerounais perd sur le plan économique à cause de
cette pratique illégale.
Dans le cadre de l'analyse des causes du développement
de la contrebande des médicaments, Tatoloum (2003) rapporte qu'une
étude analytique portant sur la qualité des médicaments
sur le marché africain a été menée par
l'équipe des chercheurs pharmaceutiques du réseau
médicament et développement (REMED). Ce rapport mentionne les
facteurs de développement de cette activité. A cet effet, il
mentionne comme causes de la contrebande des médicaments : la
faiblesse des réglementations, l'absence de la sécurité
sociale, la difficulté d'accès aux médicaments, et la
pauvreté de la population. L'auteur évoque comme autres facteurs
de développement de la contrebande des médicaments, les longues
années de guerre qui ont ouvert la vie à tout type de commerce,
le chômage, l'accessibilité des prix des médicaments, la
perméabilité des frontières, le succès de la
diffusion des médicaments.
De tous ces travaux sur les médicaments de la rue,
nous avons des travaux qui ont traité tour à tour de la
contrefaçon des médicaments ; de la vente illicite des
médicaments de la rue dans les pays du Sud et de la contrebande. Partant
de ces analyses générales, nous allons nous attarder dans le
cadre de cette recherche sur la vente des médicaments dopants de
contrebande dans la ville de Maroua.
VI.
Objectifs de la recherche
VI.1.
Objectif principal de recherche
L'objectif principal de ce travail est de montrer comment
s'organise et se structure la contrebande des médicaments dopants,
c'est-à-dire le circuit, le flux et la distribution.
VI.2.
Objectifs spécifiques
Il s'agit de façon spécifique de :
Ø Identifier et caractériser les facteurs et les
acteurs responsables de la contrebande des médicaments dopants dans la
ville de Maroua ;
Ø Présenter les différents circuits et
les flux de distribution des médicaments dopants de contrebande dans la
ville de Maroua ;
Ø Montrer que la contrebande des médicaments
dopants entraine des conséquences négatives sur la santé
des consommateurs ;
Ø Proposer des stratégies de lutte contre la
contrebande des médicaments dopants dans la ville de Maroua.
VII.
Hypothèses
VII.1.
Hypothèse principale
L'hypothèse principale de cette étude est que
le circuit de la contrebande des médicaments dopants va au-delà
des frontières camerounaises. Cependant, les flux de distributions
dépendent du type d'acteurs intégré dans la chaine de
distribution de ces médicaments à Maroua.
VII.2.
Hypothèses spécifiques
Ø Le laxisme des autorités administratives et
douanières au niveau des frontières est un facteur qui favorise
le développement de la contrebande des médicaments
dopants ;
Ø Les circuits et les flux de distribution des
médicaments dopants de contrebande sont à l'origine du
détournement de leur rôle principal, car les consommateurs
utilisent ces médicaments pour renforcer leurs capacités
physiques et mentales ;
Ø La consommation des médicaments dopants de
contrebande ou la toxicomanie médicamenteuse est responsable de la
dégradation (crises de convulsion, comportement
maniaco-dépressif, dépendance) de la santé des
consommateurs ;
Ø La mise sur pieds des stratégies de lutte
contre la vente illicite des médicaments dopants est un gage.
VIII.
Cadre conceptuel et théorique
VIII.1. Cadre conceptuel
Il est important de souligner que pour mieux
appréhender cette thématique, la clarification de certains
concepts clés tels que organisation, contrebande, médicament,
médicament dopant est nécessaire.
VIII.1.1. Concept de
l'Organisation
Pour commencer on observe que la signification du mot
organisation a beaucoup évoluée dans le langage courant. Le
Nouveau Petit Robert signale que le mot organisation apparait en 1339. Son
étymologie le lie à un organe du latin organum, qui signifie
instrument. Organisation renvoie, dans un sens vieilli, à l'état
d'un corps organisé et la manière dont ce corps est
organisé. Selon le Grand Dictionnaire des Lettre ce n'est qu'à la
fin du XVIIIe siècle que le mot organisation se détache du champ
lexical de la biologie pour se rapprocher à son sens contemporain et
désigner l' « action d'organiser », et la
manière dont un corps quelconque, une institution ou un travail sont
organisées.
En sociologie, l'organisation se définie comme une
structure de mise en relation des parties dispersées. Elle est
opérationnelle et spécialisée dans un champ bien
circonscrit d'activités. L'organisation constitue, en un mot, un outil
collectif que les parties différentes utilisent à des fins
différentes.
L'organisation est un concept clé de la
géographie car il désigne les différentes
stratégies mises en place par des groupes humains dans le but de mettre
en valeur leur espace. Cependant, pour les géographes l'organisation
renvoie à l'espace et définit de ce fait l'objet de la
géographie comme la structuration des
aménagements
humains à l'interface terrestre, et non plus comme l'
interaction entre un
milieu et des genres de vie. Epistémologiquement cela suppose
qu'au-delà du désordre apparent des phénomènes
présents à la surface de la
Terre, il existe des
logiques à révéler.
Dans le cadre de ce travail, l'organisation renvoie aux
différentes manières dont un groupe de personne s'organise pour
mettre sur pieds des stratégies leur permettant de transiter les
marchandises d'une frontière à une autre pour une meilleure
distribution de ces marchandises dans la destination finale. Toutefois, le
concept de contrebande apparait également comme étant un concept
clé dans le cadre de ce travail.
VIII.1.2. Concept de
contrebande
D'entrée de jeu, il est important avant de
présenter les différentes conceptions de la contrebande de noter
que celle-ci se distingue de la piraterie et de la contrefaçon. On
entend par piraterie la reproduction frauduleuse d`une oeuvre littéraire
ou artistique sans payer les droits de reproduction (Encyclopédie
Universalis, 2008). D'après la Commission Nationale d'Aménagement
Commercial (CNAC) en France, la définition juridique de la
contrefaçon est la suivante : « La contrefaçon consiste en
l'imitation, l'utilisation, et la reproduction totale ou partielle d'une
marque, un dessin, un modèle, d'un brevet, d'un logiciel, d'un droit
d'auteur, ou d'une obtention végétale sans l'autorisation de son
titulaire». A cet effet, la contrefaçon est une violation d'un
droit de propriété intellectuelle
https://fr.wikipedia.org/wiki/Propri%C3%A9t%C3%A9_intellectuelle
par le fait de reproduire ou d'imiter quelque chose sans en avoir le
droit ou en
affirmant ou laissant présumer que la copie est authentique. Concernant
le médicament, on notera que le terme «contrefait» est
utilisé de manière synonyme au terme « falsifié
» (Bourgoin, 2015).
Etymologiquement, le mot contrebande vient de deux mots
italiens composés de contra qui veut dire contre et
bando qui veut dire ban ; donc
« contrabbando » qui signifie « sans
payer de tribut », « action illicite »
(Encyclopédie Universalis, 2008).
En effet, selon le Dictionnaire Larousse illustré, la
contrebande désigne de façon globale l'introduction ou la sortie
et la vente de marchandises prohibées. La contrebande en matière
de médicament se définit comme toute marchandise
prohibées, colportées ou introduites dans le territoire national
sans acquittement des droits auxquels elles sont soumises. La contrebande est
aussi appréhendée comme une infraction douanière
consistant à passer clandestinement, par tout moyen, à travers la
frontière douanière, les soustrayant aussi au contrôle de
la douane (OMD, 2011). C'est d'ailleurs dans cette optique que Kola
Gonzé définit la contrebande comme « la faute
douanière aggravée par un refus total de collaborer avec la
douane, en refusant de passer la marchandise par un bureau
douanier » (Gonzé, 2005).
En sociologie, la contrebande s'appréhendant comme une
agression, est d'abord intentionnelle et « ne s'observe pas seulement
dans la plupart des sociétés de telle ou telle espèce,
mais dans toutes les sociétés de tous les types [...] et consiste
dans un acte qui offense certains sentiments collectifs, doués
d'énergie et d'une netteté particulière»
(Durkheim, 1894). Cela signifie que le crime est localisé
dans toutes les sociétés du monde entier et répond le plus
souvent à une volonté de mieux être pour des personnes
voulant sortir de la pauvreté. C'est le sentiment qui anime les
personnes qui se lancent les activités économiques liées
à la contrebande.
Cette thématique est explicite dans le cadre de la
géographie, car la contrebande des marchandises met en
relation des espaces géographiques distincts. Ainsi, cette
thématique est abordée de manière plus précise dans
le champ de la géographie politique, car l'espace qui sert
d'étude du phénomène est un espace politique
constitué de territoires étatiques délimités par
des frontières. Compte tenu du caractère transfrontalier de ce
trafic, de sa relation avec d'autres formes d'activités criminelles,
nous pouvons aussi aborder ce travail à l'aide du raisonnement
géopolitique qui « implique une connaissance des acteurs, de
leurs représentations territoriales, de leurs pratiques de l'espace et
de leurs motivations» (Rosière, 2001)
Dans le cadre de ce travail, la contrebande se perçoit
comme étant l'introduction clandestine des marchandises dans un
territoire donné et qui ne sont pas passées dans un bureau de
douane ou qui y sont passées, mais ont été
dissimulé pour ne pas être aperçues par les agents de
douane. Elle concerne une large gamme d'articles étrangers. Pratique
très classique, elle est le produit des échanges qu'entretiennent
les différentes sociétés de part et d'autre de
frontière. Ce trafic transfrontalier consiste en l'usage des
différentes méthodes de contournement des taxes et
barrières douanières. Toutefois, la contrebande est une
activité florissante qui emploie de milliers de personnes entre
importateurs grossistes, passeurs, commerçants installés,
détaillants ambulants et qui fait vivre de nombreuses familles. Il est
également important de signaler que les produits issus de la contrebande
ne sont pas seulement dissimulés pour éviter de payer les taxes
douanières, mais aussi parce qu'il s'agit en fait des produits dont la
vente est interdite dans le territoire d'un pays. Toutefois, il est
également important de comprendre le concept du médicament
dopant.
VIII.1.3. Concept du
médicament dopant
Pour mieux cerner le concept de médicament dopant, il
est primordial de définir d'abord ce que l'on entend par
médicament. De ce fait, le dictionnaire raisonné de la
géographie de la santé définie le médicament comme
toute substance d'origine synthétique ou naturel destinée
à la prophysie ou au traitement de la maladie.
Au terme des dispositions du décret n° 94/040PM
du 7 mars 1995 portant code de la santé publique au Cameroun on entend
par médicament : toute substance ou composition présentée
comme possédant des propriétés curatives ou
préventives à l'égard des maladies humaines ou animales,
ainsi que tout produit pouvant être administré à l'homme ou
à l'animal en vue d'établir un diagnostic médical ou de
restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions organiques.
Sont aussi des médicaments :
- Les produits cosmétiques ou d'hygiène
corporelle contenant une substance ayant une action thérapeutique ou
contenant des substances vénéneuses à des doses et
concentration supérieure aux doses d'exonération ;
- Les produits diététiques qui renferment dans
leur composition des substances chimiques ou biologiques ne constituant pas par
elles-mêmes des aliments, mais dont la présence confère
à ces produits des propriétés spéciales
recherchées en thérapeutique diététique, soit des
propriétés de repas d'épreuve.
Depuis que l'humanité existe, elle cherche à
soulager par des substances chimiques ses maux et ses maladies. Mais
l'être humain ne demande pas seulement à ces substances de soigner
son mal, il en attend aussi un certain nombre de modification de ses
sensations. Ainsi, tout au long des siècles, les hommes ont
continué à utiliser des substances chimiques pour diverses
raisons telles que se détendre et soulager le stress. C'est dans cette
optique que les médicaments dopants sont consommés. On peut
à cet effet définir ces derniers comme étant toutes
substances médicales dont la consommation modifie, de par sa nature
chimique, la structure et les fonctions de l'organisme. On les range
généralement en deux grandes catégories : les
produits pharmaceutiques (médicaments européens), qui se
présentent le plus souvent sous forme de pilules, comprimés, et
capsule de couleurs variées. Et les remèdes traditionnels sous
forme d'herbe tels que le cannabis et le chanvre indien.
Dans le domaine sportif, l'on utilise
les médicaments dopants dans le cadre des compétitions, des
manifestations organisées par les fédérations des
différentes disciplines sportives (athlétisme, football,
natation). Ainsi, d'après le Comité International Olympique (CIO)
et l'Agence Mondiale Anti-dopage (AMA), le dopage est la pratique consistant
à absorber des substances ou à utiliser des actes médicaux
afin d'augmenter artificiellement ses capacités physiques ou mentales
(hématocrite dans le sang, battements du coeur, confiance en soi, etc.)
(Dot et al., 2010). Cependant, il est nécessaire de signaler que
l'utilisation des médicaments dopants ne s'arrête pas qu'au niveau
sportif.
L'utilisation des médicaments dopants hors du milieu
sportif est qualifiée de conduites dopantes. Ces médicaments
sont également sollicités dans le milieu étudiant et
professionnel. Ainsi, dans le cadre de nos recherches, un médicament
dopant est une substance dont une personne consomme (somnifères,
complément alimentaire, substances psychoactives) pour affronter un
obstacle, réel ou ressenti, dans un objectif de performance. L'obstacle
peut être un examen, un entretien d'embauche, un travail difficile ou
pénible, une épreuve sportive, etc. toutefois, L'objectif de
performance constitue les motivations réelles de l'utilisation de cette
catégorie de médicaments. À cette fin, le consommateur des
produits dopants cherche non seulement à augmenter ses performances
physiques ou intellectuelles, mais également à éviter que
ses performances ne diminuent.
Dans le cadre de ce travail, le concept de médicament
dopant se définit comme étant tout produit pharmaceutique
consommé par une tierce personne sans prescription médicale dans
le but de booster ses capacités physiques, mentales et sexuelles. Il
s'agit en effet pour la plus part des médicaments psychoactifs tels que
le viagra, le diazépam et le tramadol. Les contenus accordés
à ces concepts sont repartis de manière plus
détaillée et structurée graduellement en dimensions, en
variables et en indicateurs (Tableau I).
Tableau I.
Opérationnalisation des concepts
Concepts
|
Dimensions
|
Variables
|
Indicateurs
|
Organisation de la
Contrebande des médicaments dopants
|
Facteurs et acteurs
|
Approvisionnement : Nigéria/ Marché central
|
Circuit /flux / quantité
|
Distribution/vente
|
Vendeurs / acheteurs
|
Toxicomanie médicamenteuse
|
Types de médicaments dopants
|
Diazépam / tramol / viagra / qualité du produit
|
Consommateur
|
Age / sexe / quantité / quartiers /
catégories socioprofessionnelles
|
Motifs du consommateur
|
Renforcer les capacités physiques / intellectuelles /
sexuelles
|
Conséquences des médicaments dopants
|
Impact à court termes
|
Illusions / sentiments de force / sagesse
|
Impact à long termes
|
Troubles psychiques / crises de convulsions / tremblote
|
Codes juridiques et mécanismes d'éradications
|
Lois nationales/internationales
|
Lois / institutions
|
Mécanismes d'éradications
|
Contrôle des frontières / centre de
désintoxication
|
Source : Enquêtes de terrain, mars 2016.
VIII.2. Cadre théorique
Pour mieux assoir les contours de ce travail, des
théories ont été convoquées. Il s'agit entre autre
de la théorie du probabilisme de Vidal de la Blache, la théorie
des lieux centraux de Walter Christaller, la théorie de
l'auto-organisation de Damienne Provitolo et celle de la localisation de Von
Thünen. L'analyse des idées développées par les
auteurs de ces théories, permet de mener un débat
théorique, lequel concourt à la construction du cadre
opératoire de cette étude.
Ø La
théorie du probabilisme de Vidal de la Blache dans la vulgarisation de
la consommation des médicaments dopants à Maroua
C'est une théorie qui a été
développée par le géographe français Paul Vidal de
La Blache (1910). Elle explique dans quelle mesure une situation ou une
relation passée, a des chances de se poursuivre dans le futur ;
autrement dit si tout continue comme avant, toutes choses égales par
ailleurs, il y a maintien des relations par le passé.
Cette théorie vient approfondir cette
inquiétude dans la mesure où il y'a quelques années de
cela, il était rare de voir des personnes manifestant des comportements
dignes de consommateurs de drogue ni même des produits stupéfiants
circulant à découvert dans les rues de la ville de Maroua. Mais,
le constat qui se dégage aujourd'hui est alarmant. C'est tout le
contraire. On note une quasi indifférence des services de maintien de
l'ordre qui sont censés protéger les biens et les personnes. Et
de surcroit une inertie des services déconcentrés du
ministère de la santé publique qui ont pour mission de mettre en
valeur l'arrêté ministériel interdisant la vente illicite
des médicaments dans la rue en générale et celle des
médicaments dopants en particulier à Maroua. De ce fait, la lutte
efficace contre la consommation de ces produits se pose avec acuité, car
on ne le dira jamais assez, «la jeunesse est le fer de lance de la
nation».
Ø La
théorie des lieux centraux de Walter Christaller dans la localisation
des points de vente des médicaments dopants à Maroua
Cette théorie a été
développée par beaucoup d'auteurs. Celui qui met le plus en
exergue ce travail est le géographe allemand Walter Christaller (1933)
publie : « Die Zentralen Orte in suddeutschland » qui veut dire les
lieux centraux dans le sud de l'Allemagne. Il appela son modèle, le
modèle christallérien. Ce modèle réduit l'espace
géographique à un « espace homogène ».
C'est-à-dire à un espace où on se déplace de
manière identique et à la même vitesse dans toutes les
directions et dans lequel les formes géométriques
régulières se déduisent les unes des autres. Ce
modèle fonctionne aussi sans tenir compte des comportements
socioculturels et psychologiques des populations.
Les producteurs et les consommateurs font des choix
rationnels et se déplacent de la manière la plus
économique. Ce modèle permettrait alors de déduire qu'en
théorie, les villes dans lesquelles vivent les populations s'organisent
en vertu de trois principes souvent appelés logiques à savoir :
-Le principe du marché : ce principe est sensé
résulter de la loi économique de l'offre et de la demande. Une
ville est considérée comme un lieu de création et de
consommation des richesses. Il en résulte une concentration, une
accumulation et une convergence de la population. Plus une ville offre des
biens et services, plus son aire d'influence en tant que « lieu »
central est étendue.
-Le principe de transport : ce principe est sensé
résulter de la recherche de l'économie dans les
déplacements entre les lieux centraux.
-Le principe administratif : ce principe est sensé
résulter d'une organisation spatiale pyramidale de lieux centraux
secondaires autour d'un lieu central principal. Cet auteur situe les lieux
centraux secondaires à une distance du lieu central principal sur les
sommets de l'hexagone.
Ø La
théorie de l'auto-organisation de Damienne Provitolo dans la
maîtrise des circuits de vente à Maroua
Comme la précédente, cette théorie a
été développée par beaucoup d'auteurs. Mais celle
qui a le plus marquée est la théorie de Damienne Provitolo qui a
démontré que l'organisation interne d'un système
dépend de la capacité des éléments de ce
système à s'organiser d'eux-mêmes ou à produire et
maintenir une structure à l'échelle du système sans
intervention ou sans être dirigé par un agent extérieur.
Cette théorie démontre la capacité du
pouvoir public et de la société civile de la ville de Maroua de
se mettre en oeuvre pour que le système qui permet la production, le
ravitaillement, la commercialisation et la consommation de ces
stupéfiants soit bloqué d'une part et moraliser ces acteurs
d'autre part par des sanctions.
Ø La
théorie de la localisation de Von Thünen dans la localisation des
grossistes à Maroua
Même si certains chercheurs plus anciens devraient
recevoir quelques crédits, c'est surtout avec Johann Heinrich Von
Thünen qu'on peut situer la naissance de cette théorie en 1826. En
effet, elle s'intéresse à la localisation géographique des
activités économiques et répond à la question
suivante : Quelles activités économiques se localisent où
et pourquoi ?
Elle se base principalement sur la théorie
microéconomique, notamment sur l'hypothèse que ces acteurs
économiques agissent dans leur propre intérêt. Cette
théorie dans cette étude permettra aux autorités
responsables de la santé publique dans la ville de Maroua de localiser
plus facilement les différents secteurs de vente de ces produits. Ces
responsables pourront donc avoir une meilleure visibilité et
lisibilité des activités qui s'y déroulent dans et autour
des marchés central et abattoir ; et par là organiser des
campagnes de sensibilisation en direction des jeunes sur les
conséquences de la drogue dans l'organisme.
Toutefois, parmi les théories sus
évoquées, ce travail s'est basé beaucoup plus sur la
théorie du probabilisme car, nous avons constaté que la
consommation des médicaments dopants de contrebande n'était pas
propagée par le passé. Mais, de nos jours elle est devenue un
fléau contre lequel les autorités administratives et sanitaires
de la ville de Maroua se battent sans cesse. Ainsi, si l'on remet les
mêmes conditions de contrôle de la qualité des
médicaments vendus, la saisie et la destruction des médicaments
dopants de contrebande, l'on peut alors espérer voir la réduction
de la consommation des dits médicaments, mieux encore la disparition des
médicaments de la rue en générale et des
médicaments dopants en particulier.
IX.
Cadre méthodologique
Ce travail a été mené en utilisant
essentiellement la méthode des sciences humaines et sociales dans
l'analyse des faits socialement observables. Mais aussi dans
l'élaboration des plans ou des stratégies de lutte contre la
contrebande des médicaments dopants et contre la toxicomanie
médicamenteuse. Dans ce cadre méthodologique, deux types de
données ont été recensé à savoir : les
données secondaires et les données primaires.
IX.1.
La technique d'échantillonnage par boule de neige
La technique choisit est l'échantillonnage par boule
de neige. En effet, conscients des difficultés à trouver les
sujets de l'enquête parce qu'ils constituent une population minoritaire
et une catégorie sociale bien précise à savoir les
drogués, cette méthode s'est avérée utile. Le
principe des contacts personnels a permit de retracer les sujets
recherchés. Ici, il s'est agi de constituer un réseau permettant
de trouver les répondants au fur et à mesure de la progression de
l'enquête. Cependant, cette technique d'échantillonnage contient
plusieurs contraintes. La principale contrainte liée à cette
méthode est la difficulté d'avoir un entretien avec
l'enquêté qui pense être en danger s'il répond au
questionnaire qui lui est exposé. Toutefois une autre contrainte
liée à l'utilisation de cette technique est la difficulté
d'entrer en contact direct avec le sujet pour une prise de photo. Pour se
faire, une collaboration avec le voisinage de l'enquêté
était nécessaire.
Ainsi, dans le but de produire ce travail, 100 vendeurs de
médicaments (grossistes, semi-grossistes, détaillants, vendeurs
ambulants) ont été choisi pour répondre aux
questionnaires. 50 consommateurs ont également été
enquêtés. Les sites d'enquête étant bien
défini au préalable, et en fonction de la concentration du nombre
de vendeurs de médicaments de la rue ont été
observé. Ce qui a permis de produire les tableaux, les figures, les
cartes et de faire la localisation des zones d'étude tout en faisant les
commentaires adéquats.
IX.2.La collecte des données
Il s'agit ici des données secondaires et primaires.
IX.2.1. Les données
secondaires
Ce sont les données documentaires permettant de
connaitre les travaux déjà réalisés afin de les
exploiter. Elles ont également permis d'orienter ce travail. Il s'agit
ainsi des :
Ø Documents sur support papier (articles, journaux,
livres, mémoires et biens d'autres) ;
Ø Documents en version numérique (article,
journaux, livres, mémoires, documentaires, vidéo...)
Pour avoir accès à ces documents, une descente
dans les bibliothèques du centre de documentation, du département
de géographie de l'école normale supérieure de Maroua, la
bibliothèque du Mission de Développement des Monts Mandara
(MIDIMA) a été faite. Les rapports et les archives à la
Délégation Régionale des Affaires Sociales de Maroua ont
aussi été consultés. Toutefois, la consultation de
l'internet a été également d'un grand apport.
IX.2.2. Les données
primaires
Il s'agit des observations faites directement sur le terrain
qui permettent de s'imprégner de la situation et de la
problématique de la consommation des psychotropes de contrebande dans la
ville de Maroua. Ainsi, Ces observations ont également permis de
décrire et de caractériser les faits liés à la
toxicomanie médicamenteuse rencontrés dans les rues de la ville
de Maroua.
La collecte des données primaires sur le terrain
à consister à :
Faire des enquêtes sur le terrain à travers un
questionnaire sur lequel sont posées des questions principalement dans
le but de connaitre le lieu d'approvisionnement ; lieu
d'activité ; le sexe ; l'âge ; le niveau
d'études ; et connaitre le produit et la quantité
consommée ; connaitre les raisons de la consommation ; les
sensations après avoir consommé ces médicaments.
Des entretiens directs ou semi-structurés avec divers
acteurs : partant des vendeurs grossistes de ces médicaments
jusqu'aux petits détaillants afin d'avoir d'amples informations sur ce
trafic qui d'après eux les rapporte beaucoup d'argent. Des entretiens
ont été passés avec les professionnels de la santé
pour savoir s'ils collaborent avec les acteurs de la contrebande des
médicaments dopants et de savoir également les effets
néfastes de ces médicaments sur la santé humaine à
long ou court termes.
Les levés Global Positioning System (GPS) ont permis
de localiser la zone d'étude et les points de vente des
médicaments de contrebande dans les marchés, ce qui a permis de
réaliser les cartes.
IX.3.
Le traitement et analyse des données
IX.3.1. Traitement des
données
Le traitement des données s'est fait de deux
façons, un traitement manuel et un traitement informatique :
Ø Le traitement manuel porte sur le
dépouillement des informations obtenues sur le terrain ; il s'agit des
données recueillies sur les consommations des médicaments
à des fins dopants tels que le tramol.
Ø Pour le traitement informatique les logiciels
utilises sont :
· Spss pour le montage de la base de données
des informations recueillies sur le terrain
· Excel pour le montage des tableaux statistiques et des
figures
· Words pour la saisie et le traitement de texte
· MapInfo a permis de réaliser les cartes.
IX.3.2. Analyse des
données
L'analyse des données se fait selon plusieurs
méthodes :
Les méthodes d'étude et d'évaluation de
l'enjeu/impact : une approche rétrospective faisant état des
dégâts enregistrés suites à la consommation abusive
et répétée des médicaments dopants et à une
approche prospective faisant ressortir les différents impacts de la
toxicomanie médicamenteuse, ainsi que leurs caractéristiques sur
la santé des consommateurs.
Les méthodes des statistiques descriptives et
observation pour caractériser le phénomène de la
contrebande des médicaments dopants ;
A travers les coordonnées géographiques issues
des levées GPS plusieurs cartes ont été
réalisées et analysées.
X.
Intérêt de l'étude
Ce thème regorge un nombre important
d'intérêts qui méritent d'être évoqués
à savoir l'intérêt scientifique, économique,
géopolitique et social.
X.1.
Intérêt scientifique
Etant donné que l'augmentation de l'espérance
de vie due à l'évolution de la médecine est au centre de
toute préoccupation de l'Etat du Cameroun pour la population de Maroua
en particulier, il n'est pas possible de rester muets devant un tel
phénomène en tant que jeune chercheur, dans la mesure où
les médicaments dopants de contrebande non seulement envahissent les
marchés mais aussi mettent la santé des jeunes en péril.
De ce fait, ce travail constitue une contribution modeste soit-elle dans la
présentation des effets de la vente des médicaments de la rue en
générale et de la toxicomanie médicamenteuse en
particulier. Ce thème apporte également une contribution au
Ministère de la Sante Publique des stratégies de lutte contre les
médicaments de la rue et contre la toxicomanie médicamenteuse.
X.2.
Intérêt économique
La prolifération des activités de la
contrebande apporte d'énormes conséquences sur l'économie
camerounaise. Ainsi, la présente étude a le mérite
d'amener les pouvoirs publics à prendre des mesures importantes sur
l'ampleur du phénomène. D'autre part, elle met à la
disposition de tous les chercheurs désireux de s'intéresser
à l'économie parallèle en générale et
à la contrebande en particulier comme des pistes de recherche. Ce
mémoire se met aussi au service de la lutte contre la fraude, en ce sens
qu'il permet de prendre conscience des effets de celle-ci sur l'économie
de la région de l'Extrême-Nord. Ceci permet de voir les
dispositifs en termes de moyens et techniques utilisés pour lutter
contre ce fléau. Bref, il s'agit de constater et d'analyser l'incidence
de la contrebande des médicaments dopants sur l'économie de la
ville de Maroua.
X.3.
Intérêt géopolitique
Compte tenu des échanges commerciaux que le Cameroun
entretient avec ses pays voisins, et particulièrement le Nigeria avec
qui, il partage une longue frontière ; on constate que le Cameroun
ne contrôle pas de façon entière toutes sa
frontière. Car les produits de nature douteuse en provenance du
Nigéria et d'autres pays voisins entrent chaque jour dans notre pays
mettant ainsi en péril la santé des populations. En outre, il est
important de connaitre le rôle de la douane camerounaise dans la mesure
où les postes de douane sont des postes stratégiques pour la
sécurité de l'Etat. Mais le constat fait est tel que ces produits
dopants nocifs à la santé des consommateurs traversent ces postes
sous le regard impuissant et parfois avec la complicité des
autorités douanières.
X.4.
Intérêt social
Sur le plan social, les résultats issus de l'analyse
de l'impact de la consommation des produits dopants pourront servir à la
population de la ville de Maroua d'outils d'aide à la conscientisation
des masses de jeunes. Mais, aussi dans la lutte contre
l'insécurité, car ces produits mettent le consommateur dans un
état second et devient un danger pour la société. A cet
effet, à travers ce thème il faudrait comprendre les motivations
et les conséquences de la contrebande des médicaments dopants
dans la ville de Maroua.
XI.
Plan de travail
Pour mener à bien cette étude, ce travail a
été articulé autour de quatre chapitres. Le premier
chapitre porte sur la contrebande des médicaments dopants dans la ville
de Maroua. Le deuxième chapitre de ce travail met en exergue la
distribution des médicaments dopants de contrebande dans la ville de
Maroua. Le troisième chapitre quant à lui analyse les risques
sanitaires liés à l'utilisation des médicaments dopants.
Enfin, le quatrième chapitre fait quelques suggestions pour lutte contre
la contrebande des médicaments de la rue en général et les
médicaments dopants en particulier.
Chapitre 1. Facteurs de la
contrebande et de la consommation des médicaments dopants à
Maroua
Introduction
Les fortes contraintes économiques des années
1980 qui s'accompagnèrent d'une diminution importante des emplois, ont
vu apparaître l'émergence simultanée d'une économie
informelle devenue prédominante au début des années 1990
(en nombre de salariés). Parallèlement le secteur de la
santé a connu des années difficiles avec des importations
insuffisantes de médicaments, les baisses de salaire ont diminué
la qualité des services et le médicament est devenu de plus en
plus inaccessible (trop cher ou indisponible) (Kengne, 1988). Ainsi, dans le
contexte de cette pénurie, les commerçants du secteur informel
ont commencé à vendre des médicaments, exerçant
ainsi une pression concurrentielle sur les pharmacies officielles. Les prix
sont devenus rapidement plus intéressants dans la rue que dans les
pharmacies, et la débrouillardise des acteurs informels (contrebande,
arrangements) a rendu les « médicaments de la rue » plus
disponibles que les médicaments du secteur formel. C'est dans ce
contexte que l'utilisation des médicaments dopants s'est rependue dans
la ville de Maroua. Ainsi, plusieurs facteurs participent à la
vulgarisation et à la consommation des médicaments dopants de
contrebande dans la ville de Maroua à travers une multitude de
méthodes.
1.1. Facteurs du
développement de la contrebande des produits dopants à Maroua
La contrebande des médicaments entre
l'Extrême-Nord Cameroun et le Nigéria est soutenue par un certain
nombre de facteurs qui facilitent non seulement la contrebande des
médicaments dopants, mais aussi un grand nombre de produits qui rentrent
au Cameroun en général et dans la ville de Maroua en particulier
de façon illicite. A cet effet, les taxes et droits de douane
étant faibles ou inexistants au Nigéria, et élevés
au Cameroun, les deux pays n'ont pas la même politique dans ce domaine.
Il en résulte donc des différences de prix considérables,
pouvant aller du simple au double pour les produits industriels et les
marchandises importée (Hallaire, 1983). Une telle situation favorise
évidemment la contrebande que les multiples postes douaniers camerounais
sont impuissants à enrayer totalement.
1.1.1. Porosité des
frontières entre le nord Cameroun et le nord du Nigeria
La crise économique de 1980 a perturbé le
fonctionnement économique de l'Etat. Son aggravation a bouleversé
le mode de vie des camerounais. Avant cette crise, il était rare de voir
des camerounais pratiquer des activités commerciales informelles. De nos
jours, ils sont nombreux à pratiquer ces activités ; c'est le cas
de la vente des médicaments de la rue qui tire ses origines dans le
manque d'emploi et la pauvreté. Du fait du caractère illicite de
cette activité, afin d'éviter tout contrôle douanier et
policier, les vendeurs emploient des méthodes performantes pour faire
acheminer à l'intérieur du Cameroun, les médicaments
nigérians transitant par l'espace Banki-Amchidé (Yadang, 2005).
En plus de cela, ce qui favorise l'entrée des produits nigérians
dans les villes septentrionales en général et à Maroua en
particulier, c'est sa proximité avec ce pays. En effet, du fait
notamment de la porosité des frontières, les marchandises
échangées entre le Cameroun et ses voisins échappent
à la surveillance des services douaniers, notamment les produits
pharmaceutiques contribuant fortement à l'intensification des
échanges transfrontaliers avec le Cameroun.
1.1.2.
Utilisation limitée des voies principales dans la pratique de la
contrebande
Le long des voies principales, on retrouve des
contrôles de la douane et de la police. Elles débouchent
directement sur le marché d'Amchidé et assurant un très
bon contact entre Amchidé et les autres localités
septentrionales. Mais du fait de leur surveillance, elles sont peu
empruntées par les contrebandiers qui ont pour activité la vente
illicite et le commerce clandestin des marchandises issues de la contrebande.
D'après le commandant de subdivision commerciale des douanes, les
routes officielles qui lient l'Extrême-Nord à Amchidé sont
:
Ø L'axe
Ngaoundéré-Garoua-Maroua-Mora-Limani-Amchidé;
Ø L'axe
Yagoua-Kaélé-Maroua-Mora-Limani-Amchidé;
Ø L'axe Mubi-
Garoua-Maroua-Mora-Limani-Amchidé.
Outre les routes officielles, de nombreuses voies permettent
l'entrée au Nord Cameroun des produits venant du Nord du
Nigéria.
1.1.3.
Utilisation des voies non officielles dans la pratique de la contrebande des
médicaments dopants
Ces voies sont plus utilisées par les vendeurs de
médicaments de la rue qui cherchent à éviter les
contrôles douaniers et policiers. D'après les grossistes du
marché central, ces voies sont des routes qui apparaissent et
disparaissent au jour le jour. Ils soulignent que quand une piste n'est pas
encore sous le contrôle des forces de l'ordre, elle est empruntée,
mais lorsqu'elle est découverte par les forces de l'ordre,
immédiatement une autre piste est créée par les
clandestins avec l'aide des populations. Raison pour laquelle leur surveillance
échappe le plus à la douane puisqu'elles sont difficilement
accessibles et irrépérables. De plus en plus, elles sont
truffées d'obstacles et d'embuscades qui rendent difficile la poursuite
des clandestins et la saisie de leurs marchandises. C'est ainsi que les
médicaments entrent au Nord-Cameroun en général et
inondent les rues de la ville de Maroua en particulier. La demande grandissante
en médicaments sur les marchés camerounais amène de
nombreux clandestins et vendeurs à se lancer dans le commerce de ces
produits. Toutefois, au vue des multiples produits dopants vendus dans les rues
de la ville, la question qui se pose est celle de savoir si les multiples
activités du secteur informel n'encouragent pas la contrebande de ces
produits.
1.1.4. Prolifération des
activités informelles et consommation des médicaments dopants de
contrebande à Maroua
Maroua enregistre un très grand nombre
d'activités qui exigent beaucoup d'effort physique. En effet, suite aux
effets néfastes de la crise économique, on assiste à une
multitude de petits métiers, qui relèvent pour la plupart du
secteur informel. Véritable refuge des pauvres, ce secteur recouvre des
activités qui permettent tout juste d'assurer la subsistance pour mieux
s'insérer dans le nouveau contexte économique et de subvenir
à ses besoins. Il s'agit des tailleurs, des blanchisseurs, des «
call boxeurs », des pousseurs, des chargeurs, des maçons, des
porteurs d'eau. Ainsi donc, dans la ville de Maroua, on enregistre un grand
nombre d'activités informelles qui amènent les pratiquants
à consommer la drogue. Parmi lesquelles les chargeurs et
déchargeurs. Ils sont une catégorie socioprofessionnelle
fortement sollicitée par les commerçants au regard du nombre
accru des camions contenant des marchandises qui entrent dans la ville de
Maroua chaque jour. Généralement situés en berges des
mayo, les fabricants des parpaings n'en restent pas moins. En effet, dans le
but de réaliser de gros bénéfices, les maçons
consomment le tramol pour avoir la force de travailler le plus longtemps
possible pendant la journée. Il y'a aussi les mototaxi mans.
Communément appelés « clando », certains
d'entre eux avouent utiliser le tramol pour travailler toute la journée,
afin d'avoir la recette. Comme ceux cités préalablement, les
pousseurs utilisent également la drogue. Il a été
constaté que ces derniers portent des charges très lourdes pour
les amener d'un lieu à un autre. Ainsi, cette activité qui
demande beaucoup de force physique est pratiquée par bon nombre de
personnes à Maroua ; ce qui les amène donc à utiliser
les drogues telles que le tramol pour être en forme (planche 1).
A
B
Cliché : Djomo, mars 2016.
D
C
Planche 1. Quelques
activités nécessitant les efforts physiques à
Maroua
La planche 1 regroupe les
chargeurs et déchargeurs (A), les maçons (B), les mototaxi mans
(C) et les pousseurs (D). Il s'agit là de quelques activités du
secteur informel nécessitant des efforts physiques pour être
effectuées.
Dans la photo (A), les chargeurs et déchargeurs font
usage de leur force physique pour charger et décharger au maximum un
nombre de sacs tels que les sacs de riz, de ciment, de cartons d'huile, de
farine et d'orange. Car, la paie se fait en fonction du nombre de sacs
chargés ou déchargés par jour. C'est dans cette optique
qu'un chargeur explique : « Je suis
obligé de consommer du tramol pour éradiquer la fatigue, afin de
pouvoir travailler toute la journée dans le but de gagner une somme
d'argent considérable me permettant de nourrir ma famille ».
Les chargeurs et déchargeurs ne sont pas les seuls à utiliser le
tramol pour pouvoir travail toute la journée.
La photo (B) indique directement que la fabrique de ces
parpaings se passe aux berges du mayo. Ici, les tas de sable se trouvent
çà et là. On constate donc que ces derniers sortent
directement du mayo. Sous un soleil ardent, on voit deux maçons en
pleine oeuvre assistés par leurs collaborateurs. D'après leurs
déclarations, ces maçons font usage du tramol dans la pratique
de leur activité. Une autre catégorie du secteur informel ayant
un lien avec l'utilisation du tramol est celle des mototaxi mans.
D'après la photo (C), à première vu le
marché est vide lorsqu'on connait le degré d'embrouillage
habituel. On constate donc que le manque de client entraine une baisse du
revenu journalier. Par conséquent, il va falloir beaucoup plus
d'endurance pour travailler toute la journée, afin de couvrir la recette
journalière d'où la consommation du tramol. La prise du tramol
fait donc partie de leur pain quotidien dans la mesure où ce produit
leur permet d'éradiquer la fatigue. Comme les mototaxi mans, les
pousseurs utilisent également ce type de produits pour leur permettre de
vaincre la fatigue.
La pratique des pousseurs (photo D) amène à
confirmer leurs déclarations selon lesquelles avoir la force physique
pour transporter autant de sac à plusieurs reprises des magasins vers
les boutiques et vice versa nécessite automatiquement la consommation
des produits dopants de contrebande tels que le tramol. En dehors des facteurs
nous avons également les méthodes employées par les
contrebandiers pour acheminer les médicaments dopants dans la ville de
Maroua.
1.1.5. Méthodes
employées par les contrebandiers pour acheminer les médicaments
à Maroua
Etant donné que les frontières et les voies
terrestres sont sur la surveillance des forces de l'ordre, les acteurs,
craignant d'être saisis avec les médicaments ont mis en place des
méthodes pour faciliter leur entrée au Cameroun. Selon Yadang
(2005 :20), « comme stratégies mises en place par les vendeurs de
médicaments de la rue nous pouvons citer : la corruption avec les agents
de contrôle, le camouflage des médicaments parmi les produits
formels et l'emprunt régulier des pistes inconnues par les agents de
surveillance ». Ce sont les stratégies d'importation des
médicaments venant du Nigéria dans les villes septentrionales en
général et à Maroua en particulier.
1.1.2.1. Corruption des agents de
contrôle au niveau des frontières
Les agents de contrôle au niveau des frontières
entre le Cameroun et le Nigéria ne font pas bien leur contrôle de
la nature de toutes les marchandises qui entrent dans le pays. Cependant,
nonobstant leur présence au niveau des frontières on note la
présence d'importante quantité de ces médicaments dans les
marchés notamment au marché central de Maroua où il existe
de grands magasins dans lesquels ces médicaments sont stockés et
vendus au vu et au su de tous et en toute impunité. C'est le cas des
magasins BD137, BO52, BAO22, MO37 visités lors des enquêtes sur le
terrain. Aussi, dans le cas de cette suspicion certains grossistes ont
avoués qu'ils achètent leurs médicaments aux
Nigéria et les acheminent à Maroua sans aucun obstacle douanier
(Tableau II). C'est d'ailleurs ce que Biena et al.,(2010) ont
confirmé :
Certains commerçants ne fuient pas les contrôles
de douane et de police car ils sont en contact permanent avec ceux-ci. Le fait
de fuir les douaniers pour emprunter les voies inconnues, parfois d'état
douteux peut leur causer des accidents avec des pertes de marchandises. Alors,
ils font des arrangements avec les policiers ou les douaniers. Ces derniers,
une fois le pourboire perçu, les laissent faire leur route.
Tableau II. Origines des
médicaments dopants vendus à Maroua
Origine des médicaments
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Marché/grossistes
|
88
|
88%
|
Délégués médicaux
|
1
|
1%
|
Nigéria
|
11
|
11%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : enquêtes sur le terrain,
mars 2016.
Le tableau II présente l'origine des
médicaments vendus par les grossistes aux autres vendeurs. A cet effet,
on compte 12 grossistes dans notre échantillon. 11 des 12 grossistes se
ravitaillent directement au Nigéria tandis qu'un grossiste de ces 12
déclare se ravitailler auprès des délégués
médicaux. Ainsi, le reste des 88% englobe les vendeurs
détaillants et les vendeurs ambulants ; qui à leur tour se
ravitaillent auprès des 12 grossistes. Une autre méthode est
développée par les grossistes, c'est le camouflage des produits
dans les articles formels.
1.1.2.2. Produits dopants et
camouflage aux contrôles douaniers
L'entretien avec le commandant des douanes de Maroua a permis
de comprendre que, pour acheminer les médicaments dopants jusqu'à
bon port, les commerçants sont aidés par les transporteurs des
marchandises de différente nature, afin de tromper facilement la
vigilance des agents de la douane en camouflant ces médicaments parmi
les articles officiellement achetés sur le marché du
Nigéria. Une fois devant les barrières de surveillance, ils
montrent seulement les factures de dédouanement des produits formels.
Les agents de contrôle au regard de ces quittances ne prennent plus la
peine de fouiller le véhicule qui transporte également les
médicaments dopants. C'est ainsi que les produits pharmaceutiques de
qualité douteuse achetés au Nigéria sont acheminés
sans problème et en grande quantité dans les villes Camerounaises
en général et à Maroua en particulier. Cependant, c'est
par hasard que certains produits sont rarement découverts par les forces
de l'ordre procédant ainsi à des saisies et à l'amendement
du propriétaire. Mais, d'autres empruntent les pistes inconnues.
1.1.2.3. Emprunt régulier
de pistes inconnues par les médicaments dopants dans la ville de
Maroua
D'après les propos du commandant de douane de Maroua,
la frontière entre le Nigéria et le Cameroun étant
poreuse, on dénombre ainsi un grand nombre de pistes inconnues ou non
officielles. Celles-ci sont empruntées pour échapper au
contrôle. Les commerçants de ces produits délaissent les
voies officielles et empruntent des pistes inconnues par les agents de
surveillance. Leur maîtrise échappe aux agents douaniers et
policiers. C'est ainsi que les vendeurs à voiture, à moto, et
à vélo transportent plusieurs produits (médicaments,
carburants, huile de moteur, pagnes...) et passent inaperçus à
travers la frontière. La ville de Maroua connait depuis les
années 1980 une croissance progressive en terme de médicaments
car, elle est une ville qui connait constamment des endémies de
paludisme et de cholera. Cependant, les contrebandiers ont des
itinéraires bien spécifiques qu'ils empruntent dans
l'acheminement de leurs marchandises à Maroua. Cependant, la
consommation des médicaments dopants de contrebande dans la ville de
Maroua amène à faire l'analyse des facteurs qui concourent
à la prolifération de la consommation abusive de ces
médicaments.
1.1.3.
Facteurs favorisant la consommation des médicaments dopants dans la
ville de Maroua
La consommation abusive des médicaments dopants ou la
toxicomanie médicamenteuse est un phénomène en pleine
expansion dans la ville de Maroua. L'expansion rapide de ce
phénomène est due à la conjugaison de plusieurs facteurs
qui facilitent et accroissent le nombre de personnes consommant des produits
dopants. Ainsi, la toxicomanie médicamenteuse dans la ville de Maroua
est progressivement devenue un problème de santé publique
encouragé par le faible niveau des consommateurs, la pauvreté et
le non application des autorités sanitaires, communales et
administratives.
1.1.3.1. Faible niveau de scolarisation des consommateurs des
médicaments dopants de contrebande à Maroua
Les consommateurs des médicaments dopants ont un
faible niveau de scolarisation. A cet effet, le tableau III fait un
récapitulatif des consommateurs de ces produits et de leur niveau de
scolarisation.
Tableau III. Niveau
scolaire des consommateurs des médicaments dopants de contrebande
à Maroua
Niveau scolaire
|
Nombres
|
Pourcentage
|
Aucun
|
19
|
38%
|
Coranique
|
6
|
12%
|
Primaire
|
12
|
24%
|
Secondaire
|
11
|
22%
|
Supérieur
|
2
|
4%
|
Total
|
50
|
100%
|
Source :
Enquêtes de terrain, mars 2016.
Le tableau III permet d'avoir des informations sur le niveau
scolaire réel des consommateurs dans la ville de Maroua. Ainsi, le
faible niveau scolaire des consommateurs devient un facteur qui encourage la
consommation des produits dopants dans la ville de Maroua dans la mesure
où la plus part d'entre eux ne savent même pas lire ni
écrire (38%). Par rapport à ceux qui ont fait le niveau primaire
(24%), secondaire (22%) et supérieure (4%). C'est pourquoi ils ne savent
pas que ces médicaments constituent un danger pour leur santé.
Ainsi, à cause donc de cette ignorance, les nombreux consommateurs
rencontrés dans les différents quartiers de Maroua ne sont pas au
courant du fait que leurs vies sont en danger à cause du dosage des
comprimés qu'ils avalent, soit 10 à 20 comprimés de tramol
de 225mg /jour. Alors, le faible niveau scolaire des consommateurs constitue
donc un véritable facteur d'augmentation de la toxicomanie
médicamenteuse. Par ailleurs, d'autres facteurs tels que la
pauvreté s'associe à facteur pour favoriser accroitre le nombre
de consommateur des produits dopants.
1.1.3.2. Faible revenu des consommateurs des
médicaments dopants dans la ville de Maroua
Les données issues des enquêtes de terrain ont
permis de comprendre que 90% des consommateurs des médicaments dopants
de contrebande dans la ville de Maroua ont un revenu bas. C'est donc la
recherche des moyens leurs permettant de joindre les deux bouts qui pousse 52%
d'entre à consommer le tramol qui les aide au renforcement de leur
capacité physiques pour travailler plus longtemps. D'après le
rapport de l'INS, la région de l'Extrême-Nord est celle qui
enregistre le plus grand nombre de personnes vivant en dessous du seuil de
pauvreté. Le seuil de pauvreté est entendu ici comme « le
niveau de revenu en-deçà duquel il est impossible de s'offrir le
panier minimum de consommation ». C'est-à-dire un revenu qui ne
permet pas à l'individu d'avoir une alimentation journalière
adaptée du point de vue nutritionnel et de pouvoir satisfaire à
ses besoins de base non alimentaire. Au Cameroun, ce seuil de pauvreté
est établi pour l'année 2014 à 339 715f CFA par
adulte et par an. Ce qui revient à 28 310f CFA par mois soit 931f
CFA par jour (INS, 2014). Ainsi, à cause de cette pauvreté, dans
la ville de Maroua, certaines personnes se sont lancées dans la pratique
des petits métiers afin d'avoir leur pain quotidien familial. Ces
dernières ce sont donc tournées vers la pratique des
activités telles que la fabrique des parpaings, l'exploitation du sable,
pousseurs et prostitutions qui les amènent à consommer soit le
diazépam, soit le tramol ou alors le viagra.
A partir de ce qui précède, il devient ainsi
évident que la pauvreté constitue un facteur qui encourage ou qui
augmente considérablement le taux de consommateurs des produits dopants
dans la ville de Maroua. Cependant, il y'a également le non implication
des autorités sanitaires dans la lutte contre la vente illicite des
médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua.
1.1.3.3. Non implication des autorités sanitaires,
communales et administratives dans la consommation des médicaments
dopants
Les autorités sanitaires de la ville de Maroua sont
quasiment absentes dans la lutte contre la vente illicite des
médicaments des médicaments dopants de contrebande. En effet,
lors des recherches sur le terrain, dans le but de savoir si les vendeurs des
médicaments sont souvent inquiétés par le problème
des saisies de leurs médicaments par les autorités sanitaires.
Ainsi, l'on note un désintérêt des acteurs chargés
organiser la médecine à Maroua. Le délégué
de la santé publique de la Région de l'Extrême-Nord
installé à Maroua ne prend pas des initiatives d'assainissement
ou de contrôle de la nature des médicaments vendus dans les rues
de cette ville.
Les autorités communales et administratives ont
également leur part de responsabilité dans la
prolifération de la consommation des médicaments dopants dans la
ville de Maroua. En effet, les grossistes qui vendent ces médicaments de
contrebande à Maroua sont enregistrés comme étant des
commerçants licites car, ils occupent plusieurs boutiques au
marché central ayant des numéros enregistrés par la
communauté urbaine telles que BD137, BO52 DB052. Or c'est dans ces
mêmes magasins qu'ils cachent leurs produits. Aussi, pour avoir
l'autorisation de mener nos enquêtes auprès d'eux, ils ont
exigés d'aller voir le chef du marché afin qu'il leur rassure que
les questionnaires ne seront utilisés qu'à des fins
académiques. Ce qui implique davantage que ces autorités sont au
courant de la vente illicite des produits dopants de contrebande vu la
hiérarchie établie pour réguler le fonctionnement des
activités dans ce marché.
Au regard de l'ensemble des facteurs (faible niveau de
scolarisation, pauvreté, laxisme des autorités sanitaires,
communales et administratives) précédemment relevés et
d'analysés, il parait donc évident que le laxisme des
autorités sanitaires, communales et administratives nous ont conduit
à la situation dans laquelle on se retrouve aujourd'hui. Or la
pénalisation des acteurs de distributions des médicaments dopants
de contrebande aurait aidé à faire disparaitre ce fléau
dans la ville de Maroua. Ainsi, l'association de ces différents
disfonctionnements conduit la ville de Maroua à une situation de crise
car la santé des jeunes consommateurs est menacée par la ces
médicaments.
Conclusion
La contrebande des médicaments dopants dans la ville
de Maroua est un trafic en pleine expansion. Ce trafic est soutenu par un
certain nombre de facteurs qui favorisent son développement. Comme
facteurs facilitant la contrebande des médicaments dopants à
Maroua, on note la proximité et la porosité des frontières
entre le Cameroun et le Nigéria qui est le lieu d'approvisionnement,
l'utilisation limitée des voies principales et l'utilisation des voies
non officielles. Les contrebandiers bénéficient ainsi de ces
avantages pour mettre en place des méthodes dans le but d'acheminer
à bien les médicaments dopants à Maroua telles que la
corruption des agents de contrôle au niveau des frontières, le
camouflage de leurs produits dans les marchandises de nature licite et
l'emprunt régulier des pistes inconnues. Comme facteurs favorisant la
consommation des médicaments dopants dans la ville de Maroua, on a
principalement le faible niveau scolaire et le faible revenu des consommateurs,
le tout accompagné du non implication des autorités sanitaires
dans la lutte contre ce trafic. Cependant comment s'organisent le circuit et la
distribution de ces médicaments depuis l'Asie pour l'Afrique,
notamment au Cameroun et plus précisément dans la ville de Maroua
?
Chapitre 2. Distribution
des médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua
Introduction
La contrebande des médicaments dans la ville de Maroua
est un phénomène concret qui déroule dans la ville de
Maroua. Ces médicaments qui sont entrés frauduleusement au
Cameroun viennent du Nigeria. Etant la principale source d'approvisionnement de
ses pays voisins, le Nigéria est un pays qui, au fil du temps à
développer le marché de l'industrie pharmaceutique. Cependant,
malgré la présence de quelques industries pharmaceutiques
locales, les médicaments retrouvés au Nigéria trouvent
leur origine principalement en Chine et en Inde car, ces deux pays sont
identifiés comme étant les sources d'approvisionnement des
médicaments frauduleux dans le monde. A cet effet, les importations de
médicaments en Afrique de l'Ouest ont augmenté de manière
spectaculaire ces dernières années, et leur valeur a plus que
triplé entre 2004 et 2010 (UNODC, 2010). Une fois sur le marché
Nigérian, ces médicaments sont aussi distribués dans de
nombreuses régions africaines telles qu'en Afrique Centrale, notamment
au Cameroun. Jadis, ces médicaments étaient en transit par la
frontière Banki-Amchidé ; mais aujourd'hui avec
l'insécurité causée par la secte Boko-Haram qui a
déstabilisée et même paralysée cette zone, les
contrebandiers utilisent désormais la frontière Garoua-Jimeta
pour amener leurs produits à Maroua. Dans ce chapitre donc, il sera
question de présenter le circuit et le flux des médicaments
dopants depuis l'Asie pour l'Afrique, notamment au Cameroun et plus
précisément dans la ville de Maroua. Nous allons également
présenter les facteurs et les acteurs de la vente illicite de ces
médicaments.
2.1.
Circuit et flux des médicaments dopants de contrebande de la ville de
Maroua
Il est important avant toute analyse de retracer l'origine
même de la vente des médicaments de la rue dans la ville de
Maroua. En effet, tout commence avec la crise économique des
années 1990 et la dévaluation du Franc CFA en 1994, qui ont
causé la baisse du pouvoir d'achat des populations au Cameroun en
général et à Maroua en particulier entrainant ainsi la
prolifération de l'informel dans le secteur pharmaceutique (Biena et
al., 2010). Ce secteur apparaît de nos jours comme le plus
sollicité par toutes les couches de la population. Quoi que cette
activité soit condamnée par les autorités administratives,
les lois et les règlements de chaque pays ; elle ne cesse de se
développer à un rythme sans précédent. Face
à cette situation où le gouvernement paraît impuissant, les
pharmaciens s'opposent de façon radicale à cette pratique
illicite qu'ils jugent dangereux pour la santé des populations. C'est
pourquoi, il n'est pas rare de nos jours de trouver dans les officines les
affichages portant le slogan « Les médicaments de la rue, ça
tuent ».
Les pharmaciens attirent ainsi l'attention des patients sur
les conséquences néfastes et parfois dramatiques que la vente des
médicaments dans la rue, à la sauvette etc., peuvent
entraîner. Les médicaments de la rue, un danger pour le
consommateur, cause de plusieurs paramètres dont les plus alarmants sont
d'origine douteuse de ces médicaments et l'analphabétisme des
vendeurs de ces médicaments qui, en générale n'ont subi
aucune formation dans le domaine de la médicine. Or la Loi n° 90-36
du 10 août 1990, relative à l'exercice et à l'organisation
de la profession de médecin, dans son art.17 (al.1er) du
IIIème chapitre stipule que toute personne reconnue coupable
d'exercice illégal de la profession de médecin est passible d'un
emprisonnement de six (6) jours à six (6) mois et d'une amende de 200
000 à 2.000.000 de FCFA ou de l'une de ces deux peines seulement (annexe
1). De ce fait, il est donc clair que les vendeurs des médicaments de la
rue transgressent la loi réglementant la profession de médecin.
De plus, selon les normes internationales et camerounaises des
prescriptions médicamenteuses, les médicaments doivent être
dispensés car ils sont prescrits après des consultations faites
par un médecin ou un infirmier ; or dans la rue les
médicaments sont plutôt vendus. Mais ce qui nous intéresse
dans ce travail est la vente ou l'origine des médicaments dopants de
contrebande. Parler des médicaments dopant revient à parler des
médicaments de la rue car le premier est un sous ensemble du
deuxième. La vente des médicaments dopants tout comme la vente
des médicaments de la rue est une activité condamnée par
les lois camerounaises.
Mais, compte tenu du contexte économique et des
différentes contraintes sus-évoquées, accompagnées
du manque d'emploi, il va alors se développer le marché des
médicaments dans le secteur informel. La véritable énigme
avec ces médicaments est souvent liée au nom du fabricant. A cet
effet, les enquêtes menées auprès des vendeurs de ces
médicaments d'origine douteuse nous permettent d'identifier avec
certitude que le Nigéria est la source d'approvisionnement des
médicaments de la rue dans la ville de Maroua.
2.1.1.
Nigéria principal lieu d'approvisionnement en Afrique de l'ouest et
centrale
Les enquêtes menées auprès des vendeurs
des médicaments dans la ville de Maroua nous révèlent que
88% des médicaments que l'on retrouve à Maroua viennent du
Nigeria. Cependant, le Nigéria importe également ces
médicaments vers les pays d'Asie du Sud et de l'Est (figure 2) tels que
la Chine et l'Inde (UNODC, 2010). Le Nigéria est donc une plateforme de
distribution des médicaments de contrefaçon et de contrebande
dans la sous-région Afrique de l'Ouest qui impacte négativement
sur le circuit des médicaments en Afrique centrale notamment au
Cameroun, et plus précisément dans la ville de Maroua.
Figure 2. Circuit
frauduleux des médicaments d'Asie pour l'Afrique
Réalisée et adaptée par Mohamed, avril
2016.
251557376
Source : UNODC, 2010
251556352
La figure 2 nous présente le circuit frauduleux des
médicaments de la contrebande entre l'Asie (Chine et l'Inde) et
l'Afrique. Cette carte nous retrace l'entrée frauduleuse des
médicaments depuis l'Asie vers l'Afrique notamment en Afrique de l'ouest
à partir de deux itinéraires : une partie de ces
médicaments partent de la chine et de l'inde directement à
destination de l'Afrique de l'ouest et l'autre partie part de l'Asie pour
l'Afrique de l'ouest en transitant par le moyen orient.
Parler de la contrebande des produits venant du
Nigéria, c'est aussi évoquer le peu de moyen mis sur pied par les
autorités administratives pour le contrôle de nos
frontières avec le Nigéria. Ainsi, en 1988, il y avait 17 postes
de douanes (Fodouop, 1988) et donc l'impuissance à surveiller une
frontière de 1600 km. Quant à l'Extrême-Nord, sa
perméabilité est illustrée par des centaines de
kilomètres carrossables permettant, à une population qui ne se
distingue en rien de celle du grand pays voisin, de traverser la
frontière à n'importe quel point (OCISCA, 1995). En effet, de
l'aveu des propres agents de douanes, la plus grande part du volume des
marchandises venant du Nigéria est introduite par les points de
contrôle douanier. En fait, les commerçants recherchent
systématiquement à entrer de manière clandestine par
d'autres chemins. Au contraire, en passant par les postes traditionnels de
contrôle, ils désirent obtenir, par la corruption des agents, les
documents qui leur permettront de faire entrer dans un semblant de
légalité des marchandises sous-évaluées ou de
nature différente à ce qui est déclaré. Il s'agit
donc moins de commerce clandestin de contrebande que de fraude douanière
(OCISCA, 1995). Toutefois, il est important de relever que la situation a
évolué car nous avons une augmentation considérable du
nombre de poste de douane entre le Cameroun et le Nigéria. Cependant,
les voies qui mènent au Cameroun à partir du Nigéria ne
sont pas toutes officielles ou légales (Jude Mefor, Commandant de
Subdivision Commerciale des Douanes en Service à Maroua). A cet effet,
plusieurs facteurs favorisent l'acheminement des marchandises du Nigéria
vers le Cameroun ; mais le plus important est la proximité entre le Nord
du Cameroun et le Nigéria.
De ce fait, un certain nombre de questions se
soulèvent, parmi ces questions la plus importante est celle de savoir
comment les contrebandiers font pour acheminer leurs marchandises du
Nigéria pour le Cameroun malgré, le contrôle
systématique de toutes les marchandises en direction du Cameroun. La
recherche de la réponse à cette question nous a conduit à
mener des enquêtes et des recherches supplémentaires. Du fait du
caractère illicite de cette activité, les contrebandiers
emploient plusieurs méthodes, afin d'éviter tout contrôle
douanier et policier. Les grossistes disent achetés leurs
médicaments à Kano et Mubi qui sont des villes situées au
nord du Nigéria et relativement proche du Nord Cameroun. De ce fait, les
contrebandiers empruntent les voies non officielles pour faire entrer leurs
produits au Cameroun. Cependant, c'est par hasard que certains produits sont
rarement découverts par les forces de l'ordre procédant ainsi
à des saisies et à l'amendement du propriétaire.
Toutefois, les contrebandiers ont des itinéraires bien
spécifiques qu'ils exploitent pour acheminer leurs marchandises à
Maroua.
2.2. Itinéraires
utilisés par les contrebandiers des médicaments dopants à
Maroua
Le commerce informel entre le Nigeria et le Cameroun peut
suivre une typologie relativement précise selon l'appartenance ou non
des commerçants à un réseau, selon la nature des produits
échangés et enfin, selon la quantité de marchandises qui
traversent la frontière (Herrera, 1995). Jadis avant
l'insécurité qui a déstabilisée la frontière
Banki-Amchidé, les marchandises étaient acheminées au
Cameroun à travers cette frontière. Ainsi, le Cameroun partage
une très longue frontière de plus de 1600 km avec le
Nigéria. De ce fait, les contrebandiers empruntaient les voies
officielles et non officielles pour acheminer leur produit au Cameroun.
Toutefois, la sécurité a été renforcée aux
frontières de ces deux pays à cause l'insécurité
orchestrée par la secte islamique Boko-Haram.
2.2.1.
Routes utilisées par les contrebandiers avant l'avènement de
l'insécurité à l'Extrême-Nord
Le commerce transfrontalier entre le Cameroun et le
Nigéria est dense dans les villes frontalières des deux pays. Les
commerçants empruntaient en général et les contrebandiers
des médicaments en particulier utilisaient beaucoup plus l'axe
Banki-Amchidé dans l'exercice de leur activité. A cet effet, les
voies officielles sont celles préalablement évoquées.
Ici, les principales portes d'entrée de ces médicaments à
partir du Nigéria pour l'Extrême-Nord notamment dans la ville de
Maroua sont :
Ø Kano-Maiduguri-Kerawa-Banki-amchidé-Maroua,
Ø Kano-Maiduguri-Gambaru-Kousseri-Maroua.
Cependant, l'insécurité causée par la
secte islamique Boko-Haram au Nigéria depuis a fini par affecter dans un
premier temps les villes frontalières entre le Cameroun et le
Nigéria, et ensuite les villes de l'Extrême-Nord Cameroun telles
que Maroua qui a subi des attentats kamikazes en juillet 2015. A cause de cette
insécurité ces axes que nous venons de citer ne sont plus
officiellement employés par les commerçants, car cette secte est
très active sur ces axes. De ce fait, les contrebandiers utilisent
désormais d'autres axes pour acheminer leurs produits à
Maroua.
2.2.2.
Nouvelles voies utilisées par les contrebandiers des médicaments
dopants pour la ville de Maroua
Dans le but de mener à bien leur activité, et
en tenant compte de la distance du nouvel itinéraire par lequel les
produits doivent transiter pour arriver dans la ville de Maroua, le commerce va
se réaliser à travers les réseaux de commerçants,
dont les relations entre les membres sont basées sur la
solidarité ethnique de part et d'autre de la frontière. C'est par
le biais de cette forme d'organisation que s'effectue l'essentiel des
importations de fraude des produits manufacturés provenant du Nigeria
(Egg, Herrera, 1998). Ainsi, pour contourner l'ancien itinéraire devenu
trop dangereux, le nouvel itinéraire est le suivant :
Onisha-Yola-Mubi-Jimeta-Guider-Maroua. Afin de spatialiser les
itinéraires sus-évoqués, la figure 3 a été
réalisée.
Réalisée et adaptée
par Mohamed, avril 2016.
Source : Hallaire, 1983
Source : TFF, 2011
251559424
Figure 3.
Différents itinéraires utilisés dans l'acheminement des
médicaments dans la ville de Maroua
La
retrace les différents itinéraires
empruntés par les contrebandiers pour acheminement de leurs produits
à l'Extrême-Nord Cameroun en général, et dans la
ville de Maroua en particulier. Elle montre qu'avant
l'insécurité, ceux-ci se ravitaillaient en médicaments
dopants non seulement dans de nombreuses villes nigérianes telles que
Mubi, Maiduguri, Kano, Onisha, Kerawa, Yola et Gambaru ; mais aussi dans
les marchés situés au niveau de la frontière
Nigéria/Cameroun comme les marchés de Limani et de Banki du
côté du Cameroun. Ainsi, pour arriver à Maroua à
partir de ces points d'achat, les contrebandiers transitaient soit par Kousseri
ou par Amchidé. Cependant, pour contourner l'insécurité,
ces derniers ayant fait leurs achats des médicaments dopants à
Onisha, Yola et Mubi passent par Garoua à destination de Maroua. Une
fois à Maroua, les médicaments dopants de contrebande sont
propagés dans toute la ville à travers les acteurs tels que les
vendeurs grossistes, détaillants et ambulants.
2.3.
Acteurs de la contrebande des médicaments dopants à Maroua
La contrebande des médicaments dopants dans la ville
de Maroua est coordonnée par un certain nombre d'acteurs. Il s'agit des
grossistes, des détaillants, des vendeurs ambulants et des
consommateurs.
2.3.1. Grossistes fournisseurs des
détaillants, des vendeurs ambulants et des populations
Lorsque les médicaments arrivent à Maroua, les
grossistes ravitaillent les détaillants et les vendeurs ambulants, qui
vont à leur tour parcourir tous les quartiers de la ville afin de
ravitailler les populations. Dans le cadre des enquêtes sur le terrain,
l'échantillon de 100 vendeurs de tous types sur lesquels nous avons
menés des enquêtes, nous ont révélées un
pourcentage de 12% grossistes, dont 11% affirment s'approvisionner au Nigeria.
La photo 1 présente à cet effet l'installation d'un grossiste qui
se ravitaille au Nigéria.
Photo 1. Installation des médicaments de
contrebande au marché central de Maroua
Cliché : Djomo, mars 2016.
C
B B
A
Sur la photo 1 apparaissent trois personnes dont deux sont
debout entrain de regarder une installation des médicaments tandis que
la troisième est accroupie et fouille les produits dans
l'étalage.
Sur la photo 1 un grossiste (A) coordonne l'installation de
la marchandise faite par son employée (B), et un détaillant (C)
venu se ravitailler. Il est important de souligner tout de même qu'ici on
ne retrouve qu'une partie de la marchandise car la grande quantité des
produits est stockée dans les magasins, pour problème d'espace au
niveau de l'étalage et problème de sécurité du fait
des contrôles inopinés des agents régulateurs. Parmi les
médicaments qu'ils installent se trouve forcement des médicaments
dopants tels que le tramol, le viagra, le diazépam, la passion et bien
d'autres ; dans la mesure où les détaillants et les vendeurs
ambulants se ravitaillent auprès des grossistes. La vente des
médicaments dopants en gros est une activité pratiquée par
une minorité de vendeurs. Dans la mesure où tous ces
commerçants n'ont pas les moyens de s'approvisionner en grande
quantité au Nigéria.
A cet effet, on enregistre un nombre d'acteur limité
à l'amont qui approvisionne les marchés de Maroua et ses environs
(Tableau IV).
Tableau IV. Types de vendeurs des médicaments
dopants de contrebande à Maroua
Types de vendeurs
|
Nombre de vendeurs
|
Pourcentage
|
Ambulants
|
45
|
45%
|
Détaillants
|
36
|
36%
|
Grossistes
|
12
|
12%
|
Grossistes/détaillants
|
07
|
7%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : Enquêtes de terrain mars 2016.
Le tableau IV présente les types de vendeurs et le
pourcentage occupé par chacun. La lecture de ce tableau amène
à comprendre qu'il existe très peu de grossistes qui ravitaillent
la ville de Maroua. Car, il s'agit d'un cercle fermé dans lequel chaque
grossiste a ses clients habituels qui viennent se ravitailler auprès de
lui. Toujours selon les résultats obtenus des enquêtes et faisant
une lecture spatiale de la vente des médicaments dopants dans la ville
de Maroua, il en ressort la configuration spatiale des vendeurs des
médicaments dopants de contrebande en fonction des quartiers (figure 4
).
Source :
Enquêtes sur le terrain, mars 2016.
Figure 4. Distribution
spatiale des vendeurs des médicaments dopants de contrebande par
quartiers
La figure 4 présente les quartiers Kakataré,
Mbarmaré et Dougoi comme étant les principaux lieux
d'approvisionnement des autres quartiers en médicaments dopants de
contrebande. Dans la mesure où 90% de grossistes qui ravitaillent la
ville s'y trouvent. Ainsi, l'on peut affirmer que ces quartiers sont le moteur
de la contrebande des médicaments dopants. Le marché central est
le lieu où l'on rencontre les grossistes à cause de plusieurs
facteurs dont les plus notoires sont l'étalement en termes de
superficie car, c'est le plus grand marché de la ville de Maroua, mais
aussi c'est le lieu où l'on trouve tous les produits de première
nécessité. Ainsi, ce marché regorge les commerçants
qui font dans la vente en gros des produits de nature différente. De ce
fait, le marché central est le centre commercial de Maroua.
Cependant, il est important de signaler que dans les
quartiers tels que Dougoi, on retrouve également des vendeurs grossistes
et détaillants qui s'approvisionnent eux aussi au Nigéria. Ces
derniers assurent donc de ce fait le ravitaillement des détaillants et
des vendeurs ambulants qui résident et effectuent leurs activités
dans les quartiers environnants. Ainsi, les grossistes sont au coeur même
du trafic illicite des partenariats entre eux les autres vendeurs
(détaillants et ambulants) ; c'est-à-dire qu'ils offrent la
marchandise aux détaillants qui vont soit payés en cash ou encore
payés une partie lorsqu'ils prennent ces médicaments et le reste
lorsqu'ils vendent. D'où les propos de Saïdou Ousmaila, vendeur en
gros des médicaments dopants au marché central «Je vends les
médicaments aux détaillants. Ceux qui peuvent payé
directement le font, et ceux qui n'ont pas l'argent me paient après
avoir vendu. Je leur donne la marchandise à crédit parce qu'on
évolue ensemble depuis des années dans ce
métier ». Le marché des médicaments dans la
ville de Maroua est dominé par l'ethnie Mandara car elle est la plus
représentative dans la vente des médicaments. Le tableau V met
ainsi en exergue les différentes tribus qui pratiquent la vente des
médicaments dopants dans la ville de Maroua.
Tableau V. Ethnie
d'origine des vendeurs des médicaments dopants dans la ville de
Maroua
Tribu d'origine
|
Nombres
|
Pourcentage
|
Peul
|
18
|
18%
|
Mandara
|
44
|
44%
|
Haussa
|
10
|
10%
|
Kanouri
|
10
|
10%
|
Autres
|
18
|
18%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : Enquêtes sur le terrain,
mars 2016.
Ce tableau permet de constater que, 44% des vendeurs des
médicaments dopants que l'on retrouve dans la ville de Maroua sont
Mandara, 18% sont des peuls tandis que 20% de ces vendeurs sont respectivement
haussa et Kanouri. Quant aux autre 18%, ils sont constitués des
plusieurs tribus parmi lesquelles les guizga, les arabe choua, les bayas et les
moundang.
Les Mandara occupent ainsi le premier rang dans le classement
des ethnies qui effectuent la vente illicite des médicaments dopants
à Maroua. Après eux se trouve les Peuls, les Haoussas et les
kanouri. Dans le but comprendre pourquoi ces ethnies dominent ce marché,
des analyses historiques et spatiales ont été faites, afin de
comprendre l'affinité que ces ethnies ont avec le Nigéria voisin
et même la raison pour laquelle ils se sont lancés dans la vente
des médicaments de la rue.
Les Mandara et les Haoussa appartiennent à la grande
famille linguistique Afro-asiatique dont la sous famille sémitique est
le Sahel Plateau et le Biu Mandara dans laquelle on retrouve non seulement les
Mandara et les Haussa, mais aussi des ethnies telles que les Mafa et les
Kanouri (les groupes ethniques et les langues, 1983). Quant aux peuls, on les
retrouve au Nord et dans l'Adamaoua.
Aujourd'hui, on retrouve le peuple Mandara beaucoup plus
autour des villes de Mora et Mémé. Cependant, une lecture
historique de leur parcours révèle qu'il s'agit d'un peuple
appartenant au sultanat wandala qui se trouve pratiquement à la
frontière entre le Cameroun et le Nigéria. Les peuls, les
Haoussas et les kanouri sont des peuples qui pratiquent le commerce et
l'élevage comme principales activités. Les deuxièmes
c'est-à-dire les Haoussas sont une ethnie d'origine Nigériane car
la langue Haoussa très utilisée à des fins commerciales
dans les villes Nigérianes. De ce fait, il apparait clairement que, ces
trois ethnies ont des affinités plus ou moins poussées avec le
Nigéria parce que les commerçants appartenant à ces
ethnies parlent les mêmes langues que les Nigérians. C'est donc
cet aspect qui facilite les échanges entre les peuples des deux pays.
Les Mandara ont donc développés le commerce de tout genre avec le
Nigéria avec qui on partage la frontière.
La vente des médicaments dopants de contrebande
à Maroua est devenue une profession de plus en plus rependue car elle ne
nécessite pas forcement une formation. Il s'agit d'un commerce que les
commerçants pratiquent pour deux principales raisons à
savoir : le manque d'emploi et la pauvreté. La figure 5 vient
consolider les informations soupçonnées par rapport au niveau
d'étude et à la formation reçue par les vendeurs.
Source :
Enquêtes sur le terrain, mars 2016.
251567616
Figure 5. Avis des
vendeurs des médicaments dopants de contrebande sur leur formation en
médecine à Maroua
Les enquêtes révèlent que, 16% des
vendeurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua affirment avoir
subi une formation en médecine auprès d'un Infirmier
Diplômé d'Etat (IDE) en service à l'Hôpital
Régional de Maroua (HRM) pour certains et pour d'autres en service
à l'Hôpital de la Police (HP). Tandis que 84% de ces vendeurs
déclarent n'avoir subi aucune formation leur permettant d'exercer ce
métier. Il s'agit donc des pseudos pharmaciens. A cet effet, les
chiffres parlent d'eux même, la situation est telle que bon nombre de
vendeurs n'ont même pas été scolarisé. Ce qui veut
dire qu'ils n'ont aucune capacité de dispenser des médicaments
aux patients. Même s'ils le font, ils devraient en principe vendre juste
lorsque les acheteurs précisent ce dont ils ont besoin. Il est tout
aussi important de prendre en compte le mode de conservation des
médicaments par les grossistes. Toujours parlant du mode de
conservation, il s'agit de comprendre comment ils gèrent leur stock de
médicaments étant donné que leur vente est interdite au
Cameroun.
La vente des médicaments de la rue étant un
phénomène illicite strictement interdit, celle des
médicaments dopants de contrebande est donc doublement
sanctionnée par les lois internationales et camerounaises. Ainsi, la
livraison des médicaments dopants se fait de façon très
prudente à l'abri des regards étrangers à l'environnement
du vendeur. En général, les grossistes cachent les
médicaments de nature dopante sous leurs étalages. Mais la plus
grande quantité est souvent sécurisée dans leurs
magasins et ne sort que sur commande. Cependant, on s'est également
penché sur le flux générés par cette
activité. La figure 6 ci-dessous présente donc le revenu moyen
journalier des vendeurs de médicaments dopants de contrebande dans la
ville de Maroua.
Source : Enquêtes de
terrain, mars 2016.
251568640
Figure 6. Types des
vendeurs et leurs revenus journaliers sur les médicaments dopants de
contrebande
La figure 6 montre le revenu journalier des différents
types de vendeurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua. Ici
les grossistes qui détaillent en même temps gagnent entre
10 000 - 20 000f CFA (Francs des Colonies Françaises
Africaines) par jour occupent 5%. Ceux faisant uniquement dans la vente en gros
ont les revenus journaliers différents. Ainsi, les grossistes ayant
entre 1000 - 10000f CFA ont un pourcentage de 4%, ceux qui gagnent entre 10000
- 20000f CFA par jour occupent 3% tout comme ceux gagnant entre 3000f CFA et
plus. Parmi les détaillants, ceux qui gagnent entre 1000 - 10000f CFA
représentent 33% et ceux qui gagnent entre 10000-20000f CFA, 20000
-30000f CFA, 30000F CFA et plus représentent respectivement 2%, et 1%.
Tandis que les détaillants qui affirment gagner entre 1000-10000f CFA
ont 44%. Ce revenu leur permet de mieux assurer le maintien de leurs chiffres
d'affaire, de nourrir leurs familles et de subvenir à leurs besoins. On
a également les vendeurs détaillants qui constituent un autre
type de vendeurs également très sollicitée par les
consommateurs des médicaments dopants.
2.3.2. Vendeurs en
détail : distributeurs auprès des vendeurs ambulants et des
populations des quartiers
Les détaillants sont spatialement repartis dans tous
les quartiers de la ville de Maroua. Ils constituent l'élément
essentiel de transition des médicaments de la rue entre les vendeurs
à vélo et les populations dans cette ville. Préalablement
signaler, les détaillants se ravitaillent au marché central de
Maroua. Le concept de vendeur en détail se défini dans ce travail
comme étant cette catégorie des vendeurs qui livrent les
médicaments sur des lieux stables dans lesquels on peut les rencontrer
chaque jour à des heures précises. En effet, on retrouve certains
détaillants dans des boutiques aux quartiers, d'autres au marché
central en matinée et dans des carrefours en soirée et une autre
catégorie de détaillants présent à longueur de
journée dans des endroits bien précis (Planche 2).
B
A
Planche 2.
Médicaments dopants dissipés dans la marchandise d'un vendeur
détaillant au quartier Mbarmaré
Cliché : Mohamed, mars 2016.
La planche 2 présente les médicaments que
vend un détaillant situé au quartier Mbarmaré. Ce
détaillant étale sa marchandise dans une caisse. Dans cette
marchandise A se trouve également des médicaments dopants B
dissipés sous les médicaments de nature licite.
Les médicaments dopants de contrebande vendus par les
détaillants dans la ville de Maroua proviennent des grossistes
situés au marché central. Etant un commerce illicite, l'achat de
ces médicaments par les détaillants reste très discret.
Les commerçants (grossistes et détaillants) se connaissent du
fait de leur ancienneté dans le trafic de ces produits. Ainsi, il est
difficile pour une tiers personne ne faisant pas partie du domaine de
s'approvisionner auprès de ces commerçants. D'où les
propos de Mouhamadou Sani, détaillants des médicaments dopants
à Mbarmaré « A moins que ce soit un débutant qui
soit conduit par un ancien du domaine auprès du grossiste ».
De ce fait il s'agit donc d'un cercle fermé dans lequel les vendeurs
savent qu'ils font un commerce illicite et par conséquence, la prudence
est leur devise. Une fois l'achat effectué au marché central, les
détaillants acheminent donc leur marchandise dans leur point de vente
respectif. A cet effet, les médicaments dopants sont camouflés
sous les médicaments dont la vente parait
« normale ». Ainsi, la vente auprès des
consommateurs se fait toujours de façon de très prudente. Les
clients sont connus d'avance et chaque médicament dopant a un code qui
le qualifie. Par exemple, le tramol est appelé
« café » dans le circuit et le viagra
« 0,25 ». En dehors du code, les clients que le vendeur ne
connait pas sont servis à travers la langue parlée par le
détaillant « Le nouveau client doit parler le fulfulde ou le
haoussa qui sont mes langues de communication pour que je lui vende le
tramol », propos d'Adamou, détaillant du tramol au carrefour
Schell.
Dans le but de retracer le profil des vendeurs
détaillants des médicaments dopants, pendant les enquêtes,
il a été retenu un total de 36 détaillants sur 100
vendeurs interrogés soit un pourcentage de 36%. On constate donc que les
détaillants constituent l'une des pièces maitresse dans la vente
des médicaments dopants à Maroua. On les trouve dans la plupart
des quartiers de la ville et sont communément
appelés « docta ». Les détaillants ont
pratiquement le même profil que les grossistes c'est à dire,
82,47% de vendeur de médicaments de la rue dans la ville de Maroua n'ont
pas reçu de formation qui leur permet de dispenser les
médicaments aux patients. Leur tranche d'âge varie entre 20 et
40ans soit un pourcentage de 68%, 9% d'entre eux ont moins de 20 ans tandis que
23% ont plus de 40 ans. Ces vendeurs sont majoritairement issus de l'ethnie
Mandara, 44%. Cette catégorie de vendeur pour la plus part à un
niveau scolaire bas. Le taux de scolarisation varie entre 15% pour ceux qui ont
arrêtés les études au niveau primaire, 10% ont le niveau
secondaire, tandis que 23% n'ont aucun niveau scolaire.
Cependant, la majorité a effectué des
études coraniques, soit un taux de 49%. Les données de terrain
ont permis de comprendre que le manque d'emploi et la pauvreté
accompagnés des responsabilités familiales dont ces vendeurs
doivent faire face au quotidien sont à l'origine la pratique de la vente
illicite des médicaments de toute nature, même celle qui est
interdite comme le tramol.
Toutefois, les détaillants jouent également le
rôle de grossiste auprès des vendeurs ambulants.
2.3.3.
Vendeurs ambulants : distributeurs auprès des populations des
quartiers éloignés
La distribution des médicaments dopants se fait dans
tous les quartiers de la ville de Maroua et même des villages
environnants par les vendeurs ambulants qui utilisent le vélo. Ici, il
est important de souligner qu'on distingue deux types de vendeurs ambulants
à savoir les vendeurs par vélo et les vendeurs à la
sauvette. Pour la plupart des vendeurs le point de départ est
déterminé en fonction du lieu d'habitation et du lieu
d'approvisionnement. C'est dans cette optique que certains vendeurs ambulants
communément appelés « pharmacie »
résidant au quartier Mbarmaré se ravitaillent au marché
central qui constitue à cet effet leur point de départ. Les
vendeurs ambulants sont pour la plus part des jeunes dont l'âge va de 20
à 40 ans. Certains vendeurs ambulants des médicaments dopants
travaillent également dans la nuit. En effet, ils s'installent le long
des carrefours où la population fréquente souvent les boites de
nuit et les bars. A Domayo par exemple, ils sont présents à
partir de 18H30 minutes et y restent jusqu'à 23H pour certains d'entre
eux. 39% de ces vendeurs adoptent ce genre de modes de commerce. Le tableau VI
récapitule ainsi, les points de stationnement en soirée des
vendeurs ambulants.
Tableau VII. Points de
stationnement en soirée des vendeurs ambulants des médicaments
dopants de contrebande
Lieux de stationnement en soirée
|
Lieu de stationnement en matinée
|
Nombre de vendeurs ambulant
|
Total
|
Domayo vieux manoir
|
0
|
7
|
7
|
Dougoi carrefour Schell
|
1
|
3
|
4
|
Barmaré ministère du kilichi
|
1
|
10
|
11
|
Doursoungo
|
0
|
1
|
1
|
Agence Djama'aré
|
0
|
1
|
1
|
Kakataré
|
1
|
1
|
2
|
Doualaré
|
0
|
4
|
4
|
Carrefour laking
|
0
|
2
|
2
|
Artisanat
|
2
|
2
|
4
|
Hardé
|
0
|
1
|
1
|
Djarengol
|
0
|
1
|
1
|
Ouroutchédé
|
0
|
4
|
4
|
Autre
|
0
|
3
|
3
|
Total
|
5
|
40
|
45
|
Source : Enquêtes de terrain, mars
2016.
251572736
L'analyse du tableau VI permet de voir une autre dimension
de la vente des médicaments dopants de contrebande dans la ville de
Maroua. En effet, ici les vendeurs ambulants se transforment en vendeurs fixes
dans le but d'arrondir leur recette journalière. De ce fait, les
quartiers généralement animés en soirée comme
Domayo, Dougoi et Mbarmaré sont ceux attirent les vendeurs ambulants car
ils ont déjà leurs clients habituels à ces endroits.
Ainsi, parmi les 45 vendeurs ambulants des médicaments dopants de
contrebande, seulement 5% ne vendent pas en soirée, contrairement au
tableau où 40% stationnent en soirée dans différents
quartiers.
Pour ce qui est du lieu de ravitaillement des vendeurs
ambulants, 80% d'entre eux se ravitaillent près de leur lieu
d'habitation parce qu'ils prennent en compte la distance et leurs
associés et aussi du fait que toutes les « pharmacies»
n'ont pas de contact direct avec les grossistes qui se trouvent au
marché central, ce qui explique les propos de Ibrahim Oumate, vendeur
ambulant « Je réside au quartier comice et je me ravitaille
auprès d'un détaillant situé en face de l'agence
touristique ». Ayant le même profil que les détaillants
des médicaments c'est-à-dire niveau scolaire bas, aucune
formation suivie dans le domaine de la santé, âgés pour la
plupart entre moins de 20ans et 20-40ans et ayant pour motif de vente la
recherche du gain quotidien afin d'assumer les responsabilités
familiales, cette catégorie de vendeurs acheminent leurs produits dans
de nombreux quartiers de la ville. Ici, la technique de conservation des
médicaments ne préoccupe pas le vendeur, mais plutôt leur
sécurité dans la mesure où après avoir fait les
achats, le vendeur ambulant laisse une bonne quantité des produits chez
lui et ne sort qu'avec celle qu'il espère vendre tout au long de la
journée. Néanmoins, ces
vendeurs rencontrent des problèmes par rapport à la nature
illicite de leur activité. De ce fait, le Tableau VII récapitule
les types de problèmes rencontrés par les vendeurs des
médicaments dopants dans la ville de Maroua.
Tableau VII. Types de problèmes
rencontrés par les vendeurs des médicaments dopants de
contrebande à Maroua
Types de vendeurs
|
Problèmes rencontrés par les différents
vendeurs
|
Amandes
|
Demande de patente
|
Saisie des médicaments
|
Aucun problème
|
total
|
Ambulants
|
15
|
10
|
12
|
8
|
45
|
Détaillants
|
9
|
10
|
8
|
9
|
36
|
Grossistes
|
5
|
4
|
3
|
0
|
12
|
Grossistes et détaillants
|
2
|
0
|
2
|
3
|
7
|
Total
|
31
|
24
|
25
|
20
|
100
|
Source :
Enquêtes de terrain, avril 2016.
Le tableau VII présente le résultat des
enquêtes menées auprès des vendeurs en fonction de leur
catégorie. Sur un total de 100 vendeurs enquêtés, 80 disent
rencontrer de nombreux problèmes avec la police et les agents communaux
liés à la nature des médicaments qu'ils vendent. Soit 37
vendeurs ambulants, 27 détaillants, 12 grossistes et 4 grossistes et
détaillants. Cependant, 20 vendeurs ont affirmé n'avoir jamais eu
de problèmes.
La distribution de ces produits par les vendeurs dans les
différents quartiers s'effectue à travers plusieurs
critères tels que le poids démographique du quartier, les
activités économiques y afférentes et le ravitaillement
des clients réguliers. C'est pourquoi, selon les données issues
de ces enquêtes, les quartiers les plus fréquemment couverts par
ces vendeurs sont ; Domayo, Mbarmaré, Dougoi et le Pont Vert.
Concernant les quartiers Domayo et Pont Vert, le taux élevé des
activités de nuit enregistrées dans ces parties de la ville
attirent naturellement les vendeurs des produits dopants car dans ces lieux se
trouvent leurs clients personnels. C'est pourquoi ces zones sont très
souvent considérées comme étant leurs points de
stationnement en soirée. Concernant le quartier Mbarmaré, le
constat est tel que ce dernier a une fonction commerciale car les
commerçants qui importent les marchandises de Douala et du
Nigéria stockent leurs marchandises dans des grands magasins que dispose
ce quartier. La photo 2 en est une parfaite illustration de la distribution des
médicaments dopants par les vendeurs ambulants non seulement dans de la
ville de Maroua, mais aussi dans les quartiers environnant la ville.
Cliché : Djomo, mars 2016.
Photo 2. Vendeurs ambulants des médicaments dopants de
contrebande à Dougoi
La photo 2 présente deux (02) jeunes vendeurs
ambulants des médicaments dopants. On voit qu'un des deux est entrain
de pédaler tandis que l'autre a les pieds posés au sol prêt
à rouler. En arrière-plan on voit une forêt d'arbres. Il
s'agit des arbres plantés pour procurer de l'ombre à cet endroit
qui sert de bancs publics. Sur l'étalage du vélo du premier se
trouve des médicaments qu'il a exposé afin d'attirer l'attention
des clients sur ce qu'il propose comme médicaments.
On constate que ces vendeurs âgés de moins de
20 ans sont disposés à parcourir tous les quartiers de la ville
et même ceux environnant Maroua. Car ces derniers possèdent les
vélos qui sont leur moyen de transport. Compte tenu de la demande
élevée en médicament dopant dans la ville de Maroua, il
est donc nécessaire d'analyser aussi les consommateurs.
1.2.4. Consommateurs :
acteurs favorisant la contrebande des médicaments dopants à
Maroua
Les consommateurs constituent les acteurs
principaux de la contrebande des médicaments dopants dans la ville de
Maroua. En effet, les consommateurs sont nombreux et constituent un
marché lucratif que les vendeurs fixes et ambulants ravitaillent tous
les jours. Car, si la demande n'est pas forte les contrebandiers n'auront pas
de raisons d'investir dans cette activité. Préalablement
signaler, les consommateurs des médicaments dopants dans la ville de
Maroua sont ceux-là qui exercent les activités demandant beaucoup
d'effort physique afin de pouvoir se nourrir. Cependant, ces consommateurs ne
se dopent pas seulement pour éradiquer la fatigue, il y a d'autres
raisons qui les poussent à acheter ces produits (Figure 7).
Source : enquêtes sur le terrain, mars
2016
251575808
Source : Enquêtes de
terrain, mars 2016.
251576832
Figure 7. Raisons évoquées par les
consommateurs des médicaments dopants
La Figure 7 récapitule les raisons
évoquées par les consommateurs des médicaments dopants.
Ainsi, 30% des personnes achètent régulièrement ces
médicaments pour éradiquer la fatigue. Mais d'autres raisons sont
évoquées par les consommateurs. De ce fait, 20% de personnes les
utilisent pour avoir des rapports sexuels, 34% de personnes les utilisent afin
de travailler le plus longtemps possible. Tandis que 10% de consommateurs les
utilisent pour de noyer leurs soucis. La demande étant de plus en plus
croissante, les consommateurs permettent à ce trafic de prendre une
ampleur exponentielle.
Dans le but d'appréhender l'expansion exponentielle de
l'utilisation des médicaments dopants dans la ville de Maroua, la figure
8 retrace le circuit de ces médicaments à partir des grossistes
jusqu'aux consommateurs.
251577856 GROSSISTES
Nigeria/Marche Central
251586048251587072
DETAILLANTS
Grossistes/Marché Central/quartier
251580928
AMBULANTS
Détaillants/mobiles
251582976
CONSOMMATEURS
Lieux d'activités ou de résidence
251585024
Source : Enquête de terrain, Mars
2016.
Figure 8. Schéma
des acteurs impliqués dans la contrebande des médicaments dopants
dans la ville de Maroua
La figure 8 met en exergue les lieux de ravitaillement des
différents acteurs ainsi que leur lieu de vente. Ici, on constate que
les consommateurs traitent beaucoup avec les détaillants et les vendeurs
ambulants qui sont leurs principaux fournisseurs.
Afin de mieux cerner la diffusion des
médicaments dopants dans la ville de Maroua, nous avons configuré
la figure 9.
Réalisée par Mohamed, avril 2016.
251588096
Figure 9. Flux de
distribution des médicaments dopants de contrebande à
Maroua
La figure 9 présente les flux de distribution des
médicaments dopants dans la ville de Maroua. La lecture de cette carte
permet de constater que les principaux pôles de distribution des
médicaments dopants dans la ville de Maroua sont les quartiers
Kakataré, Mbarmaré et Dougoi (10 à 50 kg). On constate
également que chaque quartier de la ville de Maroua possède au
moins un point de vente des médicaments dopants de contrebande tel que
Doualaré, Palar, Lopéré, Ouro-Lopé et Doursoungo
qui distribuent également ces médicaments vers les destinations
finales (1 à 9 kg). Il a été également
constaté que Maroua est un lieu de ravitaillement des villes
environnantes en médicaments dopants.
2.3.4.
Maroua : Un lieu de ravitaillement des villes environnantes en
médicaments dopants
Les différentes enquêtes sur le terrain
auprès des grossistes situés au marché central de Maroua
nous ont permis de comprendre que les vendeurs de ces médicaments qu'on
retrouve dans les villes environnantes viennent se ravitailler à Maroua.
Les grossistes qui ont acceptés collaborer avec nous ont cités
des villes dans lesquelles ils ont des partenaires auxquels ils livrent toute
sorte de médicaments y compris les médicaments dopants. Parmi ces
villes, nous avons Bogo, Moutourouwa, Méri, Pété, Balaza,
Dargala, Dogba, Salak. A cet effet, Maroua devient la capitale des
activités liées à la contrebande des médicaments de
la rue en général et des médicaments dopants en
particuliers. Cependant, plusieurs facteurs avec le concours des acteurs tels
que les grossistes, les détaillants et les vendeurs ambulants
participent énormément à la vulgarisation et à la
consommation des médicaments dopant dans la ville de Maroua. Toutefois,
dans le but de mettre en exergue les médicaments dopants de contrebande
les plus utilisés à Maroua, une typologie de ces derniers a
été faite.
2.4.
Typologie des médicaments dopants consommés dans la ville de
Maroua
Les données de terrain ont permis de recenser un
ensemble de produit pharmaceutique varié vendu dans les marchés
de la ville de Maroua sans aucune ordonnance médicale. La grande famille
de ces produits dopants étant les psychotropes, ces derniers comportent
plusieurs sous familles. Un psychotrope est une substance chimique qui agit
principalement sur l'état du système nerveux central (SNC) en y
modifiant certains processus biochimiques et physiologiques
cérébraux (Grelaud, 2012). Un psychotrope induit des
modifications des perceptions sensorielles, des sensations, de l'humeur, de la
conscience, d'autres fonctions psychologiques et Comportementales. C'est alors
qu'allant dans le sens de ces modifications notamment celles des
capacités physiques et sexuelles, que ces psychotropes sont
consommés dans la ville de Maroua. Ainsi, la figure 10 permet donc de
ressortir le pourcentage de la consommation de chaque psychotrope dans cette
ville. Il s'agit du tramol, du viagra et du diazépam.
Source : Données de
terrain, avril 2016.
251593216
Figure 10.
Répartition des médicaments dopants de contrebande
consommés à Maroua
La
fait état de la prise des psychotropes
dans la ville de Maroua. Ici, il apparait que le médicament dopant le
plus consommé est le tramol, soit un pourcentage de 52%. Tandis que le
viagra et le diazépam sont respectivement utilisés à
l'ordre 28% et de 20%. Ces résultats permettent ainsi de confirmer que
le tramol et le viagra sont les médicaments les plus utilisés. Le
premier pour renforcer les capacités physiques et le deuxième
pour renforcer les capacités sexuelles, alors que le diazépam est
consommé pour éradiquer les soucis.
Le tramol, le viagra et le diazépam recensés
dans les différents marchés de Maroua sont des psychotropes
appartenant à plusieurs sous familles, notamment la famille des
benzodiazépines (médicaments traitant les troubles
d'anxiété, surmenage), celle des antalgiques paliers II
(médicaments traitant les maladies aux douleurs modérées),
palier III (médicaments traitant les maladies aux douleurs atroces) et
la famille des sildénafil (excitants).
Ø Benzodiazépines vendus dans la ville
de Maroua
Les benzodiazépines sont des molécules qui
agissent sur le système nerveux central et qui possèdent cinq
(05) propriétés fondamentales mais à des niveaux
différents en fonction de leur structure chimique parmi lesquelles les
anxiolytiques (Sellal et al., 1994). Ces derniers sont des agents
tranquillisants permettant de réduire les états
d'anxiété, de stress et d'hyper-émotivité. Ici, on
retrouve les produits tels que le Diazépam consommé à un
pourcentage de 20% (Photo 3).
Cliché : Mohamed, mars
2016.
Photo 3. Qualité du diazépam
vendu au marché central de Maroua
La photo 3 présente un anxiolytique dont le nom
est « Dizapam » de 10mg. Les comprimés sont de
couleurs bleue ciel alors que son étui est de couleur maronne claire. Il
est écrit dessus « 25×10 tablets ».
Cependant, le nom de ce médicament qui est vendu dans
toutes les rues de la ville montre clairement que c'est un produit contrefait.
Dans le même ordre d'idées, la figure 11 ressort le pourcentage de
la consommation du diazépam en fonction des quartiers
enquêtés dans la ville de Maroua.
Source : Enquêtes
de terrain Avril 2016.
251594240
Figure 11.
Répartition spatiale de la consommation du diazépam dans la ville
de Maroua
La figure 11 fait un récapitulatif de la consommation
du Diazépam en fonction des quartiers enquêtés dans la
ville de Maroua. Les quartiers les plus touchés sont Mbarmaré,
Domayo et Kakataré avec respectivement 5,00%, 3,00% et 3,00%
également. Dougoi et Pont vert couvrent chacun 2,00%, tandis que
Lopéré, Palar, Doursoungo, Hardé et Djarengol enregistrent
tous 1,00%. Le constat qui se dégage à cet effet est que la
consommation du diazépam est beaucoup plus développée dans
les quartiers où diverses activités commerciales sont
menées de jour comme de nuit. C'est le cas de Mbarmaré, Domayo,
Kakataré et Pont vert. En dehors du Diazépam qui est de la
famille des Benzodiazépines, les Antalgiques font également
partir de la sous famille des psychotropes consommés dans la ville de
Maroua.
Ø Antalgiques vendus dans la ville de
Maroua
Les antalgiques ou analgésiques sont des
médicaments utilisés en médecine dans le traitement de la
douleur (antalgie ou analgésie) d'un patient. En théorie
c'est-à-dire selon les normes médicinales, on différencie
les antalgiques, qui ont pour rôle de diminuer la douleur, et les
analgésiques, qui suppriment la sensibilité à la douleur.
Ainsi, le terme antalgique serait à réserver au
paracétamol et à l'aspirine, alors que le terme
analgésique évoque plutôt les morphiniques. Toutefois, en
pratique c'est-à-dire lors du traitement d'un patient, les deux termes
sont employés comme synonymes. Cependant, faisant partie de cette sous
famille, le tramadol est un antalgique très utilisé à
Maroua pour différentes raisons telles que augmenter les
capacités physiques ou éradiquer la fatigue. La photo 4
ci-dessous montre à cet effet l'antalgique le plus utilisé dans
la ville de Maroua.
Cliché :
Mohamed, avril 2016.
251591168
Photo 4. Qualité de tramadol vendu à
Maroua
La photo 4 présente le « tramadol
hydrochloride tablets 225mg » vendu dans la rue. Il est écrit
dessous « new Royal » qui renvoie certainement à la
puissance ou au nombre élevé du mg concentré dans ce
produit soit 225 mg par comprimé.
La plaquette de ce tramadol est de couleur blanche alors que
les comprimés sont de couleur rose. Il est donc clair que ce
médicament n'est pas fabriqué dans les normes pharmaceutiques
pourtant consommé à hauteur de 52%. A cet effet la figure 12
ressort le pourcentage de la consommation du tramol en fonction des quartiers
enquêtés dans la ville de Maroua.
Source : Enquêtes de terrain, avril
2016.
Figure 12. Consommation du
tramol dans les quartiers de la ville de Maroua
La
Erreur ! Source du renvoi
introuvable. réalisée à partir des
données issues des enquêtes sur le terrain, révèle
que Mbarmaré est le quartier ou le taux de consommation du tramol est
plus élevé soit 12%. Il est suivi des quartiers tels que Domayo,
Dougoi et Pont vert qui ont regorgent respectivement un taux de consommation de
12%, 8%, 8% et 5%. Les quartiers tels que Doursoungo, Djarengol et
Lopéré n'en restent pas moins avec un taux de consommation
respectivement de 3%, et 2%. Tandis que Hardé et Palar présente
chacun 1% du taux de consommation du tramol. Cette dernière quant
à elle est fonction des activités nécessitant sa prise
dans chaque quartier évoqué. Outre la sous famille des
antalgiques dans laquelle de se trouve le tramol, il y a également la
sous famille des sildénafil.
Ø Sildénafil vendu dans la ville de
Maroua
Le citrate de sildénafil (dénomination commune
internationale) est un médicament de la classe des inhibiteurs de la
phosphodiestérase de type 5 développé par la firme
pharmaceutique Pfizer. Ce médicament est indiqué dans les
troubles de l'érection et l'hypertension artérielle pulmonaire.
Il est commercialisé par la firme sous le nom de Viagra en
comprimés de 25 mg, 50 mg et 100 mg, et sous le nom de Revatio en
comprimés de 20 mg. Mais dans la ville de Maroua, on retrouve plusieurs
produits désignant le viagra et sont utilisés à 28%
à des fins sexuelles. Cependant, on les reconnaît dans les
différents marchés de la ville à travers les noms tels que
Valvogra, Ceagra et Arofranil Tablet (photo 5).
Cliché : Mohamed, avril
2016.
251592192
Photo 5. Différentes qualités de viagra
vendues à Maroua
Sur la photo 5 se trouvent les différentes
variétés de viagra vendu dans les rues de Maroua. A
l'extrême gauche de cette photo se trouve l'image d'un homme qui embrasse
la femme tandis que sur les autres cartouches se trouvent les images telles
qu'éléphant, le cheval et l'hippopotame .A l'extrême droite
se trouve une cartouche intitulée « arofranil
tablets » de 3×10 tablets de 25 mg par comprimé. Toutes
ces images renvoient aux multiples mauvais produits de viagra que consomme la
population de Maroua.
De ce fait, la figure 13 ressort le pourcentage de la
consommation du viagra en fonction des quartiers enquêtés dans la
ville de Maroua.
Source : Enquêtes de terrain, avril
2016.
Figure 13. Consommation du
viagra dans les quartiers de Maroua
D'après la
Erreur ! Source du renvoi
introuvable., Domayo avec un pourcentage de 10% est le quartier
où on note la consommation importante du viagra. Celle-ci est
liée aux activités nocturnes qui s'y déroulent et font de
lui un endroit de rencontre entre les consommateurs et les vendeurs. Il ressort
également que les quartiers tels que Mbarmaré (4%,)
Kakataré et Dougoi (3%), Pont vert et Lopéré (2%), alors
Palar, Doursoungo, Hardé et Djarengol occupent (1%) chacun.
Cependant, une répartition socioprofessionnelle et
spatiale des consommateurs des médicaments dopants est nécessaire
dans cette étude afin de mettre en exergue les différentes
activités qui encouragent la consommation de la drogue à Maroua
et les quartiers dans lesquels on rencontre ces consommateurs.
2.5. Répartition
socioprofessionnelle et spatiale des consommateurs des médicaments
dopants à Maroua
Les consommateurs des médicaments dopants de
contrebande appartiennent à une catégorie socioprofessionnelle
bien spécifique à savoir celle des activités du secteur
informel exigeant beaucoup d'effort physique et mental. En effet, la ville de
Maroua est un lieu où la majorité de la population vit sous le
seuil de pauvreté. Un rapport de l'Institut National de la Statistique
(INS) révèle que l'Extrême-Nord du Cameroun a la plus haute
proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté, soit
74,3% (INS, 2014). De ce fait, on assiste à une prolifération du
secteur informel car les débrouillards sont obligés de travailler
à longueur de journée afin d'avoir de quoi nourrir leurs
familles. Quant à leur répartition spatiale, ils sont
inégalement présents dans les quartiers de la ville de Maroua.
2.5.1.
Répartition socioprofessionnelle des consommateurs des
médicaments dopants dans la ville de Maroua
Au cours des enquêtes sur le terrain, des
catégories d'activités dans lesquelles on rencontre beaucoup de
consommateurs ont été identifié. Des différentes
catégories socioprofessionnelles permettant de cerner les motivations
des consommateurs ont été prises en compte, mieux encore ont
permis d'analyser ces différentes raisons qui les poussent à
faire le choix des produits dopants. Par exemple, les « les
clandos » ont dit pourquoi ils font pour la plus part d'entre eux le
choix de consommer le tramol et non un autre produit. Les résultats de
ces enquêtes indiquent que les commerçants, les fonctionnaires,
les élèves, les étudiants et autres débrouillards
consomment également les médicaments dopants vendus dans les rues
de Maroua (Figure 14).
Figure 14.
Catégories professionnelles des consommateurs des médicaments
dopants à Maroua
Source : Enquêtes de terrain, mars
2016.
L'analyse de la figure 14 montre que la consommation des
médicaments dopants dans la ville de Maroua est un
phénomène pratiqué par des personnes appartenant à
des catégories socioprofessionnelles différentes. Cependant,
catégories socioprofessionnelles sont toutes liées par le fait
qu'elles appartiennent presque toutes au secteur informel. Ainsi, les plus
grands consommateurs des médicaments sont constitués par les
« autres » catégories socioprofessionnelles dans
lesquelles on retrouve les pousseurs, les chargeurs et les maçons ;
en effet ils constituent 42% des consommateurs des médicaments dopants
dans la ville de Maroua. Ils sont suivis des mototaxi mans et des
commerçants qui ont 18% des consommateurs chacun. Ces trois groupes
constituent ainsi les grandes catégories socioprofessionnelles des
consommateurs des produits dopants dans la ville de Maroua.
2.5.1.1. Consommation du tramol par les mototaxi mans dans la
ville de Maroua
Communément appelé
« clandos » les mototaxi mans constituent une
catégorie socioprofessionnelle qui assure le déplacement des
populations d'un lieu à un autre à l'intérieur d'une
ville. La majorité des mototaxi mans ne sont pas les
propriétaires des motos avec lesquelles ils travaillent. De ce fait, ils
sont obligés d'aller au-delà de leurs efforts physiques en
attaquant durant toute la journée afin d'avoir la recette pour leurs
patrons et d'avoir également un petit bénéfice par jour
pour leurs propres économies. Ainsi, les mototaxi mans de la ville de
Maroua utilisent le tramol pour leur permettre d'éradiquer la fatigue et
d'avoir la force de travailler longtemps. En effet, les 18% des mototaxi mans
disent consommés le tramol parfois en associations avec d'autres
produits tels que le cannabis et la « passion ». Cependant,
la prise de médicaments par les « clandos » ne reste
pas sans conséquences car, ils ont très souvent des comportements
irresponsables sur la route tels que les excès de vitesse, non-respect
du code de la route (annexe 3). Une autre catégorie socioprofessionnelle
regroupe les pousseurs et les maçons dans la consommation des
médicaments dopants.
2.5.1.2. Consommation du tramol
par les pousseurs et les maçons à Maroua
Les pousseurs sont les gens qui assurent le
déplacement des marchandises (sac de riz, de farine, de sucre, carton
d'huile, de savon, biscuits, bonbon) des magasins pour les boutiques et vice
versa. Ils assurent également le déplacement des produits tels
que les sacs de ciment, les planches et les lattes des points de vente vers le
lieu où habitent les acheteurs. Quant aux maçons, on les
retrouve aux berges des mayo et sont spécialisés dans
l'exploitation du sable et la fabrique des parpaings. En effet, lors des
enquêtes sur le terrain dans les fabriques de parpaings, un des
maçons interrogés a révélé qu'il est
obligé d'utiliser au moins trois (03) sacs de ciments par jour pour
fabriquer les parpaings de 15 à raison de 60 parpaings par sac de
ciment, soit un total de 180 parpaings par jour afin d'avoir un revenu
acceptable lui permettant de nourrir sa famille. C'est pourquoi il se sent
contraint de consommer le tramol. Ainsi, 42% des pousseurs et les maçons
utilisent le tramol et le la passion pour les aider à travailler toute
la journée. Les commerçants sont aussi parmi ceux qui consomment
les médicaments dopants dans la ville de Maroua.
2.5.1.3. Consommation du
diazépam et du viagra par les commerçants dans la ville de
Maroua
Le commerce est l'une des principales activités
pratiquées par les populations de la ville de Maroua. En effet, les
consommateurs des médicaments dopants de contrebande sont
également des commerçants, soit 22,22%. Ces derniers ont
révélés que leur activité est très
compliquée car ils prennent des crédits et se ravitaillent
très loin à Douala et au Nigéria. Ils sont soucieux pour
leurs marchandises car parfois ils rencontrent des problèmes en route
surtout depuis l'insécurité orchestrée par Boko-Haram dans
la région de l'Extrême-Nord. A cet effet, les commerçants
consomment le diazépam pour les aider à contrôler leur
émotion et à bien gérer leurs problèmes quotidiens
tels que la perte des marchandises et le fonds de commerce octroyé aux
partenaires remboursé tardivement voire même non remboursé.
D'après eux, ils utilisent également le Viagra pour leur
permettre d'avoir des érections car ils sont stressés. Aussi,
l'un d'entre eux d'une façon plus discrète dit qu'étant
polygame, il est obligé de prendre le viagra pour être à la
hauteur des attentes sexuelles de ces trois femmes. Selon lui, c'est cette
performance qui fait de lui un homme très respecté dans son
foyer.
2.5.1.4. Consommation du
diazépam par les élèves et étudiants dans la ville
de Maroua
Les élèves et les étudiants ne sont pas
en reste dans la consommation du diazépam. Ceux-ci avancent des raisons
telles que la recherche de l'argent pour le paiement des pensions scolaires et
le besoin de se soulager après une épreuve difficile
affrontée en classe pendant la composition. En fait, parmi les
étudiants interrogés certains ont fait comprendre qu'ils sont
obligés de se lancer dans la pratique des petits métiers qu'ils
n'ont pas souhaité lister pour pouvoir satisfaire leurs besoins sur le
plan scolaire. Cependant, ils sont très souvent confrontés
à moult difficultés parmi lesquelles le non-paiement ou partiel
de leur salaire journalier par leurs employeurs. D'autres en revanche comme
préalablement évoqué veulent juste se consoler
après une épreuve colossale. C'est donc la somme de toutes ces
contraintes rencontrées au quotidien qui les amènent à
consommer du tramol. Cependant, on retrouve ces consommateurs plus nombreux
dans un quartier par rapport à un autre, d'où leur
répartition spatiale.
2.5.2.
Répartition spatiale des consommateurs des médicaments dopants
dans la ville de Maroua
Préalablement signalés, les consommateurs sont
inégalement répartis dans tous les quartiers de la ville de
Maroua. En effet, dans les quartiers appartenant aux différentes
communes de cette ville, au moins un consommateur a été
rencontré dans chaque lieu où les enquêtés ont
été menée. Le tableau VIII récapitule ces
consommateurs en fonction de leurs tranches d'âge et de leurs sexes.
Tableau VIII. Age et sexe
des consommateurs des médicaments dopants de contrebande à
Maroua
Sexes
Ages
|
masculin
|
féminin
|
Total
|
Moins de 20 ans
|
1
|
0
|
1
|
20 à 40 ans
|
38
|
7
|
45
|
40 à 60 ans
|
4
|
0
|
4
|
Source : Enquêtes de terrain, mars
2016.
25159936043
Le tableau VIII ressort les statistiques
générales sur l'âge et le sexe des consommateurs. Ici, la
tranche d'âge dominante va de 20 à 40 ans soit un pourcentage de
90%. Et les hommes constituent le genre qui consomment le plus les produits
dopants dans la ville de Maroua. Il s'agit de 43 hommes sur les 50 personnes de
notre échantillon soit un pourcentage de 86%. Les femmes qui consomment
sont celles qui se prostituent, soit un pourcentage de 7%.
A cet effet, les quartiers abritant le plus grand nombre de
consommateur dans chaque commune de Maroua ont été relevé.
Ainsi, les quartiers Mbarmaré (Maroua IIe), Domayo (Maroua Ier) et
Dougoï (Maroua IIIe) ont retenus notre attention. Car, ils sont
considérés comme étant les quartiers phares de chaque
commune (
Erreur ! Source du renvoi
introuvable.).
Figure 15.
Répartition spatiale des consommateurs des médicaments dopants de
contrebande à Maroua
Source : Enquêtes de
terrain, mars 2016.
251600384
La
Erreur ! Source du renvoi
introuvable. montre que dans chaque quartier de la ville de Maroua
se trouve au moins un consommateur des médicaments dopants de
contrebande. Cependant les quartiers ayants les plus grands nombre de
consommateurs sont Domayo, Mbarmaré et Dougoï. Dans ces quartiers,
on retrouve plusieurs activités contrairement aux quartiers ayant un
nombre moyen de consommateurs tels que Djarengol, Pont-vert, Djarengol-Kodek,
Kakataré et Makabaye. Quant aux quartiers tels que Baouliwol,
Ouroutchédé, Doursoungo et Sararé. On enregistre peu de
consommateurs de médicaments dopants de contrebande. Ici, il
apparaît que le nombre élevé des consommateurs dans chaque
quartier est fonction des activités qui s'y déroulent. Cependant, des raisons diverses ont été
évoquées par les consommateurs rencontrés dans chaque
quartier de la ville de Maroua (tableau IX).
Tableau IX. Raisons de la
consommation des médicaments dopants en fonction des
quartiers
Raisons
Quartiers
|
Eradiquer
La fatigue
|
Avoir des rapports sexuels
|
Travailler longtemps
|
Soulager la douleur
|
Eradiquer les soucis
|
Total
|
Mbarmaré
|
6
|
2
|
2
|
1
|
2
|
13
|
Parar
|
3
|
2
|
0
|
0
|
1
|
6
|
Palar
|
2
|
1
|
2
|
0
|
0
|
5
|
Domayo
|
2
|
4
|
1
|
0
|
0
|
7
|
M central
|
3
|
1
|
1
|
0
|
0
|
5
|
Baoliwol
|
2
|
1
|
0
|
0
|
0
|
3
|
Doualaré
|
4
|
0
|
1
|
0
|
0
|
5
|
Dougoi
|
3
|
2
|
0
|
0
|
0
|
5
|
Doursoungo
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
Total
|
30
|
10
|
1
|
1
|
4
|
50
|
Source : Enquêtes de
terrain, mars 2016.
Toutefois, la figure 16 met en exergue la tranche d'âge
touchée par ce phénomène dans les différents
quartiers.
Source : Enquêtes de
terrain, mars 2016.
251601408
Figure 16.
Répartition par tranches d'âge des consommateurs des
médicaments dopants par quartiers
D'après la figure 16, étant un quartier à
vocation commerciale, Mbarmaré est très indexé parmi les
quartiers regorgeant le plus grand nombre de consommateurs des
médicaments dopants de contrebande du fait des activités qui s'y
déroulent et de sa proximité avec le marché central.
Concernant le quartier Domayo, le nombre élevé des consommateurs
se justifie par le fait que ce quartier est considéré comme
étant le centre de la ville. Et parlant de Dougoi, il ressort que le
marché forêt est le lieu par excellence dans lequel les vendeurs
ambulants sillonnent à cause de la forte population non seulement dans
le marché mais aussi au niveau du carrefour Schell.
Au regard donc de l'ampleur du phénomène de
consommation de ces médicaments dans la ville de Maroua, il est
important de ressortir les dépenses journalières liées
à cette consommation. Ainsi, les prix de ces produits varient en
fonction de la qualité médicament dopant que l'on achète.
La figure 17 éclaire à cet effet sur les dépenses
journalières liées à l'achat des médicaments
dopants de contrebande dans la ville de Maroua.
Source :
enquêtes de terrain, 2016.
251603456
Figure 17. Dépenses journalières des
consommateurs pour l'achat des médicaments dopants
L'analyse de la figure 17 fait constater que
48% des consommateurs des médicaments dopants de contrebande dans la
ville de Maroua dépensent entre 200f - 500f CFA par jour
pour l'achat des médicaments dopants de contrebande. Une projection
annuelle de ces dépenses reviendrait à 182.500f CFA par
consommateur. Ce qui les appauvrit davantage non seulement sur le plan
financière mais aussi sur le plan physique. 20% de ces consommateurs
dépensent entre 500 - 1000 f CFA par jour, soit 365.000f CFA/ an. Et 32%
quant à eux dépensent entre 50 - 200f CFA soit environ 73.000f
CFA/an. Toutefois, dans le but de connaitre le nombre d'année de
consommation en fonction des dépenses journalières, la figure 18
a été réalisée.
Figure 18. Dépenses
journalières en fonction de l'ancienneté des
consommateurs
Source : Enquêtes de
terrain, avril 2016.
La figure 18 présente la tranche
d'âge de l'ancienneté de la consommation des médicaments
dopants. On constate à cet effet que les tranches d'âge ayants le
plus de consommateurs dont les médicaments coûtent entre 50-200f
et 200-500f CFA sont entre 1-5ans et 5-10ans.
Conclusion
Ce chapitre traitant de la
distribution des médicaments dopants de contrebande à Maroua a
permis de comprendre un certain nombre faits qui motivent et facilitent la
consommation des médicaments dopants dans la ville de Maroua. Dans un
premier temps le circuit et les flux des médicaments dopants de
contrebande de la ville de Maroua ont été présenté.
Ainsi, il ressort que ces médicaments qui envahissent toutes les rues de
Maroua viennent en quantité importante du Nigéria provenant en
Asie notamment de la Chine et de l'Inde. Ils sont distribués à
Maroua par plusieurs types d'acteurs notamment les vendeurs grossistes, les
détaillants et les vendeurs ambulants. De ce fait, dans le souci de
connaître les médicaments dopants de contrebande utilisés
à Maroua, leur typologie a été faite. Il s'agit des
médicaments appartenant à la famille des benzodiazépines,
ceux appartenant à la famille des antalgiques des paliers II et III et
ceux de la famille des sildénafil. Ceci étant, les quartiers tels
que Mbarmaré, Domayo et Dougoï apparaissent comme étant les
quartiers qui renferment le plus de consommateurs. A cet effet, la consommation
des médicaments aussi sensibles tels que le tramol (52%), le
diazépam (20%) et le viagra (28%) va-t-elle restée sans
conséquences considérables sur la santé des
consommateurs ?
Chapitre 3. Risques sanitaires des médicaments dopants
de contrebande
Introduction
La consommation des médicaments psychoactifs à
des fins non médicales ne reste pas sans conséquence sur la
santé des consommateurs. Etant donné que ce
phénomène est un fléau mondial, on rencontre
çà et là des personnes qui présentent des
comportements de troubles particuliers causés par la consommation des
médicaments dopants. Cependant, il est également important de
signaler que ce phénomène ne se produit pas au même
degré partout dans le monde. De ce fait, il y a des
spécificités en fonction de l'usage que l'on en fait, et les
conséquences sont également fonctions du type de produits, de la
durée et de la quantité du produit consommée par le
toxicomane. Le phénomène de consommation de produits dopants est
en pleine expansion dans les villes camerounaises en général, et
à Maroua en particulier. Ce qui explique la vulgarisation des
scènes des personnes en pleine crise de convulsion dans les rues de la
ville de Maroua. Les impacts des produits dopants sont spatialement
inégalement répartis dans les quartiers de la ville. Ainsi, les
quartiers qui abritent les toxicomanes les plus anciens sont ceux-là
même qui regorgent le plus grand nombre de malades. Toutefois, il est
important de signaler que ces médicaments, qui de nos jours parcourent
tous les marchés et toutes les rues de la ville de Maroua par le biais
des différents vendeurs, ont été préalablement
fabriqués pour les traitements biens spécifiques comme
l'anxiété, les douleurs cancéreuses et les
dysfonctionnements érectiles. Dans ce chapitre, il est question
d'étudier les effets à court et à long terme liés
à la conséquence des médicaments dopants de contrebande
non seulement sur la santé du consommateur.
3.1.
Médicaments dopants fabriqués pour le traitement de
l'anxiété, des douleurs cancéreuses et des
dysfonctionnements érectiles
Les médicaments dopants sont des médicaments
susceptibles d'entraîner des toxicomanies. De ce fait, leur
prescription est soumise à des règles strictes définies
d'après les dispositions du décret no 94/040PM du 07
mars 1995 du code de la santé publique au Cameroun. Ainsi, la
fabrication, la vente, la détention et l'usage nécessitent une
autorisation spéciale. Par conséquent, doivent être
prescrits sur une ordonnance délivrée par un médecin. La
durée de prescription est relativement courte et la quantité des
médicaments délivrés en dépend. D'après le
médecin généraliste de l'hôpital de la Caisse
Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) de Maroua, « les
médicaments psychotropes sont délivrés sous prescription
médicale pour une durée très courte ayant des doses bien
déterminées. Pendant le traitement l'ordonnance n'est pas
renouvelable et pour éviter la pharmacodépendance on change de
traitement lorsque le mal persiste ». Le tableau X met à cet
effet en exergue quelques maladies traitées telles que
l'anxiété, les douleurs atroces et le dysfonctionnement
érectile par le diazépam, le tramadol et le viagra.
Tableau X.
Récapitulatif de certaines maladies traitées par les
médicaments dopants
Médicaments Dopants
|
Maladies Traitées
|
Consommation
|
Durée du Traitement
|
Diazépam
|
-Anxiété
-Surmenage
-Troubles de Sommeil
|
-Adulte : un comprimé de 05 à 20mg par
jour
|
08 à 12 semaines
|
-Enfant : entre 0,1 et 05 mg en fonction du poids du
patient
|
Tramol
|
-Douleurs Cancéreuses
|
Action Prolongée : un comprimé de 50mg
toute les 24H
|
Le traitement peut durer des mois, des années en
fonction du stade de la maladie
|
-Douleurs Modérées en cas d'accident grave
|
Comprimés à Action Rapide de 50mg : un
comprimé toutes les 4 à 6H de temps
|
Le traitement doit être le plus court possible
|
Viagra
|
-Dysfonctionnement érectile
|
Un comprimé de 50mg à prendre 1H avant
l'activité sexuelle
|
Elle va varie en fonction de l'âge et de l'état
du Patient
|
Source : Archives de HRM,
avril 2016.
Le tableau X récapitule quelques maladies
traitées par les médicaments dopants. Celles sur lesquels les
recherches de ce travail se basent sont l'anxiété, les douleurs
dues au cancer et les dysfonctionnements érectiles.
L'anxiété est un état correspondant à une
insuffisance relative du système inhibiteur. Elle peut être
consécutive à un choc ou une émotion ou être
associée à des difficultés rencontrées par
l'individu dans sa vie et sa relation à son environnement. Elle se
traduit notamment par des troubles comportementaux, cognitifs et
végétatifs. Toutefois, la durée du traitement doit
être aussi brève que possible et ne devrait pas dépasser 8
à 12 semaines. Les doses administrées varient d'un adulte
à un enfant selon les déclarations Dr. Dantio en service à
HRM.
Concernant les douleurs cancéreuses et d'après
le Dr. Bindjeme en service à l'hôpital de la CNPS de Maroua, les
médecins et les oncologues prescrivent le tramadol pour soulager la
douleur modérée à sévère causée par
beaucoup de maladies, y compris la douleur qui découle d'un cancer. Il
existe deux principaux types de tramadol utilisé pour le traitement du
cancer : courte durée d'action et à action prolongée.
Le tramadol est offert en comprimé à avaler. Les comprimés
à action rapide se prennent toutes 4 à 6 heures. Les
comprimés à action prolongée quant eux se prennent toutes
les 24 heures et les doses varient d'un patient à un autre. La
durée du traitement dépend de l'état de ce dernier. Si la
douleur est très forte, le traitement dure quelques jours ou quelques
semaines. Dans le cas d'une douleur persistante, le traitement peut durer des
mois ou des années.
Quant à la dysfonction érectile c'est une
incapacité persistante d'obtenir et/ou de maintenir une érection,
c'est-à-dire une rigidité suffisante du corps caverneux du
pénis pour permettre le déroulement satisfaisant du rapport
sexuel. Le médecin en service à l'hôpital de police de
Maroua a expliqué qu'elle se produit de façon
répétée chez un homme de plus de 50 ans. Selon lui, pour
que le diagnostic de dysfonction érectile soit établi, il faut
que les troubles rencontrés par le patient soient présents depuis
plus de trois mois ou récidivants. Ainsi, les médicaments vont
lui faciliter l'érection. Et ils ne sont efficaces que si leur prise est
associée à une stimulation sexuelle et à des caresses sur
les zones érogènes, il faut donc pratiquer des
préliminaires pour faciliter l'érection. De ce fait, la dose
recommandée est de 50 mg à prendre une heure avant
l'activité sexuelle. Le viagra peut induire une érection 4h
à 5h après l'administration. En fonction de l'efficacité
et de la tolérance la dose peut être réduite à 25 mg
ou augmentée à 100 mg. La dose maximale autorisée est de
100 mg à prendre une fois par jour au maximum. La durée du
traitement varie en fonction de l'âge et de l'état de
santé du patient. Malheureusement, la situation qui se présente
dans la ville de Maroua est telle que ces médicaments sont
détournés de leur rôle initial dans la mesure où ils
ne sont pas consommés sous prescription médicale par rapport
à une maladie y afférente, mais sont plutôt
consommés dans le but de se droguer.
3.1.1. Utilisation du diazépam, tramol et du viagra
pour des fins dopantes à Maroua
D'après Dr. Bindjemé en service à
l'hôpital de la CNPS de Maroua, les stupéfiants et les
psychotropes sont des substances psychoactives pouvant, dans le cadre d'un
usage détourné, faire l'objet de pharmacodépendance ou
d'abus. La pharmacodépendance se caractérise par le désir
obsessionnel de se procurer et de s'administrer une substance. L'abus des
substances psychoactives quant à lui, se définit comme
l'utilisation excessive et volontaire, permanente ou intermittente, ayant des
conséquences préjudiciables sur la santé physique ou
psychique que les consommateurs de la rue ignorent. Ces derniers utilisent le
diazépam, le tramol et le viagra comme drogues le plus souvent en
association avec le cannabis qui en potentialise ses effets. Alors on
enregistre les comportements de transgression dans la mesure où ces
médicaments sont détournés à des fins sexuelles,
de sensation de force et d'assurance totale.
Dans le même ordre d'idées et
contrairement au rôle initial des psychotropes, on observe la
surconsommation de ces produits dans toutes les rues de la ville de Maroua par
les adolescents et les jeunes adultes. La surconsommation de médicaments
désigne, d'un point de vue médical et sociétal, le fait
qu'un individu ou une collectivité, prenne une médication de
façon excessive ou non nécessaire. Selon les critères
d'évaluation de l'OMS, la surconsommation de médicaments est en
lien avec un usage incorrect des médicaments, ce qui se manifeste sous
la forme d'une consommation exagérée en vente libre. Alors,
d'après les enquêtes de terrain, 90% des personnes
interrogées affirment acheter un produit dopant et 10% de ces personnes
interrogées disent connaitre quelqu'un qui en achète dans leur
environnement. Le tableau XI Récapitule à cet effet des personnes
ayant acheté ou non un produit dopant dans les différents
quartiers enquêtés.
Tableau XI.
Récapitulatif des quartiers utilisant les médicaments dopants de
contrebande
Achat direct des médicaments dopants
|
Présence d'un consommateur dans l'environnement de
l'enquêté
|
Quartiers
|
Oui
|
Non
|
Souvent
|
Oui
|
Non
|
Souvent
|
Total
|
Pourcentage(%)
|
Mbarmaré
|
8
|
0
|
1
|
2
|
0
|
2
|
13
|
26%
|
Dougoi
|
2
|
0
|
1
|
2
|
0
|
0
|
5
|
10%
|
Doursoungo
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
1
|
2%
|
Kakataré
|
2
|
0
|
0
|
2
|
0
|
1
|
5
|
10%
|
Domayo
|
2
|
0
|
1
|
2
|
0
|
1
|
6
|
12%
|
Parar
|
0
|
0
|
2
|
4
|
0
|
2
|
8
|
16%
|
Palar
|
1
|
0
|
1
|
3
|
0
|
0
|
5
|
10%
|
Baouliwol
|
0
|
0
|
0
|
3
|
0
|
0
|
3
|
6%
|
Doualaré
|
0
|
0
|
1
|
3
|
0
|
0
|
4
|
8%
|
Total
|
15
|
0
|
7
|
22
|
0
|
6
|
50
|
100%
|
Source : Enquêtes de
terrain, mars 2016.
Les chiffres du tableau XI parlent d'eux-mêmes. Ici un
total de 15 consommateurs des médicaments dopants de contrebande avouent
acheter ces médicaments régulièrement contre 7
consommateurs disent les utiliser de temps à temps. Tandis que 22
enquêtés confirment avoir 22 consommateurs réguliers contre
7 consommateurs qui prennent ces médicaments quelques fois. Cependant la
situation est plus que préoccupante dans la mesure où les
médicaments dopants consommés dans les rues de la ville de Maroua
sont différents de ceux vendus dans les pharmacies de cette ville. A cet
effet, le constat qui se dégage dès lors est celui de la
contrefaçon de ces produits.
3.1.2. Diazépam, tramol et le viagra de contrebande
consommés dans les rues de Maroua
Selon l'OMS (2010) un médicament contrefait est un
médicament qui a été délibérément et
frauduleusement étiqueté de façon erronée quant
à son identité et/ou sa source. Il pense ainsi que la notion de
contrefaçon comprend trois concepts différents à savoir :
celui de la qualité du médicament, celui de la
légalité du produit et celui de l'intention frauduleuse. Le terme
« contrefaçon » peut s'appliquer à des
médicaments de marque comme à des génériques.
Partant de cette analyse, on se rend ainsi compte que les médicaments
dopants vendus dans la ville de Maroua à l'instar du tramadol, du
diazépam et du viagra sont contrefaits. Car, ces médicaments
provenant du Nigéria ne respectent pas des normes internationales
d'emballages et même d'étiquetages. De ce fait, les
médicaments dopants de contrebande provenant du Nigéria sont
contrefaits comme le confirme la découverte de deux laboratoires
clandestins de fabrication des psychotropes non spécifiés
à Lagos au cours de l'année 2011. Pendant cette opération,
on a enregistré une augmentation considérable de la fabrication
de ces substances, soit 2 985 kg en 2011 contre 712 kg en 2009 (OICS,
2014). A cet effet, pour matérialiser la présence des
médicaments contrefaits provenant du Nigéria vendus dans la ville
de Maroua, la comparaison de ces derniers avec les psychotropes vendus dans les
pharmacies de la même ville mais qui sont fabriqués dans des
normes internationales reconnues a été jugée
nécessaire (planche 3).
A
251610624
B
251611648
Cliché : Mohamed, avril 2016.
251609600
Planche 3. Comparaison entre le tramadol vendu au
marché et celui vendu en pharmacie
La planche 3 fait une comparaison entre le tramol (A) qui
est vendu dans les pharmacies et le tramol (B) vendu dans la rue à
Maroua. Le tramol (A) vendu dans les pharmacies est fabriqué par les
laboratoires « denk pharma » basés en
Allemagne. Il présente également un dessin du gobelet
écrit dessous 10 comprimés effervescents en trois langues
à savoir : l'anglais, le français et l'espagnol et le dosage
de ce tramadol est de 50mg. Quant au tramadol (B), il est inscrit dessus
« royal 225 ».
D'après la planche 3, le tramadol vendu en pharmacie
est plus fiable car il donne des renseignements sur le fabricant. Il contient
également une posologie qui indique la manière dont il doit
être consommé et son dosage ; mais aussi renseigne le
consommateur sur les possibles effets indésirables afin que ce dernier
consulte son médecin au cas où il apparait un de ces effets. Or
le tramol vendu dans la rue à Maroua est muet, il ne donne ni le nom du
fabricant, ni la posologie encore moins les cas dans lesquels utiliser ce
produit. Il s'agit à cet effet d'un médicament surdosé car
il a 225 mg par comprimé contre 50 mg par comprimé du tramol
vendu en pharmacie.
Dans la même perspective, la comparaison du viagra et
du Diazépam vendus dans toutes les rues de la ville de Maroua et celle
du viagra et du Diazépam vendus dans les pharmacies de la même
ville a été faite (planche 4).
B
251614720
Cliché :
Djomo, avril 2016.
251612672
A
251613696
Planche 4. Viagra et diazépam vendus dans les
pharmacies
Contrairement aux différents médicaments
dopants désignant le viagra (photo5) et diazépam (photo 3) vendus
dans les rues de Maroua sans ordonnance, la planche 4 nous présente
respectivement ces produits vendus dans les pharmacies sous prescriptions
médicales. Dans la photo A, il s'agit de l'étui du viagra de 4
comprimés enrobés de 50 mg par comprimé fabriqué
par les laboratoires « Pfizer », le code bar de ce produit
nous renseigne sur son authenticité. La photo B quant à elle
présente le diazépam en solution injectable de 6 ampoules de 10
mg/ 2ml. Le prix de ce produit est 2120f CFA, il s'agit d'un produit
fabriqué dans les normes pharmaceutiques d'après son code bar.
De plus la vente de ces médicaments dans les
pharmacies s'effectue après la présentation d'une ordonnance que
le pharmacien enregistre afin de prévenir les éventuelles
mauvaises utilisations du médicament par le patient (annexe 2). La
consommation des médicaments dopants tels que le tramol entraine des
risques sanitaires à long et à cour termes chez le
consommateur.
3.2. Effets
immédiats du tramol de contrebande sur la santé du
consommateur
La consommation du tramol à des doses
élevées peut avoir des conséquences très
néfastes pour la santé humaine. Ainsi, les symptômes de
surdosage du tramol sont les suivants : dépression respiratoire,
somnolence évoluant vers la stupeur ou le coma, flaccidité
musculaire squelettique, peau froide et moite, contraction pupillaire, crises
convulsives, bradycardie, hypotension, arrêt cardiaque et
décès (Picard, 2003).
Cependant, des réactions anaphylactoïdes peuvent
survenir notamment en cas d'allergie à la codéine, et parfois
dès la première prise. Le tramadol est par conséquent,
contre indiqué en cas d'allergie avérée aux
médicaments de la classe des opioïdes. Ainsi, toutes les
conséquences relevées sont groupées en conséquence
à long et à court termes. d'autres, moins fréquentes:
crises convulsives lors de conditions favorisantes (surdosage,
antécédents convulsifs; plus de 200 cas rapportés en 1
an selon la Food and Drug Administration), troubles de la vigilance,
euphorie, hallucination, douleurs abdominales. Et enfin les plus rares sont:
hypotension artérielle, bronchospasme, rash cutané, choc
anaphylactique, oedème angioneurotique (INSERM, 2014). Toutes ces
maladies ou effets indésirables ont été classés en
deux catégorie à savoir : les effets immédiats
ou à court terme et les effets à long terme.
La consommation du tramol entraine des conséquences
multiples sur la santé humaine. En effet, en comparaison aux autres
médicaments à visée antalgique, La constipation est
décrite comme étant une des conséquences immédiates
dues à la consommation du tramol. Mais le tramadol est
dénué d'effets gastro-toxiques et réno-toxiques
comparativement aux anti-inflammatoires non stéroïdiens. Parmi les
effets immédiats, il y a l'intoxication médicamenteuse que l'on
enregistre d'ailleurs dans les hôpitaux de la ville de Maroua. A cet
effet, les enquêtes sur le terrain ont permis de faire le tour des
hôpitaux dans la ville de Maroua à la recherche des cas urgents et
d'intoxications aux médicaments dopants enregistrés dans ces
hôpitaux (Tableau XII).
Tableau XII. Malades
enregistrés dans les hôpitaux suite à la consommation
abusive des médicaments dopants de contrebande à
Maroua
Hôpital Régional de Maroua
|
Noms et âges des Patients
|
Professions et Résidence
|
Motifs et Date d'admissions
|
Hamadou Sadjo, 30ans
|
Menuisiers, domayo
|
Intoxication au tramol, 22 janvier 2016
|
Abbo, 25ans
|
Elève, Lopéré
|
Intoxication médicamenteuse, 11 février 2016
|
Hôpital de la CNPS
|
Amidou Gaspard, 32ans
|
Pousseur, Mbarmaré
|
Intoxication médicamenteuse, 3octobre 2015
|
Mouhamadou Sani Ibrahim, 23ans
|
Tailleur, Mbarmaré
|
Convulsion, 09decembre2015
|
Hôpital de Police
|
Adamou Hamadou, 37ans
|
Mototaximan, Mbarmaré
|
Intoxication au tramol, 9mars 2016
|
Abakar, 29 ans
|
Mototaximan, Kakataré
|
Intoxication médicamenteuse, 10 mars 2016
|
Hôpital Islamique de Barmaré
|
Salvador Balawé, 28 ans
|
Maçon, Doualaré
|
Convulsion, 04 novembre 2015
|
Siradjo Bouba, 20ans
|
Elève, Kakataré
|
Intoxication médicamenteuse
|
Source : Archives des hôpitaux, avril 2016.
3.2.1. Effets respiratoires
observés chez les consommateurs du Tramol de contrebande
Tous les médicaments ayant un mode d'action de
type opioïde sont susceptibles d'entraîner une dépression
respiratoire (diminution du volume courant et de la fréquence
respiratoire avec perturbation de l'hématose). En ce qui concerne le
tramadol, il apparaît après sa large utilisation, notamment dans
le traitement préventif de la douleur en péri
opératoire, que cette molécule entrainerait moins de trouble
à type de dépression respiratoire que la morphine à doses
analgésiques; ceci s'expliquerait par sa moindre affinité
envers le récepteur. Ainsi, 10% des consommateurs du Tramol à
Maroua affirment effectivement avoir des problèmes respiratoires.
Cependant, ils ne sont pas les seuls effets négatifs qui apparaissent
chez les consommateurs des médicaments dopants.
3.2.2. Risque D'AVC (accident
vasculaire cérébral) pour les consommateurs du Tramol de
contrebande
D'après Dr. Dantio en service à HRM, la
consommation abusive du tramol entraine des accidents vasculaires
cérébraux. Ainsi, le tramadol peut être impliqué
dans une augmentation de la tension artérielle systolo-diastolique ainsi
que dans l'augmentation du rythme cardiaque (actions
sympathomimétiques). Il est également décrit une
vasodilatation périphérique responsable d'une hypotension
artérielle orthostatique dans l'utilisation de tramadol par voie
intraveineuse, mais cet effet indésirable ne survient qu'en cas
d'injection trop rapide ou de doses trop importantes. En effet, les AVC sont
responsable de la mort de certains consommateurs du tramol dans la ville de
Maroua, 40% des enquêtés dans les quartiers de la ville de Maroua
disent connaitre des personnes mortes à la suite de cette crise. Les
hôpitaux de Maroua font quant à eux état de ce que 13% de
leurs patients atteints d'AVC consomment le tramol sans avis médical.
3.2.3. Effets neurologiques tels que la sédation,
convulsion dus à la consommation abusive du tramol
D'après le Dr. Bindjemé, les effets les plus
fréquents de la consommation abusive du tramol sont les vertiges, les
céphalées et la somnolence. Néanmoins on rencontre
également plusieurs cas décrits de crises convulsives. Dans un
tiers des cas, ces convulsions sont apparues au cours de la première
journée de traitement et elles ne sont dues à un surdosage que
pour un quart d'entre elles. Globalement, le tramadol, utilisé dans le
traitement de la douleur à doses thérapeutiques et
administré selon les recommandations, ne semble être que
très rarement la seule cause dans la survenue de crises convulsives et
il apparaît très souvent que l'initiation des crises est due
à un des facteurs favorisants suivants: Une intoxication par surdosage.
Ainsi, les chiffres de nos enquêtes nous révèlent que 25%
de toxicomanes dans la ville de Maroua souffrent de convulsions. Lors de ces
crises, les premiers secours sont organisés à la maison par les
proches du patient. Les populations de la ville de Maroua ont ainsi leurs
méthodes traditionnelles pour aider le malade à se relever. Le
tableau XIII apporte donc les différentes mesures prises par les proches
des patients pour soulager les maux de leur patient lors d'une crise
causé par la consommation abusive du tramol.
Tableau XIII. Récapitulatif des Mesures prises
en cas de Crise de Convulsion due à la prise du tramol à
Maroua
Mesures prises lors des Convulsions
|
Nombre de Personnes
|
Pourcentage
|
Vous lui donnez le cube
|
35
|
70%
|
Vous lui donnez de l'eau
|
7
|
14%
|
Vous lui donnez le citron
|
1
|
2%
|
Injection diazépam
|
1
|
2%
|
Total
|
44
|
88%
|
Source : Enquêtes de terrain, avril
2016.
Le tableau XIII permet de comprendre que l'environnement du
consommateur du tramol a des méthodes bien propres pour aider le patient
en cas de crise de convulsion. En effet, les crises de convulsion
causées par la consommation du tramol entrainent souvent la mort du
patient si rien n'est fait. De ce fait, les populations ont
développées des méthodes qui leur permettent de sauver ces
personnes. A cet effet, 70% des personnes administre le cube aux malades tandis
que 14% des personnes leur l'eau et 2% leur donne respectivement du citron et
le diazépam en injection dans les hôpitaux où ils sont
transférés de toute urgence tel que HRM. Tandis que 12% des
autres six (06) enquêtés ne disent jamais administrer un soin
à un consommateur du tramol en pleine convulsion. Cependant, les mesures
de secours faits à la maison par les proches des malades en cas de
crises de convulsions ne sont pas sans risques pour la santé de ces
derniers. En effet, la consommation abusive du cube par exemple est responsable
des maladies telles que l'hypertension. Toutefois, la prise abusive du tramol
entraine des effets à long terme encore plus dangereux chez le
consommateur.
3.3.
Effets à long terme du tramol sur la santé du consommateur des
médicaments dopants de contrebande
Les effets à long terme de la consommation abusive des
médicaments dopants sont multiples. Elles vont des dépressions
maniaco-dépressifs (4%) jusqu'à la mort en passant par les
maladies telles que la tremblote et la dépendance (78%) dans la ville de
Maroua.
3.3.1. Troubles maniaco-dépressif
Communément appelés
« folie », les troubles maniaco-dépressif sont l'une
des conséquences les plus manifestes de la consommation abusive des
médicaments psychoactifs. Par leur nature, les médicaments
psychoactifs entrainent souvent un changement de comportement chez le
consommateur qui devient parfois trop violant ou trop calme au point de ne plus
avoir une conversation avec les gens auprès de lui. A cet effet, pendant
les enquêtes sur le terrain un nombre des personnes souffrantes de cette
maladie a été enregistré (4%), il était certes
difficile de causer directement avec elles à cause de leur manque de
résonnement. Mais 28% des proches donnés beaucoup de
renseignement sur ce qu'ils pensent être la cause de leurs maladies.
Ainsi, ils affirment que ces « fous » consommaient beaucoup
de tramol en association avec d'autres produits tels que le
« cannabis » avant de se retrouver dans cet état.
Dans la même logique les médecins de HRM et de la CNPS affirment
avoir reçu ces « fous » bien qu'il soit de difficile
de les quantifier à cause de l'occurrence du phénomène.
3.3.2. Forte dépendance des consommateurs
vis-à-vis de ces médicaments dopants
Les enquêtes auprès des médecins de HRM,
CNPS et HP, révèlent que 78% de consommateurs de
médicaments dopants vendus dans les rues de la ville de Maroua sont
dépendants. Selon eux, la dépendance peut se caractériser
sur deux formes à savoir : la forme psychique et la forme
physique.
· Dépendance Psychique : une addiction ou
dépendance psychique se manifeste par un phénomène de
manque lorsqu'on est privé d'un besoin non vital (exemples de besoins
vitaux : nourriture, sommeil). Elle se manifeste aussi par une forte envie de
toujours consommer les produits dopants afin de se sentir bien. Ainsi, le
consommateur trouve la nécessité de consommer le produit dopant
à des doses encore plus importantes dans le but de se satisfaire.
· Dépendance Physique : l'addiction physique
se caractérise par une incapacité de l'individu à vaquer
à ses occupations lorsqu'il ne prend pas ses médicaments. A cet
effet, le consommateur des produits dopants se sent tellement diminué
physiquement au point de ne même pas pouvoir marcher. Ainsi, pendant les
enquêtes une catégorie de consommateurs (42%) dit ne pas pouvoir
se lever de leurs lits pour aller travailler lorsqu'ils ne prennent pas le
tramol. L'individu prend d'abord la dose de médicaments qu'il a
l'habitude de prendre, en suite il ressent la nécessité
d'augmenter les doses pour retrouver l'effet initial.
3.3.3. Réduction de l'espérance de vie des
consommateurs du tramol de contrebande
Les consommateurs du tramol dans la ville de Maroua ont une
espérance de vie réduite. En effet, plusieurs cas de
décès suite à la consommation abusive du tramol à
Maroua ont été dénombrés. Il s'agit pour la plus
part des cas des décès survenus lors de la crise de convulsions
dont les proches et les médecins n'ont pas pu soigner. Cependant, il
important de signer que les chiffres liés aux décès
causés par le tramol présentés dans ce travail sont de
deux types : il s'agit des chiffres issus des personnes auprès
desquelles les enquêtes ont été ménées, et
les chiffres recueillis auprès des médecins dans les
Hôpitaux. De ce fait, 1% des décès dans les Hôpitaux
de la ville de Maroua sont causés par les intoxications à tramol.
Le tableau XIV présente également un récapitulatif des
personnes ayant vu ou non des personnes mortes à cause de la
consommation abusive d tramol.
Tableau XIV.
Récapitulatif des personnes ayant assisté aux décès
causés par le tramol
Personnes ayant vu des décès dus au tramol
|
Nombre de Personnes
|
Pourcentage (%)
|
Oui
|
17
|
29,78%
|
Non
|
33
|
70,21%
|
Source : Enquêtes de terrain, mars
2016.
251618816
50
L'analyse du tableau XIV permet de comprendre que les
chiffres des décès liés à la consommation abusive
du tramol dans la ville de Maroua sont lourds. En effet, 29,78% des personnes
enquêtées ont déjà vus des décès
liés à la consommation du tramol. Il s'agit des personnes mortes
au cours des crises de convulsions dont les proches n'ont pas pu aider
malgré les différentes mesures prises.
(Roussin, 2011) met en évidence les effets de la
consommation abusive des médicaments dopants sur l'espérance de
vie à travers une série d'expérience qu'elle a
menée sur les rats en utilisant le tramol. Ainsi, Le tramadol a
été évalué dans le cadre d'études
périnatales et postnatales chez le rat. Les ratons dont la mère
avait reçu par gavage des doses de 50mg/kg (300 mg/m2 ou 1,2 fois la
dose quotidienne maximale chez l'être humain) avaient un poids plus
faible et leur survie a été réduite tôt durant la
période de lactation à la dose de 80mg/kg. Elle a fini par
conclure que la consommation des médicaments dopants entraine une
diminution des capacités physiques du consommateur, et à la
longue une diminution de l'espérance de vie.
La figure 19 présente les maladies dont souffrent les
consommateurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua en
fonction du nombre d'année qu'ils consomment ces produits.
Source : Enquêtes
de terrain, mars 2016.
251619840
Figure 19. Pathologies des
toxicomanes en fonction de la durée de la consommation
L'analyse de la figure 19 permet de constater que plus de la
moitié des consommateurs des médicaments dopants dans la ville de
Maroua souffrent des pathologies soupçonnées être
causées par la consommation abusive des produits dopants tels que le
tramol et le diazépam. Les principales pathologies dont souffrent ces
toxicomanes sont les troubles de comportement à caractère
maniaco-dépressif dont 31% de personnes souffrent
déjà ; les crises de convulsions dont 25% de personnes
souffrent ; il y a la tremblote qui est caractérisée par une
incapacité de l'individu à contrôler tous les mouvements de
son corps, dont 21,88% de personnes sont atteintes. Nous avons aussi la
dépendance qui atteint 15,62% de consommateurs.
Cependant il est également très important de
rappeler que la plus part de ces maladies apparaissent à long terme,
c'est-à-dire que les toxicomanes qui consomment depuis 5 à 10 ans
sont ceux-là qui présentent le plus de pathologies.
Néanmoins, les maladies comme les crises de convulsions apparaissent
généralement après une intoxication au tramol. Lors des
enquêtes, la question a été posée aux consommateurs
de savoir s'ils sont conscients du fait que la consommation de ces produits
constitue un danger pour leur santé. Et les réponses sont
plutôt surprenantes car seul 41,30% de consommateurs sont conscients que
ces produits sont dangereux pour leur santé. Ainsi, on se rend
également compte que ces toxicomanes ne savent même pas que les
produits sont un danger pour leur santé. Ce qui constitue un risque
encore plus élevé de voir le nombre de consommateur
évolué et même le taux de malades en hausse dans la ville
de Maroua. Dès lors, pendant ces enquêtes sur le terrain on a
rencontré au moins un consommateur souffrant d'une de ces pathologies
dans chaque quartier. En effet, la consommation du tramol dans la ville de
Maroua est alarmante parce qu'on enregistre les décès aussi bien
les hôpitaux que dans les quartiers. Les quartiers tels que
Mbarmaré Domayo et Dougoi ont respectivement un taux de
prévalence de 10%, 8% et 7% de la consommation du tramol. Toutefois, il
est important de présenter quelques caractéristiques
physiologiques d'un consommateur de tramol afin de mieux cerner les effets
visibles du tramol sur la santé humaine.
3.4.
Caractéristiques physiologiques des consommateurs des médicaments
dopants dans la ville de Maroua
Tout médicament a une dose journalière et une
durée de traitement déterminée par le médecin qui
suit un malade. Cependant certaines maladies à l'instar du cancer et du
diabète nécessitent la prise de médicaments à vie.
Concernant les médicaments dopants retrouvés dans la ville de
Maroua, ils sont pour la plus part de la famille des anxiolytiques. De ce fait,
ils doivent obligatoirement être prescrits par un médecin et le
pharmacien en vendant exige également l'ordonnance médicale
signée par le médecin. Aussi, la durée d'un traitement
à base de ce type de médicament doit être la plus
réduite possible à cause du caractère dangereux de ce
produit lorsqu'il est pris tout le temps. Or, les toxicomanes
médicamenteux ne respectent ni la dose, ni la durée étant
donné même que la plus part d'entre eux qui en consomment ces
produits ne sont pas déclarés malades. A cet effet, la prise
exagérée des médicaments dopants tels que le
diazépam et le tramol leur confèrent des caractéristiques
physiologiques bien spécifiques à eux. Ainsi, le tableau XV
ressort la quantité de médicaments consommée par un
individu et par jour.
Tableau XV.
Quantité de médicament consommé par jour et par
individu
Quantité du comprimé
|
Nombre de personne
|
Pourcentage
|
1-10
|
30
|
65%
|
10-20
|
12
|
26%
|
20-30
|
8
|
8%
|
Total
|
50
|
100%
|
Source : Enquêtes de terrain, mars
2016.
L'analyse du tableau XV permet de constater la gravité
de la situation de la consommation abusive des produits dopants dans la ville
de Maroua. Ainsi, 26% de personnes consomment 10 à 20 comprimés
par jour, ce qui est extrêmement dangereux pour la santé, il y a
même ceux qui en consomment 20 à 30 comprimés par jour. A
cause donc de cette consommation abusive, ces personnes ont des
caractéristiques physiologiques et psychologiques propres à eux
qui convient de relever.
3.4.1. Manque de raisonnement chez les consommateurs du
tramol et du Diazépam
Les médicaments dopants consommés par certaines
personnes ont des effets psychoactifs, c'est-à-dire qu'ils ont des
effets notoires sur la perception et la conscience du consommateur. Il est
important de signaler que 38% de ces consommateurs n'ont jamais
été à l'école. De ce fait, ils ont de façon
naturelle un niveau de raisonnement bas qu'ils aggravent encore plus avec la
consommation des médicaments dopants tels que le diazépam qui
altère davantage leurs fonctions psychologiques. Ce qui va ainsi
entraîner une altération du fonctionnement intellectuel et
comportemental de l'individu consommateur : l'humeur, le jugement et le
contrôle social peuvent être atteints, de même que diverses
fonctions physiologiques. Ainsi, les consommateurs se font remarqués par
un trouble de comportement et un manque de logique dans leur raisonnement. Ils
ont des difficultés à avoir une conversation logique dans leurs
déclarations. De ce fait, ils mélangent plusieurs sujets à
la fois lorsqu'ils parlent. Cependant, les troubles psychiques ne sont pas les
seuls caractéristiques physiologiques des consommateurs.
3.4.2. Déséquilibre physique des consommateurs
des médicaments dopants
Il a été remarqué chez la plus part des
toxicomanes un déséquilibre physique (68% des personnes
enquêtées). En effet, ces toxicomanes donnent l'impression de ne
pas tenir sur leurs deux jambes lorsqu'ils marchent et lorsqu'ils parlent. Ceux
qui ont ces symptômes sont les personnes qui pour la plupart consomment
plus de 10 comprimés de ces médicaments et ce, depuis plus de 10
ans déjà. Ainsi, le manque d'équilibre physique apparait
sur une longue durée de consommation.
3.4.3. Association avec d'autres produits dopants tels que le
cannabis
Les consommateurs des médicaments à des fins
dopants ont généralement des « yeux rouges »
parfois dû à l'association de ces médicaments avec d`autres
substances tels que le cannabis qui est également très
consommé dans la ville de Maroua. 60% des consommateurs des produits
dopants avoués qu'ils mélange ces médicaments au cannabis.
C'est-à-dire que lorsqu'ils ont un travail à effectuer, ils
consomment le tramol et fument le cannabis quelques minutes avant le
début de leur travail. Toutefois, les conséquences
socio-sanitaires de l'association des médicaments aux autres produits
sont multiples. L'association du tramol au cannabis entraine des effets
maniaco-dépressifs accompagnés des violences. En effet, les
personnes qui les associent sont celles-là qui sont atteintes de folies
et de manque de raisonnement (enquêtes de terrain).
Conclusion
La toxicomanie médicamenteuse ou la consommation des
médicaments dopants dans la ville de Maroua est un
phénomène dont les conséquences sur la santé du
consommateur sont visibles. Les médicaments dopants entrainent des
effets néfastes sur la santé humaine lorsqu'ils sont
consommés sans avis médicale. Or ces derniers ont
été pour le traitement des maladies bien spécifiques
telles que l'anxiété, les douleurs cancéreuses et les
troubles érectiles. Ainsi, le médicament le plus consommé
dans la ville de Maroua étant le tramol soit un pourcentage de 52%.
L'évaluation des conséquences de ce produit sur la santé
des consommateurs a été faite. C'est alors qu'il a
été constaté que ce produit entraine des
conséquences à long et à court termes. Les
premières sont celles qui favorisent la pharmacodépendance
à l'instar de la dépendance physique et la dépendance
psychique pouvant conduit à un comportement maniaco-dépressif
c'est-à-dire à la folie. Parlant toujours des dégâts
causés par la consommation du tramol à long terme, on observe une
réduction de l'espérance de vie chez le consommateur qui est de
45 ans, or la moyenne est de 60 et 65 ans respectivement chez les Hommes et
Femmes. Les secondes conséquences quant à elles se manifestent
immédiatement après la prise abusive du tramol. Il s'agit des
manifestations telles que la sédation et les convulsions (40%), risque
d'AVC (13%) et les effets respiratoires (10%). Alors, sachant que la tranche
d'âge la plus atteinte est de 20 à 40 ans soit 90% de la
population enquêtée il est nécessaire d'élaborer un
plan de lutte contre la contrebande des médicaments dopants dans la
ville de Maroua.
Chapitre 4. Stratégies de lutte contre la contrebande
des médicaments dopants
Introduction
La consommation des médicaments dopants dans la ville
de Maroua étant un phénomène qui révèle de
la santé publique, il convient donc de développer des
stratégies qui permettront non seulement de limiter l'entrée
frauduleuse de ces médicaments dans la ville de Maroua, mais aussi de
trouver des solutions afin de minimiser la consommation de ces produits et de
trouver de moyens de prendre en charge les consommateurs qui présentent
déjà des conséquences néfastes liées
à la toxicomanie médicamenteuse. A cet effet, ce chapitre
consiste à apporter des solutions fiables, concrètes au
problème de la contrebande des médicaments dopants dans la ville
de Maroua. Il sera donc question de présenter les différents
acteurs et leurs politiques dans la lutte contre la vente des
médicaments dopants. Il s'agit de ceux qui luttent contre la vente
illicite des médicaments dopants dans la ville de Maroua. Toutefois, le
constat qui se dégage est tel que ces politiques bien
élaborées ne sont malheureusement pas appliquées sur le
terrain vu le nombre sans cesse croissant de ces médicaments vendus dans
les différents marchés et même dans les rues de la ville de
Maroua. Il s'agit ici de montrer les causes des limites de ces
différentes politiques. Alors, pour apporter un plus à tout ce
qui a été précédemment dit, de nouvelles
stratégies sont proposées pour lutter non seulement contre la
contrebande des médicaments dopants mais aussi contre leur consommation.
4.1.
Différents acteurs et leurs politiques de lutte contre la
commercialisation des médicaments dopants de contrebande
Face à la montée dramatique de la vente
illicite des médicaments dopants de contrebande dans les villes
camerounaises en général et à Maroua en particulier,
plusieurs acteurs tels que l'Etat, le ministère de la santé
publique, l'ordre national des pharmaciens, la police et les autorités
communales ont mis sur pieds de nombreuses politiques qui luttent contre la
vente illégale des psychotropes.
4.1.1. Actions de l'Etat camerounais dans la lutte contre la
vente des médicaments dopants de contrebande à Maroua
Le Cameroun s'est joint à la communauté
africaine en Mars 2010, pour célébrer la 6e journée de
lutte contre la vente illicite des médicaments ayant pour thème
« Sensibilisation de la mère et de l'enfant aux dangers du
marché illicite du médicament en Afrique francophone ».
C'est dans le même ordre d'idée qu'au regard des
dégâts que causent les médicaments dopants, les Nations
unies ont institué depuis dix ans déjà, une journée
(le 28 mai de chaque année) visant à soutenir la campagne de
sensibilisation des populations sur les dangers du médicament de la rue.
Ainsi, à Maroua les autorités sanitaires et du Commerce
notamment, ont marqué cette célébration par des saisies
sporadiques des médicaments vendus illicitement. Par exemple, le 30
avril 2016 à 7h a eu lieu une descente des forces de l'Ordre dans le
quartier Mbarmaré afin de saisir les nombreux vendeurs des
médicaments dopants présents dans ce quartier. Un scénario
auquel l'on assiste depuis cinq (05) années et l'on se demande s'il est
vraiment efficace. Puisque dès le passage des autorités, les
étals refont surface aux abords des rues. Or selon les statistiques de
l'OMS, un médicament sur cinq vendu est périmé,
détérioré ou de mauvaise qualité. L'Etat
camerounais lutte toujours contre la vente illicite des médicaments
dopants à Maroua à travers ses différents Organes tels que
la délégation régionale de la santé publique.
4.1.2. Rôle de la Délégation
régionale de la santé publique dans la saisie des
médicaments dopants auprès des vendeurs à Maroua
Selon les données obtenues à la
Délégation Régionale de la Santé Publique,
près de 40% des médicaments dopants vendus dans la rue de Maroua
proviennent de la contrebande, le circuit illicite représentant entre 20
et 25 % du marché du médicament local. L'approvisionnement des
revendeurs en association avec les dépôts de médicaments
par les grossistes et les pharmaciens est formellement interdit. Seuls les
pharmaciens et les établissements hospitaliers sont habiletés
à importer les produits dopants. Tout médicament ou produit,
stocké vendu en violation de la présente décision sera
saisi et détruit par les autorités administratives
compétentes. Ce qui leur a permis de réaliser déjà
quatre (04) en 2008 opérations de saisie et la destruction des
médicaments et produits pharmaceutiques contrefaits vendus dans les rues
de Maroua. Toutefois, les pharmaciens des différentes pharmacies de la
ville de Maroua jouent un rôle non négligeable en sensibilisant
les consommateurs des produits dopants de contrebande des conséquences
auxquelles ils sont exposés.
4.1.3. Rôle de l'ordre national des pharmaciens du
Cameroun dans la sensibilisation des consommateurs sur les
conséquences des médicaments dopants de contrebande sur la
santé
La profession de pharmacien est régie par l'ordonnance
n°60-26 du 21 Mars 1960, art 71 (annexe 4), portant
organisation au Cameroun l'exercice de la pharmacie. Dans la ville de Maroua,
il n'existe pas un bureau véritable du CNOP, mais d'après M.
Tiyou Pierre de la pharmacie du Centre, cette structure a son
représentant à la Délégation Régionale de la
Santé Publique de l'Extrême-Nord. Cette structure participe
à la sensibilisation des populations sur les risques liés
à l'utilisation des médicaments illicites. Elle interpelle le
gouvernement sur les problèmes posés par le marché des
médicaments dopants de contrebande. Des réunions, des semaines de
sensibilisation sur les dangers liés à la consommation de ces
médicaments sont faites par les professionnels de santé à
travers plusieurs séminaires à Maroua, dont le plus récent
fut tenu le 08 Avril 2016.
Ainsi, l'Ordre national des pharmaciens et les pouvoirs
publics lancent régulièrement des campagnes nationales de
sensibilisation des populations sur les dangers relatifs à la
consommation et à la commercialisation des produits pharmaceutiques de
la rue dans la ville de Maroua. Elle ambitionne, à défaut de
l'éradiquer, au moins de limiter le phénomène
récurrent des faux médicaments et des psychotropes dans la ville
de Maroua. A cet effet, les pharmaciens constituent également une
catégorie d'acteurs engagés dans la lutte contre la vente
illicite des médicaments dopants. Lors des entretiens avec les
pharmaciens de la ville de la Maroua, 90% d'entre eux font comprendre que
désormais, ils luttent contre ce phénomène à
travers la sensibilisation de chaque patient dont ils suivent. Ainsi, leurs
actions sont à prendre en compte dans les stratégies
employées pour éradiquer la consommation des médicaments
dopants de contrebande dans la ville de Maroua. Toutefois la même
perspective, les actions des Forces de l'Ordre sont aussi à saluer.
4.1.4. Forces de l'ordre et les autorités communales
dans la lutte contre les médicaments dopants de contrebande
Dans la ville de Maroua, la politique de lutte contre le
phénomène de la vente illicite des médicaments de
menée par les forces de l'ordre et les agents de commune urbaine de
Maroua s'effectue à travers les saisies et les destructions de ces
médicaments. Il est important ici de noter qu'un accent particulier est
ainsi mis sur la vente illicite des psychotropes tels que le tramol. De lourds
impôts et amandes sont demandés aux vendeurs dans le but de les
décourager à mener cette activité.
Cependant, nonobstant les politiques mises sur pied par les
différents auteurs dans la lutte contre la vente illicite des
médicaments dopants dans toutes les rues des villes camerounaises, le
constat est que celles-ci présentent des insuffisances à travers
un bon nombre de facteurs qui favorisent ou encouragent plutôt la
circulation de ces médicaments de contrebande dans toute la ville dans
la mesure où ces médicaments nuisibles à la santé
continuent de faire bon marché et de cela, malgré la connaissance
des causes de certains consommateurs ainsi qu'au vu et au su des
autorités de la ville de Maroua.
4.1.5. Rôle
mitigé des populations de Maroua dans la lutte contre la contrebande des
médicaments dopants
Les populations de la ville de Maroua conçoivent la
pratique de la contrebande de façons différentes. Nous avons d'un
côté, 60% des personnes que nous avons interrogés qui
condamnent ces pratiques car leurs proches sont victimes des
conséquences des maladies causées par la consommation des
médicaments dopants de contrebande à Maroua. Aussi, elles
contribuent à lutter contre la consommation de ces produits en
sensibilisant les personnes autour d'elles sur les méfaits du tramol par
exemple sur la santé humaine (enquêtes de terrain, avril 2016).
Par contre, une catégorie de population est indifférente par
rapport au fléau de consommation des médicaments dopants de
contrebande à Maroua (40%). A cet effet, après un entretien ces
40% trouvent que chacun est libre de consommer ces produits et de ce
fait, elles ne peuvent pas aider les autorités sanitaires et
administratives à lutter contre cette contrebande.
4.2.
Limites des mesures prises par les acteurs dans la lutte contre la vente des
médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua
L'ensemble des mesures présentées souffrent de
multiples déficits qui sont eux aussi favorisés par un certain
nombre de facteurs qui contribuent à la prolifération des
psychotropes sur les marchés de Maroua. La qualité de ces
médicaments étant douteuse, il convient donc de repérer
les insuffisances des mesures prises par le gouvernement avec précision
pour leur permettre de déceler les problèmes posés par
cette contrebande et de mettre en place des programmes efficaces pouvant faire
disparaître ces circuits frauduleux de distribution des
médicaments dopants. Nous allons en étudier quelques-uns.
4.2.1. Absence ou faiblesse des autorités
régionales de réglementation pharmaceutique dans la lutte contre
la vente des médicaments dopants de contrebande à Maroua
Les compétences du conseil national de l'ordre des
pharmaciens du Cameroun et laboratoire national de contrôle de
qualité (LANACOM) jouent un rôle crucial pour évaluer la
qualité des médicaments importés et inspecter correctement
l'origine de production. L'insuffisance, la faiblesse ou l'inefficacité
des contrôles réglementaires favorisent l'importation et la
distribution de médicaments sans surveillance, ce qui favorise la
prolifération des médicaments dopants de contrebande dans les
circuits de distribution à Maroua. Elle stimuler également
l'apparition des marchés illicites qui, à leur tour, accentuent
la promotion et la commercialisation de ces médicaments. Il y'a
également une incapacité des pharmaciens de lutter efficacement
contre le phénomène de contrebande des médicaments dopants
à Maroua. En effet, ils n'ont pas les moyens leur permettant de faire
des descentes sur le terrain à la saisie des médicaments de
prescription qu'on retrouve dans les marchés de Maroua.
4.2.2. Manque de rigueur dans l'application de la
législation existante face à la vente des médicaments
dopants de contrebande à Maroua
Le manque de rigueur dans l'application de la loi favorise la
perpétration de délits comme la contrebande, la crainte de se
faire arrêter et poursuivre étant alors faible. De plus, le
mépris des droits des marques commerciales favorise la circulation des
médicaments de mauvaise qualité à grande
échelle.
4.2.3. Faiblesse des sanctions pénales, corruption et
conflits d'intérêts dans la lutte contre la vente des
médicaments dopants de contrebande à Maroua
L'absence, ou la clémence des sanctions pénales
punissant les violations de la législation pharmaceutique peuvent
inciter à la contrebande. La corruption et les conflits
d'intérêts dans la lutte contre la vente des médicaments
dopants de contrebande à Maroua nuisent à l'efficacité du
CNOP et du personnel chargé de faire respecter la loi. Les personnes
responsables de contrebande ont alors la possibilité d'échapper
aux arrestations, aux poursuites et aux condamnations.
4.2.4. Insuffisance des moyens à louer au service de
douane dans la lutte contre la contrebande des médicaments dopants
à Maroua
Les services de douane de Maroua compte 60 agents de terrain,
ce qui du point de vue du Commandant des Douanes de la Subdivision Commerciale
est insuffisant pour mener à bien leur travail. De même, il a
également souligné l'insuffisance des moyens de transport qui
acheminer les marchandises saisies jusqu'aux services des douanes. Or
étant un service de contrôle par excellence de toutes les
marchandises qui sont importées et exportées au pays en passant
par les frontières camerounaises, la douane est confrontée
à plusieurs difficultés parmi lesquelles l'insuffisance des
véhicules mis à leur disposition et le manque du personnel.
En effet, selon le commandant de subdivision commerciale des
douanes de la Région de l'Extrême-Nord, le nombre de
véhicule disponible dans l'exercice de leur fonction pose des
problèmes dans la mesure où pendant les opérations de
saisie des médicaments en grande quantité au niveau des
frontières, le seul véhicule à leur possession ne leur
permet pas de transporter toutes les marchandises jusqu'au poste des douanes.
Ceci étant, ils nécessitent une augmentation du nombre de
véhicule. Pour ce qui est du personnel, ce déficit est dû
à l'irrégularité du recrutement des éléments
des douanes. A ces problèmes s'ajoute également un manque de
matériels sophistiqués pouvant détecter à distance
la présence des produits illicites. Il s'agit là des
matériels modernes déjà utilisés par les douanes
françaises qui, peuvent également nous aider compte tenu du
contexte d'insécurité dans laquelle on se trouve. Toutefois, la
jeunesse étant le fer de lance de la nation, quelques suggestions sont
proposées dans le but de limiter considérablement la toxicomanie
médicamenteuse dans la ville de Maroua.
4.3.
Quelques suggestions pour limiter la consommation des médicaments
dopants dans la ville de Maroua
Comme tous les Etats africains en général et au
Cameroun en particulier notamment dans la ville de Maroua, la réduction
du nombre de toxicomanes se pose avec acuité. Ainsi, pour apporter une
modeste contribution à travers ce travail, il sera judicieux de faire
quelques propositions pouvant permettre à l'Etat de mobiliser les
ressources nécessaires pour éradiquer ce fléau. Notamment
favoriser la scolarisation des jeunes dans la ville de Maroua, de mettre sur
pieds un système de contrôle de tous les médicaments qui
circulent dans les villes camerounaises en général, créer
les aires de divertissement et déployés les moyens
nécessaires aux autorités sanitaires afin de lutter contre la
vente illicite de ces médicaments.
4.3.1. Favoriser la scolarisation des jeunes consommateurs de
Maroua
Les toxicomanes médicamenteux ont un niveau scolaire
très bas. De ce fait, ils ne sont pas avertis sur les dangers qu'ils
courent lorsqu'ils consomment les médicaments dopants. A cet effet,
réussir à éradiquer le phénomène de
consommation des médicaments dopants dans les villes camerounaises en
général et à Maroua en particulier nécessite avant
tout à favoriser l'augmentation du niveau scolaire des jeunes en
général. En effet, on note de grandes disparités
régionales en matière d'éducation. Les régions du
Grand-Nord (Adamaoua, Nord et Extrême-Nord) présentent des retards
dans la scolarisation des enfants, par rapport au reste du pays ; c'est
dans ces régions qu'on retrouve les plus faibles taux, inférieurs
à la moyenne nationale. En outre, c'est aussi dans ces régions
qu'on observe les écarts les plus prononcés entre garçons
et filles en matière de scolarisation. Dans l'Extrême-Nord par
exemple, le taux net de scolarisation des garçons est de 59,4% et celui
des filles de 42,6?. Tandis que dans les autres régions ces
écarts sont moins prononcés, et parfois même à la
faveur des filles. Dans le Centre par exemple, on relève un taux net de
scolarisation de 96,1% chez les garçons contre 94,9% chez les filles.
Dans le Sud, il est respectivement de 94,9? et 96,6? et à l'Ouest de
95,2? et 95,8?, (BUCREP, 2010). Ainsi, augmenter le taux de scolarisation dans
cette partie du Cameroun revient à réduire le nombre de
toxicomanes dans la ville de Maroua. D'où la nécessité de
favoriser l'accès aux établissements scolaires aux jeunes de
cette ville. Car d'après l'organisation des Nations Unies pour
l'Enfance, l'éducation constitue un droit fondamental indispensable au
développement de l'individu et de la société, et
nécessaire au bien-être (UNICEF, 2007).
4.3.2. Mise sur pied d'un système de contrôle de
tous les médicaments qui circulent à Maroua
La mise sur pieds d'un système de contrôle
systématique des médicaments qui entrent sur le sol camerounais
est très important dans la lutte contre la consommation et la vente des
médicaments de la rue dans les villes camerounaises en
générale et à Maroua en particulier. En effet, il a
été constaté que la contrebande des médicaments
dopants jouit d'un certain nombre de laisser aller. En effet, on constate
également que les contrebandiers ne subissent pas souvent des
contrôles stricts lorsqu'ils acheminent leurs produits sur les
marchés des différentes villes camerounaises. De plus, Maroua
étant une ville à proximité du Nigéria, l'Etat doit
donner aux agents de la Douane les moyens de bien contrôler et de saisir
toutes les marchandises dont la vente et la consommation sont interdite au
Cameroun.
L'aspect le plus important de cette lutte est le
caractère laxiste des mesures prises par l'Etat camerounais dans la
lutte contre ce fléau. Ainsi, les vendeurs des médicaments de la
rue et des médicaments dopants ne sont pas inquiétés car,
il n'y a pas de lourdes poursuites pénales contre leur activité.
De ce fait, l'Etat Camerounais doit impérativement prendre des mesures
encore plus strictes contre les vendeurs des médicaments de la rue en
général. Mais on doit prendre en compte le fait que la
majorité des camerounais sont pauvres et c'est la principale raison pour
laquelle la plus part des gens se trouvent dans la rue à acheter les
faux médicaments issus de la contrebande. Ainsi, l'Etat doit prendre des
dispositions pour réduire les prix des médicaments dans les
hôpitaux et dans les pharmacies. Pour ceux-là qui ont fait de la
vente des médicaments de la rue leur métier, l'Etat doit
amèner ces vendeurs à se conformer aux normes officielles de la
pharmacie, c'est-à-dire qu'il faut leur faire subir une formation
initiative en pharmacie et les amener aussi à se ravitailler dans les
circuits officiels.
Si l'Etat applique ces mesures élaborées, en ce
moment-là on peut être sûr que tous les médicaments
circulent dans les villes camerounaises en générale et à
Maroua en particulier sont des médicaments d'origine fiable. La suite de
nos propositions s'articule autour de la question des médicaments de
prescriptions qui sont des produits très pour la santé lorsqu'ils
sont vendus et consommation sans avis médicale. Pour pallier donc
à ce problème, il faut avant tout exiger à chaque vendeur
des produits psychotropes de demander la prescription médicale à
chaque consommateur avant de lui vendre ces produits. A partir de là
donc on va avoir une traçabilité sur la raison de la
consommation, le médecin qui a prescrit le produit en question et la
durée du traitement.
4.3.3. Création des aires de divertissement pour
varier les loisirs des jeunes afin de réduire le taux
d'anxiété pouvant conduire à la consommation des produits
dopant à Maroua
D'après les chiffres issus des enquêtes sur le
terrain, 8,51% des consommateurs des médicaments dopants font recours
à ces produits pour soulager leurs soucis. En effet, les gens de plus en
plus se sentent noyer par les soucis. Pour aider cette catégorie de
consommateurs, il est nécessaire de créer les centres de loisirs
tels que les terrains de football, les salles de cinéma, les espaces
touristiques. En fait, il faut diversifier les centres de loisirs afin que
chacun puisse avoir le choix sur le loisir qui l'intéresse. Or la
ville de Maroua n'a pas développée cette culture. De ce fait, les
gens n'ont pas assez d'issus lorsqu'il faut se détendre et oublier ses
soucis.
4.3.4. Donner les moyens nécessaires aux
autorités sanitaires de lutter contre la vente illicite des
médicaments dopants
Pendant les enquêtes sur le terrain, il a
été remarqué une absence des autorités sanitaires
dans la lutte contre la vente illicite des médicaments de la rue en
général et des médicaments dopants en particulier. Il
ressort que la lutte contre la vente illicite des médicaments de la rue
ne relève pas de leur compétence. Ainsi, l'Etat et la commune
urbaine de Maroua doivent donnent les moyens aux autorités sanitaires
afin que ces derniers puissent lutter contre la vente illicite des
médicaments dopants dans la ville de Maroua. En dehors des acteurs
locaux qui luttent contre la vente illicite des médicaments dopants, il
y'a également les acteurs à l'échelle Mondiale et
Régionale.
4.4. Acteurs Mondiaux et
Régionaux de lutte contre la contrebande des médicaments
dopants
Le trafic et la consommation des stupéfiants est
fléau mondial. En effet, après avoir constaté une
augmentation de ces pratiques, l'ONU a créé des organes
spécialisés tels que l'OICS, L'UNODC chargés de lutter
contre ce phénomène à l'échelle mondiale. Ces deux
organes organisent généralement des opérations de saisies
des stupéfiants dans de nombreux pays à travers le monde. C'est
dans le cadre de ces opérations que l'UNODC a mené une descente
sur le terrain à Lagos au Nigéria où une industrie
pharmaceutique de fabrication des amphétamines clandestine a
été démantelée en 2012.
Dans le cadre de la Commission de l'Union Africaine, l'ONUDC a
concouru à l'élaboration du Plan d'action de l'Union africaine
sur la lutte contre la drogue 2003-2017, qui a été adopté
à la cinquième session de la Conférence des ministres
chargés de la lutte contre la drogue et de la prévention du crime
de la Commission, tenue en octobre 2012 à Addis-Abeba (Éthiopie).
Ces mesures sont prises parce que les réseaux internationaux de trafic
de drogues se tournent de plus en plus vers l'Afrique pour faire transiter et
stocker des drogues illicites à grande échelle. Ces organisations
illégales font preuve de beaucoup de souplesse et
d'ingéniosité dans leurs procédés de production et
de distribution. De plus, selon les experts, la consommation du tramol a
fortement augmenté, en particulier dans la région du Sahel. Bien
que la dose prescrite ne dépasse pas souvent les 50 mg, les saisies
récentes effectuées dans la région ont porté
généralement sur des dosages excessifs de 100, 120, 125, 200, 225
ou 250 mg. D'après les données communiquées par un certain
nombre de ports et d'aéroports indiens, 157 envois non autorisés
de tramadol ont été effectués en 2012 de l'Inde vers
l'Afrique de l'Ouest. Ce nombre est passé à 882 en 2013, soit une
hausse de 560 % par rapport à 2012, tandis qu'entre janvier et mi-avril
2014, 232 envois ont été signalés (UNODC, 2014).
Conclusion
Le chapitre qui porte sur les propositions des solutions
visant à éliminer la contrebande des médicaments dopants
de contrebande à Maroua amène dans un premier temps à
constater et à présenter les mesures et les politiques prises par
les différentes autorités (Etat, Ministère de la
santé, Ordre national des pharmaciens du Cameroun, force de l'ordre et
autorités communales). Ce faisant, après la présentation
des différents acteurs et leurs méthodes de lutte contre la vente
illicite des médicaments dopants de contrebande, l'évaluation de
ces mesures a été faite. C'est-à-dire, questionner la
pertinence et l'efficacité des mesures prises par ces autorités.
A cet effet, on s'est rendu compte que la contrebande des médicaments
dopants dans la ville de Maroua jouit d'un certain nombre de privilège
qui lui permet non seulement de subsister, mais aussi d'évoluer car il a
été constaté qu'il s'agit d'un phénomène
qui va prendre encore beaucoup d'ampleur si rien n'est fait pour
l'éradiquer. A cet effet, plus de la moitié des vendeurs des
médicaments enquêtes ne sont inquiétés ni par les
autorités sanitaires, encore moins par les forces de l'ordre ou les
autorités communales. Cependant, face aux faiblesses ou déficits
que présentent les mesures des autorités de la ville de Maroua,
des propositions ont été faites qui permettront de trouver une
solution idoine entre les vendeurs des médicaments, les consommateurs,
les pharmaciens et les autorités administratives camerounaises en
général. Ces solutions vont ainsi permettre d'assainir et d'avoir
une bonne traçabilité sur la qualité des
médicaments vendus dans les rues de la ville de Maroua, mais aussi sur
la vente des médicaments psychotropes. Car, la vente de ces produits
sera soumise à la présentation d'une ordonnance
médicale.
Conclusion générale
Au terme de notre analyse où il était question
la contrebande des médicaments dopants et ses effets sur la santé
des consommateurs dans la ville de Maroua, il ressort que la vente illicite de
ces médicaments constitue un véritable phénomène de
société dans les villes camerounaises en général et
dans celle de Maroua en particulier. Il s'agit d'un trafic très complexe
dans la mesure où plusieurs facteurs alimentent le circuit des
médicaments de contrebande, dont le principal facteur qui le favorise
est la porosité des frontières entre l'Extrême-Nord du
Cameroun et le Nigéria. Ce dernier étant le pays d'origine des
médicaments dopants que l'on retrouve dans toutes les rues de la ville
de Maroua, le Nigéria abrite des entreprises pharmaceutiques
clandestines qui fabriquent des psychotropes tels que les amphétamines
et le tramol ; ces entreprises ont été découverts
dans la ville de Lagos (OICS, 2012). De plus, les produits fabriqués par
ces entreprises ne présentent pas le nom du fabricant encore moins la
notice de posologie. Il s'agit de ce fait des produits contrefaits nocifs pour
la santé des consommateurs. Cependant, il n'y a une autre
quantité importante de ces produits que le Nigéria importe depuis
les pays d'Asie tels que la chine et l'Inde.
L'acheminement de ces produits se faisait jadis par
les frontières de Banki-Amchidé, mais aussi par la ville
frontalière de Gambaru. Par ailleurs, depuis l'avènement de
l'insécurité par la secte Boko-Haram, les contrebandiers
empruntent la route de Mubi-Jimeta-guider-Maroua. Les méthodes
adoptées par les contrebandiers pour transporter leurs marchandises
à Maroua sont multiples. Ainsi, les contrebandiers transportent
généralement ces médicaments de mauvaises qualités
dans les gros porteurs transportant les marchandises légales à
l'intérieur desquelles les médicaments dopants sont
dissimulés afin de tromper la vigilance des douaniers et autres
contrôleurs. Il est également important de rappeler que certaines
pistes frontalières sont utilisées par les trafiquants des
médicaments dopants pour conduire leurs produits à Maroua. Une
fois arriver dans la ville de Maroua, les grossistes livrent également
leurs marchandises aux détaillants qui se trouvent dans les
environnantes.
Le recours à ces produits dopants est
intégré aux moeurs dans la mesure où, une fois que ces
médicaments arrivent dans cette ville, la distribution se fait par
chaîne. Ici, les grossistes situés au marché central
ravitaillent les détaillants situés dans les autres
marchés et dans les différents quartiers de la ville. Ceux-ci
à leur tour livrent aux vendeurs ambulants qui à l'aide de leurs
vélos satisfont la population autant dans les zones rurales qu'urbaines.
Les consommateurs des produits dopants sont en majorité celles qui
pratiquent les activités qui exigent beaucoup d'efforts physiques ;
comme les pousseurs, les chargeurs et déchargeurs. Cependant il y a
également une grande partie des populations de Maroua qui font appelle
à ce produit pour avoir des rapports sexuels.
A cet effet, la consommation abusive des médicaments
dopants présente un grand danger la santé humaine. De multiples
conséquences liées à la consommation du tramol par exemple
ont été relevés. Les effets de la consommation de ce
produit se repartissent en deux : les effets à long et à
court termes. Parmi les effets à court terme ou effets immédiats,
on a les convulsions les risques d'AVC, alors que les effets à long
terme sont beaucoup plus sévères que ça. Les principaux
effets à long terme sont entre autres la dépendance (physique et
psychique) les comportements maniaco-dépressifs. Afin de mieux cerner la
répartition spatiale de la contrebande des médicaments dopants,
nous avons dans un premier temps effectués un tableau qui
présente les quartiers des consommateurs en fonction de leur tranche
d'âge. Ensuite, nous avons effectués une carte des points de vente
de ces produits dans la ville de Maroua. Enfin, une carte qui présente
les différentes pathologies liées à la consommation des
médicaments dopants dans la ville de Maroua.
Face à la montée de ce phénomène,
le gouvernement camerounais à travers ses différents
démembrements (ministère de la santé, force de l'ordre et
commune) a pris des mesures visant à limiter l'expansion de ce
phénomène. Dans les villes de Yaoundé et Douala par
exemple, il y a souvent eut des opérations des forces de l'ordre et des
autorités sanitaires sur le terrain afin d'effectuer les saisies des
dits médicaments (Biena et al., 2010). Cependant, le constat est que ces
mesures manquent de rigueur et de sérieux car on rencontre dans la plus
part des villes camerounais en générale et dans les rues de
Maroua en particulier les vendeurs des médicaments dopants qui
effectuent leurs activités sans aucune inquiétude. A Maroua,
depuis les opérations de saisies des médicaments en 2008 par les
autorités sanitaires, on note aujourd'hui une inertie de leur part dans
la lutte contre la illicite des médicaments dopants à Maroua.
Plus en grave encore, les vendeurs des médicaments dopants en gros ont
même des boutiques qu'ils louent auprès de la communauté
urbaine de Maroua au marché central. Ce qui permet de conclure que cette
activité est désormais dépénalisée ;
car lors des enquêtes sur le terrain, avant de questionner les vendeurs
des médicaments installés au marché central, une
permission auprès du chef du marché qui couvre ces vendeurs a
été délivrée. Après tous ces constats
amères, des propositions qui non seulement vont limiter la consommation
des médicaments dopants dans la ville de Maroua, mais aussi va
résoudre le problème de contrefaçon des médicaments
dans l'ensemble ont été faites. A cet effet, nous rentrons dans
la logique selon laquelle chaque Pays, chaque ville va se développer
selon ses spécificités. Ainsi, le chômage et la
pauvreté sont étant des faits sociaux qui minent la ville de
Maroua, associés aux prix élevés des médicaments en
pharmacies nous avons pensés qu'il n'est pas nécessaire
d'interdire radicalement la vente des médicaments de la rue à
Maroua. Parce que si on le fait, le taux du chômage dans cette ville sera
revu à la hausse et il n'y aura également un impact sur le
pouvoir d'achat des populations de cette ville en produits pharmaceutiques.
De ce fait, plusieurs suggestions ont été faites
à l'Etat camerounais assainisse cette activité dans un premier
temps à travers la baisse conséquente des prix des
médicaments de tel sorte que chaque personne soit capable de s'acheter
les médicaments lorsqu'elle est malade. Ensuite, l'Etat propose une
formation d'initiation en pharmacie afin que les vendeurs des
médicaments de la rue aient des bases de conservations de distribution
et de dispensation des produits pharmaceutiques au patient. Enfin l'Etat doit
faire des contrôles systématiques de tous les produits qui entrent
non seulement dans notre territoire, mais aussi dans les rues de nos villes en
générale et celles de Maroua en particulier. Ainsi, les vendeurs
des médicaments de la rue doivent d'approvisionner dans les circuits
officiels que l'Etat va gérer. Concernant les produits psychotropes,
leurs ventes dans la rue doit de ce fait être effectué
après la présentation de l'ordonnance médicale par le
consommateur. Ainsi, si ces mesures sont prises, on est certain que les
médicaments qui vont circuler dans rues seront des médicaments de
qualité, mais aussi leur vente sera très minutieuse.
Références
bibliographiques
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-
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consulté 17 mars 2016
http://www.who.int/medicines/technical_briefing/tbs/2010_impactcounterfeit_rdg_prs/fr/,
consulté le 17 mars 2016
ANNEXE
Annexe 1. Loi relative
à l'exercice et à l'organisation de la profession de
médecine Loi relative à l'exercice et à l'organisation
de la profession de médecin Loi N° 90-36 du 10 août
1990
Loi N° 90-36 du 10 août 1990 Relative
à l'exercice et à l'organisation de la Profession de
Médecin Article premier. -- La présente loi et les
textes pris pour son application réglementent l'exercice et
l'organisation de la profession de médecin.
Chapitre III. - De l'exercice illégal de la
profession de médecin Art. 16. -- Est reconnu coupable
d'exercice illégal de la médecine : 1 - Tout praticien qui
exerce son art sous un pseudonyme ou qui donne des consultations dans des
locaux à usage commercial où sont vendus des appareils qu'il
prescrit ou utilise ;
2 - Toute personne non habilitée qui, même en
présence d'un praticien, prend part habituellement ou par direction
suivie, à l'établissement de diagnostics ou aux traitements
d'affections par actes professionnels, consultations ou par tous autres
procédés :
3 - Tout praticien qui exerce son art en infraction aux
dispositions de l'article deux (2) ci-dessus ou qui prête son concours
aux personnes non habilitées ; 4 - Tout praticien qui exerce son art
en dépit d'une peine d'interdiction temporaire ou définitive dont
il est l'objet.
Art. 17. -- (1) Sans préjudice des sanctions
administratives, disciplinaires ou pénales plus sévères,
toute personne reconnue coupable d'exercice illégal de la profession de
médecin est passible d'un emprisonnement de six (6) jours à six
(6) mois et d'une amende de 200 000 à 2 000 000 de F ou de l'une de ces
deux peines seulement. 2) Le tribunal peut, le cas échéant,
prononcer la confiscation du matériel ayant servi à la commission
de l'infraction et la fermeture de l'établissement.
(3) Toute personne reconnue coupable d'infraction à la
présente loi cesse immédiatement son activité. En outre,
la fermeture de son cabinet ou de sa clinique peut être ordonnée
par le Conseil de l'Ordre indépendamment de toute décision
judiciaire. Art. 18. -- Le Conseil de l'Ordre peut saisir la juridiction
d'instruction ou la Juridiction de jugement ou le cas échéant, se
constituer partie civile dans toute poursuite intentée par le
ministère public contre toute personne inculpée ou
prévenue d'exercice illégal de la profession de médecin.
/p. 55/ Titre II. - De l'ordre national des médecins.
Art. 19. -- L'Ordre National des Médecins
ci-après également désigné l'Ordre, institué
par l'article 1 er de la loi n° 80-07 du 14 juillet 1980 comprend
obligatoirement tous les médecins exerçant au porte, à
l'exclusion de toute considération d'opportunité, sur la seule
conformité du dossier à la Loi n° 90-036 du 10 août
1990 susmentionnée, au présent décret, au règlement
intérieur et/ou au Code de déontologie de la profession.
Art. 38. -- Sont abrogées toutes dispositions
antérieures contraires, notamment celles du décret n° 82-231
du 17 juin 1982 fixant les modalités d'exercice de la profession de
médecin en clientèle privée.
Art. 39. -- Le Ministre chargé de la Santé
publique et le Conseil de l'Ordre sont chargés, chacun en ce qui le
concerne, de l'exécution du présent décret qui sera
enregistré et publié suivant la procédure d'urgence, puis
inséré au journal officiel en français et en anglais et
prendra effet à compter de la date de sa publication.
Imprimé au Cameroun par CyBerSpace Tél. : 47 30
03/ 92 72 25 Fax : 4283 18/ 473003 DOUALA SEPTEMBRE 200
Annexe 2. Enregistrement des achats des psychotropes à
la pharmacie Masseboeuf de Maroua
Date
|
Auteur
|
N° d'ordre
|
Formes
|
Prescriptions
|
Quantité
|
Nom et adresse du client
|
18/03/16
|
Dr. Lakreo
|
01
|
Cp
|
Trabar
|
1
|
Saladine
|
18/03/16
|
Hop Barmaré
|
02
|
Cp
|
Tramol 50
|
1
|
Aminatou
|
21/03/16
|
Dr. Nassirou
|
03
|
Cp
|
Lexomil
|
1
|
Dinga Mpilé
|
21/03/16
|
Dr. Louis
|
04
|
Cp
|
Formol
|
1
|
Habiba Sali
|
21/03/16
|
Dr. Salamatou
|
05
|
Cp
|
Tramol
|
1
|
Youssoupha Hamadou
|
22/03/16
|
Dr. Lacrio
|
06
|
Cp
|
Diazépam
|
1
|
Hadja
|
22/03/16
|
Dr. Dantio
|
07
|
Cp
|
Diazépam
|
1
|
Aboubakari
|
Source :
Archive Pharmacie Masseboeuf, mars 2016
Annexe 3. Incidents
causés par les mototaxi mans dans trois (03) quartiers de Maroua
Types d'incidents
|
Lieu et nombre d'accidents
|
Total
|
Accidents causées par l'excès de vitesse
|
Mbarmaré
|
Dougoi
|
Domayo
|
34
|
12
|
10
|
12
|
Non-respect du code la route
|
20
|
15
|
18
|
53
|
Total
|
32
|
25
|
30
|
87
|
Source : Archives des commissariats de
Maroua, avril 2016.
Annexe 4. Lois et
règlements limitant la fabrication et la distribution des
stupéfiants
Annexe 5. Sources
orales
Noms et Prénoms
|
Age
|
Profession
|
Nationalité
|
Lieu d'entretien
|
Date d'entretien
|
Saidou Ousmaila
|
38
|
Vendeur grossiste des médicaments
|
Camerounaise
|
Maroua
|
07 mars
|
Mohamadou Sani
|
28
|
Vendeur ambulants des médicaments
|
Camerounaise
|
Maroua
|
07 mars
|
Mhat Mohamadou
|
40
|
Vendeur détaillant des médicaments
|
Tchadienne
|
Maroua
|
08 mars
|
Adamou
|
18
|
Vendeurs Ambulants des médicaments
|
Camerounaise
|
Maroua
|
08 mars
|
Ibrahim Youssouf
|
42
|
débrouillard
|
Camerounaise
|
Maroua
|
08 mars
|
Ndjonmo Jonas
|
27
|
Maçon
|
Camerounaise
|
Maroua
|
08 mars
|
Souliya Gabriel
|
39
|
Pousseur
|
Tchadienne
|
Maroua
|
08 mars
|
Jude Mofor
|
|
Commandant de subdivision des Douanes
|
Camerounaise
|
Maroua
|
27 février
|
Dantio
|
|
Médecin
|
Camerounaise
|
Maroua
|
10 mars
|
Abdourahman Tom
|
|
Directeur ACAMAS
|
Camerounaise
|
Maroua
|
10 mars
|
Source : Enquêtes de terrain
Mars-Avril 2016.
Annexe 6. Fiches
d'enquêtes
Ecole Normale Supérieure de Maroua
**********
Département de Géographie
Université de Maroua
**********
The University of Maroua
Higher Teacher's Training College
***********
Department of Geography
Bonjour M/Mme, Le questionnaire soumis à votre
attention est une enquête menée par Mr Mohamed El Oumar et Mme
Djomo Minko Edwige, Elèves Professeurs à l'Ecole Normale
Supérieure de Maroua niveau V géographie. Ce questionnaire dont
le thème porte sur « la contrebande des médicaments dopants
et ses effets sur la santé des consommateurs à Maroua » vous
est proposé dans le cadre de la rédaction de leur mémoire
en vue de l'obtention du DIPES II. Les réponses que vous fournirez
seront strictement confidentielle, ne servirons qu'à des fins
académiques.
GUIDE D'ENTRETIEN DESTINE AUX VENDEURS DE MEDICAMENT
DOPANTS DANS LA VILLEDE MAROUA.
I- POINTS DE VENTE
1-Quartier de la
rencontre--------------------------------localisation :
x-------y-----------
2-Lieu de rencontre----------------------------------------
3-Nombre de
vendeurs----------------------------------------
2516229122516218884-Type de vendeur : 1-Ambulant
2-Détaillant
251623936 3- Grossiste 4-autres (à
préciser)----------------------------------------
4.a) Si oui ambulant, combien de quartier couvrez-vous par
jour ? Citer au moins quatre
----------------------------------------
----------------------------------------
----------------------------------------
----------------------------------------
5-a) Quelle est votre point de départ en matinée
?
251697664
251696640a.1) marché central a.2)
marché abattoir a.3) marché forêt a.4)
autre (à préciser)
--------------------------------------------------------------------------------
b.) Et le point de stationnement en soirée ?
251695616
251694592
251693568b.1) b.1) domayo b.2) parmaré
b.3) ouroutchédé b.4) autre (à préciser)
-------------------------------------------------------------------
II-LE VENDEUR DE MEDICAMENT
6-Nom et prénom (facultatif)
------------------------------------------------
2516997122516249607-Sexe : a.1) M
a.2) F
b.) Age :
251703808
251702784
251701760
251700736b.1)-de 20 ans b.2) 20-40 b.3)
40-60 b.4) +de 60ans
8- a) quel est votre tribu d'origine ?
251706880
251705856
251704832 a.1) peul a.2) Toupouri
a.3) moundang
a.4) autre (à préciser)
----------------------------------------------
251707904
251709952
251708928b) quelle est votre nationalité ? :
b.1) camerounaise b.2) tchadienne b.3) nigériane
b.4) autre (à préciser)
----------------------------------------------
2516280322516259842516270089-Niveau scolaire :1) Aucun
2) Coranique 3) Primaire
2516331522516321282516300802516290564) Secondaire 5)
Supérieur
25163110410-Situation matrimoniale :1) Marié
2) Célibataire 3) Veuf ou divorcé
11-Nombre de personne en
charge------------------------------------------
12-Comment êtes-vous retrouvé dans la vente de
ces médicaments ?
251634176251635200Le manque d'emploi La pauvreté
Autre à préciser :
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
13-Vous faites cette activité depuis quelle
année ? 19--- ou 20---
14-Quelle est votre revenu moyen par jour ?
251712000
2517109761) [1000-10000[ 2) [10000-20000[
251713024
2517140483) [20000-30000[ 4) [30000 [
FCFA
15-Est-ce-que cette activité vous permet de subvenir
à vos besoins ?
251637248251636224a.1) Oui a.2) Non
a.3) Si non, pourquoi
------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
251717120
251715072
251716096b) si oui comment ? b.1) elle nourrit votre
famille b.2) elle vous a permis de construire b.3) elle vous a
permis d'acheter un véhicule
b.4) autre (à préciser)
----------------------------------------------
----------------------------------------------
----------------------------------------------
----------------------------------------
16-a) Est-ce-que vous rencontrez des problèmes dans
cette activité ?
251639296251638272a.1) Oui a.2) Non
251640320251641344b) Si oui, par qui ? b.1) La police ou
CUM b.2) Autorités sanitaires
b.3) Autre à
préciser-----------------------------------------------------------
251642368251643392c) Si oui, type de problème :
c.1) Amande c.2) Demande de patente
251644416c.3) Saisie des médicaments
c.4) Autres à
préciser----------------------------------------------------------
25164544025164646417-a) Avez-vous reçu une formation
dans le domaine de la santé, vous permettant de vendre les
médicaments ?a.1) Oui a.2) Non
251719168
251718144b) Si oui, laquelle ? b.1) IDE
b.2) FMSB
b.3) autre (à préciser)
----------------------------------------------
------------------------------
III- LES MEDICAMENTS DOPANTS
18- a) Citer les produits que vous vendez le plus
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
251648512251647488b) Est -ce des : b.1) Anti-inflammatoires
b.2) Anxiolytiques
251649536b.3) Excitants b.4) autre (à
préciser) ----------------------------------------------
19-a) comment faites-vous pour délivrer les
médicaments aux clients ?
251650560251651584a.1) Sur la demande du client a.2) suivant
le problème posé
a.3) Autre à
préciser------------------------------------------------------
b) Si problème posé, comment faites-vous pour
savoir que c'est le produit exact ?
251721216
251720192b.1) fatigue générale
b.2) faiblesse sexuelle
b.3) autre (à préciser)
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
21-D'où viennent les produits que vous vendez ?
2516556802516526082516546562516536321) Marché
(grossiste) 2) Délégués médicaux
3) Pharmacies
2516567044)Revendeur 5) Hôpitaux
6) À l'étranger (pays à préciser)
------------------------------
7) Autres structures à
préciser---------------------------------------------------------------
25165875225165772822 -Contrôlez-vous la date de
péremsion de vos produits ? 1) Oui 2) Non
25165977625166080023- Que faites-vous des produits
périmés ? 1) Destruction 2) Vente sans savoir
2517222403) Ignorer
24-donnez quatre (04) raisons pour lesquelles les
consommateurs de ces médicaments les utilisent :
1) -----------------------------------------------------------
-----------------------------------------
2)
------------------------------------------------------------
----------------------------------------
3)
------------------------------------------------------------
----------------------------------------
2516618242516628484)
------------------------------------------------------------
----------------------------------------
25-a) exposez-vous ces médicaments sur vos
étalages ? a.1) Oui a.2) Non
251724288
251723264b) Si non, où les gardez-vous ? b.1) au
magasin b.2) sous l'étalage
b.3) autre (à
préciser)------------------------------------------------------
GUIDE D'ENTRETIEN DESTINE AUX POPULATIONS DE LA VILLE
DE MAROUA.
25166592026- a) Catégories socioprofessionnelles du
client a.1) Commerçant
251664896251666944251663872 a.2) ménagère
a.3) moto taximen a.4) Fonctionnaire
251667968a.5) Etudiant/élève a.6) Autre
(à préciser) -----------------------------------------------
251726336
251725312b) Sexe : b.1) M
b.2) F
c.) Age :
251727360
251728384
251729408251668992c.1)-de 20 ans c.2) 20-40
c.3) 40-60 c.4) +de 60ans
d) quel est votre tribu d'origine ?
251731456
251732480
251730432 d.1) peul d.2) toupouri
d.3) moundang
d.4) autre (à préciser)
----------------------------------------------
251734528
251733504e) quelle est votre nationalité ? : e.1)
camerounaise e.2) tchadienne
251735552e.3) nigériane e.4) autre (à
préciser) ----------------------------------------------
251736576
251737600
251738624f) Niveau scolaire : f.1) Aucun f.2)
Coranique f.3) Primaire
251740672
251739648f.4) Secondaire f.5) Supérieur
251675136251673088251674112g) Situation matrimoniale :
g.1) marié g.2) célibataire g.3)
veuf/divorcé
251742720
251741696h) Obédience religieuse : h.1) musulman
h.2) chrétien
251743744h.3) animistes h.4) autre (à
préciser)
------------------------------------------------------------------------
25167616027-a) avez-vous déjà entendu parler des
médicaments dopants? a.1) Oui
251677184 a.2) Non
b) Si oui achetez-vous souvent les médicaments dopants
?
251688448251672064251671040251670016b.1) Oui
b.2) Non b.3Souvent
251687424c) Si non connaissez-vous quelqu'un qui en
consomme ? c.1) Oui c.2) Non
d) Si oui Pour quelles raisons
251679232251678208 d.1) Pour éradiquer la fatigue d.2)
pour avoir des rapports
d.3)autre(àpréciser).......................................................................................................................................................................................
28-quelles sont les médicaments dopants que vous
consommez ?
251745792
251744768Tramol 2) viagra
3) autre (à
préciser)...............................................................................
..................
29-quel est le prix de ce médicament? (FCFA)
251747840
251749888
251748864
251746816[50-200[ 2)[200-500[ 3)[500-1000[
4) [1000 et +
30-quelle quantité consommez-vous par jour ?
..............................................................................................................................
31-Depuis combien de temps consommez-vous des
médicaments dopants ?
251751936
251750912
251753984
2517529601) moins d'un an 2) [1-5ans [ 3)
[5-10ans [ 4) [10-15ans [
251755008 5) [15ans à plus
32-quelles sensations avez-vous lorsque vous consommez ces
médicaments ?
251757056
2517560321) soulagement 2) force
3)autre(àpréciser)...............................................................................
..........................................................................................................................................
33-la consommation de ces médicaments vous permet-elle
d'atteindre vos objectifs ?
2516802562516812801)Oui 2) Non
25168230425168332834-a) Etes-vous conscients des dangers que
coure votre santé en consommant ces produits ? a.1) Oui
a.2) Non
b) Si oui souffrez-vous de l'une des maladies ci-dessous ?
251685376251686400251684352b.1) Troubles psychiques
b.2) Crises d'épilepsies b.3) La tremblote
b.4) Autres
maladies...............................................................................
...........................................................................................................................................
251691520251692544c) Si non connaissez-vous quelqu'un qui en
souffre ? c.1) Oui c.2) Non
35-En cas de crise épileptique, comment faites-vous
pour calmer le malade ?
251758080
2517591041) Vous lui donnez le cube 2) vous lui
donnez de l'eau
Autres (à préciser)
...............................................................................
...............................................
...............................................................................
25169049625168947236-a) connaissez-vous quelqu'un qui est mort
suite à la consommation abusive de ces médicaments ?a.1) Oui
a.2) Non
251760128b) si oui : b.1) pendant la crise
épileptique
b.2) autres (à préciser)
...............................................................................
...............................................
GUIDE D'ENTRETIEN DESTINE AUX MEDECINS DE LA VILLE DE
MAROUA.
37-Comment percevez-vous le phénomène de vendeur
de médicament dopants ?
38-Avez-vous déjà eu des cas d'intoxication
suite à la prise des médicaments dopants?
39-Quels peuvent être les impacts de la prise de
médicaments dopants sur la santé à long et à court
terme ?
40-quelles sont vos relations avec les vendeurs de ces
médicaments ?
41-Selon vous quels sont les moyens les plus efficaces pour
venir à bout de ce phénomène ?
42-A votre niveau quelles sont les actions menées pour
éradiquer la vente illicite des Médicaments de la rue en
général, ceux dopants en particulier dans la ville de Maroua ?
GUIDE D'ENTRETIEN, DESTINE AUX DOUANIERS
43-Toutes les marchandises dont la vente est interdite au
Cameroun sont-elles saisies ?
44- Nous avons constaté la présence des
médicaments dopants sur les marchés de la ville de Maroua, ces
médicaments proviennent du Nigeria. Comment expliquez-vous la
présence de ces produits sur le marché Camerounais ?
45-Quelles sont vos méthodes de lutte pour traquer les
contrebandiers ?
46-Quelles sont les difficultés que vous rencontrez
dans la lutte contre la contrebande?
47-Quels sont les moyens mis en place par le gouvernement pour
améliorer vos méthodes de travail ?
48-Y a-t-il des civils qui vous aident à repérer
les contrebandiers et leurs marchandises?
49-Etes-vous victime de tentative de corruption par les
contrebandiers et les commerçants ?
GUIDE D'ENTRETIEN AUX PHARMACIENS DE LA VILLE DE
MAROUA
50-Quels sont les problèmes que vous cause le
phénomène de commercialisation illicite de Médicament de
la rue en général et les médicaments dopants en
particulier qui ont été détournés de leur
rôle principal?
51-Quelles sont vos relations avec les vendeurs de ces
médicaments ?
52-Selon vous est-ce-que la sollicitation de vos produits
pharmaceutiques est en baisse suite à la prolifération des
médicaments de la rue ?
53- Que faites-vous à votre niveau pour lutter contre
la vente de médicaments dopants dans la rue à Maroua ?
54-Quels peuvent être les impacts de la prise de
médicaments dopants sur la santé ?
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