I.1.2. La sexualité adolescente
La sexualité adolescente est celle qui se pratique
entre les jeunes avant l'âge de la majorité (avant 18 ans). Elle
est également le fait que les jeunes pratiquent l'acte sexuel en dehors
du mariage, une sexualité illégitime c'est-à-dire, non
reconnue par la communauté ou par la tradition ou par la loi. Bref une
sexualité irresponsable et dont les conséquences conduisent
notamment au phénomène fille-mère.
En effet, à Bukavu, la jeunesse en
général et les filles-mères en particulier restent
confrontées à plusieurs problèmes. Il s'agit des
problèmes liés à l'éducation ou à
l'information, problème lié à l'économie, les
problèmes d'ordre politique, culturel, de l'environnement physique, etc.
L'ensemble de ces problèmes génère comme
conséquences, la prolifération des maladies et infections
sexuellement transmissibles mais aussi et surtout des grossesses
précoces (naissances indésirables) parmi les jeunes.
17 G. ROCHER, Sociologie. Tome 2 : le
changement social, Ed.du Seuil, Paris, 1968, p.
[18]
Mais dans cette section, nous mettrons plus l'accent sur la
notion de la sexualité des filles-mères comme participante
à la théorie de quatre trop et de la moindre application de la
contraception par la jeunesse.
1. Notion de la sexualité
La sexualité est l'ensemble des rapports amoureux que
les individus entretiennent jusqu'à l'acte sexuel (coït) ; ce qui
importe également à signaler est que « la sexualité
ne réduit ni une forme de consommation, ni un érotisme divin qui
en est opposé ; il est un appel de l'individu à lui-même,
à sa libre création, à son plaisir, à son bonheur
».
Elle paraît cependant comme le désir
dirigé vers l'autre et vers son désir, désir formé
de la combinaison de l'érotisme, de communauté de goût et
de reconnaissance de l'autre comme sujet.
Pour NKUANZAKA, la sexualité est une des
composantes fondamentales de la personnalité, une des façons
d'exister, d'exprimer et de vivre l'amour humain. Par-là, elle fait
partie intégrante du développement de la personnalité et
de son processus de socialisation. La fonction première et
universellement reconnue de la sexualité humaine est la
procréation réfléchie dans le cadre d'une union
socialement reconnue.18
Selon le petit Larousse illustré, la sexualité
signifie : « ensemble des caractères spéciaux, externes ou
internes, que présentent les individus et qui sont
déterminés par leurs sexes. Ensemble des phénomènes
relatifs à l'instinct sexuel et à sa satisfaction19
En psychologie, la sexualité est un ensemble recouvrant
le plaisir lié au fonctionnement de l'appareil génital et le
plaisir lié à l'exercice d'une fonction vitale s'accompagnant par
étayage d'un plaisir immédiatement sexuel.
Pour les croyants, la sexualité est un don de Dieu, qui
voit l'intimité sexuelle dans le cadre du mariage, qui est l'un de ses
précieux dons ; elle rend possible la procréation et favorise le
développement, dans la tendresse et le plaisir.
18 NKUANZAKA I.A.. « sexualité et
progrès social : quels fondements synergiques », in Mouvements
et Enjeux Sociaux Numéro 01, , p.12, septembre, octobre, 2001.
19 Le petit Larousse illustré
[19]
Lorsqu'un homme et une femme s'unissent par le mariage, dans
la perspective des croyants, ils forment figurément parlant, « une
seule chair ». Deux personnes non mariées qui ont des relations
sexuelles, appelées dans ce cas fornication, forment elles aussi un seul
corps.
La fornication c'est des relations sexuelles sans engagement
véritable, non seulement elle sape le respect de soi mais elle peut
générer une maladie, une grossesse non désirée et
des souffrances affectives.
2. Déterminants de l'émergence du
phénomène fille mère dans le monde et en RD
Congo
Nous abordons les éléments de la situation
à la base de la pratique de la sexualité non
contrôlé aux adolescents ou délinquance juvénile au
monde et au Congo. Ces éléments sont multiples, mais nous
retiendrons ceux que nous estimons avoir une incidence directe sur ces
pratiques et en les ajustant à la situation spécifique de la RDC
en général et de la ville de Bukavu en particulier.
1. La crise
socio-économique
Sur le plan social et économique, la République
Démocratique du Congo connaît aujourd'hui une crise multiforme qui
s'est amplifiée depuis les années 90.
Cette crise généralisée n'épargne
aucun secteur de la vie.
Makwala en 1982 notait que « la période qui va de
la zaïrianisation à nos jours est marquée par une crise qui,
au zaïre semble avoir pris une coloration particulière. En effet,
cette crise y est persistante, globale mais surtout rebelle à toutes les
thérapies ».
Il s'agit essentiellement de la crise du secteur formel et le
degré de régression de l'économie congolaise tel que
d'aucuns parlent de la reconstruction totale de cette dernière, la
précarité, le chômage, licenciements...
Depuis les années 80, la crise économique et les
politiques d'ajustement structurel se traduisent par une baisse sensible des
revenus de population. Cette baisse a concerné les ruraux dans les
périodes de chute des prix aux producteurs des produits de rente
(café, cacao,
[20]
coton, arachide, huile de palme). Elle concerne aussi les
citadins du fait de la réduction des emplois salariés et du
blocage du salaire, tant dans les secteurs publics que
privés.20
A cette baisse tendancielle s'ajoute un accroissement des
instabilités des revenus. La crise en réduisant le revenu des
ménages a ralenti le puissant mouvement de scolarisation qui a
caractérisé l'Afrique après les indépendances dans
certains pays, on a même connu des scolarisations brutes,
c'est-à-dire une diminution de l'effectif des enfants scolarisés,
alors que la croissance démographique augmente chaque année le
nombre de candidats à la scolarisation.21
Depuis 1997, le pays continue à connaître des
sérieux problèmes pour son développement. Les deux guerres
de 1996 et de 1998, le manque de volonté politique ont conduit le pays
au gaspillage des ressources nécessaires à la production, aussi
au déclin du secteur agricole, à l'absence de planification,
à l'inflation monétaire, à l'insuffisance des
crédits budgétaires en faveur des secteurs productifs et sociaux.
A ceci, il sied d'ajouter la corruption, la fraude fiscale et douanière
sont les maux qui sont à la base de la crise socio-économique de
notre pays.
Cette évolution négative de l'économie
nationale explique l'accélération de la paupérisation de
la population et cela a des répercussions sur le développement du
pays. Suite à cette crise, bon nombre de parents sont dans
l'impossibilité totale de subvenir aux besoins fondamentaux de leurs
enfants. La pauvreté sans croissante qui en résulte
entraîne de nombreuses filles adolescentes à se livrer au commerce
sexuel.
2. La pauvreté
La pauvreté est aussi la cause majeure d'accroissement
des filles mères dans notre pays. Quand elles se trouvent dans les
besoins que les parents devraient combler et qu'ils ne
20 Mbaya Mudimba et Fridhelm's, Secteur informel au
Congo-Kinshasa: Stratégie pour un développement
endogène, Ed. University Africaine, Kinshasa, 1990, p.45
21 Jean Caussy et Jacques VALLIN, Crise et
population en Afrique, Crises économiques, Politique d'ajustement et
dynamique démographique, Etudes du CEPED, n°13, 1996, p.183
[21]
parviennent pas, la fille peut se décider de se prendre
en charge en recourant à la prostitution qui est devenue le
troisième commerce mondial après la vente des drogues et le
trafic d'armes.
D'après l'UNESCO, l'exploitation et la
prostitution qui multiplient le nombre des filles-mères sont de toute
évidence liées à la désagrégation de la
famille, et le fruit de la misère et de la famine.
La plupart des ménages des fonctionnaires de l'Etat
connaissent des perturbations car ils travaillent presque
bénévolement et se trouvent sans ressources nécessaires
pour subvenir aux besoins de leurs ménages. Les filles vont au
gré de vague et mettent leurs corps enjeu pour avoir de quoi manger, de
quoi se vêtir pour payer leurs frais scolaires et par- fois pour assister
financièrement et matériellement leurs parents et leurs membres
de la famille en difficultés.
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