IV. DISCUSSION
A
travers ce travail, j'ai essayé d'étudier le lien
entre la glycémie et le « craving » tabagique. Le nombre de
données et les limites identifiées ne permettent pas de tirer des
conclusions, mais, les résultats soulèvent tout de même une
réelle interrogation.
En fumant, le sujet dépendant se « recharge »
en nicotine et augmente aussi sa glycémie. Il est ainsi tentant de
soulever l'hypothèse selon laquelle certains fumeurs essayent de
corriger leur glycémie en allumant de nouveau une cigarette.
En sa faveur, plaide la constatation de signes
d'hypoglycémie lors du sevrage. Et, malgré l'absence de
corrélation linéaire statistique significative, des liens peuvent
être recherchés entre les deux variables à
l'intérieur de certains groupes ou dans certaines situations. Par
exemple, les sous-groupes de sujets en «craving » intense.
Les résultats du travail présenté ici
mettent en avant que la glycémie apparaît plus basse lorsque le
score au FTCQ-12 est élevé. Cela se confirme lorsque que l'on
étudie les facteurs « attente » et « anticipation »
du FTCQ-12. La glycémie se situe en dessous de 1 g lorsque
l'intensité du « craving » est jugée « forte
» ou « intense ».
Les signes d'hypoglycémie chez un diabétique
peuvent apparaître à des seuils de glycémie très
différents d'un individu à l'autre. Un patient peut voir
apparaître des symptômes d'hypoglycémie lorsque sa
glycémie est à 0.80 g/l alors qu'un autre individu les ressentira
pour une glycémie à 0.60 g/l. Pourrait-on alors imaginer qu'il
existe des seuils de glycémie chez les fumeurs qui favoriseraient le
« craving » ?
Le Professeur Robert Molimard mettait en avant dans une
étude multicentrique à double insu d'un timbre à la
nicotine, que les fumeurs dont la glycémie à jeun était
basse s'arrêtaient de fumer plus difficilement [13]. Il s'interrogeait
d'ailleurs sur le fait de tenter d'élever leur glycémie pour
faciliter le sevrage.
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Les résultats présentés ici montrent que
l'envie de fumer est « moins intense » lorsque la glycémie est
supérieure à 1 g/l. Une alimentation fractionnée en trois
repas principaux et deux à trois collations ainsi qu'un jeûne
nocturne réduit est une piste à développer.
Chaque prise alimentaire devrait avoir un index
glycémique bas. Augmenter par exemple sa consommation de
légumineuses, privilégier les céréales
complètes que l'on cuirait al dente, ajouter des
matières grasses ... Le rôle du diététicien dans
l'apprentissage et l'accompagnement du sevrage du tabac semble
évident.
Par ailleurs, le chocolat noir, dont l'index glycémique
est bas, a montré son intérêt pour réguler la
glycémie chez le diabétique. Alors, pourquoi pas chez le fumeur
?
Les signes de « craving » les plus intenses
apparaissent les 15 premiers jours d'abstinence. Il aurait été
intéressant de réaliser ce travail durant cette période.
De plus, le FTCQ-12 s'avère être un outil de très bonne
mesure la première semaine qui suit l'arrêt [5].
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