Chapitre VI : LE MATERIEL DE SUTURE (FILS ET
AIGUILLES)
VI.1. HISTORIQUE
C'est à Hippocrate (460-370), au cours de la
période gréco-romaine, que l'on doit la notion de suture par
première intention et Galien (131-201) utilisait de fines cordes pour
les sutures. Il faut noter que le nettoyage des plaies constituait
déjà une priorité. C'est également vers cette
période que les agrafes pour fermeture cutanée trouvent leur
origine. En effet, les Egyptiens utilisaient de grandes fourmis qu'ils
appliquaient à cheval sur les berges de la plaie, de telle façon
que leurs pattes accrochent chaque berge. Puis ils leur coupaient la
tête, ce qui entraînait une contraction réflexe des pattes
et rapprochait les lèvres de cette plaie tout en maintenant la fourmi
accrochée.
De nombreux matériaux furent donc utilisés au
fil des années : boyaux sèches (intestins), tendons
sèches, bandes de peau d'animaux, crins de chevaux, cheveux de femmes,
fibres de rouleau, lin, chanvre, herbes diverses.
C'est en 1874 qu'une infirmière inventa la
première aiguille sertie: l'aiguille Eurêka. C'est aussi LISTER
qui mit au point en 1881 le catgut chromé.
Jusqu'à 1930, les fils les plus utilisés
étaient le catgut et le soie (le lin et le coton). Les fibres
synthétiques non résorbables sont apparues à partir de la
seconde guerre mondiale (nylon dès 1940).
Le premier fils synthétique résorbable est
apparu en 1970 : l'acide polyglycolique (PGA) : DEXON® pour les
laboratoires Davis et Geek Corporation, ERCÉDEX® pour les
laboratoires français Robert et Carrère Lederle.
En dehors de fils, les agrafes étaient aussi plus
utilisées surtout pour les sutures de la peau. En ce jour les agrafes
sont de moins en moins utilisés vu leurs effets traumatiques et
infectieux sur la peau, au profit de fils.
VI.2. LES FILS DE SUTURE
A. Caractéristiques :
Les fils de suture doivent réunir toutes les
qualités et caractéristiques suivantes :
Ø Surface égale et lisse afin de ne pas couper
les tissus mais sans glisser sur les gants ;
Ø Souples notamment pour faciliter la
réalisation des noeuds ;
Ø Résistants pour contenir sans se rompre
pendant et après l'opération ;
Ø Solides aux noeuds ;
Ø Inertes pour entraver le moins possible le processus
de cicatrisation ;
Ø Non sujets au rétrécissement dans les
tissus ;
Ø Non capillaires car le transport de
sécrétions par le fil représente un risque
d'infection ;
Ø Résorbables après avoir joué
leur rôle.
Chaque fil est en réalité un compromis entre ces
différentes qualités et ses usages, exemple : il est difficile de
réaliser un fil qui tout en glissant aisément dans les tissus
sans les traumatiser, offre un noeud qui tient bien.
B. Classifications :
Dans la pratique, les fils classiques se subdivisent comme
suit :
Ø Selon leur comportement dans les tissus :
Les fils résorbables et non résorbables ;
Ø Selon leur origine : Les fils naturels et
les fils synthétiques ;
Ø Selon leur aspect physique : Les
fils mono filaments et Poly
filaments.
En pratique, on se réfère beaucoup plus à
la classification des fils selon leur comportement dans les tissus.
a) Fils résorbables
Sont des fils d'origine soit naturelle soit synthétique
qui, une fois dans une suture se résorbe après un temps
déterminé. Les naturels seront assimilés par les enzymes
du corps, tandis que les synthétiques seront hydrolyses avec une
décomposition progressive du fil par l'eau.
Les fils résorbables sont utilisés pour des
tissus qui se cicatrisent rapidement et qui après cicatrisation, n'ont
pas besoin du support du fil. Exemple :
Ø Catgut simple résorbé en six
à sept jours;
Ø Catgut chromé : résorbé en
douze à quinze jours ;
Ø Monocryl, Vicryl et Dexon :
résorbé en trente à soixante jours.
1. CATGUT
C'est un fil résorbable naturel et poly filament se
résorbant par digestion enzymatique (catgut : sous muqueuse de
l'intestin de mouton) il entraîne une réaction tissulaire. C'est
ainsi qu'il y a tendance à le retirer sur le marché car il
présente un risque d'encéphalopathie.
2. MONOCRYL
Fil résorbable, synthétique et monofilament, sa
résorption est par hydrolyse, il présente une douceur de passage
dans les tissus et pas de réactions tissulaire.
Le Monocryl de couleur violet est d'usage en chirurgie des
tissus fragiles et résiste 28 jours ;
Le Monocryl incolore est pour le surjet intradermique car ne
laisse aucune trace visible et résiste 21 jours ;
Le Monocryl PDS II est utilisé pour les sutures des
aponévroses abdominales, des tendons, des vaisseaux sanguins, sa
résistance est de 3 mois.
3. VICRYL
Fil résorbable, synthétique et poly filaments
il ne présente pratiquement pas de réaction tissulaire. Le Vicryl
rapide est d'usage en chirurgie pédiatrique et dentaire, il
résiste pendant 10 à 15 jours.
Le Vicryl simple est utilisé pour toute suture de
tissu à temps de cicatrisation moyen, chirurgie générale,
digestive, urologique, et gynécologique, sa résistance est de 5
semaines et résorption âpres 90 jours. Il y a aussi sur le
marché le Vicryl plus contenant un antibactérien.
b) Fils non résorbables
Sont aussi soit naturels soit synthétique, ils ne se
résorbent pas dans le tissus après suture, mais ils
s'intègrent aux tissus ou sont retirés après cicatrisation
de la plaie. Les fils non résorbable sont utilisés pour des
tissus qui cicatrisent plus lentement et où le fil joue ensuite le
rôle de support constant. Exemple : Acier, Soie, Lin, Nylon,
Ethïlon, Prolène.
1. ACIER
Fil non résorbable, naturel et mono filament. Il est
d'usage en chirurgie orthopédique, tendons, thorax, pour les
rapprochements osseux ainsi qu'en milieu infecté. Il est inerte,
très résistant et présente l'inconvénient
d'être très rigide.
2. SOIE
Fil non résorbable naturel et polyfilamant
utilisé en chirurgie ophtalmologique, plastique et cardio-vasculaire.
C'est un fil très solide, souple, avec une bonne tenue du noeud, mais il
présente des réactions tissulaires.
3. ETHILON
Fil non résorbable, synthétique et monofilamant
c'est un fil de suture de la peau, chirurgie oculaire et microchirurgie, il
présente une bonne glisse, peu coûteuse et solide.
c) Présentation des fils
Les fils de suture peuvent se présenter de plusieurs
manières à savoir :
Ø Sous forme de bobine (rouleau) ;
Ø Sous forme d'un fil sert (rassembler) ;
Ø Sous forme clé brins (morceaux)
pré-découpés
d) Taille des fils et leur
utilisation
Les fils ont de dimensions différentes car
ils vont des plus grandes dimensions : n°4, 3, 2, 1,0, aux plus
petites ; n°2/0,3/0,4/0,5/0,6/0,7/0, etc.
Ø n°4,3 : ils sont assez rarement utilisés,
car ils sont très gros ;
Ø n°2,1 : assez gros ; ils sont
utilisés pour les parois musculaires, surtout le n°1 ;
Ø n°0 et 00 (ou 2/0) : moyens, ils sont
couramment utilisés pour ligaturer les vaisseaux et suturer les
petites parois, en chirurgie générale ;
Ø n°000 (ou 3/0) : assez fins ; ils sont
fréquemment utilisés pour la chirurgie vasculaire, intestinale,
et en ORL ;
Ø n°4/0,5/0,6/0,7/0 : de plus en plus
fins ; pour la chirurgie vasculaire, en ophtalmologie, et pour la
chirurgie plastique, au visage entre autre.
e) Les aiguilles de suture
Il y a aussi une grande variété d'aiguilles. On
les répartit de façon suivante :
· Selon leur forme :
courbe ou droites ;
les courbes sont couramment utilisées tandis que les droites ne sont
réservées que pour la suture de la peau ;
· Selon leur utilisation :
en rapport avec l'organe que l'on veut suturer ; en général,
on utilise des aiguilles rondes pour les tissus
internes par contre la peau et les muscles on utilise des aiguilles
tranchantes avec pointe triangulaire ;
· Selon leur taille et
leur calibre : ces deux critères sont en
rapport au fil que l'aiguille supporte ; donc, de petite taille et de
petit calibre pour les tissus fins et la chirurgie plastique, de plus grosse
taille et de plus grand calibre pour les muscles, les parois, la peau ;
· Les aiguilles peuvent être :
§ Serties : cela signifie
que le fil est englobé dans le chas de l'aiguille et ne présente
ainsi aucun relief (c'est l'aiguille la plus utilisée) ;
§ Avec chas fermé :
c'est l'assistant qui enfile l'aiguille ;
§ A chas ouvert : le fil
est plus facile à enfiler, mais ce genre d'aiguille est plus
traumatisant.
VI.3.1. Caractéristiques d'une bonne
aiguille
Pour arriver à réaliser une bonne
suture, une aiguille doit répondre à quatre
caractéristiques à savoir : la solidité, la
flexibilité, le tranchant, et la stabilité dans le porte
aiguille.
a. La solidité
La solidité d'une aiguille est déterminée
par sa résistance à la déformation, lors de passages
répétés à travers les tissus.
b. la flexibilité
La flexibilité, c'est la résistance de
l'aiguille avant de se casser. Lorsqu'elle est soumise à un certain
nombre de flexions. Si une trop grande force est exercée l'aiguille se
casse. Une aiguille flexible se plie avant de casser.
c. le tranchant
Le tranchant d'une aiguille est particulièrement
important lors d'interventions agréables ou en chirurgie
esthétique. Il faut donc trouver la juste mesure. Si une aiguille est
trop tranchante, le chirurgien ne contrôle pas suffisamment le passage de
celle-ci au travers des tissus.
d. La stabilité dans le porte-aiguille
La performance de l'aiguille est également
influencée par la manière dont elle va se comporter dans le
porte-aiguille. Pour un meilleur contrôle, la plupart des aiguilles
courbes sont aplanies sur la surface de prise. Une aiguille est donc stable,
quand elle tourne, glisse et s'enroule moins dans le porte-aiguille.
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