Section2 : Le retour à l'ordre constitutionnel
au Mali et les réformes de la coopération militaire
franco-malienne
Dans cette section, trois déterminants sont
analysés : l'impératif de l'organisation des élections
présidentielles(1), le rétablissement de l'appareil
militaro-sécuritaire(2) et les réformes militaires
franco-maliens(3).
1- L'impératif de l'organisation des
élections
Afin de valoriser son action militaire, la France avait fait
de la restitution des valeurs démocratiques au Mali, l'un des
éléments déterminants du désengagement des troupes
françaises sur le théâtre. Pour l'Hexagone, l'organisation
des élections présidentielles constituait une action, qui
symbolisait la réussite de la diplomatie politico-militaire
française. Cette stratégie électorale post-intervention,
mise en place depuis quelques années par les occidentaux, en occurrence
la France et les Etats-Unis, consistait à légitimer une
intervention militaire extérieure à travers une organisation
rapide des élections présidentielles au pays dans lequel
l'opération armée s'était déroulée. En
effet, impulsée par les États-Unis sous la forme de la diffusion
universelle de démocratie, cette stratégie avait
été appliquée par la France au Mali sous la forme de
« la politique d'interventionnisme libéral
»193, qui répond au postulat selon lequel la
reconstruction et la restitution des valeurs démocratiques d'un Etat
peuvent être rendu possibles par l'entremise d'une coercition
militaire194. Cette dernière vise particulièrement
à éloigner la menace de la démocratie et à
restaurer les valeurs de celle-ci. De ce fait, la restitution de l'Etat de
droit au Mali, à travers une élection présidentielle
devenait ainsi un enjeu majeur qui devait couronner le succès de
l'opération Serval. Cela amenait impérativement la France
à projeter, à la fin de son intervention militaire, un
scénario électoral dont le déroulement n'a pas
été en marge de la fin de l'opération militaire. En
conséquence, la présidentielle malienne de juillet-août
2013, cadrait ainsi avec le calendrier de l'évacuation des troupes
françaises du théâtre des opérations. Dès
lors, l'organisation de ce scrutin sous l'impulsion française, avait
répondu aux enjeux de la politique africaine de la France. Cette
dernière a, d'une part, réhabilité le système
démocratique et politique du pays en installant une autorité
politique élue et un gouvernement reconnu, et d'autre part, elle a
assuré la légitimé de son l'intervention militaire et a
obtenu la reconnaissance de son action par les acteurs politiques des Etats de
la CEDEAO et de la région sahélo-saharienne.
193C. Lequesne, La politique extérieure de
François Hollande : entre interventionnisme libérale et
nécessité européenne, Sciences po Grenoble,
Working paper n°23,2014, p5.
194 Ibidem
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En plus de la restitution des valeurs démocratiques au
Mali, le jeu de la France dans son désengagement consistait
également à accompagner l'Etat malien dans le processus de
rétablissement des pouvoirs politique, militaire et administratif dans
toute la partie septentrionale du Mali et particulièrement dans les
trois principales villes meurtries des actions djihadistes et terroristes.
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