2- Une intervention à démilitarisation
approximative
L'une des insuffisances majeures de l'intervention militaire
française a été son incapacité à
éradiquer la circulation d'armes et des groupes terroristes au sein du
territoire malien. En effet, l'opération Serval avait entrainé la
dispersion des insurgés islamistes lourdement armés dans
l'ensemble des villes septentrionales. Ces derniers, après leur «
retrait tactique »174 dans les trois villes les plus
ciblées par l'armée françaises (Tombouctou, Gao, Kidal),
procédaient à un « transport des stocks d'armes les plus
importants vers les régions plus modestes et moins visibles
»175. Ce mode opératoire que J-P.
Rémy176 qualifiait de stratégie d'évitement
des groupes terroristes, a d'avantage entrainé une
dissémination d'armes que les militaires français n'ont pu
malheureusement contrôler. Ainsi, si l'on en croit aux estimations de
J-C. Notin177, 500 à 800 djihadistes sont restés en
état de nuire à la fin de l'opération Serval. Ces groupes
armés terroristes dont l'action militaire française n'a pu
définitivement éradiquer, traduit, corrélativement, une
importante présence d'armes qui circulent encore à
l'intérieur du Mali, malgré l'opération Serval.
Au regard de ce qui précède, l'opération
Serval apparait approximative, en ce sens qu'elle n'a pas détruit
l'ensemble des groupes terroristes, elle les a simplement anéanti. En
cela, ce déploiement militaire n'a pas totalement été une
réussite, dès lors que les mêmes causes peuvent produire
les mêmes effets. La liberté des centaines d'islamistes qui
détiennent toujours des armes, constitue l'une des limites de cette
intervention. Elle explique la non-effectivité de la
démilitarisation des groupes djihadistes par les troupes
françaises.
Au-delà de la libération des villes maliennes,
qui étaient sous le joug djihadiste, l'intervention militaire
française a été marquée par un lourd bilan
humanitaire et une incapacité à décimer totalement les GAD
qu'ils combattaient, du fait de la rugosité du théâtre des
opérations. Ces situations ont conduit la France à
précipiter l'arrêt de son action militaire, tout en faisant place
aux forces onusiennes.
174Le monde, n°37, op.cit.,
p29-30.
175 Ibidem
176 J-P. Remy, le monde diplomatique, n°37, 2013,
p.29-30.
177 J-C. Notin, op. cit., p.564.
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