Les transactions commerciales dans le bourré sous le règne de Kankou Moussa (1307-1332)( Télécharger le fichier original )par Djenabou Mady KOMA Général Lansana Conté de Sonfonia-Conakry - Maitrise en Histoire des relations internationales 2008 |
Section 4 : Les droits et taxesTrès peu de renseignements nous sont fournis sur la nature et le mode de perception des droits et taxes commerciaux dans la province du Bouré sous le règne de kankou Moussa et ce à travers les informations recueillies auprès de la tradition et les écrits de certains auteurs arabes. Les sources de revenu de l'Empire du Mali étaient constituées essentiellement par le monopole du commerce des pépites d'or et des taxes fixées sur les marchandises. A propos des taxes, Al Zawawi écrit'' ...il n'y avait rien dans mon Empire, me déclara le sultan Moussa, qui ne soit soumis aux taxes, à l'exception du cuivre brut qui me rapporte un revenu tout spécial sans égal `'. La nature et la forme de perception des taxes dans le Mali à l'époque dekankou Moussa (XIVe siècle) ne devaient pas être différents sous l'Empire de Ghana. Elles ne semblaient pas avoir subi de modifications fondamentales durant des siècles. Basil Davidson nous le confirme en ces termes''... le type de commerce et de fiscalité qui avait fait la puissance et la grandeur du Ghana pendant des siècles n'était pas détruit. Il se renforça plutôt ; en même temps que Ghana et après Ghana. D'autres Etats apparurent...'' Selon Bassi Camara67(*), chaque commerçant devait payer une redevance estimée à 1/40é de la valeur de sa marchandise. Lorsqu'il s'agissait du bétail, le droit était fixé par tête de bétail et suivant leur espèce : 2 mithkal d'or pour chaque tête de bovin : 1 mithkal d'or pour chaque tête d'ovin (mouton du sahel) : 1,50 mithkal d'or pour chaque tête d'équidé (âne) ; 0,5 mithkal pour chaque tête de caprin. Rappelons que les droits n'étaient valables que pour le séjour des commerçants au Bouré. Ils ne concernaient que les commerçants ambulants et les convoyeurs qui s'y rendaient. Le même informateur souligne que pour la traversée des fleuves en pirogue et de rivières sur les ponts et ponceaux, les caravaniers devaient payer chacun et pour chaque animal ou chaque porteur deux Mithkals d'or ou trois mithkals de cuivre à la rentrée et un mithkal d'or à la sortie. Ces droits de péage avaient été institués par l'autorité locale. A propos des droits de marchés, Elhadj Mahmoud Gaye68(*) souligne qu'on prélevait un droit (sur le marché forain) selon la valeur de la marchandise. Il nous livre ce qui suit : - Pour les marchandises de 10-50 mithkals, on prélève 1/10é du prix de la marchandise (en mithkal d'or) - Pour les marchandises de 50-100 mithkals, on prélève 1/8é du prix de la marchandise. - Pour les marchandises de plus de 100 mithkals, on prélève 1/5é du prix de la marchandise. S'agissant des denrées alimentaires, la taxe était prélevée par mesure : pour 1 `' ba saki, on prélevait 1 demi mithkal. Notons que les droits de marché ne concernaient que les marchés forains seulement. Aucun droit n'était fixé au niveau du marché périodique qui en fait, constituait une importante source d'approvisionnement pour les paysans en denrées alimentaires de première nécessité. Les droits de séjour étaient perçus par un fonctionnaire de la cour impériale à Niani et, nous l'avons vu, un sauf conduit était délivré aux intéressés. Les droits de marché étaient perçus par l'administrateur du marché .Des collecteurs placés sous son autorité se chargeaient des autres taxes. En général, les commerçants de par leur loyauté s'acquittaient des droits de marché sans qu'on ne le leur réclame. Cependant, il faut remarquer que ces taxes étaient très élevées. En fait, elles freinaient le commerce dans le Bouré au profit des villes sahélo-soudanaises qui jouissaient de tous les privilèges offerts par ce commerce. Aussi, elles réduisaient le revenu des marchands locaux au profit des grossistes arabo-berbères, empêchant ainsi tout embourgeoisement des locaux. La tradition souligne que tous ces droits ont servi à alimenter les caisses de l'Empire. On pourrait croire que l'opulence et la puissance de la cour impériale sous le règne de Kankou Moussa sont dues non seulement aux réquisitions des pépites d'or, mais aussi et surtout aux taxes exorbitantes imposées aux marchands opérant dans le Bouré. C'est pourquoi ces taxes sont d'ailleurs payées en mithkald'or. * 67 Bassi Camara, âgé de 79 ans, notable à Kintinya, 2009. * 68 El Hadj Mamadou Gaye, âgé de 79 ans, d'origine Sarakollé, notable à Niani |
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