II-2 : LES ASPECTS HUMAINS
II-2-1 : POPULATIONS ET LANGUES EN AFRIQUE DE
L'OUEST
La population ouest africaine devrait atteindre 480 millions
en 2030 puis 650 à 700 millions en 2050 comme l'exprime la figure 1.
Elle est majoritairement jeune (60% a moins de 25 ans) et le restera
jusqu'à 2050, même si un léger vieillissement de la
population commencera alors à se faire sentir (VERDIERE M.C et al,
1997). De même, 7,5 millions de cette population est expatriée
dans un autre pays de la région, essentiellement dans les zones
côtières et les villes portuaires. Au début de 2003, on
comptait, dans la région, environ un million de personnes victimes de
conflits, de bouleversements et de déplacements relevant de la
compétence du HCR, dont 522 000 réfugiés. Une quarantaine
d'organisations intergouvernementales existent dans la région dont la
plus importante est la CEDEAO regroupant 15 Etats membres. Ces organisations
s'attachent à lutter contre les pires trafics nés des conflits et
les entretenant : trafics d'armes et privatisation des armées
(mercenariats), économie de la drogue, enrôlements forcés
des jeunes, filles et garçons, mise en dépendance des
réfugiés.
Figure 1 : croissance et structure démographique en
Afrique de l'Ouest.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
22
Le premier graphique de la figure 1 (page
précédente) montre une croissance continue de la population ouest
africaine jusqu'en 2050, avec une population rurale qui connaitra une nette
stabilisation de 2025 à 2050. Quant au second graphique, nous constatons
l'importance et l'inégalité des tranches d'âge et leur
évolution en fonction des années jusqu'en 2050.
L'Afrique de l'Ouest est riche en diversité sociale et
culturelle. Les quelques 1200 langues parlées en Afrique de l'Ouest
constituent un des piliers des communautés. Elles sont d'importance
très inégale, puisque les cinq premières que l'on situe
facilement sur la carte 2 : haoussa, yoruba, peul, ibo et mandingue regroupent
à elles seules plus d'un tiers de la population. A ces langues se
superposent les trois langues apportées par la colonisation : l'anglais,
le français et le portugais. La valorisation de cette richesse est sans
doute une des clés trop souvent négligée du
développement de la région. Ces liens culturels en Afrique de
l'Ouest sont prégnants et ont favorisé l'arrivée et
l'installation des premières vagues de réfugiés au sein
des autochtones en Guinée et au Burkina Faso, sans qu'aucune aide
extérieure ne soit intervenue. Aussi, les victimes de conflits fuient
vers les pays les plus proches et où ils ont soit des parents ou des
proximité ethniques avec les populations locales comme ce fut le cas des
ethnies Kissi du Libéria qui sont venus vers Guéckédou
où vivaient de nombreux Kissi guinéens et les Loma ont
privilégié les environs de Macenta où vivaient de nombreux
Toma (le nom de ce groupe se dit Loma au Libéria et Toma en
Guinée).
Les enjeux géoculturels sont appelés à
constituer demain, au même titre que les enjeux géopolitiques et
géoéconomiques, un axe de gouvernance locale (OCDE/CSAO/CEDEAO,
1997).
Carte 2 : foyers linguistiques et aires d'extension en Afrique
de l'Ouest
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
23
L'analyse de cette carte permet de voir que les foyers
linguistiques en Afrique de l'Ouest s'étendent de la côte
occidentale jusqu'au Sahel. Dans cette zone, nous avons des aires d'extension
uniforme de langues et des localités ou les foyers linguistiques se
chevauchent tels que chez les haoussas au Nigeria.
|