![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest1.png)
UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU
UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE
EN SCIENCES HUMAINES
MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE BURKINA
FASO
ET SUPERIEUR
Unité-Progrès-Justice
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
MEMOIRE DE MASTER DE RECHERCHE
OPTION : GESTION DES RESSOURCES
NATURELLES
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES
ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
PRESENTE PAR DIALLO Abdoulaye Sous la
Direction de :
DA Dapola Evariste Constant
Professeur titulaire
Année académique
2014-2015
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest2.png)
A mon père et à ma mère, vous avez
aimé la terre et vous continuez de l'aimer. Vous m'avez appris qu'aucune
protection n'est aussi humanitaire que celle consacrée à
l'environnement. Ce travail est le vôtre.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
i
REMERCIEMENTS
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
ii
Si ce mémoire avait été une
expérience aussi solitaire qu'elle a parfois semblé, elle
n'aurait jamais pu être terminée. Elle a été un
parcours chargé à travers lequel nous avons beaucoup reçu,
appris et changé. Je tiens à remercier tous ceux qui m'ont
apporté leur aide sur ce chemin.
Nous sommes reconnaissants au Professeur DA Dapola Evariste
Constant, Directeur de mémoire, d'avoir créé les
conditions de sa réalisation. Merci au département de
Géographie et à tout le corps enseignant pour l'encadrement et
les conseils reçus depuis la première année.
Nous adressons une mention spéciale aux docteurs KABORE
Oumar de l'INERA et YANOGO Isidore du département de Géographie
à Koudougou pour leur relecture critique de l'ouvrage. Aux ambassades de
la Côte d'Ivoire et du Ghana au Burkina Faso pour les informations mises
à notre disposition.
Nos remerciements vont également à nos proches
dont la présence et le soutien nous ont assuré un
équilibre certain, indispensable au bon déroulement de nos
recherches. Et nous présentons nos excuses à tous ce que nous
oublions de remercier dans la course épuisante pour terminer ce
document.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
III
SOMMAIRE
DEDICACE i
REMERCIEMENTS ii
SOMMAIRE iii
RESUME .iv
SIGLES ET ABREVIATIONS v
INTRODUCTION GENERALE : 1
PREMIERE PARTIE : LE CADRE THEORIQUE ET LA METHODOLOGIE DE
L'ETUDE 4
Chapitre I : Cadre théorique et présentation de
la zone d'étude 5
Chapitre II : Méthodologie de l'étude 24
DEUXIEME PARTIE : LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES
DE
CONFLITS EN AFRIQUE DE L'OUEST 27
Chapitre III : Conditions d'installation et modes de vie des
réfugiés dans trois pays ouest
africains : la Guinée Conakry, le Ghana et le Burkina
Faso 28
Chapitre IV : Les impacts environnementaux des
réfugiés de conflits en Afrique de
l'Ouest 52
Chapitre V : Aspects positifs liés à la
présence de réfugiés et perspectives face aux impacts
environnementaux de ces populations en Afrique de l'Ouest
70
CONCLUSION GENERALE 79
BIBLIOGRAPHIE 81
LISTE DES ILLUSTRATIONS 89
TABLE DES MATIERES 91
RESUME
La focalisation médiatique de l'Afrique ces
dernières décennies témoigne malheureusement de
l'existence de tragédies et de crises à répétition.
Les conflits, latents ou ouverts qui touchent l'Afrique de l'Ouest exercent des
mouvements de populations dans les deux sens. Les réfugiés de
conflits, en quête de refuges, représentent parfois un lourd
fardeau pour les écosystèmes des pays d'accueil (VAN HAUWAERT W,
1992).
Cette étude a pour objectif d'analyser les impacts
spatiaux et temporels des réfugiés de conflits sur les ressources
naturelles renouvelables et humaines en Afrique de l'Ouest. Il s'agira surtout
de montrer la part de responsabilité des réfugiés dans la
dégradation de ces ressources à travers une comparaison des modes
de vie et des pratiques agro-pastorales des immigrants à celles des
populations autochtones. Et dans le cadre du présent travail, une
collecte d'informations basée sur l'exploitation de données
secondaires a permis de déceler des variables d'étude puis
d'orienter les recherches vers une documentation spécifique et de
synthétiser les résultats qui ont été
discutés.
Il ressort de l'examen des différents ouvrages que les
liens étroits qui existent entre les causes et les conséquences
environnementales de la présence de réfugiés constituent
un argument irréfutable qui justifie leurs évaluations. En effet,
la dégradation du cadre de vie au niveau des sites d'accueil a un impact
majeur sur le bien-être des personnes vivant à proximité,
qu'il s'agisse de réfugiés, de rapatriés ou de membres de
la population locale.
MOTS-CLES : Afrique de l'Ouest, Ressources Naturelles
renouvelables, dégradation, réfugiés.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'O
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
V
SIGLES ET ABREVIATIONS
APD Aide Publique au Développement
ACC Accra
CCD Convention to Combat Desertification
CEDEAO Communauté Economique des Etats de l'Afrique de
l'Ouest
CICR Comité International de la Croix Rouge
CILSS Comité Permanent Inter-Etats de lutte contre la
Sécheresse au Sahel
CINU Centre d'Instruction des Nations Unies
CRG Croix Rouge Guinéenne
CSAO Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest
FAO Fonds des Nations-Unies pour l'Agriculture et
l'Alimentation
FCFA Fonds Français pour l'Environnement
Ffem Fonds Français pour l'Environnement Mondial
FIDA Fonds International de Développement Agricole
Ghanaian Times Presse écrite ghanéenne occupant
la deuxième place à Accra
GIS Ghana Immigration Service
GRB Ghana Refugee Board
GTZ Gesellschaft fur Technische Zusammenarbeit
Horoya quotidien national et journal officiel du gouvernement
à Conakry
IDE Investissements Directs Etrangers
IRD (ex ORSTOM) Institut de Recherche et de
Développement
INSD Institut National de la Statistique et de la
Démographie
MSF Médecins Sans Frontières
MSP Ministère de la Santé Publique
NMP National Mobilization Program
NPFL National Patriotic Front of Libéria
OIM Organisation Internationale des Migrations
ONG Organisation Non Gouvernementale
ONU Organisation des Nations Unies
OUA Organisation de l'Union Africaine
OXFAM Oxford Commitee for Famine Relief (1942)
PAM Programme Alimentaire Mondial
PIB Produit Intérieur Brut
PMA Pays les Moins Avancés
PNUD Programme des Nations Unies pour le
Développement
PNUE Programme des Nations Unies pour l'Environnement
Sida Agence Suédoise de Coopération
Internationale pour le
Développement
SIG Système d'Information Géographique
SPAI Sous-Produit Agro-Industriel
UBT Unité de Bétail Tropical
UICN Union Internationale de la Conservation de la Nature
ULIMO United Liberation Movement of Liberia for Democracy
UMA Union Maghreb Arabe
UNHCR Haut-Commissariat des Nations Unies pour les
Réfugiés
VESCOL Veteran Child Soldiers of Liberia
VSF Vétérinaires Sans Frontières
WRS World Refugee Survey
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
vi
INTRODUCTION GENERALE
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
1
Le rapport d'activité du CICR (Comité
International de la Croix Rouge), volume 51, 1969 montre que le monde a
assisté à des changements spectaculaires sur de nombreux fronts :
politique, économique et social. Par contre, les conséquences des
conflits armés n'ont hélas pas changé. Entre 1960 et 2005,
les conflits armés interétatiques ont fait environ 6.6 millions
de morts dans le monde. En juin 2013, l'ONU a publié ses
dernières statistiques relevant que le nombre de personnes
déracinées de leurs foyers par les conflits s'élevaient
à 45.2 millions. L'immense majorité de ces migrations
forcées a lieu dans les pays dits « du Sud », notamment en
Afrique où leur prise en charge n'est pas une priorité pour les
pays d'accueil (BLACK R, 2001).
L'Afrique compte un tiers des réfugiés
recensés sur la planète, abstraction faite des «
déplacés » qui n'ont pas franchi de frontières
internationales. Les migrations forcées de ce type ont pris tant
d'importance qu'elles ont pu devenir des éléments de
structuration du champ politique, économique et social sur le continent
(CORDELL D.D, 2002). La vulnérabilité géographique,
l'immensité territoriale, les richesses naturelles et minières
abondantes ont fait de l'Afrique un terrain plus favorable à la
production de réfugiés que tout autre continent de la
planète.
A l'instar d'autres régions du continent, l'Afrique de
l'Ouest compte environ 884 000 personnes relevant de la compétence du
HCR (rapport global UNHCR, 2012). Privés de protection originelle de
leurs Etats, ces réfugiés espèrent, grâce à
l'internationalisation des droits de l'homme trouver une seconde patrie de
survie et voir leur calvaire prendre fin. La grande majorité des
réfugiés de la sous-région est regroupée dans les
camps du HCR qui présentent des aspects et des tailles variables en
fonction de l'origine des migrants, des conditions environnementales et du
volume de l'aide. (AGIER M, 2008) rappelle que les camps sont autant un outil
d'aide que de contrôle pour les acteurs humanitaires car très
souvent, les réfugiés sont considérés comme
corrupteurs, impurs et dangereux. Ils sont gardés dans les camps afin de
ne pas déséquilibrer l'environnement, l'économie nationale
et la culture « unique » du pays d'accueil (LEACH M, 1995). Les
réfugiés peuvent autant être un « fardeau »,
selon une expression employée de façon récurrente par le
HCR et les Etats, qu'une valeur ajoutée pour leurs hôtes. Ainsi,
les géographes ont rappelé
l'hétérogénéité sociale de certains
réfugiés, observant qu'avec davantage de capital
économique et social, ils pouvaient
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
2
s'appuyer sur leurs compatriotes pour développer avec
succès des projets agricoles (BASCOM J, 1998).
Aujourd'hui, l'impact de l'humanité sur son
environnement est probablement la question la plus importante à laquelle
nous ayons à répondre. Bien qu'à court terme, cette
question puisse paraître triviale, elle peut être décisive
sur le long terme. Selon JACOBSEN.K (1997), les thèmes sur
l'environnement peuvent être abordés suivants quatre angles :
problématique ; systèmes de production et environnement ;
santé et environnement ; ville, espace de vie et environnement. De
même, du fait de leur caractère transversal, les problèmes
environnementaux ne peuvent pas être traités de manière
isolée. En effet, les directives en matière d'environnement qui
se rapportent à un secteur donné doivent être suivies en
tenant compte de celles établies pour les autres secteurs. Les questions
liées à l'environnement doivent être abordées dans
une perspective globale tout en précisant les contextes : temporel,
spatial et culturel dans lesquels elles s'insèrent. Une approche
sectorielle sépare souvent les causes des effets et ne prend pas en
compte les interactions entre les différentes composantes
environnementales (PNUE/HCR, 2000). Toutefois, sans remettre en cause ces
directives infaillibles et enrichissantes, notre étude traite du milieu
physique et humain, particulièrement les impacts directs des
réfugiés sur les ressources naturelles renouvelables (le bois, la
faune, l'eau et les pâturages) avec une exploration de quelques
problèmes de santé, d'hygiène, sociaux et d'érosion
du sol dus à la présence des réfugiés. De
façon spécifique, il sera question dans ce mémoire,
d'analyser les effets générés par la présence des
réfugiés de conflits sur les milieux biophysique et humain en
Afrique de l'Ouest. Et pour une meilleure analyse de l'étude, c'est
l'environnement défini comme l'ensemble des ressources naturelles et
humaines dont la conservation est primordiale à moyen et long termes qui
sera le cadre d'investigation de notre travail.
En outre, la volonté de consacrer ce mémoire
à l'analyse des travaux menés sur l'impact des
réfugiés de conflits sur les ressources naturelles renouvelables
et humaines se veut une contribution à la mise en lumière des
effets néfastes des concentrations rapides de populations sur les
écosystèmes et les sociétés ouest africaines. Et
l'impact environnemental des réfugiés se produisant dans un
« territoire » donné, « territoire » qui permet
à un individu ou à un groupe d'affirmer son identité et de
poser des actes d'existence identifiables et localisables, le géographe
a son mot à dire dans cette étude.
Afin d'illustrer efficacement la problématique
formulée, l'identification de trois pays ouest africains accueillant ces
populations de longues dates a été nécessaire : la
Guinée
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
3
Conakry, le Ghana et le Burkina Faso. Dans ces trois pays, il
sera question de présenter l'état des lieux fait par certains
chercheurs sur le thème abordé. Et à partir de cet
état des lieux, il sera plus aisé d'analyser l'impact de ces
réfugiés sur les ressources naturelles renouvelables et les
communautés hôtes.
Ce présent document qui fait la synthèse de la
revue de littérature exploitée est scindé en deux parties.
La première pose la problématique du thème, expose la
méthodologie adoptée pour appréhender la question et
présente l'Afrique de l'Ouest. La seconde plus critique, accorde une
place de choix à l'analyse des travaux déjà
réalisés sur le sujet.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
4
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PREMIERE PARTIE : LE CADRE THEORIQUE ET LES CARACTERISTIQUES DE
L'ENVIRONNEMENT
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PHYSIQUE ET HUMAIN EN AFRIQUE DE L'OUEST
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Cette première partie aborde la problématique de
la dégradation des ressources naturelles renouvelables et humaines par
les réfugiés de conflits à une échelle micro
régionale des sites d'accueil, présente l'Afrique de l'Ouest et
expose la méthodologie d'étude du mémoire.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
5
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET PRESENTATION DE LA
ZONE D'ETUDE
I-1 PROBLEMATIQUE
L'Afrique de l'Ouest comprend l'ensemble des pays de l'espace
CEDEAO (15 pays), auquel, compte tenu des liens historiques,
géographiques et culturels a été adjoint la Mauritanie qui
a quitté l'organisation en 1999 pour l'Union du Maghreb Arabe (UMA). A
l'horizon 2030, l'Afrique de l'Ouest comptera 480 millions d'habitants
répartis sur une superficie 7.800.000 km2 soit
1/5e du continent africain (CSAO/SWAC, 2007). Cela représente
d'énormes défis à relever pour ces pays au regard de la
forte jeunesse de la population (65%), de la recrudescence des conflits
armés et de l'insécurité dans la sous-région. Ces
conflits impliquent des coûts socio-économiques importants et
surtout des mouvements de populations au-delà des limites territoriales.
Cette affluence à travers les frontières est favorisée en
grande partie par les liens culturels et les relations d'affinités
linguistiques et ethniques que les populations ouest africaines entretiennent.
Et très souvent, ces réfugiés arrivent à
s'installer sans grande difficulté avant l'arrivée des ONG
humanitaires. Toutefois, cette augmentation spontanée de populations,
même de courtes durées dans certains cas constitue un risque de
détérioration de l'environnement car les intérêts et
priorités des populations autochtones et des nouveaux arrivants sont
souvent divergents. En effet, selon les recherches de BLACK R et SESSAY M,
(1995) ; BLACK R et LASSAILLY-JACOB V, (1996) ; JACOBSEN K, (1997) ; GIBERT F,
(2009) ; SIMON-LORIERE H, (2013) ; BARRY S et al, (2013) ; consacrées
aux zones d'accueil de réfugiés en Guinée, au
Sénégal, au Libéria, au Ghana et au Burkina Faso : les
ressources fauniques, végétales et hydriques environnant les
sites d'accueil de réfugiés sont souvent dégradées.
De plus, le déplacement ayant globalement tendance à s'allonger
dans la durée, la population a besoin de mener des activités dans
la région d'accueil dont l'équilibre socio-économique et
surtout écologique peut être complètement
dévasté. Ainsi, à l'heure où la région ouest
africaine doit nourrir, loger, soigner, former une population en forte
croissance, où elle doit s'insérer dans une mondialisation
multipolaire, où elle fait face à la résurgence de
conflits et à l'apparition de crises de types nouveaux, où les
migrations forcées s'affichent à la une des médias,
où les écosystèmes sont dans l'impasse, la question sur le
devenir des ressources naturelles et humaines, sur son capital de
développement dans certains pays est primordiale et d'actualité
(OCDE, 2009). Et dans ce cadre, nous proposons de réfléchir sur
le thème : « impacts environnementaux des
réfugiés autour des zones conflictuelles en Afrique de l'Ouest
».
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
6
Le choix de ce thème s'appuie également sur
quelques indicateurs écologiques qui révèlent la
dégradation progressive des ressources naturelles en Afrique de l'Ouest
car soumises à un climat instable (pluies violentes, fortes chaleurs) et
à une pression anthropique croissante. Parmi ces ressources, l'eau, la
végétation et la faune sauvage méritent notre attention
parce qu'elles jouent un rôle essentiel dans l'équilibre
écologique du milieu et suscitent un grand intérêt
socio-économique pour les populations riveraines (UICN, 2012).
Ainsi, à l'issue de cette problématique, un
certain nombre de questions s'imposent à
nous :
Quelles sont la nature et l'ampleur de la dégradation
des ressources naturelles renouvelables autour des sites d'accueil de
réfugiés?
- Quelle est la part de responsabilité des
réfugiés de conflits dans la dégradation de ces ressources
?
- Quelles sont les conséquences à long terme de
l'installation des réfugiés sur les communautés et pays
hôtes ?
I-2 : CADRE LOGIQUE ET CLARIFICATION DES CONCEPTS
Le cadre logique de l'étude fait la relation entre
trois hypothèses (principale et secondaires) et trois objectifs
(générale et spécifiques). Et à partir des
hypothèses, des variables et indicateurs ont été
retenues.
I-2-1 : CADRE OPERATOIRE
LES HYPOTHESES DE RECHERCHE
L'hypothèse principale de cette étude soutient
que dans les zones péri-urbaines et dans les campagnes ouest-africaines
qui accueillent les réfugiés de conflits, les
écosystèmes et les populations locales subissent de forts
désagréments. De cette hypothèse principale, deux
hypothèses secondaires sont définies :
-les réfugiés de conflits ont un impact sur
l'environnement particulièrement sur les ressources naturelles
renouvelables au plan local ;
-le séjour prolongé de ces
réfugiés peut perturber la cohésion sociale dans les
pays
hôtes.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
7
LES OBJECTIFS D'ETUDE
L'objectif général de notre étude
consiste à montrer que les ressources naturelles et humaines jouxtant
les sites d'accueil de réfugiés sont en proie à de fortes
mutations et souvent dans un équilibre précaire. De cet objectif
général, découlent deux objectifs spécifiques :
-évaluer les incidences des réfugiés de
conflits sur la dynamique des ressources naturelles renouvelables
localisées dans les zones d'installation des populations en
détresse;
-analyser l'impact humain induit par une longue
présence des réfugiés dans les zones d'accueil.
LES VARIABLES ET INDICATEURS DE L'ETUDE
Afin de bien tester nos hypothèses formulées
dans le cadre de cette étude, le choix de variables et d'indicateurs est
utile. Les variables sont des composantes qui permettent de confirmer ou
infirmer les hypothèses formulées. Quant aux indicateurs, ils
permettent de mesurer et d'évaluer les variables. Dans l'objectif
d'évaluer les effets induits par la présence de
réfugiés sur les milieux biophysique en Afrique de l'Ouest, les
variables suivantes ont été retenues : les ressources
végétales, fauniques et pédologiques, le niveau
d'assainissement et la géomorphologie du site d'accueil. Les indicateurs
utilisés pour tester ces variables sont : les superficies
emblavées et les traces d'émondage, le braconnage des herbivores,
le taux d'assainissement, la pente et la qualité du sol abritant le
site.
En quoi la surveillance et la sensibilisation des
réfugiés sont-elles nécessaires dans la
pérennisation des ressources naturelles et la sécurité des
régions d'accueil ? Quelle est la portée du rapatriement tardif
des réfugiés sur la vitalité des ressources naturelles
biotiques et partant de la paix sociale dans les pays hôtes ? Quelle
place ces ressources naturelles renouvelables occupent dans la vie
socio-économique des populations riveraines ? Ainsi, la réduction
des forêts, la population, le surpâturage, la délinquance,
les conflits potentiels au sein des réfugiés et avec les
autochtones des lieux sont les variables retenues qui ont permis de
répondre à ces interrogations. Comme indicateurs permettant
d'apprécier l'ampleur de la dégradation des ressources naturelles
et les risques de conflits entre les différentes populations, nous avons
recensés : l'érosion des sols, l'amenuisement des surfaces
pastorales et effectif des animaux, l'effectif de la population, le nombre
d'installations sociales de base dans les sites d'accueil, frustration et
accessibilité aux ressources disponibles par les différentes
populations.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
8
GRILLE DU CADRE LOGIQUE
Sur la base des hypothèses et des objectifs
spécifiques, des variables et des indicateurs retenus, il est possible
d'élaborer le cadre opératoire qui a sous tendu cette revue de
littérature. Celui-ci est présenté sous forme de tableau
en quatre colonnes.
Tableau 1 : cadre opératoire
HYPOTHESES
|
OBJECTIFS
|
VARIABLES
|
INDICATEURS
|
Les réfugiés de
|
Evaluer la
|
Les ressources
|
Les superficies
|
conflits ont un
|
responsabilité des
|
végétales, fauniques
|
emblavées et la
|
impact sur les
|
réfugiés dans la
|
et pédologiques, le
|
présence d'arbres
|
ressources naturelles
|
dégradation des
|
niveau
|
émondés, le
|
renouvelables autour
|
ressources naturelles
|
d'assainissement et
|
braconnage des
|
des sites d'accueil en
|
renouvelables.
|
la géomorphologie
|
herbivores, Le taux
|
Afrique de l'Ouest.
|
|
du site d'accueil.
|
d'assainissement, la
pente et la qualité du sol abritant le site.
|
L'installation
prolongée des réfugiés a un impact
|
Mettre en lumière les effets imputables
au séjour prolongé des
|
La réduction des
forêts, la population,
le surpâturage, la
|
L'érosion des sols,
l'amenuisement des surfaces pastorales et
|
significatif sur les
populations et la
|
réfugiés de conflits
dans les pays hôtes.
|
délinquance, les
conflits potentiels au
|
effectif des animaux,
l'effectif de la
|
cohésion sociale des
|
|
sein des réfugiés et
|
population, le
|
pays hôtes.
|
|
avec les autochtones.
|
nombre
d'installations
sociales de base dans
les sites d'accueil,
frustration et taux
d'accessibilité aux ressources
disponibles par les différentes
populations.
|
Le cadre opératoire pour cette étude est
résumé par le tableau ci-dessus. Les relations sont faites entre
les hypothèses, les objectifs, les variables et les indicateurs de
l'étude.
Suite à l'élaboration de cette
problématique, de la formulation des hypothèses, des objectifs et
de l'identification des variables et indicateurs, nous allons clarifier les
différents concepts utilisés dans ce mémoire.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
9
I-2-2 CLARIFICATION DES CONCEPTS
Sachant qu'il y a une abondante littérature en lien
avec la dégradation des ressources naturelles, les conflits armés
et les réfugiés en Afrique de l'Ouest, il est nécessaire
que les principaux mots clés et certains concepts qui ont
été utilisés dans le cadre de ce travail soient
identifiés et clarifiés.
ABIOTIQUE : d'après le dictionnaire
encyclopédique des sciences de la nature et de la biodiversité,
édition DUNOD, 2008, abiotique désigne un facteur
écologique, un phénomène ou un processus de nature et
d'origine strictement physico-chimique, donc indépendant des êtres
vivants. Selon le dictionnaire, le nouveau petit Robert (2010), abiotique veut
dire là où la vie est absente, impossible. Dans cette
étude, abiotique signifie, absence totale de vie quel que soit le
milieu.
ANTHROPOECOSYSTEMES : ce terme est composé de deux mots
dont anthropo qui veut dire homme selon le dictionnaire le nouveau petit Robert
(1994) et écosystème qui signifie d'après le même
document, l'ensemble des êtres vivants et des éléments non
vivants d'un milieu naturel aux nombreuses interactions. Dans le cadre de cette
étude, nous retiendrons que ce terme correspond à un
écosystème façonné et mise en place par l'homme
dont les interactions entre biotope et biocénose dépendent
fortement des actions anthropiques.
APATRIDE : selon le grand Larousse illustré 2016, ce
mot veut dire sans nationalité légale. D'après le
dictionnaire Hachette (2008), un apatride est une personne sans patrie et
nationalité. Dans cette étude, nous retiendrons que l'apatride
est un étranger privé des droits que les lois nationaux
réservent aux locaux, soit parce qu'ils n'a pas de nationalité,
soit qu'il la perdue.
BIOCENOSE : selon le dictionnaire critique « les mots de
la Géographie », édition GIP RECLUS 1992, la
biocénose est l'ensemble des êtres vivants d'un biotope ou d'une
station donnée. D'après le dictionnaire Hachette (2013),
biocénose est l'ensemble des êtres vivants en équilibre
biologique. De notre compréhension, la biocénose est l'ensemble
des populations humaines, des animaux, des plantes et des micro-organismes dans
un environnement de vie acceptable.
BIODIVERSITE : selon l'Atlas de la biodiversité en
Afrique de l'Ouest (Tome II, 2010), biodiversité veut dire la
variété et la variabilité des organismes vivants de la
planète et de leurs interactions. Elle englobe de ce fait tous les
niveaux d'expression de la variation des êtres vivants, des gênes
aux écosystèmes en passant par les communautés. Et selon
le
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
10
dictionnaire de Géographie, Hatier 2008
(4è édition), la biodiversité représente
la richesse et la variété des espèces animales et
végétales. Nous retiendrons de toutes ces définitions que
la biodiversité regroupe l'ensemble des êtres vivants avec leurs
différentes variétés dans un milieu donné, qu'il
soit naturel ou artificiel.
BIOTIQUE : selon le dictionnaire encyclopédique des
sciences de la nature et de la biodiversité, édition DUNOD, 2008,
biotique veut dire qui est propre à la vie ; ensemble des
paramètres propre à l'environnement dans un milieu donné.
D'après le petit Larousse en couleurs (1991), biotique veut dire qui
concerne la vie et permet son développement. Dans le cadre de cette
étude, biotique est l'ensemble des conditions naturels et physiologiques
nécessaires au développement de la vie.
CONFLITS : selon le dictionnaire critique « les mots de
la Géographie », édition GIP RECLUS 1992, conflit veut dire
choc, affrontement, battre. Et d'après le dictionnaire le nouveau petit
Robert (2010), un conflit est une lutte, un combat. C'est une rencontre
d'éléments, de sentiments contraires, qui s'opposent
(antagonisme, conflagration, discorde, lutte, opposition, tiraillement). Est
également une contestation entre deux puissances qui se disputent un
droit. L'étude retient que conflit veut dire opposition,
mésentente et souvent affrontement entre individus ou encore entre
Etats. De même, le terme conflit se distingue de celui de crise en ce
qu'il implique une opposition entre différents types d'acteurs alors que
la crise qualifie une situation de désordre, laquelle peut ou non
déboucher sur un conflit. Les deux concepts sont néanmoins
proches dans la mesure où les crises peuvent conduire aux conflits de
même que les conflits sont sources de crises. Ainsi, une crise
humanitaire est souvent la conséquence d'un conflit armé et elle
peut aussi provoquer en retour des conflits, suite à des
déplacements de populations par exemple (TARDY T, 2009).
CONFLITS ARMES INTERNES : ce sont des conflits qui se
déroulent à l'intérieur d'un Etat et qui se sont
exacerbés par « l'ethnisme » c'est-à-dire la
manipulation d'identités initialement secondaires et composites, qui,
chauffées au rouge génèrent des clivages radicaux servant
d'explications fallacieuses (LAISSAILLY-JACOB V et MARCHAL J-Y, 1997).
L'étude s'inscrit dans cette définition tout en
privilégiant les causes économiques d'un tel conflit.
CONFLIT INTERCONFESSIONNEL : ce conflit procède de la
même logique : du fait de la laïcité de l'Etat qui
prône la tolérance, la cohabitation interconfessionnelle
musulmans-chrétiens ou la coexistence pacifique entre les populations
d'un même pays (QUESNEL A, 1997). L'étude épouse cette
vision en mettant l'accent sur les classes sociales.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
11
DEPLACES « INTERNES » sont aussi appelés
« REFUGIES DE L'INTERIEUR ». Cette catégorie rassemble tous
ceux qui, fuyant la violence, survivent par eux-mêmes en «
déplacés » dans leurs propres pays, trouvant refuge dans les
villes ou dans les régions isolées de leur pays (UNHCR, 1997).
Selon l'ONU, les personnes déplacées fuient une menace ou une
situation dans laquelle leur existence ou leurs droits sont bafoués.
D'après le dictionnaire critique « les mots de la Géographie
», édition GIP RECLUS 1992, le déplacé est une
personne qui sort indument de son rang social, ou des convenances. C'est aussi
une personne qui subit une migration forcée en cas de danger. Pour notre
part, le déplacé « interne » est un citoyen qui fuit
des répercussions politiques ou claniques d'une région
précise pour se réfugier dans une autre localité de son
pays.
ECOSYSTEME : selon l'Atlas de la biodiversité en
Afrique de l'Ouest (Tome II, 2010), l'écosystème est une
communauté d'êtres vivants (la biocénose) et son
environnement géologique, pédologique, hydrologique et
atmosphérique (le biotope). D'après le dictionnaire critique
« les mots de la Géographie », édition GIP RECLUS 1992,
un écosystème est un système localisé d'êtres
vivants et de leur milieu de vie. Il inclut la matière vivante, les
chaînes alimentaires, l'habitat de l'espèce ou du groupe. Dans le
cadre de notre étude, nous disons que l'écosystème est
l'ensemble des êtres vivants et leurs milieux de vie dans une
entité géographique donnée.
ELEVAGE : d'après le dictionnaire le petit Larousse en
couleurs (1991), ce terme représente l'action d'élever et
d'entretenir des animaux d'une même espèce dans une exploitation
agricole, piscicole, etc. Et selon le dictionnaire critique « les mots de
la Géographie », édition GIP RECLUS 1992, élevage
veut dire production d'animaux domestiques ou captifs, entretien de troupeaux
en vue d'un produit ou d'un profit. Nous retiendrons que, c'est l'ensemble des
techniques permettant de faire naître, de veiller au
développement, à l'entretien et à la reproduction
d'animaux terrestres ou aquatiques.
ENVIRONNEMENT : selon le dictionnaire de Géographie,
Hatier 2008 (4è édition), l'environnement est tout ce
qui entoure un groupe humain. Il est considéré en
général comme l'environnement dans la manière dont il peut
influencer le comportement des hommes par ses potentialités et ses
contraintes qu'il leur impose. D'après le dictionnaire critique «
les mots de la Géographie », édition GIP RECLUS 1992,
l'environnement est ce qui nous environne et, de ce fait, agit plus ou moins
sur nous ; tourner autour. Dans cette étude, nous retiendrons que
l'environnement regroupe la biocénose et le biotope d'un milieu
donné ainsi que tout ce qui est matériel et immatériel
qu'on y trouve.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
12
ESPACES OUVERTS A LA PATURE: selon la loi d'orientation
relative au pastoralisme au Burkina Faso (loi n°032-2002/AN du 14 novembre
2002), ce sont des espaces dont la destination principale est autre que
pastorale, mais supportant des droits d'usage pastoraux. Il s'agit
notamment:
- des espaces forestiers ouverts à la pâture;
- des terres agricoles laissées en jachère;
- des champs de cultures après récoltes.
En résumé, ce sont des espaces identifiés et
légiférés pour la pâture des animaux.
ESPACES PASTORAUX: selon la loi d'orientation relative au
pastoralisme au Burkina Faso (loi n°034-2002/AN du 14 novembre 2002), ce
sont des espaces affectés et espaces ouverts à la pâture
des animaux. Constituent des espaces affectés à la pâture
des animaux, les espaces dont la destination principale est l'exercice
d'activités pastorales. Ce sont:
- les espaces pastoraux d'aménagement spécial
- les espaces de terroirs réservés à la
pâture
- les espaces de cultures fourragères destinés
à la pâture directe des animaux.
Nous ajoutons que, c'est l'ensemble des surfaces
réservées à l'activité pastorale.
FAUNE : selon l'Atlas de la biodiversité de l'Afrique
de l'Ouest (Tome II, 2010), la faune représente toutes les
espèces animales d'une région. Et d'après le grand
Larousse illustré 2016, c'est l'ensemble des espèces animales
vivant dans un espace géographique ou un habitat
déterminé. De notre compréhension, la faune est
constituée de l'ensemble des animaux terrestres, aquatiques et des
micro-organismes dans un biotope bien défini.
FLORE : selon le dictionnaire Hachette (2008), la flore est
l'ensemble des espèces végétales d'une région, d'un
pays. Intégralité des bactéries qui vivent normalement
dans l'organisme. D'après le grand Larousse illustré 2016, la
flore est l'ensemble des espèces végétales croissant dans
une région, un milieu donné. Ensemble des micro-organismes vivant
dans un écosystème donné (micro flore). Dans le cadre de
cette étude, la faune est l'ensemble des végétaux d'une
région précise.
FUGITIF : D'après le dictionnaire, le nouveau petit
Robert (2010), un fugitif est une personne qui passe, s'éloigne
rapidement et disparait sans qu'on ne puisse l'attraper. Et selon le petit
Larousse en couleurs (1991), un fugitif correspond à une personne qui
s'est échappé rapidement et dont la fuite ne dure pas. Nous
retiendrons qu'un fugitif est une personne qui prend la fuite en toute
conscience enfin d'échapper à des contraintes physiques ou
morales.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
13
HUMANITAIRE : selon le dictionnaire de la Géographie et
de l'espace des sociétés, édition Belin, 2013,
l'humanitaire vise le bien être, le bonheur des êtres humains en
tant que membres de la société-Monde. D'après le
dictionnaire critique « les mots de la Géographie »,
édition GIP RECLUS, 1992, est humanitaire ce qui intervient pour sauver
la vie de l'ensemble des êtres humains, distribués dans
l'écoumène, formant une population finie mais jamais exactement
connue. Pour notre étude, nous retiendrons que l'humanitaire regroupe
l'ensemble des actes posés pour soulager les personnes
déplacées. Les plus urgents concernent l'eau, le matériel
de chauffage, le matériel pour construire des abris, les
vêtements, la nourriture et les soins médicaux. S'ajoute à
cela l'assistance pour les victimes de traumatisme.
IMPACT : selon le dictionnaire critique « les mots de la
Géographie », édition GIP RECLUS 1992, ce mot signifie choc,
heurt, comme un projectile qui vient frapper un autre en un endroit bien
précis ou influence dans l'effet qui résulte d'une action
(étude prévisionnelle des effets sur l'environnement de travaux
d'aménagement important). D'après le nouveau petit Robert (2010),
impact veut dire collision, heurt. Définit aussi comme l'étude
des conséquences éventuelles d'un aménagement sur
l'environnement. Dans cette étude, l'impact est considéré
comme l'ensemble des conséquences possibles de l'action d'une personne
tiers sur son environnement immédiat. Ses conséquences qui se
produisent à court ou à moyen terme peuvent être positives
mais surtout négatives.
JACHERE : selon la loi d'orientation relative au pastoralisme
au Burkina Faso (loi n°034-2002/AN du 14 novembre 2002), ce sont des
espaces de cultures temporairement laissés au repos en vue de la
restauration naturelle de la fertilité des sols. Selon le dictionnaire
Hachette, (2008), la jachère est l'état d'une terre labourable
qu'on laisse volontairement reposer en ne l'ensemençant pas. Nous
ajoutons que ces espaces peuvent être des champs ou des sols nus
laissés à la pâture des animaux enfin de permettre leur
fertilisation.
MOBILITE : selon la loi d'orientation relative au pastoralisme
au Burkina Faso (loi n°034-2002/AN du 14 novembre 2002), c'est le fait du
déplacement d'un animal ou d'un troupeau d'un point à un autre,
à la recherche de ressources pastorales (eau, pâturages, cures
salées). D'après le dictionnaire de Géographie, Hatier
2008 (4è édition), une mobilité est un
mouvement qui se traduit, pour la personne qui l'effectue, par un changement
durable de résidence principale et parfois par l'adoption d'un nouveau
mode de vie. Elle peut être individuelle ou collective, s'opérer
sur des distances variables. Dans le cadre de cette étude, la
mobilité représente la capacité de se déplacer le
plus rapidement possible face à un danger ou un obstacle.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
14
NATUREL, ELLE : selon le dictionnaire critique « les mots
de la Géographie », édition GIP RECLUS, 1992, ce mot est
relatif à normal, simple, sans afféterie. C'est aussi la partie
de la terre qui se distingue de ses voisines par des caractéristiques
physiques. D'après le petit Larousse en couleurs (1991), ce mot signifie
qui appartient à la nature, qui en est le fait, qui est le propre du
monde physique, qui n'est pas dû au travail de l'homme. Nous retiendrons
que, naturel est relatif à tout ce qui n'est pas artificielle mais mis
en place par les facteurs physiques du milieu naturel.
LE PASTORALISME : selon la loi d'orientation relative au
pastoralisme au Burkina Faso (loi n°034-2002/AN du 14 Novembre 2002), le
pastoralisme est toute activité d'élevage consistant à
assurer l'alimentation et l'abreuvement des animaux par l'exploitation directe
des ressources naturelles sur des espaces déterminés et
impliquant la mobilité des animaux. D'après le dictionnaire, le
nouveau petit Robert (2010), le pastoralisme désigne une économie
pastorale ; mode d'exploitation agricole fondé sur l'élevage
extensif. Et nous ajoutons que le pastoralisme renferme également des
activités associant de manière complémentaire
l'élevage, l'agriculture, la sylviculture et le déplacement
fréquent des animaux.
PATURAGE : selon le dictionnaire critique « les mots de
la Géographie », édition GIP RECLUS, 1992, un pâturage
est une étendue servant à la nourriture des troupeaux. Et
d'après le petit Larousse en couleurs (1991), c'est un lieu où le
bétail à le droit de pâturer. Dans le cadre de cette
étude, un pâturage est un espace pourvu d'eau et d'herbe tendre
très appétée par les animaux.
PAYS SAHELIENS : cette expression désigne selon
BRUNET-MORET J.Y et al., (1986), l'ensemble des pays africains appartenant
à la zone sahélienne ; vaste zone située
immédiatement au sud du Sahara et allant de l'Atlantique (Sud Mauritanie
et Sénégal) au Sud du Soudan. La moyenne annuelle
pluviométrique est comprise entre 300 et 600 mm. Et pour notre
étude, nous retiendrons qu'un pays sahélien est un espace
territorial bien définie, ayant entre 290 à 390 mm de pluie par
an et se situant entre le sud du Sénégal et le sud du Soudan.
RAPATRIES : les retournés ou rapatriés sont des nationaux de
retour chez eux après une expérience d'émigration suite
à un conflit ou crise dans le pays d'accueil. Les retournés ont
en effet été considérés dans une situation
différente de celle des réfugiés car rentrant dans leur
pays d'origine, y ayant les droits de tous citoyens mais surtout un
réseau familial et amical permettant leur réintégration
sociale. L'enjeu de cette distinction est politique mais est également
économique et humanitaire du point de vue du HCR et des ONG partenaires
qui s'assurent que l'aide est attribuée aux réfugiés et
non aux rapatriés (SIMONE-LORIERE H,
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
15
2013). Dans le cadre de cette étude, nous retiendrons
qu'un rapatrié est tout migrant international contraint de rentrer dans
son pays en raison de problèmes de sécurité ou judiciaires
dans son pays hôte.
REFUGIES : selon la convention de Genève du 28 juillet
1951 et de son Protocol additionnel du 31 janvier 1967, est
réfugiés « toute personne qui, craignant d'être
persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa
nationalité, de son appartenance à un groupe social ou de ses
opinions politiques, se trouve hors de son pays d'origine et qui ne peut ou, du
fait de cette crainte, ne veut réclamer protection de ce pays. La
convention de l'Organisation de l'Union Africaine (O.U.A) régissant les
aspects propres aux problèmes de réfugiés en Afrique,
signée le 10 Septembre 1969 et entrée en vigueur le 23 Juillet
1975 ne s'est bornée à reproduire un texte existant. Elle dispose
également que le terme réfugié s'applique à toute
personne qui, du fait d'une agression, d'une occupation extérieure,
d'une domination étrangère ou d'un évènement
troublant gravement l'ordre public dans une partie ou dans la totalité
de son pays d'origine ou du pays dont elle a la nationalité est
obligé de quitter sa résidence habituelle pour chercher refuge
dans un autre endroit à l'extérieur de son pays d'origine ou du
pays dont elle a la nationalité. Une telle approche se justifiait par le
contexte politique et économique de l'époque. Les
réfugiés ne doivent pas être confondus avec d'autres
catégories d'exilés volontaires ou involontaires, tels que les
fugitifs, les émigrés économiques, les apatrides et les
personnes déplacées. De même, selon le dictionnaire
Hachette (2008), un réfugié, c'est celui qui a dû quitter
son pays d'origine pour fuir un danger (guerre, invasion, persécution
politiques, catastrophes naturelles, etc.). Dans le cadre de cette
étude, nous retiendrons qu'un réfugié est toute personne
demandant refuge, assistance et protection dans un pays étranger parce
que sa vie et ses ressources sont menacées dans son pays d'origine.
REFUGIES CLANDESTINS : ce sont des réfugiés qui
franchissent une frontière et se fonde dans le milieu rural ou dans les
villes, vivant en clandestins dans les pays d'accueil. Très souvent, on
donne le nom de « dispersés » à ces
réfugiés qui ne sont pas enregistrés, ni assistés
(LAMPHIER M, 1993). Nous ajoutons que ce réfugié ne
bénéficie d'aucune protection juridique, ni d'assistance du pays
hôte et des Organisations Non Gouvernementales.
REFUGIES DE « L'ENVIRONNEMENT » ou «
ECO-REFUGIES » sont ceux qui quittent leurs lieux de résidence
lorsque l'équilibre populations-ressources est durablement rompu. Ces
réfugiés sont rassemblés dans des villages modèles
ou villages stratégiques afin de mieux les contrôler (GLASSMAN J,
1992). Ces réfugiés deviennent des réfugiés de la
« misère »
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
16
lorsqu'ils viennent frapper aux portes de l'Europe ou «
réfugiés de la famine », lorsqu'ils échouent dans les
bidonvilles de la périphérie des pays du Sud. Nous ajoutons que
ce sont des populations qui ont subi un déplacement forcé
à la suite d'une catastrophe naturelle, industrielle ou victime d'un
grand projet de réaménagement ou de construction d'ouvrages
gigantesques.
RESSOURCE : selon le dictionnaire le petit Larousse en
couleurs (1991), ressource signifie tout ce qu'on emploie dans une situation
fâcheuse pour se tirer d'embarras. C'est également
l'intégralité des potentialités qu'offre le milieu
physique. D'après le dictionnaire de la Géographie et de l'espace
des sociétés, éditions Belin, 2013, une ressource est une
réalité entrant dans un processus de production et
incorporée dans le résultat final de cette production. Pour cette
étude, nous retiendrons que ressource renvoi à un moyen de
subsistance, richesse, moyen matériel utilisé par les hommes dans
une entité géographique précise.
VILLAGES JUMELES : d'après le dictionnaire de la
Géographie et de l'espace des sociétés, éditions
Belin, 2013, ce terme signifie une agglomération rurale permanente ayant
une vie spécifique, regroupant des groupes d'habitation assez semblable
et importante. Selon Hachette (2008), cette expression veut dire une petite
agglomération rurale consolidée au moyen de pièces
identiques. Et nous ajoutons que c'est une agglomération rurale
installée près d'une autre et avec laquelle elle partage des
liens ethniques et culturels.
ZONE CONFLICTUELLE : selon le dictionnaire Hachette (2008),
c'est une étendue déterminée de terrain qui recèle
ou provoque des oppositions entre des exigences internes contradictoires.
D'après le petit Larousse en couleurs (1991), c'est une zone qui fait
l'objet d'un conflit, d'un antagonisme entre deux personnes ou groupes. Et dans
le cadre de ce mémoire, nous retiendrons que c'est une portion de terres
qui abrite des oppositions sanglantes entre différents protagonistes.
II : CARACTERISTIQUES DE L'ENVIRONNEMENT PHYSIQUE
ET
HUMAIN D'AFRIQUE DE L'OUEST
Cette partie traite d'une part du climat, des sols, des
écosystèmes et d'autre part des langues, des religions et des
activités agricoles en Afrique de l'Ouest.
II-1 : DESCRIPTION DE TROIS PARAMETRES PRINCIPAUX POUR
EVALUER LE RISQUE DE DEGRADATION DES RESSOURCES NATURELLES EN AFRIQUE DE
L'OUEST
Les trois paramètres illustrés ici sont le climat,
les écosystèmes et les sols.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
17
II-1-1 : LE CLIMAT ET SES FLUCTUATIONS
Le régime pluviométrique de l'Afrique de l'Ouest
dépend du mouvement saisonnier au niveau de la zone intertropicale,
où se rencontrent les alizés (vents chauds et secs venant du
Nord-est) et les masses d'air humide (venant de l'océan Atlantique sud)
à l'origine des précipitations. Les bandes sahélienne et
sahélo-saharienne qui font partie de la bande semi-aride n'ont qu'une
saison de pluie (OCDE, 2007). Les zones les plus arrosées sont les
régions côtières du golfe de Guinée
(réfère carte 1). Celles qui enregistrent moins de
précipitations sont les terres de l'intérieur et à
proximité du tropique du cancer. Les deux grands vents soufflant sur
l'Afrique de l'Ouest notamment les courants marins doux et humides de
l'océan Atlantique et les vents secs du Sahara occasionnent
respectivement des basses températures au niveau des côtes et
fortes pour les pays de l'intérieur et proches du Tropique du cancer.
Carte 1 : Climat et perspectives climatiques en Afrique de
l'Ouest
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest4.png)
Cette carte de l'Afrique de l'Ouest montre une
inégale répartition spatiale des précipitations et des
températures de la région. Cette répartition s'explique
par les courants marins et les vents sahariens, mais également par le
relief, la végétation et les activités humaines dans la
sous-région.
L'Afrique de l'Ouest a subi une diminution de ces
précipitations depuis les 50 dernières années. Il y a
notamment eu des épisodes d'importants déficits en 1972-73 ;
198284 et 1997. Cette aridification générale du climat a eu pour
conséquence de faire glisser les isohyètes de 200 km vers le Sud
(IRD France-Nord, 2012). En outre, l'Afrique de l'Ouest a
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
18
une faible consommation énergétique et elle est
la région qui rejette le moins de gaz à effet de serre (nocif
pour le climat). Par contre, c'est une région qui puise principalement
son énergie dans la biomasse (80% de l'énergie) contribue
pleinement à la déforestation qui a actuellement lieu en Afrique
Subsaharienne. La végétation de cette région, et plus
particulièrement la forêt, est considérée comme
« protecteur du climat », car cela agit comme des puits de
carbone.
II-1-2 : LES TYPES DE SOLS
L'Afrique de l'Ouest présente un large panel de types
de sols, dont cinq seulement sont représentés en majorité.
Les sols de l'Afrique de l'Ouest sont majoritairement sableux,
rouge-jaunâtres et légèrement acides (5<ph<6). Ces
sols sont généralement peu profonds et situés sur une
cuirasse latéritique. Ils sont déficients en azote et phosphore
et la matière organique atteint rarement plus de 1% de la surface de la
couche superficielle. Et selon la classification française CPCS 1986,
les cinq types de sols majoritaires en Afrique de l'Ouest sont :
Les sols ferralitiques (sols rouges de très grande
profondeur, aux horizons peu marqués et contenant du fer et de
l'alumine). Ces sols ferralitiques occupent des surfaces importantes au
Sénégal, au Burkina Faso, au Togo et au Benin ;
Les sols ferrugineux (sols à profil
différencié, de teinte claire, moyennement épais et aux
horizons bien visibles). Sols largement rependus au Burkina Faso et au
Sénégal et sont principalement du domaine des versants sur des
formes quaternaires ;
Les sols à argile gonflante (sols de faible profondeur,
riches en éléments utiles et engorgés d'eau en saison des
pluies). On les observe surtout dans les vastes étendues de sols
à montmorillonites, principalement dans les thalwegs des grandes plaines
alluviales du Nord ;
Les sols bruns subarides (sols argileux sensibles à
l'érosion, de profil très coloré avec une faible
différenciation entre les horizons). Leur distribution est
limitée aux régions sahéliennes et sont le domaine du
pastoralisme à longue transhumance ;
Les sols hydromorphes (sols soumis à un excès
d'eau marqués souvent par la présence d'un gley ou d'un
pseudo-gley à faible profondeur). Ils sont un peu dispersés dans
la région et constituent la majeure partie des plaines alluviales
concentrant les principales rizières.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
19
Ces différents sols sont peu riches en matières
minérales et organiques et ne sont pas présents en Afrique de
l'Ouest dans les mêmes proportions. Les sols largement dominant sont ceux
qui sont dénommés dans les cartes comme les sols ferrugineux
tropicaux qui couvrent presque 70% de terrain. Ce sont aussi les plus sensibles
à l'érosion, à la dégradation physique et chimique.
L'évaluation globale de la dégradation des terres en Afrique de
l'Ouest n'est pas chose aisée. La plupart des statistiques indiquent les
risques de dégradation ou de désertification (en se fondant sur
les facteurs climatiques et l'utilisation des terres) et non l'état
actuel des sols (JANICOT S, 1996; KATYAL J.C & VLEK P.L.J, 2000). Selon
BLAIKIE P et BROOKFIELD H, (1987), pour mesurer la dégradation des
terres il convient de vérifier qu'il y a un lien de cause à effet
entre ces changements et un déclin de productivité des terres.
Ainsi, de façon générale en Afrique de l'Ouest, on
enregistre depuis quelques années une dégradation de la
matière organique des différents sols qui est imputable à
des pratiques culturales érosives et conduisant à une perte de
substances (argile et oxyde de fer) ainsi qu'une augmentation relative des
acides fulviques et de l'humidité résiduelle (BARBANT P, 2008).
Cette dégradation des sols implique aussi des facteurs de pression
très spécifiques sur les anthropoécosystèmes locaux
et régionaux ; rendant ces sols plus sensibles à l'érosion
éolienne et hydrique.
II-1-3 LES ECOSYSTEMES
Les ressources naturelles renouvelables d'Afrique de l'Ouest
présente une riche biodiversité et sont à la base de
nombreuses activités économiques (agriculture, énergie,
commerce, etc.). Les écosystèmes sont très divers puisque
du nord au sud, en fonction des conditions pluviométriques se
succèdent les espaces arides sahariens, les savanes et les forêts
côtières, avec les différentes situations
intermédiaires. Ils sont également fragiles, soumis à un
climat capricieux, une pression anthropique croissante et entraine une
variation des écosystèmes suivant les pays comme l'atteste le
tableau 3 (UNEP, 2008).
TABLEAU 2 : DES PROBLEMES ENVIRONNEMENTAUX MAJEURS DANS
QUELQUES PAYS OUEST AFRICAINS.
PAYS
|
PROBLEMES ENVIRONNEMENTAUX
MAJEURS
|
BENIN
|
Déforestation
Désertification
Menaces pesant sur la biodiversité
|
BURKINA FASO
|
Pénurie d'eau
Désertification et dégradation des terres
Consommation de bois de chauffage
|
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
20
CAP-VERT
|
Erosion des sols et dégradation des terres Menaces sur la
biodiversité
|
COTE D'IVOIRE
|
Déforestation
Menaces sur la biodiversité Menaces sur les
écosystèmes côtiers
|
GAMBIE
|
Sécheresse et productivité agricole Menaces pesant
sur les forêts et marais Pêche intensive et érosion des
côtes
|
GHANA
|
Déforestation
Dégradation des terres et érosion des côtes
Pêche intensive et baisse du volume des eaux du lac Volta
|
GUINEE
|
Déforestation et réfugiés
Pêche intensive et destruction des forêts de
mangrove
Dégradation des terres
|
GUINEE BISSEAU
|
Déforestation
Culture de cajou et érosion des sols Réserves de
biosphère des bijagos
|
LIBERIA
|
Déforestation et plantations de caoutchouc Menaces pesant
sur la biodiversité Pollution des eaux
|
MALI
|
Désertification et sécheresse Disponibilité
de l'eau et pollution Menaces pesant sur la biodiversité
|
NIGER
|
Désertification et déforestation Menaces pesant sur
la vie sauvage
Conséquences environnementales de l'exploitation
minière
|
NIGERIA
|
Désertification
Déforestation et menaces pesant sur
la biodiversité
Pollution pétrolière
|
SENEGAL
|
Pollution urbaine Déforestation
Surexploitation des pêcheries et dégradation des
marais côtiers
|
SIERRA LEONE
|
Déforestation
Dégradation des terres Pêche intensive
|
TOGO
|
Dégradation des terres et déforestation Menaces sur
les écosystèmes aquatiques Menaces pesant sur la
biodiversité
|
MAURITANIE
|
Désertification et déforestation
Exploitation du fer
Pêche et écosystèmes
côtiers
|
Source : L'AFRIQUE, « Atlas d'un environnement en mutation
», UNEP, 2008.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
21
L'analyse globale de ce tableau révèle que
tous les pays ouest-africains enregistrent de nos jours une forte
déforestation suivie d'une dégradation de leur
biodiversité. De façon spécifique, les pays
sahéliens connaissent des problèmes fonciers, de pollution et
d'accès à l'eau potable. Les pays côtiers quant à
eux enregistrent une augmentation de la pollution des eaux et de l'air, une
destruction des écosystèmes côtiers et aquatiques et une
déforestation accrue comme en Guinée avec la présence des
réfugiés libériens et sierra léonais. La pollution
de façon générale en Afrique de l'Ouest est surtout due
aux industries et à la circulation urbaine et aux mauvaises pratiques
agricoles. Par ailleurs, la mise en gras du dernier pays du tableau pour
montrer qu'il appartient à la région Afrique de l'Ouest mais fait
partie de la ligue arabe.
II-2 : LES ASPECTS HUMAINS
II-2-1 : POPULATIONS ET LANGUES EN AFRIQUE DE
L'OUEST
La population ouest africaine devrait atteindre 480 millions
en 2030 puis 650 à 700 millions en 2050 comme l'exprime la figure 1.
Elle est majoritairement jeune (60% a moins de 25 ans) et le restera
jusqu'à 2050, même si un léger vieillissement de la
population commencera alors à se faire sentir (VERDIERE M.C et al,
1997). De même, 7,5 millions de cette population est expatriée
dans un autre pays de la région, essentiellement dans les zones
côtières et les villes portuaires. Au début de 2003, on
comptait, dans la région, environ un million de personnes victimes de
conflits, de bouleversements et de déplacements relevant de la
compétence du HCR, dont 522 000 réfugiés. Une quarantaine
d'organisations intergouvernementales existent dans la région dont la
plus importante est la CEDEAO regroupant 15 Etats membres. Ces organisations
s'attachent à lutter contre les pires trafics nés des conflits et
les entretenant : trafics d'armes et privatisation des armées
(mercenariats), économie de la drogue, enrôlements forcés
des jeunes, filles et garçons, mise en dépendance des
réfugiés.
Figure 1 : croissance et structure démographique en
Afrique de l'Ouest.
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest5.png)
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
22
Le premier graphique de la figure 1 (page
précédente) montre une croissance continue de la population ouest
africaine jusqu'en 2050, avec une population rurale qui connaitra une nette
stabilisation de 2025 à 2050. Quant au second graphique, nous constatons
l'importance et l'inégalité des tranches d'âge et leur
évolution en fonction des années jusqu'en 2050.
L'Afrique de l'Ouest est riche en diversité sociale et
culturelle. Les quelques 1200 langues parlées en Afrique de l'Ouest
constituent un des piliers des communautés. Elles sont d'importance
très inégale, puisque les cinq premières que l'on situe
facilement sur la carte 2 : haoussa, yoruba, peul, ibo et mandingue regroupent
à elles seules plus d'un tiers de la population. A ces langues se
superposent les trois langues apportées par la colonisation : l'anglais,
le français et le portugais. La valorisation de cette richesse est sans
doute une des clés trop souvent négligée du
développement de la région. Ces liens culturels en Afrique de
l'Ouest sont prégnants et ont favorisé l'arrivée et
l'installation des premières vagues de réfugiés au sein
des autochtones en Guinée et au Burkina Faso, sans qu'aucune aide
extérieure ne soit intervenue. Aussi, les victimes de conflits fuient
vers les pays les plus proches et où ils ont soit des parents ou des
proximité ethniques avec les populations locales comme ce fut le cas des
ethnies Kissi du Libéria qui sont venus vers Guéckédou
où vivaient de nombreux Kissi guinéens et les Loma ont
privilégié les environs de Macenta où vivaient de nombreux
Toma (le nom de ce groupe se dit Loma au Libéria et Toma en
Guinée).
Les enjeux géoculturels sont appelés à
constituer demain, au même titre que les enjeux géopolitiques et
géoéconomiques, un axe de gouvernance locale (OCDE/CSAO/CEDEAO,
1997).
Carte 2 : foyers linguistiques et aires d'extension en Afrique
de l'Ouest
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest6.png)
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
23
L'analyse de cette carte permet de voir que les foyers
linguistiques en Afrique de l'Ouest s'étendent de la côte
occidentale jusqu'au Sahel. Dans cette zone, nous avons des aires d'extension
uniforme de langues et des localités ou les foyers linguistiques se
chevauchent tels que chez les haoussas au Nigeria.
II-2-2 : RELIGIONS ET ACTIVITES AGRICOLES
Plusieurs solidarités se manifestent en Afrique de
l'Ouest autour des grandes religions. La croyance religieuse, extrêmement
importante en Afrique de l'Ouest, préexiste aux deux grandes religions
importées qui sont chronologiquement l'islam et le christianisme. Les
métissages entre religions traditionnelles et importées sont
nombreux. Une distinction géographique existe par ailleurs entre le Nord
et l'Ouest de la région majoritairement musulman et le Sud
chrétien.
Au niveau de cette région à vocation rurale,
l'exploitation agricole a souvent un impact très fort sur
l'évolution des terres surtout lorsqu'elle n'est pas faite dans le sens
de la conservation des sols. Les méthodes d'exploitation des terres sont
parfois excessives : apports excessifs d'engrais, d'amendements, d'herbicides,
de pesticides, épandages des déchets contenants des polluants,
raccourcissement du temps de jachère et absence de jachère.
Aussi, la forte croissance des populations entraine une nécessité
de produire plus pour subvenir aux besoins des populations et provoquant par la
même occasion des risques de pénurie des terres dans certaines
régions. On assiste à une surexploitation des terres
déjà exploitées ou encore à l'exploitation des
zones marginales, difficiles à exploiter. Il y a sédentarisation
des hommes et une pression sur les ressources en sol provoquant de lourdes
tensions et des conflits entre les différentes communautés. Face
à cette destruction des écosystèmes et à
l'installation itinérante des camps de réfugiés dans la
sous-région, la question de la gestion du capital naturel et humain est
cruciale et nécessite de donner une importance particulière
à une approche pluridisciplinaire qui tient compte à la fois des
enjeux économiques, sociaux et environnementaux au regard de la
fragilité et au caractère non renouvelable de certaines de ces
ressources (LEPERS J.P et al., 2005 ;OZER P et al., 2007).
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
24
CHAPITRE II : LA METHODOLOGIE DE L'ETUDE
La méthodologie de l'étude est basée sur
la revue de littérature à savoir l'utilisation de données
secondaires.
II-1 : L'APPROCHE METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE
La méthodologie adoptée a consisté
à localiser quelques pays ouest africains (Guinée, Ghana, Burkina
Faso) accueillant les réfugiés de conflits de longues dates,
ayant une grande expérience dans la gestion des populations en crise et
qui disposent d'ouvrages diversifiés sur ces migrants. Ensuite, il a
été procédé à une recherche documentaire en
lien avec les réfugiés et les conflits armés en Afrique de
l'Ouest, à la description de l'espace d'étude, à la
définition conceptuelle et logique de l'étude, à la
synthèse et la discussion autour des résultats.
II-2 : LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE
Pour mener à bien la recherche documentaire, un certain
nombre de centres de documentation, d'établissement et d'institution ont
été préalablement identifiés pour la collecte des
données. Les principaux centres de documentation
fréquentés à Ouagadougou sont ceux de :
-L'IRD, du CILSS, de la FAO, de l'Université de
Ouagadougou (bibliothèques Centrale, de Géographie et de
Sociologie), de l'Ambassade des ETATS UNIES d'AMERIQUE, de la
bibliothèque CATIMINI DU CANADA, du Centre Culturel Français
GEORGES MELIES et du Centre d'Instruction des Nations Unies (CINU). Dans
ces différents centres de documentation, les recherches ont porté
sur des documents ayant un lien avec le thème ainsi que sur des bases de
données. Les nombreuses recherches sur internet grâce aux serveurs
: BASES HORIZON IRD, GOOGLE SCHOLAR, GOOGLE et YAHOO ont permis de recueillir
une quantité importante de données sur la thématique
abordée. Aussi, à travers les sites web des ONG telles que le
PNUE, l'UICN, Médecins Sans Frontières, Oxfam, FAO, la Croix
Rouge Internationale et l'UNHCR, l'essentiel de la documentation a
été constitué pour le thème.
A travers ces recherches, les thèses de doctorat, les
mémoires de master et de maîtrise ainsi que des publications
scientifiques (articles, livres, etc.) ont été consultés,
même s'il faut noter le creux bibliographique des mémoires et
thèses en rapport avec les conflits armés,
particulièrement les réfugiés dans la sous-région
ouest africaine. De plus, une analyse
multidisciplinaire de travaux de géographes, de
sociologues, d'anthropologues, de botanistes, d'économistes, de
géomaticiens a été nécessaire pour mieux cerner la
problématique abordée.
II-3 : LE TRAITEMENT DES DONNEES
Les données collectées dans le cadre de la revue
documentaire ont été traitées sur la base d'une grille de
traitement et d'analyse. Cette grille a consisté à
l'élaboration d'un tableau à quatre colonnes :
Tableau 3 : traitement et analyse de la revue de
littérature
Nature des documents lus
|
Thèmes et/ou
approches
|
Zones d'étude
|
Intérêt de la recherche
|
Ouvrages thématiques et rapports spécifiques
(littérature grise)
|
Environnement,
conflits armés et
mobilité sous contrainte
|
Monde, Afrique et
Afrique de l'Ouest.
|
Différence entre déplacés
forcés, conséquences conflits sur les
populations et états environnementaux
|
Publications, revues et articles
|
Réfugiés, évaluation du comportement
des réfugiés, populations
d'accueil et ONG humanitaires
|
Afrique, Afrique de l'0uest
|
Modalités d'accueil et
niveaux de prise en charge
déterminent impacts possibles des
réfugiés sur l'environnement
|
Thèses, mémoires
|
Migration forcée,
pression
démographique, changement
climatique et
exploitation des
ressources naturelles
|
Monde, Afrique de
l'Ouest, Burkina Faso
|
Etat de lieu de
l'environnement et dégradation des ressources
naturelles, part de
responsabilité des différentes populations et
perspectives
|
S'agissant de la lecture proprement dite, pour une question de
temps, l'intérêt est d'abord porté au résumé,
aux mots clés, à la table des matières ainsi qu'à
la liste bibliographique du document consulté pour une meilleure
orientation et élargissement de notre champ d'investigation. Ensuite, il
est procédé à la lecture intégrale des parties du
document qui ont un lien avec la dégradation des ressources naturelles,
les conflits armés, les réfugiés et leurs impacts
possibles sur les ressources naturelles renouvelables et humaines en Afrique de
l'Ouest. Une grille de recension a été élaborée
afin de retenir les éléments pertinents lors de la lecture. Cela
a permis de mieux appréhender et de comprendre les stratégies
adoptées par les différents chercheurs.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
25
CONCLUSION PARTIELLE
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
26
Le cadre logique de cette étude met corrélation
les hypothèses formulées, les objectifs fixés, les
variables et indicateurs retenues. L'analyse de ce cadre opératoire a
permis de mettre en évidence des concepts et définitions qui ont
été clarifiés pour une bonne compréhension de
l'étude. Les données collectées dans le cadre du
présent travail ont été traitées, analysées
et classifiées par thèmes et par zones géographiques
suivant les résultats de la recherche. Et ces investigations nous ont
permis d'aboutir à un certain nombre de résultats qui seront
présentés et discutés dans la suite de notre travail.
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest7.png)
ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES DE
CONFLITS EN AFRIQUE DE L'OUEST.
DEUXIEME PARTIE : LES IMPACTS
Cette deuxième partie de notre étude traite des
conditions d'accueil et des modes de vie des réfugiés de conflits
dans trois pays ouest africains : la Guinée Conakry, le Ghana et le
Burkina Faso. Elle met l'accent sur les impacts environnementaux des
réfugiés dans ces différents pays. Quelques impacts
positifs et des mesures d'atténuation des dommages causés par les
réfugiés sur l'environnement seront également
abordés.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
27
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
28
CHAPITRE III : CONDITIONS D'INSTALLATION ET MODES DE
VIE DES REFUGIES DANS TROIS PAYS OUEST AFRICAINS : LA GUINEE CONAKRY, LE GHANA
ET LE BURKINA FASO
Les conditions d'installation et les modes de vie
déterminent en grande partie le degré d'autonomie des
réfugiés et partant leurs impacts possibles sur
l'environnement.
III-1 : ARRIVEES ET INSTALLATIONS DES REFUGIES LIBERIENS ET
SIERRA LEONAIS EN GUINEE
Les régions accueillant nouvellement les
réfugiés attirent et continuent d'attirer les médias alors
que celles qui reçoivent les réfugiés depuis des
années sont oubliées. C'est le cas, notamment de la
république de Guinée, qui a accueillie depuis 1990, environ
600.000 réfugiés, les uns, victimes de la guerre au
Libéria, les autres, chassés par le conflit de Sierra Leone. De
1990 à 1995, plus de 500.000 réfugiés libériens et
sierra léonais sont accueillis en Guinée (HCR, 1995). En juin
1995, le HCR avait officiellement enregistré en Guinée 603 750
réfugiés, dont 578 846 dans la seule zone forestière qui
jouxte les deux pays en conflit, matérialisée ici en couleur
verte sur la carte 3. Ces chiffres représentaient 10% de la population
en Guinée. A la fin de 1995, dans la région forestière du
Sud, un habitant sur trois était réfugié. A
l'échelle mondiale, c'était le pays où il existait l'une
des plus grandes
concentrations de réfugiés.
Carte 3 : carte de la Guinée Conakry
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest8.png)
Carte montrant les limites territoriales, régionales
et provinciales de la Guinée Conakry.
III-1-1 ARRIVEES DES DIFFERENTES VAGUES DE REFUGIES EN
GUINEE
Arrivés par vagues successives, deux grands groupes de
réfugiés étaient distingués : entre Janvier 1990 et
Avril 1991, il y eut quatre importantes vagues de réfugiés, soit
environ 350 000 personnes qui représentaient les premiers arrivants
(réfère tableau 4 et carte 4). Chaque grande vague apportait
brusquement une population importante de réfugiés pendant
plusieurs jours suivie de venues plus faibles qui s'étalaient sur des
mois jusqu'à l'afflux suivant. Ces vagues étaient assez
homogènes dans la mesure où les réfugiés avaient la
même origine ethnique, le même degré de dénuement,
mais des origines diverses, liées à l'itinéraire
géographique de la progression des rebelles du NPFL et à leur
combat avec les troupes gouvernementales (Van Damme W, 1999). Ces
premières vagues de réfugiés en Guinée
partagèrent les cases des guinéens ou bien occupèrent des
bâtiments publics comme les écoles. Puis de 1992 à 1995,
plusieurs petites vagues de réfugiés continuèrent à
arriver en Guinée, soit environ 150 000 « derniers arrivants
».
Tableau 4 : arrivées des quatre premières vagues de
réfugiés en Guinée forestière. Source : Wim Van
Damme, 1999
Vague (date d'arrivée)
|
Origine
|
Estimation du nombre et état à l'arrivée
|
Zone d'installation en Guinée
|
Mode d'installation
|
Première vague ou vague Nimba (janvier-mars 90)
|
Ruraux Mano du comté de Nimba
|
Environ 100 000, pauvres et démunis, en bonne
santé
|
Zones frontalières rurales de
Yomou, N'Zérékoré et Lola
|
Installation autonome au sein des membres de leur ethnie; camps
de facto à Thuao (10 000)
|
Deuxième vague ou vague urbaine (mai- août 90).
|
Mandingues urbains et différentes villes du Liberia.
|
Environ 100 000, biens personnels importants et en bonne
santé.
|
Villes de Macenta et N'Zérékoré; plus de
déplacements vers Beyla et la Haute-Guinée.
|
Installation autonome au sein des membres de leur ethnie.
|
Troisième vague ou vague Loffa (juin- août 90).
|
Ruraux guerzés, Toma et Kissi des comtés de Loffa
et Bong.
|
Environ 50 000, pauvres et démunis, en bonne
santé.
|
Zones rurales de Yomou(Guerzés), Macenta (Toma) et
Guéckédou (Kissi).
|
Installation autonome au sein des membres de leur ethnie.
|
Quatrième vague ou vague de Sierra Leone (mars-avril
91).
|
Ruraux Kissi et Mende de Sierra Leone et ruraux Gbande du
Liberia.
|
Environ 100 000, pauvres et démunis, sous-
alimentés mais encore en assez bonne santé.
|
Régions rurales de Guéckédou.
|
Kissi : installation autonome au sein des membres de leur ethnie
Mende et
Gbande : « auto-installation guidée » en zones
rurales (mais pas de liens ethniques, camps de facto à Kouloumba) (26
000).
|
Source : Wim Van Damme, 1999
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
29
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
30
Les populations de la Guinée forestière ont plus
partagé avec les premières vagues de réfugiés
« le gîte et le couvert, les terres cultivables et les ressources
naturelles » (GTZ, 1998). Ils ont donné « un coin de leur
case, dans leur village » explique Michel Kamano (conseiller politique du
président guinéen Lassana CONTE) lors d'un entretien avec
Helène SIMONE-LORIERE pour les enquêtes de terrain de sa
thèse le 10/11/2008. Ces propos de l'homme politique montrent que
grâce aux liens culturels communs avec les migrants, les autochtones ont
accordé une aide inconditionnelle aux réfugiés avant
même l'intervention de l'Etat guinéen et du HCR. De même,
les proximités ethniques entre hôtes et réfugiés
expliquaient ces réactions spontanées mais elles ont
été largement instrumentalisées et mises en scène
par un Etat faible et pauvre qui n'était pas vraiment en mesure de
canaliser les milliers de réfugiés entrés sur son
territoire.
Carte 4 : illustration des quatre grandes vagues
d'arrivées des réfugiés en Guinée forestière
entre 1990 et 1991
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest9.png)
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest10.png)
L'observation de ces cartes révèle que les
réfugiés arrivés entre 1990 et 1991 en
Guinée forestière avaient des origines
géographiques diverses et sont en majorité des
libériens.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
31
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
32
Les besoins des derniers arrivants étaient plus grands
et leurs moyens de s'en sortir seule, moins efficaces. Dans ce groupe de
réfugiés arrivé entre 1992 et 1995, on a pu observer plus
de dix petites vagues, soit quelque 150 000 personnes. La plupart
arrivèrent dans les préfectures de Yomou, Macenta et
Guéckédou. Lorsque le conflit s'étendit en 1995, environ
9000 s'installèrent à Kissidougou et 24 000 à
Forécariah, le long de la côte guinéenne. Bon nombre de
réfugiés arrivés entre 1992 et 1995 avaient
été auparavant des « déplacés ». Certains
avaient connu pendant plusieurs années de terribles épreuves
proches du travail forcé, étaient pauvres, malnutris et sans
liens avec la population locale qui supportait déjà un grand
nombre de réfugiés (Van Damme W, 1999).
Tableau 5 : aperçu général de trois des
dernières petites vagues de réfugiés en Guinée
Date d'arrivée
|
Evénement déclencheur
|
Evaluation du
nombre et/ou état sanitaire à l'arrivée
|
Zone d'accueil en
Guinée et mode d'installation
|
Juin 1993
|
Conflits dans la zone de Kailahun (Sierra Leone) et du
comté de Loffa (Liberia)
|
En mauvaise santé.
Taux de malnutrition élevé.
|
Arrivés dans la zone
frontière de
Guéckédou puis
transférés par le HCR dans de petits camps
(Nyeadou et
Fandouyema), bon
accès à la terre.
|
Septembre 1994
|
Attaque de l'ULIMO
contre le quartier général du NPFL à
Gbamga
|
27 000 réfugiés
généralement en
mauvaise santé
|
D'abord dans des
camps de transit : Diécké, Bignamou et Betha
(Yomou).
En janvier 1995, transfert par le HCR à Noonah. Peu
d'accès à
la terre (8000
seulement sont
acceptés, les autres s'installent seuls, sans
assistance).
|
Janvier 1995
|
Attaque de Kambia par le RUF
|
24 000 réfugiés, en bonne santé
|
Forécariah, s'installent eux-mêmes au
milieu des membres de leur
ethnie, puis sont incités par le HCR à aller
dans les camps.
|
Source : Wim Van Damme, 1999
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
33
III-1-2 INSTALLATION DES REFUGIES EN GUINEE
Le lieu d'installation des réfugiés
étaient principalement déterminé par l'origine ethnique,
rurale ou urbaine et les contacts transfrontaliers.
Suite à leurs arrivées, certains
réfugiés issus des premières vagues entreprirent de
construire leurs propres cases dans les endroits indiqués par la
communauté d'accueil. La taille des groupements de
réfugiés était souvent égale ou même
supérieure à celle des villages locaux, chaque communauté
gardant son identité dans ces villages jumelés. Aucun acte
extérieur, pas plus le gouvernement guinéen que les agences
étrangères n'étaient intervenues dans ce processus. Ce
processus d'auto prise en charge a été moins efficace avec les
réfugiés de la quatrième grande vague constituée de
sierra léonais particulièrement des ethnies Kissi, Mende et
Madingue qui fuyaient les combats de la zone frontalière entre le
Libéria et la Sierra Leone (TRAORE O, 1990). Ils subirent une
installation qualifiée « d'auto installation guidée »
dans le camp de facto crée à Kouloumba quelques temps
après leurs arrivées.
Les degrés d'homogénéité des
réfugiés variaient fortement selon les situations de «
séparation spatiale » et de « ségrégation
spatiale » qui étaient souvent hétérogènes. Et
bien que non voulue, cette situation peut être qualifiée de
ségrégation spatiale. On estimait qu'environ moins de 20% des
réfugiés de la région forestière vivaient dans de
vrais camps, 25% dans de nouveaux villages ou des villages jumelés et
que plus de la moitié était intégrée dans les
villages et villes de la Guinée. Guéckédou était
là où la densité de réfugiés étaient
la plus forte et comptait le plus grand nombre de camps (Van Damme W, 1995).
Toutefois dans cette préfecture, deux tiers des réfugiés
n'appréciaient pas la vie dans les camps et étaient
intégrés à la population locale, ou vivaient dans des
regroupements de moins de 300 personnes. Plusieurs groupes ethniques,
différents de la population d'accueil étaient
mélangés.
La Guinée a montré un bel exemple d'accueil de
réfugiés en Afrique et même le HCR l'a dit une fois. De
fait le magazine « réfugiés » publié par le HCR
employait l'image d'une « lune de miel » pour qualifier la relation
entre réfugiés et guinéens en 1991 (RUIZ M, 1992).
III-1-3 : MODES DE VIE DES REFUGIES EN GUINEE
En 1995, World Refugee Survey (WRS) estimait le nombre de
réfugiés en guinée à 640 000. Les villages
jumelés dans les campagnes étaient le résultat des seuls
inters actions entre réfugiés et communautés locales.
Cette situation fut possible car il n'y avait pas de
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
34
véritables urgences, l'afflux de réfugiés
ayant eu lieu progressivement et sans un trop grand nombre à la fois.
En générale, un grand nombre de
réfugiés en Guinée et leurs hôtes partagent les
mêmes langues, coutumes et cultures. Un niveau élevé
d'intégration sociale et de cohabitation pacifique caractérise la
présence des réfugiés en Guinée, aussi bien dans
les camps officiels de réfugiés que ceux installés parmi
la population locale (HCR, 2000). Toutefois, les anciens et les nouveaux
réfugiés avaient droit à des quantités de
nourritures différentes selon les humanitaires, les anciens
réfugiés étant censés être autosuffisants
depuis 1993 contrairement aux nouveaux. Cette distinction fut maintenue
malgré les études qui montraient que, l'insécurité
alimentaire n'était pas liée à la date d'arrivée
mais à la zone d'installation (Davis, 1996). L'aide alimentaire qui se
limitait à l'huile, le riz et rarement des lentilles et des haricots
était en grande partie détournée par les autorités
locales ainsi que les commerçants (OULARE A et KEITA F, 1992).
a) La vie des réfugiés vivant au sein
des populations locales
Avec l'installation des réfugiés en
Guinée, une surveillance nutritionnelle et épidémiologique
fut mise en place dans les postes de santé par le Ministère de la
Santé Publique (MSP) et Médecins sans Frontières (MSF)
pour protéger les sources d'eau potable, creuser des latrines, assurer
les frais curatifs de base et la vaccination contre la rougeole (VAN HAUWAERT
W, 1992).
Grâce à leur liberté d'installation; les
réfugiés s'organisaient au mieux pour tirer parti de toutes les
opportunités économiques. Les réfugiés
intégrés au milieu des populations autochtones, jouissaient d'un
degré plus élevé d'autonomie, leurs moyens d'existence et
ceux de la communauté d'accueil étant étroitement
liés. La cohabitation pacifique de réfugiés issus de
villages jumelés ou de nouveaux villages leur permettait
également avec le temps, d'atteindre un niveau satisfaisant
d'autonomie.
Les réfugiés retournaient dans leurs
régions d'origine lorsque la situation le permettait, craignant qu'une
trop longue absence menace leurs droits fonciers et autres possessions. Les
hommes partaient souvent les premiers, laissant femmes et enfants en
Guinée ou ils étaient en sécurité et
bénéficiaient de l'aide de la part des populations locales. Ils
partaient au début de la période culturale pour mettre en valeur
leurs terres (DIALLO M.A, 1991). Quand les conditions de sécurité
s'améliorent, le mouvement se fit principalement en direction du pays
d'origine. Quand l'insécurité augmenta, il se fit dans le sens
contraire.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
35
Dans les villes comme Conakry, le HCR avait formalisé
un partenariat avec la Croix Rouge Guinéenne (CRG) pour qu'elle assure,
après enquête, des aides ponctuelles en hébergement,
nourriture et soin, à certains réfugiés reconnus et
enregistrés. Ce partenariat était une mesure exceptionnelle vue
que la région forestière devrait abriter l'essentiel de l'aide
(horoya, 05/07/1992).
b) Modes de vie des réfugiés à
l'intérieur des camps
La situation de ceux qui vivaient à l'écart,
dans des camps était beaucoup plus difficile. Les réfugiés
libériens et sierra léonais qui étaient des agriculteurs
devinrent des paysans sans terres en Guinée. Face à la faiblesse
de l'aide, ils quittaient les camps pour chercher à mieux
s'intégrer à la population et à l'économie rurale.
Certains réfugiés étaient employés par les
Guinéens comme journaliers agricoles et d'autres avaient accès
à des terres laissées en jachères pour une année.
Dans certains cas, le travail des réfugiés a été
utilisé pour éclaircir une forêt secondaire plus ancienne
pour la culture pendant les premières années, après quoi
la terre a été utilisée par les guinéens pour des
cultures plus rentables, principalement le café (HCR, 2000).
Les réfugiés officiellement enregistrés
par le HCR comme résidents des camps et qui vivaient parmi les
guinéens retournaient au site d'accueil que lors de la distribution des
vivres. Ce phénomène était particulièrement
important à la saison des pluies, quand l'agriculture nécessitait
beaucoup de main d'oeuvre. Les camps étaient alors
désertés, quelques personnes seulement y restaient, les autres
s'étant installés de manière semi-permanente dans les
villages à l'extérieur des camps. Beaucoup de cases étant
fermées ou s'effondrant et la végétation revenant à
l'état sauvage, on appelait ces camps « camps fantômes
». Les réfugiés devaient avoir l'autorisation des
guinéens pour l'accès à la terre et l'utilisation des
ressources communautaires pour la production du charbon de bois, du bois de
chauffe, de l'argent comptant et des matériaux de construction (palmier
raphia).
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
36
Tableau 6 : programme d'assistance aux réfugiés
libériens et sierra léonais en Guinée
|
Premiers arrivants
Quatre importantes vagues (1990- 1991)
|
Derniers arrivants
Succession de petites vagues (1992-1995)
|
Assistance médicale
|
Ensemble de mesures minimales.
Au début, soins curatifs de base,
vaccinations contre la rougeole,
surveillance épidémiologique et contrôle
nutritionnel sont considérées être des activités
suffisantes.
|
Ensemble de mesures plus complètes.
Centres nutritionnels,
programme d'alimentation
supplémentaire et animateurs
de santé s'ajoutent aux activités
précédentes.
|
Aide alimentaire
|
Les réfugiés vivent plusieurs
semaines, voire plusieurs mois, sans aide alimentaire, sans
conséquences graves pour leur santé.
|
Les réfugiés reçoivent des rations d'aide
alimentaire dès
les premiers jours ou les premières semaines.
|
Alimentation en eau
|
L'amélioration des installations
sanitaires villageoises (par exemple la protection des puits
peu profonds
existants) est d'abord tentée. Des nouveaux puits et
des forages avec des pompes à main sont installés quelques mois
plus tard
|
Dans les camps, des
nouveaux puits et des forages sont très tôt
creusés
|
Habitat
|
Au départ, aucune aide n'est donnée pour la
construction des cases. Après plusieurs mois, quelques bâches en
plastiques sont distribuées.
|
Une aide pour la mise en
place des camps et la
construction d'abris est donnée dès le
début
|
Source : Wim Van Damme, 1990-1995
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest11.png)
Les réfugiés arrivèrent par vagues
successives en Guinée entre 1990 et 1995 et la plupart
s'installèrent librement au niveau de la population locale. Leur mode
d'installation fut très divers allant de l'intégration spatiale
à la ségrégation spatiale. Les éléments les
plus importants qui déterminèrent leur mode d'installation furent
: l'origine, urbaine ou rurale ; les liens ethniques ; l'accès aux
ressources agricoles disponibles et les effectifs. Les modes
d'installation déterminèrent dans une grande
mesure, le degré d'autonomie auquel les réfugiés pouvaient
parvenir et leur impact possible sur l'environnement. L'efficacité des
techniques d'auto prise en charge des réfugiés en Guinée
et du soutien de la population d'accueil diminua au cours des années.
Par contre, l'aide humanitaire extérieur augmenta (Simon & Schuster
; Van Damme W, 1995).
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
37
III-2 : ACCUEIL ET ETABLISSEMENT DES REFUGIES LIBERIENS A
ACCRA
Au Ghana, comme en Guinée, les autorités
n'étaient pas prêtes à accueillir les
réfugiés. Le pays avait bien accueilli des militants africains
indépendantistes et anti- apartheid mais ces « freedom
fighters » n'ont jamais représenté des milliers de
personnes. Il s'agissait surtout d'étudiants qui ont été
hébergés dans des Foreign Students' Hotels mis en place
notamment près de l'université d'Accra par la politique
panafricaniste de Kwame N'krumah entre 1957 et 1996 (ADJAKRA A.D.Y, 1990 ;
ALIFO N.M.K, 1999). C'est le gouvernement militaire de John. J. Rawlings au
pouvoir depuis le coup d'état de 1981, qui a ouvert un camp à une
quarantaine de kilomètres à l'Ouest d'Accra, dans le village de
Gomoa-Buduburam (communément appelé Buduburam) pour les
réfugiés libériens en nombre croissant en Septembre
2000.
III-2-1 : LE MODELE D'ACCUEIL GHANAEEN : UN ENCADREMENT
DES REFUGIES
Les premiers libériens arrivés au port de Tema
ont été accueillis par le Ghana Immigration Service
(GIS) comme l'atteste la photo 1. Au nombre d'une centaine, ils ont
d'abord été hébergés à Afienya, une
localité au Nord-est de Tema, dans une école transformée
par l'Etat en centre de transit (OKAE-MENSAH K, 1997). D'autres
réfugiés arrivés plus tard ont emprunté les lignes
aériennes régulières et ont bénéficié
de l'aide de l'armée ghanéenne, empruntant les avions, et surtout
les bateaux militaires ghanéens. A partir de la création du camp
de Buduburam, le GIS a orienté les réfugiés arrivant
à Accra vers ce lieu d'accueil où ils étaient
estimés à 9000 en 1990 et 15 000 en 1996. Toutefois, le
gouvernement ghanéen n'a jamais obligé les libériens
à s'installer à Buduburam et ESSUMAN-JONHSON A, 1992b
précise ainsi qu'environ 2000 libériens s'étaient
installés par leurs propres moyens à Accra ou ailleurs tout en
ajoutant que certains ont par la suite cherché à rejoindre le
camp où le degré d'aide était important (Ghanaian Times,
05/10/1990). Le camp a également servi de lieu de transit, avant qu'ils
ne rejoignent leur pays d'origine, à des centaines de ressortissants
africains, nigérians par exemple, fuyant la guerre civile
libérienne. Dans ce grand camp d'accueil, les réfugiés ont
été hébergés dans des maisons préexistantes
sur le terrain ainsi que sous des tentes données par l'armée.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
38
Photo 1 : extraits de presse ghanéenne montrant
l'arrivée des réfugiés libériens à Accra
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest12.png)
Source : Ghanaian Times, 09/10/1990
Ces extraits de presse ghanéenne en anglais montrent
que les premiers arrivants à
Accra n'ont pas été accueillis à bras
ouverts par la société civile, mais ont été pris en
charge par le gouvernement.
Le camp de Buduburam, situé à 45 km d'Accra,
peut être considéré comme une centralité
libérienne au Ghana, au sens où il concentre une forte population
de réfugiés et de services proposés par et pour eux, et
où il entraine des mobilités particulières de la part des
libériens installés ailleurs. Le camp est en effet pour eux un
point de repère et un lieu de sociabilité important, mais
à des degrés divers, selon l'éloignement
géographique, le capital socio-économique et l'histoire
personnelle des individus (ASARE V.N.B, 2000). Point d'ancrage non
résidentiel pour ces derniers, le camp est surtout le signe d'une
reterritorialisation des libériens au Ghana (AGIER M, 2013). La
majorité des réfugiés libériens rencontrés
au Ghana, soit 44 sur 50, vivaient ou avaient vécu dans le camp de
Buduburam. A l'échelle de l'agglomération d'Accra, DICK S
(2002a), proposait de distinguer les « camps refugees » des «
town refugees » et observait elle aussi de nombreux allers et retours
entre le camp et la ville.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
39
A l'instar du camp urbain de Buduburam, le camp de Krisan
visible sur la carte 5, situé en milieu rural, à 80 km de
l'agglomération de Sekondi-Takoradi, a également accueilli un
petit nombre de réfugiés à partir de 1996. Le camp de
Krisan a hébergé des libériens et de petits groupes de
réfugiés sierra-léonais, soudanais ou encore
centrafricains. Les arrivées de libériens au Ghana ont
été ponctuelles et diffuses comme en Guinée et la lenteur
des rapatriements étaient visible.
Carte 5 : Plan du camp de Buduburam et répartition
inégale des libériens à Accra
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest13.png)
L'analyse de cette carte dévoile que l'installation
des réfugiés s'est faite le long de la zone côtière
à Accra et que les trois localités qui concentraient le plus de
réfugiés libériens étaient respectivement
Buduburam, Tema, Kasao.
Outre ces réfugiés, le Ghana a surtout
été marqué entre 1993-1995 par la présence de
réfugiés togolais en nombre irrégulière comme le
montre la figure 2, dans la partie Est du pays qui fuyaient les troubles
politiques de leur patrie. A l'Ouest, ce sont les réfugiés en
provenance de la Côte d'Ivoire qui ont franchi la frontière
ghanéenne dans les années 2000. Le nombre total de
réfugiés dépassait les 40 000 en 2003 (ASARE V.N.B,
2000).
En plus de ces effectifs, le Ghana a aussi enregistré
le retour de ses ressortissants fuyant la guerre civile du Libéria. Le
Ghana Immigration Service (GIS) s'est chargé de séparer
les libériens des ghanéens grâce à l'absence
d'ethnies communes entre le Libéria et le Ghana et surtout le broken
english des libériens. Le gouvernement ghanéen, via le GIS,
a aidé
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest14.png)
financièrement au retour de ces nationaux vers leurs
villages d'origine, mais ne leur a pas octroyé d'aide spécifique.
Ces ghanéens ont d'abord séjourné dans le camp de
Buduburam avant de choisir un lieu spécifique pour leur
réintégration lorsqu'ils n'avaient pas de villages d'origine. Ces
15 000 ghanéens d'origine rurale, sont revenus les mains vides
entrainant une réinsertion difficile comme à Senya Beraku, un
village proche de Buduburam (DEKKER R, 1995). Ils ont néanmoins obtenu
des micros crédits de l'ONG Assemblies of God Relief and Development
Services qui est également intervenue dans le camp de Buduburam.
Figure 2 : arrivées des différents
réfugiés de conflits et exilés ghanéens à
Accra entre 1990 et 2009
Ce graphique atteste que de 1990 à 2009, l'accueil
du plus grand nombre de réfugiés au Ghana a eu lieu de 1993
à 1996, constitué à majorité de
réfugiés togolais fuyant les troubles électoraux au Togo.
L'arrivée du deuxième contingent important de
réfugiés s'est déroulée de 2002 à 2007 et
dominée par les réfugiés libériens issus de la
deuxième guerre civile de leur pays.
III-2-2 : LES LIMITES DE L'ACCUEIL DES REFUGIES A
ACCRA
Le gouvernement ghanéen, d'abord accueillant, est
devenu plus réticent à recevoir davantage de
réfugiés libériens à partir du milieu des
années 1990, après l'afflux de milliers de réfugiés
togolais dans l'Est du pays et les échecs répétés
de négociations de paix au Libéria. Les autorités
ghanéennes ont affirmé également les limites de leur
accueil et les ont reformulées à plusieurs reprises pendant mais
surtout à la fin de chaque guerre civile, c'est-à dire à
la fin des années 1990, puis de nouveau après 2003, encourageant
les libériens à rentrer chez eux. Les limites de l'accueil ont
surtout été révélées avec acuité en
2008, lors d'une manifestation pendant laquelle les réfugiés
libériens ont rejeté l'éventualité de rester au
Ghana et ont réclamé d'être réinstallés par
le HCR dans des pays tiers (Etats Unies d'Amérique,
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
40
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
41
Australie, Canada). Cette manifestation a conduit à
l'expulsion de quelques libériens et entraîné une remise en
question de leur présence au Ghana en tant que
réfugiés.
Egalement, l'épopée du bateau Bulk challenge
en 1996 (NAGBE K.M, 1996) qui avait quitté Monrovia après
les combats d'«April 6 » a erré plusieurs semaines dans le
Golfe de Guinée, les autorités ivoiriennes puis ghanéennes
lui interdisant de débarquer ses passagers sur leur territoire, le
soupçonnant de transporter des anciens combattants en déroute.
Après quelques jours, le navire a néanmoins accosté au
port de Takoradi le 15 mai 1996, suite aux pressions internationales et
à la détérioration de la situation à bord. Les
quelques 2000 libériens du Bulk Challenge, installés
dans le camp de Krisan dans l'Ouest du pays près de la ville de Sanzule
ont peu à peu rejoint le camp de Buduburam ou bien sont rentrés
au Libéria à la fin de la première guerre. A la fin du
mois de mai 1996, des libériens embarqués sur un autre bateau, le
Zolotitsa n'ont pas eu cette chance et ont passé plusieurs
jours en mer avant de retourner à Monrovia (Ghanaian Times,
19/06/1996).
A cela s'ajoute le phénomène de « refugees
fatigue ». Cette notion de fatigue (lassitude des bailleurs de fonds du
HCR et pays accueillant les réfugiés) a d'abord été
exprimée par les pays donateurs, notamment les pays
industrialisés qui contribuent pour l'essentiel au budget du HCR
(CAMBREZY L, 2001), mais aussi par le pays hôte, qui est le Ghana. Ces
deux types de fatigue interviennent le plus souvent face à des
situations dites d'exil prolongé (LOESCHER G, MILNER J, 2005).
III-2-3 : PRISE EN CHARGE DES REFUGIES LIBERIENS A
ACCRA
Le HCR est intervenu plus tardivement au Ghana qu'en
Guinée et il faut surtout y souligner la place importante qu'ont prise
les ONG nationales dans l'aide aux réfugiés du camp de Buduburam.
Les fonds internationaux débloqués par le HCR pour les
réfugiés libériens sont d'abord allés aux pays ou
ces réfugiés étaient les plus nombreux (Côte
d'Ivoire, Guinée, Sierra Léone) et non pas au Ghana. Avant 1993,
le HCR n'avait d'ailleurs qu'un seul chargé de mission dans le pays et
non un bureau permanent. Ce sont principalement les ONG ghanéennes qui
se sont investies auprès des réfugiés à Buduburam
et qui ont ensuite continué de les aider avec le financement du HCR.
Autant, la société civile ghanéenne a fait de nombreux
dons matériels et financiers aux libériens dans les premiers mois
d'existence du camp comme l'exprime la photo 2. En 1990 et dans les
années suivantes, le journal Ghanaian Times relayait
régulièrement les demandes d'aide supplémentaires
adressées à la population
par la National Reception Task Force, (Ghanaian Times,
09/10/1990) et rapportait ces gestes de générosité.
Ces dons ont largement été orchestrés par le pouvoir, mais
comme en Guinée, l'Etat, ayant peu de moyens, s'est appuyé sur la
société civile, tout en conservant son rôle principal dans
la gestion des réfugiés à travers le NMP (National
Mobilization Program) et le comité interministériel
d'accueil.
Photo 2 : extraits de presse ghanéenne montrant des dons
alimentaires aux réfugiés libériens à Accra.
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest15.png)
Source : Ghanaian Times, 09/10/1990
Les différentes ONG et associations religieuses
sous la supervision de l'Etat ghanéen sont venues en aide aux
réfugiés libériens à Accra. Ces aides concernaient
des fournitures de biens de première nécessité.
Le HCR a ainsi entériné la répartition
des tâches qui avaient eu lieu avant son intervention et dans laquelle
les ONG nationales avaient une part essentielle, avec le soutien du
gouvernement ghanéen. Ces ONG étaient souvent confessionnelles.
On peut en citer quatre principales ayant joué un rôle majeur
dès les débuts du camp et qui continuaient à y être
actives en 2008-2009 : la Croix Rouge Ghanéenne, l'Assemblies of God
Development and Relief Services, la National Catholic Secretariat et le
Christian Council of Ghana. Avec le temps, les tentes du camp ont
été remplacées par des maisons en dur, construites par les
réfugiés eux- mêmes, grâce à des
matériaux donnés par ces ONG et le HCR ou acquis par le dynamisme
économique de ces derniers. Malgré la volonté initiale du
gouvernement ghanéen de ne pas créer l'impression que les
réfugiés libériens seraient au Ghana pour longtemps, le
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
42
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
43
camp de buduburam est devenu peu à peu un petit
village, voir une petite ville avec des services publics dépendant de
l'aide humanitaire du HCR mais essentiellement des ONG ghanéennes. Du
point de vue des conditions de vie, ce camp était
considéré comme un exemple par le HCR (ACC, NS, 20/07/2008).
La gestion du camp a été confiée à
un organisme déjà existant le National Mobilization
Program (NMP), dépendant du Ministry of Social Welfare,
qui avait été créé pour répondre à
des crises et était notamment intervenu dans la gestion du retour des
ghanéens expulsés du Nigéria en 1985 (ALIFO N.M.K, 1999).
Un fonctionnaire du NMP a été nommé responsable du camp,
camp manager, chargé de règlementer la vie à
l'intérieur du camp et doté d'assistants qui ont tous
été hébergés dans l'une des maisons du camp
baptisée par les réfugiés, the Mension en
référence au palais présidentiel de Monrovia et en signe
de reconnaissance de ce lieu de pouvoir. Cette équipe de gestionnaires
était payée par le gouvernement ghanéen et non le HCR qui
n'a commencé à financer l'aide aux réfugiés au
Ghana qu'à partir de 1992.
III-2-4 : MODES DE VIE DES REFUGIES LIBERIENS A
BUDUBURAM
La grande majorité des réfugiés
libériens à Accra vivait au camp de Buduburam qui faisait preuve
d'un grand dynamisme. Les diverses activités économiques
menées dans le camp font penser à une ville, car elles sont
surtout tertiaires. L'agriculture pratiquée par les libériens
à l'intérieur du camp permettait de préparer des plats
typiques du Libéria qui diffèrent des habitudes alimentaires du
Ghana. Les réfugiés parviennent aussi à revendre une
partie de leur production agricole (BOAMAH-GYAU K, 2008). Par ailleurs, le camp
apparaissait plutôt propre en comparaison à certains quartiers
d'Accra, et surtout de Conakry ou le ramassage d'ordures était moins
organisé ou systématique. Les différentes zones du camp
disposent de points de collecte des déchets. Dans chaque zone s'est
constituée une équipe de résidents pour veiller à
la propreté des lieux : balayage, ramassage des ordures et entretien des
drains d'assainissement quand nécessaire. Certaines familles
plutôt plus pauvres survivent en partie grâce au ramassage et
à la collecte des emballages plastiques vides, notamment ceux des
sachets d'eau, qu'ils revendent ensuite pour un petit bénéfice
(OMATA N, 2011a). A Buduburam, les réfugiés libériens tout
comme les ghanéens devaient compter sur leurs propres ressources pour
bénéficier des services de base (eau courante et
électricité).
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
44
Le camp comporte également des associations qui sont
animées où fréquentées par les
réfugiés sur une base quotidienne ou hebdomadaire. Elles
constituent des opportunités d'emplois, ou du moins d'occupation pour
les habitants du camp, quel que soit leur âge. La plupart des
réfugiés sont chrétiens et fréquentent des petites
églises qui leur apportent un soutien spirituel et psychologique (DOVLO
E et SONDAH S, 2001) mais aussi matériel, en leur donnant accès
à des sources de revenu stables ou ponctuelles. De même, les
moments de fêtes, religieuses ou nationales rassemblent les
résidents du camp ainsi que leurs amis les ghanéens, ou encore
les manifestations de revendication envers les instances dirigeantes du camp et
le HCR. Du reste, le camp dispose d'un marché en contact avec le village
de Buduburam et qui a surtout servi de lieu de vente d'une partie de l'aide
alimentaire qui avait été allouée aux
réfugiés pour acquérir d'autres biens de consommation
courante non fournis par les ONG, comme dans d'autres situations d'exil et
d'aide alimentaire (FERRY F, 2004).
III-3 : CONDITIONS D'INSTALLATION ET MODES DE VIE DES
REFUGIES
MALIENS DANS LE SAHEL BURKINABE
A la suite de la crise malienne de Janvier 2012, des
réfugiés maliens sont arrivés par vagues successives au
Burkina Faso avec leur bétail. Un nombre important de ces
réfugiés s'est installé dans la région du sahel en
faveur d'une décision politique mais surtout à cause des liens
ethniques et culturels communs avec les populations locales. Ils se sont
installés auprès des populations autochtones ou sur d'anciens
sites ayant accueilli d'autres réfugiés maliens en 1993. Mais
avec l'afflux des réfugiés, de nouveaux sites d'accueil ont
été ajoutés aux anciens, donnant un total de neuf sites
d'accueil inégalement répartis dans les trois provinces de la
région comme indiqué sur la carte 6 : cinq dans l'Oudalan, trois
dans le Soum et un seul dans le Séno. Pour des raisons pratiques
(accessibilité, regroupement, stratégie, sécuritaire), des
relocalisations de sites sont en cours sous la supervision du HCR et des
autorités nationales (CONAREF), surtout dans le Soum. Les sites de
Férerio, de Gandafabou ayant déjà été
fermés (UNHCR, 2013).
Carte 6 : camps de réfugiés dans le sahel
burkinabé
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest16.png)
Les camps de réfugiés dans la région
du sahel burkinabé sont dominés par les sites spontanés
dans la province de l'Oudalan, suivi des sites officiels dans le Séno et
le Soum.
III-3-1 : INSTALLATION ET RELOCALISATION DES REFUGIES
MALIENS DANS LE SAHEL BURKINABE
L'unique site répertorié au Séno est
celui de Goudébo au Nord de Dori, à environ 10 km sur l'axe
Dori-Gorom. Au dernier recensement officiel de 2006, le village de
Goudébo comptait 692 habitants répartis dans 136 ménages
dont 50,51% de femmes. Avec quatre quartiers comportant chacun un forage, le
camp de réfugiés installé au quartier Goudébo
école, compte 9 982 habitants dont 2 862 ménages (Barry S et al).
Les réfugiés de Guédebo sont venus des sites
spontanés de Déou, de Férerio et de
Gountouré-Gnégné entre Novembre et Décembre 2012
(HCR, 2013).
Dans le Soum, les sites initiaux sont Damba et Mentao,
localisés respectivement au Nord-ouest et au Sud-ouest de la province.
Le village de Damba qui est essentiellement constitué de
réfugiés est en plein transfert vers le site de Mentao. Cette
localité est subdivisée en cinq entités et abrite 1 295
habitants dont 241 ménages (RGPH, 2006). Les premiers
réfugiés y sont arrivés en fin Janvier 2012, dont certains
y avaient déjà séjourné en 1993. Les chiffres
officiels font état de 14 808 réfugiés dont 4 306
ménages. Ces chiffres sont très évolutifs car chaque jour
voit son contingent de nouveaux arrivants (les relocalisés de
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
45
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
46
Damba). Le département de Nassoumbou qui comprend le
village de Damba abrite une aire protégée qui est le lieu de
collecte de bois énergie et une zone de pâturage pour le
bétail des réfugiés. C'est dans cette aire
protégée que la collecte supervisée du bois mort est
organisée par OCADES/CARITAS et les services techniques du
ministère de l'environnement et du développement durable pour la
fourniture de bois aux réfugiés des camps.
Contrairement aux deux provinces précédentes qui
abritent la plupart des sites officiels, les sites d'installation
spontanée des réfugiés se concentrent à l'Ouest de
l'Oudalan. Il s'agit des localités Tin Edja, Déou, Dibissi et
Gountouré-Gnégné constituées surtout de
communautés locales évoluant dans l'élevage, le commerce
et l'agriculture. Les réfugiés installés à Tin Edja
sont arrivés en Avril 2012. Mais beaucoup d'entre eux y avaient
déjà séjourné en 1993 lors de la crise malienne de
1992. Le nombre de réfugiés est estimé à 1 214
individus dont 350 familles de bergers ne sont pas enregistrées et
prises en charge par le HCR. Ces réfugiés éprouvent de
sérieuses difficultés pour leur prise en charge et
l'élevage demeure la principale activité même si
quelques-uns s'adonnent au petit commerce.
Le village de Déou qui compte 7 878 habitants
répartis en 1 369 ménages a enregistré ses
premières vagues de réfugiés en février 2012. En
mars, leur nombre atteignait 3200 individus répartis dans 498
ménages (FAO, 2013). Une particularité constatée à
Déou est qu'une partie des réfugiés était
cantonnée à l'Ouest du village tandis que les autres sont
disséminés au sein de la population autochtone, dans des
concessions ou dans des maisons en location.
A Dibissi, localité abritant 667 âmes
répartis dans 110 ménages (RGPH, 2006), a accueilli ses premiers
contingents de réfugiés en mars 2012. En mars 2013, soit un an
après, le village comptait 4 702 réfugiés en provenance de
Gao et de Tombouctou. Les zones de pâturage sont essentiellement
localisées au Nord et à l'Ouest et une bonne partie (60%) du
cheptel de ces réfugiés pâture hors des camps sur les rives
du Béli, aux abords du forage Christine et à Zarmakoye par manque
de ressources suffisantes sur place. Le reste du cheptel bivouaque autour du
camp et les réfugiés ne manquent pas d'occasion pour
témoigner leur reconnaissance aux populations hôtes pour
l'hospitalité et le partage des ressources (eau, pâturages, bois
d'énergie, terres, bois d'oeuvre) dont ils disposent. Non loin de
là, le site de Gandafabou dans l'Oudalan divisé en cinq
entités supportant 1 178 habitants dont 188 ménages. Ce site a
accueilli des réfugiés qui ont été
redéployés vers le camp de Mentao à partir de janvier 2013
(FAO, 2013).
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
47
Enfin, le village de Gountouré-Gnégné,
équipé moyennement en infrastructures hydrauliques comporte une
population de 1 295 habitants et un site fermé dont le contingent de
réfugiés est transféré au camp de Goudébo
dans le Séno (RGPH, 2006 ; HCR, 2012). Cependant, selon la même
source, 53 familles de réfugiés sont restées à
Gountouré-Gnégné à cause de leur bétail qui
bénéficie de pâturages abondants et de points
d'abreuvement. Ces réfugiés ne sont plus pris en charge par le
HCR.
III-3-2 : REPARTITION DU CHEPTEL DES REFUGIES ET DES
AUTOCHTONES DANS LE SAHEL BURKINABE
Dans la région du Sahel, l'élevage demeure la
principale activité (58%) et source de revenu des
réfugiés, suivie du petit commerce (19%), du travail
salarié (10%) et de l'agriculture (2%). L'élevage reste
également la principale activité des autochtones (49%),
talonné par l'agriculture (44%) et le petit commerce (7%) (HCR, 2013).
La pratique de l'élevage dans la région du Sahel concerne
essentiellement les bovins, les ovins, les caprins, les camelins,
l'espèce asine et la volaille. L'analyse des résultats
d'enquête du HCR en 2013 montre que le cheptel élevé est
bien diversifié dans les sites des réfugiés. Il ressort
que le bovin est l'espèce la plus dominante chez les
réfugiés avec en moyenne 44,4#177;62,7 têtes par
ménage, tandis que chez les autochtones, l'espèce la plus
dominante est le caprin avec en moyenne 17,2#177;17,8 têtes par
ménage. L'espèce asine et les camelins sont aussi des
espèces en effectifs remarquables chez les réfugiés avec
en moyenne 2,5#177;3,9 et 4,2#177;8,3 têtes par ménage (HCR, FAO ;
2013).
Ainsi, à Goudébo et à Mentao, les
réfugiés détiendraient plus de caprins dans les deux camps
probablement pour la production laitière, la viande et la
commercialisation. La gestion des effectif vari en fonction des sites A
Goudébo le gros du troupea des réfgiés (70 à
Tableau 7 : effectifs du bétail
résidents par site dans le Sahel burkinabé
80%) étant avec des bergers à la
frontière du Burkina Faso avec le Mali, principalement dans les aires de
pâturage des localités d'Inabao, Tin Akoff, Damba, Déou,
Gorom-Gorom et le forage Christine. Cette disposition s'explique par la faible
disponibilité de pâturages, d'eau, et d'espaces pastoraux dans les
zones de Goudébo. Par ailleurs, les effectifs des troupeaux de
réfugiés ont été affectés par les
déplacements avec de fortes mortalités enregistrées
particulièrement chez les petits ruminants (80%). Ces mortalités
qui entrainent la variation des effectifs d'animaux (réfère
tableau 7) d'un site à l'autre sont favorisées par l'apparition
de certaines maladies (VSF, 2012).
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
48
Tableau 7 : répartition du bétail des
réfugiés par sites spontanés et officiels
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest17.png)
Source : données d'enquête UNHCR/FAO 2013
Effectif de bétail dominé par les ovins et les
caprins dans la majorité des sites.
III-3-3 : LES SOURCES D'APPROVISIONNEMENT EN EAU,
NOURRITURE ET ENERGIE DOMESTIQUE DES REFUGIES MALIENS
Les forages sont la principale source d'approvisionnement en
eau aussi bien pour les réfugiés (98%) que pour les autochtones
(87%), suivi des puits (respectivement 1% et 7%) et des eaux de surface
(respectivement 1% et 6%). Les réfugiés utilisent les sources
d'eau pour leurs besoins quotidiens et l'abreuvement des animaux. Cependant,
les réfugiés disent connaître des contraintes d'abreuvement
dues à l'insuffisance des points d'eau et des ouvrages hydrauliques
comme le montre la photo 5. Les contraintes sont cependant variables selon les
sites. Sur le terrain, on a pu observer que certains réfugiés
convoient l'eau de Férerio en véhicules jusqu'à
Déou pour l'abreuvement des animaux (HCR, 2013).
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest18.png)
Source : données d'enquête UNHCR/FAO, 2013
Photo 3 : compétition pour l'accès à l'eau
autour d'un puits busé
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
49
Les caprices du climat, la croissance démographique
et l'avènement des réfugiés maliens dans la région
du Sahel font que les sources d'eau sont fortement convoitées et se
raréfient. Les Hommes et les animaux s'approvisionnent souvent au
même point d'eau.
Sur le plan alimentaire, plusieurs structures viennent en aide
aux réfugiés, parmi lesquels le HCR, le PAM, les organisations
caritatives telles que l'OCADES, le CRS, l'ONG HELP. Ces vivres sont
distribués mensuellement aux réfugiés dans leur ensemble
(99% des réfugiés). Mais lors des focus groupes organisés
entre une équipe d'experts diligentée par le HCR et la FAO
auprès des réfugiés, il est ressorti essentiellement deux
points :
- les nouveaux arrivants dans les camps tardent à
recevoir leurs dotations du fait qu'ils n'ont pas encore été
recensés. Cette lenteur dans l'enregistrement nécessite la mise
en place d'un stock alimentaire en attente pour répondre à ces
cas.
- le manque de diversité des rations servies où
les produits laitiers et à base de viande sont absents alors que l'on ne
peut ignorer leur importance dans l'alimentation de ces réfugiés.
Les produits les plus consommés dans cette région sont les
céréales (100% chez les réfugiés) et 98,6% chez les
autochtones. Les oléagineux constitués principalement du
niébé n'est pas apprécié par les
réfugiés et demeure peu consommé. Certains mêmes
affirment en donner aux animaux. Les réfugiés souhaiteraient
être consultés par rapport à la nature des produits
distribués. Par ailleurs les besoins alimentaire du cheptel sont
importants et varient suivant le type d'espèce comme l'atteste le
tableau ci-dessus (FAO, 2013).
Tableau 8 : besoins alimentaires du bétail de
réfugiés dans le Sahel burkinabé
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest19.png)
Source : données d'enquête UNHCR/FAO, 2013
Ce tableau révèle que les besoins
alimentaires du bétail des réfugiés maliens varient selon
l'importance du troupeau.
En générale, les réfugiés ont
libre accès aux points d'eau, aux pâturages et infrastructures
sociocommunautaires (écoles, centres de soins) au même titre que
les populations locales ; parfois même avec plus d'attention. Ils ont
également accès aux zones de
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
50
prélèvement de bois autour des camps qui
constitue la principale source d'énergie domestique aussi bien chez les
réfugiés (74%) que la population autochtone (80%). L'achat et la
collecte du bois mort sont respectivement les principaux canaux
d'approvisionnement en énergie chez les réfugiés (54%) et
les autochtones (84%). La brousse demeure le principal lieu d'approvisionnement
en énergie (38% des réfugiés et 84% des autochtones) suivi
du marché (38% des réfugiés et 16% des autochtones) (FAO,
2013). Les autres sources d'énergie sont le charbon de bois chez les
réfugiés (25%) et de la bouse animale chez les autochtones (14%).
Pour plus de précision réfère tableau 9.
L'un des principaux lieux de collecte de bois morts reste la
forêt classée de Nassoumbou comme en témoigne la photo 4.
Moins de 1% des réfugiés utilisent du gaz comme énergie
domestique et environ 3% des autochtones utilisent du charbon de bois dans leur
ménage. A travers les analyses spatiales (images satellitaires de type
Landsat TM pour la période 2001, 2006, 2011), on a constaté que
les forêts mises en défends dans le Sahel sont restées
intactes jusqu'à là. De même, malgré un
approvisionnement insuffisant en bois énergie de la part des ONG
(24,3%), il est ressorti que dans tous les sites abritant les
réfugiés que la cohabitation était pacifique entre
autochtones et hôtes (HCR, FAO ; 2013).
Tableau 9 : source d'approvisionnement en bois énergie
des populations au Sahel
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest20.png)
Source : données d'enquête UNHCR/FAO
2013
Les sources d'approvisionnement en énergie restent
dominées par la collecte et l'achat de bois, mais ces deux modes
d'approvisionnement varient aussi en fonction des réfugiés et des
autochtones.
Photo 4 : Chargement de bois en provenance de la forêt
classée de Nassoumbou
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest21.png)
Source : données d'enquête UNHCR/FAO, 2013
La collecte de bois dans la forêt classée de
Nassoumbou se fait sous la supervision des agents forestiers. Certaines
populations parcourent de longues distances avec des charrettes pour
s'approvisionner en bois.
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest22.png)
Bien que la région du Sahel soit à vocation
pastorale, les ressources naturelles renouvelables y sont limitées
à cause des conditions climatiques et écologiques difficiles.
Dans un tel contexte, l'arrivée massive de réfugiés avec
leurs animaux en nombre important constitue une préoccupation majeure
pour l'accès aux ressources, l'organisation sociale et économique
des autochtones (UNHCR, 2012).
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
51
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
52
CHAPITRE IV : LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES
DE CONFLITS EN AFRIQUE DE L'OUEST
L'arrivée et la présence prolongée des
réfugiés dans certains pays ouest africains tels la
Guinée, le Ghana et le Burkina Faso, a sans aucun doute augmenté
les exigences vis-à-vis de l'environnement. Le risque environnemental
représenté par l'arrivée soudaine de ces milliers de
réfugiés dans ces pays d'accueil fut une préoccupation
pour la Communauté Internationale et les différents
gouvernements. Des études générales visant à
évaluer l'impact environnemental des réfugiés furent
menées (BLACK R, 1994 ; JACOBSEN K, 1997). Toutefois,
l'intérêt des différentes études avant l'an 2000
était axé sur les concentrations de réfugiés en
milieu rural et leur impact possible sur l'environnement. Les impacts des
réfugiés en zone urbaine sont moins connus et
étudiés, aussi bien par les gouvernements que les
différents acteurs humanitaires impliqués auprès des
réfugiés. Alors que les centres de réfugiés
officiels dans les zones rurales ont des dispositions prises pour les services
socio-économiques de base, cette assistance n'est souvent pas disponible
pour les réfugiés dans les centres urbains (ROGGE J, 1981).
Egalement, l'expression de réfugié urbain
comporte deux principales ambiguïtés géographiques. D'abord,
elle désigne les réfugiés installés dans n'importe
quel espace considéré comme urbain par les définitions
administratives d'un pays donné (qui diffèrent souvent d'un pays
à l'autre), ensuite pour des recherches scientifiques comme dans les
pratiques du HCR, elle correspond souvent exclusivement aux
réfugiés vivant dans les villes capitales (BLACK R, 1991). La
seconde ambiguïté de l'adjectif urbain est qu'on ne sait pas s'il
désigne le lieu d'origine ou le lieu d'exil des réfugiés
(STEIN B, 1981). Ce mémoire ne déroge pas à la
règle, mais pour une meilleure analyse de la problématique
formulée plus haut, nous considérons comme «
réfugié urbain » tous les réfugiés
s'installant dans une capitale ou une ville. Selon le HCR lui-même, 48%
des réfugiés urbains dans le monde sont des femmes et 28% ont
moins de 18 ans, 12% plus de 60 ans (JACOBSEN K, 2006).
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
53
IV-1 : LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES LIBERIENS
ET SIERRA LEONAIS EN GUINEE
Les impacts des réfugiés sont abordés sur le
plan physique et humain.
IV-1-1 : LES IMPACTS BIOPHYSIQUES DES REFUGIES
L'impact des réfugiés sur le milieu biophysique
guinéen a surtout été enregistré en Guinée
forestière au Sud du pays. Cette localité est une région
montagneuse, constituée de collines à fortes pentes,
séparées de bas-fonds et de plaines alluviales dont l'altitude
moyenne varie entre 600 et 800 mètres. Avec un climat
subéquatorial, la région forestière demeure jusqu'à
nos jours le château d'eau de l'Afrique de l'Ouest. Sa population,
estimée à un million cinq cent mille habitants est
essentiellement rurale (78%) et comprend une densité de 43
habitants/km2 (RGPH, 1996). A cette même date, 620 000
réfugiés sierra léonais et libériens sont
accueillis en Guinée, soit près de 40% de la population
guinéenne qui avoisinait les 7.1 millions d'habitants (BIDOU J.E, TOURE
J.G, 2002). 75% de ces réfugiés ont été
installés dans les milieux ruraux du Sud, particulièrement au
sein de la population locale ou dans des camps jouxtant les frontières
des deux pays d'exil comme le montre la carte ci-dessus.
Carte 7 : Répartition des camps de
réfugiés en Guinée Conakry en 1996
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest23.png)
L'observation de cette carte révèle que de
la myriade de camps en Guinée forestière,
précisément dans la zone frontalière entre la
Guinée, le Libéria et la Sierra Léone, ce sont
respectivement les camps informels et formels non gérés par le
HCR qui dominent. Cette zone forestière enregistre également le
plus grand nombre de camps de réfugiés en Guinée.
En Guinée forestière, les impacts biophysiques
dus à la présence des réfugiés se résument
à quelques cas. En effet, les libériens par exemple ont
empiété sur une partie de la réserve des monts Nimba dans
l'Est de la région forestière, zone désignée comme
site du patrimoine mondial et réserve de la biosphère (UICN,
1991). On s'inquiète aussi pour la réserve de Ziama,
elle-même une réserve de biosphère dans la
préfecture de Macenta à l'ouest (BOURQUE J.D et WILSON K.B,
1990). Toutefois, l'étendue réelle de la pression
exercée
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
54
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
55
par les réfugiés reste à préciser;
les monts Nimba souffrent actuellement d'un manque de protection contre les
dégradations des populations locales elles-mêmes, alors que le
projet gouvernemental d'ouvrir, après la guerre libérienne, la
zone à l'exploitation de l'aluminium mettra fin à toute
initiative de conservation.
a) Les impacts sur les ressources fauniques,
végétales et hydriques
Dans la préfecture de Yomou qui a abrité une
part importante des réfugiés libériens et sierra
léonais, l'analyse du paysage révèle trois types d'impacts
sur l'environnement : la suppression totale des arbres fait apparaître
des terres dénudées; des zones forestières sont
transformées en champs cultivés et certaines ressources et
espèces forestières subissent un prélèvement
excessif. En ce qui concerne les impacts du premier type, il semble que la
région forestière ait peu souffert d'un abattage massif d'arbres
même si les coupes aux alentours de certains sites de
réfugiés ont entraîné localement ruissellement et
érosion. Par contre, la pression exercée sur certaines
espèces de la flore et de la faune sauvage provoque l'inquiétude
car des pertes conséquentes des espèces indigènes
végétales et animales ont été observées. En
effet, les réfugiés prélevaient certaines ressources
nécessaires à leur subsistance telles que le bois de chauffage et
de construction, noix de palme et ignames sauvages. Mais lorsque les ressources
devinrent insuffisantes, les réfugiés furent obligés soit
d'utiliser des produits alternatifs « de qualité inférieure
». Par exemple, des branches de palme à la place du raphia pour la
toiture, soit d'acheter chez les villageois locaux des produits comme le bois
de construction qu'ils ne pouvaient se procurer d'une autre manière.
Toutefois, il est à noter que les activités
rémunératrices des réfugiés dépendaient
beaucoup moins de l'exploitation des ressources naturelles que celles des
villageois locaux (FAIRHEAD J et LEACH M, 1996).
Les afflux de réfugiés dans les villes du Sud de
la Guinée ont créé aussi une augmentation excessive de la
demande en eau potable, qui n'était pas prise en compte par les
organisations gouvernementales et les efforts des donateurs. Cela a
aggravé une situation urbaine d'accessibilité à l'eau
déjà critique et mené à une sur-utilisation de
toutes les sources d'eau conduisant à des niveaux de tarissement et de
pollution record des points d'eau. Face à cette urgence, il y a eu un
besoin d'efforts concertés pour augmenter l'accès des populations
à l'eau potable au Sud de la Guinée. En outre, la mise en place
de systèmes de drainage par les réfugiés dans les zones de
marais pour la production du riz a conduit au disfonctionnement des
systèmes hydriques et des niveaux d'eau. Le déboisement dans le
camp de Kaliah, dans la
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
56
région de Forécariah a eu comme
conséquence l'assèchement de la source d'eau de Berecore (un
petit village près de Kaliah) (PNUE, 2000).
Enfin, de nombreux Mandingues ayant survécus aux
tueries et pillages du Libéria pendant la guerre civile, sont venus
grossir les rangs des pauvres et des bidonvilles dans certains centres urbains
comme Conakry. La majorité de ces réfugiés urbains vit en
effet aux côtés de citadins qui connaissent les mêmes
problèmes de pauvreté et aux côtés de migrants qui
rencontrent les mêmes discriminations, souvent liées à la
peur de l'étranger. Ces réfugiés s'appuyaient en grande
partie sur les ressources végétales et fauniques des bidonvilles
pour équilibrer leur quotidien, contribuant à la réduction
sensible de ces végétaux et petits rongeurs (WRS, 1995).
b) Les impacts des réfugiés sur les
ressources foncières
La présence des réfugiés dans les
campagnes de la Guinée a augmenté les besoins continus en terres
cultivables et le raccourcissement des périodes de jachère,
entrainant une diminution de la fertilité des sols. Egalement, les
bas-fonds aménagés par les réfugiés grâce aux
subsides du HCR ou par d'autres organisations n'ont produit ni les rendements
attendus ni plus d'une récolte par an. On nota une baisse de la
productivité des bas-fonds de tous types après deux ou trois ans
d'exploitation. Le nivellement de ces bas-fonds s'est traduit, dans certains
cas, par une destruction de la biodiversité de ces terres
marécageuses importantes et variées. En outre, l'utilisation
d'engrais chimiques posait évidemment un problème d'ordre
écologique alors qu'une ONG (libérienne) était en train
d'expérimenter une méthode de culture intensive de bas-fonds
à l'aide de techniques «biologiques » et d'engrais vert.
En 2003, grâce au soutien du Ffem (Fonds français
pour l'environnement mondial), une étude a été
réalisée sur un jeune camp en Guinée forestière,
pour évaluer l'impact des réfugiés sur les ressources
naturelles renouvelables à une échelle micro-régionale.
L'impact environnemental du camp de populations réfugiées du
Katkama (au Sud de Kissidougou), est mesuré par
télédétection spatiale en utilisant une image satellite
Ikonos à très haute résolution (1 mètre).
Grâce à cette image satellite, il est possible de voir les espaces
où sont accueillis les réfugiés, les changements dans
l'occupation des sols du fait de la concentration rapide de populations dans un
espace très réduit. L'extension spatiale de ces changements est
relativement circonscrite à proximité des camps. Et l'analyse des
images satellites met en évidence une forte emprise spatiale des
réfugiés du camp sur les bas-fonds cultivables et la
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
57
couverture forestière. Toutefois, la faible
densité de forêts et de palmiers à huile à
proximité du camp entraine une réduction de
l'accessibilité des réfugiés en ressources bois et en noix
de palme. Il est probable que le principal impact de la présence des
réfugiés dans la région Sud de la Guinée concerne
l'extension de terres cultivées aux dépens de la
végétation forestière comme le montre la photo 5 (IMBERNON
J, 2003).
Photo 5 : défrichement du bec de canard au Sud de
Guéckédou pour l'agriculture
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest24.png)
Cette photo montre à quel point les ressources
végétales étaient convoitées par les
réfugiés et les populations autochtones dans certaines
localités de la région forestière, portant atteinte aux
ressources fauniques également.
Des densités élevées de populations dans
les zones rurales et les centres urbains entrainées par l'afflux de
réfugiés, ont eu comme conséquence une très forte
pression sur les ressources naturelles de la Guinée
particulièrement au Sud. Néanmoins, en raison du modèle de
répartition des réfugiés dans les zones rurales et le
manque de données détaillées sur l'état
environnementale en Guinée avant les conflits libériens et sierra
léonais, il est souvent difficile, sinon impossible d'estimer avec
précision la dégradation environnementale causée seulement
par la présence de réfugiés de celle causée par les
populations locales. Du reste, le HCR, de plus en plus concerné par les
questions environnementales, a subventionné des études comme
celles menées par le Centre de Coopération Internationale en
Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) de 1998 à
2001, puis des opérations de reboisement en Guinée
forestière.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
58
IV-1-2 : LES IMPACTS HUMAINS DES REFUGIES EN GUINEE
c) Les impacts sanitaires
En Guinée, aucun centre urbain n'a
échappé à l'impact démographique des
réfugiés. Les centres urbains souffrant d'un manque de
systèmes efficaces et viables pour la collecte, le transport et le
dépôt de tous les types de déchets, en particulier les
déchets solides, supportaient de grandes décharges et immondices
en leur sein surtout avec l'installation des réfugiés. Les villes
du Sud de la Guinée, ainsi que Conakry la capitale font face aux pires
problèmes sanitaires en Afrique Subsaharienne. Les petits
dépôts de déchets, la pollution des cours d'eau et le
manque de latrines sautent aux yeux. Des forages sont creusés à
proximité de certains égouts notamment dans les
périphéries concentrant les réfugiés. Les
épidémies sont une menace sérieuse et au milieu des
années 1990, il y a eu des cas de choléras et de
méningites. Et si la situation d'hygiène n'est pas
améliorée, d'autres cas d'épidémies pourraient
apparaître avec l'augmentation de la population, particulièrement
chez les enfants. En outre, les autorités comme les populations locales
constatant une hausse du nombre de personnes infectées par le virus
VIH/SIDA en Guinée forestière, ont fait le lien avec les
réfugiés (FALCONER J, 1990).
d) Mésententes entre populations autochtones et
réfugiés
Certains réfugiés tels que les Mandingues qui
avaient davantage de conscience politique et le monopole du commerce dans les
villes, s'intégrèrent dans la vie économique citadine.
Mais leur brusque augmentation marginalisa davantage les groupes ethniques de
forêt (Mano, Guerzé, Toma et Kissi), ce qui exacerba les tensions
qui existaient déjà. Ces tribus de forêt étaient
loyales à l'égard du NPFL qui avait persécuté les
Mandingues au Libéria. En Juin 1991, les tensions entre Guerzés
et Mandingues s'accrurent fortement à N'Zérékoré,
aboutissant à des conflits qui firent plus de deux cents morts. A
Macenta aussi, les tensions entre les Mandingues, connus sous le nom de
Tomamania, et les Toma augmentèrent.
Egalement, le sur-enregistrement des réfugiés et
l'appropriation des cartes alimentaires par les marchands et autorités
locales suscitaient de graves problèmes dans les villes. En effet,
lorsque la distribution de l'aide alimentaire devient
irrégulière, les réfugiés des villes
protestèrent auprès des services du HCR et en 1995, des pressions
politiques furent exercées en faveur des réfugiés des
villes afin d'éviter les tensions. Il est même arrivé que
ces réfugiés
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
59
urbains adoptent un comportement plus exigent et revendicatif.
L'image de réfugiés rebelles et violents a souvent
été mise en avant par le HCR. En exemple, les incidents de Juin
2003 à Conakry où des réfugiés sierra
léonais et libériens avaient violemment pris à partie le
représentant du HCR pour réclamer de l'aide. De plus, l'aide
humanitaire qui était concentrée sur les réfugiés a
fait naitre un sentiment d'injustice chez les guinéens (DARDOIZE V,
1996). En effet, Douglas Henry écrit que « les Guinéens des
zones frontalières », face à l'aide déployée
pour les seuls réfugiés, avaient pris conscience de leur «
dénuement » et de leur « marginalité au sein d'un
État qui, jusqu'alors, ne s'était guère occupé
d'eux » (HENRY D, 2002). Et pour finir des vols de ressources
étaient enregistrés et les responsables locaux s'en plaignaient
énergiquement. Mais en 1995, il semble qu'un consensus ait
été établi : un certain niveau de larcin était
accepté par les responsables locaux.
.
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest25.png)
Les chiffres concernant le taux de déforestation
guinéenne sont difficiles à prouver et on estime que l'Afrique
occidentale a déjà perdu 70% de sa forêt originelle
(GRAINGER A, 1993), ce qui représente plus de la moitié de la
déforestation globale africaine. Bourque et WILSON K.B (1990) font
remarquer que « la Guinée forestière fut à l'origine,
comme son nom l'indique, entièrement boisée » ajoutant
à cela que « la déforestation est extensive et progressive
à une allure soutenue ». Le consensus général est que
« toute forêt naturelle en dehors des réserves
forestières des ilots protégés par leur
inaccessibilité ou par la tradition risque de disparaître dans un
avenir très proche ».
IV-2 : LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES LIBERIENS
A
ACCRA
En Guinée d'une part et au Ghana d'autre part, les
afflux de réfugiés libériens ont donc été
différents en termes chiffrés autant qu'en termes de lieux
d'accueil, ce qui s'explique par la situation géographique des deux pays
par rapport au Libéria, l'un voisin direct et l'autre
éloigné de plus de 500 km. Les modèles adoptés pour
accueillir ces réfugiés au Ghana ont également
été mieux planifiés, limitant du même coup leurs
impacts sur le milieu biophysique et humain. En effet, au Ghana, les
arrivées de réfugiés libériens ont
été moins nombreuses et immédiatement pris en charge par
l'Etat. Ce dernier a choisi d'ouvrir un camp pour les
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
60
accueillir tout en veillant à ce que les fonds investis
par le HCR pour les réfugiés de manière plus tardive qu'en
Guinée soient en partie gérés par les ONG nationales.
IV-2-1 : LES IMPACTS DES REFUGIES LIBERIENS SUR LE
MILIEU BIOPHYSIQUE A BUDUBURAM
L'impact des réfugiés libériens sur les
ressources naturelles à Accra sans être exhaustif, se limitera
dans le cadre de cette étude à la pression exercée par ces
réfugiés sur les ressources foncières notamment autour du
camp de Buduburam.
a) Impact du camp de Buduburam sur les ressources
foncières
Le camp de Buduburam est passé de modeste centre
d'accueil pour quelques libériens en 1990 à une petite ville de
plusieurs milliers d'habitants au début des années 2000. Sans
barbelés pour le séparer des habitations du village voisin, le
camp s'est peu à peu étendu vers lui au point que la
différence entre les deux entités n'est pas visible sur les
images satellites. Cette expansion au-delà du périmètre
initial préempté par l'Etat sur les Stool lands, a
suscité des pressions foncières et fait rejouer des enjeux
fonciers anciens entre autorités coutumières rivales. AGBLORTI S
(2011) montre quant à lui que les Ghanéens de Buduburam se
sentaient spoliés de leurs terres par l'installation et le maintien par
l'Etat du camp de réfugiés sur le territoire du village. A la fin
de la première guerre civile libérienne, les chefs
traditionnelles de la région et la population ont exprimé le
souhait de récupérer ces terres réquisitionnées par
le gouvernement sans compensation (ASARE V.N.B, 2000), insistant sur le fait
que les réfugiés les occupaient gratuitement alors que les terres
ne cessent de prendre de la valeur dans ce secteur en plein urbanisation
(BOAMAH-GYAU K, 2003). La reprise du conflit libérien a repoussé
le règlement de cette question mais la cessation du statut de
réfugiés en 2012 la soulève à nouveau.
L'installation massive des libériens dans ce camp doit être
replacée dans le phénomène de croissance des
périphéries urbaines de la capitale ghanéenne qui offrait
peu de choix à ces réfugiés.
b) L'Assainissement
Des problèmes d'assainissement existaient
également au sein du camp car peu de maisons sont équipées
de toilettes, de salles de bains ou de douches. Les réfugiés sont
donc contraints d'utiliser les toilettes et les douches collectives construites
grâce aux fonds du HCR et des ONG partenaires (BOAMAH-GYAU K, 2008) ou
sur des fonds privés (libériens ou ghanéens). En raison de
leur accessibilité payant (2 à 5 centimes d'euro), de nombreux
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
61
résidents du camp se lavaient chez eux ou en plein air,
le plus souvent à la nuit tombée. Les résidents utilisent
parfois des seaux cuvettes chez eux, qu'ils doivent ensuite vider en dehors de
leurs maisons, notamment dans des caniveaux à ciel ouvert parcourant le
camp. Là encore, il faut souligner que ces conditions d'hygiène
sont partagées par de nombreux citadins ghanéens. Beaucoup se
rendent dans des espaces non habités près du camp, pour aller aux
toilettes en plein air, par exemple dans le Gulf, un espace
marécageux en bordure de la zone 1, à l'Est du camp.
IV-2-2 : IMPACTS HUMAINS DES REFUGIES A BUDUBURAM
c) Conflits fonciers entre autorités locales
à Buduburam
L'expansion du camp a également fait rejouer le
conflit foncier déjà existant entre les chefs traditionnels N. K.
Koranteng III et son rival Nana Kojo Essel II dans le village de Buduburam. En
effet, le camp manager comme le président du comité se
sont adressés à ces deux autorités pour répondre
à l'afflux des réfugiés et des rapatriés
ghanéens. Ils ont ainsi relancé la rivalité
foncière entre les deux hommes qui estiment être tous deux les
détenteurs de l'autorité clanique sur les terres du
stool préemptées pour la création du camp. La
restitution des terres acquises de façon provisoire par la puissance
publique fait augurer la réémergence de ce contentieux entre les
deux chefs. A l'instar du camp, le village de Buduburam dans la banlieue de
Kasao, a lui aussi connu une importante croissance démographique et
spatiale. D'après le recensement de 1984, il ne comptait que 463
habitants alors qu'il y en avait 18 713 lors du recensement de 2000
(BOAMAH-GYAU K, 2000). Ce chiffre fait de Buduburam une ville du point de vue
administratif et la plus importante ville du district auquel elle est
rattachée depuis 2008, Gomoa East.
d) Les impacts socio-politiques des
réfugiés à Accra
En Août 2000, Nana Kojo Essel II réclamait de
nouveau une compensation financière pour l'expansion du camp sur ces
terres, à défaut de leur restitution, se plaignait de promesses
de compensation non tenues de la part des gouvernements successifs. Il faut
néanmoins ajouter ici que les conflits à propos de ces stool
lands sont récurrents aux alentours d'Accra, pour définir
les détenteurs de ce patrimoine foncier ou pour faire valoir des droits
d'usage et de cession (GOUGH K, YANKSON P, 2000). Par ailleurs, si la
présence de réfugiés a pu être
instrumentalisée à l'échelle locale dans ce jeu coutumier,
elle l'a été tout autant à l'échelle nationale, au
moment d'élections législatives ou présidentielles, par
exemple quand l'aide aux réfugiés libériens entrait dans
les visées clientélistes de candidats politiques (ESSUMAN-
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
62
JOHNSON A, 1992). Les réfugiés
représentaient en effet une augmentation du nombre d'électeurs
potentiels dans un pays où il est courant que les étrangers
résidents participent aux élections locales et
présidentielles. En 2008, le HCR affichait dans le camp une mise en
garde (réfère photo) pour que les réfugiés restent
à l'écart des élections nationales.
Photo 6 : affiche du HCR mettant en garde les
réfugiés libériens à Accra de ne pas prendre part
aux élections.
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest26.png)
Source : Thèse de H SIMONE-LORIERE, 2013
A partir de 2001-2002, la conjonction du conflit en Côte
d'Ivoire et l'intensification de la guerre au Libéria provoqua une
augmentation du nombre de libériens réfugiés au Ghana et
de certains fléaux. La croissance du camp et les activités
criminelles qui s'y étaient développées (problèmes
de vols, trafics de drogue et prostitution) ont emmené une nouvelle
remise en question de son existence et une reprise en main par l'Etat.
e) Insécurité au camp de
Buduburam
Les nombreuses structures scolaires et de formation à
Buduburam sont localisées à l'intérieur du camp, mais il
arrive que les jeunes gens qui y habitent soient souvent
désoeuvrés et impliqués dans des activités
illicites (BORTU T.K, 2009). L'accès à l'éducation dans le
camp reste couteux et certaines familles, mais aussi des jeunes isolés
n'ont pas les moyens de payer les frais de scolarité demandés aux
élèves et aux étudiants. Les anciens soldats, et surtout
les anciens enfants soldats, ont du mal à trouver une place,
géographique et
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
63
psychologique parmi cette société
libérienne en exil. La plupart survivent en volant, en vendant de la
drogue (marijuana) ou en jouant à des jeux de hasard ou d'argent. Ils
sont regroupés en une association, la Veteran Child Soldiers of
Liberia (VESCOL) et sont installés pour une grande part d'entre eux
dans la zone 9 du camp (au Nord-est), dans une zone baptisée le
gap (WOOWARD L et GALVIN P, 2009).
Ces jeunes anciens combattants se sentent isolés et
ostracisés par les autres réfugiés. Ils souffrent de
traumatismes de guerre et de dépendance à l'alcool et à la
drogue. Pour mener leurs trafics, ils fréquentent le gap, mais
aussi le Gulf ou la forêt située à l'Est du camp
rebaptisée divil's forest. Ce sont également des lieux
de prostitution, auxquels il faut ajouter le 18+18 qui concentre la plupart des
restaurants et des bars du camp. La vie nocturne y est très dense et les
réfugiés l'ont baptisé 18+18 à cause de la
nécessité présupposée d'être majeur pour
profiter des plaisirs des bars : boissons, danse et rencontres amoureuses,
parfois tarifiées (BORTU T.K, 2009). Dans le camp, les grossesses des
jeunes filles sont liées à la prostitution ou à des
rapports sexuels précoces et sont également une des causes de
leur déscolarisation. Plusieurs recherches (TETE S, 2005 ; BOAMAH-GYAU
K, 2008 et OMATA N, 2011) le mentionnent pour évoquer les
problèmes d'insécurité que la fréquentation du
lieu, souvent nocturne, entraine : il entre en effet en concurrence avec
d'autres activités religieuses ou illicites, et les agressions et viols
y sont récurrents.
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest27.png)
En juin 2003, le gouvernement de KUFUOR. J a
décidé de recenser les libériens à Buduburam dont
le nombre était estimé à 30 000 (Ghanaian Times
22/06/2002). En Septembre, la police et l'armée ont été
envoyées pour faire une recherche d'armes dans le camp. Selon
ESSUMAN-JOHNSON A (2011), le gouvernement soupçonnait le camp
d'être devenu un lieu d'entrainement pour des mercenaires ensuite
envoyés en Côte d'Ivoire. Il était en tout cas un
réservoir pour leur recrutement. La presse ghanéenne qui
rapportait régulièrement les affaires criminelles, de
l'escroquerie au vol à mains armées, dans lesquelles
étaient impliqués les libériens, avaient alors
demandé la fermeture définitive du camp (Ghanaian Times,
Editorial du 20/09/2002, throw them out). Cependant l'escalade de la
seconde guerre civile au Libéria avait empêché toute
fermeture du site d'accueil et le gouvernement ghanéen encourageait les
libériens à s'organiser en tant que communauté pour
combattre la criminalité grandissante.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
64
En résumé aux analyses menées, nous
pouvons souligner que les effectifs de réfugiés n'ont pas
été les mêmes dans les deux pays d'accueil (Guinée
et Ghana) et que les façons d'y répondre ont également
été différentes. Mais dans les deux cas les
réfugiés ont bénéficié d'une importante
liberté de mouvements si l'on compare avec la situation d'autres
réfugiés dans d'autres pays d'asile en Afrique notamment. Suite
à la description des impacts environnementaux des réfugiés
de conflits dans ces deux pays côtiers, nous proposons de montrer
maintenant le risque environnemental représenté par
l'arrivée de réfugiés de conflits dans un pays
sahélien comme le Burkina Faso.
IV-3 : LE RISQUE ENVIRONNEMENTAL REPRESENTE PAR L'ARRIVEE
DES REFUGIES MALIENS EN 2012 AU BURKINA FASO
La dégradation de la situation sociopolitique au Mali
en 2012 a entraîné un afflux massif de 145 000
réfugiés dans les zones déshéritées du
Niger, de la Mauritanie et du Burkina Faso. Ces réfugiés en 2013
étaient estimés à 48 731 individus sur le sol
burkinabé. Ils sont pour la plupart des pasteurs qui ont trouvé
asile avec leurs troupeaux (54 488 têtes) dans le Sahel, région
frontalière du Mali (VSF, 2012). Cette arrivée continue de
réfugiés suscite quelques inquiétudes car l'état de
l'environnement « naturel » de la région sahélienne du
Burkina est également complexe car influencé, depuis ces
dernières années par des changements climatiques et
végétaux et un impact humain qui n'est pas lié à la
présence de réfugiés. Les périodes de
sécheresse successives qui touchèrent, surtout dans les
années 70 et au début des années 80, le domaine
sahélien, n'épargnèrent pas, le Sahel burkinabé et
sont considérées aujourd'hui comme faisant partie d'un processus
de « désertification » dans une zone écologique
déjà fragilisée (TOUSSAINT R et al., 1994).
IV-3-1 : LES IMPACTS BIOPHYSIQUES DES REFUGIES MALIENS
DANS LA REGION DU SAHEL AU BURKINA FASO
Au regard de la fragilité des écosystèmes
sahéliens, les impacts environnementaux majeurs liés à la
présence de réfugiés pourraient se traduire par la
dégradation des ressources naturelles dont la végétation,
les sols, les eaux et la pollution. Cette dégradation concerne à
priori les formations végétales qui vont subir les assauts des
troupeaux et des prélèvements divers (pâture, bois
d'énergie, bois d'oeuvre). En tenant compte de la capacité de
mobilité du troupeau, une aire d'emprise a été
circonscrite autour des principaux points de cantonnement du bétail des
réfugiés. Cela permet de délimiter des zones dont les
ressources environnementales sont assujetties à une menace de
dégradation.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
65
a) Impacts des réfugiés sur les ressources
végétales et foncières
Les besoins en énergie domestique dans les sites
d'accueil des réfugiés augmentent les prélèvements
des ressources végétales des forêts classées de
Nassoumbou dans le Soum et le Séno, Mango dans l'Oudalan qui demeurent
les principales sources d'approvisionnement. En outre, la pâture du
bétail dans ces réserves peut porter un préjudice à
la vitalité, voire la survie des espèces floristiques
appétées (acacia) par le troupeau.
Tableau 10 : lieux d'approvisionnement en énergie des
populations dans la région du Sahel
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest28.png)
Source : données d'enquête UNHCR/FAO, 2013
Que ce soit les réfugiés ou les autochtones, le
lieu d'approvisionnement en énergie est dominé par la brousse
suivi des marchés. Les autres sources sont constituées par le gaz
naturel, le biogaz et le charbon de bois.
L'augmentation des effectifs du cheptel dans la zone
sahélienne a créé un accroissement en besoin alimentaire
(fourrage, sous-produits agricoles et agro-industriels) et en eau
d'abreuvement. Les producteurs autochtones expliquent que la situation s'est
davantage dégradée cette année (2013) à cause de
l'arrivée d'un cheptel trois fois plus nombreux que les leurs et de
l'impossibilité de faire la transhumance vers le Mali due à la
situation d'insécurité qui y prévaut. Et sachant que les
ressources alimentaires n'ont pas évoluées, la présence
d'un plus grand nombre d'animaux joue négativement sur les ressources
naturelles. En effet, on enregistre un colmatage du sol par piétinement
sur les meilleures zones de pâturage et les points d'abreuvement. Les
bergers réfugiés connaissent très peu la zone et les
craintes de se perdre ou de subir des vols les poussent à occuper
durablement leurs zones de pâture avant de passer à un autre site.
Cette situation provoque localement un grand dommage au sol et à la
végétation car elle conduit à l'imperméabilisation
du sol et au non recharge des nappes par infiltration. Et sur un tel sol
dépourvu de végétation, le ruissellement appose son
emprise avec ses corollaires de la dynamique érosive (décapage,
ravinement, perte de fertilité) (FAO, 2012).
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
66
Photo 7 : colmatage du sol autour de la mare d'Oursi
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest29.png)
Source : données d'enquête UNHCR/FAO, 2013
Le colmatage du sol autour de la mare d'Oursi est dû au
séjour prolongé de quantités
importantes d'animaux autour du point d'eau.
b) Impacts des réfugiés sur les ressources
hydriques et fauniques
Selon certaines sources du HCR, des pénuries d'eau ne
manquent pas, particulièrement à Dibissi, Déou et
Gountouré-Gnégné. Cela se constate sur le terrain avec le
tarissement précoce des mares (Damba et de celle de Férerio). De
même, l'état défectueux des deux forages à
Déou amène les populations locales et les réfugiés
à s'approvisionner à un château d'eau à Ayagoro
situé à 5 km du village. Les points d'eau naturels comme les
mares (Oursi) connaissent également une pression (hommes et cheptel) qui
réduit le temps de disponibilité en eau, augmente les risques
d'envasement et de dégradation des terres en bordure de ces points
d'eau. Par ailleurs, l'avènement des troupeaux de réfugiés
a occasionné un certain brassage avec ceux du Sahel et a fortement
joué sur la situation épidémiologique. Il ressort des cas
de pasteurellose et de charbon symptomatique dans certains sites qui sont
liés à l'utilisation de produits vétérinaires
prohibés et l'automédication. Ces pratiques sont courantes au
Mali et ont été apportées sur les sites (VSF, 2012).
c) Mauvaise assainissement et planning autour des camps
de réfugiés
La pollution environnementale, par les déchets
plastiques, omniprésente dans toutes les contrées du Burkina
Faso, risque d'être exacerbée dans les sites d'accueil des
réfugiés par
les habitudes qui s'installent peu à peu autour des
camps. On n'y constate effectivement que tous les emballages des divers
produits alimentaires et autres mis à la disposition des familles sont
systématiquement rejetés dans la nature en dépit de la
présence de certains dispositifs de collecte. Il est à craindre
qu'avec les fortes averses dans la localité, toutes ces immondices
soient drainées dans les cours et retenues d'eau, ce qui pourrait
précipiter leur comblement. Aussi, le système d'organisation des
camps ne tient pas compte des méthodes d'élevage des
réfugiés, grande consommatrice d'espace. Le fait de regrouper ces
derniers dans des camps tels que Goudébo et Mentao est très
dommageable aux éleveurs et particulièrement les grands
propriétaires de bétail. Ces zones sont peu fournies en
pâturages (UNHCR, 2013). En outre dans cette région du Sahel,
l'augmentation des effectifs du cheptel a entrainé une modification du
circuit de pâturage. Face à la pression et à
l'incapacité de faire la transhumance vers le Nord Mali, certains
éleveurs envisagent se rediriger vers les pâturages du Sud en zone
soudanienne.
Photo 8 : déchets plastiques jetés dans un drain
autour du camp de Mentao
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest30.png)
L
Source : données d'enquête UNHCR/FAO, 2013
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
67
Les déchets plastiques au niveau des camps sont
accumulés près des tentes et jetés ensuite dans la brousse
ou dans des drains autour des camps comme c'est le cas de Mentao. Les
déchets s'y accumulent et gênent le passage de l'eau en
hivernage.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
68
IV-3-2 : IMPACTS HUMAINS DES REFUGIES DANS LE SAHEL
BURKINABE
d) Mésententes entre populations locales et
réfugiés
Des actions urgentes doivent être entreprises à
travers la multiplication des points d'eau (puits, forages, micro-barrages). Si
rien n'est fait, des mésententes pourraient naître tel que ce fut
le cas dans le village de Bouro entre éleveurs réfugiés et
autochtones pour l'utilisation d'une mare (UNHCR, 2012). L'ouverture du forage
de Christine pourrait, à court terme, résorber un peu la
pression autour des points d'eau et des pâturages. Il y aussi le risque
de conflits fonciers avec les paysans locaux qui veulent semer leurs champs,
qui sont dans la famine alors qu'on distribue la nourriture aux
étrangers, et qui aussi, bloqué dans le pays avec leurs troupeaux
peuvent les conduire à côté des champs cultivés.
e) Insécurité et forte spéculation
dans la région du sahel
Selon le Haut-Commissaire de la province du Soum, on ne peut
exclure la présence d'islamistes sur le territoire mais dit s'occuper de
la sécurité des réfugiés et des habitants. Cette
révélation demeure une menace pour la sécurité
nationale pour peu que ces réfugiés constitués à
majorité de jeunes en âges de combattre se mettent à faire
des revendications envers l'Etat burkinabé. De même, selon une
jeune institutrice à Djibo, l'arrivée des réfugiés
a entrainé une explosion des loyers, des prix des denrées de
première nécessité et une baisse tarifaire du cheptel, des
produits animaux et artisanaux que beaucoup de réfugiés mettent
sur le marché.
Par ailleurs, l'offre éducative n'est pas suffisante
dans les camps de réfugiés. Et pour cela, l'agent humanitaire
Thierry Agagliate de l'ONG Terres des Hommes disait : « l'éducation
n'est pas une priorité dans les interventions d'urgence auprès
des réfugiés maliens et il faut agir maintenant afin de
prévenir la création d'un bataillon d'enfants soldats ». Des
conditions de vie difficiles et la perte de l'identité culturelle
diminuent la stabilité sociale. On note également des
problèmes religieux et sécuritaires à l'intérieur
des grands camps avec les différentes tendances islamiques et la
présence de coupeurs de route et de présumé
djihadistes.
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest31.png)
Dans l'exploitation des ressources pastorales, il a cependant
été noté jusque-là (2013) une cohabitation
pacifique entre les réfugiés maliens et les populations des sites
d'accueil.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
69
Très peu de conflits entre réfugiés et
autochtones en lien avec l'exploitation des ressources fourragères ou
hydriques ont été enregistrés dans les zones
administrées par le HCR. Certains partenaires du HCR ont perçu
les enjeux importants et prennent en compte les populations hôtes dans
les actions humanitaires. En effet, les organisations telles que
Vétérinaires Sans Frontières et l'ONG Help (à
travers le financement de l'UNHCR) mènent des plaidoyers pour une
cohabitation pacifique entre réfugiés et populations hôtes
dans le partage des ressources.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
70
CHAPITRE V : ASPECTS POSITIFS LIES A LA PRESENCE DE
REFUGIES ET PERSPECTIVES FACE AUX IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DE CES POULATIONS EN
AFRIQUE DE L'OUEST.
Ce volet de notre travail, sans être une contradiction
de tout ce qui a été dit jusqu'à là, met en exergue
les effets positifs de la présence de réfugiés pour les
pays d'accueil. Il propose également quelques solutions face aux impacts
environnementaux de ces populations en Afrique de l'Ouest.
V-1 : CONSEQUENCES POSITIVES DUES A LA PRESENCE DES
REFUGIES
Il est important dans cette étude de faire état
des répercussions positives possibles et réelles qu'entraine la
présence de réfugiés. Une accélération du
développement, une amélioration du bien-être en
particulier, sont fréquemment relevées une fois mise en place la
phase de soin et d'entretien. Ainsi, le développement des régions
d'accueil est susceptible d'être encouragé et dynamisé par
l'arrivée de fonds supplémentaires ainsi que par la
présence d'organismes internationaux promoteurs de développement
ou financeurs. Les populations locales au sein desquelles les
réfugiés sont accueillis profitent souvent de
l'amélioration des infrastructures routières à même
de donner un nouvel élan aux échanges commerciaux et des services
(BLACK. R, 1995). C'est le cas de la Guinée forestière,
auparavant délaissée par le pouvoir central et qui a connu un
désenclavement en devenant le centre de l'intervention humanitaire suite
à l'éclatement des guerres civiles au Libéria et en Sierra
Léone (Levron, 2006). On assista à l'amélioration du
réseau routier pour le trafic des camions d'aide humanitaire. Elle a
également connu un relatif développement économique, la
présence de réfugiés, tout comme celle des travailleurs
humanitaires amenant des activités économiques nouvelles
(DARDOIZE V, 1996 ; FERRY F, 2004).
En guinée, la diversité des situations
socio-professionnelles des réfugiés installés en ville,
dont certains sont d'anciens agriculteurs et d'autres évoluant dans le
secteur informel montrent que les réfugiés peuvent participer au
mouvement d'urbanisation, voire le développement de leurs pays d'accueil
grâce aux recherches d'opportunités économiques (LANDAU L,
2006). Il en est de même sur la présence, en milieu urbain, d'une
« élite » d'exilés-intellectuels, politiciens,
entrepreneurs, ingénieurs ou médecins qui arrivent à
s'intégrer correctement dans le jeu d'une économie formelle. Au
Ghana, plus précisément à Buduburam, le chef traditionnel,
N. K. Koranteng III déclare ouvertement que le développement de
son village est en partie lié aux réfugiés et à
l'aide du HCR (ACC, NKK, 01/12/2004) : grâce aux fonds du HCR, le village
a été doté d'un poste de police, d'une
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
71
caserne de pompier, de toilettes publiques et d'une
école inaugurée en 2009.
Dans la région du Sahel au Burkina Faso, les
populations autochtones qui sont à majorité des éleveurs,
ont tiré profit de leur hospitalité à travers le
développement d'ouvrages hydrauliques, la restauration du couvert
végétale, la réhabilitation des camps fermés tels
que Férerio, Gandafabou et Damba, la récupération des
terres dégradées et l'appui en aliment bétail. La
présence des réfugiés a par ailleurs redynamisé le
commerce de bétail et les intrants d'élevage comme les
sous-produits agro industriels et les produits vétérinaires. De
l'avis des services techniques d'élevage, le commerce du bétail a
connu un certain essor avec les réfugiés en termes de volumes
d'échanges et d'augmentation des prix des animaux. Il est à noter
que ces derniers ne pratiquent pas l'agriculture et vivent pour l'essentiel de
la vente de leurs animaux. Les ventes sont effectuées dans les
marchés (Dori, Djibo, Oursi, Déou et Gorom-Gorom). Les intrants
d'élevage sont également achetés dans ces mêmes
marchés. Enfin, les bouses de bovins en grande quantité
constituent un combustible pour le chauffage et la préparation des
repas. Les excréments des animaux domestiques (fumier) servent d'engrais
organique dans les potagers et les champs. Les bovins, les
camélidés et les ânes sont utilisés comme animaux de
trait ou de bât pour les travaux agricoles, le transport et d'autres
usages, permettant d'économiser des formes d'énergie non
renouvelables. En somme, la promotion de certaines activités, selon le
scénario le plus optimiste, contribue directement à une meilleure
gestion de l'environnement des animaux au Sahel (UNHCR, 2013).
V-2 : RECOMMANDATIONS POUR UNE MEILLEURE ATTENUATION DES
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES EN AFRIQUE DE L'OUEST
Ces recommandations présentent d'abord les directives
données par le HCR en matière d'environnement, ensuite exposent
des perspectives formulées pour les différents cas de
dégradation des ressources naturelles et humaines causées par les
réfugiés en Afrique de l'Ouest. Enfin, des conseils
spécifiques ont été proposés pour les cas de
dégradation des ressources aux Burkina Faso.
V-2-1 : RECOMMANDATIONS HCR
Pour une meilleure gestion des impacts environnementaux des
réfugiés de conflits, nous allons d'abord énumérer
des mesures d'atténuation proposées par le HCR à
l'échelle mondiale et ensuite, formuler des recommandations propres au
regard des connaissances acquises tout au long de cette étude pour la
sous-région ouest africaine. Ainsi, selon le HCR :
La planification et la résolution des problèmes
environnementaux associés aux réfugiés ou aux
rapatriés doivent se faire suivant trois phases essentielles :
·
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
72
La phase d'urgence ;
· La phase de soins et d'entretien et
· La phase des solutions durables.
Dans le cadre des opérations en phase d'urgence, le
système d'information du HCR qui permet de disposer d'informations
détaillées sur :
· La topographie ;
· La géologie ;
L'hydrologie ;
·
· La couverture végétale ;
· Les sols ;
· Les conditions climatiques ;
Les espaces fragiles ou protégés se trouvant
à proximité des camps, le contexte socio-économique et les
infrastructures existantes, constitue une base à partir de laquelle
dresser une planification prospective, afin de mieux choisir l'emplacement du
site, organiser la disposition intérieure du site, positionner les
infrastructures telles que routes, pistes d'atterrissage et décharges,
et établir des plans de gestion des zones forestières. Aussi, le
choix pour l'installation du camp doit tenir également compte du climat,
des spécificités locales en matière de maladies, des
conditions de drainage et/ou la disponibilité en eau. Ainsi, les mesures
préventives et palliatives doivent devenir la norme plutôt que
rester l'exception. La démarche préventive devient de faite la
seule solution véritable. Une sélection soigneuse des sites
d'installation et une organisation spatiale bien réfléchie des
habitations au sein de ces sites constituent deux exemples de cette
démarche (HCR/UICN, Août 2005).
Suite à la phase d'urgence, la phase de soins et
d'entretien (stabilisation des effectifs de réfugiés et
début de l'intervention du HCR) est celle durant laquelle les effets
cumulés des différents types d'impacts commencent à se
faire sentir de manière marquée par la population
réfugiée comme par la population locale. Ces impacts
environnementaux découlant de la présence de
réfugiés sont divers et susceptibles d'avoir des
répercussions négatives sur l'alimentation, la santé et le
bien-être des populations locales ainsi que des réfugiés
eux-mêmes. Pour pallier à ces problèmes selon le HCR, il y
a lieu :
.SUR LE PLAN ALIMENTAIRE
De promouvoir les préparations alimentaires enrichies
ou composées, telles que les mélanges maïs-soja, et les
légumes frais ne doivent pas être cuits trop longtemps pour
préserver leurs qualités nutritionnelles (se reporter aux
directives conjointes du HCR et du PAM
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
73
concernant les programmes d'alimentation sélective).
Promouvoir l'utilisation de réchauds économes en énergie,
produisant peu de fumée et la distribution de denrées de ration
générale sous la forme nécessitant le moins
d'énergie de cuisson (farine au lieu de grain, par exemple). La
fourniture de denrées alternatives, plus respectueuses de
l'environnement (par exemple des aliments à cuisson rapide
nécessitant moins de combustibles) devrait être encouragée
si le contexte s'y prête.
Choisir les denrées ou les sources d'approvisionnement
impliquant moins de besoins de transport, de manipulation et de
conditionnement. L'alimentation de la population entière par
distribution de biscuits énergétiques et de repas tout
prêts ne doit concerner que des périodes courtes.
.SUR LE PLAN AGRICOLE
Il convient d'accorder une attention particulière aux
mesures de préservation des sols et de leurs réserves en eau dans
le cas de cultures pluviales à travers l'introduction de méthodes
et de techniques agricoles durables (rotation des cultures avec
légumineuses, utilisation d'engrais organiques tels que le compost et le
fumier). Encourager la conception et la construction de systèmes
d'irrigation adaptés dans le cas de cultures irriguées.
Sensibiliser et éduquer les réfugiés et autres
bénéficiaires à la nécessité
d'économiser l'eau. Pour ce faire, promouvoir des pratiques exemplaires
en matière d'utilisation optimale de l'eau comme l'amendement des terres
et la promotion de pratiques agricoles (zaï, cordons pierreux).
La réalisation communautaire des activités de
foresterie au niveau des camps, des villages locaux, des plantations d'arbres
le long des routes et des canaux d'irrigation ; la construction de prises
d'eau, de barrages-déversoirs fixes, de terrasses ou de diguettes de
rétentions participent à la préservation des sols et des
ressources en eau. Des techniques alternatives de traitement des
déjections humaines devraient être utilisées dans la mesure
du possible, telles que la production de biogaz et sa transformation en engrais
organique. De même, les dispositifs de collecte et de stockage des eaux
de ménages peuvent permettre leur acheminement vers des jardins potagers
ou des arbres. Afin de compenser la faible production agricole dans certaines
zones d'accueil de réfugiés, il convient d'accompagner les
réfugiés par le développement d'activités
génératrices de revenus chez les femmes surtout en leur octroyant
des fonds de roulement (UICN, 2005).
.SUR LE PLAN LOGISTIQUE ET SANITAIRE
Travailler à limiter les allées et venues
inutiles et optimiser l'utilisation des véhicules vides : les divers
organismes de mise en oeuvre devraient coordonner et optimiser l'utilisation
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
74
de ces véhicules, y compris les livraisons de
ravitaillement, afin de limiter les besoins en matière de transport. De
plus, lorsqu'un équipement lourd est utilisé, il convient
d'éviter absolument les terrassements abusifs ou une destruction
étendue de la couverture végétale du sol. Au contraire, la
présence d'arbres et d'arbustes doit être respectée autant
que possible lors de la construction des routes et des autres infrastructures.
Les facteurs topographiques doivent également être pris en compte,
les terrassements se faisant en suivant les lignes de niveaux. L'emplacement
des lieux d'habitation doit permettre de maintenir en place le plus de
végétation existante possible.
Réduire à la source les emballages inutiles et
évacuer ces déchets là où ils pourront être
recyclés et/ou éliminés dans un site d'enfouissement
géré à plus long terme. Les déchets de construction
doivent être recyclés ou éliminés dans les
règles. Règlementer autant que possible, les activités
génératrices de revenus car elles sont parfois une source
excessive de nuisances diverses, telles que fumée, suie ou bruit, au
point de porter atteinte à la qualité de vie des personnes
demeurant à proximité. Même s'il est surtout important de
percevoir que, de manière générale, la multiplication des
opportunités de revenus peut permettre de réduire les impacts des
réfugiés sur l'environnement.
Après la phase de soins et d'entretien, vient la phase
de solutions durables, où il est essentiel de veiller à la
restauration des sites d'accueil des réfugiés après leur
rapatriement, aux soucis environnementaux posés par l'intégration
des réfugiés dans le pays hôte ou la
réintégration des rapatriés dans leurs propres pays
d'origine. Egalement, des précautions spéciales sont de mises en
ce qui concerne tous les déchets dangereux tels que les déchets
d'origine médicale, les récipients ayant contenu des pesticides
et les produits chimiques périmés ou usagés. Le plan de
gestion des déchets devrait comporter en bonne place la mise en oeuvre
d'un programme d'application des « 3 R » (réduire,
réutiliser, recycler) et il est préférable d'instituer si
possible l'utilisation de moyens de lutte non chimiques. Enfin, oeuvrer
à ce que les éléments potentiellement dangereux, tels que
les logements abandonnés, les fosses des latrines ou les zones
d'enfouissement des déchets, soient démontés et
évacués en toute sécurité ou traités selon
les règles en usage (HCR, 2005).
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
75
V-2-2 : APPROCHE GLOBALE DANS LE CADRE DE CETTE ETUDE
POUR LA PREVENTION DES PROBLEMES ENVIRONNEMENTAUX DUS AUX REFUGIES EN AFRIQUE
DE L'OUEST
La résolution des problèmes environnementaux
doit être approchée en veillant à l'entière
participation de toutes les parties concernées, surtout sur les
modalités de l'interdépendance entre les opérations d'aide
aux réfugiés et les pratiques locales de gestion des ressources.
En effet, les désaccords qui apparaissent parfois entre
réfugiés et autochtones peuvent plus facilement être
dissipés si l'on veille à ce que les deux communautés
soient représentées au moment des prises de décision
concernant l'environnement. Au cours du processus de consultation des diverses
parties concernées à l'échelle local, une attention toute
particulière doit être donnée aux catégories les
plus démunies et vulnérables (femmes et personnes
âgés) de la population réfugiée comme des
communautés autochtones. Ces groupes humains sont ceux qui ressentent le
plus les répercussions écologiques liées à la
présence des réfugiés, bien que leurs voix soient rarement
entendues ou même prises en considération.
Par ailleurs, les activités du HCR doivent se plier
à la législation et à la réglementation locale en
matière d'environnement. Si cette législation est faible ou
inexistante, par exemple en ce qui concerne l'utilisation de pesticides
toxiques, les activités du HCR devraient, en principe, se conformer aux
normes universellement reconnues qui s'appliquent. A cela s'ajoute le fait que
la constitution d'une équipe d'urgence spéciale dévolue
à l'environnement est considérée déterminante pour
la promotion et le suivi de la coordination à l'échelle locale.
La formation du personnel des équipes d'urgence se doit de rappeler les
principes de base en matière d'environnement et d'examiner les questions
fondamentales qui se posent pendant la phase d'urgence, telles que le choix des
sites et leur organisation spatiale interne. Leurs interventions en temps
opportun et leur présence permanente sont à même de
contribuer à prévenir et à limiter les atteintes à
l'environnement. Ces problèmes environnementaux de premières
heures peuvent avoir des impacts à long terme qui sont
irréversibles.
Le HCR et les gouvernements ont l'obligation de promouvoir la
préservation et la réhabilitation de l'environnement sur le
terrain en se fixant des objectifs, des priorités et des politiques ; en
encadrant la conception et la mise en oeuvre des projets environnementaux et en
coordonnant les actions de toutes les parties concernées. Les
préoccupations environnementales devraient être incorporées
dans l'ensemble des directives et manuels sectoriels, conformément aux
politiques environnementales établies par le HCR. Par ailleurs, il est
crucial, dès le début de chaque opération, de sensibiliser
les bailleurs de fonds à l'existence d'éventuels problèmes
environnementaux. Des fonds bilatéraux d'aide au développement
destinés à l'environnement doivent être localisés et
examinés quant à leur
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
76
utilisation possible dans le cadre de programmes nationaux ou
de programme du HCR. Enfin, maintenir autant que possible l'entente entre les
communautés à l'intérieur des camps, travailler à
la sécurité des agents humanitaires et à
l'éradication des abus sexuels de femmes réfugiés par
certains personnels humanitaires.
V-2-3 : CONSIGNES SPECIALES SUR LES IMPACTS
ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AU BURKINA FASO
De façon spécifique, dans la région du
Sahel Burkinabé, il y a un besoin urgent :
D'encourager des actions de formation des producteurs
(autochtones surtout) dans les techniques de prélèvement des
ressources fourragères (herbacées et ligneuses) en relation avec
la quantité de fourrage pour la préservation durable de
l'environnement. Ces formations devraient être associées à
des modules de renforcement des capacités des éleveurs
(autochtones et réfugiés) à s'organiser pour une meilleure
exploitation et gestion du fourrage dans les zones de pâture des
sites/camps. Le renforcement des capacités est aussi important aussi
bien chez les autochtones que chez les réfugiés et même
chez les agents techniques en charge de l'encadrement des communautés
dans les sites d'accueil. Des actions d'organisation efficiente de la mise sur
le marché des SPAT très prisés en saison sèche
ainsi que des formations pour leur utilisation sont nécessaires pour une
valorisation optimale du cheptel.
L'élevage est la base de survie des éleveurs
réfugiés dont la plupart ne pratiquent pas l'agriculture et ont
perdu une bonne partie de leurs animaux lors de leur déplacement. Le
renforcement de programmes (la reconstitution du cheptel et la lutte contre la
malnutrition basée sur la dotation de petits ruminants comme les
chèvres laitières aux couches les plus vulnérables au
niveau des camps) par la FAO, l'ONG Reach Italia et le HCR devrait être
envisagé avec plus de moyens et une meilleure implication des
réfugiés particulièrement sur l'entraide et la
solidarité. En outre, des efforts des services techniques de la
région du Sahel doivent être portés sur l'intensification
de la vaccination (PPCB, pasteurellose, charbon symptomatique, etc.), le
déparasitage et divers traitements curatifs à l'antibiotique.
Enfin, il conviendrait d'apporter un appui technique aux
communautés pour assurer une bonne gestion et la durabilité des
ouvrages hydrauliques déjà réalisés par les
populations locales (mares, boulis, forages, puisards, micro-barrages et
retenues). De même qu'il est essentiel d'avoir à long terme des
indicateurs pour assurer une bonne suivie des ressources naturelles dans les
trois provinces concernées, mieux que des parcelles d'observation soient
établies en nombre suffisant sur les zones de fréquentation des
animaux afin de recueillir et d'apprécier les paramètres
climatiques les plus importants. Toutefois, Il n'est pas habituellement
possible de réparer entièrement les atteintes subies par la zone
d'accueil avant
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
77
le départ des réfugiés (UNHCR, 2013).
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest32.png)
Toutes ces recommandations ont pour fondements un
préalable : la mise en place et le renforcement d'une coordination entre
les acteurs humanitaires (partenaires financiers, organisations
internationales) et les autorités locales (services techniques
déconcentrés).
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
78
CONCLUSION PARTIELLE
Les analyses menées sur les conditions d'accueil et les
impacts environnementaux des réfugiés de conflits dans les trois
pays d'étude (Guinée, Accra et Burkina Faso),
révèlent que la prise en charge de ces migrants demeure un souci
majeur pour beaucoup de pays ouest africains. La gestion des
réfugiés nécessite des moyens colossaux à court
terme, mais avec le temps, leur présence peut contribuer au
développement des pays hôtes. Aujourd'hui, les
réfugiés de conflits sont en nombre croissant dans la
sous-région et il est plus que nécessaire de travailler à
asseoir la paix et des institutions judiciaires fortes dans nos pays.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
79
CONCLUSION GENERALE
La réflexion menée autour des évaluations
des impacts sur l'environnement des réfugiés de conflits a suivi
le cheminement établi au préalable et ce, sans embûches
particulières. Toutefois, nous notons l'inaccessibilité à
certains rapports clés du HCR pour mieux illustrer les effectifs de
réfugiés et localiser d'autres cas de dégradation de
ressources naturelles et humaines autour des sites d'accueil. A cela s'ajoute
l'impossibilité de joindre des spécialistes qui auraient pu
apporter leur témoignage et leur expertise sur la question de
dégradation environnementale en Afrique de l'Ouest. Cependant, le
premier obstacle a été franchi grâce aux rapports d'autres
institutions dépendant des Nations Unies. Nos lectures des ouvrages
officiels de chercheurs burkinabés et français ont permis de
relever le second obstacle. Les réfugiés étudiés
dans les trois pays d'accueil (Guinée, Ghana et Burkina Faso) avaient
souvent connu un premier déplacement interne avant de quitter leur
pays.
Afin d'illustrer par trois exemples de cas d'investigation ce
que c'est qu'une EIE (Etude d'Impact Environnemental) de réfugiés
de conflits, les choix d'une évaluation des conditions d'accueil des
réfugiés en milieu urbain ou rural et d'une appréciation
des modes de vie des réfugiés ont été
nécessaires. Ils ont permis d'apprécier trois contextes
différents auxquels est confronté le quotidien des
réfugiés. La description puis l'analyse des résultats de
ces choix ont été sources de compréhension du processus de
dégradation environnementale par les différentes populations
particulièrement dans un contexte de vulnérabilité des
écosystèmes dans la sous-région. Se préoccuper de
l'exploitation des ressources locales et de la façon dont celles-ci
résistent ou s'adaptent aux pressions créées par une
augmentation soudaine de populations dans les zones accueillant les
réfugiés peuvent fournir des indices précieux en ce qui
concerne la nature et l'ampleur des changements dans l'environnement. Elle nous
donne également des enseignements sur le meilleur moyen de faire face
à de telles transformations lorsqu'elles sont socialement,
économiquement et écologiquement indésirables.
Les actes posés par les réfugiés de
conflits en Guinée, au Ghana et au Burkina Faso se sont
avérés multiples tant dans leur nature que dans leur
étendue spatiale et ont eu un impact sur la vitalité des
ressources naturelles renouvelables. En effet, après l'installation des
différents réfugiés, on assista à une augmentation
de la déforestation et du braconnage en Guinée ; à un
problème d'assainissement et une expropriation des terres villageoises
par l'Etat au Ghana ; une dégradation de sols, de végétaux
et points d'eau au Burkina Faso. Ainsi, l'hypothèse selon laquelle les
réfugiés de conflits ont un impact négatif sur les
ressources
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
80
naturelles renouvelables est confirmée. En ce qui
concerne les disputent entre réfugiés et autochtones, les
conflits entre Guerzés et Mandingues en Guinée, entre les chefs
traditionnels à Buduburam et récemment à Sanyonyongo au
Burkina Faso entre réfugiés et villageois, attestent de la
dégradation possible des relations entre populations dans les pays
hôtes. Les activités agro-pastorales et génératrices
de revenus indispensables à l'épanouissement des
réfugiés sont surtout des sources de mésententes car les
ressources naturelles accessibles sans grande technologie se font rares. Ainsi,
est confirmée l'hypothèse selon laquelle le séjour
prolongé des réfugiés peut porter atteinte à la
paix et à la cohésion sociale dans les pays hôtes.
Toutefois, si l'objectif principal de cette étude est de montrer les
atteintes environnementales dues à la présence de
réfugiés, il convient d'attirer l'attention sur le fait que
certaines régions présentent des risques naturels susceptibles de
mettre en péril la santé des réfugiés. Il peut
s'agir de maladies endémiques, de niveaux élevés de
pollution de l'eau ou de l'air ou de la présence de substances toxiques
ou radioactives dans le sol. La mise au point d'un plan spécifiquement
attaché au site permet de prévenir les impacts environnementaux
irréversibles.
Ces trois types de lieux d'étude correspondent à
des pôles d'accueil de réfugiés de longues dates, mais
aussi à une diaspora ouest africaine très variée. Les
différentes orientations de recherches probables de cette étude,
malgré leurs spécificités, permettraient de
réfléchir aux lieux investis par les différents
réfugiés en tant qu'anciens migrants forcés, à la
possible tension entre des lieux de vie et d'habitude, des lieux d'initiative,
de projet et d'attachement. Dans les champs possibles de la recherche
persisterait ainsi le souci de poursuivre la réflexion sur les rapports
entre réfugiés, autochtones, lieux, cultures, activités et
conflits. Si ce mémoire de master venait à être
reçu, nous envisageons poursuivre en thèse, une étude sur
les impacts environnementaux des réfugiés maliens dans le sahel
burkinabé focalisée sur une approche géographique et
culturelle. En effet, au Burkina Faso, l'environnement est une donnée
importante tant économiquement que socialement. Sa dégradation
constitue donc un problème préoccupant tout le monde et cela,
à quelque niveau que ce soit. De ce fait, il est utile de
déterminer l'ampleur de la dégradation environnementale
causée par les réfugiés maliens au pays des hommes
intègres, présenter les secteurs les plus affectés et
proposer des solutions pour remédier à ces dommages. En outre,
dans la dégradation de l'environnement au sahel, les facteurs
anthropiques occupent souvent une large part du fait que le
phénomène migratoire véhicule généralement
des pratiques culturales et pastorales nuisibles à la nature. Ce constat
n'écarte nullement l'éventualité d'une part active des
autochtones dans la dégradation de cette nature.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
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IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
88
ANNEXES
Quatre « système de conflit » sont ainsi
distinguées dans cette étude : le complexe conflictuel de
l'espace géopolitique constitué par les pays de l'Union du Fleuve
Mano (UFM), qui regroupe la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Liberia
et la Sierra Leone ; le système de conflits de la zone
sénégambienne, dont l'épicentre se situe sur la
région sénégalaise de la Casamance, frontalière de
la Gambie et de la Guinée Bissau ; le système de conflits dans le
domaine sahélo-saharien qui englobe les zones frontalières qui
vont de la Mauritanie à l'Algérie et du Mali au Niger ; enfin, le
complexe conflictuel du golfe de Guinée qui a pour épicentre la
zone du Delta du Niger avec un prolongement sur la péninsule de Bakassi
au Cameroun. Il est à noter que chacun des quatre « systèmes
de conflits » s'inscrit dans des complexes régionaux plus larges,
à dimension régionale, caractérisés par des
dynamiques sécuritaires et des acteurs communs (M. Massaër Diallo,
2008).
Carte 8 : les différents bureaux du HCR en Afrique de
l'Ouest
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest33.png)
Source : UNHCR, 2012
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
89
LISTE DES ILLUSTRATIONS LISTE DES CARTES
Carte 1 : climat et perspectives climatiques en Afrique de
l'Ouest 17
Carte 2 : foyers Linguistiques et Aires d'extension en Afrique de
l'Ouest 22
Carte 3 : carte de la Guinée Conakry 28
Carte 4 : vagues d'arrivées de réfugiés en
Guinée Forestière entre 1990-1991 31
Carte 5 : plan de Buduburam et inégale repartition des
libériens à Accra 39
Carte 6 : camps de réfugiés dans le sahel
Burkinabé 45
Carte 7 : répartition des camps de réfugiés
en Guinée Conakry 54
Carte 8 : les différents bureaux du HCR en Afrique de
l'Ouest 88
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : croissance et structure démographique en
Afrique de l'Ouest 21
Figure 2: arrivées des différents
réfugiés de conflits et exilés ghanéens à
Accra entre 1990 et 2009
40
LISTE DES PHOTOS
Photo 1 : extraits de presse ghanéenne montrant
l'arrivée de réfugiés libériens à Accra
38
Photo 2 : extraits de presse ghanéenne sur des dons
humanitaires aux réfugiés libériens à
Accra 42
Photo 3 : compétition pour l'accès à l'eau
autour d'un puits busé 48
Photo 4 : chargement de bois en provenance de la forêt
classée de Nassoumbou 51
Photo 5 : défrichement du bec de canard au Sud de
Guéckédou pour l'agriculture 57
Photo 6 : affiche de mise en garde du HCR aux
réfugiés contre les élections à Accra 62
Photo 7 : colmatage du sol autour de la mare d'Oursi 66
Photo 8 : déchets plastiques jetés dans un drain
autour du camp de Mentao 67 LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : cadre opératoire 8
Tableau 2 : des problèmes environnementaux majeurs dans
quelques pays ouest africains....19
Tableau 3 : traitement et analyse de la revue de
littérature 25
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
90
Tableau 4 : arrivées des quatre premières vagues
de réfugiés en Guinée forestière 29
Tableau 5 : aperçu général de trois des
dernières petites vagues de réfugiés en Guinée
32
Tableau 6 : programme d'assistance aux réfugiés
libériens et sierra léonais en Guinée, 1990-
1995 36
Tableau 7 : effectifs du bétail résidents par
site dans le Sahel burkinabé 48
Tableau 8 : besoins alimentaires du bétail de
réfugiés dans le Sahel burkinabé 49
Tableau 9 : sources d'approvisionnement en bois énergie
des populations du Sahel 50
Tableau 10 : lieux d'approvisionnement en énergie des
populations dans la région du Sahel 65
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
91
TABLE DES MATIERES
DEDICACE i
REMERCIEMENTS ii
SOMMAIRE iii
RESUME iv
SIGLES ET ABREVIATIONS v
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : LE CADRE THEORIQUE ET LA
METHODOLIGIE DE
L'ETUDE 4
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
5
I-1 Problématique 5
I-2 : Cadre logique et clarification des concepts 6
I-2-1 : Cadre opératoire 6
I-2-2 : Clarification des concepts 9
II: Caractéristiques de l'environnement physique et humain
en Afrique de l'Ouest 16
II-1: description de trois paramètres principaux pour
évaluer le « risque de dégradation
des ressources naturelles » en Afrique de l'Ouest 16
II-1-1 : Le climat et ses fluctuations 17
II-1-2 : Les types de sols 18
II-1-3 : Les écosystèmes 19
II-2 : Les aspects humains 21
II-2-1 : Populations et langues en Afrique de l'Ouest 21
II-2-2 : Religions et activités agricoles 23
CHAPITRE II : METHODOLOGIE DE L'ETUDE 24
II-1 : L'approche méthodologique de la recherche 24
II-2 : La recherche documentaire 24
II-3 : Le traitement des données 25
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
92
CONCLUSION PARTIELLE 26
DEUXIEME PARTIE : LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES
REFUGIES
DE CONFLITS EN AFRIQUE DE L'OUEST 27
CHAPITRE III : CONDITIONS D'INSTALLATION ET MODES DE VIE DES
REFUGIES DANS TROIS PAYS OUEST AFRICAINS : LA GUINEE CONAKRY, LE GHANA ET LE
BURKINA FASO 28
III-1 : Arrivées et installations des
réfugiés libériens et sierra léonais en
Guinée 28
III-1-1 : Arrivées des différentes vagues de
réfugiés en Guinée 29
III-1-2 : Installation des réfugiés en
Guinée 33
III-1-3 : Modes de vie des réfugiés en
Guinée 33
a) La vie des réfugiés vivant au sein des
populations locales 34
b) Mode de vie des réfugiés à
l'intérieur des camps 35
III-2 : Accueil et établissement des
réfugiés libériens à Accra 37
III-2-1 : Le modèle d'accueil ghanéen : un
encadrement des réfugiés 37
III-2-2 : Les limites de l'accueil des réfugiés
à Accra 40
III-2-3 : Prise en charge des réfugiés
libériens à Accra 41
III-2-4 : Modes de vie des réfugiés
libériens à Accra 43
III-3 : Conditions d'installation et modes de vie des
réfugiés maliens dans le sahel
burkinabé 44
III-3-1 : Installation et relocalisation des
réfugiés maliens dans le sahel burkinabé 45
III-3-2 : Repartition du cheptel des réfugiés et
des autochtones dans le sahel burkinabé 47
III-3-3 : Les sources d'approvisionnement en eau,
nourriture et énergie domestique des
réfugiés maliens 48
CHAPITRE IV : LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES
DE
CONFLITS EN AFRIQUE DE L'OUEST 52
IV-1 : Les impacts environnementaux des réfugiés
libériens et sierra léonais en Guinée 53
IV-1-1 : Les impacts biophysiques des réfugiés
53
a) Les impacts sur les ressources fauniques,
végétales et hydriques 55
b) Les impacts des réfugiés sur les ressources
foncières 56
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
93
IV-1-2 : Les impacts humains des réfugiés en
Guinée 58
c) Les impacts sanitaires 58
d) Mésententes entre populations autochtones et
réfugiés 58
IV-2 : Les impacts environnementaux des réfugiés
libériens à Accra 59
IV-2-1 : Les impacts des réfugiés libériens
sur le milieu biophysique à buduburam 60
a) Impact du camp de buduburam sur les ressources
foncières 60
b) L'Assainissement 60
IV-2-2 : Impacts humains des réfugiés à
buduburam 60
c) Conflits fonciers entre autorités locales à
buduburam 61
d) Les impacts socio-politiques des réfugiés
à Accra 61
e) Insécurité au camp de buduburam 62 IV-3 : Le
risque environnemental représente par l'arrivée des
réfugiés maliens en 2012 au
burkina faso 64
IV-3-1 : Les impacts biophysiques des réfugiés
maliens dans la région du sahel au Burkina Faso..64
a) Impacts des réfugiés sur les ressources
végétales et foncières 65
b) Impacts des réfugiés sur les ressources
hydriques et fauniques 66
c) Mauvaise assainissement et planning autour des camps de
réfugiés 67
IV-3-2 : Impacts humains des réfugiés dans le
sahel burkinabé 68
d) Mésententes entre populations locales et
réfugiés 68
e) Insécurité et forte spéculation dans la
région du sahel 68
CHAPITRE V : ASPECTS POSITIFS LIES A LA PRESENCE DE REFUGIES ET
PERSPECTIVES FACE AUX IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DE CES
POULATIONS EN AFRIQUE DE L'OUEST 70
V-1 : Conséquences positives dues à la
présence de réfugiés 70
V-2 : Recommandations pour une meilleure atténuation des
impacts environnementaux
des réfugiés en afrique de l'Ouest. 71
V-2-1 : Recommandations HCR 71
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
94
CONCLUSION PARTIELLE 78
CONCLUSION GENERALE 79
BIBLIOGRAPHIE 81
ANNEXES 88
LISTE DES ILLUSTRATIONS 89
TABLE DES MATIERES 91
Tel : 226-70-79-98-40
Email :
abdouyela.1@gmail.com
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