Les paradigmes des sciences
nouvelles
Les sciences nouvelles se trouvent dans deux paradigmes
épistémologiques selon Le Moigne : Le paradigme
computo-symbolique et le paradigme neuro-
cybernétique. Le programme de recherche computo-symbolique va se
proposer des modèles simulables de systèmes de
traitement intentionnel de symboles. La question qui se pose est celle de
savoir comment modéliser la complexité de la communication
humaine.
Ces représentations construites permettent parfois de
déterminer une ou des « bonnes
réponses »intelligentes, c'est-à-dire
téléologiques. Ce paradigme recouvre « le
discours sur la méthode des études de notre temps » de
G. B. Vico (1708), les « textes anticartésiens » de
C. S. Peirce (1870), et l' « empire
rhétorique » de C. Perelman (1977).
Lessciencesdel'artificielles de H. A. Simon proposent une
épistémologie de la conception (the science of Design)
qui fonde les sciences de l'ingénierie. Qu'on s'en réfère
en priorité à Herbert Simon qui a publié en 1969 (et
complété en 1981), sous le titre Sciences des
systèmes, ou sciences de l'artificiel; lire en particulier, le
chapitre central qu'il y consacre à la science de la conception :
une formulation de référence, une matrice conceptuelle,
réfléchie et justifiée avec cohérence comme l'est
le cadre positiviste ou neo-positiviste.
Les sciencesdessystèmes constituent des
nouvelles sciences en tant que modélisation des
systèmes vivants et des systèmes artificiels; ce groupe se
compose de la cybernétique (modélisation de la
complexité des phénomènes humains, qui se popularise avec
le concept d'organisation -voir Edgar Morin dans La nature de la
nature) ;le paradigme structuraliste avec sa double
composante d'une part fonctionnaliste (en tant que comportement
synchronique d'un système) et, d'autre part, historiciste
(concernant la théorie et les interprétations diachroniques des
transformations morphologiques internes d'un système). Ces composantes
peuvent être considérés soit séparément soit
ensemble ; Jean Piaget en dégage quelques branches, telle que la
psychologie sociale ou la psychothérapie systémique constituant
une partie de la pragmatique de la communication. Ce modèle
cybernétique est dès maintenant appliqué en Anthropologie,
dans la psychosociologie, dans la psychologie cognitive (notamment chez
Bateson), en linguistique et en économie. Nous pouvons situer
également John Searle aujourd'hui.
Chez Gregory Bateson et l'école de Palo Alto
(école invisible) lapragmatiquedelacommunication fonctionne
dans la visée d'une psychanalyse et d'une chimiothérapie, pour
l'analyse des énoncés à risque, telle la
théorie du double-lien. Elle postule le fait que toute communication
est complexe et se développe à deux niveaux : contenu et
relation. Faute d'intégration harmonieuse de ces différents
niveaux, leurs paradoxes peuvent générer des troubles
schizophréniques dont la thérapie nécessite l'intelligence
de ces communications paradoxales et peut se passer de la cure psychanalytique
ou de la chimiothérapie. Le problème qui se pose est toujours
celui de savoir comment modéliser cette complexité
communicationnelle, qui est à la fois action d'échanger
et résultat actif de cette action, productive
d'elle-même, de l'intelligence réfléchie ou
auto-référentielle.
Gregory Bateson propose à ce sujet, à partir de
1969, une épistémologie de l'information qui fonde les
sciences de la communication et qui constitue aujourd'hui, grâce
notamment aux recherches de Paul Watzlawick (1981,1988) et d'E. Von Glaserfeld
(1987), une des contributions les plus décisives aux constructivismes
contemporains. Edgar Morin propose, quant à lui, à partir de 1977
une épistémologie de la complexité qui fonde les
sciences de l'organisation.
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