La persistance des sciences sociales coloniales en Afrique( Télécharger le fichier original )par Jean Barnabé MILALA LUNGALA Université de Kinshasa RDC - Doctorat 2009 |
La position conventionnalisteA l'opposé, le nominalisme ou conventionnalisme n'est pas une position déterministe. Cette position est celle qui se développe aujourd'hui de plus en plus, elle était déjà nourrie par la praxéologie (la théorie de l'action) depuis Max Weber. Ce seraient les êtres humains et non les lois de la nature qui feraient que la réalité sociale est telle qu'elle est et qu'elle fonctionne comme elle fonctionne en se fondant notamment sur leur univers mental, les interactions et leur propre langage ,constituant ensemble les structures de la réalité sociale. Les individus ,pour ainsi dire, deviennent leur propre réalité, contribuant ainsi à « construire » le monde dans lequel ils vivent, un monde en quelque sorte « négocié » collectivement de manière plus ou moins délibérée et ayant un sens pour eux. 221(*) Lieux communs et question de la reconstruction des sciences sociales africainesEn sociologie ,de part et d'autre de ce deux visions, la « réalité sociale » reste constituée, comme nous venons de le dire, du langage ou des actes de parole, du mental (de l'univers mental) et des inter(actions). Ce sont un ensemble d'action collective et de mentalité collective : les règles financières, les mythes, les règles morales, etc. Seulement, au point de vue théorique, si cette réalité sociale dépend des lois de la nature, elle dépend d'une totalité formelle qui n'a rien avoir avec les personnes en chair et en os. C'est ce qui découle de la coupure épistémologique de tradition des sciences sociales classiques avec Emile Durkheim. La société n'est pas une somme des individus mais une réalité sui generis. Cette définition du concept de « société » en sociologie classique est une définition syntaxique, c'est-à-dire abstraite et structurale. La sociologie durkheimienne pose un problème aujourd'hui de part son approche syntaxique de base parce que la « réalité sociale » se coupait de l'intentionnalité des acteurs (des parties du Tout). C'est la question de la totalité concrète et celle de la détotalisation qui est posée. Le concept de « société » en sociologie classique a été défini du point de vue syntaxique et sémantique comme une « totalité » avec Emile Durkheim. La société renvoie ici à la notion de Tout, à la totalité, au système, à la structure (et aux approches subséquentes : fonctionnalisme, structuralisme, systémique et cybernétique), qu'à ses parties en tant qu'agents ou acteurs (aux approches actionnistes et constructivistes). La conception classique des sciences sociales ce que c'est le chercheur qui construit la « réalité sociale » à partir de la primauté abstraite de la totalité alors le modèle dominant constructiviste veut que l'agent lui-même construise la réalité. Aujourd'hui, une définition pragmatique (voir le tournant pragmatique en sciences sociales) de concepts de « société » renvoie au monde social tel que vécu, une totalité concrète, le monde vécu, tel que l'acteur ordinaire construit la réalité sociale. La question théorique est celle de savoir comment repenser la syntaxe et la sémantique de la question sociale à la base de la pragmatique et du cognitivisme ? C'est le dépassement de l'approche structuro-fonctionnaliste vers des approches actionnistes. Au demeurant, disons que les chercheurs oscillent toujours entre ces deux pôles. La sémantique est partie d'une approche proto-physique vers le structuralisme linguistique avec des auteurs comme Claude -Levi Strauss, pour finalement se fixer en logique. Il s'agit d'une double question principale hautement épistémologique, celle de savoir : Comment sont produites les connaissances scientifiques en sciences sociales, i.e., en sociologie, en psychologie sociale, en science politique et autres sciences économiques, et quelles sont les structures profondes du langage des sciences sociales ? La question secondaire est celle de la construction sémantique des sciences sociales et son dépassement ? Ces questions aideraient à coup sûr pour une révision des concepts centraux des sciences sociales africaines profondément ancrées dans une science sociale élaborée à un moment donné en Occident. Ce qui est intéressant c'est de savoir le rôle que jouent les sciences du langage en sciences sociales, spécialement la phonologie, la sémantique, la pragmatique et la sémiotique. C'est le rôle épistémologique de moyen théorique de production de connaissance. La sémantique, la pragmatique, la phonologie jouent un grand rôle dans la production de connaissance en sciences sociales. Par exemple, le structuralisme lévi-straussien est fondé sur la phonologie comme modèle de la « réalité sociale ». Comme on peut le constater, dans notre hypothèse et dans notre méthodologie dans ce vaste travail de reconstruction des sciences sociales africaines, nous allons préciser ces termes, tenir compte des structures profondes du langage, de l'action et du mental, qui supposent une reconstruction utilisant les outils linguistique mais aussi logique par delà la philosophie de la nature, i.e. la proto-physique comme chez Emile Durkheim. Pour synthétiser, c'est dans la sémiotique que l'on trouve toutes réunies la syntaxe, la sémantique et la pragmatique. On peut délimiter, à l'intérieur de la sémiotique, différents niveaux d'analyses et le domaine d'application qu'elle correspond. Chez Charles Sander Peirce développe la sémiotique est une théorie générale de signification. La sémiotique est conçue comme le fondement même de la logique, la science des lois générales nécessaires des signes, i.e. la science des structures profondes de langage des sciences sociales. Elle est prise comme architectonique en sciences sociales. * 221Ibidem. |
|