i
REMERCIEMENTS
Ce travail n'aurait pas pu se réaliser sans l'aide
et la contribution de plusieurs personnes à qui j'adresse mes
sincères remerciements :
- Je tiens à remercier Docteur Daniel X.
RAMAMPIHERIXA, Directeur de l?Institut Halieutique et des Sciences
Marines de Toliara, d'avoir autorisé la réalisation de ce
travail.
- Je ne saurais oublier d'adresser mes
remerciements à Docteur Tsarahevitra JARISOA pour ses apports,
encouragements et surtout son encadrement tout au long de ce travail.
- Ma reconnaissance va aussi à Docteur Jacqueline
RAZANOELISOA, Responsable pédagogique à l'Institut Halieutique et
des Sciences Marines, dont le soutien constant tout au long de mon cursus
universitaire et les précieux conseils m'ont énormément
aidé.
- J'adresse aussi mes sincères remerciements
à tous les Enseignants Chercheurs de l'
IH. SM pour la qualité de
la formation qu'ils ont dispensé.
- Je ne saurais oublier Monsieur Jocelyn RAXOTOMALALA,
Directeur Inter Régional de Madagascar National Parks, Toliara de
m'avoir donné l'autorisation de réaliser ce travail au sein de
Madagascar National Parks, surtout ses importants appuis et conseils qui
m'avaient beaucoup aidé dans la réalisation de ce
mémoire.
- Je remercie également Madame Domoina
RAXOTOMALALA, Chef de Service Appui Scientifique au sein de Madagascar National
Parks qui m'a beaucoup encouragé et aidé par ses conseils et ses
apports dans la réalisation de ce travail.
- Il me tient à coeur de remercier aussi Madame
Jeanine RASOARIMANANA, Chef de Service Appui Technique au sein de Madagascar
National Parks dont ses apports , aides et conseils sont capitaux pour
l'amélioration de ce travail.
- Ma reconnaissance et amitié vont à toute
l?équipe de Madagascar National Parks Toliara,
particulièrement l'équipe du Parc Tsimanampesotse avec laquelle
une ambiance fraternelle a pu être partagée ayant stimulé
l'avancement de mon travail.
- Mes remerciements vont aussi à tous les amis
pêcheurs, particulièrement les personnes ressources des communes
rurales de Beheloke, Itampolo et Androka.
- Je ne saurais oublier aussi de remercier ma famille,
surtout ma mère pour ses aides morales et financières, surtout
les conseils durant la réalisation de ce travail.
- A la mémoire de mon père qui avait tout
donné dans sa courte vie pour que ses enfants soient courageux.
- Je ne saurais terminer sans adresser ma gratitude
à ceux qui ont contribué de près ou de loin à la
réalisation de ce mémoire.
ii
RESUME
Cette étude a pour objectif l'analyse des aspects
socio-économiques et bio-écologiques du littoral sud de Toliara
afin d'identifier une meilleure approche pour la création de l'APM Nosy
Ve-Androka, d'élaborer un plan d'aménagement bien concerté
par les utilisateurs des ressources marines, de s'assurer que l'APM soit
représentatif de la région et constitue un outil de
développement durable.
La zone est occupée principalement par deux groupes
ethniques : les « Vezo » qui vivent de la pêche et les «
Tanalana » qui sont des agro-éleveurs et s'adonnent davantage
à la pêche. La pêche est une activité principale des
90% de la population. Toutefois, d'autres activités sont
développées en tant qu'activités alternatives : aux
environs de 21% des pêcheurs pratiquent l'agriculture en activité
secondaire et 7% l'élevage.
La santé des récifs coralliens varie selon les
types géomorphologiques. Les différences entre les milieux marins
en terme de vitalité a été remarquée: les hauts
fonds ont une vitalité excellente ; les pentes externes, les passes ont
une vitalité moyenne et le platier est un milieu
dégradé.
Mots clés : APM, création,
aménagement, ressources marines.
SUMMARY
This study aims at analyzing the socio-economic and
bio-ecological of the shoreline south of Toliara in order to identify a better
approach to the creation of the MPA Nosy Ve-Androka, to develop a management
plan coordinated by the users of marine resources and to ensure that the MPA is
representative of the region and is a tool for ensuring sustainable
development.
The area is mainly occupied by two ethnic groups: the "Vezo"
who live by fishing and the "Tanalana" which are agro-pastoralists and become
more engaged in fishing. Fishing is the main activity of 90% of the population.
However, other activities considered as alternative activities are developed:
around 21% of fishermen are engaged in agriculture and 7% in breeding as
secondary activities.
Differences between marine zones in terms of vitality were
noted: the shallows have a great vitality, the outer slopes and the passes have
an average vitality while the reef is a degradedenvironment.
Key words: MPA, creation, management, marine
resources
iii
TABLES DES MATIERES
INTRODUCTION 1
1. MATERIELS ET METHODES 3
1.1. Localisation de la zone d'étude 3
1.2. Recherches bibliographiques 5
1.2.1. Inventaire des études réalisées dans
la zone 5
1.2.2. Synthèse des résultats des études
5
1.2.2.1. Synthèse des données
socio-économiques 5
1.2.2.2. Synthèse des données
bio-écologiques 5
1.3. Identification des lacunes en données et proposition
des études complémentaires 6
1.4. Travaux de terrain pour des études
complémentaires 6
1.4.1. Etude socio-économique 6
1.4.1.1. Collecte des données sur terrain 6
1.4.1.2. Méthode d'analyse des données
socio-économiques 11
1.4.2. Etudes biologiques 11
1.4.2.1. Codification 11
1.4.2.2. Echantillonnage 12
1.4.2. 3. Traitements et analyses des données
bio-écologiques 13
2. RESULTATS 16
2.1. Analyse de la situation socio-économique 16
2.1.1. Situation sociale 16
2.1.1.1. Peuplements et populations 16
2.1.1.2. Infrastructures sociales 18
2.1.1.3. Potentiel associatif 20
2.1.1.4. Migration 20
2.1.1.5. Aspects culturels et cultuels 21
2.1.1.6. Relations sociales 22
2.1.1.7. Problèmes sociaux 23
2.1.1.8. Organisations spatiales et sociales de la
société 23
2.1.2. Contexte économique 24
2.1.2.1. Activités des communautés 24
2.1.2.2. Dynamisme économique lié à la
spécialisation halieutique 25
2.1.3. Pêche traditionnelle dans la zone 27
2.1.3.1. Zonage local de la mer 27
2.1.3.2. Utilisation des différentes zones par les
pêcheurs 28
2.1.3.3. Engins, techniques de pêche utilisées et
espèces exploitées 29
2.1.3.4. Circuits de la production 31
2.1.3.5. Pêche traditionnelle : une activité
périodique 32
2.2. Analyse du contexte biologique 33
2.2.1. Types géomorphologiques du milieu marin 36
2.2.2. Peuplements benthiques 37
2.2.2.1. Pourcentage de couverture du benthos 37
2.2.2.2. Invertébrés 41
2.2.3. Diversité et abondance des poissons 41
iv
2.2.3.1. Richesse spécifique 41
2.2.3.2. Diversité des poissons 42
2.2.3.3. Biomasse des poissons par famille 42
2.2.3.4. Biomasse des poissons par catégorie trophique
43
2.2.3.5. Biomasse moyenne dans chaque site 44
2.3. Pressions et menaces sur les écosystèmes
marins 45
2.3.1. Pressions et menaces au niveau des habitats 46
2.3.2. Pressions et menaces au niveau des espèces 46
3. DISCUSSION 48
3.1. Opportunités de création et zonages
préliminaires 48
3.1.1. Opportunités de création 48
3.1.2. Zonages préliminaires 48
3.1.2.1. Première ébauche de zonage 48
3.1.2.2. Deuxième ébauche de zonage 50
3.2. Zonage définitif et aménagement de l'APM Nosy
Ve-Androka 53
3.2.1. Noyau Dur 53
3.2.2. Zone Tampon 54
3.2.3. Zone de Protection de l'Aire Protégée et ses
alentours 54
3.3. Analyse des enjeux de gestion et de conservation 56
3.3.1. Valeur patrimoniale de la zone 56
3.3.2. Valeur culturelle et traditionnelle 56
3.3.3. Surexploitations localisées des ressources 56
3.3.4. Réglementations existantes dans la zone 56
3.3.5. Acquis 57
3.3.6. Enjeux 57
3.3.7. Analyse des acteurs 57
3.3.8. Impacts de la mise en place de l'APM 58
CONCLUSION 59
RECOMMANDATIONS 60
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 61
v
LISTE DES FIGURES
Figure 01 : Zone d'étude 4
Figure 02: Collecte des données
socio-économiques 10
Figure 03 : Transect matérialisé au fond 12
Figure 04 : Environnement scolaire 19
Figure 05 : Potentialités éco-touristiques de la
zone 25
Figure 06: Carte terroir marin à Ambola, C/R Beheloke
29
Figure 07 : Activité de pêche dans la zone 31
Figure 08 : Circuits des produits 32
Figure 09: Localisation des sites de diagnostic marin 35
Figure 10: Morphologie du récif frangeant d'Ampiambaza,
Beheloke 36
Figure 11: Morphologie du récif frangeant de Tapikara,
Itampolo 37
Figure 12: Pourcentage de recouvrement des formes benthiques
38
Figure 13: Diversité des coraux durs dans chaque site
de diagnostic 39
Figure 14: Etat de santé des sites 40
Figure 15: Etat de santé par types
géomorphologiques 40
Figure 16: Richesse spécifique en poissons des sites de
diagnostic. 41
Figure 17: Diversité des poissons 42
Figure 18: Biomasse des poissons par famille dans chaque site
43
Figure 19: Biomasse des poissons par catégorie
trophique 44
Figure 20 : Biomasse moyenne des poissons par site 44
Figure 21: Ebauche de zonage en 2006 49
Figure 22: Deuxième ébauche de zonage en 2009
52
Figure 23: Zonage de l'APM Nosy Ve Androka 55
vi
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 01 : Taux d'échantillonnage 7
Tableau 02: Classification de l'état de santé
des récifs selon ASEAN 15
Tableau 03: Nombre des populations dans les trois communes
16
Tableau 04 : Infrastructures sociales de base 18
Tableau 05: Correspondance du zonage local avec le zonage des
scientifiques. 28
Tableau 06: Durée des trois saisons dans chaque commune
32
Tableau 07: Les habitats, les pressions et les menaces 46
Tableau 08 : Eventuels impacts de la mise en place de l'APM
Nosy Ve-Androka 58
LISTE DES ANNEXES
Annexe 01
|
Fiches d'enquêtes
|
Annexe 02
|
Exemples de croquis élaboré lors de la collecte des
données sur terrain
|
Annexe 03
|
Grandes familles dans les établissements humains des trois
communes
|
Annexe 04
|
Exemples de carte sociale dans la zone
|
Annexe 05
|
Différentes utilisations des zones marines par les
populations locales
|
Annexe 06
|
Techniques de pêches rencontrées dans la
région et leurs caractéristiques
|
Annexe 07
|
Equipements de pêche par habitat
|
Annexe 08
|
Apparition des vents selon les saisons dans chaque commune
|
Annexe 09
|
Correspondance entre les marées et les techniques de
pêche utilisées
|
Annexe 10
|
Horloges d'activités de pêche des trois communes
|
Annexe 11
|
Calendrier de pêche dans les trois communes
|
Annexe 12
|
Noyaux Durs du PN Nosy Ve-Androka
|
Annexe 13
|
Zones Tampons du PN Nosy Ve-Androka
|
Annexe 14
|
Zones de Protection du PN Nosy Ve-Androka
|
Annexe 15
|
Indicateurs de suivi pour l'APM Nosy Ve-Androka
|
Annexe 16
|
Base des données sur les études biologiques
|
Annexe 17
|
Historique de création de l'APM Nosy Ve-Androka
|
Annexe 18
|
Situation légale de l'APM Nosy Ve-Androka
|
Annexe 19
|
Etapes de création de l'APM Nosy Ve-Androka
|
vii
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES
APM
|
Aires Protégées Marines
|
ASEAN
|
Association of South East Asian Nations
|
CDB
|
Convention sur la Diversité Biologique
|
CEG
|
Collège d'Enseignement Général
|
CIP
|
Communication Inter Personnelle
|
COAP
|
Code des Aires Protégées
|
COBA
|
Communauté de Base
|
CSB
|
Centre de Santé de Base
|
EPP
|
Ecole Primaire Publique
|
FID
|
Fond d'Intervention pour le Développement
|
GDRN
|
Gestion Durable des Ressources Naturelles
|
GEF
|
Global Environment Found
|
KfW
|
Kreditanstalt Für Technische Zusammenarbeit GmbH
|
LIT
|
Line Intercept Transect
|
MAP
|
Madagascar Action Plan
|
MECIE
|
Mise en Compatibilité des Investissements avec
l'Environnement
|
ODM
|
Objectifs de Développement du Millénaire
|
ONGs
|
Organismes Non Gouvernementaux
|
PAE
|
Plan d'Action Environnemental
|
PE 3
|
Programme Environnemental phase 3
|
PNUD
|
Programme des Nations Unies pour le Développement
|
PSDR
|
Projet de Soutien pour le Développement Rural
|
SDI
|
Simpson's Diversity Index
|
UICN
|
Union Internationale pour la Conservation de la Nature
|
UVC
|
Underwater Visual Census
|
VAD
|
Visite à Domicile
|
WWF
|
World Wide Fund for Nature
|
1
INTRODUCTION
Lors de la réunion sur les aires
protégées à Durban (2003), le Président de la
République déclara son intention de tripler la surface totale des
aires protégées du territoire malgache (de 1,7 à 6
millions d'hectares dont 1 million d'hectare d'écosystèmes
humides et marins). Cette « Vision Durban » est conforme aux
Objectifs de Développement du Millénaire (ODM) et de la
Convention sur la Diversité Biologique (CDB) visant la protection de la
biodiversité tout en veillant à l'exploitation
contrôlée des ressources, et résulte également de la
politique environnementale nationale. En effet, cette vision s'insère
dans le Plan d'Action Environnemental (PAE) du gouvernement qui en est
actuellement à la fin de la troisième phase de son Programme
Environnemental (PE3), fixant la politique du pays en cette matière. De
plus, l'engagement 7 du Madagascar Action Plan (MAP), défini en 2007
dans le cadre de la vision « Madagascar, Naturellement », vise
à faire de Madagascar un leader dans le développement et
l'utilisation des meilleures approches pour la protection de l'environnement.
C'est dans ce contexte que s'insère le projet de création de
l'APM Nosy Ve-Androka.
Le système récifal corallien de la Région
du Sud-Ouest de Madagascar, s'étendant sur 400 km, figure parmi les plus
grands systèmes récifaux coralliens du monde (Vasseur, 1988),
reconnus comme les plus riches des eaux tropicales (Vasseur, 1987).
Nombreux sont les services écologiques et les
bénéfices économiques issus de ce système.
Cependant, les récifs coralliens dans le littoral sud de Toliara
subissent actuellement une dégradation de plus en plus croissante
à cause de divers facteurs. D'un côté, la
paupérisation de la population riveraine aggravée par l'inflation
et quelque peu par son ignorance du "capital bleu" dont elle dispose l'a
conduit à ponctionner sur les ressources marines pour des fins de
subsistance, alors que ces dernières ont été
considérées, à tort, comme étant
inépuisables. D'un autre côté, les problèmes de
changement climatique et des catastrophes naturelles génèrent des
dégradations incontrôlables sur différentes zones
récifales coralliennes. Aussi, dans le contexte actuel, plusieurs
secteurs productifs se développent de manière non
coordonnée dans cette zone : tourisme, exploitation minière,
environnement, pêche, ...
Soucieux de la vulnérabilité des
écosystèmes récifaux sur le littoral sud de Toliara,
Madagascar National Parks, en collaboration avec divers ONGs et institutions de
recherches, a entrepris des démarches relatives à la
création d'une Aire Protégée Marine. Cette dernière
a
2
pour but d'endiguer ou tout au moins de mitiger les impacts
des différents types de pression qui pèsent sur les récifs
coralliens.
De plus, la création d'une APM dans la zone devient une
nécessité car l'attribution de lots pétroliers marins
risque de porter un préjudice irréversible aux
écosystèmes marins et aux revenus durables des pêcheurs.
D'une part, la mise en place de l'APM nécessite une
bonne compréhension de la situation socio-économique et de
l'état des ressources marines. D'autre part, la connaissance des
caractéristiques de la pêche traditionnelle et leurs impacts sur
les écosystèmes récifaux s'avère indispensable.
C'est dans cette optique que la présente étude, intitulée
" Analyse diagnostic de la mise en place de l'APM Nosy Ve-Androka dans le
littoral Sud de Toliara (Région du Sud Ouest de Madagascar) ",
trouve sa justification. L'étude est focalisée sur l'analyse des
différents paramètres de la mise en place de l'APM afin que
l'aménagement, le zonage et la gestion soit bien concertés par
les utilisateurs des ressources marines. Elle démontre aussi que l'APM
à créer soit représentative de l'écosystème
de la région et constitue un outil de développement durable
à l'échelle locale, régionale ainsi que nationale.
Le présent document s'articule en trois parties. La
première partie consiste à développer la
méthodologie adoptée durant l'étude. La deuxième
partie est consacrée à la présentation des
résultats obtenus. Sur ce, en premier lieu, on essaie de dégager
les différents paramètres socio-économiques et
bioécologiques justifiant la mise en place de l'APM. En deuxième
lieu, on essaie de voir les menaces et les pressions qui pèsent sur les
écosystèmes marins. La troisième partie fera l'objet de
discussion. Elle présente l'aménagement résultant des
différents processus de la mise en place. Elle montre aussi une analyse
des enjeux de gestion et de conservation de l'APM. Une conclusion suivie de
quelques recommandations seront présentées en dernier lieu.
3
1. MATERIELS ET METHODES
Une méthodologie reposant sur une démarche en
trois phases a été adoptée, à savoir : recherches
bibliographiques ; identification des lacunes en données lors des
recherches bibliographiques et proposition des études
complémentaires ; travaux de terrain pour des études
complémentaires.
1.1. Localisation de la zone d'étude
Administrativement, la zone d'étude se situe dans la
région Sud Ouest, au niveau des trois communes rurales : Beheloke
(district de Toliara II), Itampolo et Androka (district d'Ampanihy).
Géographiquement, la zone d'étude est comprise
entre les latitudes 25°29/25°09 Sud et les longitudes
44°50/45°06 Est. Elle est située à 80 km à vol
d'oiseau au Sud de Toliara, et à 40 km au sud du village touristique
d'Anakao. On y accède jusqu'à Anakao par voie maritime en vedette
rapide au départ de Toliara, en suivant la côte abritée par
la barrière de corail sur le canal de Mozambique. Puis on rejoint une
piste côtière en voiture (4x4) d'Anakao jusqu'à Beheloke.
On peut aussi accéder à la zone par voie terrestre : suivant la
RN n°7 de Toliara jusqu'à Andranovory, puis RN n°10 vers
Fort-Dauphin jusqu'au sud de Betioky, pour regagner la côte à
hauteur de Beheloke en suivant la piste longeant le couloir d'Itomboina. La
zone se situe tout au long du littoral du Parc National Tsimanampesotse.
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re1.png)
BEHELOKE
Manasy
Ankilibory Sud
Tanendranto
Lanevato
ITAMPOLO
Tongaenoro
Befolotse
Andrenosy
ANDROKA
Ambohibola
Fanambosa
Lovobato Andomotse
Besambae
Ambola Efoetse
Maromitilike
Anjà Belitsake
Bemananteza
Lavavolo
Antsakoa Androka Ela
4
Figure 01 : Zone d'étude
5
1.2. Recherches bibliographiques
Elles consistent à relever auprès des
littératures existantes les informations liées aux aspects
socio-économiques et bio-économiques. Elles comportent deux
étapes:
inventaire des études réalisées dans la zone
;
synthèse des résultats de ces études.
1.2.1. Inventaire des études réalisées
dans la zone
Des études socio-économiques relatant les
facteurs humains ainsi que les activités liées aux ressources
concernées ont été réalisées depuis 2006.
Des études bio-écologiques qui donnent des informations sur les
potentialités des sites et les arguments scientifiques concernant la
pertinence des actions de conservation et de la valorisation du patrimoine
naturel ont été aussi faites. Parmi les documents
consultés figurent les Plans Communaux de Développement des
communes concernées, le Programme Régional de
Développement de la Région du Sud-Ouest, les études
techniques, les rapports d'expertise, les revues des statistiques officielles,
etc...
1.2.2. Synthèse des résultats des
études
Cette phase consiste à recueillir les données et
informations pertinentes pour la mise en place de l'APM.
1.2.2.1. Synthèse des données
socio-économiques
La synthèse comporte trois étapes :
Consolidation des informations et compréhension des
réalités socio-économiques et culturelles.
Compréhension de l'importance de la mise en
cohérence des dimensions environnementales et socio-économiques
dans le développement de la zone Les données vont servir de base
pour orienter les actions de sensibilisation et de communication sociale.
Recueil des opportunités de création de l'APM.
1.2.2.2. Synthèse des données
bio-écologiques
Les données bio-écologiques s'avèrent un
point de départ indispensable dans le
contexte de mise en place de l'APM. La synthèse concerne
:
L'identification et la spatialisation des sites de diagnostic
marin.
La détermination de la géomorphologie des
récifs coralliens.
La détermination des pourcentages de couverture des formes
benthiques.
6
La détermination de l'état de santé des
récifs coralliens par l'estimation de pourcentages des coraux durs.
La détermination de la diversité et de la
biomasse des poissons coralliens et des poissons commerciaux.
L'identification des espèces bio indicatrices.
1.3. Identification des lacunes en données et
proposition des études complémentaires
L'identification des lacunes en données nous
amène à faire des travaux de terrain pour des études
complémentaires.
1.4. Travaux de terrain pour des études
complémentaires
1.4.1. Etude socio-économique
1.4.1.1. Collecte des données sur terrain
Les collectes ont été faites à partir
d'enquêtes d'ordre qualitatif et quantitatif au niveau des
ménages, des réunions communautaires, des focus group et
d'observation participante.
Taux d'échantillonnage
Le taux d'échantillonnage s'élève
à environ 38% si on se réfère aux fokontany
concernés. Ce taux est environ 9% si on se base au nombre total de la
population. Dans l'ensemble, le niveau de sondage s'élève
à plus de 20%. Le taux d'échantillonnage est donné par le
tableau 01.
7
Tableau 01 : Taux d'échantillonnage
Commune
|
Fokontany
|
Echantillon
|
Taux
|
Nom
|
Populatio
n
|
Nom
|
Population
|
Par rapport à la commune
|
Par rapport au fokontany
|
ANDROKA
|
25 795
|
Ambohibola
|
2 813
|
2 296
|
9%
|
82%
|
Antsikoroka
|
Antsakoa
|
Androkavao
|
ITAMPOLO
|
41 753
|
Andoharano
|
14 028
|
2 940
|
7%
|
21%
|
Besasavy - Sud
|
Itampolo
|
Itampolo II
|
Malangiriake
|
Andranomasintsoa
|
Ankazoabo
|
Bemananteza
|
Andranovao
|
Besasavy
|
Lavahasy
|
Ankiririsa
|
Anjà Namakia
|
Tanendranto
|
Tariboly
|
Ankilibory
|
BEHELOKE
|
13 046
|
Manasy
|
2 689
|
2 172
|
17%
|
81%
|
Behazomby
|
Maromitilike
|
Efoetse
|
Ambola
|
|
80 594
|
|
19 530
|
7 408
|
9%
|
38%
|
8
Démarches suivies
Au niveau des communes, on a recueilli des données
primaires sur le potentiel
associatif de la population.
Dans les villages, les trois étapes suivantes ont
été suivies :
introduction auprès des autorités locales (chef
fokontany et « olobe »),
formation d'un groupe d'informateurs (pour le focus group),
élaboration des différents croquis d'une
manière participative.
Les démarches se schématisent comme suit :
contact du chef fokontany et des « olobe »,
interview sur l'historique du village,
repérage de l'existence de pêcheurs saisonniers ou
des gens de passage dans la
localité,
description des conflits locaux ou accords avec les nouveaux
venus,
reconnaissance du village et établissement des croquis
(croquis du village, croquis des
poteaux rituels par rapport à des repères locaux,
...
identification des personnes ressources qui pourraient participer
au focus group,
remplissage des fiches villages (lignages, matériels,
foncier, tourisme, . . .) auprès du
chef fokontany,
remplissage à l'aide de focus group des autres fiches
(recensement, pression, gestion
du temps et du terroir, . . .)
schématisation des différentes localités en
mer citées par les informateurs (distance
par rapport au village ou du récif,
estimation de la production du village,
les débouchés.
Des différents entretiens informels ont été
engagés afin de multiplier autant que
possible les sources de renseignements dans un but de
recoupement. A part les fiches à remplir par village, des fiches
renfermant des informations supplémentaires ont été
établies journalièrement. Les informations supplémentaires
ont été obtenues en observations participatives. En bref, notre
approche se base sur la confiance mutuelle entre la population locale.
Les fiches d'enquêtes sont présentées en
Annexe 01.
9
Méthode de mise en oeuvre
Toute intervention sur terrain a été
commencée par l'élaboration participative des croquis du village
pour faciliter la discussion. A partir de ces croquis, on a pu choisir les
techniques adaptées à la situation sur terrain pour la collecte
des données. Des exemples de ces croquis sont figurés en Annexe
02.
Réunions communautaires
Dans chaque village, on a organisé deux réunions
dont la première est consacrée à la séance de
présentation de l'objet de l'étude ; la deuxième est une
séance de restitution des données recueillies.
Focus group
C'est un outil d'animation et d'entretien de groupe (groupe
des pêcheurs, mareyeurs, ...) permettant de fournir des informations
qualitatives au cours de la discussion concernant la gestion des ressources
marines. Il vise à recueillir des données concernant les
considérations et les perceptions de pêcheurs sur la mer ainsi que
son utilité, la connaissance des textes réglementaires et
«Dina», la considération de l'importance des récifs,
les perspectives d'avenir, le processus de prise de décision villageoise
et organisation sociale, la gestion durable et APM.
Interview des personnes ressources
Cette méthode a été utilisée pour
établir le profil des villages (populations, existence des Services
Techniques, activités principales, types d'organisation,...).
Observation participante
L'observation participante a été adoptée
pour comprendre les interactions, les attitudes, ou le comportement des
pêcheurs. On prétend être un membre du groupe et participe
totalement à sa vie et ses activités. On regarde à quelles
situations sont confrontés les pêcheurs, comment ils se comportent
face aux situations.
On a discuté avec certains d'entre eux pour
connaître leur interprétation des événements qui se
produisent. L'objectif de cette méthode est de comprendre et
décrire les phénomènes sociaux.
Enquête auprès des
ménages
Suivant les situations sur terrain, on a utilisé la
méthode VAD et/ou CIP pour la collecte des données.
10
La figure 02 ci-après montre les méthodes de
mise en oeuvre de la collecte des données socio-économiques sur
terrain.
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re2.png)
Réunion communautaire
Focus group
Observation participante
Figure 02: Collecte des données
socio-économiques
11
1.4.1.2. Méthode d'analyse des données
socio-économiques
L'analyse connait trois étapes :
description des systèmes de production et
compréhension de l'économie du littoral, analyse ethnologique
visant à découvrir et à décrire les liens entre les
activités et l'appartenance ethnique,
analyse de l'aspect social visant à mieux comprendre les
structures locales de pouvoir et entrevoir la nature des enjeux pour la mise en
place des aires protégées marines.
1.4.2. Etudes biologiques
Les méthodologies employées pendant les travaux
d'études biologiques ont été l'adaptation des
méthodes dans le manuel élaboré par Mc Clanahan en 2008.
L'adaptation des méthodologies à ce manuel standard a
été faite en relation avec les contraintes en terme de temps et
de logistique d'intervention.
11 sites ont été l'objet des études pour
compléter les données manquantes. 7 de ces sites se trouvent dans
la commune d'Androka (Beakio, Berisitoaly, Nosy Manitse, Tsilomaitata, Lavabe,
Nosimboro, Ambatovakivaky) ; 1 dans la commune d'Itampolo (Tapikara) et 3 dans
la commune de Beheloke (Lovobato, Ampiambaza, Ampasimanoro).
On a séparé les protocoles opératoires
relatifs aux organismes fixés (coraux, algues,...) de ceux
destinés à compter les invertébrés mobiles
(oursins, ...).
Chaque site comporte 2 stations. Dans chaque station, on a
réalisé 2 transects pour le benthos, 2 autres transects pour les
poissons/holothuries et 3 quadrats pour les oursins. Au total, pour les 11
sites, on a étudié 22 stations avec 44 transects pour le benthos,
44 transects pour les poissons et les holothuries et 132 quadrats pour les
oursins.
1.4.2.1. Codification
Une codification simplifiée des peuplements benthiques
et des substrats a été élaborée à partir du
manuel de English et al. en 1994. Elle comporte 34 catégories
qui correspondent aux mieux aux substrats et peuplements qui peuvent être
rencontrés dans la zone de l'Océan Indien occidental. Chacune de
ces catégories est associée à un code pour faciliter le
relevé sous-marin. Pour les coraux, on opposera en premier lieu coraux
morts (CX) et coraux vivants (CV). Le relevé des coraux vivants
s'effectue en différenciant les catégories suivant leur forme :
encrôutants (CE), massif (CM), submassif (CS), foliacés (CF), mous
(CM), etc.). Il sera parfois nécessaire d'associer deux codes pour mieux
caractériser le fond.
12
Les organismes benthiques non coralliens seront
également relevés selon la codification établie : sable
(SA), débris (DEB). En cas de doute, on utilise le code (OT) qui
signifie « autres » (Conand et al.1997).
1.4.2.2. Echantillonnage
Pourcentage de couverture du benthos : protocole
LIT
On utilise le transect qui est matérialisé par
un ruban gradué, et est installé sur le fond de la station
à une ou plusieurs profondeurs et déroulé
parallèlement à la ligne de rivage ou au front de
déferlement. Le « centre de la station », qui est
répéré par un GPS, constitue son point de départ et
est matérialisé par un repère (bouée). On a
installé un transect de 100 mètres, en utilisant 2
pentadécamètres (50 mètres) déroulés de part
et d'autre du repère.
L'opérateur nage lentement le long de la ligne de
transect et relève la transition pour chaque changement des
catégories benthiques. L'enregistrement est fait en centimètre
près en ne considérant que la transition supérieure ou
égale à 3cm. Dans chaque station d'étude, le transect est
répété trois fois et le choix de son emplacement se fait
au hasard. On choisit l'emplacement du transect avec précaution pour
éviter le sur-échantillonnage de la station.
Les catégories benthiques telles que les coraux durs,
les algues, les coraux mous, les éponges, les sables, les gazons algaux
ont été enregistrées. Les benthos sont enregistrés
sur des codes, puis on note le nom scientifique de chaque individu
observé.
La figure 03 est un exemple de transect
matérialisé au fond par un ruban gradué.
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re3.png)
Figure 03 : Transect matérialisé au fond
Biomasse des poissons : méthode UVC (Recensement
Visuel Sous marin)
La méthode UVC est une technique de comptage largement
utilisée pour l'estimation de la biomasse des poissons du récif
(Graham et al., 2007). Cette méthode comporte deux types
différents :
13
Échantillonnage du groupe discret
Un transect de 50m est installé au fond le long du
benthos à une certaine profondeur appropriée. Un observateur nage
lentement le long du transect avec une allure stable. Il compte les poissons
présents au voisinage d'environ 2,5m de part et d'autre de la ligne
latérale du transect et il les enregistre dans une écritoire. La
surface d'observation couvre donc 250m2.
Estimation de la biomasse et de l'abondance des
poissons
La même procédure que celle effectuée
ci-dessus à été suivie. Ce qui la différencie,
durant le comptage, les poissons sont classés par catégories de
la dimension : 3-10, 10-20, 20-30, 30-40, 40-50, 50-60, 60-70, 70-80 et >80
centimètre, et dans leurs familles. Pour standardiser les comparaisons
de densité, les poissons de taille inférieure à 3cm ne
sont pas pris en compte.
Invertébrés
Suivi des oursins : méthode par
quadrat
On a matérialisé un quadrat rectangulaire de
10m2. L'observateur nage le long d'un ruban de 10m et enregistre le
nombre des espèces présentes au voisinage de 0,5m de part et
d'autre de la ligne latérale. On vérifie aussi les individus
cachés sous des rochers et dans les trous. Les oursins présents
dans chaque quadrat ont été enregistrés dans une
écritoire.
Suivi des holothuries : méthode UVC
Lors du comptage des poissons par la méthode UVC,
l'observateur effectue aussi le suivi des holothuries le long du même
transect.
1.4.2. 3. Traitements et analyses des données
bio-écologiques Détermination des pourcentages de couverture du
benthos
Les pourcentages respectifs de couverture du benthos dans
chaque station d'étude ont été obtenus en faisant la
moyenne des pourcentages observés au niveau des transects. De la
même façon, les pourcentages de couverture dans chaque site sont
la moyenne des pourcentages obtenus au niveau des stations.
Détermination de la diversité
biologique
La diversité biologique de tous les benthos (les coraux
et les macro-invertébrés) ainsi que celle des poissons se
calculent en utilisant SDI (Simpson's Diversity Index). Ce dernier mesure la
probabilité que deux individus sélectionnés au hasard
appartiennent à la même espèce.
14
Il est donné par la formule : SDI = 1 - ( ? pi
2 ) où pi représente la
proportion de l'espèce i sur un total recensé
(Magurann, 1988).
pi2 = Ni (Ni - 1) / N (N - 1)
Ni: nombre d'individus d'une espèce donnée
N: nombre total d'individus recensés
Cet indice aura une valeur de 0 pour indiquer le minimum de
diversité et une valeur de 1 pour indiquer le maximum de
diversité. En effet, deux cas sont à considérer pour la
valeur de SDI :
1er cas : SDI est appelé indice
d'équitabilité si sa valeur est élevée. Dans ce
cas, la diversité biologique est croissante.
2e cas : SDI est appelé indice
d'inéquitabilité si sa valeur est faible. Il s'agit donc d'une
dominance d'une ou de quelques espèces seulement.
SDI donne donc plus de poids aux espèces abondantes
qu'aux espèces rares. Le fait d'ajouter des espèces rares
à un échantillon, ne modifie pratiquement pas la valeur de
l'indice de diversité.
Détermination de la richesse
spécifique
La richesse spécifique est le nombre total des
espèces observées dans chaque site. Calcul de la biomasse
des poissons
La biomasse des poissons en kg/ha est obtenue par la
conversion de la longueur en poids utilisée par Mc Clanahan et Kaunda en
1996. La variabilité de l'échantillon est prise comme erreur
standard.
La loi cubique Poids (en g) = 0,05 (Longueur en
cm)3 a été utilisée pour
déduire le poids à partir de la taille estimée de chaque
individu. La biomasse (poids par unité de surface) a été
ensuite déterminée à partir de la surface de comptage qui
est de 250m2 dans le cadre de cette étude.
L'analyse a été faite au niveau des familles
puis celles-ci sont groupées en trois catégories trophiques,
à savoir, les carnivores, les herbivores et les omnivores.
Détermination de l'état de
santé
On a utilisé le système de classification ASEAN
(Association of South East Asian Nations) pour bien décrire la
santé des récifs.
Ce système déclare que les récifs
coralliens présentant une couverture des coraux durs moins de 25% sont
considérés comme étant des sites à santé
« mauvaise ».
15
Ceux ayant une couverture en coraux durs plus de 25% sont des
sites à santé « moyenne » (Wilkinson et al., 1984). La
correspondance entre le taux de recouvrement des coraux durs et l'état
de santé selon ASEAN est présentée par le tableau 02.
Tableau 02: Classification de l'état de santé des
récifs selon ASEAN
Etat de santé
|
Taux de recouvrement des coraux durs
|
mauvais
|
0 - 25
|
moyen
|
25 - 39
|
bon
|
40 - 59
|
excellent
|
60 et plus
|
Il est essentiel de souligner que les données
bio-écologiques analysées dans ce mémoire ne sont pas tout
simplement celles des 11 sites étudiés lors des travaux de
terrain. D'autres sites qui ont été étudiés
auparavant font aussi l'objet de l'analyse.
16
2. RESULTATS
2.1. Analyse de la situation
socio-économique
2.1.1. Situation sociale
2.1.1.1. Peuplements et populations
Démographie
La population dans la zone s'élève à 104
468 individus en 2009. La zone est occupée par une population
inégalement répartie entre les trois communes. L'évolution
du nombre de la population pour chaque village aurait une relation avec les
activités liées aux ressources naturelles.
Le nombre de population et le nombre de ménage, la
densité de la population ainsi que le taux d'accroissement
démographique sont présentés ci-après (Tab. 03).
Tableau 03: Nombre des populations dans les trois communes
Communes
|
Nombre de population
|
Nombre de ménage
|
Densité (hab. /km2)
|
Taux d'accroissement démographique
|
Beheloke
|
19.034
|
3.172
|
4,55
|
2,8%
|
Itampolo
|
56.366
|
8052
|
22
|
35%
|
Androka
|
29068
|
3633
|
8
|
12%
|
Source : BIODEV, 2009
Ménage
Les familles sont nombreuses car la moyenne est plus de 5
individus par ménage. Le nombre maximum dans un foyer dans tous les
villages dépasse 6 individus et va jusqu'à 24 dans certains
villages. La zone est également caractérisée par la
présence de plusieurs foyers sans enfant (environ 15%), de la polygamie
qui présente un taux de 5% et des femmes chefs de ménage de 10%
de l'ensemble des foyers (Narimanantsiory, 2009).
Le sex ratio (nombre hommes x 100 / nombre femmes) est environ
de 102% pour l'ensemble du littoral. La présence d'hommes pourrait
être interprétée par la mobilité de la population
masculine en fonction des activités productives.
Composition ethnique et organisation de base
Le peuplement est hétérogène. La zone est
peuplée par de nombreuses ethnies mais, en général, on y
relève la présence de trois grands groupes sociaux dominants :
les Tanalana, les Vezo et les Tandroka, eux-mêmes structurés en de
multiples lignages. La peuplade Tandriaka ou Tandroka confondant les
Sarà, les Temilahehe, les Temaromainte, les Temitongoa, les
17
Vavalinta est une ethnie mineure. Il habite à Androka
et au Sud du fleuve Linta (Pascal, 2008).
Dans la commune d'Androka, les Temaromainte,Vavalinta sont de
même proportion (58%). Les Temilahehe représentent 33%, les
Sarà et les Temitongoa sont de 25% (Randriamahaleo et al., 2009). Ces
pourcentages expriment une égalité de
représentativité pour les clans. Temaromainte et Vavalinta sont
majoritairement présentes dans la zone. Selon l'explication de certaines
personnes ressources à Androka, les Temaromainte sont reconnus
localement comme les détenteurs de pouvoir relatif à la mer. Les
Vavalinta semblent des gens qui pratiquent l'agriculture mais qui exercent la
pêche saisonnièrement ou occasionnellement quand la
sécheresse est dure. Les Temilahehe viennent de l'Androy ; les
Sarà viennent d'Anakao. L'origine des Temitongoa sont issus des
Tanalana.
Dans la commune d'Itampolo, l'on observe la
prédominance des Temitongoa (66%), Temilahehe (8%). Les autres familles
représentent 4,16% chacune (Randriamahaleo et al., 2009). Il semble que
les Temitongoa sont dominants, les Temilahehe et les Vezo sont minoritaires.
Dans la commune de Beheloke, les Tetsivoke est de 28,57% ; les
Tekaroke, Sarà sont 21,42 % chacune ; les Telanampotsy
représentent 14,28%, les autres familles représentent 7,14%
chacune (Randriamahaleo et al., 2009).
Ces différentes proportions de présence des
clans dans la commune ont été considérées dans la
mise en place de l'APM Nosy Ve-Androka. Les grandes familles présentes
dans chaque établissement humain au niveau des trois communes
concernées sont figurées dans la partie Annexe de ce
présent document (Annexe 03).
On constate aussi que certaines structures et normes sociales
caractérisent l'organisation de tous les groupes ethniques. Chaque
individu est ainsi identifié par son appartenance à un groupe
d'ancestralité (« raza »), son rattachement à un poteau
rituel lignager (« hazomanga ») et à un site d'enterrement.
L'omniprésence des ancêtres aux côtés des vivants est
une réalité partagée par tous (Raveloarimanana et al.,
1996).
Fondé sur la reconnaissance formelle d'un ancêtre
commun, le clan apparaît comme la structure sociale essentielle à
la base de l'organisation de chacun des groupes présents dans la zone.
De façon archétypique, chaque groupe se sent appartenir à
une tanindraza (« terre des ancêtres ») centrée sur les
lieux d'inhumation des ancêtres, les espaces de résidence et le
poteau rituel.
18
2.1.1.2. Infrastructures sociales
Le tableau 04 récapitule les différentes
infrastructures sociales.
Tableau 04 : Infrastructures sociales de base
Communes
|
EPP
|
CEG
|
CSB
|
Infrastructures d'accueil
|
Puits
|
Beheloke
|
12
|
01
|
2 CSB I 1 CSB II
|
01
|
12
|
Itampolo
|
17
|
01
|
1 CSB I 1 CSB II
|
02
|
32
|
Androka
|
09
|
01
|
1 CSB II
|
01
|
05
|
En ce qui concerne le taux de scolarisation, il est
généralement faible dans l'ensemble de la zone, soit
respectivement de 17% pour Beheloke, 24% pour Itampolo et 11% pour Androka
(Biodev, 2009). Cette situation s'explique par le fait que la population se
tourne vers la pêche et d'autres activités lucratives dès
son plus jeune âge. D'autant plus que dans chaque établissement,
le nombre des salles de classe ne correspond pas aux sections existantes.
L'effectif des élèves des écoles
primaires publiques des trois communes du littoral est de 7 194 en 2009. Ce
nombre s'accroît très lentement bien que la croissance
démographique s'accélère. Le cas de la commune d'Itampolo
illustre la situation car en 2005, elle comptait 2 975 élèves
alors qu'en 2009, elle n'enregistre que 3 332 enfants. Les ratios
élèves/enseignant montrent également que les normes de
l'enseignement sont loin d'être remplies car globalement dans la Commune
Rurale d'Itampolo, un enseignant encadre 74 élèves.
19
L'environnement scolaire dans la zone est montré par la
figure ci-après (Fig. 04).
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re4.png)
Elèves de Besasavy, C/R Itampolo
EPP Befolotse, C/R Itmpolo
Figure 04 : Environnement scolaire
On ne dispose pas de chiffre exact pour situer le niveau
d'alphabétisation de la zone mais l'écriture est un des points
faibles des habitants. La communication est surtout verbale.
Concernant la santé, la maladie la plus fréquente
et enregistrée dans l'ensemble de la zone est le paludisme, suivi de
l'insuffisance respiratoire aigüe. Le paludisme se manifeste surtout du
mois de novembre au mois d'avril, pendant la période chaude. En effet,
cette maladie représente respectivement 35,8% et 52% des maladies
enregistrées dans les CSB des Communes de Beheloke et d'Itampolo.
20
Le poids de la tradition pèse lourdement au niveau de
la santé. Non seulement l'accès y est difficile car un CSB sert
les villages dans un rayon d'au moins 15km mais les gens n'y sont pas
habitués. A part la pratique de la pharmacopée traditionnelle,
dans chacun des lieux d'habitation, l'existence des guérisseurs
traditionnels est remarquable.
2.1.1.3. Potentiel associatif
Les sociétés sont réputées
d'être solidaires et c'est pourquoi le vol de zébus y est presque
inexistant. Le tissu social semble bien cohérent et l'agissement de tout
le monde s'effectue au nom du lignage. Pourtant, au niveau des
activités, l'individualisme est de mise.
Toute activité s'organise au niveau du foyer et le chef
de famille dirige très souvent toutes les opérations. Il est donc
très rare d'avoir une seule association au niveau d'un village quand il
s'agît d'une incitation économique qui motive la structuration. La
présence de plusieurs associations au sein des villages est devenue un
signe de faiblesse organisationnelle de la localité. La plupart des
associations sont disparues une fois que le projet d'appui cesse ses
activités. Le faible potentiel associatif au niveau des activités
productives est une des caractéristiques des sociétés de
pêcheurs et d'éleveurs malgré l'importance des
règles sociales.
Les expériences des projets PSDR dans la zone
génèrent un climat de méfiance entre les
communautés locales. Ils ont crée une ouverture pour les
communautés avec le système moderne de coopération
notamment la création des associations, mais ils ont été
voués à l'échec. Certains membres des groupements ont
été victimes des abus des faux leaders locaux issus des
communautés elles-mêmes. Face à cette situation, les
communautés sont très vigilantes et considère les projets
PSDR comme une référence historique pour tous les projets de
développement.
2.1.1.4. Migration
On peut envisager 4 types de migration
Migration de longue durée, ou semi -
définitive
Elle concerne essentiellement les pêcheurs. Le littoral
qui, autrefois peu exploité, faisait l'objet de conquête par les
Vezo. La migration peut aller parfois jusqu'à plusieurs années.
C'est le cas d'un individu provenant de Soalary et qui s'installait avec sa
famille à Besasavy - Vombey de 2000 à 2006.
21
Migration saisonnière
Elle concerne à la fois les pêcheurs et les
agriculteurs.
Pour les pêcheurs, du Nord vers le Sud, on constate que
des villages vezo à partir d'Ambola sont devenus des zones de
départ pour une pêche saisonnière (cas d'Ambola,
d'Itampolo, d'Ambohibola). Les autres villages vezo sont des villages d'accueil
: Ankarampona, Lovobato, Tariboly, Ilanivato, Ambatomifoke, Malangiriake,
Lembeitake, ... Les Vezo d'Anakao Soalary, Sarodrano et Anatsono se
déplacent saisonnièrement vers Ambola, Tariboly et Lanevato.
Pour les agriculteurs, la transhumance est la principale cause
de la migration saisonnière. Le cas d'Efoetse est très
significatif car presque 10% des habitants y participent directement. A
Besasavy - Vohombey, on a recensé, en 2009, 17 familles qui partent tous
les ans vers le Plateau Mahafale, du mois de novembre au mois d'avril. Pour ce
village, la transhumance concerne plus de 500 têtes de zébus.
Migration de courte durée ou « mihalimpia
»
Elle concerne seulement les pêcheurs. Elle dure en
moyenne 15 jours. A Ambola, on a constaté que seule une famille s'est
déplacée régulièrement vers le Sud pour pratiquer
la pêche aux langoustes et calmars. Huit (08) membres de cette famille
partent avec deux pirogues. Leur déplacement peut durer une semaine ou
plus suivant la capture.
Migration pendulaire
Cette migration est journalière ou hebdomadaire : cas
du « mihake » (pêche à pieds) et de « kinanga fia
» (mareyage).
Les Tanalana pratiquent la pêche à pieds tout au
long de l'année sans saison bien définie. Toutefois, endant
les vives eaux, les activités sont plus intenses.
2.1.1.5. Aspects culturels et cultuels
Les populations locales de la zone reconnaissent l'existence
d'un Dieu unique, « Zanahare », créateur de l'univers. Renala,
en 2007 affirme que « Toute chose est le fait du créateur »
« kila raha ndranahare ro manao aze ». Tout le monde croit que le
« Zanahare » est le seul qui règne sur le monde des
êtres humains.
Les notables de certains villages affirment que jusqu'à
l'apparition des nouvelles églises, il était
considéré comme impossible d'intercéder directement
auprès de « Zanahare ». En revanche, d'autres entités
surnaturelles manifestent leur présence de façon plus sensible.
Elles sont désignées sous le terme générique de
« lolo ». Les « lolo » peuvent être des
ancêtres lignagers (« raza »).
22
Ce sont ces « lolo », propre à chaque groupe
lignager, qui sont les intermédiaires privilégiés entre
les êtres humains et « Zanahare » (Pascal, 2008).
A part la demande de bénédiction auprès
du « hazomanga », le rite funéraire est une des
cérémonies lignagères qui sont encore très
respectées.
2.1.1.6. Relations sociales
Principe d'intégration dans une
société
La population s'est formée à partir des
migrations successives. Le principe d'intégration repose sur l'alliance
ou « filongoa ». Les nouveaux venus ont demandé une
autorisation et une place auprès des anciens pour avoir droit à
l'occupation des terres.
Avant même la régularisation administrative, les
pouvoirs locaux consultent les renseignements des nouveaux venus avant de les
octroyer le droit. Leur emplacement a fait l'objet d'une étude
préalable. Quelquefois, pour que ces nouveaux venus ne puissent pas
envahir la communauté d'accueil, on leur donne une place entre deux
familles qui deviennent un blocage pour l'extension de leur occupation ou pour
l'arrivée des autres personnes à travers eux.
Autorité et prise de décision
Les Tanalana sont largement majoritaires et dominants dans la
région. Ils sont très indépendants, jaloux de leur
territoire, souvent faussement conçu comme xénophobe qui n'a
jamais accepté ni l'assujettissement ni la domination des souverains des
autres ethnies. Les différents pools de prise de décision chez
les Tanalana se situent au niveau des « Mpitankazomanga » des clans
majeurs. Selon les quelques notables dans la zone, trois sites sont
jugés comme pools de prise de décision : Beheloka par le tribu
Temahaleotse, Lanevato par le tribu Temitongoa de Vindy et Itampolo chez les
Temitongoa de Betsiriry et les Temilahehe. Les intellectuels et les politiciens
de ces trois clans majeurs, connaissant pertinemment que leur «
Mpitankazomanga » ne sont pas nécessairement des gens instruits
pour décider convenablement face aux initiatives étatiques dans
le cadre de développement de leur territoire d'origine, ont
créé une association nommée « Tokobey Telo ». En
General, cette association a pour but de protéger et de surveiller les
intérêts des Tanalana et elle a des influences à ne pas
négliger sur les grandes décisions politiques et administratives
concernant le groupe Tanalana et son territoire. Le clan Tandriaka a
très peu d'influence sur les prises de décision. Les Vezo,
minoritairement et socialement peu structurés n'ont pas de mot à
dire dans une assemblée qui parle de l'intérieur des terres,
même dans les zones de transition entre Vezo et Tanalana.
23
Parcontre, ils connaissent la mer et occupent la plus grande
partie des activités y afférentes. En effet, une certaine
complexité de prise de décision pour une activité de
conservation et de gestion des ressources marines est observée dans la
région. Posséder une grande pirogue ou plus d'une se
révèle être un avantage.
2.1.1.7. Problèmes sociaux Eau
L'approvisionnement en eau est encore insuffisant. En ce
moment, des organismes non gouvernementaux (Madagascar National Parks
Tsimanampesotse, financement KfW, PNUD, FID, Aide et Action, Programme «
Eau du Sud » mené par les Japonais) participent dans la
construction des puits pour la satisfaction des besoins villageois.
Electricité
L'électrification est encore de côté. Pour
le moment, les plus avantageux de chaque village possèdent des groupes
électrogènes pour faire fonctionner leurs appareils
électroménagers (TV, Radio cassette). Le projet
d'électrification par l'énergie solaire serait à
promouvoir dans la région.
Télécommunication et
média
Le réseau téléphonique est encore
inexistant constituant un facteur qui limite le développement du
tourisme. De plus, les chaines TV et Radio sont très mal captées,
entrainant ainsi un retard de diffusion des nouvelles et les messages
administratifs au sein des communautés locales.
2.1.1.8. Organisations spatiales et sociales de la
société Aménagement des habitats et des terroirs
villageois
Dans l'ensemble, la société présente un
faible degré d'aménagement de l'habitat humain indiqué par
la séparation nette de l'emplacement des cases avec les puits et les
lieux de culte. Pour chaque famille, on voit une bonne organisation et
délimitation de l'espace occupé.
Des exemples de carte sociale comme le cas du village d'Ambola
avec ses villages environnants et celle de Beheloke Bas/Beheloke Haut, à
titre d'illustration, sont présentées dans la partie annexe de ce
présent mémoire (Annexe 04).
La disposition de certains villages, comme le cas de Beheloke
Bas/Beheloke Haut, décrit une nette séparation de deux
établissements de même nom, l'un au bord de la mer (Beheloke Bas)
et l'autre se trouvant à l'intérieur (Beheloke Haut).
24
La distinction fait refléter l'installation de deux
ethnies différentes : le village au bord de la mer est occupé par
les Vezo et celui à l'intérieur constitue le lieu de
résidence des Tanalana.
Tendances organisationnelles des espaces
Du point de vue organisation d'habitat, on voit une nette
séparation des espaces d'habitation et des espaces culturelles et/ou
cultuelles.
Suivant les villages, on distingue généralement
deux à cinq zones principales : la zone d'habitation, la zone
d'activités culturelles et cultuelles, zone des cimetières, les
zones sacrées. Certains Tamariniers (« Kily ») sont
classés parmi les zones sacrées.
2.1.2. Contexte économique
Les principales activités économiques de la
population sont la pêche, l'agriculture et l'élevage. Le tourisme
qui est en plein essor représente aussi une grande
opportunité.
2.1.2.1. Activités des communautés
La pêche est une activité principale de la
population. 90% de la population pratique la pêche. D'autres
activités ont été développées par la
population pour multiplier le choix d'activités alternatives. 21,6% des
pêcheurs pratiquent l'agriculture en activité secondaire et 7,3%
l'élevage.
Pêche
La pêche de type traditionnel, pêche
piroguière et pêche à pied, constituent l'activité
principale. Les pêcheurs sont majoritairement des Vezo. Actuellement, la
pêche intéresse les Tanalana si bien que les villages tanalana
écartés du littoral ont des gens qui pratiquent à la fois
de la pêche, de l'agriculture et de l'élevage.
Agriculture
L'agriculture constitue une activité secondaire pour
certains Vezo. C'est une activité dévolue surtout aux
Tanalana. Les principaux types de culture sont le maïs, le
manioc, de la patate douce.
Elevage extensif
La zone est une région d'élevage extensif
où le zébu joue un rôle central dans toutes les
activités et cérémonies traditionnelles. On peut
distinguer deux types d'élevage : l'élevage des petits ruminants
(chèvres et moutons) et l'élevage des bovins.
25
Tourisme
La zone recèle d'énormes potentialités
éco-touristiques, que ce soit par sa richesse exceptionnelle en
biodiversité, mais également par des sites et paysages
extraordinaires aussi bien dans le domaine terrestre que dans le milieu
marin.
Le secteur est encore en plein essor, avec le
développement de l'écotourisme axé surtout au niveau du
Parc National de Tsimanampetsotse avec ses forêts maintenues presque
intactes, des îles coralliennes de Nosy Ve et de Nosy Satrana,
Nosimborona, Nosy Manitse.
Dans la zone, on découvre de multiples facettes
notamment la beauté des paysages et les populations. La zone est
considérée comme coin de paradis avec ses jolis petits villages
qui sont bordés des superbes plages presque désertes. Certains
villages qui s'installent dans des petites baies (Beheloke et Ambohibola) sont
favorables pour les campements au bord des belles plages. Un peu plus au sud,
on découvre aussi les pittoresques dunes d'Ambohibola et de Fanambosa
D'autres activités touristiques présentent aussi
une potentialité, entre autres, surf, plongée au sein du massif
corallien, pêche, promenade dans les lagons et les baies.
La figure 05 illustre les potentialités
éco-touristiques.
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re5.png)
Figure 05 : Potentialités éco-touristiques de la
zone
2.1.2.2. Dynamisme économique lié
à la spécialisation halieutique
Selon certains notables, la pêche se développe
incessamment dans la zone avec l'arrivée des Vezo qui lui
associèrent systématiquement l'agriculture et l'élevage.
La zone a connu donc une spécialisation halieutique de plus en plus
croissante. Auparavant, l'exploitation des ressources marines restait confiner
spatialement dans certains villages mais c'est surtout avec l'arrivée
des nomades « Sarà » que ce secteur d'activité acquiert
une dimension essentielle même à l'échelle
régionale.
26
Actuellement, beaucoup d'acteurs locaux ainsi que des migrants
saisonniers et définitifs sont profondément impliqués dans
l'exploitation des ressources marines.
Les dynamiques spatiales, notamment la multiplication des
villages de pêcheurs et l'extension des zones de pêche ont permis
d'accélérer l'intensification de la spécialisation dans le
domaine halieutique. On constate aussi que les pêcheurs traditionnels
forment actuellement un groupe spécialisé dans la pêche,
fondant principalement leur stratégie de subsistance sur ce secteur
d'activité dans la zone et s'impliquent dans l'économie marchande
grâce à la diversification des filières commerciales.
On constate que le mode d'organisation économique des
pêcheurs est homogène. L'unité de production est
caractérisée par l'association de plusieurs foyers sous le
contrôle du patriarche. Les ménages de fils restent soudés
au foyer de leur père. Chacun des foyers constitutifs de l'unité
de production se voit alors attribuer la quantité de nourriture
nécessaire en fonction de ses besoins ou partage éventuellement
la « même marmite » avec les autres ménages.
On constate qu'actuellement, le taux de construction des
maisons en dur est essentiellement différente pour les villages vezo et
ceux des tanalana. Les villages vezo d'Ambohibola et d'Ambola ont
respectivement un taux de 16% et 13% tandis que les villages tanalana
d'Itampolo I et d'Efoetse ne présentent que des taux inférieurs
à 3% et 4%.
Concernant les équipements en matériels, les
Vezo utilisent surtout les pirogues aussi bien pour le transport que pour la
pêche. Par contre, les Tanalana utilisent les charrettes comme moyens de
transport. Ambola et Beheloke sont les seuls villages où l'on enregistre
des pirogues utilisées spécialement pour le transport, notamment
vers Toliara, mais parfois vers le Sud suivant la demande.
A l'heure actuelle, les Tanalana s'adonnent davantage à
la pêche et s'efforcent de construire des maisons en dur sans
lâcher l'objectif « zébu ». Pourtant, la
différence notable se dégage au niveau des matériels de
pêche car les Tanalana s'y investissent peu.
Généralement, tous les pêcheurs disposent
pour le moment de très peu de matériels de production. Presque
l'ensemble du littoral souffre d'un manque d'équipement de pêche
et doivent se contenter des matériels rudimentaires tel que les harpons.
Cette situation explique la surexploitation de la zone de pêche à
l'intérieur des barrières récifales.
27
2.1.3. Pêche traditionnelle dans la zone
Nous avons déjà mentionné
précédemment que la pêche est l'activité principale.
Les communautés pratiquent aussi l'agriculture mais ce type
d'activité, limité par les facteurs climatiques,
particulièrement la faible pluviométrie et la sécheresse
prolongée, ne peut pas assurer leur subsistance. En effet, les
ressources marines peuvent faire vivre la population littorale et
allègent les problèmes monétaires. La mer constitue alors
une source de subsistance économique des communautés.
A ce propos, des questions se posent : comment se
présente le zonage de la mer selon les communautés et quelles
sont les correspondances avec le zonage effectué par les scientifiques?
Comment les pêcheurs exploitent-ils ces différentes zones? Quels
sont les engins et les techniques utilisés par les pêcheurs et
quelles sont les espèces cibles ? Où sont les destinations des
produits obtenus? Quels sont les facteurs qui déterminent la
périodicité des activités de pêche?
Les réponses et les analyses à toutes ces
questions feront l'objet de la partie suivante.
2.1.3.1. Zonage local de la mer
L'acquisition des connaissances vient de la pratique des
différentes techniques de pêche face aux aléas des
conditions climatiques, notamment les vents et les conditions
océanographiques. Les zones exploitées sont fonction des
espèces ciblées et c'est là le point de départ de
la connaissance des pêcheurs traditionnels sur l'environnement marin.
Dans l'ensemble, on peut distinguer cinq principales zones qui
se répartissent respectivement en sous zones. Ces divisions et
subdivisions seront d'abord rapportées, dans cette étude, par les
termes locaux. L'équivalence entre le zonage local et le zonage des
scientifiques est détaillée par le tableau 05.
On peut affirmer qu'il n'y a nécessairement pas
d'équivalence entre le zonage local des pêcheurs et le zonage des
scientifiques. Il est nécessaire de noter que la présence des
sous zones varie d'un terroir à un autre suivant la
géomorphologie de la zone.
28
Tableau 05: Correspondance du zonage local avec le zonage des
scientifiques.
Nom local
|
Nom scientifique
|
Observation
|
Zones
|
Sous zones
|
Sisindriake
|
Serana
|
Plage
|
Plage de haute mer
|
Olodriake
|
Zone de balancement des marées.
|
Anaovane
|
Tsodrano
|
Platier interne
|
|
Ariano
|
|
Vatohara
|
Lohariake
|
Récif frangeant
|
|
Vavarano
|
|
Ambohone
|
Volivato
|
|
Nosy
|
Récif barrière
|
|
Vonenkara
|
Récif immergé
|
|
Ambohone
|
Large et fond externe
|
|
Lalantsambo
|
|
Ala honko
|
Saha
|
Mangrove
|
|
Honko
|
|
2.1.3.2. Utilisation des différentes zones par
les pêcheurs
Cinq principales utilisations sont reconnues, à savoir
:
la mer constitue la principale voie de transport pour les
communautés ;
la partie en amont de la plage ou « sisin-driake »
est un lieu de déposition des accessoires de pêche tandis que la
partie en aval ou « serana » est un lieu de débarquement des
embarcations, un lieu de divertissement des enfants ainsi que pour la vaisselle
;
tous les zones accessibles en pirogue à voile sont des
lieux de pêche traditionnelle ; les îlots constituent un lieu de
refuge aux moments difficiles pour la navigation en mer ;
certains endroits constituent des lieux sacrés, donc des
lieux de pratique rituel.
Les modes d'utilisation de ces zones par des différents
groupes d'utilisateurs sont figurés dans l'Annexe 05.
La carte terroir de la partie marine à Ambola
présentée par la figure 06 est une bonne illustration sur les
différentes utilisations des zones, les espèces exploitées
ainsi que les groupes d'utilisateurs.
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re6.png)
29
Figure 06: Carte terroir marin à Ambola, C/R Beheloke
2.1.3.3. Engins, techniques de pêche
utilisées et espèces exploitées
Actuellement, les stratégies de pêche
traditionnelle sont significativement différentes bien qu'elles
semblaient identiques autrefois. Toutefois, certains moyens et techniques
utilisés comme les pirogues monoxyles à voile, les harpons, ...
ont peu changé. La plupart des matériels sont fabriqués
localement. La plupart des pêcheurs ont essayé d'utiliser les
nouvelles techniques de pêche mais ils ont différemment
intégré dans leur éventail de pratiques. On note ainsi
actuellement de profondes différences des pratiques de pêche, d'un
individu à l'autre, d'une unité de production à l'autre,
mais aussi d'un lignage à l'autre et d'un village à l'autre.
Les pêcheurs embarquent en mer par des pirogues
monoxyles de petite taille dont la longueur est inferieure ou égale
à 3m ou de moyenne taille (3 à 5m) ou de grande taille (plus de
5m). Elles sont mues à la pagaie ou à la voile.
Généralement, la pêche piroguière n'a qu'un rayon
d'action très limitée. Elle ne se pratique que très
rarement au-delà des barrières récifales (moins de 5km au
large), lorsque les conditions de la mer sont jugées suffisamment sans
risque.
Généralement, quatre méthodes de
pêche, encore traditionnelles sont pratiquées: la pêche au
filet ou « mihaza », la pêche à la ligne ou «
maminta », la pêche a pied ou « mihake » et la
plongée en apnée ou « manirike ».
30
Plusieurs types de ressources marines sont exploités
par les pêcheurs, entre autres, les poissons, les poulpes, les
holothuries, les requins, les coquillages, les crabes, les calmars, les
murènes, les langoustes, les tortues de mer, les petits poissons
pélagiques ainsi que les algues marines. Randriamahaleo et al., en 2009
affirment que 75% de ces produits sont pêchés ou collectés
sur le front récifal et le platier du récif contre seulement 10%
dans la zone de balancement des marées et dans les lagunes. 15% de ces
mêmes produits sont pêchés sur les restes des zones.
Les différentes techniques de pêche
utilisées et leurs caractéristiques sont détaillées
en Annexe 06.
La figure 07 illustre les activités de pêche dans
la zone et les engins utilisés.
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re7.png)
Filets et pirogues
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re8.png)
Sortie en mer
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re9.png)
31
Captures
Figure 07 : Activité de pêche dans la zone
Les différents équipements et les accessoires
utilisés par les pêcheurs par type d'habitat sont
détaillés en Annexe 07.
2.1.3.4. Circuits de la production
Auparavant, faute d'accès aux marchés et
à l'économie monétaire, la production de pêche dans
la zone sert essentiellement à l'autoconsommation et au troc contre des
denrées agricoles avec les agro-pasteurs de la plaine
côtière mahafale. Il est vrai que quelques productions marchandes
existaient déjà dans la zone, entre autres le commerce des
burgaux, des carapaces des tortues imbriquées, des holothuries,..., mais
elles ne représentent que des opportunités accessoires.
Actuellement, les produits de mer capturés sont
généralement repartis comme suit : une partie sert à la
consommation locale (pêche de subsistance) et une autre partie soit
vendue sur place (pour la population locale ou pour les mareyeurs) soit
destinée au fumage et au salage.
L'operateur COPEFRITO est le collecteur potentiel de produits
de pêche. Récemment, un nouvel operateur TSINEFITELO embarque dans
la région. La production obtenue est variable suivant les saisons et les
conditions de la mer. En moyenne, un pêcheur obtient 3 a 5kg de poissons,
2 a 4 poulpes de moyenne taille par jours.
Les circuits de vente des produits de pêche sont
présentés par la figure 08 ci-après.
Pêcheurs
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re10.png)
Local : frite, hôteliers
Collecteur
Femme de pêcheur
Produits frais
Ampanihy
Toliara
Betioky
Mareyeurs
Produits transformés (saly et sira)
Ejeda
Vatolatsaka, Bezaha
Figure 08 : Circuits des produits
2.1.3.5. Pêche traditionnelle : une
activité périodique Différentes saisons dans chaque
commune
Dans une année, il n'y a pratiquement pas de
repères qui marquent le début des activités de
pêche. Les pêcheurs sortent toujours en mer si le temps et les
conditions climatiques les ont permis. Toutefois, le changement des conditions
climatiques permettent de repérer le changement de la saison.
Les pêcheurs utilisent le calendrier lunaire qui
recouvre une période de 28 jours. Ce type de calendrier présente
2 mois de décalage par rapport au calendrier usuel.
Selon les pêcheurs, la zone connaît trois saisons
bien distinctes, à savoir, l'« asara », l'« asotry »
et le « faosa ». Chacune des saisons dure 4 mois.
Tableau 06: Durée des trois saisons dans chaque commune
COMMUNES
|
CALENDRIER USUEL
|
janv
|
fév
|
mar
|
avril
|
mai
|
juin
|
juil
|
août
|
sept
|
oct
|
nov
|
déc
|
BEHELOKE
|
CALENDRIER LUNAIRE
|
AB
|
VA
|
V1
|
V2
|
V3
|
V4
|
V5
|
V6
|
V7
|
V8
|
V9
|
V10
|
ITAMPOLO
|
VaA
|
VaO
|
V1
|
V2
|
V3
|
V4
|
V5
|
V6
|
V7
|
V8
|
V9
|
V10
|
ANDROKA
|
Va0
|
V1
|
V2
|
V3
|
V4
|
V5
|
V6
|
V7
|
V8
|
V9
|
V10
|
VaA
|
Source : Randriamahaleo et al., 2009
ASARA ASOTRY FAOSA
VaA : Volana arian'Aomby VaO :
Volana arian'Ondaty AB : Ambem-bola Va :
Volan'aria V1 : Volan'isa V2 : Volam-paharoe
V3 : Volapahatelo V4: Volapahaefatra
V5: Volapahadimy V6: Volapahenina
V7: Volapahafito V9 : Volapahavalo V9
: Volapahasivy V 10 : Volam- pahafolo
|
33
Facteurs qui déterminent les activités de
pêche
Les pêcheurs traditionnels apprennent le métier
de pêcheur par des expériences concrètes. La connaissance
se transmet par expériences directes car elle est cognitive (Pascal,
2008). La pêche est sujette aux aléas du climat du fait de la
faiblesse de moyens de pêche et de navigation que disposent les
pêcheurs.
On peut dire que les vents, les marées, les astres
constituent des facteurs non négligeables pour l'exécution de
cette activité dans la condition actuelle des pêcheurs
traditionnels. Ils sont des facteurs limitatifs plutôt que motivants.
Vents
Les vents sont l'un des facteurs qui déterminent les
activités de pêche. Les pêcheurs distinguent plusieurs types
de vents et leur apparition est différente d'une commune à
l'autre. Les différents types de vent et leur période
d'apparition dans chaque commune sont présentés en Annexe 08.
Marées
Dans une journée, la zone connaît deux basses
mers et deux pleines mers. Les marées sont de type mixte dans lequel les
composantes diurnes sont plus importantes que les composantes nocturnes. La
correspondance entre les marées et les techniques de pêche sont
présentés en Annexe 09.
Astres
Par faute de familiarité avec la discipline
astronomique, ce présent mémoire ne signale aucune correspondance
entre l'appellation locale des astres et celle des astrologues. Selon les
pêcheurs, deux astres influencent les activités de pêche :
le « vasia vono » et le « kania ».
Calendriers de pêche
Dans l'ensemble, les activités de pêche sont
pratiquées durant toutes les saisons de l'année. Les calendriers
de pêche dans chaque commune sont détaillés en Annexe
11.
Horloges d'activités de pêche
Les horloges d'activités de pêche varient selon
le type de pêche pratiqué. Les détails sont figurés
dans l'Annexe 10.
2.2. Analyse du contexte biologique
Peu de recherches sur l'environnement marin et côtier
ont été réalisées dans la zone et par
conséquent le statut et l'état de santé des ressources
marines sont peu connus.
34
Toutefois, des études et diagnostics marins faites par
le groupe d'experts océanographes et des organismes oeuvrant dans le
domaine de l'environnement marin permettent d'évaluer la
diversité biologique et la santé de l'écosystème
récifal corallien. 22 sites ont été étudiés
dans la zone dont :
- 10 sites réalisés dans le cadre du projet
Gestion des Ressources Naturelles Marines du sud de Toliara, par WWF. Ces sites
sont Tanevao, Maromalinike, Ranolahy, Ankara, Tambohoabo, Belamiera, Mahadrano,
Nosimbato, Ambolafoty.
- 12 sites réalisés, en 2009, pour
compléter les données manquantes. Ces sites sont Ampasimagnora,
Ampiambaza, Lovobato, Tapikara, Lavabe, Ambatovakivaky, Nosimboro,
Tsilomaitata, Nosy Manitse, Berisitoaly, Rekitoto et Beakio.
La figure 09 montre les sites objets de diagnostic marin.
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re11.png)
Tanevao
BEHELOKE
Maromalinike
Ranolahy
Ampasimagnora Ampiambaza Lovobato
Belamiera
Madrano
Tambohoabo
ITAMPOLO
Tapikara Ankara
Lavabe
Ambatovakivaky
ANDROKA
Nosimbato
Tsilomaitata
Ambolafoty
Ankara
Nosy Manitse
Rekitoto Berisitoale
Beakio
35
Figure 09: Localisation des sites de diagnostic marin
2.2.1. Types géomorphologiques du milieu marin
Schématiquement, les formations récifales, le
long de la côte Sud-Ouest se divisent en plusieurs secteurs qui
appartiennent à des types physiographiques extrêmement
variés (Pichon, 1972). En général, la zone est
caractérisée par un récif frangeant qui longe tout le
littoral.
Dans la partie de Beheloke, la dépression
arrière récif occupe une surface importante et l'ensemble du
récif frangeant sont constitués par d'importantes baies et des
pentes externes. Un peu plus au sud, le récif frangeant devient
nettement plus mince (Battistini, 1964).
Dans la commune de Beheloke, la figure 10 montrant la
morphologie du récif frangeant à Ampiambaza est un exemple pour
illustrer les types géomorphologiques des récifs coralliens.
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re12.png)
Escarpement avec un haut % de couverture corallienne
Sable
Vallée avec des canaux profonds
Colonies de Montipora
Zone à mouvement d'eau
puissant, dominée par des macro algues
Coraux en régénération
36
Figure 10: Morphologie du récif frangeant d'Ampiambaza,
Beheloke Source : Gouth , 2009
On voit que le récif frangeant d'Ampiambaza est
caractérisé par l'existence des canaux profonds, au niveau
desquels les mouvements d'eaux sont puissants. Il est aussi
caractérisé par l'existence du front récifal
escarpé. La profondeur est de 5m en moyenne mais l'inclinaison peut
atteindre brusquement jusqu'à 15m.
Dans la commune d'Itampolo, le site de Tapikara montré
par la figure 11 constitue un site représentatif en terme de types
géomorphologiques des récifs coralliens. Ce récif est
profond de 6m et présente une faible inclinaison de 10m.
|
Zone à dominance de coraux mous
Sable
Coraux en régénération
Colonies de Montipora
Zone à mouvement d'eau puissant, dominée par des
micro algues
|
37
Figure 11: Morphologie du récif frangeant de Tapikara,
Itampolo Source : Gouth , 2009
2.2.2. Peuplements benthiques
2.2.2.1. Pourcentage de couverture du benthos
Le pourcentage des coraux durs est variable d'une zone
à l'autre. Les plus hauts niveaux se trouvent dans la commune d'Androka,
au niveau des sites d'Ambolafoty (73,63%), Nosimbato (67,02%), Tsilomaitata
(66,70%) et Rekitoto (62,47%). Le site Lavabe à Androka Ela et celui de
Maromalinike à Beheloke présentent des pourcentages faibles
(respectivement 9,72% et 15,93%).
On constate que les récifs ayant un pourcentage faible
en coraux durs sont dominés par des gazons algaux. Ces derniers,
d'après Muthiga et Mc Clanahan en 1987, est la seule forme benthique du
récif qui persiste au pâturage intense des populations
d'Oursins.
Selon Obura et Abdulla en 2008, la complexité des
structures des coraux durs est un système de protection contre le stress
physique tel que les courants, et les vagues. En effet, la dominance du
substrat algal par rapport au substrat corallien traduit l'incapacité
des écosystèmes coralliens à résister face au
changement des conditions du milieu.
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re14.png)
38
Figure 12: Pourcentage de recouvrement des formes
benthiques
Le pourcentage des algues charnues ne dépasse pas celui
des coraux durs. Dans tous les sites, leur abondance se situe entre 6% à
20%. Cependant, ce pourcentage est relativement élevé par rapport
aux valeurs de certains sites du Sud Ouest de Madagascar (Pichon, 1972).
Cela démontre que l'état de santé des
sites est perturbé par divers facteurs, entre autres les facteurs
naturels, la mortalité des coraux due au blanchissement corallien.
Notons que cette situation n'affecte pas l'ensemble des sites.
On constate aussi la présence d'Acanthaster sp
qui n'a pas été enregistrée. La cause de la
mortalité reste inconnue mais c'est évident que l'état de
santé des récifs dans la zone est légèrement
mauvais par rapport à d'autres sites de la région.
Diversité des coraux durs
En terme de diversité des coraux durs, les sites ne
présentent pas de différences notables. Pourtant, certains
d'entre eux présentant un pourcentage de couverture élevé
ont une diversité faible. Tels sont les cas de Nosimbato, Ambolafoty,
Ankara, Tsilomaitata, Rekitoto et Lovobato dont le SDI se situe entre 0,55 et
0,75. Au niveau de ces sites, la couverture corallienne est dominée par
Montipora sp.
D'autres sites comme Belamiera, Tambohoabo et Lavabe ont un
pourcentage de couverture en coraux durs faible (de l'ordre de 10% à
20%) alors que SDI est élevé du fait que la couverture des coraux
durs y est formée par plusieurs genres.
La figure 13 représente la diversité des coraux
durs dans les sites d'étude.
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re15.png)
39
Figure 13: Diversité des coraux durs dans chaque site de
diagnostic Etat de santé des sites
En général, l'état de santé des
récifs dans la zone est relativement « bon » avec un
pourcentage de couverture moyenne des coraux sclératiniaires. L'habitat
corallien, quel que soit le type des récifs, a un taux de recouvrement
d'environ 40% alors que les algues charnues et les gazons algaux ont un taux
relativement faible (respectivement 5% et 20%).
Selon le système ASEAN, 6 sites dont Ambolafoty,
Nosimbato, Tsilomaitata, Rekitoto, Lovobato et Nosimboro exposent une
couverture corallienne suffisante et décrit comme dans un état de
santé « excellent ». Parmi ces sites, 4 se trouvent dans la
commune d'Androka et un seul dans la commune de Beheloke. Le pourcentage de
couverture en coraux durs au niveau de ces sites est de l'ordre de 60% à
75%. 7 sites sont en état de santé « bon » dont le
pourcentage de couverture en coraux durs se situe entre 35% à 55%. La
majorité de ces sites se trouvent dans la commune d'Androka (Nosy
Manitse, Beakio, Ambatovakivaky, Berisitoaly), d'autres dans la commune
d'Itampolo (Tapikara, Ankara) et Bezamba dans la commune de Beheloke. 2 sites
(Ampiambaza et Mahadrano) sont en état de santé « moyen
» dont le pourcentage de couverture en coraux durs est d'environ 30%.
Les sites se trouvant au nord, notamment Tanevao,
Ampasimanoro, Ranolahy, Lavapano, Belamiera, Tambohoabo, Maromalinike, sont
relativement en état de santé « mauvais ». Les coraux
durs ne représentent que 16% à 25% du total du benthos.
Le site Lavabe à Androka présente un taux
relativement faible. La mortalité localisée des coraux a
été observée sur ce site dont les coraux au niveau des
parties profondes sont particulièrement affectés et ceux se
trouvant autour de 2 m sont relativement non affectés.
Plusieurs facteurs peuvent causer cette situation comme le
stress thermique, la prédation des coraux ainsi que la pêche au
poison, ...
L'état de santé des sites en fonction des
pourcentages de recouvrement des coraux durs est montré par la figure
14.
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re16.png)
Figure 14: Etat de santé des sites
On constate une
hétérogénéité considérable entre les
sites en terme de pourcentage de couverture des coraux durs. Il passe de 1,6%
à 74%.
La figure 15 représente l'état de santé des
sites par types géomorphologiques.
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re17.png)
Figure 15: Etat de santé par types
géomorphologiques
40
La couverture des coraux durs est aussi variable selon les
types géomorphologiques. Les fonds extérieurs et les pentes
externes présentent un pourcentage considérable et
considérées comme en état de santé « excellent
» (respectivement 74% et 63%) ; alors que les zones des platiers
récifaux sont en état de santé « moyen » avec un
taux de 32%.
2.2.2.2. Invertébrés
Oursins
Les oursins ne sont pas présents dans tous les sites
d'étude. La diversité de l'oursin est relativement faible. On a
observé un maximum de 4 espèces à Lavabe alors que les
autres sites en sont dépourvus.
Holothuries
Les holothuries sont absentes dans beaucoup des sites ;
même si elles sont présentes, leur pourcentage est relativement
faible.
2.2.3. Diversité et abondance des poissons
2.2.3.1. Richesse spécifique
La figure 18 ci-après indique la richesse
spécifique dans chaque site.
Généralement, la richesse spécifique n'a
pas de différence significative dans tous les sites. Dans l'ensemble, la
zone présente une haute richesse spécifique avec une moyenne
d'environ 100 espèces. Cependant, dans certains sites comme Beakio,
Ampiambaza, Ampasimanoro, on a recensé respectivement 135, 132 et 125
espèces alors que Nosy Manitse, Rekitoto, Maromalinike, Ranolahy,
Bezamba ne possèdent respectivement que 33, 66, 41, 42 et 25
espèces seulement.
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re18.png)
Figure 16: Richesse spécifique en poissons des sites de
diagnostic.
41
42
2.2.3.2. Diversité des poissons
SDI est variable et leur valeur oscille entre 0,44 à
0,94 dans chaque site. Cette valeur prend en considération non seulement
le nombre des espèces dans un échantillon mais aussi la dominance
relative. Dans quelques sites, cas de Nosy Manitse, Ambatovakivaky et Lovobato,
bien que la richesse spécifique soit nettement haute, la dominance de
quelques espèces, particulièrement les espèces de la
famille des Pomacentridae et Labridae explique la valeur de SDI nettement
faible.
La figure 19 montre la diversité des poissons dans les
sites de diagnostic.
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re19.png)
Figure 17: Diversité des poissons
2.2.3.3. Biomasse des poissons par famille
En général, la famille la plus abondante est la
Famille des Acanthuridae. Leur biomasse englobe approximativement 20% à
80% de la biomasse totale de l'ensemble des sites de diagnostic. Les
Acanthuridae peuvent atteindre jusqu'à 900kg/ha dans certains sites. A
part les Acanthuridae, les familles des Labridae et Pomacentridae comprennent
généralement 5% à 20% de la biomasse totale. La biomasse
restante (2 % à 5% du total) est dominée par les familles des
Scaridae, Chaetodontidae et Serranidae. On constate que Berisitoaly est
dominé par les Lutjanidae (33.37%), les Carangidae (26.05%). Beakio est
dominé par les Haemulidae. De même façon, une grande
proportion de biomasse est constituée par des Lethrinidae.
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re20.png)
43
Figure 18: Biomasse des poissons par famille dans
chaque site
2.2.3.4. Biomasse des poissons par catégorie
trophique
Géneralement, dans la majorité des sites de
diagnostic, la biomasse des poissons par catégorie trophique la plus
dominante est la catégorie herbivore. L'analyse montre que les poissons
herbivores contribuent plus de 50% de la biomasse totale des sites. Toutefois,
plusieurs sites montrent des contributions à la biomasse relativement
égales des poissons herbivores et des poissons carnivores.
Berisitoaly est particulièrement le seul site
dominé considérablement par les carnivores avec un pourcentage de
contribution de plus de 70% de la biomasse totale. Lovobato et Beakio sont
aussi dominés par les carnivores (>50% de la biomasse totale).
La catégorie herbivore aurait pu être
changée de sa condition naturelle si leur exploitation (du fait de leur
valeur commerciale) ne cesse pas d'augmenter. Les carnivores sont des poissons
possédant une longévité élevée et un taux de
fecondité très faible ce qui les rendent vulnérables
à la surpêche (Pauly et al. 1998; Coleman et Williams 2002).
Berisitoaly est une exception parmi les sites de diagnostic.
Ce site présente non seulement un haut niveau de biomasse des poissons
dont la composition de différentes catégories trophiques est
dominée par les carnivores (plus de 70% de la biomasse totale) ; la
composition des différentes catégories trophiques y est donc
équilibrée.
Les trois catégories trophiques de Beakio, Lovobato et
Tsilomaitata sont aussi en équilibre mais de faible proportion.
44
La biomasse des poissons par catégorie trophique est
donnée par la figure 21.
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re21.png)
Figure 19: Biomasse des poissons par catégorie
trophique
2.2.3.5. Biomasse moyenne dans chaque site
La moyenne de biomasse des poissons récifaux
présente une grande différence dans chaque site; elle varie de
5,9kg/ha à 4602.85 kg/ha.
Beristoaly, Belamiera, Ranolahy, Ambolatoty sont les sites
dont la biomasse des poissons est considérable (respectivement 4602.85
kg/ha, 2295,05 kg/ha, 1620.02 kg/ha et 1469,90 kg/ha). La biomasse la plus
faible se situe à Rekitoto, Nosy Manitse (respectivement 18,83kg/ha,
5,90kg/ha).
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re22.png)
Figure 20 : Biomasse moyenne des poissons par site
45
La biomasse relativement faible peut être le
résultat des hautes pressions de pêche sur les zones de
pêche facilement accessibles, une conclusion qui a été
tirée par d'autres études menées dans la région
(Nadon et al. 2005; Harding et al. 2006).
2.3. Pressions et menaces sur les
écosystèmes marins
Malgré l'importance biologique et économique de
la zone, le milieu marin est confronté à des problèmes
environnementaux liés aux activités humaines. Les pressions ont
augmenté exponentiellement depuis récemment du fait que le nombre
de population dépendante de la mer continue d'augmenter et la demande
commerciale conduit à une collecte plus intense des ressources.
Une surexploitation localisée est constatée
partout sauf à Fanambosa où les pêcheurs se permettent
encore de ne capturer que les espèces à haute valeur commerciale.
Le constat d'une diminution de taille des captures est également
mentionné.
La dégradation des récifs peut avoir
différentes causes comme la sédimentation terrigène, le
blanchiment de coraux, la sur pêche ou le piétinement des platiers
coralliens. Parmi les communes étudiées, nous pouvons avancer que
la commune de Beheloke est la plus importante en terme de pression. En effet,
les pressions suivantes y sont rencontrées : l'utilisation des harpons
et des fusils, la pêche avec des filets moustiquaires et d'autres filets
à petites mailles pour les poissons, la présence des plongeurs
avec scaphandre pour les trépangs, le déploiement des palangres
et des filets ZZ pour les requins, le retournement des blocs, l'utilisation du
bâton et la pêche à pieds pour le récif corallien
pour toutes les ressources marines. En second lieu, la commune d'Itampolo
demeure une zone où les pressions sont assez importantes mais moindres
par rapport à Beheloke. Androka semble être la commune où
on rencontre le moins de pression.
La difficulté causée par l'insuffisance de
pluies pour pratiquer l'agriculture engendre un effet non négligeable en
matière de pression. En effet, nombreux sont les agriculteurs qui, faute
de pluies, se rabattent sur les ressources marines pour leur survie. Ces gens
recherchent les espèces faciles à capturer comme les poulpes et
les trépangs lors des marrées basses.
46
2.3.1. Pressions et menaces au niveau des habitats
Les menaces qui pèsent sur les habitats sont d'origine
diverses. Tableau 07: Les habitats, les pressions et les menaces
Habitat
|
Causes des menaces
|
Pressions
|
Impacts
|
RECIF
|
Augmentation de la demande sur le marché des poulpes
|
-Piétinement des coraux -Retournement des coraux
|
-Destruction des habitats -Réduction de l'espace vitale
-Diminution de la production (produits capturés) en taille
et en nombre
-Raréfaction et/ou
disparition progressive des espèces
-Perte des coraux vivants surtout les branchus et dans le platier
interne des récifs -Prolifération des oursins -Changement de
comportement des animaux -Diminution des rendements de pêche (Langoustes,
Poissons,...)
|
Effet naturel (El Nino, cyclone, augmentation de la
température de la surface de la mer)
|
-Blanchissement des coraux
-Ensablement
|
Tradition de pêche des Vezo depuis plusieurs
années
|
-Surpêche
-Coupure des coraux branchus
|
-Pauvreté -Utilisation des filets à petites
mailles
|
-Surpêche -Collecte des coquillages et concombre de mer
|
-Diminution de surface recouverte par les herbiers et du
recrutement -Domination d`autres espèces
|
2.3.2. Pressions et menaces au niveau des
espèces
Malgré la faible densité de population dans la
partie sud de la zone, l'absence de certaines espèces cibles est
frappante. Ainsi il est rare de rencontrer des holothuries (collectés
à l'aide de bouteilles de plongée) et des poulpes.
Les impacts des pressions se manifestent soit par la baisse de
la capture journalière selon l'espèce ciblée soit par la
quasi-disparition de certaines espèces comme les requins. Cependant,
pour compenser cette baisse de performance, les pêcheurs utilisent
d'autres engins et techniques plus performants ou se tournent vers d'autres
espèces ciblées. Parmi ces engins et ces techniques, nous pouvons
citer les filets moustiquaires, les sennes de plage, l' « îlo »
(technique de pêche de nuit utilisant des branches de Cedrelopsis
grevei brûlées et les plongeurs avec scaphandre.
47
Les filets moustiquaires et les sennes affectent gravement les
populations des différentes espèces de poisson rencontrées
dans le lagon. Ils apportent surtout un effet néfaste sur les
juvéniles. Quant au « îlo », les pêcheurs se
procurent des branches de Cedrelopsis grevei qui est une espèce
d'arbre très menacée pour pouvoir distinguer les trépangs
de la nuit.
Au niveau des espèces, la pêche aux poulpes, la
chasse des tortues marines et la pêche aux requins sont les principales
menaces identifiées dans la zone.
La pêche aux poulpes : la forte exploitation de
poulpes, notamment entre Besambay - Beheloke et au Sud d'Itampolo risque
d'accélérer la dégradation des récifs. C'est la
demande du marché qui est à l'origine de cette situation. La
collecte journalière tourne autour de 500kg dans le secteur de Besambay
- Beheloke et peut aller jusqu'à une (1) tonne quand la pêche est
bonne. Itampolo est le village qui produit le plus de poulpes, suivi
d'Ambohibola, Androka-Ela et Andrenosy.
La chasse aux tortues marines : la viande de tortue de
mer est très appréciée par les Vezo. Quelques - uns nous
affirment que les tortues de mer chez les Vezo est l'équivalent du
zébu chez les Tanalana. La capture des tortues de mer est
constatée partout le long du littoral mais le circuit le plus connu part
d'Itampolo et ravitaille la ville de Toliara. L'acheminement des produits se
fait surtout par voie maritime.
La pêche aux requins : la pêche aux requins
est pratiquée sur l'ensemble de la zone d'étude. Ce type de
pêche est le principal objet de migration saisonnière de longue
distance des Vezo. Plus de 100 individus sont capturés par an et pouvant
faire disparaître plusieurs espèces si le rythme continue
ainsi.
48
3. DISCUSSION
3.1. Opportunités de création et zonages
préliminaires 3.1.1. Opportunités de création
Les résultats de cette étude nous ont permis
d'identifier des opportunités qui devront être valorisées
pour la création de l'APM, notamment durant la phase de sensibilisation
et de négociation des limites. Les opportunités concernent les
aspects suivants :
l'émergence des « mpizaka » est une structure
traditionnelle mais devenue un outil de gestion de conflits au niveau de la
commune ;
des sites touristiques sous exploités existent dans la
zone mais ils sont faciles à valoriser avec l'existence de quelques
infrastructures déjà en place (cas de Fanambosa, Ambohibola,
Itampolo, Tariboly, Ambola, Ambatomifoke, Limbeitake) ; les Tanalana
s'impliquent davantage dans le domaine de la pêche, facilitant par
exemple la sensibilisation sur la diversification des activités ; un axe
est déjà connu dans le domaine de l'écotourisme, notamment
la complémentarité avec le Parc National Tsimanampesotse ; des
exemples réussis de culture maraîchère et de
pépinière dans quelques localités pouvant servir de base
de diffusion de nouvelles activités génératrices de
revenus. des structures villageoises, notamment les « komitindriake »
existent déjà dans chaque village facilitant la sensibilisation
et la négociation.
3.1.2. Zonages préliminaires
3.1.2.1. Première ébauche de zonage
Les études faites en 2007 par WWF dans la zone du
système récifal corallien de Toliara ont permis de proposer un
zonage de l'APM au Sud de Toliara. Les experts ont été
élaborés ce zonage selon une approche multicritères
où les aspects écologiques et les aspects
socio-économiques ont été tenus en considération
tout en suivant les principes de base de gestion d'une APM.
Aire de Nosy Satrana : l'aire englobe l'île de
Nosy Satrana, les mangroves au Sud, ainsi que l'ensemble du récif
frangeant. Elle a une superficie de 2600ha environ. Cette parcelle aura des
objectifs de gestion prioritaires tels que l'écotourisme et la gestion
durable des ressources (zone d'usages contrôlés). Les zones de
conservation stricte resteront restreintes.
Aire de Beheloke Nord : d'une superficie de 1.690 ha,
elle intègre des sites de bonne diversité et sera proposé
en co-gestion au village de Beheloka. Elle intègre également un
passe, qui est proposé en tant que zone d'usages contrôlés
de 500 ha.
49
La figure 23 montre la première ébauche de
zonage.
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re23.png)
Figure 21: Ebauche de zonage en 2006
Source : Ranaivomanana, 2007
50
Aire d'Ambola Nord : cette aire couvre 4.000 ha. A
côté de cette aire, il est proposé d'installer deux Zones
d'Usages Contrôlés de 2.000 ha en tout. Les communautés de
base d'Ambola ou éventuellement des villages encore non
déterminés seront sollicités pour jouer un rôle
actif dans la co-gestion de cette parcelle.
Aire d'Ambola Sud : l'objectif de gestion de cette zone
d'une superficie de 6.280 ha sera la conservation, car les pressions de
pêche sont encore largement absentes. Au Nord et au Sud de la parcelle,
deux Zones d'Usages Contrôlés de 2.000 ha en tout seront
installées. Ces dernières auront aussi une fonction de tampon
pour mieux protéger la zone centrale.
Aire d'Itampolo : l'Aire d'Itampolo resterait encore
à définir. La population semblerait cependant très
motivée pour protéger leurs ressources marines, notamment contre
des plongeurs de concombres de mer.
Les sous zones proposées au titre de zones de
gestion : le récif frangeant entre la parcelle de Nosy Satrana et
celle de Beheloka Nord sera proposé au titre de zone de gestion des
ressources (1.500 ha). Au Nord le village de Maromena et au Sud le village de
Befasy seront engagés dans ce processus qui leur permettra de mieux
contrôler l'exploitation de certaines ressources clés pour leur
mode de vie et leurs revenus.
L'objectif primaire des zones de gestion n'est pas l'octroi
d'un droit exclusif, mais l'application de règles durables valables pour
tous et contrôlés par les communautés de base locales.
Ainsi les deux villages gardent le contrôle sur l'évolution de
leur récif.
Le récif situé devant le village de Beheloka et
comprenant deux passes sera proposé aussi comme zone de gestion pour la
communauté de base de Beheloka. Il en est de même pour le
récif frangeant directement devant le village d'Ambola pour la COBA
d'Ambola (500 ha). Les zones de gestion comprennent généralement
tout le transect de la ligne de plage jusqu'au piedmont de la pente externe de
récif. Au Sud, le village de Lanivato bénéficiera d'une
zone de gestion de récif frangeant sur environ 700 ha.
3.1.2.2. Deuxième ébauche de zonage
Dans la commune d'Androka, en 2009, les zones
identifiées comme prioritaires pour la protection sont les récifs
se situant dans la partie sud. Le plus prioritaire est le récif de
Beakio à Fanambosa. Les Coraux durs, la diversité des poissons
ainsi que la biomasse y sont exceptionnellement satisafaisantes. Berisitoaly
devrait être aussi être considéré comme future APM vu
que ce site présente une biomasse des poissons élevée.
Les autres régions recommandées pour la
protection incluent le récif d'Ambohibola, en particulier les sites
d'Ambolafoty, Nosimbato et Tsilomaitata.
51
Nosimboro pourrait montrer aussi des améliorations dans
la biodiversité et santé de récif s'il est
protégé. Actuellement, le récif montre des signes de
dégradation qui peut être dû à l'extraction des
coraux pour les enterrements dans les villages proches.
Dans la commune d'Itampolo et de Beheloke, des sites
potentiels sont aussi proposés qui sont montrés par la figure
24.
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re24.png)
Tanevao
BEHELOKE
Maromalinike Ranolahy
Ampasimagnora Ampiambaza
Lovobato
Belamiera
Madrano
Tambohoabo
Tapikara Ankara
ITAMPOLO
Lavabe
Ambatovakivaky
Nosimboro
Tsilomaitata
ANDROKA
Nosimbato
Ambolafoty
Ankara
Nosy Manitse
Rekitoto Berisitoale
Beakio
Figure 22: Deuxième ébauche de zonage en 2009
52
53
3.2. Zonage définitif et aménagement de
l'APM Nosy Ve-Androka
Les séries de processus relatifs à la
création font ressortir le zonage définitif et concerté
ainsi que l'aménagement et la gestion de l'APM Nosy Ve-Androka.
L'aire protégée marine Nosy Ve-Androka est une
aire protégée en grappe de catégorie V, disposant de dix
(10) noyaux durs de catégorie II, dont l'objectif principal de
Madagascar National Parks est la mise en place d'un paysage harmonieux,
géré principalement dans le but d'assurer la conservation des
paysages à des fins récréatives (selon la classification
de la législation nationale, laquelle est conforme à celle de
l'Union Internationale de la Conservation de la Nature (UICN).
Selon la Loi COAP, une Aire Protégée est
constituée de deux zones, le Noyau Dur d'une part et la Zone Tampon
d'autre part.
Le Parc National Nosy Ve-Androka couvre une superficie de 92
080ha dont :
28 820 ha des Noyaux Durs, soit 31% de la superficie totale ;
63 260 ha des Zones Tampons, soit 69% de la surface totale.
A l'extérieur du Parc, on distingue aussi deux sous zones,
à savoir, les zones de protection et les zones
périphériques.
Les Noyaux Durs et les Zones Tampons sont séparées
et forment des grappes
entourées par ces zones périphériques.
3.2.1. Noyau Dur
Conformément aux articles 6 et 7 de la loi COAP du 11
février 2003 portant le code des AP, le Noyau Dur est une zone
sanctuaire d'intérêt biologique, culturel ou cultuel, historique,
esthétique, morphologique et archéologique, qui représente
le périmètre de préservation intégrale. Toute
activité, toute entrée et toute circulation sont strictement
réglementées dans le Noyau Dur. C'est une zone qui n'est pas
perturbée, renfermant des échantillons représentatifs des
écosystèmes récifaux coralliens. Ce sont des habitats
constituants des sites de nidification, des nurseries et des zones
nourricières des tortues marines, de dugong, des poissons, des
crustacées, des mollusques et des échinodermes. Les noyaux durs
seront donc des zones de conservation stricte de l'APM.
Il couvre une superficie de 28 820ha soit 31% de la superficie
totale. L'APM Nosy Ve-Androka possède 10 parcelles de Noyaux Durs dont 3
dans la commune de Beheloke (Tanevao, Beimbo, Riapoha), 3 dans la commune
d'Itampolo (Ambatobey, Lembeitake, Andrahava) et 4 dans la commune d'Androka
(Nosimbato, Andralefe, Berisitoaly, Beakio).
Les descriptions et les coordonnées géo
référencées de chaque parcelle ainsi que sa superficie
respective sont joints dans la partie annexe de ce mémoire (Annexe
12).
54
3.2.2. Zone Tampon
La Zone Tampon est une zone jouxtant le Noyau Dur, dans
laquelle les activités sont limitées pour assurer une meilleure
protection de l'aire protégée.
C'est une zone peu ou pas perturbée, renfermant des
échantillons représentatifs des écosystèmes du
littoral sud Toliara : récifs coralliens, des plages de sables. Elle est
considérée comme zone assurant l'intégrité du Noyau
Dur donc capable de résister aux actions humaines. C'est aussi une zone
capable de recevoir tout aménagement nécessaire à la
conservation et à la gestion durable de l'AP.
Elle couvre 63 260 ha environ soit 69% de la superficie totale
du Parc. Nosy Ve-Androka possède 8 parcelles des Zones Tampons dont 3
à Beheloke (Tanevao, Beimbo, Riapohe), 3 à Itampolo (Ambatobey,
Lembeitake, Andrahava) et 2 à Androka (Nosimbato, Beakio). Les
détails sur chaque parcelle sont joints en annexe (Annexe 13).
3.2.3. Zone de Protection de l'Aire Protégée
et ses alentours
La Zone de Protection est la zone jouxtant l'aire
protégée dans laquelle sont admises les activités de
pêche, agricoles et pastorales ou d'autres types d'activités
autorisées à titre exceptionnel et n'entraînant pas
d'impact néfaste sur l'aire protégée. Elles sont
constituées par la zone d'exploitation rationnelle et la zone de
conservation des paysages naturels. La zone de Protection inclue les villages
des pêcheurs riverains. Les détails sont
figurés en annexe 12.
Le zonage est montré par la figure 25.
![](Analyse-diagnostic-de-la-mise-en-place-de-l-apm-nosy-ve-androka-dans-le-littoral-sud-de-Toliara-re25.png)
55
Figure 23: Zonage de l'APM Nosy Ve Androka
56
3.3. Analyse des enjeux de gestion et de conservation
3.3.1. Valeur patrimoniale de la zone
Les études préalables démontrent que la
zone présente une valeur patrimoniale non négligeable. En effet,
la richesse particulière des écosystèmes marins et
côtiers de la zone et les bénéfices économiques qui
en résultent sont reconnus même si des études et recherches
devraient encore à poursuivre dans la région. Par ailleurs,
nombreuses sont les populations locales dépendantes des ressources
issues des écosystèmes marins et côtiers de la
région, qui génèrent des revenus non seulement à
l'échelle locale mais à l'échelle nationale
également. Vue l'importance écologique et économique de la
zone d'étude et les pressions d'origines anthropiques et naturelles qui
s'y exercent, cette région est devenue une des priorités
nationales de conservation. Ainsi, le système récifal de la zone
joue donc un rôle essentiel tant au niveau écologique
qu'économique.
3.3.2. Valeur culturelle et traditionnelle
Des zones taboues existent dans les espaces marins de la zone.
Elles sont généralement connues et respectées par les
communautés de pêcheur. La préservation de ces
particularités culturelles et traditionnelles est facilement
réalisable que l'on peut ajouter aux objectifs de la gestion.
3.3.3. Surexploitations localisées des
ressources
Les études préalables nous permettent aussi
d'affirmer que les techniques et moyens de production les plus utilisés
dans la zone sont encore les plus archaïques: pirogue à balancier,
pêche à pied ... Le rayon d'action des piroguiers étant
très limité, il s'ensuit une surexploitation localisée des
ressources.
L'accès aux ressources plus rémunérant
avec des moyens et des méthodes plus adéquats (embarcation
à moteur, dispositif de concentration des poissons ...), associé
à une meilleure évacuation des produits, aiderait à la
préservation des ressources halieutiques de la région par une
dérivation de l'effort de pêche.
3.3.4. Réglementations existantes dans la zone
Des projets de gestion durable des ressources marines ont
été déjà mis en oeuvre par WWF dans la zone. En
effet, des conventions sociales concernant la gestion durable des ressources
marines « Dinandriake » existent dans chaque village.
57
3.3.5. Acquis
La mise en place de l'APM a conforté à des
acquis importants. Les points sensibles se portent sur :
La compréhension du statut d'aire
protégée marine et côtière à usage multiple
par les communautés, avec les délimitations physiques et les
activités de contrôle qui s'ensuivront. L'approche progressive
permettrait de résoudre ce point.
Les pêcheurs migrants, qui verront leur accès
restreint aux ressources voire sous contrôle, pourraient se positionner
en détracteurs de l'APM.
Des répercussions sur la culture locale sont attendues,
en particulier l'ouverture des sites rituels aux touristes doit être
approfondie avec les communautés non seulement par respect de leurs
traditions mais aussi pour maintenir leurs fonctions dans le tourisme.
Comment sera conçu le partage équitable des
bénéfices tirés de l'APM?
3.3.6. Enjeux
Pour que la gestion et la conservation de l'APM soit efficace,
nous attirons particulièrement l'attention sur certains enjeux : d'un
côté, les pôles de prise de décision des
différentes structures qui socialement gèrent cette population
littorale, car il faudrait les considérer pour une meilleure
appropriation du système de Cogestion à mettre en place. D'autre
côté, l'APM ne pourrait vraiment avoir des impacts que si des
projets d'accompagnement ne seraient mis en oeuvre, sinon les menaces et
pressions persisteraient. Aussi, il faudrait attribuer plus de participation et
plus de responsabilité aux communautés face à
l'ingérence de l'état.
3.3.7. Analyse des acteurs
La création de l'APM Nosy Ve-Androka est
souhaitée par la plupart des acteurs et communautés, comme en
témoignent les différentes initiatives de gestion et de
protection de ressources naturelles et de sites des acteurs environnementaux.
Il convient peut-être de souligner que, sous l'encadrement de SAGE et
d'autres institutions telles que WWF ..., les transferts de gestion des lots
forestiers dans les Communes rurales Beheloka et Itampolo ont été
finis à terme. Le WWF a lancé depuis 2006 a lancé dans le
projet « pêche durable ». La mise à niveau des
connaissances et techniques d'exploitation des pêcheurs et la mise en
place de comité de sensibilisation dans chaque village sont
déjà initiées. Dans la zone, les pêcheurs disposent
d'une assez bonne connaissance de la GDRN.
58
Cependant, les pêcheurs s'inquiètent sur certains
aspects de la mise en place de l'APM, tels que l'interdiction de pêche
dans leurs zones habituelles. Par conséquent, les pêcheurs
demandent à être informés sur la mise en oeuvre du projet
et le marquage des délimitations en pleine mer. Madagascar National
Parks dispose d'une direction régionale basée à Toliara.
La gestion de l'APM au niveau de ses composantes nationales sera assurée
par cette institution. Les branches de l'université de Toliara, IHSM et
Faculté des Sciences, disposent des capacités techniques pour la
surveillance des aires centrales.
3.3.8. Impacts de la mise en place de l'APM
Les éventuels impacts positifs et négatifs de la
mise en place de l'APM Nosy Ve-Androka sont présentés par le
tableau 08.
Tableau 08 : Eventuels impacts de la mise en place de l'APM Nosy
Ve-Androka
IMPACTS POSITIFS
|
IMPACTS NEGATIFS
|
Economie
|
- Création d'emplois directs et amélioration du
niveau de vie des populations, motivation à sortir du
sous-développement, apport de devises et de revenus fiscaux et surtout
la diversification des activités économiques
|
- Limitation des zones d'exploitation et de production, hausse
des prix pour les locaux
|
Occupation des sols
|
- Mise en valeur des terrains par la valorisation des plages et
dunes pour le tourisme et construction d'hôtel.
|
- Spéculation sur les terrains, perte de terroirs
villageois, perte de systèmes traditionnels compromettant la
cohésion sociale et conflits fonciers entre locaux et investisseurs
|
Socio-culturels
|
- Embellissement des villages - Amélioration des modes de
vie, meilleure connaissance et valorisation des cultures, développement
de la vie associative
|
- Risques de conflit d'usage de l'espace marin entre les
riverains et les immigrants pêcheurs, dérangement des
systèmes de valeurs culturelles, exploitation sexuelle surtout pour les
mineurs
|
Education
|
- Renforcement des capacités en technique de pêche,
connaissance du milieu marin et côtier, construction des infrastructures
scolaires par les financements obtenus
|
- Travail lié au tourisme : un facteur démotivant
pour l'éducation
|
Vie et santé humaine
|
- Aide aux cliniques des villages, amélioration de la
sécurité en mer grâce au passage des bateaux
touristiques
|
- Rejets des hôtels dans la mer, expansion des maladies
sexuellement transmissibles, risque d'accidents de plongée
sous-marine
|
Environnementaux
|
- Conservation de la biodiversité marine et
côtière, conservation des paysages naturels et
écosystèmes, mise en valeur non-extractive de la
biodiversité (récifs, mangroves, forêts)
|
- Surexploitation dans certaines zones
|
59
CONCLUSION
L'analyse de la situation économique et du contexte
biologique forment des éléments pertinents dans la planification,
le zonage et la mise en place de l'APM Nosy Ve-Androka. Les données et
informations collectées lors de cette analyse servent aussi de base pour
orienter les actions futures de conservation et de gestion des ressources
marines.
La base de la création de l'APM Nosy Ve-Androka est
l'existence des ressources à préserver et à
protéger avec ses utilisateurs que l'on devrait harmoniser. Les moyens
de préservation, de conservation choisies ainsi que l'adoption du mode
de gestion et le choix de la catégorie d'APM considèrent les
paramètres socio-économiques et biologiques de la zone.
La zone possède des potentialités en terme de
biodiversité marine et ressources halieutiques. Des
écosystèmes marins et côtiers y sont présents, entre
autres les récifs coralliens. Les plages merveilleuses et les dunes de
sable donnent une esthétique du paysage qui a donc un
intérêt touristique. Cependant, les activités anthropiques
: l'accroissement de la pêche par la poussée démographique,
la cherté de la vie quotidienne, le manque de matériels
adéquats (filet à mailles convenables, pirogue adaptée
pour travailler plus au large etc. ), le non respect des lois sur la taille
limite commercialisable, le manque d'information et d'éducation, le
souci d'argent ; ont une incidence sur les ressources récifales et
entraînent d'une façon évidente, directe ou non, la
dégradation des récifs coralliens.
L'action de conservation au niveau du récif est
primordiale à cause de sa fragilité et de la difficulté de
sa restauration ainsi que sa régénération trop lente. Le
récif corallien est aussi essentiel pour la survie de plusieurs
espèces marines.
La mise en place de l'APM Nosy Ve-Androka est alors une
nécessité face à cette situation. Elle est utile pour
préserver et protéger les écosystèmes marins, un
« capital bleu » qualifié comme « puit des ressources
marines ». Trois types d'aménagement ont été
définis dans le mode de gestion : des Noyaux Durs (zones à
conservation stricte), des Zones Tampons constituées des zones de
pêche réglementées, des Zones de Protection et
périphériques constituées par un espace d'utilisation
naturelle et des zones de conservation des paysages naturels.
Le bon fonctionnement de la conservation nécessite une
bonne gouvernance. La catégorie Parc National Marin de l'UICN et selon
la loi COAP serait donc proposée comme statut de l'APM Nosy Ve-Androka.
Vue la multiplicité des acteurs environnementaux et des acteurs de
développement qui oeuvrent avec la population locale dans la
région, la gestion collaborative est proposée comme type de
gouvernance adaptée à l'APM.
60
RECOMMANDATIONS
Les recommandations se portent sur les trois points suivants :
- Education environnementale, la communication et
l'information sur la gestion du PN Nosy Ve-Androka.
La participation effective des pêcheurs sur la gestion
et la consarvation de l'APM Nosy Ve-Androka dépend de la bonne
compréhension des enjeux de gestion et des actions proposées. En
effet, un programme d'éducation environnementale compréhensible
à tous les acteurs devrait être élaboré pour une
meilleure synergie et une circulation des informations environnementales. De ce
fait, il devrait comprendre les composantes suivantes : la connaissance de base
de l'écologie du système récifal, le rôle de chaque
zone de l'AP, le concept de GIZC, la méthode d'éducation et de
sensibilisation.
- Les mesures d'accompagnement et intérêt pour le
développement socio-économique. Les mesures consistent
à : un développement des nouvelles techniques aquacoles,
amélioration des pratiques agricoles et de l'élévage,
génération d'emploi et développement des sources
alternatives d'énergie, désenclavement culturel
- Suivi et évaluation
Les impacts de la création de l'APM notamment sur les
écosystèmes visés par la conservation, et sur les
écosystèmes affectés par les activités de
développement, devront faire l'objet d'un suivi, dans le cadre du
programme de surveillance et de suivi de l'APM.
Des exemples d'indicateurs sont figurés dans l'Annexe
15.
61
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