Année académique 2411/2412
REPUBLIQUE DU CAMEROUN
|
REPUBLIC OF CAMEROON
|
Paix - Travail - Patrie Peace - Work - Fatherland
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR MINISTRY OF HIGHER
EDUCATION
Création picturale inspirée de l'Histoire
d'une ville Camerounaise : cas de Nkongsamba
INSTITUTE OF FINE ARTS AT
INSTITUT DES BEAUX ARTS A NKONGSAMBA NKONGSAMBA
UNIVERSITE DE DOUALA THE UNIVERSITY OP
DOUALA
Monographie présentée en vue de
l'obtention du Diplôme d'Etude en Arts Plastiques
(D.E.A.P.)
Option : PEINTURE
Par :
EBANDA EBANDA Justin
Matricule : 09AP003
Sous la direction de :
Vendelin ABOUNA ABOUNA Historien et
théoricien de d'art Expert en Arts
Plastiques Assistant (Encadreur Académique)
|
Hervé YOUMBI
Artiste multimédia, chercheur (Encadreur
Professionnel)
|
1
DEDICACES
Je dédie se travail à mes parents, ma feue
mère BELMO NTSAMA Thérèse et à mon père
EBANDA NKOU Engelbert, pour leurs efforts consentis tout au long de leur vie
pour faire de moi un homme bien.
2
SOMMAIRE
Dédicace I
Sommaire II
Liste des abréviations III
Liste des cartes et tableaux IV
Liste des croquis et photographies V
Résumé VII
Abstract VIII
Remerciements IX
INTRODUCTION GENERALE 1
Chapitre I : LE CONTEXTE DE REALISATION
I.1. Situation géographique de la ville de
Nkongsamba 7
I.2. Contexte historique 10
I.3. Contexte sociopolitique et économique
14
Chapitre II : METHODOLOGIES DE CREATION ARTISTIQUE
2.1. La méthode classique 16
2.2. La didactique du Dr. Pascal KENFACK 18
2.3. La méthode de création d'Hervé
YOUMBI 20
Chapitre III : LA REALISATION DE L'OEUVRE
3.1. Le processus de création 23
3.2. Réalisation de l'oeuvre 37
3.3. Présentation de l'oeuvre 47
CONCLUSION GENERARALE 52
Bibliographie 54
Sources 56
3
LISTE DES ABBREVIATIONS
Éd: éditeur.
Ed: Edition.
Cr. : Croquis
Dr. : Docteur
Tab. : Tableau
PH : photographie
PZ: Paterson Zochonis
SHO: Société Hollandaise...
IBA : Institut des Beaux Arts.
BMM: Brigade Mixte Mobile RW KING: Royal Wax KING RCA :
République Centrafricaine. IFA : Institut de formation artistique. ONU :
Organisation des Nations Unies
APHA : Art Plastique et Histoire de l'Art.
UPC : Union des Population du Cameroun
CUN : Communauté Urbaine de Nkongsamba
CFAO: Compagnie Française d'Afrique Occidentale
FCFA : Franc des Communautés Français d'Afrique.
ESAD : Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de
Strasbourg
CCCS : Centre Commercial de Comptabilité et de
Secrétariat.
CTCUN : Coordination Technique de la Communauté Urbaine de
Nkongsamba.
4
LISTE DES CARTES ET TABLEAUX
Carte N° 1 : Plan du tissu urbain de Nkongsamba
Carte N° 2 Plan de la ville de Nkongsamba
Tab. 01 : Analyse du sujet
Tab. 02 : Orientation
Tab. 03 : Discours
5
LISTE DES CROQUIS ET PHOTOGRAPHIES
Cr.1 : le colon.
Cr. 2 : la gare ferroviaire en 1950.
Cr.3 : un train de 1864.
Cr.4-5 : voyageurs et activités commerciale de la
gare.
Cr.6 : La caféière.
Cr.7- 8: indigènes.
Cr. 9- 10: Avions (Aérodrome de Nkongsamba).
Cr. 11 : Un homme d'affaire.
Cr. 12 : Autorité administrative.
Cr. 13 : Les la cathédrale de Nkongsamba.
Cr. 14 : Le cadi anti terroriste (chien noir).
Cr. 15 : Détails des têtes coupées.
Cr. 16 : Têtes coupées des maquisards.
Cr. 17 : Soldat de la garde Camerounaise.
Cr. 18 : Présumé maquisard.
Cr. 19 : L'actuelle gare ferroviaire.
Cr. 20 : La vétusté de la ville de Nkongsamba
Cr. 21 : moyen de transport commun actuel.
Cr. 22 à 29 : compositions.
Ph. 1 : Trame de fond (montage sur Photoshop)
Ph. 2 : Le colon et l'indigène (montage sur
Photoshop)
Ph. 3 : Le maquis. (Montage sur Photoshop)
Ph. 4: La ville voirie. (Montage sur Photoshop)
Ph. 5 : La vétusté. (Montage sur Photoshop)
Ph. 6-7 : Compositions. (Montage sur Photoshop)
Ph.8 : Composition définitive. (Montage sur
Photoshop)
Ph.9 : la coupe des tasseaux en équerre (Photo.
assistant)
Ph.10 : montage des châssis (Photo. assistant)
Ph.11 : la tension de la toile (Photo. assistant)
Ph.12 : le traitement du support (Photo. assistant)
6
Ph.13 : le calcul du point d'or (Photo. assistant)
Ph.14 : fixation des formes (Photo. assistant)
Ph.15 : la séance d'auto critique (Photo. assistant)
Ph.16 : fixation des lignes de contour (Photo. assistant)
Ph.17 : applique de la couche d'impression de couleur
lumière (Photo. assistant)
Ph.18 : applique de la couche d'impression de couleur d'ombre
(Photo. assistant)
Ph.19 : applique de la couche d'impression de couleur
intermédiaire (Photo. assistant)
Ph.20 : traitement des éléments (Photo.
assistant)
Ph.21 : définition des formes définitives
(Photo. assistant)
Ph.22 : allure générale du film chromatique
(Photo. assistant)
Ph.23 : OEuvres de SAMMY BALOJI
Ph.24 : OEuvres de SUE WILLIAMSON
7
RESUME
La présente monographie est un récapitulatif
d'un cycle de trois ans d'étude en Arts Plastiques et Histoire de l'Art.
Elle justifie la réalisation du projet d'étude qui est
basé sur « la création picturale inspirée de
l'histoire d'une ville camerounaise : le cas de Nkongsamba ». Le constat
est fait sur l'absence des oeuvres d'art narratrices de l'histoire du Cameroun
en général, pourtant cette histoire offre des idées qui
peuvent susciter l'inspiration dans la création picturale.
L'importance des peintures d'histoire est capitale dans une
société, celle-ci est un moyen de conservation des
évènements passés et constitue un patrimoine culturel.
Dans ce cas, la ville de Nkongsamba offre-t-elle des éléments
pouvant faire objet d'une source d'inspiration dans la création
picturale ? En observant la richesse architecturale de cette ville, en lisant
les évènements gravés dans les livres sur la
localité des sept villages, il est évident et possible de
créer des oeuvres. Nous pouvons noter dans se cas, l'arrivée de
la colonisation, la construction de la gare ferroviaire, le regroupement des
peuples, l'apogée économique, la lutte héroïque pour
l'indépendance et le déclin.
Ce projet a pour but de pouvoir faire connaitre à
travers des illustrations picturales, l'histoire de la ville de Nkongsamba en
particulier et celle du Cameroun en général ; Promouvoir la
peinture de ce genre qui est moins pratiqué dans notre
pays.
L'oeuvre réalisée s'intitule « AGONIE
», elle met en avant plan l'ensemble des conceptions morales, sociales et
politiques de la communauté de Nkongsamba depuis sa création en
1904 par un groupe d'explorateurs Allemands. C'est un dessein qui puise son
fondement sur le vécu des populations de la contrée. Elle fait
appel à la redéfinition des enjeux dans le système
scolaire surtout dans la didactique des connaissances du passé.
8
ABSTRACT
This monograph is a summary of a three-year cycle of study in
Fine Arts and Art History. It justifies the project study which is based on
"the pictorial creation inspired by the story of a town in Cameroon: the case
of Nkongsamba." The conclusion is that the lack of art narrators in the history
of Cameroon in general, however, this story offers ideas that can spark
inspiration in creating pictorial.
The importance of history paintings is essential in a society,
it is a means of preserving past events and is a cultural heritage. In this
case, the city offers Nkongsamba her possible elements being a source of
inspiration in creating pictorial? Observing the architectural richness of the
city, reading events etched into the books on the locality of the seven
villages, it is obvious and can create works. We will note in case the arrival
of colonization, the construction of the railway station, the grouping of
peoples, economic heyday, the heroic struggle for independence and decline.
This project aims to be able to know through pictorial
illustrations, the history of the city of Nkongsamba in particular and Cameroon
in general, promote the painting of this kind is less practiced in our
country.
The work done entitled "AGONY", it is in the foreground of all
moral conceptions, social and political community Nkongsamba since its creation
in 1904 by a group of explorers Germans. This is a plan that draws on the
experiences of foundation populations countered. It appeals to the redefinition
of the issues in the school system, especially in the teaching of knowledge of
the past.
9
REMERCIEMENTS
Un travail de recherche s'effectue rarement sans aides et
appuis amicaux. La présente monographie ne fait pas exception à
la règle. « Création picturale inspirée de l'histoire
d'une ville Camerounaise : cas de Nkongsamba» n'aurait évidemment
pas été possible sans l'appui de mes encadreurs de recherche, M.
ABOUNA ABOUNA Vendelin et Hervé YOUMBI. Ils ont accepté la
direction de ma monographie et j'ai bénéficié de leurs
sollicitudes, de leur disponibilité et des conseils bienveillants.
Je tiens à remercier Madame le Directeur de l'Institut
des Beaux Arts Dr. Annette ANGOUA pour ces efforts consentit à
l'accomplissement de notre formation, qui m'a tout le temps fait confiance et
encouragé, même dans mes moments les plus incertains et qui m'a
constamment prêté une oreille attentive. Je remercie tout le corps
enseignant qui a contribué à ma formation: Dr MOUSSIMA, M.MEZUI,
Dr BELLA, Dr MBEMA, M .ESSONO, Mme MARIEMBE.
Mes remerciements vont à l'endroit de M. WANGUE
Secrétaire général de la Communauté Urbaine de
Nkongsamba qui m'a ouvert les portes de sa bibliothèque et m'a offert sa
disponibilité.
J'aimerais véritablement et chaleureusement remercier
NKOLO MINKO'O Evelyne Carole, qui m'a accompagné au quotidien dans la
réalisation de cette mission qui m'a été confié et
à TENO TUEKAM Hervé. Leurs connaissances, leurs
expériences, leurs conseils, comme leur sympathie et leurs sourires ont
probablement été la plus grande richesse de ce travail.
Je dois aussi beaucoup à mes frères, soeurs et
parents EBANDA NKOU Engelbert, M. et Mme NKOU EBANDA Jean, M.et Mme BETENE
EBANDA Fabien, M.et Mme AMIE EBANDA Engelbert M.et Mme NTSAMA EBANDA Yves et
BISSI BISSI Jean Emmanuel Désiré. BILOA EBANDA Jeanne, ANAMBA
EBANDA Odile. A ma nièce Daudine, Rosine, Jacky, Christelle, Sandrine,
Carine mes neveux Didier, Yanick, Boniface, Franck-Loïque, Alain Brice et
à mon fils AYENA Wilfried pour leurs encouragements et pour le soutien
matériel, moral et affectif qu'ils ne se sont jamais lassée de me
procurer.
Mes amis qui se sont intéressés, de près
ou de loin à mon mémoire, qui m'ont supporté, m'ont
guidé, éclairé au cours de riches discussions tout au long
de ces années, plus particulièrement à MANDA ABENA Fabien,
MBARGA Kilian, TAMNO Maurice, le Capitaine ZEH BEKALE Georges, ASSIGA Vincent,
Célestin, au Dr. BITAH Rose Claire.
10
Que chacun, en ce qui le concerne, trouve dans ces lignes
l'expression d'une gratitude incommensurable.
11
INTRODUCTION GENERALE
Objet d'étude
Dans la majeure partie des productions artistiques
réalisées en Afrique en générale et au Cameroun en
particulier, on observe que les artistes portent peu d'intérêt
àla peinture de genre par conséquent, les réalités
historiques du pays ne sont pas très apparentes dans les oeuvres.
Alors qu'on sait que, comme expression majeure de la
pensée, l'art dans sa vocation, se veut d'immortaliser sur un support,
les formes les plus vivantes de l'histoire, fixer de façon
définitive les rêves et les réalités des hommes. Et
l'Histoire quant à elle, est une valeur que chaque société
doit absolument mettre en évidence au profit de l'humanité
entière. Il existe pourtant dans l'histoire du Cameroun repartie dans
chaque ville, des éléments pouvant meubler la création
picturale. C'est le cas de la ville de Nkongsamba qui fait l'objet de notre
étude.
A cet effet, ce travail de recherche que nous abordons dans
cette monographie,qui tire son origine dans un contexte historique, porte sur
la création des oeuvres d'artqui retracent les moments saillants de
l'histoire de la ville de Nkongsamba. Cette recherche proposera non seulement
une réécriture de l'histoire avec les formes et les couleurs,
mais aussi un moyen de sauvegarde de l'histoire et,en même temps,un
patrimoine.
L'intérêt du sujet
En tant que acteur culturel, nous sommes animés par
l'esprit de la créativité et de l'innovation. Nous
bénéficierons à réaliser les oeuvres qui retracent
l'Histoire de la ville de Nkongsamba. Proposer des réalisations qui
serviront de sauvegarde de l'histoire et qui bâtiront le patrimoine de
cette localité.
D'une part, il s'agit d'une volonté de créer des
oeuvres d'Arts qui puisent leur fondement dans la sensibilité des
autochtones ; des oeuvres qui nourrissent le débat sur l'écriture
de l'histoire des villes en particulier, et du Cameroun en
général. D'autre part, il s'agit d'une hardiesse1 de
faire une fusion de deux genres picturaux visiblement opposés par leurs
caractéristiques : la peinture d'histoire, qui s'entend être la
représentation de sujets religieux, mythologiques, allégoriques
issus de la littérature ou des scènes meublant le
1La hardiesse : est l'originalité audacieuse
d'un créateur. (Microsoft® Encarta® 2008. (c) 1993-2007
Microsoft Corporation.)
12
quotidien ; et l'art contemporain en tant que style, qui
voudrait s'affranchir des limites de la représentation et de la
reproduction, en mettant son intérêt sur le concept.
Nous pensons d'ailleurs, qu'une culture qui ne s'enrichit pas
constamment de nouvelles formes, émiette son rayonnement futur. Il est
clair que les hommes, de tout temps, ont toujours ressenti le besoin de
matérialiser leurs rêves et leurs ambitions par le biais des
oeuvres d'art, afin d'agrémenter leur cadre de vie et
rendre visible la pensée formelle de leur milieu.
Délimitation du sujet
La création artistique qui est le levier de ce travail
de recherche, tire son inspiration sur l'Histoire de la ville de Nkongsamba.
Cette histoire nous apprend qu'en 1904, ce territoire est découvert par
des explorateurs Allemands M. BECKE, les Dr. ESCH et HASSER-SCHLOSSER dans le
but de réaliser la première phase du chemin de fer reliant Douala
au Tchad via l'Ouest. Durant un siècle d'existence, cette ville a connu,
dans le cadre de son développement économique et sociopolitique,
des périodes mémorables qui nous serviront de socle de recherche.
On peut citer entre autre:
? la réalisation du chemin de fer, l'exploitation
agricole par les Allemands et la croissance de la population dès 1911
à 1950.
? La période de maquis2,
marquée par la répression politique, le départ de
nombreux étrangers et intellectuels, ainsi que
l'insécurité grandissante de 1950 à 1991.
? La chute dramatique du prix du kilogramme de café, la
fermeture de la gare ferroviaire de 1991 à 2008.
Nkongsamba, Chef lieu du département du Moungo dans la
Région du Littoral est uneville logée sur les flancs du Mont
Manengouba (2396m) et les piémonts du Mont Nlonako (1822m). Le travail
concerne le territoire circonscrit de la ville de Nkongsamba, en raison de son
caractère cosmopolite. Cette ville est un foyer où se rassemble
des personnes de plusieurs horizons. Elle estun mélange des traditions
culturelles multiples pouvant inspirer la création artistique.
De nombreux auteurs ont écrit sur l'histoire de cette
ville. Tels que Jean-Philippe GUIFFO, Bernard NKUISSI etc... De ce fait, notre
contribution sera de proposer, un modèle d'écriture non plus
alphabétique, mais plutôt picturalde cette histoire.
2Maquis : nom masculin, du corse
macchia, tache ; Lieu retiré, généralement dans
les montagnes ou les forêts, où se groupaient les
résistants armés(Le Petit Larousse Copyright
((c)) Larousse 2009).
13
Problématique
Dès la préhistoire3, les Hommes ont
peint sur les parois des grottes, des silhouettes d'animaux ou d'êtres
humains. Partout où l'Homme s'est établi, même au fond de
la forêt, il a laissé une oeuvre d'art. Les peuples en effet ont
appris à peindre bien avant la connaissance de l'écriture, qui,
aujourd'hui semble le moyen d'expression le plus prisé.
Depuis la civilisation primitive, l'Art a toujours
été le moyen privilégié de communication et de
conservation d'histoire, principalement la peinture qui est le médium
choisi pour notre travail. Et pourtant, en Afrique en général et
au Cameroun en particulier, la peinture historique, qui a pour vocation de
retracer les réalités des civilisations, existe justement, mais
celle-ci est de moins en moins visible dans la grande masse des productions
contemporaines.
Dans l'optique de mener à bien notre recherche
basée sur « la création picturaleinspirée de
l'Histoire d'une ville Camerounaise : cas de Nkongsamba », nous partons de
ce constat, pour ressortir notre question principale : l'Histoire de la ville
de Nkongsamba offre-t-elle des éléments pouvant faire objet d'une
source d'inspiration dans la création picturale? Cette question en
suscite d'autres questions secondaires à savoir : comment peut-on s'y
prendre pour créer une oeuvre dans un contexte historique? Sous l'angle
esthétique4, l'Historie de la ville de Nkongsamba peut-elle
se révéler5 à travers les oeuvres qui seront
réalisées?
Hypothèses
Pressées par les guerres et les catastrophes qui en
découlent, avec en tête de pelletons la faim et le
sous-développement, les nations Africaines ont perdu toutes les
sensibilités humanistes. C'est principalement la conséquence du
divorce des artistes avec la peinture de genre. Particulièrement au
Cameroun, qui fut l'une des plus grandes conquêtes coloniales
(Portugaises, Allemandes, Anglaises et Françaises), chaque ville repose
sur un socle historique qui constitue son patrimoine.
La peinture de genre est très importante pour une ville
comme Nkongsamba. Elle peut nous permettre de revivre les
réalités historiques marquantes telles que : l'arrivée du
chemin de
3Préhistoire : nom
féminin Période chronologique de la vie de l'humanité
depuis l'apparition de l'homme jusqu'à celle de l'écriture.
(Le Petit Larousse Copyright ((c)) Larousse 2009).
4Esthétique : nom
féminin du grec aisthêtikos, de aisthanesthai,
sentir, Ensemble des principes à la base d'une expression
artistique, littéraire, etc., visant à la rendre conforme
à un idéal de beauté.(Le Petit Larousse Copyright
((c)) Larousse 2009). 5Révéler :
verbe pronominal du latin revelare ; Se faire connaître
; se manifester, apparaître. (Le Petit Larousse Copyright ((c))
Larousse 2009).
14
fer, le regroupement des peuples venant de plusieurs horizons,
le développement économique, la lutte héroïque pour
l'indépendance et le déclin de la ville.
Pour notre recherche, l'Histoire de la ville de Nkongsamba est
très riche et variée. Elle pourrait être une illustre
source d'inspiration. Ainsi, nous pourrons élaborer nos créations
avec les procédés techniques propres à la création
picturale, en s'appuyant sur la méthode classique, la
didactique6de création artistique élaborée par
le Dr. Pascal KENFACK,et celle du plasticien Hervé YOUMBI. Il nous
serait possible de produire des oeuvres inédites qui obéiront aux
soucis de confort visuel.
La peinture d'Histoire, par les sujets traités et
représentés, est liée à l'ensemble des conceptions
politiques, morales et sociales d'une communauté. Dans l'élan de
réaliser des oeuvres qui devront constituer le patrimoine de cette
ville,il serait impératif d'associer à la méthode de
réalisation un ensemble de principes, qui seront à la base de
notre expression artistique. Ceux-ci visant à rendre cette Histoire
conforme à un idéal de beauté.
Objectifs
Ce travail vise à valoriser la création
picturale en général, mais surtout ce style de peinture de genre
qu'est la peinture d'Histoire. Ce genre pictural est très important pour
un pays en voie de développement comme le Cameroun. Car elle contribue
à la construction du patrimoine culturel et artistique, garant du
développement économique. Il a également pour objectif
d'exposer une lecture de l'Histoire sur le contexte actuel.
Spécifiquement, l'objet de ce travail est de pouvoir
faire connaitre, à travers des oeuvres d'art, l'Histoire précise
d'une ville ; de montrer l'importance de ce genre pictural dans la
reconstruction de l'Histoired'une part. D'autre part, ce travail a pour
objectif de susciter le désir de pratiquer la peinture d'histoire
à d'autres artistes en mettant en évidence le bien
fondé.
Terminologie
En précisant le sens que nous donnons aux mots
clés de notre thème « création » picturale
inspirée de l'Histoire d'une ville Camerounaise : cas de Nkongsamba
» ; « création », « picturale » et «
Histoire », il ressort que :
? Création : nom féminin, du
latin creatio, Action de créer, de tirer du néant (Le Petit
Larousse Copyright ((c)) Larousse 2009).
6La didactique : est une théorie des
méthodes d'enseignement. (Microsoft® Encarta® 2008. (c)
1993-2007 Microsoft Corporation.)
·
15
Pictural : relatif à la peinture en
tant qu'art (Le Petit Larousse Copyright ((c)) Larousse 2009).
· Histoire : nom féminin,
récit d'actions, d'évènements, de travaux relatifs
à une époque, une nation, une société, à une
branche de l'esprit humain, qui sont jugés dignes de mémoire
(Dictionnaire Universel, HACHETTE Edicef, page 580).
· Art : nom masculin, du latin ars,
artis. Ensemble des moyens, des procédés, des règles
intéressant une activité, une profession ; activité,
conduite considérée comme un ensemble de règles à
observer. (Le Petit Larousse Copyright ((c)) Larousse 2009).
· Arts plastiques : plastique adjectif
du latin plasticus et du grec plastikos, qui concerne le modelage) les Arts
plastiques représentent les arts qui sont producteurs ou reproducteurs
de volumes, de formes (principalement la sculpture et la peinture). (Le Petit
Larousse Copyright ((c)) Larousse 2009).
· Peinture de genre : genre nom
masculin du latin genus, generis peinture qui traite des scènes de
caractère anecdotique, familier ou populaire. (Le Petit Larousse
Copyright ((c)) Larousse 2009).
· Peinture d'histoire : nom
féminin, histoire du latin historia, c'est une peinture qui, prenant ses
sujets, narratifs ou allégoriques, dans l'Antiquité, la fable, la
Bible, l'histoire (surtout ancienne), occupait le premier rang de l'ancienne
hiérarchie académique des genres. (Le Petit Larousse Copyright
((c)) Larousse 2009).
· Contraste : c'est un écart
entre les valeurs les plus claires et les valeurs les plus foncées ou
effet produit par la juxtaposition ou la proximité
d'éléments perceptifs ayant des qualités opposées.
(Le Petit Larousse Copyright ((c)) Larousse 2009).
· Ton : nom masculin,couleur
considérée dans son intensité, dans son éclat, sa
nuance, ou par rapport à l'impression qu'il produit. (Dictionnaire
Universel, HACHETTE Edicef, page 1206).
· Tonalités : nom
féminin, c'est l'ensemble de la gamme de couleur régie par la
notion de l'influence de l'ombre et la lumière sur la couleur
propre.(Microsoft® Encarta® 2008. (c) 1993-2007 Microsoft
Corporation.)
16
? Gamme : nom féminin,c'est la
succession de nuances, de tons de couleurs qui s'harmonisent.
Plan du sujet
Notre plan de travail sera structuré en trois
chapitres. Encadrés par une introduction générale et une
conclusion générale. Le premier chapitre porte sur le contexte de
création (section I : situation géographique de la ville de
Nkongsamba, section II : Contexte historique, en fin la section III : contexte
sociopolitique et économique). Le second chapitre va porter surla
méthodologie de création artistique (section I : méthode
classique, section II : didactique du Dr. Pascal KENFACK, section III :
méthode de Hervé YOUMBI). Le dernier chapitre, la
réalisation des oeuvres (section I : processus de réalisation,
section II : réalisation de l'oeuvre, section III : présentation
des oeuvres).
17
Chapitre I
LE CONTEXTE DE REALISATION
I.1. Contexte géographique
I.1.1. Situation géographique de la ville de
Nkongsamba
Nkongsamba est une localité urbaine du Cameroun,
appartenant au département du Moungo, région du littoral et
à 140km en direction du nord de la capitale économique du
Cameroun Douala. Logé sur les flancs Ouest du mont Manengouba, (2396 m)
et les pieds du mont Nlonako (1822 m) sur une altitude moyenne de 900 m au
dessus de la mer, la ville de Nkongsamba est sur une charnière de la
pleine côtière du Sud et les hauts plateaux de l'Ouest. Elle se
déploie géographiquement entre le 4°54' et 5°10' de
l'altitude Nord, et le 9°30' et de 10°00' de longitude Est.
Les limites actuelles du périmètre de la ville
de Nkongsamba datant du 03 novembre 1954 (arrêté n°282 du
08/02/1955 du haut commissaire de la république Française au
Cameroun. Délibération n° 282/54 du 03/11/54 fixant les
limites du périmètre de la ville de Nkongsamba. Article unique -
les limites du périmètre urbain de la ville de Nkongsamba sont
fixées comme suit :
Au Nord sur la route de BAFANG au km 3,2, entre la concession
ROUGER et le village d'EDIAKAP, une ligne idéale nord-ouest de 1173 m,
joignant la borne I sur la concession ROUGER à la pointe septentrionale
du camp des fonctionnaires de km 2 ; borne II, une ligne idéale de
540,73 m perpendiculaire à la limite entre la concession TZOUVELOS et du
terrain dit de la malice ; borne III, la limite entre la concession TZOUVELOS
et du terrain dit de la limite jusqu'à la borne IV sise à
l'ancienne piste d'EKANGTE, puis une ligne idéale de 896,20 m rejoignant
la borne V à la limite de la concession de la pastorale dit centre de
repos de Manengouba, tous deux à l'intérieur du nouveau
périmètre urbain et de la chefferie BANEKA-POOLA. Ensuite les
limites de la concession de la pastorale et de la collectivité
BANEKA-POOLA.
A l'ouest les limites entre la compagnie pastorale et la
collectivité BANEKA de MBORIKO, jusqu'à la voie ferrée du
nord au km 158,5, puis la voie ferrée jusqu'au km 157,4
18
en direction de douala. Enfin, une ligne idéale de
1896,44 m rejoignant la nouvelle route de Douala au point enjambant le marigot
MOUANABANGA.
Au Sud-Est, une ligne idéale de 1078,54 m
séparant le dit terrain à l'aviation, classé dans le
domaine privé du territoire par arrêté n°2669 du
27/05/1953, et la concession Marion.
A l'Est, une ligne idéale de 1977,60 m traversant le
marécage de BARESSOUNTOU, aboutissant à la borne
méridionale de la concession d'Africain Jean SAAH, cette concession
étant en dehors du périmètre urbain, et une nouvelle ligne
orientée sud-ouest nord-ouest de 783,91 m aboutissant au tombeau de chef
EPOPA. En fin une ligne perpendiculaire à la première et
aboutissant à la confluence de la rivière ESSSOUAH et du marigot
KOUALA, puis la rive droit de KOUALA jusqu'au marigot non dénommé
; en fin de ligne idéale de 1980,33 m qui aboutit à la borne
nord-est de la concession Espitallier, après avoir longé les
concessions de Moussa Joseph, Jacquemin et d'amigo, incluses dans le nouveau
périmètre urbain.
Au nord-est, les limites de la concession Espitallier, et du
village EDIAKAP jusqu'au km 3,2 sur la route de BAFANG.
Fait et délibéré en séance
publique à Yaoundé en date du 03 / 11 / 1954. Paul SOPPO
PRISO).7
I.1.2. Environnement naturel de Nkongsamba
I.1.2.1. Le relief
Le relief de la ville de Nkongsamba est extrêmement
varié. Toutefois il se distingue par de hautes et nombreuses montagnes
et de plaine. D'une manière générale,
l'élévation du relief se fait par paliers successifs sous la
forme d'un escalier. C'est ici qu'on retrouve les hauts sommets : Mont
MANENGOUBA (2 268 m), le Mont NLONAKO (1 800 m) et le Mont KOUPE (2 064 m). Ces
monts seraient d'anciens volcans éteints. Ils se trouvent sur la
chaîne montagneuse encore appelée la dorsale camerounaise qui
traverse le département du Moungo.Le dernier palier se trouve au nord du
département et se manifeste sous la forme d'une dépression avec
une altitude de 740 m. Il s'agit d'une plaine appelée la plaine des
MBOS.
I.1.2.2 Le climat
Cette localité regorge un type de climat
équatorial camerounais à deux saisons égales d'amplitude.
Il est caractérisé par deux saisons annuelles : Une longue saison
de pluies allant de fin février au milieu du mois de novembre. La
pluviométrie de la ville est de l'ordre de
7Jean Philippe
GUIFFO, Nkongsamba mon beau village, l'ESSOAH, 1999, page 07
19
2350mm de pluie par an avec un maximum de
précipitations en août et septembre. Et une courte saison
sèche de la deuxième moitié de novembre en mars. La
localité enregistre des températures oscillant entre 16°C
à 23° avec des amplitudes thermiques variant de 3° C à
4° C, des hauteurs de précipitations de 2400mm.8 La
proximité avec l'Atlantique favorise l'humidité permanente du
climat. Nkongsamba est traversée par de nombreux cours d'eau dont les
plus importantssont l'ESSOUAH et le DJOUHE. Elle repose sur un sol d'un
potentiel d'hydrogène de 6 en moyen (pH=6), et une pédologie
multiforme composée de sols volcaniques, ferralitiques et hydro
morphiques.
I.1.3. Carte géographique de la ville de
Nkongsamba
8MONOGRAPHIE DE LA VILLE DE
NKONGSAMBA, Coordination Technique de la Communauté Urbains de
Nkongsamba, SIEYOJI Duval Eimery, NJIFENJOU Mamouda, MBONG Rose. Mai 2010, page
02
20
Carte N° 1 : Plan du tissu urbain de Nkongsamba
21
Carte N° 2 Plan de la ville de Nkongsamba
22
I.2. Contexte historique
I.2.1. Origine de Nkongsamba
Nkongsamba est un mot composé « NKONG »
synonyme de « clan » ou « village » et de « SAMBA
» qui signifie « sept » on peut le composer en «
localité de Sept Clans/Villages ». À l'arrivée des
explorateurs Allemands M. BECKE, les Dr. ESCH et HASSER-SCHLOSSER en 1904, le
territoire était occupé par 200 habitants regroupés en
sept (07) village : EBOUM, EKEL, DOGMOA, EDJOGMOA, EKANGTE, BARESSOUMTOU, POOLA
; d'où l'appellation de la localité donnée aux Allemands
par les autochtones, « NKONG SAMBA ». Le territoire sur lequel repose
la ville de Nkongsamba a été occupé pour la
première fois au XVIIIe siècle par les descendants du
peuple BAKOUNDOU, les NGOH et NSONGO. Se sont les cousins des DUALA avec qui
ils partagent la même culture : la croyance aux esprits de l'eau, la
composition clanique des villages.
I.2.2. Parcours historique
La localité de Nkongsamba, depuis sa création
n'a connu d'interruption ou de temps mort dans les faits marquant qui ont
meublé son quotidien jusqu'à nos jours. Ainsi pour mieux saisir
son histoire, nous l'avions subdivisé en trois étapes :
I.2.2.1. De la découverte du territoire par les
explorateurs Allemands en 1904 à 1950
Le territoire dit « localité de sept
clans/villages » est découvert en 1904 par les explorateurs
Allemands M. BECKE, les Dr. ESCH et HASSER-SCHLOSSER. L'objet de leur
exploration selon la CTCUN9 était la réalisation de la
première phase du chemin de fer reliant Douala au Tchad. Elle consistait
à la construction du chemin de fer Douala-Mont Manengouba, dont les
travaux démarrèrent en 1906. Et le 11 avril 1911, le train siffla
pour la première foi à Nkongsamba. Cependant, la
réalisation du chemin de fer et l'exploitation agricole des Allemands
nécessiteront l'utilisation d'une main d'oeuvre nombreuse et
variée. Jean Philippe GUIFFO cite l'Abée KETCHOUA Thomas :
« ... c'est à partir de 1907, année du
départ de la construction de chemin de fer Bonaberi-Nkongsamba que le
Moungo vit les étranger originaires des plateaux de l'Ouest arriver en
masse f...]. Quand les Français vinrent, ils continuèrent
à ramasser les peuples des Hauts
9Coordination Technique de la Communauté
Urbaine de Nkongsamba
23
plateaux pour la création des nouvelles plantations
et la continuation des
plantations des Allemands abandonnées
»10.
D'après Jean Philippe GUIFFO, suscité «
... en effet, l'introduction de culture d'exportation et la création de
nombreuses plantations Européennes, le faible peuplement du Moungo ont
conduit l'administration coloniale française à faire venir dans
la région de nombreux étrangers : Bamiléké,
Haoussa, Bamoun, Ewondo, Tikar, Babouté, etc. ». À la
même période le poste administratif de BAREKO est
transféré à NKONGSAMBA, et le 04 mars 1923 la ville
connait l'arrivée du Haut-commissaire de la République
française, le Gouverneur MARCHAND. La localité devint un centre
Urbain en Mai 1923 et connu sa première mutation Administrative.
Après le transfert de la Subdivision de BARE à NKONGSAMBA en
1923, elle devient chef-lieu de circonscription en phagocytant la
circonscription de MBANGA. En 1935 elle perd le nom de circonscription pour la
Région. En 1945, cette ville est classée troisième ville
économique du Cameroun après Douala et Yaoundé.
L'activité économique fondée autour de la
caféiculture (café robusta) atteint une ampleur
considérable. De même, d'après la CTCUN,la ville passe de
2100 habitants en 1933 à plus de 7760 habitants avec un taux de
croissance moyen de 11%. L'on voit la construction des équipements
socioéducatifs d'importances nationales telles que le Centre Commercial
de Comptabilité et de Secrétariat en 1946 (CCCS) et le
lycée du Manengouba (1947-1948)11.
I.2.2.2. La période bouillante de 1950 à
1991.
D'après les informations recueillies dans l'ouvragede
Jean Philippe GUIFFO, voir supra « ...les membres du comité
général de l'UPC réuni en assemblée
générale à Eséka de 1952 au domicile de David
KAMDJE, un originaire de Dschang, au quartier 6, décidèrent de
proposer au congrès l'envoi d'un pétitionnaire aux Nations Unies
». Ainsi au cours du congrès réuni du 28 au 30
Septembre 1952 à ESEKA une décision fut prise d'envoyer un
représentant authentique des populations à l'ONU pour exposer les
points de vue du peuple et non celui des autorités administratives sur
les trois questions suivantes : réunification immédiate du
Cameroun, fixation d'un délai de l'octroi de l'indépendance et la
détermination de la position du Cameroun vis à vis de l'Union
Française. Le comité directeur de l'UPC avait donné mandat
à Ruben UM NYOBE de parler en son nom, ainsi le comité
régional de Nkongsamba se
10Abbé Ketchoua Thomas : les
peuples de l'Ouest Cameroun en diaspora depuis 3000 ans à
Yaoundé, 1987, pages 154-155.
11MONOGRAPHIE DE LA VILLE DE
NKONGSAMBA, Coordination Technique de la Communauté Urbains de
Nkongsamba, SIEYOJI Duval Eimery, NJIFENJOU Mamouda, MBONG Rose. Mai 2010, page
03
24
mobilisa pour procurer à temps l'essentiel des fonds
nécessaires pour le voyage aux Nations Unies.
Le 15 mai 1955, un meeting de l'UPC fut
sévèrement réprimé, bien avant ces
évènements, plusieurs grands meetings s'étaient tenus dans
plusieurs secteurs du département. En date du 25 mai 1955 on assiste
à une confrontation musclée et sanglante entre la garde
Camerounaise et les populations.
Dès les années 1959 on assiste à un
renforcement de l'arsenal répressif à travers des pratiques de
torture lors des contrôles d'identité et de laissez-passer, le
kalé-kalé12. Devant le succès de cette
opération, les autorités eurent recours à une
opération plus efficace « le cadi anti-terroriste au chien noir
». L'opération comportait deux phases : la confession publique qui
consistait pour un individu non seulement à révéler devant
ses compatriotes si oui ou non, où et quand il aurait participé
à la rébellion, mais aussi à dénoncer ses camarades
rebelles. La seconde phase : le chien noir à quatre yeux, le
pénitent après la confession s'engageait devant le chien noir
à quatre yeux rituellement préparé par un groupe de
sorciers. A la fin du rite, le chien noir était enterré vivant
c'est-à-dire sacrifié pour la cause de la paix13. Dans
la même mouvance, le taux de croissance annuel de la population s'est
réduit à 5,6% en moyenne, avec l'insécurité
grandissante de nombreux étrangers et intellectuels abandonnent la ville
et leurs biens pour d'autres cieux.
En Mars 1967, la cité de Nkongsamba passe de commune
mixte urbaine à commune urbaine de plein exercice et commune urbaine
à régime spécial en décembre 1974. Autour des
années 1985, le café connait une chute dramatique dans les cours
mondiaux, le prix du kilogramme de café dégringole en passant de
1000 FCFA en 1985 à 650 FCFA en 1987, 350 FCFA en 1990 et à 300
FCFA en 1991.
I.2.2.3. Période du déclin de 1991
à 2008.
En date du 25 novembre 1991, le train siffle pour la
dernière fois à Nkongsamba quatre-vingt (80) ans après son
ouverture. La quantité de marchandises transportées passe de
1.525.000 tonnes en 1981 à 0,5 mille tonnes en 1991. Le nombre de
passagers passe de 1.954.000 en 1975 à 197 en 199114. Le club
hippique, le club pétanque et l'aéro-club qui contribuaient
à l'animation de la ville et qui soulageaient la misère des
masses laborieuses par
12Le kalé-kalé
était une opération de police qui consistait au bouclage
hermétique d'un quartier autour de 3 heures du matin par les
éléments de l'armée, de la police et de la gendarmerie,
dès 6 heures invitait les hommes à sortir les main sur la nuque
pour aller s'assoir dans la boue en attendant un contrôle plus ou moins
musclé.
13Jean Philippe GUIFFO, idem.
14MONOGRAPHIE DE LA VILLE DE NKONGSAMBA,
idem
25
leurs oeuvres sociales et qui constituaient l'une des
attractions les plus populaires au même titre que le football ont connu
la fermeture. Le célèbre stade de BARESSOUNTOU devenu un lac de
bourbier où est venu se noyer l'Aigle du Moungo, cette équipe
mythique d'antant. L'étranger qui arrive à NKONGSAMBA est
frappé par la dégradation avancée de la voirie urbaine et
se pose la question : « Mon Dieu, comment arrivent-ils à se
déplacer dans cette ville »15. L'hôpital de
départemental qui est devenu hôpital de district, sa
fréquentation a chuté dramatiquement en 1993-1994 et en 1995-1996
de 60%. D'après Jean-Philippe GUIFFO qui s'appui sur les donnée
de Aaron EPANDA16, trouve la principale raison de cette soudaine
désaffection dans la vétusté des équipements.
« En effet, les matériels qui s'y trouve sont très anciens
et ne répondent plus ni aux normes sanitaires en vigueur ni aux
exigences de la médecine moderne... ».
I.3. Contexte sociopolitique et économique
I.3.1. Situation administrative
Avant l'indépendance, Nkongsamba chef lieu du
département du Moungo a béni la carrière de nombreux
administrateur comme DUGAST René, ETCHEBER Salvador. Après
l'indépendance Nkongsamba connaitra son tout premier préfet, mais
classé 30e chef de terre de la ville ENGUELE ENGUELE
Moïs le père de couvre-feu, des rafles et du
Kalé-kalé et autres, du 29 juin1960 au 7 novembre 1961. Gilbert
ANDZE TSOUNGUI, Félix SABAL LECCO, Ferdinand KOUNGOU EDIMA, Samuel ENAM
MBA, etc.
Nkongsamba s'étend sur une surface de 340
km2 et compte une population cosmopolite de 105.383 habitants en
2005. Erigée en Communauté urbaine le 17 janvier 2008, la ville
est structurée en :
? Trois arrondissements : Nkongsamba I, Nkongsamba II et
Nkongsamba III ;
? Trois commune d'arrondissement : Nkongsamba I avec comme
chef-lieu EBOUM I, Nkongsamba II avec pour chef-lieu EKANGTE-MBENG, Nkongsamba
III son chef-lieu BARESSOUMTOU VILLAGE.
? Vingt-deux quartiersrépartis comme suit : EBOUM I,
EBOUM DJA, MOUAN DJA, MOUAN MBO, NLONKO'O, EKEL KO'O, EKEL MBENG, BARESSOUMTOU
STADE, BARESSOUMTOU CARRIERE, BARESSOUMTOU MOSQUE
15Jean Philippe GUIFFO, idem, page
111
16Cameroon Tribune N°6577 du mardi 14 avril 1998,
page 6
26
(Nkongsamba 1er). DOGMOA MBENG, EDJOGMOA, EHALMOA,
BONANGOH, SOSSO, EKANGTE MBENG (Nkongsamba 2ème). EKOL MBENG,
BARESSOUMTOU AVIATION, BARESSOUMTOU VILLAGE, BARESSOUMTOU RAIL, POOLA
(Nkongsamba 3ème).
? Six villages : NGALMOA, ENIOKI (Nkongsamba 1er) ;
DOGMOA, EDIAKAP (Nkongsamba 2ème) ; MBORIKO, NGWA (Nkongsamba
3ème).
I.3.2. Situation socioéconomique
La coordination Technique de la Communauté Urbaine de
Nkongsamba, dans leur monographie sur la ville de Nkongsamba, publie que cette
ville enregistre un taux de croissance annuelle de la population de 0,38% avec
un sexe ratio de 92,44 hommes pour 100 femmes. 98,7% de la population vit dans
la tissu urbain avec une forte densité de plus de 340
habitants/km2. Cette population est constituée de 40% environ
de jeunes.
Dès 1912, lorsque Nkongsamba devint le terminus «
provisoire » de la ligne de chemin de fer qui devait relier Douala
à Dschang, et avec en 1923 son érection en Centre administratif,
suivit de la création de sa commune; cette ville connaitraune
croissanceéconomique exponentielle. Grâce à son climat doux
et à la richesse de son sol, Nkongsamba va devenir une véritable
ville-champignon attirant des populations par dizaines de milliers. Les
habitants vont s'adonner pour la plupart au travail de la terre avec comme
principale cultures le café, le cacao, la banane, l'ananas, l'huile de
palme, etc. L'écoulement des produits étant facilité par
la présence du train, de nombreux entrepreneurs expatriés, Grecs
et Amérindiens pour la plupart, vont sauter sur l'aubaine. Les usines de
décorticage de café se multiplient de même que les
concessionnaires automobiles, les stations-services, les grandes surfaces et
autres établissements financières (CFAO, SCOA, RW KING, PZ, SHO)
SOCOPAO, RENAULT. Le chef-lieu du Moungo connaît alors un essor
économique sans précédent.
Actuellement, la population de cette localité oeuvre
à plus de 85% dans le secteur informel, notamment dans le secteur
primaire et tertiaire. On note un taux d'activité (le nombre d'actifs
occupés et chômeurs) sur la population potentiellement active (15
à 64 ans) de 85,6%. Plus de 93% des ménages vivent en dessous
d'un revenu mensuel de 119.700 FCFA pour pouvoir subvenir à leur besoin
de subsistance.
27
28
CHAPITRE II :
METHODOLOGIES DE CREATION ARTISTIQUE
2.1. Méthode classique
La méthode classique est un ensemble des
procédés et des techniques propres à la création
artistique conforme à la coutume et aux usages établis. Cette
méthode présente trois principales étapes qui sont :
? Analyse et réécriture du sujet à traiter
;
? Identification des agents plastiques à utiliser ;
? Réalisation de l'oeuvre.
2.1.1. Analyse et réécriture du sujet
à traiter
Cette étape consiste à la décomposition du
sujet visant à mettre en évidence les éléments qui
le constituent et le reconstituer en des termes nouveaux. Elle s'articule sur
trois points : - Souligner les mots clés ;
Cet acte a pour but premier de cerner d'avantage le sujet,
pour éviter d'enêtre hors.Il est question d'identifier les mots
qui peuvent construire une orientation fondée au sujet à traiter.
Après qu'ils soient identifiés, les souligner (exemple :
création picturale inspirée de l'histoire d'une
ville Camerounaise : cas de Nkongsamba).
- Définir chacun des mots clés
;
Ce deuxième point consiste à comprendre
davantage le sujet, en déterminant avec précision les
différents sens que chaque mot clef présente. Et veiller au choix
des définitions ayant un sens adapté au contexte du sujet
à traiter.
- Reformuler le sujet en de nouveaux termes
Une fois que les précisions sur les mots clés
sont faites, on libelle le sujet en ces propres termes c'est-à-dire
rendre ou illustrer le sujet en de nouveaux mots. C'est l'étape
où l'on entre en possession du sujet.
2.1.2. Identification des agents plastiques à
utiliser
Cette étape s'oriente en trois phases en l'occurrence :
- Recherche des éléments
plastiques
29
Elle consiste à l'attribution des formes ou d'image a
chacun des mots clefs du sujet à traiter. C'est-à-dire des
illustrationssous forme des croquis créatifs.
- Sélection des éléments
plastiques
Cette sélectionconsiste à opérer un choix
sur les croquis qui soulignent une expression dynamique pour le thème et
la composition finale de l'oeuvre.
- La composition de l'oeuvre
Ce point consiste à la synthèse des croquis en
plusieurs compositions,la variation évolutive des compositions,
c'est-à-dire harmoniser les formes, équilibrer les espaces,
organiser les structures géométriques tout en veillant sur la
notion du point d'or.
2.1.3. Réalisation de l'oeuvre.
Cette étape se matérialise en trois parties :
- La reproduction crayonnée
Cette partie a pour objectif de déterminer la
composition définitive qui sera utilisée pour la recherche
chromatique et doit être reproduite sur le tableau final.
- La recherche chromatique
C'est la partie qui a pour but d'étudier les couleurs.
L'étude en question repose sur l'application des notions de contrastes,
tons, tonalités et les gammes.
- La réalisation proprement dite
C'est une phase cruciale dans le processus de
réalisation. Elle prend en compte la fabrication du châssis, le
dressage de la toile et l'application de l'apprêt. En suite on
possède à la fixation des éléments formels sur la
surface à peindre, en veillant sur les notions des perspectives et de
plans, de lignes de forces, de séparations, de volumes et de masses). On
procède en suite par l'étalage des premières couches de
peinture, les couches suivantes, les finitions et on chute par l'applique d'une
couche de vernis appropriée aux medium utilisés.
2.2. La didactique de création artistique de
Pascal KENFACK
Cette méthode a pour particularité de s'appuyer
sur le thème qui est la préoccupation fondamentale de la
recherche. Son étude permet de le décliner en plusieurs
idées ou `'QUALIAS». Chacune de ses idées constituant un
qualificatif ou une caractéristique du thème suivant des angles
précis. Ces idées sont ensuite mutées en signes sur une
fiche d'étude
30
élaborée qui aboutit à des croquis qui
sont des potentielles oeuvres de peinture. Cette méthode présente
trois grandes parties :
2.2.1 Brève biographie
Artiste plasticien Camerounais, Pascal KENFACK peut être
présenté aujourd'hui comme l'un des portes étendards de
l'Art moderne africain. Après un cursus complet à l'Ecole
nationale des Beaux-arts de Paris, achevé par une thèse de
doctorat à Paris 8, ce peintre et sculpteur est retourné au
Cameroun où il initie les jeunes dans le cadre de l'Institut des
Beaux-arts de l'université de Dschang à Foumban.
L'histoire d'amour entre PascalKENFACK et l'art plastique
remonte trente-neuf ans en arrière, en 1963, lorsqu'il décide
d'embrasser la carrière de plasticien. Dans un pays sans école
d'art il prend une inscription pour des cours par correspondance.Tout au long
de sa formation, il reste préoccupé par le moyen de fusionner
l'art du dessin au vécu africain. Il trouve une première formule
en 1967 et signe son premier tableau dont la trame repose essentiellement sur
l'influence des sociétés traditionnelles sur l'art
contemporain.
Lauréat du prix de la Francophonie en 1978, Pascal
KENFACK a des oeuvres exposées dans divers musées du monde,
notamment au Musée des arts contemporains de Séoul et en
France.La secte Moon lui doit une représentation de leur guide
spirituel. Des sculptures monumentales signées de Pascal KENFACK sont
également présentes au Musée national de
Yaoundé.
2.2.2 Première partie ou analyse du sujet
Cette partie consiste à trouver les qualificatifs ou
idées (au moins quatre idées) du sujet qui deviennent la
préoccupation principale, àleur attribuer des signes, ensuite
fusionner deux idées en hypothèse I, de même diviser le
résultat de l'hypothèse I et fusionner pour obtenir
l'hypothèse II. Enfin faire une synthèse de l'hypothèse II
pour obtenir le croquis final.
Exemple d'un sujet : «
l'ADOLESCENCE »
THEME
|
ANALYSE
|
HYPOTHESE I
|
HYPOTHESE II
|
SYNTHESE DEFINITIVE
|
Adolescence
|
Idées
|
Signes
|
|
|
Ambitieux
|
|
|
|
|
Energétique
|
|
Innocent
|
|
|
|
|
Partie I
|
Naïf
|
|
TAB. 01 : Analyse du sujet
2.2.3 Deuxième partie ou orientation
Dans cette partie, on reproduit le croquis final au nombre des
idées, c'est-à-dire si nous avons dénombré quatre
idées ou qualificatifs à l'analyse du sujet, il est
impératif d'avoir aussi quatre croquis. A chaque croquis on attribut un
signe correspondant à une idée ou un qualificatif, qui est
placé à la moitié inferieurede la composition
dénommée ici croquis. Exemple :
Adolescent ambitieux
Adolescent énergétique
Adolescent innocent
Adolescent naïf
Croquis
DESSIN ET PEINTURE
ORIENTATION
Partie II
31
Tab. 02 : Orientation
32
2.2.4 Troisième partie ou discours
Le but de cette partie est d'associer à chaque
idée ou qualificatif un discours qui justifiera le choix de celui-ci et
qui déterminera le message de chaque tableau.
Exemple :
Discours
Partie III
|
1- Ambitieux
|
Je suis ambitieux, je me reconnais par mon caractère,
mes rêves et mon enthousiasme car cela me fait avancer malgré les
difficultés.
|
|
Je suis énergétique, je ne me repose jamais,
car je suis inépuisable grâce à cela je ne cesse de
travailler pour mon avenir.
|
|
Je suis innocent, grâce à cela mes erreurs et
mes maladresses me sont pardonnées
|
|
Je suis naïf, je ne me rends pas compte de ce que je dis,
et les actes que je pose chaque fois.
|
|
Tab. 03 : Discours
2.3. Méthode Hervé YOUMBI
2.3.1 Brève biographie
Né en République centrafricaine (RCA) en Mars
1973, c'est au Cameroun, le pays d'origine des siens, qu'Hervé YOUMBI
esquisse ses premiers pas d'artiste. Tout commence dans son enfance, par une
passion pour le dessin. La volonté d'égayer ses dessins à
l'aide de couleurs le conduira à la peinture et la
nécessité de donner du volume à ses formes à la
sculpture. Adolescent, il passe du statut d'autodidacte à celui
d'étudiant en art en intégrant l'Institut de Formation Artistique
(IFA) de Mbalmayo, unique établissement secondaire d'enseignement
artistique au Cameroun. Il fréquente cette institution de 1993 à
1996.
Les études théoriques de l'art faites pendant
son passage à l'IFA lui ouvre la voie des installations. Une
année d'étude et de recherches à l'Ecole Supérieure
des Arts Décoratifs de Strasbourg (ESAD) en France, entre octobre 2000
et juin 2001, lui ouvre l'univers des images en mouvement. Durant ce
séjour en France il réalise sa première vidéo.
Dans tous les médias évoqués ici - du
dessin à la peinture en passant par l'installation et la vidéo -
et d'autres encore - photo, notamment - depuis plus de dix ans, les portraits
sont à la base du travail de Hervé YOUMBI. A travers une
étude rapprochée du corps humain tel qu'il
33
se présente, se représente lui-même et se
voit représenté dans un cadre urbain, il pose des questions
fondamentales sur sa ville en général, les villes où il
séjourne, celles qu'il traverse et rêve de connaître -
lieux, tous, qui sont pour lui source d'inspiration et support d'expression
plastique.
2.3.2 Analyse du sujet « portraits »
Le portrait est l'un des exercices les plus perspicaces en Art
Plastique. Selon Dominique MALAQUAIS17« C'est une sorte de
biographie et non une simple illustration de la physionomie pour Hervé
YOUMBI ». C'est une discipline qui date depuis la nuit des temps, car
l'homme a toujours voulu se représenter.
Pour arriver au portrait comme sujet, il faut découvrir
en l'homme un visage autre que physique. En observant une personne face
à une réaction ou lors de l'extérioration de sa
personnalité psychologique, il est important de saisir cet instant
où la personne est en action pour la présenter en peinture.
Ici,se n'est pas la physionomie qui importe, mais plutôt la psychologie,
c'est-à-dire l'image que la personne renvoi. Le portrait d'une certaine
façon devient un objet pouvant rendre un sujet identifiable.
2.3.3 Identification des éléments
plastiques
Pour rendre un individu identifiablevia son portrait, l'on
doit s'appuyer sur un certain nombre d'éléments
caractéristiques de la personne :
2.3.3.1 Les éléments d'ordre physique
L'on doit s'appuyer sur des détails tels que les
yeux-le nez, le nez-la bouche.ces détails choisis doivent être des
marques physiques qualifiées abusivement par la société
comme un défaut. Les empreintes de mains et des pieds qui assurent un
rôle assez important à l'identification d'une personne. Les
cicatrices étant des éléments qui liés à la
mémoire (souvenir) sont des marques qui recèlent les informations
d'un moment de la vie (le nombril est la première cicatrice au monde
qu'on obtient à la naissance). Comme détail relevant du physique
on a encore des ongles des doigts et des orteils ainsi que leurs formes.
17Dominique MALAQUAIS : critique d'art et
commissaire d'exposition Française, Chargée de recherche, Centre
d'Etudes des Mondes Africains, CNRS.
34
2.3.3.2 Les objets
Certains objets usuels de la personne peuvent servir comme
éléments d'appui pour la réalisation d'un portrait
à savoir : les chaussures qui renferment d'énormes informations
sur l'individu pouvant le rendre identifiable. Les vêtements rentrent
aussi dans cette liste.
2.3.3.3 Les codes
Les éléments de code tels que les numéros
de matricule, les chiffres et les lettres sont aussi utilisés dans le
processus de l'identification d'un individu. On peut citer le numéro de
la carte d'identité, du compte bancaire...le matricule de fonctionnaire,
d'étudiant... les initiales du nom.
2.3.3.4 La composition de l'oeuvre
Ce point consiste à la synthèse des croquis en
plusieurs compositions, la variation évolutive des compositions,
c'est-à-dire harmoniser les formes, équilibrer les espaces,
organiser les structures géométriques tout en veillant sur la
notion du point d'or.
2.3.4 Réalisation de l'oeuvre
Cette étape se matérialise en trois parties :
? La reproduction crayonnée
Cette partie a pour objectif de déterminer la
composition définitive qui sera utilisée pour la recherche
chromatique et doit être reproduite sur le tableau final.
? La recherche chromatique
C'est la partie qui a pour but d'étudier les couleurs.
L'étude en question repose sur l'application des notions de contrastes,
tons, tonalitéset les gammes.
? La réalisation proprement dite
C'est une phase cruciale dans le processus de
réalisation. Elle prend en compte la fabrication du châssis, le
dressage de la toile et l'application de l'apprêt. On enchaine avec la
fixation des éléments formels sur la surface à peindre, en
veillant sur les notions des perspectives et de plans, de lignes de forces, de
séparations, de volumes et de masses). On procède en suite par
l'étalage des premières couches de peinture, les couches
suivantes, les finitions et on chute par l'applique d'une couche de vernis
appropriée aux medium utilisés.
35
Chapitre III
LA REALISATION DE L'OEUVRE
3.1. Processus de conception
Aborder un sujet tel que « la création picturale
inspirée de l'histoire d'une ville Camerounaise : cas de Nkongsamba
», dans le domaine des Arts Plastiques, nécessite une bonne
maitrise de l'histoire dont il est question dans un premier temps et, en second
une bonne banque d'images qui vous aidera à illustrer les scènes
de l'histoire et surtout être à la pointe de l'actualité de
la création artistique. Ceci conditionnera notre démarche
à des étapes :
3.1.1. Etape I : lecture et entretien
Elle est consacrée essentiellement à la lecture
des ouvrages, revues et articles spécialisés sur l'histoire de
Nkongsamba et sur l'Art et son actualité (confer bibliographie). Aux
entretiens avec des hommes d'histoire (spécialistes en histoire et des
personnes ayant vécu cette ère), des hommes de culture et des
artistes professionnels (confer tableau annexe).
3.1.2. Etape II : recherche des idées
Il est question dans cette étape d'opérer un
choix du style de l'expression plastique de l'oeuvre finale, ensuite
procéder à la recherche des éléments. Compte tenu
des observations des travaux des artistes du monde entier dans des catalogues
et livres d'art, et vu l'angle dont le sujet est abordé tout en tenant
compte de l'importance scientifique de se travail, nous avons opté
réaliser l'oeuvre finale dans une tendance réaliste. Dans
l'optique d'affronter nos propres limites et avec un souci de transparence du
message de l'oeuvre.
Etant dans un contexte historique, il serait nécessaire
de déterminer les temps marquant de l'histoire de cette ville.
L'histoire de la ville de Nkongsamba nous offre ainsi trois grands moments dans
lesquels nous pouvons recenser les idées phares :
? Premier temps 1904-1950
? Découverte du territoire ;
? Construction du chemin de fer ;
? Exode cosmopolite ;
? Exploitation agricole (cacao, café, palmier à
huile).
·
36
Deuxième temps : 1950-1991
> Répression politique ;
> Exil intellectuel ;
> Insécurité ;
> Chute du prix du café.
· Troisième temps : 1991-2008
> Fermeture de la gare ferroviaire ;
> La vétusté ;
> Activisme politique.
3.1.3. Recherche des éléments plastiques
Il est question recenser et d'identifier dans l'état de
la ville actuelle des éléments qui peuvent nous renvoyer dans
l'histoire et nous situer dans son contexte d'après les faits
écrits dans les livres et ceux relatés.
· Premier temps 1904-1950
> Colons ;
> Indigène ;
> Gare ferroviaire ;
> Plantations de cafés ;
> Usines de décorticage de café ;
> Fête de café.
· Deuxième temps : 1950-1991
> Manifestation ;
> Répression ;
> Violence ;
> Troupes armées ;
> La BMM Nkongsamba (maison de torture) ;
> Le kalé-kalé (rafle) ;
> Cadi anti terroriste (chien noir) ;
> Quartier 3
> Eglise ;
> Têtes coupées.
? Troisième temps : 1991-2008
> Dégradation de la voirie urbaine ;
> Hôpital de Nkongsamba ;
> Stade de Baréssoumtou ;
> Librairie du Moungo ;
> L'aéroclub
> La gare ferroviaire actuelle.
3.1.4. Illustration des éléments
plastiques
s Premier temps 1904-1950
37
Cr. 01 : Colon
Cr. 02 : La gare ferroviaire en 1950
38
Cr. 03 : un train de 1864
Cr. 04-05 : Voyageurs et activité commerciale de la
gare
39
Cr. 06 : La Caféière
40
Cr. 07-08 : Indigènes
Cr. 09-10 : Avion (aérodrome de Nkongsamba)
41
Cr. 11 : Homme économique Cr. 12 : Autorité
administratif
42
? Deuxième temps : 1950-1991
Cr. 13 : Cathédrale Cr. 14Cadi anti terroriste (chien
noir)
Cr.15 : Détails des têtes coupées
43
Cr. 16 : Têtescoupées de maquisards
Cr. 17 : Soldat de la garde Kamerounaise Cr. 18 : Présumer
maquisard
? Troisième temps : 1991-2008
Cr. 19 : L'actuelle gare ferroviaire
44
Cr. 20 : La vétustéCr. 21 : Moyen de transport
actuel
3.1.5 Les essais de composition
? Compositions crayonnées
Cr. 22 : composition 1
Cr. 23 : composition 2
45
Cr. 24 : composition 3
Cr. 25 : composition 4
Cr. 26 : composition 5
Cr. 28 : composition 7
Cr. 29 : composition 8
46
Cr. 27 : composition 6
? Compositions numériques (Adobe Photoshop)
Ph. 1 : trame de fond
Ph. 2 : le colon et l'indigène
Ph. 3 : le maquis
47
Ph. 4 : la ville voirie
Ph.5 : la vétusté
48
Ph.6 :composition I
49
Ph.7 : composition II
Ph. 8 : composition finale
3.2. Réalisation de l'oeuvre
3.2.1. Technique et matériel
3.2.1.1. Technique
Dans la pratique de la réalisation d'un tableau de
peinture, il existe plusieurs techniques pouvant permettre d'obtenir le
résultat escompté : la technique aquarelle, la technique à
huile et la technique de l'acrylique.
La technique aquarelle, employée depuis la Renaissance,
est une détrempe très légère, appliquée sur
du papier ou sur une toile, et dans laquelle on emploie beaucoup les
superpositions de couches de différentes couleurs et de
différentes densités. L'aquarelle
50
permettait surtout aux artistes de composer leur peinture en
utilisant la réserve qui consistait à laisser vierges certaines
surfaces de papier Cette technique peut être exécutée dans
la technique à huile ou celle de l'acrylique.
La technique à huile a été mise au point
vers la fin du XVe siècle dans les Flandres et en Italie.
Sous de multiples variantes, le procédé s'est
généralisé au XVIe siècle dans tout
l'Occident. Elle procure une certaine commodité du travail avec la
possibilité de travailler assez longtemps sans que le pigment ne
sèche trop vite. Elle donne aux couleurs brillance et transparence.
Comme dans le cas de la tempera18, les recettes sont innombrables.
Il s'agit parfois d'une émulsion composée d'huile, d'oeuf, de
vernis et d'eau. Plus simplement, on trouve également l'emploi d'huiles
essentielles (comme l'essence de térébenthine ou de lavande) ou
d'huiles pures (comme l'huile de lin, de pavot ou de ricin) comme seuls
médiums. Avec l'huile, on emploie le plus souvent un subjectile
composé d'une toile (lin ou chanvre) tendue par un châssis en bois
enduit d'une couche de colle. Mais on peut aussi utiliser des supports
très variés : la pierre, le cuivre, l'ardoise, etc.
La technique de l'acrylique (technique synthétique)
commence à se faire employer dès la Seconde Guerre mondiale.
L'emploi de cette technique s'est développé afin de
répondre de manière plus souple aux exigences des artistes en
matière de siccativité des matériaux (temps de
séchage), de maniabilité (possibilité d'employer des
instruments d'application plus variés) et de stabilité des
couleurs. Il s'agit d'émulsions composées de résines de
synthèse de type vinylique ou acrylique (matières plastiques).
Elles possèdent un grand pouvoir couvrant, ce qui permet de les utiliser
même sur des supports particulièrement difficiles, comme le
béton ou le ciment. Elles sèchent en peu de temps et
évitent ainsi à l'artiste l'inconvénient majeur de la
peinture à l'huile. En outre, les couleurs sont remarquablement stables
et presque inaltérables dans le temps. On peut enfin réguler la
densité du produit, dont dépend la matité de la couleur,
par une simple adjonction d'eau.
Dans le cadre de notre travail, la technique de l'acrylique
est favorable de part ces qualités, le temps qui est
réservé pour la réalisation du tableau et sans doute sa
présence sur le marché et ces coûts accessibles.
18Technique de peinture pour laquelle les couleurs
sont broyées à l'eau puis délayées avec de l'oeuf
(Microsoft® Encarta® 2009. (c) 1993-2008 Microsoft
Corporation)
51
3.2.1.2. Le matériel
Pour la réalisation d'un tableau de peinture, il est
nécessaire d'avoir un certain nombre de matériel vous permettant
d'atteindre votre but :
· Le bois blanc pour le châssis19 ;
· La toile désignant tout tissu
traditionnellement employé pour peindre (lin, coton, fibre
synthétique, le jute (chanvre) ou la soie).
· Apprêt : c'est un composite de pigment plus la
colle utilisé pour le traitement que l'on fait subir aux tissus ou aux
peaux avant de les travailler, notamment pour en modifier l'aspect ou la
consistance
· Les pigments acryliques de plusieurs couleurs
· Les pinceaux à poiles doux et à poils
dure sont des instruments privilégié de la peinture à
huile et acrylique.
· Les brosses sont des instruments ou accessoires
liés à la technique huile ; on distingue les brosses à
poils doux ou naturels (poils de martre ou de chèvre) les brosses
à poils raids et élastiques (soie de porc ou soie
synthétique).20
3.2.2. Préparation des supports de peinture
Nous entendons par support de peinture, toutes structures
auxquelles adhèrent les couleurs et les couches de fond. On peut avoir
des supports rigides (bois naturel, bois industriel, tôle d'aluminium, la
fibre de verre, l'acier, le cuivre, le verre) ou flexibles (la toile, le
plastique mou, la peau de veaux, le polyester). Dans notre travail, nous aurons
exploréle support flexible.
3.2.2.1. Montage du châssis
Le châssis est composé de lamelles de bois blanc
(SAPELLI) taillées aux proportions de la dimension définitive du
tableau.
Le bois de notre tableau a été tranché en
lamelle de 2.5cm d'épaisseur, 5cm de largeur sur 150 et 200cm de long,
après le rabotage, elles ont été
biseautées21.
Pour l'assemblage, les lamelles sont taillées en
équerre voir Ph. 9.
19Cadre de bois sur lequel est tendue et fixée
une toile de tableau (Microsoft®
Encarta® 2009. (c) 1993-2008 Microsoft Corporation)
20Extrait du cours de KANTE Jean Jacques `'LA
TECHNOLOGIE DE MATERIAUX» du Niv.III APHA/IBA 2011/2012
21Coupe d'un bord à l'oblique
(Microsoft® Encarta® 2009. (c) 1993-2008 Microsoft
Corporation)
52
Ph.9 : la coupe des tasseaux en équerre
Avant l'assemblage des lamelles, les bouts coupés en
équerre sont enduit de colle à bois blanche de
préférence, ensuite soutenu par des agrafes et renforcés
à la fin par des clous. Pour des châssis d'une dimension allant de
80x80cm en montant, il est conseillé de le renforcer par d'autres
lamelles.
Ph.10 : montage des châssis
.
La structure mécanique de toute la peinture est
appliquée sur le châssis : la coupe à onglet,
l'épaisseur du bois et le biseautage des lamelles de bois
appelées tasseaux sont appliqués sur le châssis.
3.2.2.2. La tension de la toile
Lors de la tension d'une toile sur un châssis, la
difficulté est d'obtenir une tension uniforme et parfaitement repartie.
Les files de la chaine et les files de trame doivent se situer
parallèlement aux montants du châssis.
53
Ph.11 : la tension de la toile
3.2.2.3. L'applique du fond
Le fond est composé d'un apprêt à la colle
et d'une couche d'impression pigmentée. Le fond couvre le support pour
le transformer en support propre à être peint. Il a pour fonction
de protéger le support des dommages potentiel que pourraient provoquer
certain ingrédients de la peinture, de rendre la surface capable de
donner à la peinture l'adhérence.
Ph.12 : le traitement du support
3.2.3. Implantation et évolution de l'oeuvre
3.2.3.1. L'implantation
Il s'agit de la mise en place de l'armature de la composition
finale du tableau à réaliser. Nous commençons par
déterminer les points d'or ;c'est la proportion
géométrique, également appelée proportion divine ou
dorée, couramment utilisée en peinture et en architecture pour
ses
qualités esthétiques.Ilcorrespond à une
proportion selon laquelle le rapport existant entre la plus grande partie d'un
segment coupé en deux et la plus petite de ces parties qui est
équivalent à celle existante entre le segment entier et la plus
grande des parties (confer fig. 1).
54
Fig.1 : Calcul du point d'or
Ph.13 : le calcul du point d'or
Ensuite nous passons à la distribution des masses sur
l'ensemble du tableau qui constitue la structure géométrique. A
travers celle-ci se dégage les lignes de force, les lignes de masses,
les lignes de séparation, les contours géométriques, la
ligne d'horizon, la ligne de terre ainsi que les points de fuite. Ainsi on
ressort au crayon ou au fusain les formes qui sont au coeur même de
l'oeuvre d'art. Quelles représentations de la réalité ou
non, nettes ou imprécises, elles attirent le regard et instaurent un
dialogue entre le peintre et le spectateur. Elles expriment, évoquent,
éveillent les sensations.
55
Ph.14 : fixation des formes
Notre tableau, qui est un paysage, est constitué de
trois plans de masse ; la chaine montagneuse et la ligne de bâtiment qui
forme la trame de fond ensuite les personnages (colon-indigène - le
soldat - le refugié- les trois têtes coupées) et les
véhicules qui forment une combinaison forte d'expression en premier
plan. Après l'implantation, il serait nécessaire et important de
marquer un temps d'observation et d'auto critique pour apprécier
l'ensemble du travail.
Ph.15 : la séance d'auto critique
56
3.2.3.2. Evolution de la réalisation du
tableau
Après la mise en place de la structure de la
composition du tableau, suit la fixation des lignes de contour des
éléments plastiques qui constituent l'armature
générale de la toile.
Ph.16 : fixation des lignes de contour
Une fois les contours fixés, nous procédons
à l'applique de la première couche d'impression en couches
aquarelles. En général il est conseillé de poser trois de
couleurs : une couleur lumière, une autre intermédiaire et une
couleur d'ombre.
Ph.17 : applique de la couche d'impression de couleur
lumière
Le choix de la couleur lumière dépend du
réalisateur de l'oeuvre, elle doit être choisie dans la gamme de
jaunes. Nous avons utilisé ici la couleur ocre jaune. Celle-ci permet
d'orienter la lumière et réchauffer le fond blanc de la toile.
Ph.18 : applique de la couche d'impression de couleur d'ombre
57
La couleur de la couche d'ombre dépend sans doute de
l'auteur de l'oeuvre, son choix peut se faire autour de la gamme de couleurs
tertiaires ou le ton noir. Nous avons opté pour le noir, cette couche
permet de fixer les zones d'ombre de la composition.
Ph.19 : applique de la couche d'impression de couleur
intermédiaire
La couche intermédiaire est la couleur bleu primaire,
elle annonce les allures définitives de certains éléments
de la composition tels que le ciel et le véhicule. Elle enrichie la
chromatique générale du tableau, en s'associant au ocre jaune
elle fait déjà appel au vert. Additionnée au ton noir,
elle enrichie les ombres.
Dès lors que les couches d'impression sont
étalées, suit les premières couches véritables de
chaque composante du tableau.
Ph.20 : traitement des éléments
Nous avons commencé par traiter le ciel, ainsi la
couleur bleu du ciel est composée du bleu primaire, du bleu cyan, du
blanc et de la couleur lumière choisie ; le ocre jaune.
58
Ph.21 : définition des formes définitives
.
Les éléments de la toile en noir et blanc sont
exécutés telles les vieilles photographies en noir et blanc pour
maintenir fortement avec le reste de la toile coloré. On introduit de
l'ocre jaune dans la composition des tonalités grises de ton noir et
blanc. Et même de la terre de sienne brûlée à juste
proportion dans les gris sombres qui tirent vers du noir. Les valeurs du noir
et blanc avec lesquelles nousavons travaillé sont plus celles de
vieilles photographies. Même les gris des photographies neuves se
composent avec de l'ocre jaune et de la terre de sienne brûlée.
Nous procédons de la manière suivante:
a)- nous faisons un mélange d'ocre jaune et du blanc =
ocre jaune claire
b)- Un mélange de bleu et de blanc = bleu ciel
c)- le mélange du a) et du b) = gris photographique
dontla valeur dépendra des tonalités des premiers mélanges
si ceux si sont plus foncés ou trop claire.22
Ph.22 : allure générale du film chromatique
22Extrait du cours de Hervé YOUMBI `'
EXPRESSION PICTURALE» du Niv. III APHA/IBA 2011/2012
59
Le même procédé de composition de couleur
s'exécute avec les autres couleurs, c'est-à-dire couleur
principale plus du ocre jaune. Cette façon de faire permet le maintien
de
l'harmonie dans l'ensemble du cliché pictural.
3.3. Présentation des oeuvres
3.3.1. Identité et discours de l'oeuvre
3.3.1.1. Identité de l'oeuvre
? Dimension : 200x450cm ;
? La technique et matériau : acrylique sur toile ;
? La date de réalisation : juin-novembre 2012 ;
? La thématique : l'histoire de la ville de Nkongsamba
;
? Le titre : l'agonie.
3.3.1.2. Le discours de l'oeuvre
En Afrique en général, le constat est
pathétique ; les pratiques artistiques tendent plus à s'arrimer
aux multiples progrès de la science et de la technologie, pourtant comme
le disait le Révérend Père Engelbert MVENG «
l'art est une encyclopédie populaire », après
qu'Emmanuel KANT ait pensé que « l'art est le reflet de la
société ». Il se fait observer dans les collections
tant privées que publique, une absence des oeuvres pouvant faire revivre
les réalités historiques de nos sociétés et
particulièrement de notre pays.
Le cliché pictural est basé sur un fait
pratique. Lorsque nous sommes face à un livre donc le texte à une
police très réduite, celui-ci est dans la plus part des cas moins
encourageant pour la lecture, qui, ne fait pas partie des coutumes des
Africains en général, comme l'appuyait Aimé CESAIRE
« ...pour cacher une information à un Africain, il faut
l'inscrire dans un livre... » Ceci va de même pour les oeuvres
d'art, peu de pseudo amateur d'art y accorde l'importance. Ainsi un format
aussi imposant peut captiver l'attention du spectateur et susciter la
curiosité à découvrir le contenu.
A travers ce langage plastique nous visons à valoriser
l'histoire de Nkongsamba en particulier, et celle du Cameroun en
général ; montrer l'importance de l'art dans une
société,
60
susciter au public un intérêt pour l'art et aux
artistes le désir de la pratique de la peinture d'histoire ;
guérir les âmes en dépravation des moeurs, inciter la prise
de conscience aux valeurs culturelles.
3.3.1.3. Sources d'inspiration
La conception et la réalisation de cette oeuvre tirent
leur inspiration sur les travaux de certain artistes contemporains Africains :
L'idée de la fusion de styles chromatiques `'noir/blanc et
couleurs» provient du travail d'une part de l'artiste Congolais SAMMY
BALOJI Né en 1978, qui vit et travaille à Lubumbashi
(République Démocratique du Congo). Il s'intéresse
à l'architecture comme trace, réalisant des reportages sur
l'héritage culturel, industriel et architectural de sa région, le
Katanga (Vues de Likasi, Gécamines). Ces travaux ont un lien direct avec
le passé colonial. Un passé qui a amené à
l'existence les villes de la province du Katanga. Ces villes s'étaient
construites autour des mines. Ces dernières ne se détachent donc
pas de l'histoire du Katanga. C'est toute la base de son questionnement sur le
quotidien du congolais. Les traces d'un passé proche, un passé
présent. Les images qu'il utilise dans ces oeuvres tirent leur origine
du réel. Bien qu'elles appartiennent à des périodes
différentes, elles parlent de la même réalité : La
destruction.
Ph.23 : OEuvres de SAMMY BALOJI
Et d'autre part, les réalisations de Sue Williamson,
née en 1941 à Lichfield en Angleterre. Sa famille émigre
en Afrique du Sud en 1948, année de l'établissement du
régime d'Apartheid. De 1963 à 1965, elle suit des cours à
l'Art Students League à New York et, en 1983, à la Michaelis
School of Fine Arts de Cape Town. Son travail fait constamment
référence à l'histoire de l'Afrique du Sud ainsi
qu'à son histoire personnelle.Très engagée dans la lutte
contre l'Apartheid dès les années septante, elle produit une
oeuvre forte, sensible, même
61
violente, mais aussi plastiquement très
épurée, qui témoigne des différentes facettes de ce
régime. Au cours de la période post-apartheid des années
nonante, l'oeuvre de Sue Williamson traduit le sentiment de renouveau et
d'espoir de la société sud-africaine.Photographies, installations
à partir de documents d'archives ou d'objets
récupérés dans des chantiers en démolition,
vidéos sont ses médiums de prédilection pour
évoquer la falsification de l'histoire, l'exclusion, la violence,
l'importance du souvenir et de la mémoire, la place des femmes et
récemment la catastrophe de l'épidémie du sida.
Ph.24 : OEuvres de SUE WILLIAMSON
3.3.2. Descriptif de l'oeuvre
Parler d'une oeuvre d'art revient à ce queFrancis
MBELLA présentait dans Le traité de l'esthétique,
MENAIBUC - DILA 21-23, avenue Jean Jaurès 75019, Paris, page 172
« Créer une oeuvre d'art reste la plus
prodigieuse tentative de l'humanité (être humain) pour enfreindre
les limites ou le temps et l'espace le définissent et le renferment,
pour trouver en ces deux champs offert à son activité une
débouchée vers la durée et vers autrui, une expansion qui
fasse éclater sa condition d'individu, restreint et
éphémère »
Ceci dit qu'elle regroupe en son sein des qualités
esthétiques et plastiques, et des valeurs porteuses pour la
société ou le public qui la consommera. L'AGONIE23 se
définit étymologiquement comme étant une période
précédant immédiatement la mort et qui
généralement est marquée par une grave
détérioration de l'état physique et psychique. Ainsi le
tableau présente un ensemble d'éléments mettant en avant
plan le concept de l'espace et du
23Microsoft® Encarta® 2009. (c) 1993-2008
Microsoft Corporation.
62
temps. C'est un concept qui renvoie à la
délimitation d'un contexte afin de dégager les aspects
esthétiques, fonctionnels et significatifs.
L'espace se définit dans cette oeuvre par son paysage
architectural et montagneux qui nous situe dans la ville de Nkongsamba. Le
temps est fortement présenté par des images en noir/blanc qui
marquent le passé, des images en couleur qui présentent un
passé proche tels que le trainetla gare ferroviaire (avec leur
supposée réapparition), et l'image actuelle de certains
édifices.
« AGONIE »est une oeuvre picturale qui met en
lumière l'épineux problème de l'écriture de
l'histoire du Cameroun et sa mise à la disposition des populations. Plus
qu'une représentation, cette oeuvre est une interrogation, ou mieux un
appel à la redéfinition des enjeux de l'éducation de la
société Camerounaise sur leur passé et du
développement économique et politique culturel. Une
préoccupation qui demeure plus que jamais d'actualité.
Cette oeuvre s'illustre en trois temps :
Dans le premier tableau exprimant la colonisation, on voit un
colon majestueusement assis sur un fauteuil avec un `'indigène»
tenant un parasol et un pseudo chef en situation de soumission ; à
l'extrême gauche on voit des branches d'un caféier qui estla
marque de l'alliance et l'identité remarquable de la ville de
Nkongsamba. En toile de fond, l'on aperçoitla gare ferroviaire et ces
activités commerciales avec un train en position d'arrivée.
L'ensemble des premières images du triptyque est une simulation d'une
scène qui décrit la période coloniale.
63
Ph. 25 : pièce une du triptyque
En premier plan du deuxième triptyque, on observe un
soldat de la garde républicaine du Kamerun posant son pied sur une des
trois têtes coupées des maquisards. Ceci est une marque de
domination forte sur la rébellion et l'ensemble des atrocités
commises. En second plan, l'image d'un présumé maquisard
refugié sous un caféiermet en scène la répression.
En fond du
64
triptyque on perçoit le train, qui a favorisé le
cosmopolitisme24 de cette ville et dans la structure du tableau,
sert de transition deux époques. Aussi se voitune usine de
décorticage de café, (qui était le socle de
l'économie de la ville de Nkongsamba et qui l'avait érigée
comme troisième ville économique du Cameroun), et la
cathédrale qui évoque le rôle joué par
l'église pendant la colonisation et lors des évènements de
la lutte héroïque pour l'indépendance et qui de nos jours
reste toujours un symbole de la foi et de la croyance.En fond du tableau la
présence de l'imposant mont Nlonako.
Ph. 26 : pièce deux du triptyque
24Cosmopolitisme : caractère d'un lieu qui
accueille des personnes de nationalités différentes
(Microsoft® Encarta® 2009. (c) 1993-2008 Microsoft Corporation)
65
Dans une simulation identique à celui de la
deuxième pièce du triptyque, la dernière met en
scène la vétusté de la ville. Elle évoque
l'expression de l'abandon de la conscience publique. En avant plan,
l'épave d'une voiture de marque `'RENAULT 4» qui fut l'une des
identités remarquable des personnes nanties de la ville. Un
véhicule de transport commun, seul moyen de transport inter urbain
encore possible actuellement ; une motocyclette en surcharge sur une route
parsemée de nid-de-poule. En arrière-plan on perçoit la
gare ferroviaire transformée en auberge. Cette troisième
pièce du triptyque est une représentation de cette ville, qui
fut, une cinquantaine année avant troisième du Cameroun en termes
de l'économie.
Ph. 27 : pièce trois du triptyque
66
Ph. 28 : oeuvre finale
67
CONCLUSION GENERALE
Nkongsamba est une localité urbaine du Cameroun,
située dans le département du Moungo, région du
littoral.Blottie dans une cuvette triangulaire et délimitée par
des monts fascinants qui sont des cratères volcaniques
déchiquetés : MANENGOUBA, NLONAKO et KOUPE.
Après la construction du chemin de fer dans la ville en
1912 par les Allemands, le nom de Nkongsamba fut donné à cette
dernière par l'administration Allemande. Occupée par les Anglais
en 1914, la ville passe sous le contrôle Français en 1916 avant de
devenir un centre administratif en 1923, succédant ainsi à
BARE.
Grand centre agricole et commercial, cette cité
s'était faite une spécialité dans la culture et
l'exportation du café qui faisait alors la fortune des grands planteurs,
des usines et des populations attirées par dizaines de milliers par la
dynamique de croissance. Classée comme la troisième ville du
pays, elle grouillait d'activités diverses, faisant la fierté de
ses habitants et suscitant l'envie.
Avec l'effondrement des cours du café, la ville a
sombré dans un déclin persistant qui s'est traduit par la
fermeture de plusieurs structures économiques, la dégradation de
la voirie urbaine et de l'habitat. Les anciens ou ceux plus jeunes, qui se
remémorent une certaine époque, parlent toujours de Nkongsamba
avec une pointe de nostalgie teintée de regrets ceci se justifiant par
les évènements tels que la lutte héroïque de
l'indépendance où, Nkongsamba a été classée
comme le bastion de l'opposition.
Dans la création artistique, toutes les méthodes
de créations convergent à un unique objectif, celui d'aboutir
à une expression plastique cohérente qu'elle soit abstraite ou
réaliste. Cette expression peut se présenter sous plusieurs
aspects : elle peut être objective c'est à dire invoque la
destinationde l'oeuvre c'est-à-dire ceux pourquoi l'oeuvre est
destinée à servir. L'expression peut impliquer le fait que
l'oeuvre soit déjà réalisée et la perception des
formes réalistes dans la réalité de l'objet. Dans une
autre mesure l'expression peut êtresubjective c'est-à-dire
apparente à travers les sujets traités dans l'oeuvre, la
thématique ou le concept.
L'expressivité d'une oeuvre d'art est plus apparente
à travers les formes quelles soient les représentations de la
réalité ou non, nettes ou imprécises, elles attirent le
regard et instaurent un dialogue entre le peintre et le spectateur. Elles
expriment, évoquent, éveillent les sensations.Pourtant la couleur
quant à elle éveille les sensibilités à partir
desquelles apparaissent des expressions.
68
Le procédé de création d'une oeuvre
évoque au public l'expression qui révèlera l'époque
et le contexte de réalisation, aussi l'état ambiant de l'esprit
de l'auteur.
« L'AGONIE » est une volonté collective qui
tient son originalité et son impact sur la sensibilité des
populations de la ville de Nkongsamba. Elle éveille les discussions pas
seulement autour du savoir historiquement, mais aussi sur le patrimoine
artistique et culturel garant du développement économique. Cette
oeuvre repeint l'histoire de la ville de 1904 - date de l'arrivée des
Allemands - à 2008 (marquant son déclin), sur une dimension de
200x450cm.
69
BIBLIOGRAPHIE
? Ouvrages historiques
1. Jean Philippe GUIFFO, Nkongsamba mon beau
village, 1999, l'Essoah, 375 pages
2. VICTOR T. Le Vine, LE CAMEROUN DU MANDAT A
L'INDEPENDANCE, vol. II INTER-NATIONALES, 181pages.
3. Marc MAGNANI, Nkongsamba urbaine, 1960,
éd. 161 pages.
4. Jean-Paul MESSINA, Jaap Van SLAGEREN,
histoire du christianisme : de l'origine à nos jours, 2005, éd.,
452 pages.
5. Bernard NKUISSI, les années obscures
de la fondation de 1898 à 1923, 1967, éd. 156 page.
? Ouvrages artistiques
1. M. ZAME, Comprendre la peinture, reconnaitre
peintures, les époques et les styles, déceler les faux.Ed.de
VECHI ,1991 .
2. B RAMCILLAC, Voir et comprendre la peinture,
Bordas, 1991, P13 ,14 .
3. Jose M. PARRAMON, les cours complets de
dessin et de peintures : peinture à huile, bordas S.A, Paris, 1991.
4. Philippe SCHUWER & Yves VERBEEK :
à la découverte : les chefs d'oeuvres de tous les temps et de
tous les pays, peintures, sculptures, gravures, Hachette, Encyclopédie
pour jeunes, paris ,1989.
5. F. GIRARD, Apprécier l'oeuvre d'art,
les éditions de l'homme, 1995.
6. CHIASMA, artistes contemporains camerounais
: Louis EPEE, HAKO HANKSON, Goddy LEYE, Emil YOUMBI, palais des congrès
Yaoundé
7. Christiane BATBO et Marie Odile BRIOT Revue
noir, paris, France, février 1996.
8. Nicolas BISSECK, Couleurs et toiles ,
préface de Kenzo Taka da ,Edition KARTLALE 22/ 24,boulevard Aragon
,75013,paris
9. Francis MBELLA, Le traité de
l'esthétique, MENAIBUC - DILA 21-23, avenue Jean Jaurès
75019, Paris, page 172.
? Catalogues
1. Jacob Baal, Teshuva, les tableaux comme des
drames : Mark ROTHKO, TASHEN 19O3_ 1970.
2.
70
Robert DESCHARNESS Gilles NEVET, kohl,
Salvador DALI, l'oeuvre peinte, TASHEN, London, Madrid, New York, Paris,
Tokyo.
3. Hans WERNER, HOLZWARTH, Art Now volume 3
TASHEN, Hong Kong, London, Los Angeles ,Mdrid ,Paris ,Tokyo.
4. Ruhrberg-Schneck-Enburger-Fricke-Honnett.
Art du XX e siècle, peinture, sculptures, nouveau media,
TASHEN, 25 Years
5. Leonhard EMMERLING, Jean Michel BASKIAT,
collection back to visual basic TASHEN, www .tashen.com.
6. Marcel PAQUET, V .G Magritte,
pensées visibles, TASHEN, Bildt_ kunst, Born 1992.
7. Reimscheneidei-Grosenick (icones), l'art
d'aujourd'hui, TASHEN, 82 rue, Mazarine, F-75006, Paris, France.
8. DAK'ART, le quotidien de la biennale de
l'art contemporain Africain, 10eme Edition.
9. DAK'ART, le quotidien de la biennale de
l'art contemporain Africain, 9eme Edition.
10. DAK'ART, le quotidien de la biennale de
l'art contemporain Africain, 8eme Edition.
? Magazines
1. BEAUX ARTS MAGAZINE : l'art,
architecture, le design, la peinture..., 2000 /2010 ce qui a changer 2010 /
2020, N° spécial 309, mars 2010.
2. BEAUX ARTS MAGAZINE, le tour du monde des
oeuvres les plus spectaculaires° 323, mai 2011.
? Thèses et mémoires
1. ABOUNA ABOUNA Vendelin, 2007, Etude du
chemin de croix dans l'Art religieux Camerounais de XXe siècle : cas de
la peinture et de la sculpture dans la province du centre, Mémoire du
diplôme d'Etude Approfondie en Histoire de l'Art, université de
Yaoundé I, Yaoundé.
2. Achille KAMSU KOMGUEM, 2007, la
création d'oeuvres contemporaines inspirées de la
précarité de la vie à Douala, mémoire du DEA en
Arts Plastique, Univ. Yaoundé I.
3. Olivier TIMA, 2008, création
plastique inspirée des sièges de Baham (Ouest Cameroun),
mémoire de Maitrise en Arts Plastiques. Univ. Yaoundé I.
4. Patrice Charles AFANE, 2011, conception
et réalisation des attributs du chef (nkukuma) en pays Bulu : cas du
design des trônes, mémoire de MASTER II en Arts Plastiques, Univ.
Yaoundé I.
71
5. Michel NINGTINGDEM, 2010, création
(design) de nouveaux porte-charges s'adaptant aux conditions environnementales
urbaines, mémoire de MASTER II en Arts Plastiques, Univ. Yaoundé
I.
LES SOURCES ORALES
Noms et prénoms
|
Profession
|
Age
|
Lieu de résidence
|
M. Antoine
|
Archiviste préfecture de Nkongsamba
|
66 ans
|
Nkongsamba
|
M. ETEKI
|
historien
|
69 ans
|
Nkongsamba
|
M. NJIKI Thomas
|
Préfecture de Nkongsamba
|
8 3 ans
|
Nkongsamba
|
François BINGONO BINGONO
|
Journaliste et homme de culture
Sous directeur des programmes radios CRTV
|
54 ans
|
Yaoundé
|
M. NGAPA Oscar Séraphin
|
Ancien contrôleur principal du trésor
|
64 ans
|
Nkongsamba
|
M. WANGUE
|
Secrétaire générale à la CUN
|
39 ans
|
Nkongsamba
|
Elie Armand MEKOA
|
Artiste multimédia
|
47 ans
|
France
|
Hervé YOUMBI
|
Artiste multimédia et chercheur
|
39 ans
|
Douala
|
ASSIGA Vincent
|
Artiste vidéaste
|
39 ans
|
Douala
|
Vendelin ABOUNA
|
Historien de l'art et expert en Art Plastiques
|
|
Nkongsamba
|
Jean Jacques KANTE
|
Artiste plasticien et enseignant
|
38 ans
|
Mbalmayo
|
M. DIBANTCHOU Collins
|
Artiste peintre et enseignant
|
42 ans
|
Mbalmayo
|
NJOMBE Martin II
|
Artiste peintre
|
78 ans
|
Douala
|
72
LES SOURCES ICONOGRAPHIQUES
Les sources iconographiques sont constituées d'images,
de photos, des cartes géographiques, des croquis, des tableaux. Ces
sources iconographiques seront accompagnées des fiches techniques et des
compléments d'informations.
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