RESUME EXECUTIF
Le but du présent mémoire est d'évaluer
la viabilité du réseau FONGS FINRURAL, un réseau en
construction de neuf mutuelles d'épargne et de crédit
exerçant en milieu rural sénégalais. Il vise d'une part
à apprécier la variabilité entre les différentes
mutuelles du réseau en ce qui concerne la performance financière,
la performance sociale et la gouvernance ; et d'autre part à
apprécier la contribution de chaque mutuelle à l'atteinte des
objectifs de viabilité du réseau.
L'approche méthodologique a essentiellement
consisté en d'une part l'exploitation des états financiers, des
plans d'affaires, des rapports et procès verbaux ainsi que de tous
documents jugés utiles pour notre étude ; et d'autre part en
des visites de terrains au niveau des mutuelles à la base
couplées d'entretien avec le personnel et les membres usagers.
L'unité d'observation est constituée de 7 sur
les 9 mutuelles affiliées au réseau faute de disponibilité
des données et de fonctionnalité de deux mutuelles.
Les données ont été collectées
à l'aide de quatre outils principaux : le factsheet
d'évaluation de la performance financière des institutions de
microfinance élaboré conjointement par BRS et ADA, l'outil
ECHOS(c) d'Incofin pour l'évaluation des performances sociales (version
2012), la grille de l'indice agrégé de gouvernance et les guides
d'entretien élaborés spécifiquement au niveau de chaque
mutuelle en fonction des différents résultats obtenus sur le plan
des performances financière et sociale ainsi que sur le plan de la
gouvernance.
Les données financières ont été
collectées sur les quatre dernières années (2008-2011)
alors que les données inhérentes à l'évaluation de
la performance sociale et de la gouvernance présentent l'état
actuel des mutuelles dans ces domaines.
Différentes statistiques descriptives nous ont permis
de faire des comparaisons. Le coefficient de corrélation de Spearman
nous a permis d'apprécier les synergies et les compromissions qui
peuvent exister entre les trois aspects de la viabilité.
Il ressort de l'analyse entre les IMFs que le
sociétariat essentiellement dominé par les femmes (50%) est en
pleine croissance avec un croît moyen de 23% nettement supérieur
au croît moyen de l'ensemble du pays (8.7%) dans le domaine avec
toutefois quelques spécificités selon chaque mutuelle.
Dans le même ordre d'idée, il a été
enregistré une augmentation de l'épargne mobilisée qui est
toutefois concentrée au niveau de deux mutuelles (29%). Ces deux
mutuelles détiennent à elles seules 54% de la totalité de
l'épargne mobilisée par l'ensemble des mutuelles. Si pour la
première mutuelle (la CREC de Méckhé) la situation est due
à la forte implication des groupements sociétaires, tel n'est pas
le cas au niveau de la seconde mutuelle (MEC de Tattaguine) qui doit sa
position à sa politique de mobilisation de l'épargne axée
sur l'épargne nantie et l'épargne obligatoire de près de
33% comme condition indispensable pour l'accès au crédit.
En ce qui concerne donc l'octroi du crédit, les
principaux crédits octroyés sont des crédits de campagne
et des crédits d'investissement à une seule
échéance de remboursement, en dépit de la
variabilité dans la durée des prêts. Ces crédits
sont octroyés à partir de trois sources de financement : les
dépôts ou épargnes des membres, les prêts et le
capital social. La plupart des crédits sont octroyés à
partir des dépôts entraînant ainsi une baisse de l'effet
levier du fait de l'augmentation du capital.
Dans tous les cas, on assiste à une forte croissance du
portefeuille de crédit au niveau de l'ensemble des mutuelles avec un
croît moyen de 17% l'an à l'exception de la CREC de
Méckhé qui, tout en détenant le portefeuille de
crédit le plus élevé, a subi une baisse de croissance de
l'ordre de 47% sur les quatre années écoulées.
Cette croissance du portefeuille de crédit est
malheureusement associée à une croissance du crédit en
souffrance après 180j. Ceci est observable au niveau de l'ensemble des
mutuelles (avec toute fois quelque légères différences),
conséquence des difficultés de gestion du crédit.
A l'opposé du portefeuille en souffrance, des
améliorations notables sont enregistrées au niveau du ratio des
dépenses opérationnelles avec un taux globalement
inférieur à 20% à l'exception d'une part de la mutuelle de
Dakar qui a enregistré un ratio de 40% en 2011 et de la mutuelle de
Malicounda avec un ratio de 90% en 2009.
Ainsi l'ensemble du réseau affiche une autosuffisance
opérationnelle acceptable entre 2008 et 2010 (127%-148%) mais qui a
néanmoins été affectée de façon
négative (88%) par les dépenses opérationnelles des
mutuelles de Pékesse et de Tattaguine en 2011.
Les résultats révèlent par ailleurs que
malgré la revendication des mutuelles d'avoir des approches sociales,
elles manquent d'outils adéquat, d'information et d'indicateurs
pertinents pouvant permettre d'apprécier l'efficience de la mise en
application de leur mission sociale qui d'ailleurs n'est pas souvent clairement
définie. Les résultats obtenus à partir de l'outil
ECHOS(c) affichent d'ailleurs que l'ensemble des mutuelles a une faible
performance sociale (55%) même si certaines percées sont
enregistrées au niveau de deux dimensions : l'accès et le
taux de pénétration ainsi que les services aux membres.
Sur le plan de la gouvernance, il ressort que les mutuelles
présentent globalement une gouvernance appréciable (62%) avec
néanmoins de grandes variations entre elles.
Le test de corrélation de Spearman entre les trois
dimensions montre l'absence de compromis entre la performance social, la
gouvernance et la performance financière. Il révèle par
contre des synergies significatives entre la gouvernance et la performance
sociale d'une part et entre l'autosuffisance opérationnelle et les
ressources humaines d'autre part.
L'ensemble des résultats prouvent enfin que les
institutions rurales de microfinance, mieux les réseaux ruraux de
microfinance peuvent être viables. Il s'agit d'une question de
gouvernance, de plus de discipline dans les procédures et de plus de
capitalisation de l'ensemble des expériences en microfinance et ceci en
relation avec les informations requises dans le secteur.
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