I.3
L'érosion en nappe
I.1.1 Définition et description
du phénomène
On parle d'érosion en nappe ou aréolaire
(sheeterosion en anglais) parce que l'énergie des gouttes de pluie
s'applique à toute la surface du sol et le transport des
matériaux détachés s'effectue par le ruissellement en
nappe (Roose, 1994). Il correspond au stade initial de l'érosion du
sol.L'érosion en nappe se produit principalement quand la surface du
champ est lisse et la pente uniforme (Kuypers et al.,
2004)entraînant ainsi la dégradation du sol sur l'ensemble de la
surface du sol.De ce fait elle est peu visible d'une année à
l'autre puisqu'une érosion importante de 15 à 30 t/ha/an
correspond à une perte de hauteur de 1 à 2 mm (Roose,
1994).L'érosion en nappe se manifeste comme une conséquence de
l'impact des gouttes de pluie qui détruisent les agrégats du sol.
Par conséquentles particules fines du sol sont mises en liberté.
Etant libres, elles vontremplir l'espace entre les particules grossières
et vont former à la surfacedu sol une couche tassée, comme une
croûte qui empêche l'infiltration de l'eau et favorise ainsi le
ruissellement(Kuypers et al., 2004). La nappe d'eau à la
surface du sol entraine avec elle des minéraux dissouts et des
éléments fins (argiles et colloïdes organiques)
(Dupriez,2007).
I.1.2 Causeet facteurs de
l'érosion en nappe
La cause de l'érosion en nappe est l'énergie de
la battance des pluies sur les sols dénudés (Roose, 1994).Les
gouttes de pluies déclenchent le processus de destruction des
agrégats du sol tandis que le ruissellement n'assureque le transport des
particules détachées sur des pentes inférieures à
15% ;au-delà le ruissellement devient lui-même abrasif etson
énergie dépasse celle de la battance de la pluie (Roose et
Lelong, 1976).Pour Munodawafa (2012) reprenant Morgan (1986), l'érosion
en nappe ne débute que lorsque pendant une averse, la quantité de
pluie et/ou l'intensité de celle-ci dépasse respectivement la
capacité de rétention maximale et d'infiltration en eau du sol.
Selon Roose (1994) l'érosion en nappe observée sur une parcelle
est caractérisée à la fois par:
· l'intensité maximale des pluies qui
déclenchent le ruissellement (1 maximum en 15 minutes surpentes fortes
ou 1 maximum en 30 minutes sur les pentes moyennes),
· l'énergie des pluies (Ec) qui détachent
les particules susceptibles de migrer,
· la durée des pluies et/ou de l'humidité
avant les pluies.
Roose et al. (1993b) ont montré que la
sensibilité des sols à la battance (impact des gouttes de pluies)
et au tassement (remplissage de la macroporosité de surface par les
particules fines déplacées par les gouttes de pluie)
dépend non seulement de leur texture, mais aussi de leur teneur en
matière organique et de l'humidité de l'horizon desurface, ces
deux derniers facteurs étant fortement dépendants de
l'utilisation du sol etdes pratiques agricoles. La matière organique en
agissant comme liant entre les microaggrégats, accroit la
stabilité des agrégats qui est d'autant plus grande que la
fraction argileuse est importante. Pour les sols tropicaux, la bonne
cohésion et consolidation des agrégats du sol est essentielle
pour contrôler l'érosion en nappe et le ruissellement
(Reichertet al., 1999).Dupriez (1996) fait mention de l'effet du
surpâturage sur le développement de l'érosion en nappe,
celui-ci dénude le sol, et le livre à la battance des pluies. En
plus, le piétinement incessant des animaux réduit la
porosité structurale de l'horizon de surface favorisant ainsi le
tassement, qui empêche la bonne infiltration de l'eau d'où un
ruissellement important.
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