4. Estimations économétriques
Nous analysons ici le degré d'intégration
financière des pays de la zone CFA en recourant à plusieurs
approches : l'approche en coupes périodiques utilisée par
Feldstein-Horioka (1980) et les approches en données de panel
traditionnelles et non stationnaires. La relation de long terme est
estimée selon les méthodes DOLS, PMG et MG d'une part, et d'autre
le modèle de court terme est estimé par le biais d'un
modèle à correction d'erreur.
4.1. Estimations en coupes périodiques
Cette méthode permet d'obtenir l'estimateur between
comme dans le cas du panel traditionnel, mais ne prend compte la dimension
intertemporelle. Elle a l'avantage d'éliminer le biais induit par la pro
cyclicité de l'épargne sur l'investissement c'est-à-dire
les réponses excessives de l'investissement aux variations de
l'épargne ; cependant elle laisse non résolu, le biais lié
à l'existence d'effets spécifiques c'est-à-dire à
l'hétérogénéité des pays.
L'équation testée est la suivante :
I. ?a??S
.
Où I est le taux d'investissement moyen en
pourcentage du PIB S . le taux d'épargne moyen en pourcentage
du PIB, a une constante, ?
le coefficient de rétention de l'épargne et
e. le terme d'erreur.
La période d'étude est divisée en 6
périodes de 5 ans. La régression est estimée sur chacune
des périodes.
22
|
1980-1984
|
1985-1989
|
1990-1994
|
1995-1999
|
2000-2004
|
2005-2009
|
Zone CFA
|
0.325***
|
0.433**
|
0.274***
|
0.301***
|
-0.117
|
0.083
|
|
(0.056)
|
(0.169)
|
(0.064)
|
(0.066)
|
(0.249)
|
(0.066)
|
UEMOA
|
0.197**
|
-0.139
|
0.105
|
0.055
|
-0.185
|
-0.313
|
|
(0.076)
|
(0.106)
|
(0.364)
|
(0.297)
|
(0.286)
|
(0.451)
|
CEMAC
|
0.456***
|
0.621***
|
0.362***
|
0.419***
|
-0.135
|
0.194**
|
|
(0.052)
|
(0.118)
|
(0.032)
|
(0.088)
|
(0.309)
|
(0.051)
|
GOUV1
|
0.254***
|
0.604***
|
0.137
|
0.200***
|
0.137*
|
0.033
|
|
(0.023)
|
(0.059)
|
(0.064)
|
(0.029)
|
(0.052)
|
(0.048)
|
GOUV2
|
0.577***
|
0.298**
|
0.304**
|
0.300
|
-0.481**
|
0.087
|
|
(0.115)
|
(0.109)
|
(0.095)
|
(0.193)
|
(0.179)
|
(0.151)
|
Tableau 2 : Résultats de l'estimation en coupes
périodiques
***p<0.01 : significativité au seuil de 1%,
**p<0.05 significativité au seuil de 5%, *p<0.1
significativité au seuil de 10%
avec p comme p-value
Les p-value sont entre parenthèses
Le coefficient de rétention de l'épargne
présente une tendance générale à la baisse dans les
différentes zones, baisse plus élevée après 1994.
Le degré d'intégration augmente au fil des années. En
effet, les degrés d'intégration les plus faibles sont
enregistrés sur la période 1985-1989 ; c'est sur la
dernière période c'est-à-dire sur la période
2005-2009 que l'on enregistre les niveaux d'intégration les plus
élevés même si certains coefficients sont significativement
égaux à 0.
Sur la période 1980-1984, la zone CFA est
caractérisée par un degré d'intégration
financière élevée avec un coefficient de rétention
de l'épargne significativement différent de zéro. Il en
est de même pour la zone UEMOA dont le degré d'intégration
financière est le plus élevé et la zone GOUV1 où
les coefficients de rétention de l'épargne sont plus faibles. Par
contre les zones CEMAC et GOUV2 sont caractérisés par un
degré d'intégration financière moins élevé,
leur coefficient étant plus élevé que ceux des zones
précédentes. La zone GOUV2 connaît le degré
d'intégration financière le plus faible.
Sur la période 1985-1989, le degré
d'intégration financière de la zone CFA baisse par rapport
à la période précédente car le coefficient de
rétention de l'épargne augmente. La zone GOUV1, contrairement
à la période précédente se caractérise un
faible degré d'intégration financière. Il est en de
même pour la zone CEMAC qui connaît le degré
d'intégration le plus faible. Par contre, la zone GOUV2 dont le
degré d'intégration financière était faible au
cours de la période précédente connaît un
degré d'intégration plus élevé et le plus
élevé des différentes zones.
La période 1990-1994 se caractérise par un
degré d'intégration élevé pour les
différentes zones, les degrés d'intégration des zones
UEMOA et GOUV1 étant les plus élevés.
Il en est de même pour les périodes suivantes qui
sont caractérisées par un degré d'intégration
financière élevé.
Ces résultats montrent que les pays exportateurs de
produits agricoles, pays d'Afrique de l'ouest sont plus intégrés
que les pays exportateurs de matières premières, pays
d'Afrique
23
centrale. Ce résultat semble contre-intuitif car les
pays producteurs de matières premières sont attractifs en
investissement et les capitaux y sont très mobiles. Ils montrent en
outre que le niveau de gouvernance a un impact positif sur le degré
d'intégration financière. En effet, les pays
caractérisés par un niveau de gouvernance élevé
semblent plus intégrés financièrement que ceux à
niveau de gouvernance plus faible. Ce dernier résultat est
contradictoire à ceux de Kisangani (2006) qui trouve dans son
étude sur un échantillon de 37 pays africains, que dans les pays
qui ont connu un changement de régime politique, la mobilité du
capital y est faible. Le changement de régime politique est
associé dans cette étude à une meilleure gouvernance ?
Les résultats quant à la zone CFA, montrent que
cette zone est financièrement plus intégrée que les pays
de l'OCDE. En effet Coakley et al (1994, 1995a) trouvent des valeurs des
coefficients de rétention se situant entre 0.6 et 0.8 pour des
études en coupes périodiques. Il en est de même pour
Feldstein et Bachetta (1991) et Obsfeldt (1995) qui trouvent des valeurs entre
06 et 0.8.
|