IV.6- Infection parasitaire
Les parasites sont de bons marqueurs de la
salinité. Ils ne semblent être influencés que par la
salinité, quelle que soit la période ou la station. La
salinité optimale à l'infection parasitaire de S. m.
heudelotii se situerait au environ de 5. L'étude du facteur
biologique de S. m. heudelotii a montré également de
meilleures conditions de cette espèce à des salinités
identiques. Ceci n'est pas étonnant, car S. m. heudelotii est
une espèce estuarienne stricte (Albaret, 1999) et donc ces meilleures
conditions biologiques seraient en eau saumâtre tout comme les parasites
qui l'infectent. S. m. heudelotii n'a pas donc développé
de défense immunitaire contre ces parasites à cette
salinité (5). La réduction du taux d'infection parasitaire de
cette espèce aux salinités élevées s'explique par
le fait que les conditions biologiques optimales aussi bien de l'espèce
que de ces parasites se situeraient aux environs de la salinité 5. Ce
résultat est de plus confirmé par le faible taux d'infection
observé à la salinité 0. Les travaux de Pauly (1976) chez
Tilapia melanotheron dans les lagunes ouest africaines ont abouti
à des résultats identiques qu'il explique par l'origine limnique
des parasites. Le traitement des individus de S. m. heudelotii avec
des salinités supérieures à 35 pourrait constituer un
moyen préventif contre les infections parasitaires.
Synthèse
A travers cette étude, il a été
mis en évidence l'effet du barrage mais également le rôle
capital de la salinité sur les traits biologiques (reproduction,
régime alimentaire, croissance) des espèces vivant en amont et en
aval du barrage de Maka. Les tilapias ont fait preuve de
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tolérence des variations des conditions
environnementales d'amont et d'aval du barrage. Mais néanmoins ils
adoptent des stratégies différentes, adaptées aux
conditions de salinité et de température sévissant dans
ces environnements respectifs. Le suivi de l'évolution de la
salinité dans ces deux environnements nous a permis de vérifier
le rôle de la salinité sur les variations spatiales et temporelles
des caractéristiques biologiques de ces espèces. Il est devenu
clair que les espèces de tilapias vivant en aval du barrage (Sakar et
Maka aval) ont des tailles moyennes réduites par rapport à celles
vivant en amont. La taille du plus petit individu mature et le diamètre
ovocytaire moyen de ces espèces deviennent en générale
plus faibles, tandis que leur fécondité relative et leur rapport
gonado-somatique sont élevés. S. m. heudelotii et T.
guineensis élargissent également leur spectre trophique en
augmentant simultanément les prises en bivalves. S. m. heudelotii
tend à ingérer d'avantage de débris
végétaux au détriment de la vase. L'inverse est
observé chez T. guineensis qui dispose un spectre trophique
plus large.
Par contre en amont du barrage (Maka amont, Diana
Malary) ces espèces adoptent des stratégies inverses. Leurs
spectres trophiques sont réduits, la taille moyenne des individus
devient plus élevée. Du point de vue de la reproduction, une
diminution du nombre d'ovocytes produits par kilogramme de femelle et une
augmentation simultanée du diamètre ovocytaire moyen sont
notées chez S. m. heudelotii et T. guineensis. Le
rapport gonado-somatique moyen des femelles de stade 4 est plus faible. Les
variations de ces traits biologiques en amont et en aval du barrage suivent la
même tendance que celles observées respectivement en octobre et
mai avec des changements intermédiaires en février. Les valeurs
légèrement plus élevées en aval qu'en amont du
barrage de la taille du plus petit individu mature et de la taille de
première maturité sexuelle sont une conséquence du passage
d'eau salée dans la partie amont, de la forte température
mesurée à Diana Malary en mai et au problème d'occupation
de l'espace dont les poissons ont été confrontés dans
cette station.
Les parasites sont de bons marqueurs de la
salinité indifféremment de la période et de la station. Le
taux d'infection parasitaire de S. m. heudelotii est maximal à
la salinité 5 et s'annule pour des salinités supérieures
à 35. Ethmalosa fimbriata varie son régime alimentaire
en fonction des mois. En revanche Elops lacerta et Hemichromis
fasciatus consomment essentiellement des juvéniles de poissons
comme proies indépendamment des stations et des mois. Les tailles de ces
trois espèces restent également sensibles aux variations de la
salinité. Ces fluctuations chez Ethmalosa fimbriata et
Elops lacerta, peuvent être attribuées soit à la
salinité soit à la migration des individus. Malgré la
restriction de l'aire de répartition
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d'Hemichromis fasciatus dans les stations d'eaux
douces ou faiblement salées, les changements observés sur ses
paramètres biologiques seraient induits par la
salinité.
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