L'échelle de maturation adoptée par
Legendre & Ecoutin (1989) a été utilisée pour la
détermination rapide des stades sexuels par examen macroscopique. Elle
est établie après caractérisation de chaque stade par le
rapport gonado-somatique (RGS), la distribution de la fréquence en
taille des ovocytes et l'examen histologique des gonades. Le RGS est la part
d'énergie d'un individu allouée à la reproduction
(Legendre, 1991). Cette échelle est adaptée à une
utilisation multispécifique. Pour les femelles, elle comprend sept
stades dont chacun correspond à une distribution caractéristique
dans la fréquence en taille des ovocytes (figure 8).
Le stade 1 correspond aux individus
complètement immatures. Les gonades sont légèrement
allongées et élargies. Elles ne présentent pas de
vascularisation superficielle.
Le stade 2 est caractérisé par
l'individualisation d'un groupe d'ovocytes de petit diamètre en
prévitellogenèse. A la surface des gonades apparaît une
légère vascularisation.
Au stade 3, Une croissance ovocytaire s'amorce
véritablement avec l'entrée d'une partie des ovocytes en phase de
vitellogenèse (incorporation de la vitellogénine). A ce stade les
individus sont matures c'est à dire que la réversibilité
ovocytaire n'est plus possible. La vascularisation de surface
s'accroît.
Le stade 4 est caractérisé par une
nette séparation du groupe modal d'ovocytes de diamètre le plus
avancé du reste de la population ovocytaire. Ce groupe modal correspond
aux ovocytes qui seront émis à la prochaine ponte, leur
dénombrement permet d'estimer la fécondité. La
quasi-totalité de la cavité abdominale est occupée par les
gonades qui présentent une importante vascularisation
superficielle.
Le stade 5, très fugace, correspond à
l'émission des produits génitaux et à l'ovulation. Les
ovules (femelles) et le liquide spermatique (mâles) sont expulsés
à la moindre pression sur l'abdomen.
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Les stades 6-2 et 6-3 sont consécutifs à
la ponte et se distinguent principalement des stades 2 et 3 par la
présence dans l'ovaire d'un petit nombre de gros ovocytes
résiduels (non ovulés) en atrésie.
Seules les gonades des femelles de stade 4 sont
prises en considération pour la détermination de la
fécondité. En fait, au stade 5 les ovocytes peuvent avoir
été en partie émis, naturellement, ou lors du tri des
captures. D'ailleurs ce stade est rarement rencontré. Sur le terrain,
pour les individus femelles de stade sexuel > 2, les
gonades ont été prélevées et pesées au
dixième de gramme (balance électronique).
Pour les femelles de stade 4, 10 gonades par
espèce et par station ont été prélevées dans
la mesure du possible. La détermination du stade 4 a été
faite à la fois de manière visuelle et par le calcul du RGS (>
4 pour être prélevée). Ces gonades ont été
conservées dans du liquide de Bouin (75 ml d'acide picrique
saturé ; 20 ml de formol à 40% ; 5 ml d'acide acétique)
lors de la première mission et dans du liquide de Gilson (100 ml
d'éthanol, 9 ml d'acide acétique glacial, 20 ml d'acide nitrique
à 60%, de chlorure de mercure II, et 875 ml d'eau distillée) lors
des deux autres missions. Ces liquides assurent la conservation des ovocytes
même à longue échéance. Mais contrairement au
liquide de Bouin, le Gilson opère une ségrégation
parfaite, aboutissant à la libération des ovocytes par digestion
du stroma ovarien. Ceci explique le changement du Bouin par le Gilson comme
produit de conservation des gonades lors de nos deux dernières missions.
Dans le cas où un stade 5 a été rencontré, la
gonade a été prélevée, pesée et
décrite (par exemple sa couleur, sa position par rapport à la
cavité abdominale, l'aspect des ovocytes) et un ou deux exemplaires ont
été conservés dans le Gilson pour faire une structure des
diamètres ovocytaires (figure 8).
Pour les Cichlidae, les gonades entières
(stade 4) ont été conservées ; pour le cas particulier
d'Ethmalosa fimbriata, la gonade a été
sous-échantillonnée en raison du nombre important d'ovocytes que
la femelle pouvait pondre. Par découpe avec un scalpel, environ 0,5g de
gonade a été prélevé et mis dans du liquide de
Gilson (deux dernières missions). Quant à Elops lacerta
aucune gonade n'a été prélevée en raison de
l'absence de femelle de stade 4 dans nos captures. Les gonades
prélevées étaient agitées au moins une à
deux fois par semaine pour assurer la séparation des ovocytes sous
l'effet du liquide de Gilson.