Problématique de l'intégration de l'Afrique face à la multiplicité des organisations sous-régionales africaines( Télécharger le fichier original )par Timothée Eben MBOMBO KASANKIDI Université de Kinshasa - Licence/ Relations Internationales 2010 |
CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX DE L'INTEGRATION EN AFRIQUEIl existe aujourd'hui une marée d'Organisations Sous-Régionales en Afrique que sur d'autres Continents, et la plupart des pays africains se retrouvent membres de plusieurs Organisations et participent à plusieurs initiatives d'intégration régionale. C'est ainsi que DIANGITUKWA dira :"l'appartenance de certains pays à plusieurs Communautés économiques ne facilite pas l'intégration, elle diminue même l'effet d'adhésion à cause de la dispersion des énergies et des ressources dont le pays ne dispose pas à flot. Pour une raison de rationalisation et d'efficacité, il est souhaitable de créer des communautés économiques cohérentes et rationnelles afin d'éviter les chevauchements inutiles.68(*) Cette situation explique les résultats décevants enregistrés par le processus d'intégration. En effet, nous analysons dans ce chapitre l'état des lieux de l'Intégration en Afrique, les trois sections que nous avons retenues ci-après : la divergence des objectifs dans la première ; la réalisation de l'Intégration en Afrique dans la deuxième et enfin les difficultés et les avantages de l'Intégration en Afrique dans la troisième. SECTION I : DIVERGENCES D'OBJECTIFSAu lendemain de la deuxième guerre mondiale 1940-1945, la division du monde en deux blocs dominés par deux superpuissances, les États-Unis d'Amérique et l'Union Soviétique, n'a pas manqué d'avoir des répercussions et des attraits sur les jeunes États nouvellement indépendants en général et sur ceux de l'Afrique en particulier. C'est ainsi qu'au lendemain même de leur accession à la souveraineté internationale, les États africains se trouvent déjà divisés en blocs antagonistes à coloration idéologique : le bloc de Casablanca à tendance progressiste et le bloc de Brazzaville-Monrovia à tendance modérée.69(*) Raison pour laquelle dans cette section nous analysons les deux blocs antagonistes africains ayant des tendances idéologiques contraires et leurs conséquences sur la problématique de l'intégration africaine, il s'agit du bloc de Casablanca et celui de Brazzaville §.1. BLOC DE BRAZZAVILLE1.1. CONTEXTE DIPLOMATIQUEL'année 1960, avec la décolonisation de l'Afrique noire d'expression française et de Madagascar, fut le début d'une nouvelle orientation de la diplomatie africaine. Le besoin de solidarité qu'éprouvaient des hommes habitués à vivre ensemble, les liens historico-culturels qui attachaient entre elles les anciennes colonies françaises d'Afrique noire et de Madagascar, la forte personnalité de plusieurs de leurs dirigeants conduisirent ces jeunes Etats à se définir et à se constituer en groupe assez solide et homogène jusqu'à la naissance de l'OUA en mai 1963.70(*) Dès le 07 septembre 1960, le président SENGHOR, dans un message adressé au peuple Sénégalais, faisait la déclaration indiquant : qu'il faut préparer un plus vaste regroupement où entreront tous les Etats de l'ancienne A.O.F, y compris la Guinée, mais toujours sur la base de l'indépendance de chaque Etat. L'idée de la fédération n'est pas encore mûre dans l'ancienne A.O.F, car les micro-nationalismes ne sont pas encore transcendés.71(*) Le 27 Septembre, le Ministre sénégalais de l'information DIOP OBEYE étendit l'aire de regroupement à toutes les nations d'Afrique d'expression française y compris la Mauritanie et la Guinée. Deux rencontres avaient précédées celle qui aboutira à la constitution définitive du groupe de Brazzaville. Au début du mois d'octobre 1960, le président SENGHOR rencontrait son homologue Ivoirien HOUPHOUET-BOIGNY à Abidjan, le communiqué publié à l'issue de cette rencontre lance l'idée de regrouper en une association interétatique souple tous les Etats de ex. AEF et ex. AOF.72(*) Du 15 au 19 décembre 1960, une conférence réunie à Brazzaville les Chefs d'Etats et des Gouvernements de douze Etats suivants : Cameroun, République centrafricaine, Congo Brazzaville, Côte d'Ivoire, Dahomey, Gabon, Haute volta, Madagascar, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad.73(*) Au cours de cette conférence, des positions furent définies sur plusieurs problèmes de politique internationale (désarmement, guerre froide, décolonisation, question de la représentation de la Chine à l'ONU) et sur des problèmes qui intéressaient directement l'avenir du continent africain : la crise congolaise, la guerre d'Algérie et le problème Mauritanien. * 68 DIANGITUKWA, F., op-cit, p.13 * 69 KABAMBA WA KABAMBA, G., op-cit , p.106, * 70KABAMBA WA KABAMBA, op-cit, inédit * 71 CEDAR SENGHOR, L., cité par KABAMBA, W.K. op-cit * 72 NTUMBA MUKENDI, S., De l'OUA à l'UA : quel avenir pour l'Afrique ?, TFC, G3 RI, UNIKIN, 2006-2007, PP.18-19 * 73 KABAMBA WA KABAMBA, G., op-cit, inédit |
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