Infirmiers et soins au défunt :
La réalisation de la toilette par
l'infirmier :
Les infirmiers sont partagés concernant le fait
d'effectuer une dernière toilette.
Les commentaires leur ont permis d'expliciter leurs
divergences à ce sujet.
Commentaires libres :
Sachant que ce soin est effectué par les entreprises
funéraires dès la prise en charge du corps, certains estiment
qu'il n'est plus nécessaire de le réaliser : 12
récurrences.
Beaucoup expliquent avoir fait évoluer leurs
pratiques ces dernières années, affirmant effectuer ce soin
bien plus souvent par le passé : 16 récurrences.
A l'inverse, ceux qui continuent à la réaliser
expliquent y voir une dernière marque de respect, un
dernier hommage : 16 récurrences
La réalisation de la toilette du défunt est donc
peu uniforme, selon le profil de chaque soignant.
Par contre, la présentation du défunt a une
importance certaine à leurs yeux :
Importance de la présentation du corps du
défunt :
Les soignants sont donc presque unanimes, approuvant l'impact
que peut avoir l'image du corps sur l'entourage et la famille.
Commentaires libres :
Visage apaisé : 23 récurrences.
Visage serein : 8 récurrences.
Un beau visage : 5 récurrences.
Faire disparaître l'équipement
médical du corps : 16 récurrences.
Le positionnement du corps, et des mains : 6
récurrences.
Influence des croyances sur les soins
pratiqués :
81% des soignants prennent en compte les croyances lors des
soins au défunt
Seul 19% affirment ne pas en tenir compte.
La majorité des infirmiers admet donc que
les croyances ont un impact sur la réalisation des soins au
corps.
Commentaires libres :
Ils évoquent la toilette (7), l'habillage
du défunt(4), la position de ses mains(5), la
présence d'objets symboliques(7) et de bijoux.
La notion de religion(19) est évoquée.
Infirmiers et accompagnement des proches
Ancienneté de la relation :
97% des infirmiers ont suivi les patients dans le cadre de
soins, avant la phase dite palliative.
Pour la plupart, la durée du suivi peut être
estimée à plus de deux ans.
Les prises en charge tardives semblent plus rares.
Il apparaît que les infirmiers libéraux aient
donc une relation ancienne avec les patients
suivis en soins palliatifs, les ayant bien souvent accompagnés en amont
lors de la phase dite curative.
Leur connaissance du patient se comptant parfois en
années.
Ils ont donc un lien ancien avec la famille proche,
présente au domicile.
Isolement des proches :
52% des infirmiers admettent se retrouver parfois avec un
proche isolé, seul auprès du défunt.
29% admettent que cette situation se présente
souvent.
Il n'est donc pas rare qu'un proche soit seul après le
décès, sans avoir de famille venant l'accompagner dans cette
étape.
Une aide pour les formalités
administratives
La majorité des infirmiers interrogés est
amenée à expliquer les formalités administratives aux
proches.
D'après les infirmiers, la constatation du
décès par le médecin est une procédure bien connue
des familles (71%).
En revanche, les conditions de transport du corps par les
entreprises de pompes funèbres le sont beaucoup moins. 90 % des
infirmiers affirment que celles si sont mal connues des proches.
Commentaires libres
Sont mal connus : le délai de conservation du
corps à domicile (12), le choix libre d'une entreprise de
pompes funèbres (10), le lieu ou sera déposé le
corps en attente de l'inhumation, ou la crémation
(6).
Certains infirmiers relatent effectuer les
démarches à la place de la famille : 23
récurrences
Ils en donnent plusieurs raisons :
Les familles sont perdues, incapables d'agir,
paralysés, perturbés, en plein désarroi.
Le grand âge du conjoint survivant
intervient.
Certains pensent important de décharger la famille,
d'autres soulignent au contraire qu'il faut leur laisser effectuer ces
démarches. Dans ce cas, les infirmiers affirment conseiller,
orienter, être un appui, un soutien.
La mise en place d'un dialogue infirmier/
famille
42% des infirmiers ont sont souvent l'occasion
d'établir une discussion approfondie avec les proches, après le
décès.
Commentaires libres :
Ils évoquent des thèmes divers abordés
lors de cet échange :
Le défunt : sa vie, son parcours, sa
personnalité, les regrets concernant bons moments
partagés, mais aussi les remords inhérents aux
différents conflits familiaux
Le vécu de la maladie : le soulagement de la
douleur, la souffrance morale, le délai
écoulé avant le décès.
Les circonstances du décès :
Durée de l'agonie, souffrance, « pensez vous qu'il se
soit senti partir ? »
Le proche : Sa façon d'envisager l'avenir, la
tristesse, le soulagement de voir se terminer une situation insupportable.
Les croyances : l'au delà, la vie après
la mort, ou au contraire, la remise en cause de ces croyances.
Le sens : « pourquoi lui »,
« il n'a jamais fait de mal à personne »,
« pourquoi autant de souffrance. ». Recherche dans
la vie menée d'une raison expliquant la souffrance subie.
L'importance des mots :
Presque la totalité des infirmiers (97%), estiment que
les mots ont une portée, au delà de
l'échange qu'ils ont eu avec la famille.
Mots difficiles à choisir pour 61% d'entre
eux :
Commentaires libres :
Plus que les mots, le contenu du discours semble poser
problème aux infirmiers : Certains ont peur de choquer (5
récurrences), d'avoir des propos maladroits (9
récurrences ). D'autres ne savent pas quoi dire face à
la souffrance (15 récurrences ), ne trouvent pas les mots(3
récurrences ). Certains expliquent écouter le proche
avant de parler à leur tour (22 récurrences), ne pas
briser le silence (14 récurrences).
Suivi après le
décès :
La majorité des infirmiers affirme revoir les proches
à distance du décès.
Commentaires libres :
Cela survient de façon fortuite (dans la rue,
les commerces), 34 récurrences.
De nombreux infirmiers précisent planifier une
visite auprès du proche à distance du
décès : 19 récurrences. L'objectif étant
de dépister la détresse, l'isolement. De boucler,
finaliser la prise en charge. Les proches ayant besoin
d'évoquer la période palliative, le soulagement de la
douleur.
Parfois, la famille convie l'équipe
infirmière autour d'un repas ou d'un café pour remercier : 5
récurrences.
De nombreux infirmiers évoquent l'absence de suivi
des proches après le décès du patient, et ressentent
le devoir de visiter le proche à posteriori.
Plusieurs évoquent une faille au sein de la
société dans ce domaine, voyant des proches livrés
à eux mêmes, ne sachant vers qui se tourner pour obtenir de
l'aide : 6 récurrences.
Infirmiers et approche de cet
instant :
L'impact de l'infirmier sur l'ambiance qui
règne au domicile
71% des infirmiers pensent qu'ils ont un rôle à
jouer concernant l'ambiance régnant au domicile après le
décès.
29% affirment n'avoir aucun impact dans ce domaine.
Commentaires libres :
L'ambiance globale idéale : La
sérénité (8 récurrences),
l'apaisement (10 récurrences), le calme
(14 récurrences ) , sont des notions récurrentes
dans leurs écrits.
La vision de la scène : L'aspect
et l'installation du défunt (23 récurrences),
le rangement de la pièce centrale (6
récurrences ), sa démédicalisation (21
récurrences), avec la disparition du matériel ayant
trait aux soins.
La luminosité est
évoquée : l'éclairage, la pénombre,
les bougies, les volets mis clos : 3 récurrences
L'odeur est citée : 4
récurrences.
La relation entre le défunt et ses
proches : le pourtour du lit doit être
dégagé, afin de permettre la libre circulation des
proches (9 récurrences). Le fait de disposer des chaises
autour du lit.
La juste place de l'infirmier : la
notion de disponibilité (11 récurrences ), de
discrétion (9 récurrences ).
L'accompagnement : avec la notion
d'écoute (26 récurrences ), d'accueil des
proches arrivés sur le lieu du décès (8
récurrences ).
Le bruit, avec la nécessité
d'en faire le moins possible (3 récurrences). L'usage de la
musique à la demande de la famille (1 récurrences).
Leurs gestes dans ce domaine :
Attitude : Gestes calmes (28
récurrences), écoute attentive (16
récurrences), Respecter souhaits défunt(6
récurrences )
Discours : Rassurer sur la souffrance (11
récurrences), l'acceptation de la mort par le
défunt(5 récurrences), discussion sur le fait de
garder le corps au domicile plus ou moins longtemps (4
récurrences ).
Actions concrètes : Ménage chambre (8
récurrences ), élimination matériel(15
récurrences), toilette de défunt, installation
avec ou sans l'aide de la famille.
Ambiance : réglage de la lumière
(6 récurrences ), Musique de fond (1
récurrences), utilisation de parfum ou désodorisant
si odeur désagréable (3 récurrences ).
L'attitude de l'infirmier :
Presque la totalité des infirmiers (97%) admet le fait
que son attitude globale lors de cet instant est importante.
Seul 3 n'abondent pas en ce sens.
Commentaires libres :
Etre calme, serein, posé, faire
preuve de douceur : 26 récurrences
Faire preuve de disponibilité, sans toutefois
se montrer envahissant : 20 récurrences
Ecouter activement, en faisant appel à la
reformulation.19 récurrences
Rester professionnel et respectueux.13
récurrences
Savoir aider, soutenir les proches.12
récurrences
Rassurer les proches concernant l'absence de
douleur, les réconforter : 9 récurrences
Atténuer les regrets : 3
récurrences
Respecter les désirs du
défunt :3 récurrences
Vécu de cet instant par les
infirmiers :
La majorité des infirmiers (74%), affirme
apprécier cette présence auprès des proches, dans
l'instant qui suit le décès.
Commentaires libres :
Les infirmiers soulignent le fait de devoir accompagner
jusqu'au bout le patient et sa famille, même pour cette dernière
étape.
Ils évoquent une relation humaine faite
d'amitié (2 récurrences), le lien
construit (12 récurrences), l'intimité avec la
famille (8 récurrences), la compréhension
(5 récurrences), le partage réciproque
(7 récurrences), la notion d'accompagnement
(16) récurrences.
Certains soulignent le fait d'apprendre beaucoup de
ces moments de vie(6) récurrences.
D'autres évoquent le sentiment d'un travail
achevé(8), une manière de clôturer la
relation (5 récurrences).
Certains ont souligné le terme utilisé dans ma
question, à savoir « aimez-vous » :
Ce mot n'était pas celui qu'ils auraient choisi (4
récurrences). Certains l'aurait remplacé par : plaisir
d'un travail bien fait (1 récurrences), devoir vis à vis
des proches (3 récurrences).
78% d'entre eux estiment que cela fait partie
intégrante du métier que d'accompagner les proches
après le décès du patient.
Gratuité des soins
La majorité des infirmiers déclare ne recevoir
aucune rémunération pour le temps passé
auprès des proches, les conseils, et l'aide apportée dans cet
instant.
68% d'entre eux effectuent toujours cette aide
gracieusement.26% souvent 6% parfois.
Il est donc question dans la majorité des cas d'un acte
gratuit, d'un don de présence auprès des proches.
Commentaires libres :
Pour 12 infirmiers, la gratuité de cet acte est
considérée comme évidente et normale. Les
critères motivant cette démarche étant multiples :
Acte de soin ne relevant d'aucune prescription
médicale, donc ne pouvant être l'objet d'honoraires. (15
récurrences).
Démarche entièrement volontaire et
personnelle : 6 récurrences.
En accord avec des valeurs personnelles : 4
récurrences.
Infirmiers et questionnements :
La demande de formation
La question de la formation est nettement
plébiscitée.
Ainsi, la grande majorité des infirmiers (71%) pense
qu'une formation concernant l'après décès pourrait
être bénéfique à leur pratique.
Commentaires libres :
Huit infirmiers ont malgré tout souligné le fait
qu'établir une conduite à tenir rigoureuse serait
absurde, retirant toute spontanéité, toute liberté dans
cette prise en charge. La notion de protocole (5 récurrences))
a été utilisée, expliquant le peu
d'autonomie que ceux ci laissent aux infirmiers.
D'autres ont évoqué une demande de connaissance
concernant le choc initial (2 récurrences), et le travail
de deuil du proche survivant. (9 récurrences)
Commentaires libres :
La notion de questionnement est apparue de façon
significative dans le champ commentaires et témoignages libres.
Les infirmiers évoquent à maintes reprises le
manque d'espace de parole (17 récurrences) pour
évoquer et partager leurs expériences. Certains se remettent en
question, et regrettent l'absence de supervision (6
récurrences) dans le secteur libéral. Selon eux, un
débriefing (8 récurrences) au terme de
certaines prises en charge serait salutaire, afin d'ajuster leurs attitudes.
Beaucoup expliquent se réunir entre collègues au sein du
même cabinet pour se questionner autour de leurs difficultés
(12 récurrences).
D'autres cherchent un regard extérieur, en se
mettant en relation avec des médecins et professionnels de santé
connu de leur réseau (5 récurrences).
Plusieurs d'entre eux mettent l'accent sur la
solitude inhérente à l'exercice libéral (8
récurrences).
|