REPUBLIQUE DU CAMEROUN
REPUBLIC OF CAMEROON
Paix-Travail-Patrie
Peace-Work
-Fatherland
MINISTERE DES FORETS ET DE LA FAUNE
MINISTRY OF FORESTRY AND WILDLIFE
ECOLE POUR LA FORMATION
SCHOOL FOR THE TRAINING
DES SPECIALISTES DE LA FAUNE
OF WILDLIFE SPECIALISTS
CONTRIBUTION A LA MISE EN PLACE DU PROCESSUS DE
COGESTION DU DOMAINE DE CHASSE ET RESERVE DE BOMBO- LUMENE
CONTRIBUTION SUR LA MISE EN PLACE DU PROCESSUSDE
COGESTION DE LA RESERVE DE FAUNELOMAKO-
Rapport présenté en vue de
l'obtention du Diplôme de Spécialiste de la faune (Cycle
B)
Par
AMISI LUENGA Moïse
Superviseurs:
Encadreur :
Monsieur Tarla Francis NCHEMBI
Conservatrice Ewing LOPONGO B.
Directeur de l'Ecole de Faune de Garoua.
Chef de Site du DCRBL, a.i
Madame MAHA NGALIE
Chef de Service Faune et Aires Protégées.
Promotion 2010-2012
SOMMAIRE
DEDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iv
LISTE DES FIGURES
v
LISTE DES ABREVIATIONS
vi
RESUME
viii
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION
1
1.1 Contexte
1
1.2 Problématique
2
1.3.1 Objectif global :
4
1.3.2 Objectifs spécifiques
4
CHAPITRE 2 : REVUE DE LA LITTERATURE
6
2.1 Introduction
6
2.1.1 Aspect historique et définition
6
2.2 Quelques initiatives de Cogestion des
Ressources Naturelles :
7
2.2.1 Expérience de la Cogestion de la
Reserve de Conkouati au Congo-Brazzaville (Nguinguiri, 1997)
7
2.2.2 Expérience dans le programme CAMPFIRE
au Zimbabwe
8
2.2.3 Expérience de Cogestion au
Cameroun
9
2.2.4 Essai de la Cogestion du Parc National des
oiseaux du Djoudjou au Sénégal
10
2.2.5 Aperçu sur la mise en oeuvre du
processus de Cogestion en Tanzanie
12
2.2.6 Aperçu sur la mise en oeuvre du
processus de Cogestion en Ouganda
12
CHAPITRE 3 : MATERIELS ET METHODES
15
3.1 Présentation de la zone
d'étude
15
3.1.1 Localisation
15
3.1.2 Climat
16
3.1.3 Relief et hydrographie
18
3.1.4 Sol
18
3.1.5 Végétation
18
3.1.6 Faune
19
3.1.7 Les atouts touristiques du Domaine et Reserve
de Chasse de Bombo-Lumene
20
3.1.8 Cadre juridique sur la faune et flore en
RDC
22
3.1.9 Population riveraine au Domaine de chasse et
Reserve de Bombo-Lumene
23
3.2.1 Collecte des données
24
c. Analyse des données
26
CHAPITRE 4 : RESULTATS ET DISCUSSIONS
27
4.1 Vérification des limites du Domaine de
chasse et Reserve de Bombo-Lumene
27
4.2 L'accroissement démographique et son
impact sur la gestion des ressources naturelles de la DCRBL
29
4.3 Perception du DCRBL par la population locale
et évaluation de leur niveau de connaissance en matière de la
législation sur la faune et flore.
31
4.3.1 Perception du DCRBL par la population
locale
31
4.3.2 Perception du DCRBL par le personnel du
DCRBL
33
4.3.3 Evaluation du niveau de connaissance de la
population riveraine en matière de la législation sur la faune et
flore.
35
4.3.1 Répartition de la population selon le
niveau d'études
36
4.4 Collaboration entre le gestionnaire du DCBL et
la population locale du plateau de Batéké.
37
4.5 Points de vue de la population locale sur
l'impact de la conservation sur le développement socio-économique
de Batéké.
39
4.6 Activités socio-économiques
menées par la population locale du plateau de Batéké
42
4.7. Mode de gestion des conflits qui surgissent
entre la conservation et la population riveraine.
43
4.7.1 Conflit opposant l'Institut Congolais pour la
Conservation de la Nature à la population locale :
44
4.7.2 Conflit opposant l'Institut Congolais pour la
Conservation de la Nature au Chef traditionnel :
45
4.7.3 Conflit opposant les habitants du village
suite à la gestion des espaces :
45
4.7.4 Conflit opposant le Chef traditionnel et sa
base (les villageois) :
46
4.7.5 Conflit opposant les confessions
religieuses (Eglise catholique) à l'Institut Congolais pour la
Conservation de la Nature (ICCN) :
46
CHAPITRE 5 : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
48
BIBLIOGRAPHIE
51
DEDICACE
Gloire soit rendue à mon Dieu qui est tout pour
moi !
A mes regrettés parents MUTANGI MUTUNGWA et
MULASI LEA Honorine qui m'ont façonné dès le bas
âge et ont forgé en moi ce dont je vaux aujourd'hui ;
A ma chère épouse Mamie NZIGIRE
WETEMWAMI dont les sacrifices consentis pendant toute ma
période de formation sont innombrables ;
A mes enfants Fidèle MUTANGI AMISI et
Schekina BARAKA AMISI, ainsi qu'à toute ma
progéniture ;
A tous mes frères et soeurs ;
Je dédie ce travail !
REMERCIEMENTS
Il serait aberrant de passer inaperçues les personnes
qui, de loin ou de près, ont contribué à la
réalisation de ce travail. A cet effet, nos sentiments de gratitude
s'adressent :
Ø A Monsieur Tarla NCHEMBI Francis, Directeur de
l'Ecole des Spécialistes de Faune de Garoua qui, en dépit de
multiple exigences professionnelles, s'est donné corps et âme pour
assurer la bonne marche de notre formation ;
Ø A Madame MAHA Ngalié, Chef de Service Faune et
Aires Protégées de la région du Nord Cameroun qui, en
dépit des contraintes professionnelles n'a ménagé aucun
effort pour nous superviser, tout en supportant nos caprices ;
Ø Au Programme d'Appui à la Conservation des
Ecosystèmes dans le Bassin du Congo «
PACEBCO », qui a financé notre formation à l'Ecole de
Faune de Garoua ;
Ø A Monsieur l'Administrateur
Délégué Général de l'Institut Congolais pour
la Conservation de la Nature (ICCN), Pasteur Cosma WILUNGULA BALONGELWA pour
l'intérêt qu'il a accordé à notre renforcement des
capacités à travers la bourse octroyée par
PACEBCO ;
Ø A Monsieur Jules MAYIFILUA LUKOMBO, Chef d'Antenne
PACEBCO dans le Paysage Maringa -Lopori -Wamba et ancien Chef de Site de la
Reserve de Faune de Lomako-Yokokala, qui a bien voulu proposer notre
candidature à la hiérarchie ;
Ø A la Conservatrice Ewing LOPONGO BONGO, Chef de Site
a.i du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene et ses collaborateurs qui
nous ont accueilli et encadré pendant notre période de stage
professionnel ;
Ø A tout le corps professoral de l'Ecole de Faune de
Garoua dont l'encadrement a été sans pareil ;
Ø A Monsieur KAYEMBE DIKO, dont l'assistance est
manifeste ;
Ø A Monsieur et Madame Richard MC DONALD, qui ont
soutenu ma famille tant spirituellement que financièrement ;
Ø A Madame LISA SABAN pour ses multiples
encouragements ;
Ø A Monsieur et Madame Emery KABUGI, pour leurs
multiples encouragements ;
Ø A mon grand frère, Dieudonné KALANGWA
KALIBUCHI ainsi qu'à son épouse Bibiane MALOBA KALANGWA, pour
toute l'assistance faite à ma famille pendant toute la période de
mon absence ;
Ø A mes frères et soeurs : Esther KABWE
AZINA, MASOKA FEZA, MASOKA MUTANGI, BIKYE'OMBE MUTANGI, NONDO SADIKI, NONDO
MTUNGWA, MTANGE, MAUWA, EVELYNE, SANGO SADIKI, NYASA SADIKI, NONDO SADIKI, AKIM
SADIKI ;
Ø A tous mes promotionnaires ;
Ø A tous mes bien-aimés dans le
Seigneur ;
Trouvez ici les fruits de vos efforts.
LISTE DES FIGURES
Figure n°1 : Réseau des aires
protégées en République Démocratique du
Congo..............16
Figure n°2 : Carte du Domaine de Chasse et
Reserve de Bombo-Lumene.......................17
Figure n°3 : Fréquence des visites des
touristes par nationalités au Domaine de Chasse et Reserve de
Bombo-Lumene............................................................................
21
Figure n°4 : Opinions sur la violation des
limites naturelles du DCRBL........................ 27
Figure n°5 : Causes de l'accroissement de la
population dans le plateau de Batéké............30
Figure n°6 : Perception de l'aire
protégée par la population
locale................................32
Figure n°7 : Perception de l'aire
protégée par le personnel du
DCRBL..........................34
Figure n°8 : Connaissance de la population du
plateau de Batéké en matière de la réglementation
sur la conservation de la biodiversité
...............................................34
Figure n° 9 : Opinions recueillies sur le
niveau de collaboration entre la conservation et la population
locale..........................................................................................37
Figure n°10 : Point de vue de la population
sur l'apport de la conservation dans la vie socio-économique de la
population
locale....................................................................39
Figure n° 11 : Appréciation de CADIM
par la population riveraine au DCRBL................40
Figure n°12 : Activités
socio-économiques de la population du plateau de
Batéké............42
Figure n°13 : Cartographie des conflits dans
le plateau de Batéké...............................44
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n°1 : Répartition de la
population selon les villages dans le groupement de
Mbakana...................................................................................................25
Tableau n°2 : Répartition de la
population selon les tranches d'âges et le niveau
d'instruction...............................................................................................36
LISTE DES PHOTOS
Photo n°1 : Structure de la
végétation du Domaine de Chasse et Reserve de
Bombo-Lumene...................................................................................................19
Photo n°2: Pont rustique en liane du Domaine de
Chasse et Reserve de
Bombo-Lumene.....................................................................................................................................20
Photo n°3 : Ferme IBI-Village
érigé à l'endroit réservé à l'espace
tampon......................28
LISTE DES ABREVIATIONS
A.I.B.T : Accord International sur les Bois Tropicaux
AP : Aire protégée
CADIM : Centre d'Appui au Développement
Intégral de Mbakana
COGEREN : Comité de Gestion des Ressources
Naturelles de Conkouati
CEP : Champ-École Paysan
CITES : Convention sur le commerce international des
espèces de faune et de flore sauvage menacées d'extinction
CIVC : Comité Inter Villageois Communautaire
CVD : Comité Villageois pour le
Développement
DCRBL : Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene
DSRP : Document Stratégique pour la
Réduction de la Pauvreté
ECOFAC : Ecosystèmes Fragilisés d'Afrique
Centrale
FAO : Organisation des Nations unies pour l'alimentation
et l'agriculture
GPS : Global Positioning System
GRN : Gestion des Ressources Naturelles
ICCN : Institut Congolais pour la Conservation de la
Nature
UICN : Union Mondiale pour la Nature
MAB : Man and the Biosphere
OIBT : Organisation Internationale des Bois Tropicaux
OIF : Organisation Internationale de la Francophonie
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations-Unies
PACEBCO : Programme d'appui pour la Conservation des
Ecosystèmes dans le Bassin du Congo
PCGBC : Programme de Conservation et de Gestion de la
Biodiversité au Cameroun
PNUD : Programme des Nations-Unies pour le
Développement
RDC : République Démocratique du Congo
WDPA: World Database on Protected Area
ZIC: Zone d'intérêt Cynégétique.
RESUME
Une étude a été réalisée
sur la contribution à la mise en place du processus de cogestion du
Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene.
C'est une aire protégée périurbaine,
située à proximité de la ville province de Kinshasa, dans
le plateau de Batéké, en République Démocratique du
Congo. Elle couvre une superficie d'environ 350.000 ha.
Partant de sa configuration, elle se trouve entourée
par une population riveraine dont le niveau de vie est en dessous du seuil de
pauvreté, sans l'assistance gouvernementale.
Les objectifs étaient de vérifier le respect des
limites naturelles du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene, d'analyser
les opinions de la population locale sur leur perception de l'aire
protégée et d'évaluer le niveau de collaboration entre
gestionnaire du DCRBL et la population locale.
Cette étude a procédé par les
enquêtes par échantillonnage tant au près de la population
locale qu'au niveau des agents de la conservation. Cela étant,
l'échantillon a concerné la station de Bombo-Lumene, les villages
de Dumi, Buantaba ainsi que la cité de Mbakana.
Pour ce faire, un échantillon représentatif de
12 ménages a été interrogé à la station du
DCRBL, 81 ménages par ailleurs ont été questionnés
à Dumi et à Buantaba, et enfin 192 ménages dans la
cité de Mbakana ont constitué nos enquêtés.
Il ressort de nos enquêtes que la population locale
n'est pas impliquée dans la gestion du Domaine de Chasse et Reserve de
Bombo-Lumene. Aucune initiative de développement socio-économique
n'est entreprise par la conservation et il n'existe aucune collaboration
entre la conservation et la population locale.
Le résultat est l'installation d'une crise de confiance
mutuelle entre conservation et la population locale qui, pour leur besoin de
survie se permettent de dévaster plus de 5000 ha de cette aire
protégée en y pratiquant l'agriculture, la carbonisation, le
braconnage et les espaces reconnus au Domaine sont quotidiennement
spoliés.
CHAPITRE 1 :
INTRODUCTION
1.1 Contexte
Après les menaces de la déforestation
perpétrées par l'abattage et divers incendies dans la forêt
amazonienne réputée de poumon de la planète, l'heure est
venue où les forêts du Bassin du Congo, deuxième poumon
vert à l'échelle mondiale, nécessitent d'être bien
conservées afin de prévenir leur disparition et les
conséquences y relatives. Pour ce faire, l'ancienne vision de la
conservation de la nature basée sur la contrainte
« Conservation Policière » n'ayant pas garanti
une gestion rationnelle et durable des ressources naturelles suite à
l'exclusion de l'implication de la population locale dans le processus, les
tendances sont aujourd'hui tournées vers une approche participative
qui, non seulement repose sur une gestion durable de ces ressources
susmentionnées , mais aussi veille sur le développement
socio-économique des populations autochtones qui, sous cet angle, sont
considérées comme acteurs et partenaires dans le processus.
Cela étant, sans un niveau de participation
relativement important, les objectifs de conservation et de
développement ne pourront tout simplement pas être atteints
puisque la mise en oeuvre des politiques, quelle que soit leur origine, suppose
une coopération locale (Fisher, 1990).
Depuis 1934, le gouvernement congolais a créé
l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), une entreprise
publique chargée de gérer les aires protégées.
Actuellement, ces aires protégées couvrent environ 11 % du
territoire national. Il englobe des paysages diversifiés, allant des
forêts d'altitude, dense et humides, aux zones de savanes, et il renferme
notamment cinq sites du Patrimoine Mondial. Par ailleurs, ces Aires
Protégées (Aps) de la République Démocratique du
Congo sont globalement représentatives des écosystèmes de
la région (Vermeulen, et Lanata, 2006) où nous pouvons encore
trouver quelques espèces fauniques emblématiques telles que
l'Okapi, le Bonobo, le Gorille, et le Paon congolais.
Cependant, cette richesse de la biodiversité
susmentionnée est actuellement victime de l'exploitation non durable
faite par la population dont, d'après les informations fournies par le
Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP) de
l'année 2004, cette population congolaise était estimée
à 52 millions d'habitants dont 80 % vit en dessous du seuil de
pauvreté, notant que 60% vit en milieu rural alors que les milieux
ruraux regorgent des grandes richesses en ressources naturelles.
Cette croissance démographique accrue constituée
essentiellement des populations dépourvues du minimum vital,
amène ces populations riveraines à se contenter des forêts
et aires protégées environnantes en y pratiquant le
prélèvement des espèces fauniques et floristiques d'une
manière anarchique et non réglementée. Cette façon
de faire contribue énormément à la dégradation des
forêts et aires protégées.
Afin de renforcer le mécanisme de partenariat et de
permettre la réalisation des objectifs de réhabilitation et de la
promotion des aires protégées avec l'implication des
communautés dans la gestion de celles-ci, l'ICCN a mis en place un cadre
de concertation avec ses partenaires. C'est dans ce cadre de renforcement de
partenariat que quelques initiatives de conservation communautaire ont
été initiées dans certaines APs (ICCN, 2008).
Voulant donc apporter notre une pierre à ces
initiatives d'implantation du processus de cogestion des Aires
Protégées de la République Démocratique du Congo,
nous avons jugé opportun de travailler
sur : «La contribution à la mise en place du
processus de Cogestion du Domaine de Chasse de Bombo-Lumene » afin de
relever les défis susmentionnés et de proposer des voies de
solution pouvant garantir une issue meilleure au processus et ceci dans le
cadre de notre stage académique tel qu' inscrit au programme de l'Ecole
de Faune de Garoua dans le cursus de la formation des spécialistes de la
faune.
1.2
Problématique
L'homme joue de nos jours un rôle très important
dans la gestion des ressources naturelles. La reconnaissance des droits et
besoins légitimes des communautés indigènes est une
étape importante dans la conservation à long terme des ressources
naturelles (LEE WHITE 2001).
Le Domaine de chasse et Reserve de Bombo-Lumene (DCRBL) est
une aire protégée périurbaine située dans les
plateaux des Batéké, dans la Ville-Province de Kinshasa en
République Démocratique du Congo. Créé par
Arrêté Ministériel n°07/du 10 février 1968,
cette aire protégée renfermait les espèces fauniques et
floristiques de grande importance telles que les Eléphants
(Loxodonta africana africana), les Lions (Panthera leo), les
Hippopotames (Hippotamus amphibius ) , les
Buffles (Syncerus caffer ), les Sitatunga (Tragelaphus
spekii ), les Potamochères (Potamochoerus
porcus ) et autres. Plusieurs espèces de l'avifaune y compris
les oiseaux migrateurs, d'importance internationale, ont été
également répertoriées dans le DCRBL par Birdlife
International.
La population du plateau de Batéké qui vit tout
autour du DCRBL dispose d'un revenu moyen largement en dessous du seuil de
pauvreté, estimée à moins de 1$ par jour et ceci par
habitant. Suite à cette situation de pauvreté, celle-ci fait des
incursions récurrentes dans la réserve y développant
plusieurs activités illégales pour de raison de survie telles
que : le braconnage (d'une part à la recherche de protéines
animales et d'autre part pour des fins commerciales), la carbonisation,
l'agriculture itinérante sur brulis, et la pêche. .
Par ailleurs, la non applicabilité des textes
légaux et l'ignorance manifestée par de la population riveraine
en matière de la connaissance de la législation sur la faune et
flore serait l'une des raisons pour cette population d'exercer la pression sur
cet écosystème qui jadis était riche en
biodiversité et attirait la curiosité des touristes et
chercheurs.
Enfin, l'absence de collaboration et de dialogue entre la
population locale et les services en charge de la conservation de la nature et
à laquelle s'ajoute la non implication de la population du plateau de
Batéké dans la gestion de ses ressources naturelles est source
des plusieurs conflits entre ces parties.
Cependant, les aires protégées étant
créées suivant des critères strictement biologiques et
écologiques, il est aujourd'hui difficile d'atteindre la mission
reconnue à la conservation de la biodiversité sans l'implication
de la population riveraine par le truchement d'une gestion participative,
correcte, impliquant celle-ci dans la gestion et dans la prise des
décisions tout en visant à rehausser le niveau de la vie des
habitants.
Les méthodes indirectes permettant de répondre
aux besoins locaux dans les aires protégées peuvent comprendre le
tourisme, la création d'emploi par les services du parc ou les
subventions directes par des sources extérieures (Fisher 1990)
Ainsi, cette aire protégée étant
génératrice des recettes provenant de visites touristiques, de la
chasse sportive ainsi que des activités de recherche ; impliquer la
population dans la gestion de ces dernières sous entend lui
reconnaître non seulement sa qualité de partenaire dans la gestion
des ressources naturelles, mais c'est en outre lui reconnaître sa quote
part dans les recettes réalisées : ce qui peut contribuer
efficacement à la réalisation de certains projets sociaux
(construction des écoles, construction des routes, création de
centres de santé, financement des oeuvres à caractère
philanthropique et caritatif, etc. ) et contribuer ainsi efficacement au
développement socio-économique du milieu, corollaire de
l'atténuation du braconnage et d'autres exploitation illicites des
ressources naturelles.
Cependant, la participation passive de la population riveraine
dans la gestion de cette aire protégée , l'absence d'une
consultation au préalable dans la prise de certaines décisions
engageant le Domaine de Chasse de Bombo-Lumene ,les problèmes
liés aux limites naturelles entre cette AP, la zone tampon et le
groupement de Mbakana sont aujourd'hui sources de plusieurs maux et
conflits engendrant ainsi une crise de confiance mutuelle qui du reste porte
préjudice à la gestion participative des ressources naturelles de
la DCRBL, se soldant par ricochet en une dévastation de cet
écosystème.
1.3 Objectifs de l'étude
1.3.1 Objectif
global :
L'objectif global de cette étude est de contribuer
à l'instauration du processus de cogestion du Domaine de Chasse et
Reserve de Bombo -Lumene afin d'améliorer les conditions de vie des
populations riveraines.
1.3.2 Objectifs
spécifiques
Pour d'atteindre notre objectif global, nous nous sommes
fixés comme objectifs spécifiques de :
- Vérifier le respect des limites naturelles du Domaine
de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene, celles de la zone à usage multiple
ainsi que celles de la zone tampon;
- Ressortir l'impact de l'accroissement démographique
sur la gestion des ressources naturelles du domaine ;
- Analyser les opinions de la population riveraine sur leur
façon de concevoir cette aire protégée dans leur
entité et évaluer leur niveau de connaissance en
matière de la législation sur la faune et flore ;
- Evaluer le niveau de collaboration entre le gestionnaire de
cette aire protégée avec la population riveraine
- Evaluer les points de vue de la population locale sur
l'impact de cette aire protégée sur leur vie
socio-économique ;
- Identifier les différentes activités de survie
menées par cette population ;
- Analyser le mode de gestion des conflits qui surgissent
entre la conservation et la population riveraine.
CHAPITRE 2 : REVUE DE
LA LITTERATURE
2.1 Introduction
2.1.1 Aspect historique et
définition de la Cogestion.
De l'époque coloniale à l'époque
post-coloniale ; la conservation des ressources naturelles a
évolué vers une approche protectionniste exclusive basée
sur le pouvoir de la contrainte et où les populations locales ne
subissaient que la rigueur de la loi, sans pour autant être
associée dans la gestion des ressources naturelles. Le contrôle de
l'Etat sur les ressources était aux mains des élites de
l'administration au détriment des considérations de la
sécurité sociale. Les populations étaient perçues
par les gestionnaires des Ressources Naturelles(RN) comme les ennemies de la
conservation de la faune sauvage e des RN. (Tarla, 2010). Cependant, le bilan
s'est avéré un échec total dans la gestion rationnelle et
durable des RN.
Cela étant, à partir des années 1980, la
tendance commence à changer au sein des agences de conservation de la
nature et l'on comprend que l'implication des populations locales serait une
condition sine qua non dans la réussite des objectifs de la conservation
des ressources naturelles. Et ce fut le début de l'émergence des
perspectives participatives où ces populations ne sont plus
considérées comme une menace pour ressources naturelles mais
plutôt comme un partenaire potentiel dans sa conservation. Dans ce
sens, les groupes locaux sont non seulement reconnus en tant que
détenteurs de certains droits et responsabilités, mais ont
également pleins pouvoirs et contrôle sur les ressources locales
qu'ils veulent placer sous protection. (Borrini, 2006.)
Cette approche remet en cause les préceptes de la
période conversationniste précédente en s'appuyant sur la
recherche de solutions socio-économiques pour résoudre les
problèmes écologiques (Well et Brandon, 1992).C'est en outre un
passage d'une approche protectionniste exclusive à une approche
participative et communautaire préconisée désormais par
les instances internationales chargées de suivre et appuyer les aires
protégées. (Giraut, F. et Guyot, S., 2003)
Le terme « Cogestion » est un terme
générique renfermant de nombreux synonymes. Il peut prendre le
sens de Gestion participative, gestion consensuelle, gestion commune, gestion
mixte, gestion concertée ou encore gestion multipartite etc. Elle est
une démarche consensuelle de gestion des ressources naturelles faisant
appel à divers partenaires assumant des rôles variés. Les
partenaires tendant généralement vers des objectifs communs de
protection de l'environnement, d'exploitation durable des ressources
naturelles, de partage équitable des bénéfices et
responsabilités liés à cette exploitation des ressources.
(Borrini-Feyerabend, 2000)
Pour Stephen (2008), la Cogestion est un accord de
collaboration en vertu duquel une collectivité utilisatrice des
ressources locales, les instances gouvernementales supérieures et
locales et d'autres intervenants partagent la responsabilité de la
gestion de ressources naturelles particulières.
L'expression « gestion conjointe » est
une autre possibilité qui implique que les différents acteurs
sociaux parviennent à un accord spécifique sur le partage des
droits et des responsabilités en ce qui concerne la gestion d'un
ensemble donné des ressources. (Borrini-Feyerabend op cit)
2.2 Quelques initiatives de
Cogestion des Ressources Naturelles :
Certes, le processus de cogestion est encore en phase
expérimentale en Afrique. Les exemples le plus frappant se trouvent
jusque là dans six pays Africains où se déroulent les
activités de ECOFAC. Il s'agit notamment de la Centrafrique, du Congo,
du Gabon, de la Guinée Equatoriale, de Sao Tomé et Principe.
2.2.1 Expérience de la
Cogestion de la Reserve de Conkouati au Congo-Brazzaville (Nguinguiri,
1997)
A l'issue des négociations menées entre les
administrations et les communautés locales en vue d'une gestion
participative des ressources de la Reserve de Conkouati, les arrangements
institutionnels ci-après ont été obtenus :
· Un plan de zonage ou accord sur le zonage de la Reserve
a été conclu de manière participative entre les
Administrations impliquées dans la gestion des ressources naturelles et
les communautés locales ;
· Une charte de Cogestion a été
signée par les représentants de différentes parties
prenantes ;
· Un Comité de Gestion des Ressources Naturelles
de Conkouati, en sigle COGEREN a été mis en place.
· Un plan d'aménagement de l'aire
protégée a été élaboré d'une
manière participative sur une base d'un plan de zonage
négocié ;
· Un Décret de classement portant création
du Parc National de Conkuati-Douli et reconnaissant implicitement le zonage a
été pris et signé par les Autorités nationales.
2.2.2 Expérience dans
le programme CAMPFIRE au Zimbabwe
Toute politique de l'environnement, et en particulier celle
concernant la faune, intervient dans une dynamique conflictuelle impliquant
divers groupes ayant des intérêts dans une affaire et constitue
par conséquent une réponse au contexte politico-économique
dominant.
Au niveau national, le programme Campfire de gestion de la
faune s'applique à attribuer le contrôle et la gestion des
ressources faunistiques des terres communales au niveau de
responsabilité et donc de profit le plus local possible.
Campfire propose de résoudre les problèmes de
l'implication des communautés locales à cette gestion par des
incitations matérielles et d'améliorer la gestion par l'ouverture
de créneaux permettant la participation populaire à celle-ci.
Campfire prend aussi en considération le rôle crucial d'autres
intérêts et prévoit aussi des créneaux pour
représenter les intérêts de l'Etat, du secteur privé
et des ONG (Thomas, S.J., 1991)
Le programme Campfire s'est assignés comme objectifs
de :
v Obtenir la participation volontaire des communautés
à des programmes souples apportant des solutions à long terme au
problème des ressources ;
v Introduire u système de propriété
commune avec des doits précis d'accès aux ressources naturelles
pour les communautés habitant les zones définies ;
v Organiser les institutions appropriées par lesquelles
les communautés résidantes pourront gérer et exploiter
légitimement les ressources pour leur propre bénéfice
direct ;
v Fournir l'assistance technique et financière aux
communautés qui adhèrent au programme pour les aider à
atteindre ces objectifs (Martin, R.B., 1990)
Certaines études sur le programme Campfire
« Communal Areas Management Programme for Indigenous
Resources » attribuent son succès à sa capacité
à réunir différents groupes et à réaliser
des arrangements multipartites pour la gestion de la faune, impliquant les
communautés locales. (Murphree, M.W., 1986)
Dans de petites communautés unies, bien
identifiées et relativement homogènes, Campfire a
été un succès phénoménal. Les
communautés de Masoka et Makenye sont des exemples qui s'expliquent par
l'identité du groupe, la définition claire de ses membres, une
base foncière étendue et la petite taille du village qui ont
facilement la prise de décision et donc la cohésion (Murphree,
M.W., 1991)
D'une manière générale, le programme
CAMPFIRE au Zimbabwe est un des pionniers de cette approche de cogestion (Gami,
2000).
2.2.3 Expérience
de Cogestion au Cameroun
L'expérience vécue au Cameroun nous montre que
l'élaboration d'une nouvelle politique forestière depuis 1992
dans laquelle la participation des communautés locales occupe une place
plus importante et la promulgation de la loi n°94/01 du 20 janvier 1994
ainsi que ses Décrets d'application intégrant les
communautés riveraines dans les projets de conservation et surtout suite
à l'appui des ONG internationales et nationales, la cogestion
aujourd'hui est une réalité autour de la plupart d'Aires
Protégées du Cameroun ( Tarla, 2011).
C'est ainsi que, l'initiative de la gestion conjointe ou
multipartite de deux zones d'intérêt cynégétique
(ZIC 1 et 4) entreprise par le Programme de Conservation et de gestion de la
Biodiversité au Cameroun (PCGBC) mérite d'attirer notre attention
dans le présent travail.
Dans la mise en oeuvre de ce vaste programme, les deux zones
d'intérêt cynégétique ZIC 1 et 4 ont
été soumises par consensus à un système de
cogestion ayant comme parties prenantes ; d'une part les
communautés locales se trouvant aux alentours du Parc National de la
Bénoué, et de l'autre part ; l'Administration des eaux et
forêts. L'objectif global assigné par le programme
susmentionné est de garantir la pérennité de
l'intégrité écologique des zones avec un degré
élevé pour la biodiversité planétaire.
Quant aux objectifs spécifiques, ceux-ci sont
d'appuyer les efforts du Cameroun en vue de préserver et de gérer
ses ressources biologiques de façon durable ; de promouvoir la
participation des populations rurales à la préservation de la
biodiversité et enfin, d'encourager l'utilisation rationnelle des
ressources naturelles et promotion d'un développement
écologiquement viable dans les périphéries des aires
protégées.
Les analyses faites par Endamana et al. (2005) montrent que ce
processus de Cogestion de ces deux zones d'intérêt
cynégétique est passé par 3 phases ; dont la
préparation du partenariat, la négociation des accords, des
organisations de gestion, et en fin, la mise en oeuvre
Le mode de partage des bénéfices dans ces ZIC
sont fonction du système de gestion. Ainsi, les riverains des zones
amodiées perçoivent chaque année 50% de la taxe
d'affermage payée par les guides ; dont 10% sont versés
directement aux communautés organisées et 40% octroyés aux
communes décentralisées afin de financer les oeuvres sociales.
Par ailleurs, 50% des revenus issus de la location journalière par les
chasseurs libres, sont directement perçus par les communautés
organisées à la base.
Partant de l'état des lieux faits par le
programme « PCGBC » au courant des années 2000
et 2004 ; il ressort que la taxe de location journalière des ZIC
1et 4, sont passées de 1,4millions à 5 millions de francs. Cet
accroissement considérable des revenues, fruits d'une gestion bipartite
a permis de financer la construction des écoles dans le ZIC 4 tandis que
la case se santé de Sakdje se trouvant dans la ZIC 1, a
été réfectionné grâce à ces fonds.
Eu égard à ce qui précède, les
activités réalisées au niveau de deux zones
d'intérêt cynégétique ont permis au programme
d'atteindre l'objectif global qui était de garantir la
pérennité de l'intégrité écologique des
zones avec un degré élevé pour la biodiversité
planétaire, et a consolidé la confiance entre toutes les parties
impliquées dans le processus.
2.2.4 Essai de la Cogestion du
Parc National des oiseaux du Djoudj au Sénégal
Dans cette Aire Protégée, un scénario a
été vécu où un modèle de gestion des
ressources naturelles et de l'AP était typique de la zone
sahélienne qui est encore lié à l'héritage
coloniale francophone soit dans la rigide structure administrative que dans
l'approche relationnelle avec les communautés locales qui se trouvent
dans la périphérie.
Eu égard à la situation susmentionnée, il
s'est développé des conflits d'intérêt et de
propriété qui ont causé des rivalités historiques
entre les services de conservation des ressources et les utilisateurs des
ressources à savoir la population riveraine.
La préoccupation majeure de la population s'est
focalisée sur la question en rapport avec l'administration des
ressources naturelles autour comme à l'intérieur du Parc,
à la régularisation des pratiques traditionnelles d'exploitation,
à la sensibilité vers les nouvelles politiques de
médiation.
Par ailleurs, la reconnaissance des savoirs et valeurs locaux
était sous-estimées par le gestionnaire du Parc ;
d'où l'absence du rôle joué par ce partenaire potentiel de
la cogestion des ressources naturelles qu'est la population locale.
C'est pourquoi, une étude approfondie du Co-management,
c'est-à-dire l'implication des communautés riveraines dans le
processus de gestion du Parc National des Oiseaux du Dioudi au
Sénégal a été amorcée.
Le fait qu'en Afrique Occidentale ; la gestion de la
plupart des Aires Protégée est confiée à des corps
paramilitaires au contrôle central et étatisé ; ceux
-ci empêchent aux populations locales, habitants historiques de ces
zones ; de résider et d'exploiter les ressources naturelles que
contient le Parc. Cet état de chose a engendré un comportement
d'éloignement des communautés vis-à-vis des gestionnaires
des APs. Ces mesures malgré la rigidité normative, peuvent
être aussi lues comme une sorte de reterritorialisations. (Germano Ch.,
2010)
Ces derinières décennies, les politiques pour
l'environnement ;principalement « Protection-Conservatives » ont
eu le pouvoir de renverser l'ordre naturel des espaces sur lesquels l'homme
avait instauré pratiques d'usage et accès
centenaires,consacrés aux activités économiques
traditionnelles comme à celles sacro-religieuses, en rompant, dans ce
sens, les équilibres historiques d'une identité territoriale et
culturelles liée à l'expolitation des
territoires »ancestaux » à l'heure devenus
inaccessibles à cause des nouveaux réglements.
Suite à la création des Comités
Intervillageois Communautaires (CIVC) et d'un Comité Villageois pour les
Développement (CVD) opérationneles dans 17 villages
périphériques ; ainsi que leur intégration dans la
gestion de ce Parc , le conflict entre ces deux parties ont été
attenués tout en contribuant au developpement socio-économique de
ces populations riveraines.
Cette façon de faire a eu un impact positif sur la
gestion des ressources naturelles qui jadis était gérées
d'une manière anarchique suite au mécontentement de la population
locale.
Par ailleurs le respect des dispositions du plan
aménagement par le gestionnaire du Parc a inspiré confiance
à cette population qui s'est maintenant sentie impliqué dans la
gestion de ce Parc.
En somme, l'appropriation de la Conservation peut,donc
signifier pour les villages : l'acceptation de l'AP avec ses
restrictions,la compréhension qui peut apporter avantages et pas
seulement sacrifices ou responsabilités, entre l'officiemme dans le
« Système aire protégée » et la
construction d'une seule stratégie partagée.
2.2.5 Aperçu sur la
mise en oeuvre du processus de Cogestion en Tanzanie
En Tanzanie,on a accordé aux groupes d'utilisateurs
locaux du district de Babati pleins pouvoirs de décision sur la
conservation et l'utilisation des ressources dans les forêts
communautaires proches de leur village.
Le Service forestier et l'agence suédoise d'aide au
développement ont en fait travaillé avec les groupes
d'utilisateurs pour mettre au point des outils de gestion, et pour
arrêter des critères correspondants, mais les décisions
sont entièrement du ressort de ces groupes. La gestion des `forêts
communautaires' locales est prévue et en parfait accord avec la
législation du pays. Des discussions sont en actuellement en cours pour
élargir leur responsabilité de gestion aux ressources proches qui
appartiennent à l'Etat( Johansson et Westemen,1992).
Des expériences pilotes se tiennent en fait dans le sud
du District (Duru-Haitemba) où plusieurs forêts villageoises
contrôlées par les communautés locales ont
été déclarées Reserves de forêts
villageoises,avec la publication relative dans le journal officiel.
La planification, la gestion, la surveillance et le respect
des règlement ( établis en tant qu'arrêtés
municipaux) resteront entre les mains des populations locales.
Dans ce sens,les groupes locaux sont non seulement reconnus en
tant que detenteurs de certaines droits et responsabilités, mais ont
également pleins pouvoirs et contrôle sur les ressources locales
qu'ils veulent eux-mêmes sous protection(Wily et Haule,1995)
2.2.6 Aperçu sur la
mise en oeuvre du processus de Cogestion en Ouganda
En Ouganda, un accord pilote a été signé
entre l'organisme responsable des parcs du pays (Uganda National Parks ) et
quelques communes situées à la limite de la forêt
impénétrable de Bwindi ; un des parcs nationaux les plus
connus et précieux du pays,où vit le gorille de montagne, une
espèce rare de singe. Cet accord prévoit l'exploitation,par un
nombre réduit d'utilisateurs locaux autorisés,d'une
quantité limitée de ressources déterminées du parc
telles que les lianes,le miel,les plantes médécinales.
En échange,les habitants des communes
concernées acceptent de respecter les reglementations et les
restrictions et de fournii une assistance pour la conservation de l'habitat
dans son ensemble (Borrini,1997). De même les accords ont
été signés dans le Parc national du mont Elgon par
l'organisme responsable des Parcs nationaux et les communes locales.Les accords
assignent une partie de la responsabilité de surveillance à des
groupes locaux qui sont autorisés,en échange,à collecter
les ressources naturelles pouvant être extraites selon des
critères de durabilité (ex.,les pousses de Bamboo) (Scott,1996).
Les accords ont pu être établis grâce à des longues
séries de réunions au cours desquelles les détails ont
été discutés à fond.( Borrini,1997)
La solution au conflit
« concertée » entre le pouvoir de la
légalité et celui de la légitimité sanctionne ,
ainsi, le passage « d'un modèle de conservation acritique
à un de conservation dynamique (Repasseuse ,2007),où le but
crucial devient incorporer le plus possible la légitimité dans le
pouvoir institutionnel, donc « regulariser la
légitimité » ( Germana,2010)
Par ailleurs, Fisher(1995) souligne qu'on reconnaît de
plus en plus depuis quelque temps, qu'il serait impossible de conserver les
ressources naturelles sans tenir compte des exigences du développement
économique, notamment lorsque les populations locales vivent en
étroite relation avec l'environnement naturel et qu'elles en
dépendant pour leur survie et leur bien-être.
Les approches collectives de la gestion des ressources
naturelles supposent que l'on admette la nécessité
d'intégrer conservation et développement, et la
légitimité des droits des populations locales de s'assurer un
avenir économique, et l'importance d'une implication active des
populations locales dans la protection et la gestion environnementale.
Cet auteur souligne que les aires protégées
présentent un intérêt considérable pour la
conservation mais elles ne couvrent qu'une faible proportion de la superficie
terrestre et il est évident que des mesures de conservation doivent
être prises tant en dehors qu'au sein des aires protégées
pour assurer la protection d'une grande partie de la diversité
biologique du monde.
Il renchérit par ailleurs en montrant que la cogestion
des forêts a déjà contribué de manière
significative aux efforts de conservation dans de nombreux pays, dont le
Népal, les Philippines et l'Inde par exemple où on estimait
qu'en 1992 près de 500.000 ha de zones dégradées
étaient placées sous une quelconque forme de protection
communautaire.
Cependant, deux constats s'imposent.
Premièrement, « depuis son introduction, cette approche
est caractérisée par un décalage entre la théorie
et la concrétisation de cette nouvelle idée en une pratique
conversationniste cette approche générant toute série de
contradictions et problèmes » (Blaikie et Jeanrenaud, 1997)
Ainsi, contrairement aux travaux précédents
respectivement focalisés sur la Cogestion de zones
d'intérêt cynégétique, sur la Cogestion des
forêts pour la conservation et le développement ; et enfin
sur les tentatives de cogestion du Parc National des oiseaux du Djoudjou au
Sénégal ; notre travail consistera quant lui à
apporter une humble contribution sur l'instauration du processus de cogestion
du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene.
Etant donné qu'il n'est toujours pas aisé de
faire la projection des résultats trouvés ailleurs afin
d'éviter le biais, et considérant que les contextes et
contingences des milieux se diffèrent selon les
sociétés ; l'utilisation des outils du diagnostic
participatif s'avère nécessaire pour découvrir les
problèmes qui guettent cette aire protégée se trouvant en
République Démocratique du Congo.
CHAPITRE 3 : MATERIELS
ET METHODES
3.1 Présentation de la
zone d'étude
3.1.1 Localisation
Le Domaine de chasse et Reserve de Bombo-Lumene a
été créé par les arrêtés n°007du
10 février 1968 et celui n°0621 du 16 avril 1976 portant
respectivement création en premier lieu du Domaine de chasse et en
second lieu de la Reserve de Bombo-Lumene ayant comme objectif de gestion de
promouvoir la conservation et l'utilisation durable des ressources
naturelles.
Il constitue une Aire Protégée complexe
située à 120km de la ville Province de Kinshasa, dans la commune
périurbaine de Maluku. Il occupe actuellement une superficie de 330.000
ha repartie en deux zones : une pour le domaine de chasse de 245.861 ha et
l'autre zone de Reserve intégrale de 84.139 ha (BONGWELE et LOLA,
2007).
Il est compris entre 4° 20' et 5° 8' latitude sud
,15° 50' et 16° 20' longitude est avec une altitude située
entre 650 et 700 mètres. (MUSUMBU, 2004)
Il est limité :
Ø Au nord par la route Nationale n°2 reliant
la Ville Province de Kinshasa à la Province de Bandundu (Ville de
Kikwit),
Ø Au sud par le Territoire de Kasangulu, Province de
Bas-Congo,
Ø A l'Est par la rivière Lufimi,
Ø A l'Ouest par la rivière Bombo, à
partir de la route nationale n°2 jusqu'à son confluent avec la
rivière Muti-mutiene.
Figure n°1 : Réseau des aires
protégées en République Démocratque du
Congo
Cela étant, il constitue une Aire
Protégée complexe où sont prohibées toutes
activités anthropiques dans la Reserve intégrale, tandis que les
activités à petite échelle telles la chasse, la
pêche, la cueillette et l'agriculture non mécanisée sont
autorisées dans le Domaine tout en veillant au respect strict des
prescriptions de la loi afin de prévenir tout dérapage et par
ricochet, permettre la pérennisation des espèces fauniques et
floristiques dans cet écosystème.
3.1.2 Climat
Le Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene est
caractérisé par un climat tropical humide
(soudano-guinéen) du type AW4 de Köppen,
caractérisé par l'alternance de deux saisons dont la saison de
pluies qui dure 8 mois et 4 mois de saison sèche intervenant le plus
souvent entre la seconde moitié du mois de mai et mi-septembre. On y
trouve par ailleurs une petite saison sèche qui intervient
généralement en février. (Ndembo, 2000)
A : Période de l'année pendant laquelle le
climat est chaud ;
W : Période de l'année pendant laquelle le
climat est sec ;
3 : Nombre des mois de l'année pendant lesquels le
climat est sec.
Les températures moyennes annuelles varient de 25°
à 26° c entre mars - avril et 19 à 22°c entre
juillet-août. Les écarts thermiques entre les jours et les nuits
sont faibles mais continuels. L'humidité relative est de l'ordre de
95% en fin des nuits en saison pluvieuse est de 60% aux heures chaudes
pendant la journée en saison sèche. (Ndembo, op
cit)
Figure n°2 : Carte du
Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene.
Source : NKEY, 2005
3.1.3 Relief et
hydrographie
Le Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene est
situé sur une portion des plateaux de Batéké qui va du
massif de Chailu au Gabon, jusqu'au niveau de l'extrême Nord de
l'Angola. Ce plateau est faiblement ondulé et on y rencontre aussi des
dépressions sous forme de cuvette avec des bords dont la pente varie
entre 1 à 5 % (Ndembo, Idem) Le DCRBL est drainé par trois
grandes rivières à savoir : la rivière Lufimi
à l'Est, la rivière Bombo et la Lumene qui constitue la limite
naturelle de cette Aire Protégée. Par ailleurs, des étangs
et mares naturelles se trouvent à l'intérieur même du
Domaine et Reserve où les espèces de l'avifaune et certains
grands mammifères viennent s'abreuver.
3.1.4 Sol
Ils sont sableux sur les plateaux et sablo-limoneux ou
très humifères dans les dépressions marécageuses et
au bord des rivières Bombo, Lumene et Lufimi. Ils sont acides avec un
PH (Potentiel en hydrogène) variable de 5,2 à 6,3
(PNUD, 2000) Ces sols sablonneux, acides, chimiquement pauvres et
possèdent une très faible capacité de rétention
hydrique (KOY KASANGO, 2005), la kaolinite est le matériau le plus
important de la fraction argileuse.
3.1.5
Végétation
Le Domaine de chasse de Bombo-Lumene est
caractérisé une végétation à trois strates
dont la savane herbeuse, la savane arbustive ainsi que la galerie
forestière se trouvant tout au long des cours d'eau. Du fait des sols
sablonneux, la végétation des plateaux est surtout
caractérisée par une savane arbustive à Hymenocardia
acida, Crossopteryx febrifuga, Annona senegalensis et Vitex madiensis
alternant avec une savane herbeuse à Loudetia demeusii, Ctenium
newtonii et Laudelphia lanceolata (VERMEULEN et LANATA, 2006). Sous le
climat tropical humide ainsi que les conditions d'humidité des sols, ce
sont les formations herbeuses et arbustives avec des essences arborescentes qui
se développent.
En général, le couvert végétal est
du genre formation herbeuse arbustive guinéo-congolaise parsemée
de lambeaux forestiers peu étendus. La structure verticale de la savane
herbeuse présente deux strates d'importance inégale : la
strate herbacée et la savane arbustive (Lubini, 1988).
Photo n°1 : Structure de la
végétation de Domaine de chasse et Reserve de
Bombo-Lumene.
3.1.6 Faune
Bien que le domaine de chasse et la réserve de
Bombo-Lumene subisse aujourd'hui les conséquences d'une pression sans
pareil sur les espèces fauniques et floristiques , l'histoire de
cette aire protégée parle de la présence au sein de cet
écosystème complexe d'une diversité importance des
espèces fauniques entre autres l'Eléphant, le Sitatunga,
le Guib harnaché, Buffle, le Cobe Défassa, le Céphalophe
de Grimm et l'Hippopotame.
Cependant seul les Sitatunga, Guib harnaché, Buffle et
Hippopotame sont encore présents dans cette AP.
3.1.7 Les atouts touristiques
du Domaine et Reserve de Chasse de Bombo-Lumene
Le tourisme procure des avantages économiques
importants au pays et aux communautés riveraines lorsque cette
activité est convenablement planifiée (SOURNIA, 1988) C'est un
secteur dynamique qui offre une multitude d'emplois aux différentes
parties impliquées dans cette activité récréative
et permet par ricochet à l'aire protégée de constituer sa
source d'autofinancement.
Le Domaine de chasse et Reserve de Bombo-Lumene renferme un
paysage qui ne cesse d'attirer la curiosité des touristes venant de
plusieurs horizons voire ceux habitant la ville province de Kinshasa.
Parmi ses potentialités en attraits touristiques
notons ; ses paysages vallonnés et étonnement moutonneux
reflétant une beauté pittoresque des plateaux de
Batékés. Caractérisé par les complexes savanes
rases, herbeuses, arbustives et galerie forestière ; ces paysages
présentent des vastes panoramas propices aux activités
d'agrément et de loisir.
Photo n°2 : Pont rustique en liane de
Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene.
En somme, les principales attractions du Domaine de chasse et
Reserve de Bombo-Lumene sont :
Ø Le pont rustique fabriqué à base de
liane. La visite de ce pont et sa traversée sont payantes et
génère des recettes au Site ;
Ø La natation dans la rivière Lumene
entourée des très beaux paysages et autour desquels sont
construits des très belles paillottes propices pour le repos
après la natation;
Ø La randonnée pédestre sur les pistes de
la galerie forestière ;
Ø L'observation des espèces fauniques autours de
salines, à l'occurrence celle de MANKOTO très
fréquentée ;
Au cours de l'année 2002, 322 visiteurs de
nationalités différentes ont séjourné au domaine et
Reserve de Chasse de Bombo-Lumene (Rapport annuel Bombo-Lumene, 2002)
Figure n°3 : Fréquence des visites
des touristes par nationalités au Domaine de Chasse et Reserve de
Bombo-Lumene en 2002
Source : Rapport annuel Station Bombo-Lumene
2002
Les attraîts touristiques que regorge cette aire
protégée ne cessent d'attirer l'attention des touristes tant au
niveau national qu'international.
Ainsi, il ressort de ce graphique qu'au cours de
l'année 2002,le Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene avait
reçu 322 touristes de nationalités différentes parmi
lesquels 105 français,95 belges,35 allemands,21 américains,18
indiens,16 suisses, 15 italiens , 11 congolais et 6 anglais.
Les recettes regénées par ces visites
contribuent tant soit peu à l'autofinancement des activités du
site.
3.1.8 Cadre juridique sur la
faune et flore en RDC
Aucune structure ne peut fonctionner sans
réglementation. Cela étant, l'Institut Congolais pour la
Conservation de la Nature, un établissement public ayant la gestion des
aires protégées (in situ comme ex situ) dans ses attributions,
est régie par :
a) L'Ordonnance-loi n°69/041 du 22 août 1969
relative à la conservation de la nature ;
b) La loi n°82-002 du 28 mai 1982 portant
règlementation de la chasse en République Démocratique du
Congo ;
c) Le Décret n°10/15 du 10 avril 2010 fixant les
statuts de l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature
(ICCN) ;
d) Hormis les textes précités ; le
récent Décret n°10/15 du 10 avril 2010 fixant les statuts de
l'ICCN vient d'étendre le champs d'action de cette institution en lui
reconnaissant dans ses attributions, la conservation in situ (Parcs nationaux,
Réserves,...) et ex situ qui concerne essentiellement la gestion des
Jardins Zoologiques et Botaniques du pays.
Sur le plan du droit international, l'ICCN se doit de
respecter de bonne foi certaines Conventions et Accords internationaux sur la
biodiversité signés et ratifiés par la RDC. Il s'agit
notamment de :
Ø La Convention de Rio de Janeiro(Brésil) du
04/06/1992 signé par la RDC le 08/12/1994 et ratifié le
15/09/1994 ;
Ø Convention de Washington sur le commerce
international des Espèces de Faune et Flore sauvages menacées
d'extinction (CITES)adoptée à Washington(USA)le
03/03/1973,signé par la RDC le 20/07/1976 et ratifié le
18/10/1976 ;
Ø La Convention de Bonn sur la Conservation des
espèces migratrices appartenant à la faune sauvage adoptée
à Bonn en Allemagne ; signée et ratifiée par la RDC
le 01/09/1900 ;
Ø La Convention d'Alger(1968) portant sur la
conservation de la nature et ressources naturelles, signée et
ratifiée par la RDC respectivement le 15/10/1969 et le
13/11/1972 ;
Ø L'accord international sur les Bois Tropicaux (AIBT)
nommé Organisation Internationale des Bois Tropicaux (OIBT)
adopté à Genève le 18/11/1992 ; signé et
ratifié par la RDC le 20/11/1992
3.1.9 Population riveraine
au Domaine de chasse et Reserve de Bombo-Lumene
Le Domaine de chasse et Reserve de Bombo-Lumene se trouvant
dans les plateaux des Batéké, sa population riveraine est
composée essentiellement des Téké que certains auteurs
appellent « Batékés ». Ces derniers forment
une communauté nombreuse dont le chiffre exact n'est pas connu car
présents simultanément dans trois pays de l'Afrique centrale
à savoir le Gabon, le Congo Brazzaville et la République
Démocratique du Congo.
v Organisation
sociale Téké
La société téké repose sur des
liens naturels de parenté dans le cadre de la grande famille (nkwono,
sille, ndjo) et sur la contraction d'alliance entre diverses familles par le
moyen du mariage (bala). Ces différents liens président au
regroupement des hommes entre eux au sein des villages et des cases. Leurs
descendances et leurs pouvoirs d'acquisition déterminent une
hiérarchie sociale. L'univers téké n'est pas au stade de
la société mais plutôt de celui de la communauté.
Ils ont un système de parenté matrilinéaire où
c'est l'homme qui suit la femme.
v Conception du
pouvoir chez les Téké :
On insistera sur l'aspect que la notion du pouvoir
traditionnel revêt une grande importance la gestion d'une entité
administrative. Sur la nature, c'est l'appropriation du sol du clan ou de la
terre et la faculté de protéger cette terre contre toute
catastrophe ainsi que les calamités naturelles telles que le manque des
pluies, les pêches et chasses infructueuses, une mauvaise
récolte, voire même le problème de décès
successifs qui préoccupe le détenant du pouvoir traditionnel.
Par ailleurs, on constate dans les pratiques
Tékés, un lien réel entre les mondes du visible et de
l'invisible ; c'est-à-dire que le pouvoir mystique apparaît
ici comme une conciliation renouvelée avec les ancêtres de la dite
terre. Les rituels mystico-religieux, et particulièrement les
cérémonies de danse d'initiation, interviennent dans tous les
aspects de la vie de la communauté. La désignation des
différents responsables du clan est l'apanage du Chef du clan,
considéré comme Chef de terre. Toute décision issue du
Chef du Clan est en général irrévocable et ne souffre
d'aucune protestation et les structures traditionnelles chercher à
s'imposer sur les structures administratives actuelles. D'où
l'assujettissement de ce peuple à leurs Chefs traditionnels.
3.2 Méthodologie
3.2.1 Collecte des
données
a. Phase préliminaire
Afin de pouvoir recueillir certaines informations, nous avons
jugé opportun de procéder à la consultation documentaire
qui a permis de passer en revue certains ouvrages, mémoires et rapports
de stage.
Ainsi, les informations recueillies dans les textes
légaux régissant le domaine de la conservation de la nature en
République Démocratique du Congo telles que
l'Ordonnance-loi n°69/041/ du 22 aout 1969
relative à la Conservation de la Nature et la loi n°82-002 du 28
mai 1982 portant règlementation de la chasse en République
Démocratique du Congo, le Code forestier congolais ont
été d'une importance capitale pour l'enrichissement nos
connaissances.
b. Phase secondaire
Pendant cette phase, il a été question de nous
rapprocher de la population riveraine afin de recueillir leurs opinions, points
de vue et recommandations sur la situation qui prévaut entre eux et les
gestionnaires du Domaine de Chasse de Bombo-Lumene en ce qui concerne la
gestion des ressources naturelles. Pour ce faire, nous avons sillonné
les différents villages à pied avec des questionnaires
d'enquêtes, stylos à bille et carnets de notes pour pouvoir
prendre toutes les informations possibles. Nous avons également
utilisé la carte du DCRBL pour repérer les zones
enquêtées. Et le GPS Map 60 nous a permis de révéler
les coordonnées géographiques de notre zone d'étude.
Etant donné que notre période d'études a
coïncidé avec l'ouverture d'un procès entre le Gestionnaire
du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo- Lumene et la population riveraine au
niveau des instances judiciaires de la Commune de Maluku, il a fallu être
astucieux pour accéder aux informations.
Contrairement aux autres outils tels que l'entretien et le
questionnaire d'enquête où nous avons été saisi de
la situation par le canal des enquêtés, l'observation directe
quant à elle nous a permis d'être présent physiquement au
sein de la population locale du groupement de Mbakana afin de tâter le
terrain et voir ce qui s'y passe réellement.
Nous avons ainsi visité certaines fermes dans les
villages de Buantaba, Dumi et Cité de Mbakana où nous nous sommes
entretenus avec les fermiers en utilisant la méthode d'interview
semi-structurée utilisant des questions ouvertes afin de donner aux
fermiers la possibilité de s'exprimer. Et grâce à ces
interviews, nous avons découvert les problèmes latents qui
existent dans la gestion des ressources naturelles de la BCDBL.
Cependant, le questionnaire étant une technique
d'interrogation individuelle, standardisée, composée d'une suite
de questions présentées dans un ordre prédéfini
(Jean-Baptiste, 2009), nous a permis d'avoir des réponses à des
préoccupations à partir des déclarations faites par la
population enquêtée.
Ainsi, grâce aux techniques susmentionnées, la
taille de notre échantillon s'est axée sur 285 ménages au
total qui nous ont fourni les informations, soit 25,6 % de la taille de la
population totale retrouvée dans notre zone d'étude qu'est le
groupement de Mbakana composé par les villages de Dumi, Buantaba et la
Cité de Mbakana.
Pour ce faire, nous avons pris d'une manière
aléatoire, une personne par ménage.
Village
|
Effectif de la population
|
Effectif des ménages
|
Station Bombo-Lumene
|
70
|
16
|
Cité de Mbakana
|
4065
|
873
|
Dumi
|
875
|
175
|
Buantaba
|
255
|
51
|
Total
|
5265
|
1115
|
Tableau n°1 : Répartition de la
population selon les villages dans le groupement de Mbakana
Source : CADIM, 2000
Pour mener à bien nos enquêtes, nous nous sommes
intéressés aux ménages retrouvés dans les trois
villages se trouvant dans le groupement de Mbakana dont le village de Dumi,
Buantaba et la cité de Mbakana.
Ainsi, de ces 16 ménages trouvés à la
station Bombo-Lumene, 12 ménages ont été
interrogées ; soit un total de 75 % de la taille total des
ménages de la Station. Quant aux villages Dumi et Buantaba ; des
226 ménages identifiés, 81 ménages choisis d'une
manière aléatoire ont été interrogés ;
ce qui représente une proportion de 35,84 % de la population total. En
fin, dans la cité de Mbakana, sur les 873 ménages
identifiés, 192 ménages soit 22 % de l'effectif total des
ménages interrogés.
c. Analyse des données
Pour analyser les différentes informations recueillies
sur le terrain lors de nos enquêtes, nous avons recouru aux notions des
statistiques descriptives. Pour ce faire, nous avons eu à utiliser le
programme Excel 2007 ce qui nous permis de reproduire les données sur
une feuille de calcul afin de pouvoir les traiter, les analyser et en
dégager des résultats sous forme de graphiques.
CHAPITRE 4 : RESULTATS
ET DISCUSSIONS
4.1 Vérification des
limites du Domaine de chasse et Reserve de Bombo-Lumene
Lors de nos enquêtes, nous avons découvert que
plusieurs étendues de terre reconnues à la conservation sont
exploitées par les agriculteurs et les fabricants de charbon de bois
l'espace. La prolifération des fermes agro-pastorales autour comme
à l'intérieur du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene
constitue un problème dans le respect des limites de cette Ap. Pour ce
faire, même l'espace jadis réservé à la zone tampon
entre le DCRBL et l'espace reconnu à la population locale est
déjà transformé en fermes agro-pastorales
gérées par les particuliers.
Répondant à nos questions la population locale
nous a fourni des informations sur cette désaffectation des terres.
Figure n°4 : Opinions sur la violation des
limites naturelles du DCRBL
Il ressort de cette figure que , 68% de la population
enquêtée pense que c'est le Chef traditionnel Mbakana qui serait
l'auteur de la vente de cette zone tampon aux fermiers.
Cela étant , seule la route la nationale n°2 joue
le rôle de zone tampon ;exposant ainsi les espèces animales
sauvages du DCRBL en danger.
De part son objectif, cette zone joue le rôle crucial
de tamponner les pressions anthropiques multiformes qui s'exercent sur les
aires protégées et se présente également comme une
zone écologique complémentaire aux aires protégées.
Cependant, toute espèce faunique qui traverse actuellement la route la
nationale n°1 précitée est directement exposée au
risque de la prédation.
Certes, il nous reviendra ici de nous rappeler de la vision du
MAB ( Man and Biosphere ) qui stipule que pour qu'une aire
protégée remplisse toutes ses fonctions, elle devrait être
constituée de 3 zones concentriques à savoir : une zone
centrale ou noyau dans laquelle se passe une surveillance et une protection
intégrale, une zone tampon tutrice des activités de recherches,
de tourisme, voire même d'éducation environnementale, et enfin une
zone à usages multiples où se fait la promotion des
activités de développement pour la population locale.
Pour ce faire, la distinction nette entre ces zones doit
être définie afin de prévoir les situations des conflits et
d'assurer une gestion efficace de l'aire protégée.
Par la suite, 23% de la population enquêtée dit
que ce sont les autorités politico-administratives qui seraient auteurs
de la vente de cet espace tampon attribué à leurs frères,
amis et connaissances en vue d'y pratiquer les activités
agro-pastorales.
Par contre, 4% de la population enquêtée pense
que ces terrains seraient vendus par consensus avec la population locale. Et
enfin, 5% affirment que certaines personnes useraient du trafic d'influence
pour récupérer par force les terrains de l'Etat. Le cas le plus
vécu est celui des hauts fonctionnaires de la République qui
usent de leur statut social pour s'imposer.
Photo n°3 Ferme IBI-Village érigé
à l'endroit réservé à l'espace tampon
Par ailleurs, les informations recueillies lors de nos
enquêtes, font état d'une superficie de 5000ha retranchée
à la superficie initiale de la DCRBL et octroyée en 1995 au
Centre d'Appui au Développement Intégral de Mbakana (CADIM) afin
d'y développer les activités agro-pastorales susceptibles de
stimuler le développement socio-économique de la population du
plateau de Batéké.
Souvent, les droits d'utilisation et de gestion des ressources
sont contestés et que l'État, gestionnaire légal, se
retrouve parfois en opposition avec les intérêts de la population
locale. Les pauvres, provenant souvent de minorités ethniques et de
groupes autochtones, sont habituellement les perdants de ces affrontements
(Stephen R.T., 2006).
La cession de ces 5000ha à CADIM a suscité
davantage la convoitise de la part de la population. Actuellement, les fermiers
violent les limites leur octroyées et avancent jusqu'à exploiter
les étendues des terres se trouvant dans l'aire protégée
en utilisant des engins lourd tels que les tracteurs pour labourer leurs
champs.
Face de cette situation, les limites naturelles du DCRBL se
trouvent envahies par les fermiers.
4.2 L'accroissement
démographique et son impact sur la gestion des ressources naturelles de
la DCRBL
Certes, nous ne pouvons faire fi de la corrélation
entre la population urbaine de la ville de Kinshasa et celle périurbaine
de la commune de Maluku, qui est l'une des 24 communes de la ville de
Kinshasa.
Les ressources exploitées ainsi dans la commune de
Maluku, servent à ravitailler les grands marchés de la ville de
Kinshasa. Tous les produits de l'agriculture, de la carbonatation ainsi que
ceux du braconnage sont écoulés dans les marchés et
restaurants de Kinshasa.
Les estimations faites par Matwiki (2003) stipulent que la
population de Kinshasa en général a augmenté 2,5 fois par
exemple en dix ans, entre 1984 à 2003, soit de 2 664 000
à 6 668 200 personnes, soit un accroissement de 150%.
Il revient par ailleurs de noter qu'entre 1999 et 2004, seuls
les effectifs de la population de la commune périurbaine de Maluku sont
passés de 16437 à 18 136 soit une augmentation de 10,33%.
Cette augmentation des densités de populations sous
l'effet combiné du taux élevé de natalité et des
migrations engendrent une demande accrue en terres cultivables (UICN, 2004).
Figure n°5 Causes de l'accroissement de la
population dans le plateau de Batéké.
Il ressort des données recueillies lors de nos
enquêtes que, dans l'effectif de la population enregistré
aujourd'hui dans le plateau de Batéké, 52% serait lié au
taux des natalités constaté dans ce terroir. Par ailleurs, 35% de
la population serait constitué des personnes ayant immigrée le
plateau de Batéké à la recherche des terres cultivables
pour des besoins tant de subsistance que commerciaux, 11% serait venu pour
rejoindre leurs conjointes et s'y est installé définitivement, et
enfin, 2% de la population est constitué des personnes venues à
la recherche de l'emploi dans les fermes ouvrant sur place.
Les immigrants du plateau de Batéké sont pour
la plupart des ressortissants de la province de Bandundu, puis vient ceux du
Bas-Congo, Equateur, Province orientale ainsi que le grand Kivu.
L'augmentation de la densité des populations ainsi
constaté est ainsi corollaire de l'accroissement de besoins en
ressources naturelles.
Dans cette optique, la densité de la population
constitue un facteur clé de la menace pesant sur les
écosystèmes, entrainant ainsi une dégradation et une
surexploitation de ces ressources qu'ils regorgent.
Ainsi, le plateau de Batéké abritant le DCRBL
constitue une source d'approvisionnement en bois de chauffe, en charbons, en
viande de brousse et certaines denrées alimentaires telles que les
concepts de manioc, niébés, les arachides etc.
Par ailleurs, certains grands restaurateurs de la ville de
Kinshasa opèrent en complicité avec les braconniers afin de leur
faciliter l'accès à une certaine catégorie de la viande de
brousse sollicitée par leurs clients dans les restaurants de la ville de
Kinshasa.
Quant à la fourniture en charbon, toute cette
gigantesque population estimée aujourd'hui à 10 millions
d'habitants dans la ville de Kinshasa, dépend du plateau de
Batéké pour l'approvisionnement en charbon.
Conséquence, les populations vont jusqu'à
dévaster le DCRBL à la recherche des acacias pour la fabrication
des charbons de bois ; ce qui contribue à la perte
considérable de la biodiversité dans cette AP.
4.3 Perception du DCRBL par
la population locale et évaluation de leur niveau de connaissance en
matière de la législation sur la faune et flore.
4.3.1 Perception du DCRBL par
la population locale
Le Domaine de Chasse et Reserve de Bombo- Lumene avaient
été créés pendant une période où la
conservation policière était à la une. En lieu et place de
se rapprocher de la population afin de lui montrer le bien fondé de ce
complexe d'aire protégée, il usait plutôt de son monopole
de coercition pour s'imposer à la population à admettre la
présence d'aire protégée dans son entité
administrative. Cette pratique basée sur une politique d'exclusion, ne
rend pas la tache facile à la population quant à la
compréhension du rôle et du bien fondé du DCRBL dans le
plateau de Batéké.
Figure n°6: Perception de l'aire
protégée par la population locale.
Il ressort de nos enquêtes que sur 100% de la
population enquêtée dans les villages de Dumi, Buantaba et Mbakana
, 76% de cette population ne connaît pas le bien-fondé de cette
aire protégée dans leur juridiction .Ils pensent que c'est
une forme de stratégie développée par le gouvernement
congolais pour exploiter la population du Plateau de Batéké en
leur privant de ses ressources alors que ces dernières sont
utilisées par les expatriés. Selon eux, l'Etat congolais n'a
qu'à déclasser cette aire protégée car ne profitant
à personne et ne cesse d'étouffer la population locale dans
l'exploitation de ses ressources naturelles alors qu'ils ne survivent que
grâce aux travaux champêtres, à la chasse et à la
carbonisation.
Aussi, ils disent qu'il est inconcevable que la population
souffre alors qu'elle détient les ressources naturelles qui pouvaient
contribuer efficacement à sa survie.
Par contre, 15% de la population enquêtée pensent
que le Domaine de Chasse et Reserve de Bombo -Lumene n'a été
érigé que pour protéger les animaux destinés au
tourisme de vision. Selon eux, cette aire protégée avait
été érigée juste pour chercher à satisfaire
les expatriés venant dans le cadre de leur tourisme de vision.
Curieusement, ils ne profitent rien de toutes ces activités touristiques
alors que la population devait être considérée comme
partenaire en offrant certains services aux visiteurs.
Pour ce faire, la population n'a pas été prise
en compte car l'Etat ne songe qu'à ses recettes et le reste ne
l'intéresse pas. Ainsi la population a des difficultés pour
recueillir même le bois mort, les champignons car butée à
une répression de la part des Garde -Parcs ont-ils ajouté.
Et enfin, 9 % seulement de la population
enquêtée a déclaré que le Domaine de Chasse de
Bombo-Lumene est une étendue de terre mise à part par le
gouvernement congolais afin de protéger certaines espèces
fauniques et floristiques importantes. Cependant, ces derniers également
déplorent le fait que cette aire protégée soit
gérée d'une manière uni-partite où la population
locale ne trouve même pas son compte. Ils estiment que la privation de la
population locale de leur patrimoine traditionnel ; devrait être
compassé par l'entreprenariat des micros projets bancables afin de
pallier aux problèmes de la survie de la population locale ; chose
qui malheureusement n'est pas faite.
Ainsi, notons que tout programme de sensibilisation de gestion
participative devra commencer avec cette portion de 9 % de la population, qui
à la longue aura la facilité de chercher à convaincre les
autres afin d'aboutir à leur adhésion et intégration dans
le processus.
Contraint par la puissance publique qu'est l'Etat, la
population a développé des antipathies face cette aire
protégée car, c'est un patrimoine de leurs ancêtres
qui selon eux serait confisqué par les détenteurs du
pouvoir. C'est juste la question de la restauration des peuples autochtones
dans les différents cadres nationaux qui constitue un autre enjeu majeur
pour la gestion contemporaine des aires protégées africaines,
dans la mesure où elles sont les espaces privilégiés des
formes de restitution symbolique.
Cette méconnaissance du bien-fondé d'une aire
protégée amène le Chef traditionnel du groupement de
Mbakana à procéder à la spoliation des terres vendues aux
privées, au détriment de la paisible population de ce groupement.
Car, les populations habitant sur les territoires à protéger ont
donc été exclues du processus décisionnel, et souvent
expulsés du territoire (Nepal, 2002).
L'impact de cette exclusion des populations locales a souvent
été négatif autant pour celles-ci que pour les objectifs
de conservation des parcs et certaines aires protégées se sont
transformées en milieux de répression où l'administration
exerce sa souveraineté sans tenir compte des besoins des populations
(Fall, 2002).
4.3.2 Perception du DCRBL par
le personnel du DCRBL
Lors de nos enquêtes, nous nous sommes entretenu avec le
personnel tant technique, qu'administratif du Domaine de Chasse et Reserve de
Bombo-Lumene afin de pouvoir déceler leur appréhension d'une aire
protégée.
Figure n°7 : Perception de l'aire
protégée par le personnel du DCRBL
Il ressort de cette figure que 79% du personnel du DCRBL
concoivent une aire protégée comme étant une
étendue mise à part par l'Etat envue de la protection de la faune
et de la flore. A côté d'eux, viennent une autre tendance qui
representant 12% du personnel enquêté qui disent qu'une aire
protégée est juste la protection de la faune et de flore. En fin,
en troisième position vient la tendance representant 9% de la population
enquêtée qui selon eux, une aire protégée serait une
concession de l'état à protéger.
Ainsi, dans l'exercice de leurs fonctions, le personnel
technique du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene ont un grand
rôle à jouer dans la matérialisation du processus de
gestion participative de cette reserve. Car, étant en contact permanent
avec la population riveraine, ces derniers doivent disposer des connaissances
nécessaires sur l'aire protégée en vue d'être
à même d'en discuter avec cette population et de repondre
favorablement à ses préoccupations.
Il ne suffira pas seulement d'appliquer la repression au
près des délinquants appréhendés ou surpris en
flagrant de lit de braconnage dans la reserve, mais aussi la sensibilisation de
ces personnes sur le bien fondé d'une aire protégée ainsi
que sur sa législation serait nécessaire.
4.3.3 Evaluation du niveau de
connaissance de la population riveraine en matière de la
législation sur la faune et flore.
Figure n°8 : Connaissance de la population
du plateau de Batéké en matière de la
réglementation sur la conservation de la
biodiversité.
Bien qu'une certaine opinion souligne que nul n'est
censé ignorer la loi ; ça vaut tout de même la peine
de la vulgariser afin que son interprétation et son application ne
soient sujet d'aberration.
Partant de nos enquêtes, il ressort des
déclarations des populations locales que 56% disposent d'une
connaissance médiocre de la législation sur la conservation
de la biodiversité; par contre 27 % de la population
enquêtée ont montré qu'ils entendent parler des lois mais
condamnent la léthargie observée dans le chef des
autorités politico-administratives dans la vulgarisation de ces
dernières car cette population demeure la proie des
interprétations opportunistes, 11,50% de la population connait assez
bien la loi mais ces derniers se trouvent bloqués dans
l'interprétation des plusieurs dispositions, 3,40% de la population
enquêtée semble bien connaître la loi mais déplore
l'absence de l'appui gouvernemental pour participer dans les opération
des vulgarisation. Enfin, 2,10% de nos enquêtés déclarent
avoir une très bonne connaissance de la loi réglementant le
secteur de la conservation de la nature en RDC.
La loi est réputée émaner du peuple et le
juge lui est étroitement subordonné. Du point de vue technique,
la loi est également considérée comme rationnelle.
L'interprète doit restituer sa cohérence.
(Rabault, 2005).
En République Démocratique du Congo, lois sont
légiférées au niveau du parlement et sont
promulguées par le Chef de l'Etat congolais. Dès lors, elles
revêtent un caractère obligatoire et contraignant, par
conséquent, elles s'appliquent à tous.
Raison pour laquelle, même la population la moins
instruite est obligée d'en connaître son contenu.
4.3.3.1 Répartition de
la population selon le niveau d'études et la tranche d'âge.
Niveau d'étude
Intervalle d'âge
|
Aucun
|
Etudes primaires
|
Etudes secondaires
|
Etudes supérieures et
universitaires
|
18-30
|
8
|
28
|
69
|
0
|
31-43
|
3
|
12
|
61
|
0
|
44-56
|
0
|
5
|
18
|
3
|
57-69
|
6
|
20
|
21
|
2
|
70-80
|
13
|
7
|
18
|
2
|
?
|
32
|
72
|
187
|
05
|
Tableau n°2 Répartition de la population
selon les tranches d'âge et le niveau d'instruction.
Voulant connaître le niveau d'appréhension et
d'interprétation des textes réglementaires régissant la
conservation de la nature en République Démocratique du Congo,
nous avons porté notre attention sur le niveau de l'instruction de la
population dont dépend sa capacité d'appréhension,
d'analyse et de compréhension d'une situation.
Cela étant, il est ressorti de nos enquêtes que
sur 285 personnes enquêtées, 32 d'entre elles, (soit 11,2 % de la
population totale enquêtée) ne sont pas scolarisés ;
25,3 % a fait l'école primaire; 65,6 % a fait l'école secondaire
et 1,75% de la population enquêtée a fréquenté
jusqu'au niveau des études supérieures voire universitaires.
Les lois ainsi établies par les législateurs
congolais sont souvent victimes d'une mauvaise interprétation par les
personnes non averties. Le niveau d'instruction de la population locale influe
grandement sur sa manière d'interpréter les textes légaux.
Aussi, l'usage l'expression française dans la conception et la saisie
des textes légaux ne facilite pas la tâche à cette
population du plateau de Batéké dont la majorité s'exprime
en lingala. D'où la faiblesse dans la vulgarisation des lois.
Par ailleurs, la non adaptation des textes légaux aux
contextes actuels de la gestion participative, constitue aujourd'hui un goulot
d'étranglement dans la réussite de la mission de l'état au
près de ses administrés.
C'est pourquoi, en lieu et place que cette aire
protégée puisse bénéficier du concours de la
population locale pour sa protection, elle est par contre le
théâtre des actes des déforestations et de braconnage.
4.4 Collaboration entre le
gestionnaire du DCBL et la population locale du plateau de
Batéké.
A ce sujet, la population enquêtée a émis
plusieurs prises de position. Cependant, l'opinion prépondérante
déplore l'absence manifeste de la collaboration entre la Conservation
avec la population locale.
Figure n°9: Opinions recueillies sur le niveau
de collaboration entre la Conservation et la population locale.
Sur le 100% de la population enquêtée, 87 %
déclarent qu'il n'existe pas de collaboration entre la Conservation et
la population locale ; par contre les gardes parcs sont vus dans les
différents villages que lorsqu'ils sont en patrouille et souvent
lorsqu'ils viennent démolir leurs fours de charbon. 12% quant à
eux affirment que parfois le gestionnaire du DCRBL vient rendre visite de
courtoisie au Chef du village de Buantaba et Dumi ainsi que celui de la
cité de Mbakana pour discuter de certaines questions en rapport avec la
conservation de la biodiversité que regorge cette aire
protégée mais ceci se fait d'une manière timide et n'a pas
d'impact parce qu'il se limite au niveau de la chefferie et néglige la
base, oubliant que les peuples autochtones ont le droit de définir et
d'établir les priorités et des stratégies pour la mise en
valeur et l'utilisation de leur terre ou territoire et autres ressources
(ONU,2007). En fin, 1% de cette population a pas besoin de cette collaboration
et souhaite même que l'Etat congolais déclasse cette aire
protégée car, selon eux, celle-ci constitue un frein à
leur développement socio-économique.
Eu égard à ce qui précède, les
gestionnaires du DCRBL doit comprendre qu'actuellement rien ne peut se faire
sans l'implication de la population locale. Son exclusion dans la gestion des
ressources naturelles conduira toujours à un échec total.
La cogestion ne peut réussir sans un minimum de
communication, de collaboration et de confiance entre les utilisateurs locaux
et les gouvernements. (Stephen R., 2006).
Le gestionnaire du Domaine de Chasse et Reserve de
Bombo-Lumene se doit de rapprocher la population, de la considérer
comme partenaire potentiel dans la réussite de la conservation des
ressources naturelles. L'apport des populations locales à la prise de
décisions en matière de gestion des ressources a trait autant au
savoir qu'aux droits d'utilisation. À défaut de tenir compte de
ces forces, il faut souvent payer un lourd tribut écologique et social;
aussi est-il impératif de trouver des moyens de reconnaître, de
mettre en valeur et de renforcer les capacités locales de contribuer
à la prise de décisions relatives aux ressources naturelles.
(Stephen R., 2006).
La manière la plus efficace d'instaurer la cogestion
des ressources naturelles consiste à inciter les utilisateurs des
ressources et d'autres intervenants locaux à prendre part à
l'apprentissage et à l'innovation, et à consolider ainsi leurs
moyens de subsistance. Les connaissances, l'expérience et les traditions
locales de la GRN sont de précieux atouts si elles sont
mobilisées aux fins de la recherche et de l'action. Comprendre ces
atouts et les mettre à profit donne lieu à des innovations plus
fructueuses que lorsque les utilisateurs locaux sont traités comme des
spectateurs non informés à qui des « experts »
proposent des solutions techniques et à qui les gouvernements
présentent des plans de réglementation tout faits d'avance
(Stephen R, op cit).
La non implication de la population locale dans les
activités de la conservation des ressources naturelles de la BCRBL et
l'absence d'un dialogue permanent entre conservation et population locale
enfreindrait tant plus dans la gestion rationnelle de ces ressources qu'au
développement socio-économique de cette dernière.
4.5 Points de vue de la
population locale sur l'impact de la conservation sur le développement
socio-économique de Batéké.
Les différentes déclarations faites par nos
enquêtés font état d'une désolation de la population
locale.
Voulant chercher à connaître les apports du
Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene sur la vie socio-économique
de la population riveraine, les avis ont été partagés
à ce sujet.
Figure n°10 : Point de vue de la population
sur l'apport de la conservation dans la vie socio-économique de la
population locale.
96,4 % de cette population affirme que la conservation ne
s'est jamais souciée de leur survie. Aucune initiative de
développement socio-économique n'a encore été
entreprise par la conservation pour tenter de remédier à la
souffrance de la population.
Par contre, la population déclare que ce sont les
fermiers privés et certaines ONG telles que CADIM et Vision du
Monde « World Vision » qui participent activement
à leur désenclavement socio-économique en leur donnant des
semences, du bétail, et en facilitant l'écoulement de leurs
marchandises dans les grandes villes à l'occurrence, dans la ville
province de Kinshasa où ils envoient les concepts de manioc, le charbon
et bien d'autres produits champêtres pour vendre.
Par contre, 3,6% seulement ont témoigné que,
seuls les Chefs traditionnels ont déjà reçu à deux
reprises de dons en médicament. Malheureusement, tous ces produits n'ont
servi que l'entourage direct du Chef. Ils soulignent par ailleurs que, jadis
chaque fin de l'année le Conservateur remettait aux
différents Chefs des villages des vivres. Ces derniers
considèrent ces aides comme une corruption versée auprès
des Chefs traditionnels afin d'étouffer toute tendance de revendication
en rapport avec leurs droits d'usage des ressources naturelles. Ce comportement
aurait comme soubassement, le problème de gouvernance.
Enfin, la gestion de cette aire protégée serait
alors centralisée et toutes les décisions en rapport avec sa
gestion seraient prises sans consultation de la population. Leur exclusion est
manifeste, situation qui du reste crée une animosité entre le
Conservation et la Population locale.
Figure n°11 : Appréciation de CADIM
par la population riveraine au DCRBL.
Ainsi sur l'effectif total de la population interrogée
dans le groupement de Mbakana en général ; 86 % de la
population questionnée qualifient de salutaires les activités
entreprises par CADIM et Vision mondiale (World Vision) car c'est grâce
aux engins de CADIM que les villageois arrivent aujourd'hui à
écouler leurs produits champêtres ainsi le charbon au niveau des
grandes villes, en l'occurrence la ville de Kinshasa. Par ailleurs ils disent
que c'est grâce à CADIM qu'ils ont réussi à se
constituer en différentes associations ; et en plus de cela, la
population villageoise reçoit les intrants (les semences) pour mieux
faire l'agriculture. Enfin ce serait grâce à CADIM qu'ils ont pris
l'initiative de concevoir des micros projets générateurs des
revenus.
Par contre 10% de la population enquêtée estiment
que la présence de CADIM serait une forme d'exploitation de l'homme par
l'homme car ; la majorité des fermes qui sont dans les villages de
Dumi, Buantaba et Mbakana appartiennent aux personnes haut placées dans
le gouvernement.
Et dans ce sens, la population villageoise est
utilisée rien que pour la main-d'oeuvre moyennant un salaire
dérisoire alors que cette terre est un patrimoine traditionnel de cette
population.
Aussi, cette portion de la population enquêtée
dénonce la complicité du Chef traditionnel Mbakana qui ne cesse
d'octroyer moyennant une enveloppe ; des lopins des terres aux
particuliers oubliant que la population locale en a besoin pour ses
activités socio-économiques.
Et enfin, 4 % ne sont ni pour ou ni contre CADIM. Ce qui
compte pour eux est qu'il y ait changement ; que leurs enfants puissent
étudier, que leurs femmes aient la possibilité de vaquer
paisiblement à leurs activités champêtres sans tracasserie
ni dérangement.
Les analyses faites montrent que 86 % de la population du
plateau de Batéké sont pour l'organisation non gouvernementale
CADIM et ils disent ne pas partager le même avis avec la conservation car
celle-ci ne leur sert à rien et ne contribue par conséquent
en rien à leur survie; par contre elle contribue à l'accentuation
de leur misère.
Cependant, la population ignore que CADIM opère en
exploitant les ressources naturelles et qu'à la longue, la disparition
de ces dernières peut avoir des conséquences néfastes sur
leur survie, car les problèmes environnementaux n'épargnent
personne.
Cette situation doit être prise au sérieux par
l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) car il lui sera
impossible de gérer cette aire protégée seule sans
implication de la population. Les preuves en sont que, la population s'arrange
pour saboter et violer ses limites géographiques de cette aire
protégée.
Eu égard à ce qui précède, il
convient ici de rappeler que la superficie du Domaine de Chasse et Reserve de
Bombo-Lumene avait été modifiée de 5000 ha octroyés
à CADIM pour ses activités agro-pastorales. Etant donné
que la conservation est mal vue par cette population locale qui ne voit aucune
activité en leur faveur et face à cette spoliation des
terres pratiquée actuellement par le Chef Traditionnel Mbakana,
une tendance à pouvoir dévaster davantage les
écosystèmes du DCRBL se fait sentir, d'où des conflits
récurrents.
4.6 Activités
socio-économiques menées par la population locale du plateau de
Batéké
Figure n°12 : Activités
socio-économiques de la population du plateau de
Batéké.
Partant des résultats de nos enquêtes il ressort
que 78,6 % de la population pratiquent l'agriculture itinérante sur
brulis. Cette activité se justifie par une demande accrue en farine de
manioc dont manifeste la ville de Kinshasa.
Certes, riches ou pauvres, 70 à 80% des congolais
consomment sous différentes formes le manioc et ses feuilles, facilement
accessibles dans la plupart des provinces du pays et selon la FAO, un congolais
consomme en moyenne 370 kg par an (Jean-René Bompolonga).
Quant à la carbonisation, 16,3% en pratiquent car,
selon les témoignages des fabricants, la carbonisation est une
activité qui procure beaucoup d'argent en un laps de temps, en
minimisant les coûts d'investissement.
Combinée au déboisement dû à la
pratique traditionnelle de l'agriculture itinérante sur brûlis,
cette déforestation intensive et systématique entraîne des
perturbations climatiques et participe activement à la destruction de
l'habitat de la faune sauvage ; corollaire de la disparition des
espèces fauniques. 1,3% de la population enquêtée
pratiquent l'élevage ; 2,80% de cette population fait la chasse
comme activité de survie.
En somme, toutes ces activités faites d'une
manière anarchique contribuent énormément à la
perte de la biodiversité du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene
d'autant plus que les limites du Domaine sont actuellement violées par
la communauté locale pour des fins des activités champêtres
ainsi que celles de carbonatation.
4.7 Mode de gestion des
conflits qui surgissent entre la conservation et la population riveraine.
Les conflits liés aux ressources naturelles
résultent des désaccords et des différends sur
l'accès, le contrôle et l'utilisation des ressources naturelles.
Ces conflits naissent souvent du fait que les populations utilisent les
ressources-forêts, eau, pâturages et terres à des fins
différentes, où entendent les gérer de diverses
manières. Les différends naissent également en cas
d'incompatibilité des intérêts et des besoins des uns et
des autres, ou de négligence des priorités de certains groupes
d'utilisateurs dans les politiques, programmes et projets. (Hart et Castro,
2001).
Ainsi, les rapports dans toute société sont de
nature conflictuelle suite aux divergences des opinions, des besoins, des
intérêts sur une cause commune donnée techniquement
appelé : le Centre d'intérêt.
Malgré que les conflits soient inhérents
à la société, il nous appartient de chercher les voies et
moyens de les gérer et surtout de les résoudre de manière
à créer l'harmonie et la paix sociale.
Pour ce faire, la gestion des conflits est un processus
favorisant le dialogue et la négociation qui aide à acheminer des
conflits vers des résultats constructifs plutôt que destructif.
(Tarla, 2010). Elle consiste en un processus non violent favorisant le dialogue
et la négociation. Elle porte sur le règlement des
désaccords avec leur manifestation sous forme hostile, l'aide aux
parties prenantes pour l'examen de multiples options d'accords et en choisir
une acceptable par tous et l'identification des causes profondes des conflits
et intervenir afin d'éviter leur répétition à
l'avenir (Borrini-Feyerabend, op cit)
Les ressources naturelles du DCRBL constituent ici le centre
d'intérêt dans ces conflits dont les parties prenantes sont :
la conservation, les cultivateurs, les chasseurs, les pêcheurs, les Chefs
traditionnels, les autorités politico-administratives, les ONG, la
société civile.
Dans la résolution de ces conflits, aucune de ces
parties prenantes ne peut être écartée sous peine de
biaiser le processus. Et il en sera de même dans le processus de
Cogestion où toutes les parties prenantes devront être
considérées et associées afin de pouvoir aboutir à
une solution réelle, effective, durable et acceptable par tous.
A l'issue de nos investigations faites sur les
terrains ; nous avons répertorié les genres de conflits
connus et la façon dont ils ont été gérés et
résolus.
4.7.1 Conflit opposant
l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature à la population
locale :
Partant de la mission de l'ICCN qu'est celle de la
Conservation de la biodiversité ; la population du plateau de
Batéké considère cette institution comme un ennemi
à leur développement socio-économique ; selon eux,
elle les empêcherait de jouir des Ressources Naturelles que regorge le
DCRBL.
Ainsi, pour manifester son mécontentement ; la
population riveraine se permet à tout moment de saboter cet
écosystème en y appliquant le feu de brousse, en y opérant
le braconnage à grande échelle en complicité avec certains
grands restaurants de la ville de Kinshasa ; et en dévastant
même certaines étendues de terre du Domaine qu'ils érigent
en champ de manioc, de niébés etc. à des fins
commerciales.
Par ailleurs, le problème de limites
géographiques du Domaine demeure toujours une source de conflits entre
la population et le gestionnaire du Domaine. Actuellement, le village de
Buantaba se trouve construit en pleine aire protégée et ceux-ci
se permettent même d'y construire les Eglises, les Ecoles en dur ;
voire les maisons d'habitation.
Enfin, le conflit Homme-faune n'est pas à
écarter ici, car la population se plaint au sujet des buffles du DCRBL
qui viennent ravager leurs champs et dévaster leurs cultures.
Pour tenter de résoudre ces conflits, la
démarche la plus privilégiée est la Négociation et
en cas de résistance ; on fait recours à l'arbitrage par le
truchement des instances judiciaires.
Alors que s'il nous faut répéter Repasseuse
(2007), la solution au conflit « concertée » entre
le pouvoir de la légalité et celui de la légitimité
sanctionne, ainsi, le passage « d'un modèle de conservation
acritique à un de conservation dynamique » où le but
crucial devient d'incorporer le plus possible la légitimité dans
le pouvoir institutionnel ou en outre, régulariser sa
légitimité.
Cela étant, la gouvernance au quotidien des Aires
Protégées renvoit, au contraire, au
« savoir-faire » personnel de chaque agent à l'art
d'ajuster les éléments du modèle officiel au contexte
local, bref, aux normes pratiques. A la différence des normes
officielles, ces derniers ne peuvent être observés directement,
mais sont reconstruits à partir des comportements qu'elles
régissent. Ces comportements peuvent aller à l'encontre des
objectifs poursuivi, tout comme ils peuvent produire des résultats
proches de ces objectifs. (Jean-Claude NGUINGUIRI, 2004)
En vue de pouvoir prévenir certains conflits entre la
population locale et la conservation, une initiative de sensibilisation
à travers les médias est actuellement entreprise par le
gestionnaire du DCRBL, par le truchement de la Radio rurale Munkû.
Cependant, cette activité est encore butée aux moyens logistiques
pour sa réalisation.
4.7.2 Conflit opposant
l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature au Chef
traditionnel :
Les déclarations faites par nos enquêtées
stipulent que certains Chefs traditionnels se permettent d'abuser du pouvoir
leur légué par la coutume pour spolier les terres,
même les étendues reconnus au Domaine.
Ainsi, ils se livrent délibérément aux
ventes de terres de leur chefferie à des tierces personnes en violation
des limites du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene, sans crainte de
s'exposer à la rigueur de la loi. C'est le cas du Notable MANDO qui
continuerait à vendre des hectares des terres et à exploiter des
étangs situés dans le secteur touristique de Mua à 11km de
la Station. (Rapport annuel du DCRBL, 2001)
En réalité ce genre des conflits ne
résout rien du tout. Par contre, ils enfoncent davantage toute tentative
de la gestion participative des ressources naturelles du DCRBL.
4.7.3 Conflit opposant les
habitants du village entre eux suite à la mégestion des
espaces :
Les effets de l'accroissement galopant de la
démographie se fait sentir dans le plateau de Batéké. Les
besoins en habitats et en sols cultivables étant accrus, les disputes
entre villageois sont monnaie courantes.
Nous citerons ici un conflit qui a surgi entre les habitants
du village Nga et ceux du village Kinta au sujet du feu de brousse
appliqué par une partie sans concertation avec l'autre et qui a
ravagé une importante étendue de la brousse. Comme la tension
était grande et les villageois n'arrivaient pas à se rapprocher
pour négocier, le Chef du village Buantaba aurait fait usage de sa
sagesse afin de jouer la médiation dans le règlement de ces
différends.
Après plusieurs pourparlers avec la facilitation du
Chef du village, ces parties en conflits seraient arrivées à
s'accorder et ont ainsi enterré la hache de guerre.
4.7.4 Conflit opposant le Chef
traditionnel et sa base (les villageois) :
Les causes de ces conflits sont pour la plupart de cas, dues
à la mauvaise gestion des terres. Les propos avancés par nos
enquêtés stipulent que leur Chef coutumier se permet de vendre des
grandes étendues des terres aux fermiers privés au
détriment de la population locale. Actuellement, la population a du mal
à trouver même le bois mort car toutes ces étendues des
terres jadis fréquentées deviennent des propriétés
privées des fermiers.
Ainsi, la pauvre population devient préjudiciée
dans ces activités de survie car se trouvant contraint par ces fermiers
qui en grande partie sont des personnalités hauts placées du
pays.
4.7.5 Conflit opposant les
confessions religieuses (Eglise catholique) à l'Institut Congolais pour
la Conservation de la Nature (ICCN) :
Selon le rapport annuel de l'an 2001 du Domaine de chasse et
Reserve de Bombo-Lumene, il ressort que l'Abbé NGAMPUTU aurait
implicitement érigé le petit séminaire Jean-Paul en pleine
Reserve et y exploiterait plusieurs hectares de cultures de manioc. Cette
situation a engendré un conflit entre le gestionnaire du Domaine et ce
religieux qui userait, selon ce rapport, du trafic d'influence pour se
maintenir.
Le plus souvent, les conflits liés aux ressources
naturelles surviennent parfois du fait de l'absence d'une cohésion et
d'une coordination entre les divers textes de loi, notamment lorsque les
politiques, programmes et projets ne tiennent pas compte des situations
locales. (Nancy Hart et Peter Castro, 2001).
Tous les conflits répertoriés ont
été résolus soit par négociation, soit par
médiation, soit encore par arbitrage. Dans le cas échéant,
les instances judiciaires ont dû intervenir pour trancher.
Cependant ; la situation vécue sur le terrain
montre à suffisance que ces résolutions n'ont pas
été réelles, efficaces, et durables car les revendications
demeurent du côté des parties lésées.
Il sied de savoir, qu'aussi longtemps que les planificateurs
et les gestionnaires ne réussissent pas à identifier et à
consulter toutes les parties prenantes, ils ne pourront ni cerner les divers
besoins et priorités de ces groupes, ni tirer parti de leur connaissance
locale de la situation. Et dans cette optique la probabilité des
conflits pourra toujours s'accroître.
La gestion des conflits constitue une condition indispensable
à l'aménagement durable des ressources naturelles. L'ampleur, la
portée et l'intensité des conflits ne cessent de croître.
S'ils ne sont pas pris à temps et traités de façon
efficace, ces conflits peuvent avoir une incidence sur les moyens d'existence
des communautés et entraîner une dégradation des
ressources. (Nancy Hart et Peter Castro, op cit)
Le gestionnaire du Domaine de Chasse et Reserve de
Bombo-Lumene a alors la lourde tache de mettre en pratique l'approche
participative afin d'aboutir à une gestion durable des ressources
naturelles, moteur de la durabilité économique, écologique
et sociale. Il lui appartient de privilégier les négociations en
matière d'utilisation des ressources naturelles qui se font mieux au
sein des petites communautés en réunion publiques informelles
ad hoc qui regroupent les membres de la famille, les
voisins et les parties en conflit, convoquées en fonction des besoins et
chacune des parties utilisant un porte -parole de lui est légitime.
Par ailleurs, les gestionnaires du DCRBL doivent mettre en
application la Communication sociale ; c'est un outil efficace pour
susciter la confiance au sein de cette population qui se voit longtemps
écarté de la gestion des ressources naturelles.
CHAPITRE 5 :
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Notre présente étude a porté sur la
Contribution à la mise en place du processus de Cogestion du Domaine de
Chasse et Reserve de Bombo-Lumene »
En vue de mener à bien cette étude, nous nous
sommes fixés comme objectif global de contribuer à l'instauration
du processus de cogestion du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo -Lumene
afin de promouvoir les conditions de vie des populations riveraines.
Pour accéder aux données, nous avons d'une part
utilisé la méthode de questionnaires d'enquête que nous
avons soumis à la population locale, auxquels nous avons
complété par les interviews semi-structurées et certains
entretiens.
La population totale du groupement de Mbakana est
estimée à 5265 habitants, soit un équivalent de 1115
ménages au total dont 16 à la station de Bombo -Lumene, 873 dans
la cité de Mbakana, 175 dans le village Dumi et en fin, 51 dans le
village Buantaba. (CADIM, 2000).
Ainsi, au niveau de la station de Bombo-Lumene, nos
enquêtes se sont effectuées sur 12 ménages, soit un total
de 75% de la taille totale des ménages recensés .En ce qui
concerne les deux villages Dumi et Buantaba, nous avons eu à interroger
81 ménages choisis d'une manière aléatoire, soit une
proportion de 35,84% de la population totale recensée.
Quant à la Cité de Mbakana, nos enquêtes
se sont effectuées sur 192 ménages, ce qui constitue une
proportion de 22% de la population totale recensée.
Il ressort de ce travail que; 76% de la population
enquêtée ne connait pas le bien fondé du Domaine de Chasse
et Reserve de Bombo-Lumene dans leur entité administrative : ils la
conçoivent comme une stratégie développée par
l'Etat congolais pour les priver la population de leurs patrimoines en
ressources naturelles.
87 % de cette population pense qu'il n'existe pas de
collaboration entre la Conservation et la population locale mais
dénoncent des menaces faits par les gardes parcs, ce qui érige
davantage une barrière entre la conservation et la population locale.
96% des enquêtés affirment que la conservation n'a jamais
songé à contribuer à l'amélioration de leurs
conditions de vie socio-économique.
Dans cette optique, cette population considère comme
les activités de la conservation comme moteur de l'appauvrissement de la
population car il devient difficile à la population d'exploiter leurs
ressources naturelles suite aux multiples intimidations faites par les gardes
parcs.
Quant à la connaissance de la réglementation sur
la faune et flore ,56% de la population enquêtée ne sont
même pas capable de comprendre les dispositions juridiques en la
matière; seule une petite portion de la population en raison de 3,4 % de
la population est capable de bien interpréter la loi.
Eu égard à ce qui précède,
plusieurs conflits sont alors vécus et pour la plus part on recourt
à la médiation ou m'arbitrage par le chef traditionnel pour
trancher une affaire déchirant deux parties. Cependant, les conflits
entre la conservation et la population demeurent ; car ceci est
directement lié à la gestion des ressources naturelles où
les populations se sentent encore écartés dans la gestion de leur
patrimoine.
Comme conséquence, la population se met à
surexploiter illégalement les ressources fauniques et floristiques.
Actuellement, les espèces fauniques qui existaient jadis dans cette aire
protégée n'appartiennent maintenant qu'à l'histoire.
Après le braconnage professionnel perpétré par les
expatriés déguisés en touristes ; l'observation des
espèces fauniques devient alors rare, voir impossible.
Par ailleurs, la carbonisation à grande échelle
se trouve développée dans cette aire protégée afin
de desservir la ville de Kinshasa en charbon.
Enfin, les superficies reconnues à la conservation sont
aujourd'hui envahies par les activités agro-pastorales. La crainte alors
demeure quant à l'avenir de cette aire protégée qui
revêt des hautes valeurs marchandes touristiques.
Cela étant, il sied ici de rappeler que le temps
à la conservation de fonctionner en solo ; tout en excluant la
population locale est révolu.
La population locale doit alors être traitée
comme partenaire potentiel et incontournable dans la conservation des
ressources naturelles. Cela est sans doute l'expression d'une certaine
maturité » de la société qui comprend qu'il
n'existe pas de solution « unique » et
« objective » à la gestion des ressources naturelles
mais plutôt une multiplicité d'options différentes
compatibles avec les connaissances locales et les certitudes de la science et
capables de répondre aux besoins de conservation et
développement( et qu'il existe également une multiplicité
d'options négatives ou désastreuses pour l'environnement et le
développement). (Borrini-Feyerandend et al., 2000)
Raison pour laquelle nous formulons des recommandations
suivantes :
v Que l'Institut Congolais pour la Conservation de la
Nature (ICCN) ; en synergie avec son ministère de tutelle fasse un
plaidoyer sur l'uniformisation des textes légaux ainsi que leurs
adaptations à la nouvelle vision de la conservation de la
nature tenant compte des aspects socio-économiques de la population
locale;
v Qu'il songe à intégrer la population locale
dans la gestion de ses ressources naturelles en mettant en pratique l'approche
participative, afin de renforcer les liens et la confiance mutuelle entre les
parties et ainsi prévenir les conflits ;
v Qu'un zonage du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene
sois fait au préalable afin de distinguer les trois zones concentriques
à savoir : une zone de protection intégrale ou noyau de la
réserve caractérisée par une surveillance continue, une
zone tampon tutrice des activités de recherches, de tourisme et
d'éducation environnementale, et une zone à usage multiple
assurant la promotion d'activités de développement pour les
riverains de la DCRBL ;
v Qu'un programme de suivi écologique soit
déclenché afin de s'imprégner des éventuels
changements survenus dans cette aire protégée ;
v Qu'un plan d'aménagement de ce site soit
élaboré par une équipe multidisciplinaire en synergie avec
la population locale afin de pallier tant soit peu aux problèmes de
gestion du site;
v Que le personnel du DCRBL soit soumis à des
formations et recyclages afin de leur inculquer les connaissances
nécessaires pour pouvoir éduquer et sensibiliser la population
selon la nouvelle vision de la conservation qui se borne sur la gestion
participative ou gestion concertée ou encore la cogestion ;
v Que la sensibilisation et l'éducation
environnementale soient inscrits parmi les activités prioritaires du
DCRBL, afin d'amener la population locale à prendre conscience des
dangers que présentent les pressions anthropiques sur
l'écosystème ;
v Qu'une reforme de la loi portant sur la conservation de la
nature puisse être faite en tenant compte des aspects de la gestion
participative ;
v Qu'une vulgarisation des textes légaux soit faite en
langues vernaculaires et au besoin en « Lingala » langue
parlée dans le plateau de Batéké, afin que toutes ses
couches sociales comprennent la quintessence des dispositions
réglementaires.
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