Introduction générale
Situé dans la marge sud du Sahara et au coeur du sahel
ouest africain, le Niger s'étend sur 1267000 Km2 ; ses
frontières les plus proches sont éloignées de 700 Km du
golfe de Guinée, 1900 Km de la cote atlantique et 1200 Km de la
méditerranée.
Son climat se caractérise par une forte
variabilité spatio-temporelle. La variabilité associée aux
activités anthropiques défavorables, a aggravé le
déséquilibre écologique et exacerbé la crise
socio-économique. En effet l'analyse approfondie de la situation des
ressources naturelles (terre, eaux, sols, végétation) laisse
apparaître depuis la sècheresse de 1973 qui en a
révélé l'acuité, la dégradation de
l'environnement qui s'est accélérée à un rythme
sans précédent.
En matière de gestion durable des ressources naturelles
et de préservation de l'environnement, le Niger est en prise avec une
situation environnementale précaire du fait de l'ampleur des
défis liés à la dégradation des terres, la
préservation de la biodiversité et la gestion durable des
ressources en terre et en eau ainsi que les capacités limitées
à faire face aux défis émergeants de l'impact des
changements climatiques (PNUD, 2005).
Cette situation de dégradation a provoqué non
seulement la réduction et la baisse du potentiel productif du capital
ressources naturelles, mais aussi la désarticulation des systèmes
séculaires de production et de gestion des milieux naturels. La
conséquence la plus dramatique des évolutions environnementaux au
cours de trente dernières années est que la terre devient de plus
en plus pauvre, l'insécurité alimentaire, la baisse drastique des
revenus ruraux en un mot la pauvreté y trouvent fondamentale leur
origine.
Les sécheresses qui se sont succédées
depuis la fin des années 60, combinées à l'action de
l'homme ont conduit à une réduction de la biomasse
herbacée ainsi que l'érosion floristique des pâturages
naturels.
En effet le phénomène de la
désertification, qui est un processus de la dégradation des sols
et de la végétation, est très répandis dans la
commune urbaine d'Arlit. Cette dernière qui est notre zone
d'étude se trouve dans la partie nord ouest dans la région
d'Agadez, dont toute la partie appartient d'ailleurs au climat
désertique. C'est dire qu'il s'agit d'une zone où le
déficit pluviométrique chronique est une donnée
fondamentale. Elle est également caractérisée par
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un climat très aride, chaud et sec, une forte amplitude
thermique avec la fréquence des vents violents qui menace tout le
potentiel productif et la vie de la population. A cela s'ajoute la croissance
démographique (156024hbts en 20011), cette commune se confronte aux
problèmes d'eau liés à l'abaissement de la nappe.
Outre ces problèmes, ces deux villes qui constituent la
commune urbaine d'Arlit du complexe uranifère sont
équipées de trois systèmes d'épuration d'effluents
par lagunage naturel : deux pour la ville d'Akokan et un pour celle d'Arlit.
Ces systèmes sont couplés d'une réutilisation des eaux
usées traitées à des fins d'irrigation au niveau de trois
périmètres maraîchers totalisant une superficie d'environ
210ha (DDEA, 2011). Aujourd'hui, ces systèmes comportent des
insuffisances et risquent de contamination de la population et du potentiel
productif.
En zone aride et plus que partout dans le monde, une gestion
intégrée des ressources naturelles est indispensable, si l'on
veut préserver durablement l'équilibre écologique. Dans
cette zone, l'activité pluviale est inexistante mais la population se
contente du jardinage autour des villes, qui se dégradent de plus en
plus voire disparaître. Donc à ce niveau, l'eau est un facteur
limitant que la population doit gérer pour préserver les quelques
rares espèces végétales.
Ainsi l'objectif visé, est de faire une analyse
diachronique de quoi à travers les images satellitaires pour
cartographier les différentes unités occupations du sol mais
aussi les changements qu'affectent la végétation et la flore dans
la zone d'étude. Après le cadre conceptuel et la
méthodologie, ce mémoire s'articule autour de deux grandes
parties. Dans la première partie, il sera question d'analyser les
différents facteurs de l'occupation du sol, à savoir les facteurs
biophysiques, climatiques, anthropiques et industriels.
Enfin, la deuxième partie sera consacrée aux
résultats, elle-même composée de deux chapitres à
savoir l'analyse des situations d'occupation du sol et les principaux facteurs
déterminants la dynamique de la végétation.
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II cadre théorique 2
.1.problématique
Situé au coeur du sahel, le Niger est marqué par
une continentalité du fait de son éloignement de la mer et de sa
position latitudinale (11°37' et 23°23' nord) qui explique son climat
tropical sec et même désertique. Avec une superficie de
1267000km2, il est l'un des pays où les aléas
climatiques conjugués aux actions de l'homme ont modifié les
paysages.
Ainsi l'analyse de l'évolution climatique montre que le
territoire dans son ensemble connaît une péjoration
pluviométrique progressive avec une fréquence accrue des
sécheresses. Ces dernières ont eu des conséquences graves
sur l'ensemble des écosystèmes du pays. La dégradation et
la disparition quasi irréversible des formations végétales
ont accéléré l'érosion hydrique et éolienne
qui menace tout le potentiel végétal, animal et édaphique.
Comme Sheila Watt Cloutier (2008) en ses termes avance que « les droits de
l'homme et de l'environnement
sont interdépendants et solidaires ». Ici la
protection de l'environnement est très fondamentale; l'homme agit sur
le milieu en le modifiant et subit les effets produits par son action. Ce qui
explique la nature symbiotique de la relation entre la culture humaine et les
systèmes écologiques.
Au Niger, le processus de la désertification est plus
ressenti dans la région d'Agadez. Située au nord du pays avec une
superficie de 667799 Km2, la région connaît un climat
très contrasté entièrement désertique. Elle est
fortement défavorisée par un climat aride qui influence la
répartition biogéographique de son écosystème
naturel pourtant diversifié.
« L'état de la végétation a beaucoup
évolué ces quinze dernières années, essentiellement
de manière négative, ce qui s'est traduit par une
régression généralisée du couvert
végétal, la disparition de certaines espèces et la
prolifération d'une espèce introduite, Prosopis
juliflora. Composante vivante de l'environnement, la
végétation est plus difficile à suivre que les
précipitations ou le niveau d'écoulement d'un kori par exemple
» (Anthelme et Al, mai 2005). La dégradation du couvert
végétal favorise l'érosion hydrique et éolienne et
laisse la place à des dunes de sable. Le processus de
désertification, amplifié par les activités humaines
(déboisement excessif, surpâturage, extension des terres de
culture), s'est traduit par la dégradation du maigre couvert
végétal et par une augmentation de la vitesse des vents,
condition favorable à la remise en mouvement des dunes.
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« L'explosion démographique de ces
dernières décennies a été préjudiciable
à l'environnement, les plus significatives étant les pratiques
agricoles non appropriées, la surexploitation des sols et des ressources
hydriques, le surpâturage, le piétinement, les migrations des
populations de plus en plus nombreuses, la sédentarisation massive des
populations nomades » (Mahamane Mahamadou 2009). De ce fait
l'environnement se fragilise, le déséquilibre s'aggrave et les
espèces spontanées menacées de disparition.
Dans le même ordre d'idée, la situation actuelle
de la commune urbaine d'Arlit semble très alarmante. Son climat se
caractérise par une forte amplitude thermique journalière, des
précipitations faibles, des vents violents et l'absence presque totale
du couvert végétal. On assiste de plus en plus à des
problèmes liés au manque d'eau du fait de la baisse du niveau de
la nappe. En somme, la vulnérabilité aux phénomènes
climatiques s'accroît avec l'augmentation des populations et la
dépendance croissante de cette population à l'égard de
l'utilisation du bois de chauffe. Ce qui accélère la
dégradation des formations végétales et des sols dans la
commune urbaine d'Arlit, une zone très sensible aux variations et
changements du climat. Eu égard à tout ce qui
précède, les conditions climatiques et leurs conséquences
n'ont pas empêché aux populations de s'adapter et d'implanter des
jardins censés satisfaire les besoins alimentaires.
Les conséquences hydrologiques expliquent la
pauvreté de la flore et l'absence de toute activité agricole sans
irrigation.
En raison de cela, la science géographique, qui
décrit les ressources et les potentialités que la terre offre aux
hommes, nous permet non seulement d'envisager l'aménagement mais aussi
l'utilisation de ces ressources. Ainsi l'analyse des variations des facteurs
ayant des impacts sur l'évolution de la végétation doit se
faire de façon intégrale.
Quels sont les facteurs qui déterminent la
dégradation du couvert végétal ? Et comment se manifeste
l'impact de la disparition du couvert végétal d'une
manière générale ?
Quelles sont les solutions envisageables ?
2.2. Revue de la littérature
La question de la protection de l'environnement occupe une
place importante dans tous les pays du monde entier. Dans une étude
faite en Guinée Conakry en 2007, il ressort les influences
négatives des changements climatiques sur les ressources naturelles,
les
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écosystèmes, les infrastructures et la
santé humaine et risque à terme de compromettre la survie de
l'humanité et la vie sur notre planète. Les principales
contraintes environnementales qui sont les pratiques agricoles
inappropriées, l'exploitation abusive et anarchique des ressources
forestières et faunique, l'exploitation minière à ciel
ouvert, les feux de brousse, l'extrême pauvreté, la mauvaise
gestion des déchets domestiques et industriels, la variabilité et
les changements climatiques. Cela explique la nette corrélation entre la
pauvreté et la dégradation de l'environnement.
C'est dans le même ordre d'idée que Tahirou
(2008), a fait une étude sur l'impact de la coupe du bois dans la
commune rurale de Hamdallaye. Ces résultats très impressionnants
montrent le caractère extensif, la fragilité des
écosystèmes et les ressources naturelles limitées et en
voie de dégradation, ne permettant pas d'obtenir des productions
agricoles satisfaisantes. Le mode de prélèvement lié
à la commercialisation du bois et fourrage aggrave le
déboisement, l'érosion hydrique et éolienne.
Eh Inoussa Adamou en 2007 a fait une analyse diachronique des
années 1957- 1975- 19862006 sur l'évolution de l'occupation des
sols dans le département de Mainé. Celle-ci a ressorti les traits
essentiels de son travail ; la dégradation du couvert
végétal des sols dunaires s'est traduite par une augmentation de
la capacité du vent à déplacer les particules du sol, la
problématique de l'autosuffisance alimentaire et la baisse des
précipitations aggravent le déséquilibre écologique
dont l'élément indicateur est la multiplication des surfaces
nues.
Mahamane Mahamadou (2009) a montré l'importance des
facteurs physiques dans la détermination du couvert
végétal. En effet la profondeur du sol, le temps d'infiltration
de l'eau et les profondeurs de la nappe phréatique sont des facteurs
déterminants dans la structuration de la végétation. Ces
éléments déterminent la capacité du
développement des espèces ligneuses et herbacées ; Ce qui
explique leur importance et leurs interrelations variables selon l'unité
géomorphologique considérée et le climat.
De nombreuses études ont été faites sur
la région d'Agadez, en ce qui concerne l'occupation humaine, le climat,
le mode de production et les conséquences néfastes du point de
vue de la sécheresse (Aboubacar, 1976). Il n'y a aucun cours d'eau
permanant dans la région, en dehors de quelques koris saisonniers.
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Fabien et al (2006) ont fait une analyse sur la
dégradation des ressources au contact des activités humaines et
les perspectives de conservation dans le massif de l'Aïr. Leur objectif
était de mettre en relation les variations récentes des
activités humaines avec le niveau des ressources végétales
afin d'anticiper un déficit dans une région aride
régulièrement menacée par les sécheresses. Ces
résultats montrent une dégradation rapide des ressources
végétales. Cette dégradation est liée à deux
types d'impact de l'homme sur l'environnement. A l'interne, elle se traduit par
une pression plus forte sur la végétation autour du village et
par l'expansion des cultures irriguées qui menace la
pérennité des ressources en eau souterraine. A l'externe, elle
concerne la pression croissante exercée par les centres urbains
périphériques, en particulier sur les ressources en bois.
Karimou Barké (2008) disait que l'aridité se
caractérise par une grande variabilité internationale, les
difficultés majeures liées pour l'essentiel à la rigueur
du climat et la dégradation de l'environnement, notamment les
espèces agro-pastorales. En effet le processus de désertification
amplifié par les activités humaines (déboisement excessif,
surpâturage, extension des terres de cultures) s'est traduit par une
dégradation du maigre couvert végétal et une augmentation
de la vitesse des vents condition favorable à la remise en mouvement des
dunes.
En 2008, Areva (SomaÏr et cominak) a fait une
étude sur le rapport d'impact environnemental de l'exploitation
minière dans la ville d'Arlit, à la quelle Ridouane s'est
inspiré en 2009, pour faire un diagnostic de la situation dont vit la
population dans cette zone. Mais il a fallu en 2010 pour que dans l'ouvrage
Greenpeace, une importante recherche approfondie soit faite sur
l'héritage radioactif d'Areva dans les villes du désert
nigérien. L'expansion à la radiation endommage
l'écosystème de manière définitive et peut
également causer des problèmes de santé : maladies
respiratoires, malformation à la naissance, leucémie, cancers,
population malade et environnement dégradé.
Notre objectif est de faire une analyse diachronique des
années 1972-1988 et 2005 de la végétation, analyser
l'état initial du couvert végétal et comment se fait
l'exploitation du bois de chauffe dans la commune urbaine d'Arlit.
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