A- Notion de membre
1- Définition
Membre signifie chacun des éléments (personne,
groupe, pays, etc.) composant un ensemble organisé (famille,
société, etc.) les membres d'un club. Il s'agit également
des signataires d'un acte. Il peut s'agir aussi de membre originaire ou
d'adhérant.
2- Importance de membre
Etre membre d'un groupe ou d'une organisation confère
à celui-ci ou l'entité de s'exprimer, prendre position et voir
clair dans ce qui se passe au sein de l'organisation. C'est ainsi qu'un membre
d'un groupe peut demander à ceux
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De la réforme du Conseil de Sécurité des
Nations Unies : quelle place pour le continent africain ?32
qui dirigent l'entité de lui fournir des explications,
des comptes et des détails par rapport à certaines choses
relatives à l'organisation. La qualité ou le statut de membre
d'un groupe ou d'une organisation donne le pouvoir à celui qui en est
détenteur un pouvoir de contrôle ; ce qui explique son importance.
Rapportant cette définition au CS des Nations Unies, le diplomate
autrichien dit «un pays qui veut militer pour la paix et la
sécurité dans le monde et promouvoir ses propres valeurs a tout
intérêt à siéger au Conseil de
Sécurité », donc à être membre.
B- Notion de permanence
1- Définition
Il s'agit du caractère de ce qui est constant,
immuable. De cette définition, l'adjectif permanent signifie ce qui dure
dans le temps sans s'interrompre, ni changer.
2- L'importance de la permanence
Contrairement à la périodique ou à
l'occasionnel, la permanence permet à son bénéficiaire de
mieux connaitre l'organisation ou l'institution dans laquelle il est
représenté de façon permanente. Il s'agit pour ce genre de
membre de mettre son expérienceau profit de l'organisation afin
d'oeuvrer dans ce sens pour la bonne marche et la croissance de cette
dernière.
II- Exposé de contributions antérieures
Des aspects liés à la réforme du CS des
Nations Unies ont retenu l'attention de quelques groupes de travail,
mémoires de fin de formation, autres travaux spécifiques et
déclarations de grandes personnalités.
Dès le 17 décembre 1996, en effet, Kofi Annan,
dans son discours d'acceptation comme nouveau
Secrétaire-général, promet d'« assainir les
Nations Unies, les rendre plus présentes et plus efficaces, plus
sensibles aux souhaits et aux besoins de ses membres et plus réalistes
dans leurs buts et engagements ». Et joignant l'actionàla
promesse, il présente le 14 juillet 1997 un rapport à l'AG
intitulé « Rénover Les Nations Unies: le
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De la réforme du Conseil de Sécurité des
Nations Unies : quelle place pour le continent africain ?33
programme pour la réforme
(A/51/950). Ce rapport contient 29 mesures que le
Secrétaire-Général peut prendre de sa propre initiative
mais sur lesquelles il consulte les Etats membres, et 15 recommandations sur
lesquelles l'AG doit se prononcer. C'est à la suite de ce rapport que
sont mis en place deux groupes de travail, l'un sur les opérations de
maintien de la paix, dirigé par Mr Brahimi, et l'autre sur la
réforme du Conseil de Sécurité des Nations Unies
dirigé par Mr Rhazali.
L'adoption le 08 Septembre 2000 de La Déclaration du
Millénaire des Nations Unies, document donnant des directives pour
adapter L'ONU au nouveau siècle, ainsi que la publication, le 09
septembre 2002, du rapport du SG intitulé « Renforcer L'ONU: un
programme pour aller plus loin dans le changement », font aujourd'hui
apparaître toute la nécessité de la réforme du
CS.
Des différentes propositions de réforme du CS
actuellement enregistrées, on peut relever deux raisons majeures
justifiant cette réforme. Il s'agit de la nécessité
d'accroître la responsabilité du Conseil d'une part, et du souci
d'améliorer l'efficacité dudit Conseil, d'autre part.
MUNGALA J.4 (2005), dans son
mémoire« de la réforme du Conseil de
Sécurité des Nations unies » de fin de formation au
grade de licencié en droit écrivait :
« Il est temps que l'Afrique soit
représentée par trois membres permanents au CS ».Il ira plus
loin en proposant les représentants de l'Afrique au CS des Nations
Unies.
« Pour sa puissance, et parce qu'il est le pays le plus
industrialisé du continent, l'Afrique du Sud doit siéger comme
membre permanent au CS, le Nigéria pays le plus peuplé du
continent et enfin l'Egypte pour rallier toute la ligue arabe ».
4MUNGALA J. (2005) « de la reforme du Conseil
de Sécurité des Nations Unies : Nécessité et
perspectives »
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De la réforme du Conseil de Sécurité des
Nations Unies : quelle place pour le continent africain ?34
Aujourd'hui, avec 192 membres, l'ONU garde toujours la
même composition du Conseil de Sécurité. C'est ce qui fait
dire à Philippe Leymarie 5 , journaliste
à Radio France Internationale(RFI) qu'«avec l'accroissement du
nombre de ses membres, le CS a perdu son caractère représentatif
et il est devenu encore plus exclusif ».
L'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) devenue Union
Africaine (UA) demande avec insistance que l'Afrique, en qualité dezone
géographique, soit représentée dans les principaux organes
des Nations Unies, notamment au CS. C'est ainsi que, dès sa
création, en 1963, l'OUA réclamait un élargissement de la
représentation africaine dans les instances mondiales. En effet, grande
absente de la conférence de San Francisco en 1945 et ne comptant
à l'époque que quatre Etats indépendants (Ethiopie,
Liberia, Egypte et Afrique du Sud), l'Afrique devra attendre 1965 pour obtenir
cinq sièges non permanents au Conseil de Sécurité, mais
partagés avec l'Asie.
Or, au fur et à mesure des indépendances,
l'augmentation du nombre des pays africains incita ceux-ci à revendiquer
de plus grandes responsabilités au sein de l'ONU. Dès les
années 1960, l'Afrique commença à faire le rêve,
certes un peu fou pour l'époque, de devenir un jour, à travers un
de ses représentants, membre permanent du CS.
En débat depuis la fin de la guerre froide, la
réforme de l'ONU offre une occasion exceptionnelle. En 1997, dans la
déclaration d'Harare6, l'OUA a
officiellement estimé que les pays du continent devraient être
représentés dans un CS démocratisé, efficace et
transparent. Elle a réclamé au moins deux sièges
permanents et cinq sièges non permanents. Dans ce processus, les
sièges devaient être occupés au nom de l'Afrique, suivant
un système de rotation fondé sur des critères fixés
par l'OUA. Enfin, la déclaration prévoit un droit de veto pour
les Etats du continent bénéficiant du statut de membre
permanent.
5Philippe L. (2002) « doit-on réformer
le Conseil de Sécurité des Nations Unies » ?
6 OUA, AHG/decl.3 (XXXIII), Déclaration sur
la réforme du Conseil de Sécurité, 33e session ordinaire
de la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement, Harare, Zimbabwe,
4 juin 1997
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De la réforme du Conseil de Sécurité des
Nations Unies : quelle place pour le continent africain ?35
En Janvier 2005, Lors de la réunion d'Abuja, les chefs
d'Etat et de gouvernement de l'Union Africaine ont confié la gestion du
dossier à un comité ministériel dit « des
Quinze » 7 qui avait pour mandat d'examiner l'ensemble de la
réforme...
Faudrait-il jouer la carte de la permanence ou celle de la
rotation ? Ne choisissant aucune des deux options, le comité des Quinze
s'est accordé pour réclamer au moins deux sièges
permanents et cinq sièges non permanents. Ce document,
dénommé consensus d'Elzuwini (2005), du nom de
la ville du Swaziland où il a été adopté, n'exige
pas « plus de sièges pour l'Afrique », mais l'octroi de
sièges permanents à deux pays africains particuliers choisis par
le continent. Les Etats africains insistent, dans ce cadre, sur l'obtention du
droit de veto, demande dont ils comptent faire, au moins, un
élément de marchandage. Le conseil exécutif de l'Union
Africaine des 7 et 8 mars 2005 a créé un mécanisme de
suivi, dit « comité des Treize»8. Il a pour mandat
de faire campagne afin de promouvoir le consensus d'Elzuwini, voire de
négocier certains aspects de la réforme.
Si l'option du G4 peut globalement satisfaire les aspirations
du continent, avec deux nouveaux entrants parmi les membres permanents, le
débat fait rage sur la désignation des représentants.
Trois principaux candidats se disputent cet honneur : l'Afrique du Sud, le
Nigeria et l'Egypte qui menace de faire cavalier seul, en sollicitant l'appui
des pays arabes.
Ajoutant au désordre, le président
sénégalais a introduit un nouveau critère de choix, celui
de la langue. Dans une tribune publiée par le quotidien français
Le Figaro, Abdoulaye Wade estime «qu'il serait regrettable
que les deux représentants permanents de l'Afrique soient tous d'une
même aire
7 Basé sur une « répartition
géographique équitable », le comité comprend : le
Ghana, le Niger, le Nigeria et le Sénégal (Afrique de l'Ouest),
le Cameroun, le Congo et le Gabon (Afrique centrale), l'Ouganda, le Rwanda et
la Tanzanie (Afrique de l'Est), l'Angola, le Botswana et le Zimbabwe (Afrique
australe), enfin l'Algérie et la Libye (Afrique du Nord).
8Bénin, Sénégal,
Congo-Brazzaville, Tchad, Djibouti, Ethiopie, Botswana, Afrique du Sud,
Algérie, Libye - et président du conseil exécutif
Nigeria), président de la commission (M. Alpha Oumar Konaré) et
président du consensus d'Elzuwini (Ghana).
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De la réforme du Conseil de Sécurité des
Nations Unies : quelle place pour le continent africain ?36
linguistique. Si d'aventure c'était le cas, les
problèmes de l'autre moitié de l'Afrique seraient exprimés
(...) non directement, mais à travers une
interprétation. Ce ne serait pas juste. Tout simplement». En
conséquence, le Président sénégalais déclare
la disposition de son pays à contribuer à un
rééquilibrage des positions. Selon lui, «la
présence du Sénégal au CS serait non seulement celle de
l'Afrique plurielle, mais, au-delà, elle montrerait que la paix n'est
pas seulement l'affaire des grands mais de tous, sans considération de
taille, les critères étant autres».
Le G49(2005) a fait une tentative
qui était soutenue par la France mais n'a pas abouti pour avoir
rencontré l'opposition de deux groupes numériquement importants.
Il « élargit le CS à dix (10) nouveaux
membres, six (6) permanents sans droit de véto qui seraient
périodiquement évalués sur leur capacité à
contribuer à la paix, et quatre (4) non-permanents. Les six permanents
étant composés du G4 et de deux africains désignés
par l'UA. Les quatre (4) non-permanents seraient à partager entre
l'Afrique, l'Asie, l'Europe de l'Ouest et l'Amérique du Sud ».
Au nombre des déclarations officielles, la
France10 (2009) demande que le CS s'adapte aux
réalités du XXIe siècle. Il doit demeurer l'organe de
décision responsable "du maintien de la paix et de la
sécurité internationales" et devant "assurer l'action rapide et
efficace de l'Organisation", conformément à la Charte (art. 24
-1). Il doit mieux représenter le monde d'aujourd'hui tout en restant
capable de prendre les mesures nécessaires face aux problèmes de
sécurité qui se posent au XXIème siècle.
La France reste donc comme en 2005, favorable à un élargissement
du nombre de sièges permanents et non-permanents du CS, pour que sa
composition reflète les réalités du monde et tienne compte
de l'émergence de nouvelles puissances ayant la volonté et la
capacité d'assumer des responsabilités importantes.
9G4 : groupe de quatre pays
(Brésil, Inde, Allemagne et Japon)
10Jean-Pierre LACROIX, (22 Mai 2009)
représentant permanent adjoint de la France au Nations Unies
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De la réforme du Conseil de Sécurité des
Nations Unies : quelle place pour le continent africain ?37
-- La France soutient ainsi l'accession à un
siège de membre permanent de l'Allemagne, du Brésil, de l'Inde et
du Japon.
-- Elle appuie une présence plus importante des
pays africainsau
Conseil de Sécurité, notamment parmi les
membres permanents.
Il faut noter enfin que ni la France ni la Grande Bretagne
n'entendent pas sacrifier leur siège au profit de l'Union
Européenne (UE), proposition faite par un groupe de travail qui a
suggéré une répartition par Organisation
régionale.
M. Stéphane De LOECKER, alors Chargé d'Affaires
a.i. du Royaume de Belgique près les Nations Unies déclare :
« Lors du sommet du millénaire, nos Chefs d'Etats
et de Gouvernements ont fait du rôle central de l'ONU le thème
dominant de leurs discours et du renforcement de cette institution un objectif
clé du 21ème Siècle. Pour atteindre cet
objectif, ils ont identifié la nécessité prioritaire de
réformer en profondeur la composition et le mode de fonctionnement du
CS, afin d'en améliorer la représentativité,
latransparence et l'efficacité, en un mot pour le rendre plus
démocratique et plus légitime dans notre monde d'aujourd'hui.
(...)
Toutefois, si nous voulons accomplir la mission que nos
dirigeants nous ont confiée, nous devrons tous, faire preuve de
flexibilité et d'ouverture, il en va de la crédibilité de
notre institution. En ce sens, la question d'une réforme rapide est
simple : ou bien le Conseil de Sécurité s'adapte
régulièrement, et dès aujourd'hui, aux
réalités géopolitiques changeantes, ou bien il perd son
prestige et son autorité »11
M. Joschka Fischer, alors Ministre allemand des Affaires
Etrangères dit :« Le Conseil de Sécurité doit
être adapté aux nouvelles réalités de cette
politique mondiale, il doit être plus représentatif et surtout
capable de réagir face aux crises et aux conflits actuels. La
réforme doit prévoir un plus grand
11M. Stéphane DE LOECKER (2000)
55ème session ordinaire des Nations Unies
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De la réforme du Conseil de Sécurité des
Nations Unies : quelle place pour le continent africain ?38
nombre de membres permanents et non-permanents et renforcer
les mécanismes de décision ».
Pour finir, S.E.M. Pascal Couchepin, ancien Président
de la Confédération Suisse dit :
« En ce qui concerne le Conseil de
Sécurité, il y a consensus sur le fait que sa composition ne
reflète plus assez les réalités géographiques
contemporaines. Mais nous divergeons quant aux moyens d'y remédier. La
Suisse soutient l'idée d'un élargissement du Conseil. Un
élargissement peut se faire sans nuire à son efficacité,
si l'augmentation du nombre des membres est raisonnable et tient compte des
différentes sensibilités régionales.
On pourrait multiplier à l'infini de telles
déclarations ; elles s'accorderaient toutes à réclamer une
meilleure représentativité du CS, véritable
nécessité de sa réforme, au même titre que
l'accroissement de son efficacité. D'ailleurs, François
Bruguière, n'a pas fait usage de la langue du bois, lorsqu'il affirme :
« L'ONU ne représente plus le monde d'aujourd'hui. Son CS,
inspiré des puissances issues de la deuxième guerre mondiale,
pose désormais plus de problèmes qu'il n'en résout. La
guerre en Iraq, sa reconstruction, le conflit israélo-palestinien, sont
des exemples qui montrent la division du monde sur ce sujet ».
Après un long silence sur le sujet, Washington clarifie
le débat, mais complique la recherche d'une solution. Sa position avait
largement filtré au cours de ces derniers temps, et on savait ses
réticences à l'égard de l'ouverture du CS au-delà
de la limite des 20 membres. Le responsable politique du département
d'Etat, Nicholas Burns, s'était employé à tempérer
les ardeurs des partisans d'une ouverture franche et massive à 24 ou 25
membres du Conseil, comme le préconisait le SG des Nations Unies et le
G4 (Allemagne, Brésil, Inde, Japon), auteur d'une formule visant
à élargir le Conseil à 10 nouveaux membres, 6 permanents
et 4 non permanents.
Réalisé et soutenu par Aimé EGLA
De la réforme du Conseil de Sécurité des
Nations Unies : quelle place pour le continent africain ?39
Prenant le contre-pied d'un environnement international
résolu à ouvrir largement la table du Conseil à une
dizaine de nouveaux-venus, les Etats-Unis proposent au contraire d'accueillir 2
nouveaux membres permanents, et 3 non-permanents, portant le total à 20
membres. Selon la formule américaine, les nouveaux membres permanents ne
seraient pas dotés du droit de veto et, selon les voeux de Washington,
les candidatures seraient soumises à examen selon des critères
incluant le respect des droits de l'Homme et la démocratie. Dans ce
débat, les Etats-Unis soutiennent franchement le Japon pour
accéder au statut de membre permanent, ainsi qu'un pays en
développement qui reste à déterminer. Ils s'opposent en
revanche farouchement à la candidature de l'Allemagne, coupable de ne
les avoir pas accompagnés dans l'aventure irakienne. Quant au
Brésil de l'ancien syndicaliste Lula, il n'est actuellement pas en odeur
de sainteté à Washington.
En revanche, au cours de ces dernières années,
notamment depuis la fin de la guerre du Golfe, le sentiment que le CS est
devenu un organe au service des pays occidentaux, les Etats-Unis en
particulier, est plus fort que jamais. C'est pourquoi, la question de sa
réforme constitue une question importante pour l'Afrique compte tenu des
nombreux enjeux politiques, stratégiques, diplomatiques qu'elle
suscite.
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