1.1.4. Indicateurs de pauvreté
Pour tenter de mesurer l'ampleur de la pauvreté,
quelques indicateurs ont été construits et ce, en fonction des
différents aspects de la pauvreté visés par les chercheurs
ou les initiateurs des enquêtes et/ou études sur la
pauvreté. A cet effet, l'on distingue les indicateurs particuliers des
indicateurs composites. Les premiers appréhendent les aspects
particuliers de la pauvreté tandis que les seconds sont des indices
synthétiques tentant de saisir l'ampleur de la pauvreté dans une
population. Parmi les indicateurs les plus utilisés figurent celui
élaboré par le Programme des Nations-Unies pour le
Développement, en l'occurrence, l'Indicateur de Pauvreté Humaine
(IPH).
![](Pauvrete-des-menages-et-acces-aux-soins-de-sante-en-RDC-Une-approche-par-l-analyse-factorielle46.png)
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Pauvreté des ménages et accès
aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse
Factorielle des Correspondances.
1.1.4.1. Indicateur de pauvreté Humaine
(IPH)
L'indicateur de pauvreté humaine est une mesure
permettant de caractériser le niveau de pauvreté d'un pays. Il a
été créé par l'ONU. Dans cette optique, la
pauvreté est essentiellement estimée par le nombre de personnes
vivant avec un revenu en dessous d'un niveau (seuil) dit « de
pauvreté », qui était en 2002 de 2 USD par jour par
personne. D'autres niveaux de pauvreté sont fixés à 1,4 et
11 USD par jour, ce qui permet d'affiner l'analyse ; le niveau de revenu de 1
USD par jour étant appelé « niveau d'extrême
pauvreté ».
Pour mesurer l'impact de la pauvreté sur la population,
le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD) utilise
également des indicateurs indirects qui servent à calculer des
indicateurs composites de pauvreté des revenus et des humains que sont
l'IPH-1 et l'IPH-2 (indice de pauvreté humaine) ou HPI-1 et HPI-2
(human poverty index). L'unité des IPH est le pourcent (%),
mais il ne s'agit pas d'un pourcentage de la population à proprement
parler, il s'agit juste de l'homogénéité de la formule.
Plus un IPH est élevé, plus un pays « est pauvre ».
? IPH-1
L'IPH-1 est adapté pour les pays pauvres et se calcule
à partir des indicateurs suivants :
- indicateur de longévité (P1);
- indicateur d'instruction (P2);
- indicateur de conditions de vie (P3).
Sa valeur est le résultat de la moyenne cubique de
trois indicateurs exprimés en pourcentages P1, P2 et
P3 . P1 exprime le pourcentage de décès avant
40 ans ; P2, le pourcentage d'analphabétisme et enfin
P3 représente le manque de conditions de vie décente, il
est lui-même la moyenne arithmétique de trois sous-indices
P31, P32 et P33
(avec P31 le pourcentage de personne privées
d'accès à l'eau
![](Pauvrete-des-menages-et-acces-aux-soins-de-sante-en-RDC-Une-approche-par-l-analyse-factorielle47.png)
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Pauvreté des ménages et accès
aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse
Factorielle des Correspondances.
potable ; P32, le pourcentage de personne
privées d'accès aux services de santé et
P33 le pourcentage d'enfants de moins de cinq ans souffrant
d'insuffisance pondérale modérée ou aiguë). On
calcule alors :
et
![](Pauvrete-des-menages-et-acces-aux-soins-de-sante-en-RDC-Une-approche-par-l-analyse-factorielle48.png)
? IPH-2
L'IPH-2 est adapté aux pays riches ou
développés (il est utilisé pour la plupart des pays de
l'OCDE) et se calcule à partir des indicateurs suivants :
- Indicateur de longévité (P1);
- Indicateur d'instruction (P2);
- Indicateur de conditions de vie (P3);
- Indicateur d'exclusion (P4).
La valeur de l'IPH-2 s'obtient à partir de la moyenne
cubique de quatre indicateurs exprimés en pourcentages, P1,
P2, P3 et P4 (avec P1, le pourcentage de
décès avant 60 ans ; P2, le pourcentage d'illettrisme ;
P3 représente le manque de conditions de vie décentes,
estimé par le pourcentage de personnes vivant en dessous de la
demi-médiane de revenu disponible des ménages : si M est
le niveau de revenus tel qu'une moitié de la population a un revenu
supérieur à M et l'autre moitié un revenu
inférieur à M, alors P3 est le pourcentage de
personnes ayant un revenu inférieur à M/2. Enfin
P4 exprime le pourcentage de personnes en chômage de longue
durée, c'est-à-dire membre de la population active et sans emploi
depuis au moins 12 mois). On calcul alors :
![](Pauvrete-des-menages-et-acces-aux-soins-de-sante-en-RDC-Une-approche-par-l-analyse-factorielle49.png)
![](Pauvrete-des-menages-et-acces-aux-soins-de-sante-en-RDC-Une-approche-par-l-analyse-factorielle50.png)
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Pauvreté des ménages et accès
aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse
Factorielle des Correspondances.
1.1.4.2.
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Comparaison entre les indicateurs de
pauvreté
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Le pourcentage de la population sous le seuil de
pauvreté étant un des facteurs des IPH, il a évidemment
une influence sur leur valeur. Mais c'est souvent le seul indicateur
utilisé pour estimer la pauvreté ; il a l'avantage d'être
simple et de représenter quelque chose de concret (un nombre de
personnes atteinte dans un pays). Est-ce un indicateur suffisant ? Il est
logique qu'un manque de revenus implique une pauvreté, mais une
société basée entièrement sur le troc aurait des
revenus nuls sans nécessairement avoir beaucoup de pauvreté.
Pour les pays développés, si l'on compare le
rang du pays avec le critère IPH-2 et avec le critère «
pourcentage de la population sous le seuil de revenu égal à la
moitié de la médiane des revenus », on constate que :
- L'écart absolu maximal est de 8 rangs ;
- L'estimateur de l'écart type ó (moyenne
quadratique corrigée) vaut 3,66 rangs ;
- Le coefficient de régression vaut 0,79.
On estime en général que deux valeurs sont bien
corrélées si le coefficient de corrélation est
supérieur à 0,87 en valeur absolue. On en conclue que les deux
indicateurs ne représentent pas le même phénomène.
Si l'on prend comme référence l'IPH-2, on conclue que le
pourcentage de population gagnant moins de la demi-médiane n'est pas un
bon indicateur de pauvreté pour les pays développés,
notamment sans doute en raison de mécanismes tels que les politiques
d'accès aux soins et à l'éducation gratuits de certains
pays.
Pour les pays en développement, si l'on compare le rang
du pays avec le critère IPH-1 et avec le critère «
pourcentage de la population sous le seuil de revenu de 1 Usd par jour »,
on constate que :
? L'écart absolu maximal est de 35 rangs ;
? L'estimateur de l'écart type ó (moyenne
quadratique corrigée) vaut 12,93 rangs ; ? Le coefficient de
régression vaut 0,88.
![](Pauvrete-des-menages-et-acces-aux-soins-de-sante-en-RDC-Une-approche-par-l-analyse-factorielle51.png)
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Pauvreté des ménages et accès
aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse
Factorielle des Correspondances.
La trajectoire de ces études, telle que retracée
dans la section consacrée aux définitions permet de distinguer
deux étapes importantes :
Statistiquement, les deux indicateurs sont bien
corrélés, les revenus ont une influence considérable sur
le niveau de pauvreté, sans doute en raison de la carence des services
publics. Par contre, l'estimateur de l'écart type est important, une
valeur de 13 rangs signifiant que si l'on considère un pays au hasard,
on a une chance sur deux que l'écart entre les rangs soient
supérieur à 18. La faiblesse des revenus constitue donc un
élément prépondérant de la pauvreté des pays
en développement, mais n'est pas un élément
d'appréciation suffisant.
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