INTRODUCTION
Depuis le début du 19e siècle, la
situation du handicap constitue un sujet au centre des grands débats. De
nombreux articles ont été publiés pour la défense
des droits des handicapés de tout genre. Plusieurs documents
internationaux ont été adoptés au tournant des
années 1990 en faveurs des personnes handicapées Une lutte
mondiale se livre pour aider à changer la manière dont on
perçoit le handicap. La personne handicapée, au même titre
que quiconque, doit pouvoir s'intégrer dans la société
dans laquelle elle vit ; surtout quand le handicap survient à une
période de l'âge où l'individu se cherche, se construit,
surtout quand ce handicap survient à l'adolescence. L'adolescent normal
a moins de difficultés que l'adolescent devenu handicapé à
construire son identité car souvent la société lui
renvoie une image négative de lui-même qui le stigmatise. Dans ce
sens le handicap physique à l'adolescence constitue un sujet qui nous
intéresse particulièrement. Quand nous savons que l'adolescence
est une période charnière entre l'enfance et l'âge adulte.
À l'adolescence, nous savons la susceptibilité de l'image
corporelle et de l'importance prise par l'apparence. A une période
où le corps de l'adolescent est en pleine transformation, la situation
du handicap vient compliquer le processus de la crise identitaire. L'adolescent
handicapé moteur, est confronté à un corps
persécuteur. Ce corps réclame tous les soins, il occupe toute la
place. Il oblige ainsi l'adolescent à organiser une
réalité qui l'envahit sans cesse douloureusement. Il est
expérience de souffrance permanente, car il rappelle sans cesse sa
présence comme limite irréductible. La situation de handicap
physique laisse des répercussions qui bouleversent le fonctionnement
psychologique de l'adolescent. En réalité, peu d'études se
sont penchées sur ce sujet, et l'effet de l'handicap à cet
âge apparaît moins simple qu'on pourrait le penser.
Dans le cadre de ce travail, nos objectifs sont les
suivants :
- Comprendre comment le handicap physique est susceptible
d'influence l'humeur de l'adolescent devenu handicapé
- Identifier et analyser les facteurs qui contribuent à
augmenter ou diminuer le degré de dépression en tenant compte du
milieu dans lequel cet adolescent vit.
Nous tenons les hypothèses suivantes :
1) Suite à une déficience motrice acquise,
l'adolescent handicapé devient dépressif.
2) Les adolescents qui évoluent au sein de leurs
familles sont moins dépressifs que ceux qui vivent en institutions.
Dans les études faites sur l'handicap physique à
l'adolescence, sa relation avec la dépression constitue un des facteurs
les moins bien connus. C'est la raison pour laquelle nous avons voulu donner
cette orientation la à notre étude. Nous n'avons pas la
prétention de vouloir innover en ce sens, mais nous pensons que c'est
une étude qui mérite d'être faite car elle permettra
d'explorer la question de la déficience motrice à l'adolescence
en rapport avec la dépression.
L'adolescence est une période très importante
dans la vie de tout individu. Elle caractérise le passage de l'enfance
à l'âge adulte (Gisèle Marlière 2007). Avec la
puberté qui caractérise ce stade, l'adolescent va observer tout
un ensemble de transformation d'ordre biologique dans son système. Il
part à la quête de son identité, il se recherche, se
questionne et cherche une certaine autonomie. La puberté est un
moment délicat de l'évolution humaine. Elle déverse
l'adolescent dans un autre corps, et par la suite dans une autre
identité qu'il doit assumer plus ou moins passivement. Ce corps arrache
le jeune au narcissisme propre à l'enfance pour le confronter à
une nouvelle image de lui-même avec laquelle il doit apprendre à
composer. Certains vivent le passage plutôt sereinement, disposant
d'assises et de figures suffisamment rassurantes sur lesquelles ils prennent
appui. D'autres, en revanche, souffrent d'un abîme de contenance ou de
« holding1(*) » pour utiliser le terme de Winnicott
(2003). Ce manque est la source de multiples angoisses se focalisant alors sur
le corps, et particulièrement sur l'image que l'adolescent se fait de
son propre corps ; il va former cette image à partir de la
perception que l'autre lui renvoie. L'adolescence en lui-même est une
période difficile exigeant une certaine adaptation à une nouvelle
situation. Etre adolescent c'est tout un travail dont l'issue serait de devenir
adulte, autonome, cela va donc être une période de conquête
d'autonomie, vis-à-vis de soi même et des autres.
Or des fois, la situation se complique car aux transformations
pubertaires de l'adolescent s'ajoute la déficience plus ou moins grande
d'un handicap physique qui réduit son champ
d'action, qui le fait perdre ou qui limite ses
possibilités de faire un certain nombre d'activités. Comment
l'adolescent peut-il dans ce cas se construire ?
Cette blessure du corps de l'adolescent constitue un
élément déterminant dans son adaptation au monde. Notre
corps étant le premier signe et le premier médiateur de notre
présence au monde et aux autres, il est fort probable que toute
altération des fonctions motrices et de l'harmonie de cet organe ait des
conséquences très importantes dans notre vie. Pour l'adolescent
devenu handicapé, Cela peut influencer sa manière d'être,
d'habiter son corps et de le considérer, de ressentir les situations.
Cette rupture peut aussi avoir des incidences sur sa manière de
s'installer dans un environnement humain et d'être reconnu par les autres
comme un sujet détenteur d'humanité. Pour tout adolescent porteur
d'une déficience ou non, il s'agit d'une étape
particulièrement complexe et difficile à vivre communément
nommée : « crise d'adolescence ». Pour un jeune
handicapé, à cette crise normale, peut s'ajouter la souffrance
plus ou moins sévère de son état. A la recherche
identitaire de l'adolescent et les difficultés qu'elle engendre,
s'ajoute donc la souffrance, plus ou moins marquée, liée au
handicap (Valérie Glaude, 2007). Le handicap constitue une blessure
dans le corps de l'adolescent qui peut amplifier le phénomène de
la crise de l'identité. Il peut avoir des répercussions sur la
perception que l'adolescent handicapé a de lui-même. La blessure
de l'image de soi est une source de fragilité, de dévalorisation
et d'incertitude. La recherche de l'identité, le choix des
modèles auxquels s'identifier et l'affirmation de soi par des prises de
positions personnelles sont rendus plus difficile. Diverses peuvent être
les réactions que peut provoquer le handicap physique : soit un
repli sur soi, un isolement, une véritable solitude, l'absence de prise
de responsabilités. Cette blessure du corps qu'est l'handicap physique
est également génératrice d'angoisse, ce qui entraine la
mise en place de défenses pour protéger le moi, pour
protéger l'harmonie psychique. L'adolescent peut commencer à
ressentir une grande tristesse et du découragement en pensant à
l'avenir. Face à un ensemble de réflexions sur son état,
il peut aussi se sentir responsable de ce qui lui arrive et développer
un sentiment de culpabilité ; ou du moins il peut envisager son
handicap comme une punition. Face au regard des autres, il peut se sentir
inferieur; son intérêt pour eux peut diminuer. En gros cela peut
affecter l'humeur de l'adolescent et déboucher sur la
dépression ; et c'est ce qui nous intéresse
particulièrement.
Dans un rapport sorti en mars 2007 par l'association
socialiste de la personne handicapée, une association qui défend
et représente les personnes handicapées quel que soit leur type
de handicap, quelle que soit leur appartenance philosophique, quel que soit
leur âge, s'est proposée de réfléchir sur les
difficultés que vivent les adolescents vivant avec un handicap physique.
Selon les spécialistes de l'association, le handicap physique constitue
un facteur de blocage à l'épanouissement personnel de
l'adolescent. Ils soutiennent que le handicap physique affecte les fondements
de la crise d'adolescence à savoir la prise d'autonomie et la recherche
de l'identité. Sujet à la dépendance vis-à-vis de
ses parents qui ont eu tendance à développer envers lui un
comportement surprotecteur, l'adolescent handicapé moteur dispose de
moins d'outils que l'adolescent valide pour prendre son autonomie. Dans son
ouvrage « déficiences motrices et handicaps »,
Dominique Crombecque, une des conseillères techniques au service social
de l'association des paralyses de France (l'APF), affirme que quelle que soit
l'origine de son handicap, quel que soit son milieu socioculturel, l'adolescent
handicapé moteur est confronté tous les matins à sa
différence, à sa réalité. Selon elle, le handicap
physique entraine un désavantage social. Elle croit que le handicap
physique provoque une blessure, une souffrance physique mais aussi morale et
éventuellement un sentiment d'injustice. Le regard de l'autre amplifie
cette souffrance et peut provoquer diverses réactions : repli sur
soi, isolement. Cette différence selon elle est source d'exclusion et de
rejet de la part de la société. Suivant ces raisonnements nous
pouvons penser qu'il y ait une certaine probabilité pour que le handicap
physique de l'adolescent débouche sur la dépression. Est-ce bien
le cas ? les questions que nous nous posons sont les suivantes :
Est ce que tous les adolescents ayant acquis un handicap
physique souffrent de dépression ? Quels sont les facteurs qui
peuvent contribuer à faciliter ou diminuer la dépression chez
l'adolescent handicapé ? Cela ne dépend-il pas du milieu
dans lequel il vit ? Le degré de dépression ne varie-t-il
pas en fonction de l'encadrement qu'il a dans sa famille ou l'institution dans
laquelle il est pris en charge ?
Pour conduire à bien notre travail, nous allons
l'organiser autour de trois principaux axes :
D'abord nous ferons une analyse théorique et une revue
des travaux qui porteront sur des études dans les domaines de la
déficience motrice à l'adolescence et la dépression.
Ensuite nous présenterons une approche
méthodologique qui servira à éprouver notre
hypothèse. Elle comportera la présentation des variables, la
population d'étude, les instruments de la recherche, la procédure
de recueil et les techniques de traitement des données.
Enfin, le troisième axe portera sur la
présentation, l'analyse, l'interprétation et la discussion des
résultats.
CONTEXTE THEORIQUE DE LA
RECHERCHE
CHAPITRE I : LE HANDICAP
DEFINITION OPERATIONNELLE
1- Handicap : Définition
opérationnelle
Commençons par clarifier le concept en donnant une
définition précise du handicap. Il en est une sur
laquelle nous sommes tombés d'accord, qui apparut pour la
première fois dans La classification internationale des
handicaps élaborée par le britannique Philip Wood, en
1980 ; et elle fut bientôt reprise et affinée par
l'ONU :
« Le handicap est fonction des rapports des
personnes handicapées avec leur environnement. Il surgit lorsque ces
personnes rencontrent des obstacles culturels, matériels et sociaux qui
sont à la portée de leurs concitoyens. Le handicap réside
dans la perte et la limitation des possibilités de participer, sur un
pied d'égalité avec les autres individus, à la vie de la
communauté. » Et psychiques en cas d'altération de
l'une ou plusieurs d'entre et, d'autre part, les contraintes de son cadre de
vie.2(*)
Retenons également la définition suivante de
Claude Hamonet :
Constitue une situation de handicap le fait pour une personne
de se trouver, de façon durable ou temporaire, limitée dans des
activités personnelles ou restreinte dans sa participation sociale, du
fait de la confrontation interactive entre, d'une part ses capacités
fonctionnelles physiques, sensorielles mentales
D'après la Classification internationale des
handicapés, on nomme ainsi : " toute personne souffrant d'une
déficience, aspect lésionnel, ou d'une incapacité, aspect
fonctionnel, qui limite ou interdit toutes activités
considérées comme normales pour un être humain. "
1.1- Histoire du handicap
De l'expression anglaise « hand in
cap »3(*),
le mot handicap signifie « main dans le chapeau ». Dans le
cadre d'un troc de biens entre deux personnes, il fallait rétablir une
égalité de valeur entre ce qui était donné et ce
qui était reçu : ainsi celui qui recevait un objet d'une
valeur supérieure devait mettre dans un chapeau une somme d'argent pour
rétablir l'équité. L'expression s'est progressivement
transformée en mot puis appliquée au domaine sportif (courses de
chevaux notamment) au XVIIIe siècle. En hippisme, un
handicap correspondait à la volonté de donner autant de
chances à tous les concurrents en imposant des difficultés
supplémentaire aux meilleurs. Historiquement, le handicap se
définissait par opposition à la maladie. Le patient était
malade tant que son problème pouvait être pris en charge
médicalement, il était réputé handicapé une
fois devenu incurable.
Il ne s'agit pas de dresser une histoire canonique, ni de
présenter de simples évolutions chronologiques mais de montrer
rapidement les différents schèmes de représentation que
chaque époque a fait naître : le handicap est aussi le
produit d'un imaginaire collectif, dans lequel la destinée d'une
personne handicapée est souvent enfermée
1.1.1- Les temps reculés : de
l'infirmité à l'handicap
L'Antiquité et la pratique de l'exposition : Le
mythe d'OEdipe4(*)
révèle une attitude ambivalente à l'égard de
l'infirmité : le nom d'OEdipe désigne une infirmité
(aux pieds gonflés) autant qu'un privilège. La figure de
l'aveugle Tisérias est aussi celle du devin...l'Antiquité fait
une distinction entre le déficit d'une fonction sensorielle qui peut
être la marque d'une élection, et la monstruosité qui
révèle une déviance. L'enfant infirme est le signe de la
colère des dieux mais aussi l'être d'exception. Il menace les
normes de l'espèce autant que celles de la
société.5(*)
Il faut soit le tuer, soit le remettre aux dieux en l'exposant.
1.1.2- Le Moyen Age
L'infirme n'est plus le signe d'une culpabilité
collective, mais celui d'un don ; il ne faut plus l'exposer, mais
l'accueillir comme la présence de Dieu. Conception plus mystique que
religieuse, dont François d'Assise est le héraut ; la
représentation de l'infirme accomplit pour ainsi dire un saut
ontologique. Le baiser au lépreux en est le symbole le plus frappant. Au
rejet radical se substitue une acceptation fondamentale. Par ailleurs, le
monstrueux n'est pas perçu comme une déviance, mais comme le
témoignage du pouvoir infini de création de Dieu, dont nous
ne pouvons avoir une vue d'ensemble : le monstre participe de la symphonie
universelle. Les guerres, révoltes de paysans et épidémies
font que la peur reprend le dessus. Tous confus, pauvres et infirmes, doivent
être mis au pas ; l'idée apparaît de les faire
travailler, de les rééduquer par la peine pour garantir la
sécurité de la société.
1.2- L'âge classique
L'Âge classique et le « grand
enfermement »6(*) : premières tentatives de rationalisation
de l'origine de l'infirmité, qui conduit à la
spécialisation et la différenciation. Apparaissent les notions
d'hérédité, mais aussi de contagion. La déficience
innée est mieux distinguée du handicap acquis.
1.2.1- La reconnaissance du sujet : LE XVIIIe
siècle
Le XVIIIème siècle est une étape
importante, qui commence sur un coup d'éclat, avec la
lettre sur les aveugles de
Diderot ; publiée en 1749, elle vaut à son auteur un
séjour en prison!7(*)
Elle fait état des discussions qu'il aurait eu avec le
mathématicien Saunderson, privé de la vue : pour la
première fois, l'idée qu'une personne déficiente puisse
compenser en développant de manière extraordinaire d'autres
facultés, est clairement formulée. Être privé d'une
faculté ne condamne pas à être privé de tout le
reste ; on peut s'adapter à une déficience, en restreindre
les effets. Diderot va même jusqu'à attribuer à l'aveugle
une intelligence abstraite supérieure.
1.3- Handicap congénital et handicap
acquis
Il existe divers types d'handicaps physiques :
- Congénitaux, néonataux et périnataux
(myopathie, malformation, infirme moteur cérébral, spina-bifida,
encéphalopathie...)
- Acquis à la suite de maladie (encéphalopathie,
hémiplégie, poliomyélite, sclérose en plaques,
tuberculoses, rhumatismes...)
- Acquis à la suite d'accidents
(hémiplégie, paraplégie, fractures, amputations,
traumatismes crâniens...)
1.4- Les différents types de
handicap
Parmi les différents types de handicap il y
a : :
1- Les handicaps mentaux
Parmi eux on distingue les déficiences
intellectuelles, autrefois repérées par des vocables comme
« arriération mentale » ou
« débilité mentale ». Les différentes
batteries de test QI sont des outils classiques pour leurs
appréciations. On peut distinguer de cette catégorie complexe des
déficiences plus spécifiques de certaines fonctions cognitives,
comme les déficiences du langage ou d'autres troubles spécifiques
d'apprentissage (dyscalculie, dyspraxies, dyslexie.)
2- Les déficiences psychiques :
Elles comprennent les troubles du fonctionnement de
l'appareil psychique et influent principalement sur les sphères de la
vie relationnelle, de la communication, du comportement par exemple la psychose
ou les troubles bipolaires etc.
3- Handicaps physiques
Ils sont en général scindés selon trois
types de déficience :
3.1- Les déficiences motrices : elles
représentent l'image même du handicap dans l'imaginaire collectif.
Il est significatif à cet égard que le pictogramme symbolisant le
handicap soit la représentation d'une personne en fauteuil roulant.
Ce sont donc des handicaps visibles mais leurs expressions et leurs
conséquences sont très variables
3.2- Les déficiences visuelles : elles sont
symboliques de la grande diversité possible des conséquences pour
un même type de déficience : du simple porteur de verres
correcteurs à la personne aveugle, autre symbole fort de la notion
même de handicap
3.3- Les déficiences auditives : elles sont
moins visibles et plus stigmatisantes que les précédentes parce
que les déficients auditifs ont des difficultés à
communiquer avec les autres.
Il faut compléter ce tour d'horizon des handicaps
physiques par les conséquences des déficiences viscérales
et générales : être atteint d'une insuffisance
cardiaque ou respiratoire (comme dans la mucoviscidose) ou subir les
conséquences mutilantes d'un cancer est aussi un handicap, qui a
longtemps été méconnu en tant que tel.
4- Polyhandicap, plurihandivap, sur
handicap
L'approche par types de déficience représente
une catégorisation bien schématique qui trouve rapidement ses
limites. Trois termes sont souvent utilisés pour décrire des
combinaisons fréquentes de déficiences :
Le poly-handicap : il a reçu une définition
formelle en France dans un texte réglementaire et organisant le type
correspondant d'établissement pour enfant : il s'agit de
l'association de déficiences motrices et intellectuelle
sévères associées éventuellement à d'autres
déficiences, et entrainant une restriction extrême de
l'autonomie.
Le pluri-handicap : il peut être défini par
l'association de plusieurs déficiences ayant approximativement le
même degré de gravité, ceci empêchant de
déterminer une déficience principale et posant des
problèmes particulier de prise en charge car les capacités
restantes ne permettent pas toujours d'utiliser les moyens de compensation des
déficiences psychiques et/ou intellectuelles aux déficiences
d'origine (intellectuelles ou sensorielles par exemple).
Le surhandicap : il est généralement
compris comme l'aggravation d'un handicap existant par les difficultés
relationnelles qu'il provoque, d'autant plus graves qu'elles surviennent en cas
de handicap congénital et compromet gravement le développement
psychique de l'enfant.
En ce qui concerne notre travail, nous tiendrons compte
seulement du handicap moteur. En ce sens il convient de faire une
deuxième distinction entre les handicaps physiques ayant rapport
à leurs origines
1.5- La motricité
La déficience motrice est le plus souvent
associée à l'image de la personne en fauteuil roulant. Pourtant
cette situation ne représente pas la déficience motrice en
général.
La motricité s'appuie sur un schéma corporel
complexe : le système nerveux, la moelle épinière,
les muscles, les nerfs, les articulations... La déficience touche en
fait à l'un ou plusieurs de ces éléments plutôt
qu'à telle ou telle partie du corps.
C'est pourquoi l'on retrouve sous le terme de
« handicap moteur » des affections ou altérations
très diverses, qu'elles soient en lien direct avec la déficience
ou qu'elles constituent des difficultés associées :
paraplégie ou tétraplégie, infirmité motrice
cérébrale, scléroses, amputations, mais aussi scolioses,
polyarthrites, nanisme.8(*)
La déficience motrice peut être
congénitale ou acquise. Une déficience congénitale est due
à une malformation de l'enfant à naître, du squelette ou
des membres par exemple. Une déficience est acquise lorsqu'elle est due
à une maladie, au vieillissement, à l'usure au travail... Dans le
cadre de notre étude nous tiendrons compte de la déficience
motrice acquise car nous pensons que cela va exiger de l'adolescent des efforts
d'adaptation à une nouvelle situation. Ce qui ne sera pas forcement
tâche facile pour lui.
1.6- Revue de la situation du handicap en
Haïti
En Haïti, la problématique des personnes
handicapées est complexe. Les personnes ayant une déficience ne
sont pas réellement intégrées dans la
société. Célébrée, le 3 décembre
à l'échelle mondiale, la Journée des Personnes
handicapées offre l'occasion pour sensibiliser davantage les populations
et améliorer la situation de cette frange le plus souvent
défavorisée de la société. Marginalisation et
stigmatisation sont les termes qui caractérisent les personnes
handicapées. Peu de secteurs de la société haïtienne
sont organisées de manière à faciliter
l'intégration de ce groupe. Les salles de spectacles, les
édifices publics, le transport en commun, la voirie, les écoles,
entres autres ne sont ni équipées ni aménagées en
vue de prendre en compte leurs besoins spécifiques. Un indice de cette
négligence est sans doute le pourcentage, assez faible, d'enfants
handicapés à fréquenter un établissement scolaire :
3%.9(*)
Avant le tremblement de terre du 12 janvier 2010, Haïti
comptait environ 800 000 personnes handicapées, dont 200 000
étaient des enfants, selon les estimations de l'Organisation Mondiale de
la Santé (OMS), rapportées dans le dernier bulletin mensuel de
l'OCHA. Handicap International signale qu'à ces chiffres s'ajoutent
entre 2 000 à 4 000 personnes nouvellement amputées. Cependant,
selon les responsables, malgré l'intégration des besoins des
personnes handicapées dans la stratégie globale de réponse
humanitaire, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer le
soutien à ces personnes.
La population des personnes handicapées,
déjà en prise à de multiples difficultés
d'intégration et d'inclusion sociale se retrouve avec un effectif
estimatif de 1, 200,000 personnes handicapées, majorant ainsi le nombre
de 50 %.10(*)
Selon Handicap International, le nombre de personnes
handicapées en Haïti était évalué à 800
000 avant le tremblement de terre, dont approximativement 200 000 enfants. Dans
un pays où, selon la Banque mondiale, 54% de la population vit avec
moins de un dollar par jour, la plupart des gens se fient à leurs
capacités physiques pour survivre. Dans les zones rurales, comme les
personnes handicapées peuvent ne pas être capables de participer
aux semences, de nourrir les animaux ou d'aller chercher de l'eau, elles
dépendent grandement des autres pour leur survie.2 Les conditions en
milieu urbain sont aussi difficiles. Les personnes handicapées courent
plus de risques de vivre dans des conditions sordides. Un rapport produit en
septembre 2009 par le ministère des Affaires sociales et du Travail
d'Haïti confirme que seulement 3,5 pour cent des 120 000 enfants ayant une
incapacité à Port-au-Prince avaient accès à
l'éducation. Seules deux écoles à Port-au-Prince
répondaient spécifiquement à leurs besoins; elles se sont
écroulées lors du tremblement de terre. Il est plus difficile de
briser le cercle de la pauvreté pour les personnes handicapées
quand elles sont non éduquées, mal nourries et qu'elles vivent
dans des conditions insalubres. Du point de vue des soins de santé,
l'OMS estime que seulement deux pour cent des personnes handicapées dans
les pays en développement bénéficient de services de
réadaptation et de soins de santé appropriés. En
Haïti, l'État n'offre pas d'appui financier pour acheter
béquilles, fauteuils roulants, orthèses ou médicaments.
Des adultes avec de graves problèmes de santé mentale errent dans
les rues alors que d'autres sont en institution dans un des deux importants
centres psychiatriques : Mars et Kline à Port-au-Prince et
Défilé de Beudet à Croix-des-Bouquets, qui a
été sérieusement endommagé lors du tremblement de
terre. La plus forte prévalence de problèmes liés au
stress post-traumatique, de psychoses et de paralysies hystériques suite
au tremblement de terre indique une demande encore plus forte pour des soins
psychiatriques. Les mythes entourant l'incapacité créent des
barrières additionnelles pour les personnes handicapées en
Haïti. Une panoplie de croyances culturelles et religieuses y
mènent à la discrimination. Les incapacités y sont souvent
perçues comme ayant une origine surnaturelle. Par exemple, on peut
soupçonner les enfants faisant des crises d'épilepsie
d'être possédés ou, encore, blâmer des enfants
handicapés pour une mauvaise récolte. Plusieurs parents d'enfants
handicapés les abandonnent ou les cachent de la vue de la
communauté par crainte de représailles et parce qu'ils n'ont pas
les habiletés de base, l'éducation, l'appui de la
collectivité et les ressources financières pour faire face
à la situation. Un enfant abandonné, qu'il souffre ou non d'une
incapacité, a un avenir très sombre en Haïti. Selon Julie
Bergeron, responsable de la protection de l'enfance pour l'UNICEF en
Haïti, des 600 institutions de garde d'enfants en place, moins d'un quart
opère légalement et le reste n'est pas surveillé, faute de
ressources. Dans certains orphelinats, on a rapporté des cas de
sévices, incluant des viols, et des cas de sous-alimentation.11(*)
Quant aux familles prenant soin de leur enfant
handicapé, elles dépendent grandement de l'appui des
organisations non gouvernementales (ONG) étrangères. Et comme
plusieurs parents croient que leur enfant peut être « guéri
» de son incapacité,
Plusieurs traitements échouent. Par exemple, lorsqu'on
leur donne des anticonvulsants pour leur enfant, les parents ont beaucoup de
difficulté à comprendre qu'il n'y aura pas de changement
instantané. Si on ne répond pas à leurs attentes, ils
interrompent le traitement, ce qui peut mener à un plus grand nombre de
crises, à des dommages au cerveau et même à la mort de
l'enfant.
En Haïti, Handicap International estimait que 800 000
personnes vivaient avec une incapacité avant le tremblement de terre du
12 janvier 2010; elles étaient parmi les plus pauvres du pays. Depuis le
séisme, le nombre de personnes handicapées a augmenté
dramatiquement, ce qui exerce encore plus de pression sur des infrastructures
déjà fragiles. Plusieurs enfants nouvellement handicapés
ont aussi perdu leurs parents et leur maison, et les personnes
handicapées qui s'entassaient auparavant à Port-au-Prince se sont
déplacées vers la périphérie, où les
services sont rares. La situation est compliquée par les mythes qui ont
cours à propos des incapacités, mythes qui créent une
barrière à l'aide aux personnes handicapées
--appelées « cocobai » en argot créole, dont le sens
implique qu'elles n'ont aucune valeur. 12(*)
La manière de définir et de comprendre
l'incapacité a changé pendant la dernière décennie.
L'incapacité était autrefois comprise comme une façon de
caractériser un ensemble particulier de limitations
généralement stables. En 2001, l'Organisation mondiale de la
santé (OMS) a adopté un nouveau système de classification
internationale, la Classification internationale du fonctionnement, du handicap
et de la santé (CIF), qui met l'accent sur le statut fonctionnel
plutôt que sur le diagnostic. L'OMS définit l'incapacité
comme une variable contextuelle, dynamique et relative aux circonstances, et
ce, sur la base de l'individu et de son environnement. Par exemple, une
personne avec une incapacité physique qui utilise un fauteuil roulant
est limitée par la société si elle ne peut avoir
accès à un édifice où elle pourrait
travailler.13(*)
Un des progrès qu'Haïti a fait à ce sujet
est la publication de la loi portant sur l'intégration des personnes
handicapées.14(*)
La présente loi parut le 21 mai 2012 dans les colonnes du journal
« Le Moniteur ». Selon l'article 1, ladite loi a pour objet
de promouvoir des principes et des valeurs concourant à
l'intégration pleine et entière des personnes handicapées
dans toutes les sphères de la société Haïtienne. Elle
s'applique à toute communauté nationale, en particulier à
la population des personnes handicapées vivant dans le pays.
CHAPITRE II : L'ADOLESCENCE
2.1- Adolescence :
Définition
Aujourd'hui, définir l'adolescent, ses critères
et ses limites d'âge ne fait pas l'unanimité parmi les chercheurs.
En effet, se référant aux transformations physiologiques qui
surviennent à cette période, l'adolescence est
généralement entendue comme la période de vie qui
s'étend de la puberté à l'âge adulte (Audétat
et Voirol, 1997). Cette période de la vie est caractérisée
par des transformations qui marquent le passage de l'enfance à la
maturité du point de vue biologique. Ces transformations
éveillent des intérêts et des émotions. Elles
provoquent inquiétudes et une hypersensibilité à
l'apparence physique.
Selon Claes (1993), les transformations physiologiques et les
remaniements du schéma corporel apparaissent comme le point de
départ de la crise pubertaire, et provoquent un sentiment de changement
chez l'adolescent. Pour s'affirmer à la fin de sa construction
identitaire, l'adolescent choisit de s'opposer aux autres. Les parents sont les
premières victimes. La famille, telle que perçue par
l'adolescent, se caractérise par des rapports contradictoires de
coopération et d'opposition. L'opposition peut s'exprimer sous des
formes différentes : opposition ouverte ou agression chez les
garçons, résistance plus discrète mais néanmoins
résolue chez les filles.
Sur le plan cognitif, de nouvelles possibilités de
pensée prennent la place des opérations concrètes :
la pensée formelle. Celle-ci permet à l'adolescent de
réfléchir sur des situations abstraites, détachées
des objets concrets. Ceci donne lieu à de nombreuses interrogations du
type `'qui suis-je ?'', `'pourquoi suis-je ici ?''. La pensée
formelle domine donc à ce stade du développement, et on assiste
à une augmentation des périodes de réflexion ou de
rêverie (Bazilashe, 1995).15(*)
Par ailleurs, les études de Simmons et Rosenberg
(1968)16(*) auprès
de 1917 enfants et adolescents américains répartis en trois
groupes d'âges (huit - onze ans / douze-quatorze ans / quinze ans et
plus) ont montré que l'image positive de soi décline au
début de l'adolescence (groupe de douze-quatorze ans) pour se
stabiliser, voire s'améliorer par la suite.
Dolto (1988)17(*) fait remarquer que l'adolescent se montre
vulnérable aux remarques dépréciatives émanant
d'autres adultes qui ont pour rôle d'encadrer les jeunes. Au cours de
cette mutation, il reproduit une fragilité du bébé qui
naît, extrêmement sensible à ce qu'il reçoit comme
regard et entend comme propos le concernant. L'auteur affirme que si les
adolescents sont blessés affectivement au cours de cette période
de vulnérabilité, ils en portent les cicatrices pour toujours.
Dolto (1988) souligne le rôle très important que peuvent jouer
`'les personnes latérales'' (enseignants, animateurs de groupes de
jeunes) pour les fortifier, c'est-à-dire favoriser la confiance en soi,
le dépassement du sentiment d'impuissance et de découragement.
Mais en fait, quelles sont les étapes de cette période de
vie ?
Selon Débesse (1960)18(*), on peut distinguer la prime adolescence de la grande
enfance. En d'autres termes l'adolescence pubertaire, de la 12è et
à la 16è année, où dominent les transformations
organiques, et l'adolescence juvénile de la 16è à la
20è année, où les apprentissages sociaux et culturels
passent au premier plan.
Audétat et Voirol (1997)19(*) admettent que
généralement l'adolescence commence aux alentours de 12 ans et se
poursuit jusqu'aux environs 18-20 ans, quand les principales transformations
biologiques, psychologiques, et sociales sont accomplies.
Quant à Cleas (2001)20(*), il croit que la période de l'adolescence se
situe entre 12 et 18 ans.
2.2- L'adolescence : l'évolution du
mot
Le mot d'origine lui-même, adulescens, existait
déjà dans la Rome antique. Étymologiquement,
adulescens signifie « celui qui est en train de
croître » et ne se réfère à aucune
catégorie d'âge en particulier.
Au long du Moyen Âge, la population est divisée
en enfants et adultes autour de l'âge naturel de la puberté.
Les termes utilisés pour désigner les jeunes
sont alors plus fréquemment liés à l'appartenance à
un groupe ou à une condition sociale qu'à une tranche
d'âge.
Au milieu du XIXe siècle que le mot
adolescence apparaît dans le vocabulaire des sociétés
occidentales pour désigner les jeunes collégiens poursuivant
leurs études et financièrement dépendants. C'est à
cette époque que l'industrialisation prend son essor et que
l'espérance de vie s'accroît. À peu près
simultanément, un costume particulier à cet âge permet de
distinguer les jeunes des enfants et des adultes, mais l'adolescence ne
concerne encore alors qu'un nombre très restreint d'individus
appartenant à la bourgeoisie.
2.3- L'adolescence : une notion nouvelle au
milieu du XIXe siècle
.
C'est
au point de convergence du retard dans l'accès à la
société adulte et de l'institutionnalisation d'une formation
cloisonnée de longue durée que va naître l'idée
d'une « adolescence ».
Les
jeunes sont à la fois précieux pour l'avenir à un moment
où les connaissances évoluent très rapidement, et
dangereux par leurs excès. La prise en main des individus pendant cet
âge jugé malléable s'impose, et les jeunes vont se heurter
à des pressions sociales grandissantes à leur égard. Les
confrontations engendrées contribueront à faire de l'adolescence
une période réputée tumultueuse.
Au
XIXe siècle se développe, avec le triomphe de la
raison, l'idée d'une jeunesse irresponsable. Ce nouveau
« statut » s'accompagne de mesures de
« correction paternelle » dont l'enfermement des enfants
à la demande de leur père (étendu par le Code civil de
1804), et l'enrôlement forcé au régiment ou au couvent. Les
jeunes réagissent de plus en plus souvent par un repliement sur soi, par
des révoltes collectives, des manifestations politisées et
éprouvent une solidarité accrue de classe d'âge
au-delà des clivages sociaux. Les réactions parfois violentes des
fils face à la répression des pères contribuent à
développer, au début du XXe siècle, une peur
des jeunes dont la presse se fait largement l'écho. Durkheim
dénonce les jeunes comme étant des facteurs de
désintégration de la société. Il affirme en 1897,
dans Le Suicide, que « l'appétit sexuel de
l'adolescent le porte à la violence, à la brutalité, voire
au sadisme. Il a le goût du viol et du sang »21(*)
2.4- L'essor des théories de l'adolescence
La
société cherche également, au début du
XXe siècle, dans les théorisations qui vont
transformer l'adolescent en objet d'étude, de nouveaux remèdes
aux problèmes posés par lui, et notamment par la
délinquance qui émerge avec la croissance des grandes
métropoles et de leurs banlieues. Cette demande de théorisation
faite aux spécialistes signe le début de la médicalisation
et de la psychologisation de l'adolescence. Elle conduira à assimiler
à une maladie une période nécessaire de maturation
psycho-socio-physiologique avant le passage à l'âge adulte. Les
premiers travaux psychologiques portant sur l'adolescence sont dus aux
Américains : W. H. Burnham (The Study of Adolescence,
1891) puis G. Stanley Hall (Adolescence, 1904). En Europe francophone,
deux types d'ouvrages se développent à partir du début du
siècle. Les premiers sont de type éducatif et pédagogique,
très moralistes. On peut citer par exemple le livre de Baeteman,
publié en 1922, La Formation de la jeune fille. Les seconds sont de type
scientifique et psychologique et prennent leur essor avec la publication, en
1909, de l'ouvrage de Pierre Mendousse, L'Âme de l'adolescent, qui sera
suivie, dix-neuf ans plus tard, en 1928, de celle de son pendant
féminin, L'Âme de l'adolescente, par le même auteur.
G.
Compayre, avec L'Adolescence en 1910, A. Lemaître, avec La Vie mentale de
l'adolescent et ses anomalies, et P. Gautier, avec la publication de
L'Adolescent en 1914, sont autant d'innovateurs dans le domaine. À
partir de 1935, les travaux de Maurice Debesse dominent les recherches
françaises et préfigurent, avec l'individualisation de la crise
d'originalité juvénile, une véritable psychologie
différentielle de l'adolescent.
La
psychanalyse aussi est sollicitée. Freud, pour sa part,
s'intéresse aux mutations psychologiques qui accompagnent la
puberté (Trois essais sur la théorie de la
sexualité, 1905) mais n'évoque jamais la notion
d'adolescence. Il faut attendre 1922, avec la publication par le psychanalyste
anglo-saxon E. Jones de son livre Quelques Problèmes de
l'Adolescence, pour que le terme adolescence supplante celui de
puberté. En 1936, ultime étape avant la guerre, Anna Freud, dans
Le Moi et le ça à la puberté et
Anxiété instinctuelle pendant la puberté, tente
de faire la jonction entre la puberté freudienne et l'adolescence. La
production d'après guerre prend un essor considérable et la
majorité des publications sont d'origine américaine. E. Bernfeld,
O. Fenichel, H. Deutsch, E. Erikson, A. Freud, M. Klein sont quelques auteurs
importants ayant attaché leur nom aux recherches sur l'adolescence. Le
courant d'« egopsychologie », initié par Hartmann,
Kriss et Loewenstein, se développe aux États-Unis et se consacre
à la recherche d'applications directes de la théorie.
L'adolescence
est progressivement assimilée à une maladie dont il faut
prévenir les troubles. Les avatars médico-psychologiques banals
liés à la puberté sont de plus en plus souvent
considérés comme pathologiques et s'accompagnent de nouvelles
désignations et de nouveaux symptômes, comme les
« troubles de comportement » ou les « tendances
anti-sociales ». Ils donnent lieu à un déploiement
d'interventions éducatives dans les domaines autrefois
protégés de la santé et de la vie affective. En outre,
l'adolescent est de plus en plus souvent considéré comme un
être avec lequel le dialogue est difficile, voire impossible. La fin du
XXe siècle voit se multiplier les enquêtes et les
sondages dans le but de mieux cerner les objectifs et les motivations de ce
groupe étrange considéré comme présentant des
caractéristiques spécifiques, qu'un retour sur leur adolescence,
de la part des adultes, ne permettrait pas d'éclaircir.
Ainsi,
l'adolescence, concept flou correspondant à une période de vie
créée artificiellement pour une formation cloisonnée et
prolongée, acquiert-elle, dans la deuxième moitié du
XXe siècle, une légitimité scientifique
accréditée par l'inflation de publications sur le sujet.
Les
jeunes, certes, ont des difficultés liées à la crise
pubertaire dont le célèbre pédiatre et psychanalyste
anglais D.W. Winnicott s'est attaché à rappeler, en 1971, le
caractère normal et nécessaire. Mais c'est également sur
cette catégorie de la population que se cristallisent les tensions
sociales provoquées par le remaniement actuel des valeurs de notre
société. Comme par le passé, ils jouent un rôle
tampon dans cette période de chômage et de
déséquilibre démographique. Ils sont les miroirs
grossissants de nos inquiétudes et de nos insuccès.
Depuis
les années soixante-dix, il y a deux fois plus de jeunes de 15 ans
à 24 ans en âge d'entrer dans la vie active que d'anciens (55-64
ans) en âge de la quitter. De surcroît, les modalités de
passage à l'âge adulte se sont progressivement
désagrégées. L'adolescent de nos sociétés
modernes acquiert des droits multiples à des âges
différents sans jamais obtenir de statut nouveau : majorité
légale à 18 ans, responsabilité pénale à 15
ans, compte bancaire à 13 ans ou 14-18 ans selon les cas, fin de la
pédiatrie à l'hôpital à 15 ans et 6 mois, sans
parler des âges requis pour conduire un vélomoteur, pour entrer au
cinéma ...
Cette
situation de flou entre deux âges est caractéristique des
sociétés modernes occidentales. Elle n'existe pas dans les
cultures traditionnelles d'Afrique, d'Amérique du Sud ou d'Asie.
L'âge auquel ces sociétés situent le passage de l'enfance
à l'âge adulte est en général situé aux
alentours de la puberté physiologique. Les modalités de passage
peuvent être plus ou moins complexes. Mais, dans tous les cas, la
transition est claire et se passe sans « crise ». Elle fait
l'objet de rites plus ou moins élaborés et plus ou moins longs
selon les sociétés qui, déterminant un avant et un
après, symbolisent l'acquisition d'un nouveau statut social aux yeux de
tous.
2.5- Les transformations à l'adolescence
L'adolescence
se caractérise par des transformations corporelles, l'apparition des
caractères sexuels secondaires mais aussi la maturation neurologique qui
fait que l'adolescent appréhende différemment son environnement.
Les transformations sont aussi affectives, relationnelles, sociales...
En
raison de tous ces changements, du fait d'être dans un entre-deux,
l'adolescence plonge les jeunes dans de nombreux paradoxes. Autonome et
pourtant dépendant, individualiste et pourtant fasciné par le
groupe, dans le doute mais aussi catégorique, tantôt altruiste
tantôt égoïste, l'adolescent, cet être en pleine
mutation, fait l'expérience des contradictions, du paradoxe et de la
souffrance que tout cela engendre. Pour sortir de l'adolescence, il s'agira
d'accepter l'ambivalence.
2.5.1-
Le corps
L'adolescence
est donc avant tout un phénomène pubertaire. Cette transformation
du corps, si rapide, peut faire violence au jeune. Elle vient comme une cassure
brutale entre l'enfance et l'adolescence. Le corps de l'adolescent change
à une telle rapidité qu'il en devient autre et le jeune peut
venir à s'interroger sur cet « autre » qu'il
devient. Tout le travail de l'adolescent sera d'accepter ces transformations
sans se perdre, c'est-à-dire en maintenant intègre son
identité malgré cette image qui change dans le miroir.
Pour
certains adolescents, le corps devient un ennemi, un
« traître » car il est peu fiable : poussée
d'acné, mue de la voix. Ces changements corporels et leur impact sur
l'image du corps entraînent parfois des comportements particuliers :
désinvestissement du corps (refus de se laver) ou à l'inverse
surinvestissement corporel (se regarder des heures dans le miroir) comme si
l'adolescent cherchait mieux à s'approprier son corps, accepter son
propre regard afin de mieux accepter le regard des autres.
2.5.1.2- La pensée
Sur
le plan cognitif, l'adolescent accède à la pensée
formelle, autrement dit il acquière la pensée adulte, capable
d'abstraction : c'est le temps des grandes théories, des
débats sur la religion, la politique etc. Cela lui permet
d'accéder progressivement à une activité réflexive,
c'est-à-dire la capacité de penser ses pensées (double
distanciation vis-à-vis des autres et de soi-même). Ce changement
cognitif est essentiel, l'adolescent est désormais capable
(neurologiquement) de s'interroger sur ce qu'il pense, sur ce qu'il est.
L'enfant pense bien entendu et apprend progressivement à penser dans
l'abstraction c'est-à-dire sans s'appuyer systématiquement sur
des objets réels, concrets). Mais les pensées de l'enfant
s'appuient essentiellement sur celles des adultes. Et s'il peut
développer un argumentaire, celui-ci sera fortement teinté du
discours parental ou scolaire (« mon père dit que
... »). L'enfant a tendance à prendre ce qu'on lui dit pour
argent comptant, remettant peu en cause les idées des adultes. Si
l'enfant s'oppose à l'adulte, c'est davantage dans un souci de se
différencier de lui, de s'opposer à son autorité, que de
proposer une opinion personnelle aboutie (on est davantage dans le
psycho-affectif que dans le domaine de la pensée).
L'adolescent,
lui, peut créer et développer ses propres
pensées, de plus en plus indépendamment de l'adulte ; son
esprit devient critique. Cette nouvelle possibilité ne s'acquière
pas en un jour, et il est souvent difficile pour le jeune adolescent de
différencier clairement ses pensées de celles de l'adulte. C'est
pourquoi les discussions aboutissent souvent en conflit : il teste ainsi
ses idées, s'oppose pour marquer sa différence. Investir les
pensées est un exercice difficile et l'on entend souvent
« ça me prend la tête ». Dans certains cas,
cela peut être à tel point difficile que la pensée est
désinvestie. Cela a des conséquences sur le plan scolaire mais
aussi sur le plan comportemental (agressivité, passage à l'acte,
violence...).
2.5.1.3- Sexualité et relation avec les parents
La
puberté fait entrer l'adolescent dans la sexualité adulte. En
effet le corps devient sexué, ce qui veut dire que l'adolescent est
physiologiquement mature pour avoir des rapports sexuels et est apte à
la procréation. Cela change littéralement son rapport à
l'autre, notamment à ses parents. Son regard change sur les autres, mais
les autres aussi changent de regard sur lui. Cette sexualisation du corps remet
en question ce que l'on appelle le complexe d'Oedipe, questionnement endormi
pendant la phase de latence.
2.5.2- Le complexe d'Oedipe
Le
complexe d'OEdipe est cette période entre 3 et 5 ans où
généralement l'enfant « s'éprend » du
parent du sexe opposé et entre en rivalité avec le parent du
même sexe. La petite fille dévore son père des yeux et veut
se marier avec lui. Le petit garçon écarte le père quand
il veut embrasser la mère. Le rôle des parents à cette
période est de rappeler l'impossibilité de cette union
contre-nature (poser ce qu'on appelle « l'interdit de
l'inceste »). A l'adolescence, la question de l'OEdipe se pose
à nouveau, avec une nouvelle donne : la maturité sexuelle.
La proximité avec les parents qui rassurait l'enfant va devenir
rapidement insupportable (tension interne) pour l'adolescent. Ainsi, les gestes
de tendresse jusque là vécus comme anodins deviennent
embarrassants pour l'adolescent (et pour les parents). Soudain, l'adolescent
refuse les bisous, parfois le moindre contact. L'agressivité
éclate souvent.
Ainsi,
l'adolescent, du fait de sa maturité sexuelle, est amené à
prendre des distances par rapport à ses parents.
2.6- L'importance du corps à l'adolescence
En
1990, Françoise DOLTO qualifie l'adolescence de « complexe du
homard »22(*), se
référant à la fragilité de l'animal qui a perdu sa
carapace et pas encore acquis la nouvelle. L'adolescence est en effet un
passage entre l'enfance et l'âge adulte, et est lié à de
nombreux remaniements tant physiques que psychiques. L'apparition de la
puberté entraîne des modifications du corps et s'impose au
psychisme de l'adolescent. Celui ci subit passivement les transformations du
corps : les règles, les premières éjaculations, les
caractères sexuels secondaires et il doit réapprendre à
assimiler ce corps. Il sait qu'il n'est plus un enfant puisque son corps s'est
modifié, qu'il est désormais capable de procréer.
L'équilibre est précaire entre le corps de l'enfant et celui de
l'adulte qu'il n'est pas encore. « L'adolescent devient gauche, maladroit,
ingrat. S'installe l'inquiétude que les dimensions et les formes du
corps ne soient pas standards. Les bonnes manières laissent la place
à la grossièreté, à l'agressivité et au
refus du rangement, ce qui occasionne des disputes au sein de la famille. En
fait, l'adolescent a des difficultés à habiter ce corps nouveau
dont la puberté l'a affublé, il se sent dysharmonique. Son refus
de l'horaire des repas ou d'une séance de baignoire peut alors traduire
un refus du corps »23(*). Pour les psychanalystes, « l'adolescence peut
se définir par le travail psychique rendu nécessaire par les
bouleversements pubertaires, où se joue le devenir de l'organisation
psychique infantile antérieur »24(*). C'est Sigmund FREUD le premier, dans le domaine de
la psychanalyse, qui s'est intéressé à la question de
l'adolescence et a souligné l'importance de la puberté.25(*) Il semble en effet que les
changements physiologiques de cette période vont avoir un impact sur la
vie pulsionnelle de l'adolescent, puisque le complexe d'OEdipe va, sous
l'influence hormonale réapparaître à ce moment là.
Tout le processus de l'adolescence vise à surmonter la
résurgence du complexe d'OEdipe en luttant contre ses
représentations et en se détachant des parents. Cela peut
expliquer le comportement de nombreux adolescents qui rejettent leurs parents.
Cette transformation va être, à la fois source d'angoisse, de
fierté et d'affirmation. Ici les réactions de l'entourage seront
primordiales. Jalousie paternelle ou maternelle, jeu de séduction,
accession à la pudeur, etc.... Autant de réactions qui influeront
sur l'adolescent. Nous voyons donc que le phénomène physiologique
de la puberté a une incidence sur le psychisme de l'adolescent, sur son
identité.
2.7-
L'image du corps
2.7.1-
Approche de la psychologie génétique
Selon
Henri Wallon, pour que l'enfant arrive à avoir une notion de son corps
cohérente et unifiée, il faut qu'il distingue ce qui doit
être attribué au monde extérieur et ce qui peut être
attribué au corps propre. Le schéma corporel va devoir se
constituer selon les besoins de « l'activité ; c'est le
résultat et la condition de justes rapports entre l'individu et le
milieu ; celui des rapports entre l'espace gestuel et l'espace des objets,
celui de l'accommodation motrice au monde extérieur » (Wallon,
1954)26(*).
2.7.1.2-
Approche psychanalytique : Paul Schilder
Selon
Schilder. L'image du corps, c'est l'image de notre propre corps que nous
formons dans notre esprit, autrement dit la façon dont notre corps nous
apparait à nous
Mêmes.
Schilder définit ce dernier comme «l'image tridimensionnelle que
chacun a de soi-même. Il voit donc le schéma corporel comme un
« standard » spatial, qui nous permet d'avoir une connaissance de la
posture, du mouvement, de la localisation de notre corps dans l'espace et de
son unité. Ce modèle postural du corps n'est pas une
entité statique, fixe, elle est dynamique, c'est-à-dire,
changeante, en croissance, « en perpétuelle auto-construction et
autodestruction interne. (Schilder, 1968)27(*)
2.7.1.3-
Jacques Lacan
Pour
Lacan, l'immaturité proprioceptive du nourrisson lui fait
apparaître son corps comme morcelé, ce manque d'unité du
corps ayant un effet anxiogène. La relation fusionnelle avec sa
mère semble être le seul moyen de satisfaire les données
proprioceptives éparpillées et ainsi d'atténuer l'angoisse
de morcellement. Ce n'est qu'aux environs de 6 mois, que la perception visuelle
a une maturation suffisante pour permettre la reconnaissance d'une forme
humaine. Ceci ne manque pas d'entraîner une modification dans
l'éprouvé affectif et mental du corps : « en prolongement,
en fusion plutôt avec les données proprioceptives
morcelées, viendront s'inscrire les données visuelles
liées au corps de l'Autre ; soudainement s'unifiera, sous la forme de la
`'représentation inconsciente'', ou Imago, cette image de l'Autre, et
à travers elle, la proprioceptivité qui lui était
liée » (Lacan, 1966). A ce moment, on peut observer l'enfant qui
jubile devant le miroir. Cette expérience féconde et riche,
liée à l'apparition de l'imago de l'Autre, est identifiée
par Lacan comme le « stade du miroir ». Cette identification
primordiale va permettre la structuration du « Je »,
l'expérience d'un corps unifié, et va mettre un terme à ce
vécu psychique du fantasme du corps morcelé.28(*)
2.7.1.4-
Françoise Dolto
Pour
Dolto, l'image du corps du sujet est faite des superpositions des images
passées de son corps et de l'image actuelle. Cette image est le lieu
d'intégration des zones de ce corps investies par des échanges
structurants et créatifs. Dans cette optique, le corps devient un lieu
de langage archaïque, non-verbal, une forme dynamiquement structuré
d'un système de significations. Dolto insiste pour « ne pas
confondre image du corps et schéma corporel » (1984, )29(*) elle en propose une
distinction systématique :
2.8-
L'identité et les identifications
L'adolescence
est aussi l'âge ou le sujet s'aperçoit plus ou moins consciemment
à quel point il était jusque là tributaire du rêve
de ses parents, déplacé sur lui. Et qu'il doit remettre en cause
ce qui lui servait alors de repère. Ce qui anime son désir n'est
plus un idéal à accomplir, et les parents doivent comprendre son
intransigeance et ses attitudes d'opposition non comme des attaques
dirigées contre eux mais plutôt comme des tâtonnements qui
l'aident à mieux cerner et faire valoir ce qu'il désire.
Comme nous l'avons vu, il y a un besoin chez l'adolescent de se
détacher des parents mais aussi de faire le deuil du lien aux parents de
la petite enfance. Pour Peter BLOS il s'agirait d'un « second processus de
séparation-individuation ».30(*) Pour Peter BLOS, l'adolescent devrait donc, pour
grandir, se séparer des représentations internes parentales pour
leur substituer de nouveaux objets d'investissement. L'adolescent cherche alors
de nouveaux modèles d'identification. L'identification est « le
processus généralement inconscient par lequel un individu
assimile l'aspect, la propriété, l'attribut d'un autre et se
transforme en partie ou parfois même en totalité suivant le
modèle de celui-ci ».31(*) En ce qui concerne l'identité, il semble
qu'elle soit étroitement liée aux identifications. Pour
KESTEMBERG « Identité et identification sont pratiquement un seul
et même mouvement. On retrouvera dans l'adolescence et à la faveur
du remaniement biologique et avec une acuité particulière, cette
constante communication anxieuse entre l'autre et soi-même, entre
l'identification et l'identité.32(*) A l'adolescence, la constitution de l'identité
du sujet s'appuie donc de plus en plus sur des modèles extra familiaux.
Mais comme le souligne Alain BRACONNIER et Daniel MARCELLI : «
L'adolescent intègre peut être encore plus profondément
qu'avant une partie identificatoire aux deux parents et en particulier au
parent du même sexe. Nous pouvons dire ici « plus
profondément » en raison de la nécessité de se
reconnaître comme différent et autonome de ce parent tout en
s'appuyant au plus profond de soi sur ce qui a pu s'intérioriser de
l'image parentale ».33(*)
Tout
se passe comme si l'adolescent devait se séparer de ceux auxquels il
doit s'identifier. Marcelli souligne l'intérêt du groupe, de la
bande dans cette quête identitaire. Elle donne à l'adolescent
à la fois « une protection, une possibilité de
régression mais aussi un étayage identificatoire de transition
(...) qui permet au jeune de se différencier de l'image paternelle en
cherchant à prélever des fragments d'identité sur les
différents
membres
de la bande tout en s'affirmant lui même porteur de traits paternel mais
à l'extérieur du cadre familial : au milieux des copains, il peut
laisser parler le père qui est en lui sans que cet aveu soit source de
soumission, de faiblesse ou d'allégeance ».34(*)
Cet
anticonformisme exalté étant d'ailleurs plus le fait du sexe
masculin plus enclin à des réactions tournées vers
l'extérieur.
2.9- La crise à l'adolescence
L'adolescence
apparaît avec la puberté lorsque les bouleversements hormonaux
entraînent des changements aussi bien physiologiques que psychologiques.
La crise est le témoin d'un moment critique du développement
humain et en même temps l'expression d'un travail psychique au service de
ce développement. C'est pourquoi on parle de crise d'adolescence, qui
est aujourd'hui bien admis, voire considéré comme un passage
obligé, une période transitoire de la vie. Ce terme de «
crise » suppose que l'on reconnaît une spécificité
adolescente, mais qu'il s'agit d'une période sensible, une
période d'affrontement. Il ne s'agit pas de considérer toutes les
manifestations de l'adolescence comme pathologiques dès lors qu'elles
sont conflictuelles et perturbantes. Il ne s'agit pas non plus de banaliser ou
de sous estimer les manifestations de désarroi les plus violentes La
différence entre normal et pathologique est parfois difficile à
faire par l'entourage.
2.10-
Situation des adolescents en Haïti
En
Haïti certains enfants, au cours de leur période d'adolescence,
travaillent ou se retrouvent en situation de domesticité ; certains
d'entre eux vivent dans les rues et essuient les voitures. Certains d'entre eux
ne jouent pas assez pour leur âge, d'autre ne font presque pas de sport.
Dans les pays occidentaux, on devient adultes quand on travaille ; en
Haïti, le taux de chômage est très élevé, il
atteint 65% de la population active. Cette situation de pauvreté affecte
également les adolescents. Passés l'âge d'adolescence,
certains vivent encore chez leurs parents. Ils sortent difficilement de
l'adolescence. Et même quand ils prennent femme, ils vivent encore sous
le toit des parents.
Dans
son mémoire intitulé « Domesticité et estime de
soi à l'adolescence »35(*), Evenson Lizaire, parlant des adolescents qui vivent
en situation de domesticité en Haïti, croit que le plus souvent ces
adolescents commencent à travailler lorsqu'ils ont quitté le
foyer de leurs parents biologiques pour s'installer dans la famille d'accueil.
Généralement les adolescents qui vivent en domesticité
sont astreints à des travaux divers ; alimenter la maison en eau,
assurer la vente de petits commerces, accompagner les enfants à
l'école, accomplir d'autres tâches ménagères comme
la lessive et la vaisselle. Jean Robert Cadet, dans son livre,
Restavek36(*), affirme que
très souvent certains d'entre eux se lèvent de bonne heure et
dorment très tard en raison du volume de travail qu'ils ont à
accomplir.
Parfois,
poursuit-il, l'enfant ou l''adolescent peut être prêté par
un(e) ami(e) de sa personne responsable pour accomplir ces mêmes taches.
CHAPITRE III : LA DEPRESSION
DEFINITION
En psychiatrie, la dépression est un trouble de l'humeur. Du latin
depressio (enfoncement). Le terme prend son usage psychologique vers le XIXe
siècle.
La
dépression caractérise essentiellement un état de perte de
motivation ou d'élan vital chez un individu, associé ou non a
différents symptômes. Les symptômes les plus courants sont
une perte d'espoir, de l'envie, de l'estime de soi. D'autres signes peuvent
s'associer, tels que l'anxiété ou l'angoisse, la fatigue, la
tristesse, des pensées négatives, des idées noires, des
intentions suicidaires ou d'autres modifications de l'humeur et, dans certains
cas extrêmes, des hallucinations.
La
dépression est souvent multifactorielle et ses causes,
généralement multiples. Elle peut être liée a un ou
plusieurs événements traumatiques ou vécus comme
négatifs (chagrin, crise situationnelle, stress) ou a un environnement
psychosocial et familial hostile. Elle peut s'associer a un autre trouble
psychiatrique ou a une affection somatique.
La
durée du trouble dépressif varie grandement, elle peut aller d'un
épisode qui se résout en une semaine à une séquence
d'épisodes dépressifs majeurs s'étalant sur des
années. Les individus dépressifs ont une espérance de vie
plus courte que ceux qui ne le sont pas en partie à cause du suicide et
d'une plus grande susceptibilité émotionnelle due à un ou
plusieurs troubles mentaux. Les facteurs de risques suicidaires causés
par les médicaments restent inconnus. Les dépressifs et
même ex-dépressif peuvent subir une stigmatisation sociale
Les
connaissances sur la nature et les causes de la dépression ont largement
évolué à travers les siècles, mais elles demeurent
incomplètes ; la recherche sur la dépression est
actuellement un domaine d'étude actif et diversifié. Ces facteurs
sont psychologiques, psychosociaux, héréditaires,
évolutionnaires, biologiques, spirituels, environnementaux, notamment
et à leurs interaction. L'utilisation prolongée de certains types
de substances psychoactives ou psychotropes (alcool, café, tabac,
drogue,) peuvent augmenter la symptomatologie dépressive. Les
traitements psychothérapeutiques sont basés sur des
théories cognitivo-comportementales, l'EMDR, les théories de
personnalité, de communication interpersonnelle de la relation d'aide et
de l'apprentissage.
3.1- Dépression : psychanalyse
Le
terme dépression diffère de la notion de dépression en
psychanalyse qui se distingue sous un registre de psychopathologie
psychanalytique. En psychanalyse, le terme dépression décrit un
processus psychique douloureux lié a une perte sans être
nécessairement pathologique. Est alors distinguée une
dépression normale d'une dépression pathologique.
Le
terme dépression recouvre au moins trois significations. Il peut s'en
rapporter a un symptôme, un syndrome ou une entité nosologique qui
se manifeste par une perte durable de l'élan vital (lassitude,
dépréciation de soi, pessimisme etc.)
Les
symptômes sont similaires à ce que peut produire une
extrême fatigue. Une des caractéristiques est que la fatigue ne
cède pas au repos. Selon Henry Ey (1900-1977) : « il s'agit
d'un processus pathologique extrêmement complexe. De toute
manière, soit comme conséquence, soit comme simple association,
sont ajoutés aux troubles de l'humeur deux autres
phénomènes : l'inhibition et la douleur morale ou le
sentiment de culpabilité . L'inhibition est une sorte de freinage ou
ralentissement des processus psychiques de l'idéation qui réduit
le champ de la conscience et les intérêts, replie le malade sur
lui-même et le pousse à fuir les autres et les relations avec
autrui. Subjectivement, le malade éprouve une lassitude morale, une
difficulté de penser, d'évoquer (troubles de la mémoire),
une fatigue psychique. La douleur morale s'exprime sous forme d'auto
dépréciation qui peut devenir auto accusation, auto punition et
un sentiment de culpabilité qui se manifeste sous forme de
tristesse.
3.2-
Epidémiologie
Les
troubles dépressifs sont au troisième rang des troubles mentaux
après les troubles phobiques et l'alcoolisme. La prévalence
ponctuelle de la symptomatologie dépressive se situe entre 10 et 20 %
dans la population générale. L'épisode dépressif
majeur (EDM) tel qu'il est définit dans les classifications
internationales a une prévalence de 3% sur 6 mois, de 4 a 5% sur 1 an
(Homme : 3% ; Femme : 6%) et 12% sur vie entière
(Homme : 10% ; Femme : 22%)
3.3- Eléments diagnostiques
3.3.1-
Mode de début : L'accès se constitue de
façon progressive, marquant une nette différence avec
l'état antérieur du sujet. Les premiers symptômes sont
souvent un sentiment d'incapacité et de dépréciation, une
indécision croissante, une péjoration de l'avenir, une douleur
morale et un sentiment de culpabilité.
3.3.2-
Phase d'état : le visage est souvent figé, grave
arborant parfois un oméga mélancolique
désigné par les plis du front dans les formes
sévères, le malade est immobile, ralenti avec une activité
spontanée minimale. Le discours est lent, les discours se faisant
entendre, et le ton est classiquement monotone et monocorde.
3.3.3-
Humeur dépressive : la tristesse envahit
entièrement le champ de la conscience et l'ensemble du comportement.
Elle est permanente, insensible au réconfort de l'entourage et
résistante a toute tentative de raisonnement extérieur. La
douleur morale favorise les sentiments d'incapacité et de
dépréciation personnelle, la conviction d'incurabilité et
la péjoration de l'avenir. Inhibition et ralentissement
intellectuel : caractérisée par une lenteur ideatoire et un
appauvrissement, l'inhibition intellectuelle entraine des troubles de la
mémorisation et de la concentration. La diminution du flux verbal
associée peut aller jusqu'à un quasi-mutisme. L'inhibition de la
volonté ou aboulie, associée à une perte de la
capacité à ressentir du plaisir ou anhedonie qui peut
s'étendre du simple émoussement émotionnel à une
anesthésie des sentiments
Idéations
suicidaires, la péjoration de l'avenir, la perte d'espoir
(incurabilité) peuvent favoriser un geste suicidaire impulsif.. Le refus
alimentaire apparait comme une marque d'opposition à sa propre survie
par le patient. Des conduites à risque, des conduites toxicomaniaques
massives et d'autres comportements peuvent être perçus comme des
équivalents suicidaires
3.4- Symptômes somatiques
3.4.1-
Les troubles du sommeil : la dépression est
constatée avec une prédominance en deuxième partie de nuit
(parfois être totale) avec réveil matinal précoce. Dans les
cas les plus sévères, il existe des modifications de
l'enregistrement nocturne EEG (Raccourcissement de la durée de la phase
4, augmentation de la fréquence des interruptions de sommeil), le
sommeil n'est pas réparateur. Parfois il peut s'agir à l'inverse
d'une hypersomnie non réparatrice. Ces troubles sont souvent
couplés à une clinophilie37(*)
3.4.2-
Les troubles alimentaires : on retrouve des conduites
anorectiques avec amaigrissement ou à l'opposé des conduites
boulimiques avec prise de poids, hyperphagie.
3.4.3-
Les troubles sexuels ; il est noté de façon
constante une baisse importante de la libido, baisse du désir qui
s'intègre dans la perte globale d'intérêt. La
frigidité chez la femme et l'impuissance chez l'homme renforcent le
sentiment de dévalorisation et de culpabilité. Il peut aussi
avoir une aménorrhée38(*), des troubles neuro-végétatives.
3.5-
Dépression (DSM IV)
Épisode
dépressif majeur : selon le DSM IV il faut au moins 5 des
symptômes présents pendant une même période minimale
de deux semaines (tous les jours ou presque) avec changement par rapport
à l'état intérieur. Au moins un des symptômes est
soit une humeur triste, soit une perte d'intérêt ou de
plaisir.
Il
n'existe pas de facteurs organiques dans l'initiation ou le maintien de
l'épisode
Episode
dépressif majeur avec caractéristiques
Mélancoliques
La
mélancolie représente une dépression
particulièrement grave de part son intensité, son risque
suicidaire, son absence de lien avec des événements de vie
(autrefois dépression endogène). Elle se caractérise par
une douleur morale profonde, un désir de mort important et permanent, un
risque suicidaire majeur (surtout lors de la levée d'inhibition). Le
ralentissement psycho moteur est majeur associé à un mutisme ou
monoïdéisme.
Enfin,
les idées de dévalorisation, d'autoaccusation, de
culpabilité et d'indignité complètent le tableau clinique.
Le
DSM IV le présente de la façon suivante :
Perte
d'intérêt ou de plaisir et/ou non réactivité aux
stimuli habituellement agréables avec au moins trois des symptômes
suivants :
-
Qualité particulière de l'humeur
-
Dépression plus marquée le matin
-
Réveils précoces vers 4 heures du matin
-
Ralentissement ou agitation psychomotrice
-
Comportement alimentaire anorectique ou perte significative de poids
-
Culpabilité excessive
3.6-
Troubles dysthymiques
Il
s'agit de la forme actuelle de l'ancienne dépression névrotique.
A la différence des deux précédentes troubles, il s'agit
de dépression mineures dans leur intensité mais durables. Selon
les critères du DSM-IV, l'humeur dépressive doit être
présente pratiquement toute la journée, au moins un jour sur deux
ou au moins deux ans. On doit retrouver au moins deux des symptômes
suivants ;
-
Diminution de l'appétit ou hyperphagie
-
Insomnie ou hypersomnie
-
Diminution de l'énergie ou fatigue
-
Baisse de l'estime de soi
-
Troubles de la concentration et indécision
-
Sentiment de désespoir
3.6.1-
Formes cliniques
- Les dépressions mélancoliques
-
Mélancolie anxieuse : les signes d'anxiété
sont au premier rang avec des débordements émotionnels prenant
des fois un aspect théâtral ; agitation constante avec risque
majeur de passage a l'acte
-
Mélancolie stuporeuse : elle représente
l'apogée de l'inhibition psychomotrice. La mimique est souvent
évocatrice de l'immense douleur morale sous jacente
-
Mélancolie délirante : les thèmes classiques
de la dépression sont les idées d'indignité, de
culpabilité, de deuil et de ruine, et enfin les idées
hypochondriaques
-
Dépression masquée : le sujet exprime ses affects
dépressifs en termes de plaintes physiques (insomnie et fatigue,
anorexie, gastralgie, constipations, oppression thoraciques, dyspnées,
céphalée, lombalgie)
-
Dépression saisonnière : les troubles se
répètent a une période précise de
l'année
3.6.2-
Particularités
Du
point de vue clinique, il est noté un changement par rapport au
comportement et au monde relationnel antérieur, une irritabilité
(colère, opposition) une interruption des activités de sport,
loisirs) une instabilité psychomotrice.
Chez
l'adolescent, la dépression se caractérise par un début
particulièrement brutal sans cause déclenchant avec comme
particularité la rareté des affects dépressifs
exprimés ; elle est le plus souvent remplacée par une
irritabilité avec émotions et conduites impulsives
associées à un ralentissement psychique et moteur. Les plaintes
somatiques sont également fréquentes. Cette dépression
s'accompagne fréquemment d'une baisse des résultats
scolaires.
3.6.3- dépression et déséquilibre
hormonal
Un
déséquilibre dans la chimie des neurotransmetteurs du cerveau et
également un de déséquilibre hormonal serait une des
causes de la dépression. Parmi les bouleversements biologiques, on
retrouve:
1.
De nombreuses hormones sont en baisses
2.
Une capacité immunitaire affaiblie
3.
Une baisse de sérotonine jouant un rôle sur le sommeil et
l'appétit
4.
Une diminution de la noradrénaline qui diminue le plaisir en se
caractérisant par une perte d'énergie et un manque
d'intérêt pour les activités d'ordinaire
agréables
CHAPITRE IV : LE HANDICAP PHYSIQUE DE
L'ADOLESCENT
Etre
adolescent c'est tout un travail dont l'issue serait de devenir adulte,
autonome. Cela va donc être une période de conquête,
d'autonomie, vis-à-vis de soi même et des autres.
Pour
l'adolescent handicapé, cette conquête est parfois plus complexe.
Dans un premier temps parce qu'il peut avoir besoin de l'autre pour faire des
choses que les autres peuvent faire seuls. Etre autonome quand on a sans cesse
besoin de l'autre, ce n'est pas simple. Ensuite cela se complique aussi car
l'entourage peut maintenir cette dépendance et craindre la prise
d'autonomie de l'adolescent. Quelques fois l'entourage a tendance à
vouloir protéger, surprotéger les adolescents porteur d'un
handicap. Le handicap peut être utilisé par les parents pour
empêcher leurs enfants de faire certaines choses qui les
inquiètent ; car voir son enfant devenir adolescent, c'est aussi
tout un travail pour les parents. La conquête est alors beaucoup plus
rude pour l'adolescent. Les adolescents peuvent aussi se refugier
derrière leur handicap pour ne pas affronter les difficultés
rencontrées à cet âge
Vivre
le handicap à cet âge est donc complexe. Mais la
compréhension, l'écoute de cette complexité permet
d'évoluer et de grandir.
4.1- handicap physique à l'adolescence et regard de
l'autre
Le
regard de l'autre posé sur le corps de l'adolescent handicapé
peut déclencher un certain nombre d'émotions et de sentiments qui
les renvoient à leurs difficultés d'être, parce qu'il met
souvent l'accent sur le manque, la différence. Il y a le regard des
autres et l'idée qu'ils s'en font, qui est fonction de la manière
dont ils vivent leur dissemblance. Ils vivent dans une sorte d'ambivalence en
ce qui concerne le regard que l'on leur porte. Celui-ci peut renforcer le
sentiment de leur étrangeté, mais il peut aussi être
porteur de reconnaissance. Il y a des personnes handicapées qui se
plaignent qu'on les regarde, il y en a d'autres qui sont un peu surprises qu'on
ne les regarde pas, parce que l'autre, par ce regard, pourrait confirmer leur
existence. La manière dont une personne regarde l'autre en dit long sur
ses sentiments à son égard et ce regard de réassurance est
recherché avec avidité par quelqu'un qui ne porte pas la marque
de la conformité ou qui sort de l'hôpital ou du centre de
rééducation dans un corps dont il a le sentiment qu'il n'est plus
le sien et qui est devenu un lieu de souffrance.
Le
handicap physique, visible d'emblée, affirme une différence qui
peut aboutir à l'exclusion et même entraîner une certaine
stigmatisation. Dans une société qui privilégie
l'esthétique, l'adolescent handicapé est confrontée
à connaître, apprécier, estimer un corps différent,
à le reconnaître, à le reconquérir.
Le
handicap physique provoque une blessure, une souffrance physique mais aussi
morale et éventuellement un sentiment d'injustice. Le regard de l'autre
amplifie cette souffrance et, petit à petit, peut provoquer diverses
réactions : soit un repli sur soi, un isolement, une véritable
solitude, l'absence de prise de responsabilité ou de risque (le refus du
handicap peut conduire aussi à la marginalisation). Soit à
l'inverse, parfois, à la provocation, l'agressivité, un certain
exhibitionnisme, une prise de risque démesurée (défis
sportifs par exemple).
Malgré
l'évolution des mentalités, la différence est source
d'exclusion et de rejet de la part de la société. Le souci de
l'accessibilité n'est pas encore un réflexe des promoteurs, des
constructeurs et encore moins des transporteurs. Les activités
sportives, socioculturelles et de loisirs sélectionnent souvent
" l'élite des participants handicapés et se
préoccupent peu de ceux pour qui l'intégration pose
problème.
4.2- Dépendance de l'adolescent par rapport a son
handicap physique
Le
handicap physique interfère dans les relations avec les autres et plus
particulièrement avec les amis, parents, l'entourage
" aidant ". Le besoin d'aide pour les actes quotidiens perturbe
parfois les sentiments et pèse sur les échanges
égalitaires entre les personnes qui s'aiment. La pitié peut
remplacer l'amour, l'autre ne devient plus qu'un objet de soin.
Le
manque de " reconnaissance de soi " dans une relation de
dépendance physique et l'image de soi
" dégradée " peuvent gêner, empêcher, les
rencontres affectives des adolescents handicapés, les amener à
rejeter les autres, les agresser ou exprimer un découragement, une
jalousie de ne pouvoir faire, réaliser ou au contraire les conduire
à s'installer dans cette dépendance.
La
dépendance peut entraîner de la part de l'entourage une
réelle infantilisation de l'adolescent handicapé : on pense pour
lui, on parle pour lui, on fait à sa place... La dépendance est
perte d'identité quand elle n'autorise aucune participation de
l'adolescent handicapé et peut être source de
démoralisation importante. La lourdeur de certaines prises en charge
médicales est insupportable. La rééducation, les
traitements, les soins rappellent sans cesse le quotidien, les contraintes de
ce corps différent d'autant plus qu'ils s'imposent plus souvent qu'ils
ne sont négociés, sinon expliqués, pour impliquer la
personne handicapée.
Par
contre on peut également considérer cette dépendance aux
autres comme un gain secondaire39(*) pour l'adolescent.
Toutes
ces difficultés renforcent aussi la culpabilité, celle de
l'adolescent handicapé. Pour y faire face, il faut trouver un juste
équilibre entre les peurs, les stress, les volontés, les besoins
de pouvoirs, les valeurs des uns et des autres pour assurer la dynamique de
l'adolescent handicapé et la " libération " de son
entourage qui a souvent du mal à trouver l'attitude juste, oscillant
entre surprotection et rejet.
4.3- efforts et réalisation de projets de l'adolescent
handicapé
Vivre
avec un handicap physique nécessite des efforts réguliers sinon
constants pour se déplacer, se mouvoir, communiquer, agir. Un simple
déplacement peut devenir un acte impossible à
réaliser.
« Toute
personne a besoin de se projeter dans l'avenir, de réaliser, qu'il
s'agisse d'un simple projet de sortie, d'un projet professionnel, d'un
désir de vie en couple, d'un désir d'enfant, d'un engagement
militant... Tout projet envisagé par l'adolescent handicapé se
heurte à une multitude d'obstacles matériels et humains
supplémentaires et demande pour aboutir plus de volonté, de
dépassement.
Il
devra certes dépenser plus d'énergie pour réaliser ce
qu'il souhaite mais il devra aussi, pour peu qu'un projet présente
quelques risques ou difficultés particulières pour être
mené à terme, convaincre ses interlocuteurs qui trop souvent ne
voient en elle que ses incapacités et déficiences et oublient ses
potentialités - car enfermés dans leurs préjugés,
leurs " étiquettes ", leurs valeurs. Pour l'adolescent
handicapé, il ne s'agit pas seulement de s'adapter, se défendre,
mais aussi de se situer, de construire une image de soi, d'être capable
de réalisations de projets, d'avoir des attitudes personnelles... en un
mot d'exister ».40(*)
CHAPITRE V : CADRE METHODOLOGIQUE
Dans
ce chapitre nous allons présenter les grandes lignes qui guideront notre
travail de recherche. Il présentera les démarches
méthodologiques qui nous permettront de vérifier dans la
réalité notre hypothèse de
recherche.
5.1- Objectif de la recherche
Cette recherche vise à saisir le lien qui existe entre le Handicap
physique à l'adolescence et la dépression. Nous voulons
identifier, analyser et comprendre les facteurs qui influent sur le
degré de dépression de l'adolescent haïtien devenu
handicapé
5.2- Définition opératoire des variables
Hypothèses
de recherche :
-
suite à un handicap physique acquis, l'adolescent devient
dépressif
- Les adolescents qui évoluent au sein de leurs familles sont moins
dépressifs que ceux qui vivent en institutions.
5.2.1- Définition de la variable
indépendante : handicap physique
Dans
un ouvrage intitulé « Déficiences motrices et
handicaps » réédité en 2002 sous le titre
« Déficiences motrices et situations de handicap
moteur » et édité par l'association des
paralysés de France, Michel DELCEY, médecin et conseiller
médical de
l'association,
définissait ainsi la déficience physique :
« Une
déficience physique est une atteinte (perte de substance ou
altération d'une structure ou fonction, physiologique ou anatomique) de
la motricité, c'est à dire de la capacité du corps ou
d'une partie du corps à se mouvoir, quels que soient le but ou la
fonction du mouvement produit :
·
Déplacement (locomotion, transferts, etc.)
·
fonction posturale (se tenir debout, assis, etc.)
·
action sur le monde extérieur (préhension, manipulation d'objets,
etc.)
·
communication (paroles, gestes et mimiques, écriture, etc.)
·
Alimentation (mastication, déglutition, etc.)
·
perception du monde extérieur (mouvement des yeux et de la tête.)
·
mouvement réflexe (exemple : retrait de la main qui touche un objet
brûlant) etc.
Cependant
il ne serait pas inutile de définir quelques termes importants tels la
déficience, l'incapacité, le handicap ou désavantage
-
LA DEFICIENCE : perte ou anomalie d'une structure ou fonction psychique,
physiologique ou anatomique. (ex : la perte ou absence de la vue pour un
enfant)
-
L'INCAPACITE : réduction ou absence due à une
déficience, de la capacité à exercer une activité
dans toute sa plénitude dite « normale ».
(d'où l'incapacité à lire un livre)
-
LE HANDICAP OU DESAVANTAGE : qui surgit lorsqu'une incapacité ou
une déficience empêche l'individu d'avoir un rapport à son
milieu naturel. (et donc l'impossibilité d'aller à l'école
avec les autres.)
Dés
lors, il faut différencier ce qui est définitif (la
déficience), du moins en l'état actuel de la science, de ce qui
peut être atténué ou supprimé : les
améliorations techniques peuvent annuler une incapacité (de
l'écriture en braille au fauteuil roulant en passant par le
synthétiseur vocal), de même que l'aménagement du milieu de
vie, qui passe aussi bien par l'adaptation de l'espace que par le changement
des mentalités, pourrait supprimer le handicap.
Les
modalités du handicap physique
Handicap
physique : léger, moyen, profond
INDICATEURS
Handicap
léger
Perte
ou atrophie d'un membre inférieur ou supérieur
Utilisation
de matériel de soutien : béquille, prothèse.
Handicap
moyen
-perte
ou atrophie des deux membres inférieurs et/ou supérieurs
-paralysie
partielle du corps
-utilisation
de chaise roulante comme matériel de soutien
Handicap
profond
-paralysie
complète du corps
Qu'en
est-il de la dépression ?
5.2.2- Définition de la variable
dépendante : la dépression
La
dépression est une maladie psychique se manifestant par une tristesse,
une perte d'intérêt et d'estime de soi, un sentiment de
culpabilité, voire une tendance au suicide.
En
psychiatrie, La dépression provident du verbe latin
« deprimere » (déprimer) qui peut être traduit
par « enfoncement ». C'est un trouble de l'humeur.
L'humeur
quant à elle, est une disposition affective de base qui nous fait
osciller de la joie la plus extrême à la tristesse la plus
douloureuse. C'est en fait un état d'esprit qui va influer sur la
manière dont nous allons percevoir et interpréter les
événements
L'humeur
est triste et désespérée. Le malade est sans joie et
opprimé, parfois il est incapable de percevoir tout sentiment. En
général, l'humeur est au pire le matin. Conscience de soi
amoindrie et sentiments de culpabilité: Des pensées
fréquentes sont «j'ai échoué; je suis fautif; je suis
une charge pour les autres; je n'ai pas d'avenir; plus rien n'a de
sens».Perte d'intérêt: Les habitudes se modifient, les
passe-temps sont délaissés, tout semble monotone et vide.
Les
modalités de la dépression
-
dépression majeure
-
dépression mineure
Nous
pouvons également considérer les modalités telles que
définies dans l'inventaire de dépression de Beck (Voir
Annexe)
LES
INDICATEURS DE LA DEPRESSION
La
dépression se manifeste par un changement du comportement habituel et
une multitude de signes variant selon la personne et les moments. Voici
quelques-uns des signes de la dépression les plus fréquemment
retrouvés
Signes
physiques
·
Fatigue permanente;
·
Problèmes de sommeil (insomnie ou au contraire hypersomnie);
·
Modifications de l'appétit avec retentissement sur le poids (perte ou
gain de poids);
·
Douleurs corporelles (mal de tête, douleurs dans la poitrine, douleurs
musculaires...).
Signes
psychologiques
·
"Humeur dépressive" : pessimisme et vision négative de
l'existence, de soi-même, de l'avenir. Idées noires et
pensées de mort (idées suicidaires, plans ou tentatives de
suicide);
·
L'anxiété est quasiment constante et d'intensité variable.
·
Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou
inadaptée.
·
Signes émotionnels
·
Absence d'envie et de plaisir (anhédonie). Incapacité à
s'intéresser ou à prendre du plaisir comme d'habitude.
·
Émotions tristes permanentes ou très fréquentes
Signes
comportementaux
·
Difficultés à agir (problèmes pour démarrer une
activité ou pour persévérer) et à penser
(problèmes de concentration et de mémoire, indécision);
·
Difficultés à communiquer : besoin de solitude, fatigue à
parler et à expliquer, sentiment d'être incompris.
METHODE : Notre recherche est de nature qualitative. Nous avons fait choix
de cette méthode parce que nous estimons qu'elle nous facilitera une
meilleure compréhension du phénomène étudié
d'autant plus que nous avons un nombre réduit de sujets pour notre
étude.
5.3-
Milieu et échantillon de recherche
Notre étude s'est réalisée dans deux principales
institutions qui oeuvrent dans la prise en charge des adolescents qui vivent
avec un handicap physique
1)
MEFIBOCHET
2)
L'École ST VINCENT
Dans notre recherche, nous avons fait choix des enfants âgés entre
11 à 18 ans, tous vivant avec un handicap physique et sachant lire et
écrire. Qu'ils soient en institution ou vivant au sein de leur famille,
les adolescents viennent tous d'un milieu défavorisés
5.5-
Technique d'échantillonnage et taille de
l'échantillon
Pour arriver a construire notre échantillon, nous avons fait plusieurs
démarches; parmi elles des visites de prospection pour établir
les contacts avec les responsables des institutions afin de pouvoir
requérir une aide en ce qui a trait à la catégorie
d'enfants dont nous voulons faire participer à la recherche à
savoir des adolescents devenus handicapés. Ces responsables nous ont
fait visiter les différentes classes afin de trouver les enfants se
trouvant dans la catégorie d'âge que nous recherchons à
savoir 11 à 18 ans. Nous avons d'abord été dans le centre
MEFIBOCHET, une fois les recherches terminées là-bas, nous avons
commencé à travailler avec les enfants du centre Saint Vincent.
Et les mêmes démarches ont été effectuées.
Voici
la taille de l'échantillon de notre recherche :
5.6-
Outils de collecte des données
Dans notre travail, nous avons tente de voir dans quelle mesure l'handicap
physique entraîne la dépression chez l'adolescent. Nous avons
utilisé un test qui mesure ce trouble. L'IDB (l'inventaire de
dépression de Beck). Un test d'approche cognitive couramment
utilisé en recherche et en pratique clinique. Ce test est
présenté à titre informatif. C'est un instrument
standardisé qui diagnostique la présence de dépression et
son degré de gravité. Le Test contient 21 items. Chaque item
constitue la mesure d'un des symptômes de la dépression.
5.9- Procédure de passation
Pour
administrer le test, nous avons pris soin d'établir un cadre pouvant
favoriser la passation du test c'est-à-dire un endroit ou les enfants
peuvent s'asseoir et écrire convenablement. Pour ce qui est du centre
MEFIBOCHET, les responsables nous ont accordé un espace assez large;
une grande cours dans laquelle il y avait des chaises. Les enfants ayant
répondu aux critères que nous avons établis à
savoir ceux âgés entre 11 et 18 ans se sont réunis pour la
passation du test. A SAINT VINCENT par contre nous avons du faire plusieurs
visites soient trois pour pouvoir arriver à passer le test ; car
plusieurs des adolescents qui répondaient aux critères de
sélection étaient des externes c'est-à-dire des enfants
qui fréquentent le centre mais qui n'y restent pas.
Dans
les deux cas, nous avons pris le soin de bien passer les consignes. Nous avons
administré le test à chacun des adolescents. Ils devaient remplir
le formulaire eux même. Placé à coté de nous,
l'adolescent devrait prendre le soin de bien lire le test et de choisir une des
réponses à chaque Item ; sachant que le choix des
réponses allait de 0 à 3 il n'était pas admis qu'un
adolescent puisse choisir deux réponses en même temps. S'il y a
une erreur dans une copie, il leur était clairement demandé de
prendre une autre copie du test. Nous avons également insisté sur
le fait qu'il ne s'agissait pas d'avoir une bonne réponse mais par
contre de choisir la réponse qui correspond le mieux à leur
situation, à ce qu'ils ressentent. Sachant que certains mots
tels : Irritation, libido etc., allaient peu être paraitre difficile
à comprendre, nous avons demandé aux enfants de ne pas
répondre à une question dont ils ne comprennent pas et de prendre
le soin de demander une explication à chaque mot difficile a comprendre.
5.10- Avantages et Limites
Nous
pensons que notre travail est une contribution parmi d'autres dans la
littérature qui pourrait nous aider dans la compréhension de
l'impact du handicap physique sur l'adolescent Haïtien. En effet, compte
tenu du fait que le rapport entre la dépression et l'handicap physique
chez l'adolescent reste un terrain qui n'est pas trop exploré ;
nous pensons avoir apporté un plus qui ne serait pas négligeable.
Les résultats obtenus au cours de notre travail pourraient servir
à d'autres chercheurs qui souhaiteraient aller plus en profondeur dans
la question. En effet, notre recherche laisse d'autres fenêtres possibles
dont les études pourraient venir compléter la
compréhension du rapport entre la variable Handicap physique et celle de
la dépression à l'adolescence,
Par
contre nous pensons que notre étude contient des faiblesses qu'il faut
noter d'avance afin d'éviter toute généralisation. En
effet, il est important de signaler les limites de cette étude afin
d'éviter des confusions. Nous pensons qu'un nombre plus
élevé de sujets pourrait donner à notre étude plus
d'assise ; en effet, il a été difficile pour nous de trouve
le public cible pour cette étude à savoir des adolescents vivant
avec un handicap physique acquis. Ensuite nous pensons que notre étude a
manqué de prendre en compte d'autres aspects tels la façon dont
l'handicap est vécu selon que l'adolescent se trouve en milieu rural ou
en milieu urbain, qu'il soit en situation de domesticité ou enfant des
rues.
Le
test que nous avons utilisé n'a pas été traduit en
créole et adapté à Haïti ; et comme nous l'avons
dit le questionnaire n'a pas été traduit parce que nous voulions
éviter toute altération de son sens.
Nous
aurions pu considérer l'hypothèse selon laquelle les adolescentes
sont plus dépressives que les adolescents mais nous ne l'avons pas fait
à cause de la faiblesse de notre échantillon.
Nous
avons eu l'opportunité de consulter des mémoires de sorties
d'autres étudiants qui ont travaillé sur le rapport entre
l'estime de soi et l'adolescent vivant en situation de domesticité, du
handicap a l'adolescence et l'estime de soi ; nous pensons que la notre
vient compléter ces recherche dans la mesure où cette
étude nous permettra de mieux saisir le rapport existant entre la
dépression et l'adolescent ayant acquis un handicap physique.
PRESENTATION,
ANALYSES ET INTERPRETATION DES RESULTATS
CHAPITRE
VI : PRESENTATION, ANALYSES ET INTERPRETATION, DES RESULTATS
Tableau
1 : Répartition des enfants selon l'âge
Age
Moyen des enfants interviewés = 14 ans.
Tableau
2 : Répartition des sujets selon le sexe
Féminin
58.3%
Masculin
41.7%
Tableau 3 : Répartition des sujets selon le
sexe et l'âge
Age
|
Féminin
|
Masculin
|
Ensemble
|
11 ans
|
Effectif
|
0
|
1
|
1
|
Pourcentage
|
0%
|
8.3%
|
8.3%
|
12 ans
|
Effectif
|
1
|
1
|
2
|
Pourcentage
|
8.3%
|
8.3%
|
16.7%
|
13 ans
|
Effectif
|
2
|
0
|
2
|
Pourcentage
|
16.7%
|
0%
|
16.7%
|
14 ans
|
Effectif
|
0
|
2
|
2
|
Pourcentage
|
0.0%
|
16.7%
|
16.7%
|
15 ans
|
Effectif
|
2
|
0
|
2
|
Pourcentage
|
16.7%
|
0%
|
16.7%
|
16 ans
|
Effectif
|
1
|
1
|
2
|
Pourcentage
|
8.3%
|
8.3%
|
16.7%
|
17 ans
|
Effectif
|
1
|
0
|
1
|
Pourcentage
|
8.3%
|
0%
|
8.3%
|
Total
|
Effectif
|
7
|
5
|
12
|
Pourcentage
|
58.3%
|
41.7%
|
100%
|
Les tableaux 1 et 2 présentent une répartition
des sujets selon l'âge (Tableau 1) et selon le sexe (Tableau 2). Il faut
noter que l'âge moyen des sujets ayant été
interviewés est de 14 ans. Il faut aussi remarquer un fort pourcentage
de filles parmi ces sujets soit 58.3 % de filles et 41.7% de garçons,
comme c'est indiqué dans le graphe précédent.
Le troisième tableau fait ressortir la
corrélation entre le sexe et l'âge des sujets. Les sujets de sexe
féminin de 13 et de 15 ans représentent chacun 16% de la
population de recherche. Tandis que, chez les garçons, on retrouve ce
même pourcentage chez les sujets âgés de 15 ans.
Tableau 4 : Répartition des sujets selon le
type de prise en charge
Type de prise en charge
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Centre residential
|
3
|
25%
|
Famille
|
9
|
75%
|
Total
|
12
|
100%
|
Tableau 5 : Répartition des sujets selon
l'âge d'acquisition du handicap
Age d'acquisition du handicap
|
Effectif
|
Pourcentage
|
7 ans
|
1
|
8.3%
|
8 ans
|
2
|
16.7%
|
9 ans
|
1
|
8.3%
|
10 ans
|
2
|
16.7%
|
11 ans
|
3
|
25%
|
12 ans
|
1
|
8.3%
|
13 ans
|
1
|
8.3%
|
14 ans
|
1
|
8.3%
|
Total
|
12
|
100%
|
Age Moyen des enfants interviewés = 10.3
ans.
Nous avons tenu au cours de notre recherche de mettre un peu
d'emphase sur le type de prise en charge dont faisait parti les sujets. Nous
pensons que cette information n'est pas négligeable dans la mesure ou
elle nous permet de voir comment les adolescents handicapés moteur
interviewés évoluent tenant compte de l'environnement dans lequel
il se retrouve, dépendamment de la ou des personnes qui le prend en
charge son handicap moteur. Parmi les sujets, 25% vivent dans des centres
résidentiels ; dans notre cas c'est l'orphelinat Mefibochet, sise
à Tabarre. Les autres 75 % eux vivent au sein de leur famille et sont
des externes à St Vincent.
Un des autres facteurs que nous avons pris en compte au cours
de notre recherche c'est l'âge d'acquisition du Handicap. Les sujets
ayant acquis leur handicap à l'âge de 8 et de 10 ans
représentent chacun d'eux 16.7 % de la population de notre recherche. Il
faut noter que l'âge moyen d'acquisition du Handicap parmi les sujets de
notre étude est de 10.3 ans.
Tableau 6 : Répartition des sujets Selon le
sexe et l'âge d'acquisition du handicap
Age d'acquisition du handicap
|
Féminin
|
Masculin
|
Ensemble
|
7 ans
|
Effectif
|
0
|
1
|
1
|
Pourcentage
|
0%
|
8.3%
|
8.3%
|
8 ans
|
Effectif
|
2
|
0
|
2
|
Pourcentage
|
16.7%
|
0%
|
16.7%
|
9 ans
|
Effectif
|
1
|
0
|
1
|
Pourcentage
|
8.3%
|
0%
|
8.3%
|
10 ans
|
Effectif
|
1
|
1
|
2
|
Pourcentage
|
8.3%
|
8.3%
|
16.7%
|
11 ans
|
Effectif
|
1
|
2
|
3
|
Pourcentage
|
8.3%
|
16.7%
|
25.0%
|
12 ans
|
Effectif
|
1
|
0
|
1
|
Pourcentage
|
8.3%
|
0%
|
8.3%
|
13 ans
|
Effectif
|
0
|
1
|
1
|
Pourcentage
|
0%
|
8.3%
|
8.3%
|
14 ans
|
Effectif
|
1
|
0
|
1
|
Pourcentage
|
8.3%
|
0%
|
8.3%
|
Total
|
Effectif
|
7
|
5
|
12
|
Pourcentage
|
58.3%
|
41.7%
|
100%
|
Le tableau 6 établit la corrélation entre le
sexe des sujets et l'âge d'acquisition de leur handicap. 16.7% des sujets
féminins on acquit leur handicap à 8 ans. Tandis que nous avons
le même pourcentage pour les sujets masculins âgés de 11
ans. Les garçons de 10 et de 13 ans représentent chacun d'eux
8.3 % de la population de recherche et nous retrouvons à chaque fois ce
même pourcentage chez les filles de 9, 10, 11 et de 12 ans. Selon ce
qu'indique le tableau ci-dessus, la majorité des sujets ont atteint leur
handicap à l'âge de 11 ans.
Tableau 7 : Répartition des sujets selon le
niveau scolaire
Niveau scolaire
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1ere AF
|
1
|
8.3%
|
2e AF
|
3
|
25%
|
3e AF
|
1
|
8.3%
|
4e AF
|
5
|
41.7%
|
5e AF
|
0
|
0%
|
6e AF
|
0
|
0%
|
7e AF
|
1
|
8.3%
|
8e AF
|
1
|
8.3%
|
Total
|
12
|
100%
|
Tous les adolescents ayant participé dans notre
recherche ont un niveau scolaire leur permettant de comprendre le
français car le test (l'IDB) est en français. Certains d'entre
eux ont eu des difficultés à comprendre certains mots tels
« libido » « irritation ». Nous nous
sommes gardés de faire la traduction en créole du test afin
d'éviter toute altération du sens et du fond.
Le tableau ci dessus est un tableau indiquant le niveau
scolaire des différents adolescents testés. 41 % d'eux sont en
4e AF ; 25 % en 2e AF e t 8.3% en 7e et
en 8e AF.
Tableau 8 : Répartition des sujets selon
l'âge et le type de prise en charge
Age
|
Centre résidentiel
|
Famille
|
Ensemble
|
11 ans
|
Effectif
|
0
|
1
|
1
|
Pourcentage
|
0%
|
8.3%
|
8.3%
|
12 ans
|
Effectif
|
1
|
1
|
2
|
Pourcentage
|
8.3%
|
8.3%
|
16.7%
|
13 ans
|
Effectif
|
1
|
1
|
2
|
Pourcentage
|
8.3%
|
8.3%
|
16.7%
|
14 ans
|
Effectif
|
1
|
1
|
2
|
Pourcentage
|
8.3%
|
8.3%
|
16.7%
|
15 ans
|
Effectif
|
0
|
2
|
2
|
Pourcentage
|
0%
|
16.7%
|
16.7%
|
16 ans
|
Effectif
|
0
|
2
|
2
|
Pourcentage
|
0%
|
16.7%
|
16.7%
|
17 ans
|
Effectif
|
0
|
1
|
1
|
Pourcentage
|
0%
|
8.3%
|
8.3%
|
Total
|
Effectif
|
3
|
9
|
12
|
Pourcentage
|
25%
|
75%
|
100%
|
Tableau 9 : Répartition des enfants selon le
sexe et le type de prise en charge
Type de prise en charge
|
Féminin
|
Masculin
|
Ensemble
|
Centre residential
|
Effectif
|
1
|
2
|
3
|
Pourcentage
|
8.3%
|
16.7%
|
25%
|
Famille
|
Effectif
|
6
|
3
|
9
|
Pourcentage
|
50%
|
25%
|
75%
|
Total
|
Effectif
|
7
|
5
|
12
|
Pourcentage
|
58.3%
|
41.7%
|
100.0%
|
Tenant compte du tableau 8, nous constatons que 8, 25% des
sujets testés vivent dans un centre résidentiel, soit un
orphelinat ; les autres 75 % sont pris en charge dans leur famille et sont
des externes à St Vincent. Et 8.3 % des sujets vivant dans les centres
résidentiels sont des filles et 16.7% sont des garçons. Selon ce
qu'indique le tableau 9, tandis que 50% des adolescents testés sont des
filles qui vivent dans leur famille. Les autres 25% vivent dans leur famille et
sont des sujets masculins. Nous avons constaté que les adolescents qui
vivent dans le centre résidentiel souffrent d'un plus haut degré
de dépression par rapport a ceux qui dont la prise en charge est faite
au sein de leur famille.
Degre de depression
|
Therapie
(OUI)
|
Therapie
(NON)
|
Ensemble
|
Normale
|
Effectif
|
0
|
2
|
2
|
Pourcentage
|
0%
|
16.7%
|
16.7%
|
Trouble benin de l'humeur (Legere)
|
Effectif
|
1
|
0
|
1
|
Pourcentage
|
8.33%
|
0%
|
8.33%
|
Cas limite de depression
|
Effectif
|
0
|
3
|
3
|
Pourcentage
|
0%
|
25%
|
25%
|
Depression
|
Effectif
|
2
|
4
|
6
|
Pourcentage
|
16.6%
|
33.33%
|
50%
|
Total
|
Effectif
|
3
|
9
|
12
|
Pourcentage
|
25%
|
75%
|
100%
|
Tableau 10 : Degré de dépression des
sujets et leur participation à une thérapie.
Dans ce tableau nous pouvons constater la répartition
des sujets selon qu'ils ont suivi ou non une thérapie pour leur
situation d'handicap. Il nous indique que 16.7% des sujets dont le degré
de dépression est normal n'ont pas eu la chance de suivre des
séances de thérapie. Nous retrouvons ce même pourcentage
chez les sujets souffrant de dépression mais ayant suivi une
thérapie. Par contre, 25% des sujets n'ayant pas suivi de
thérapie souffrent de cas limites de dépression et 33% des cas
n'ayant pas suivi une thérapie souffrent de dépression. La
corrélation entre le degré de dépression et la
participation des sujets à une thérapie est considérable
car nous pouvons remarquer que le degré de dépression est plus
élevé chez les sujets n'ayant pas suivi de thérapie.
Considérant le fait que la prise en charge du handicap moteur par une
thérapie doit aboutir à une facilitation de l'intégration
de l'adolescent dans la vie sociale, nous pouvons dire que si on prend un en
charge un adolescent handicapé en thérapie, son degré de
dépression diminuera.
Tableau 11 : Répartition des sujets selon
qu'ils ont suivi ou non une thérapie
Thérapie
|
Féminin
|
Masculin
|
Ensemble
|
OUI
|
Effectif
|
1
|
2
|
3
|
Pourcentage
|
8.3%
|
16.7%
|
25%
|
NON
|
Effectif
|
6
|
3
|
9
|
Pourcentage
|
50%
|
25%
|
75%
|
Total
|
Effectif
|
7
|
5
|
12
|
Pourcentage
|
58.3%
|
41.7%
|
100.0%
|
Pour ce qui concerne les adolescents qui ont pu suivre une
thérapie nous pouvons voir, comme l'indique le tableau 11, que seulement
25% des sujets ont eu l'opportunité de suivre une thérapie avec
une agence de prise en charge du handicap physique (cette agence est la Healing
hands for Haïti). Parmi ces 25%. 16.7% sont des garçons et 8.3%
sont des filles. Les autres 75% n'ont pas pu suivre de therapie, soit 50% de
filles pour 25% de garçons
Tableau 12 : Répartition des sujets selon le
degré de dépression
Degré de dépression
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Normale
|
2
|
16.7%
|
trouble bénin de l'humeur (légère)
|
1
|
8.3%
|
Cas limites de dépression clinique
|
3
|
25%
|
Depression
|
6
|
50%
|
Total
|
12
|
100%
|
Deux adolescents sur douze, soit 16.7% des sujets ne
présentent pas de symptômes de dépression. Cependant la
majorité d'entre eux souffre de dépression d'une manière
ou d'une autre. 8.3% des sujets présentent un trouble bénin de
l'humeur. 25% sont des cas limites de dépression tandis que 50% d'entre
eux souffrent de dépression majeure.
Tableau 13 : Répartition des sujets selon le
sexe et le degré de dépression
Degré de dépression
|
Féminin
|
Masculin
|
Ensemble
|
Normale
|
Effectif
|
2
|
0
|
2
|
Pourcentage
|
16.7%
|
0%
|
16.7%
|
Trouble bénin de l'humeur (Légère)
|
Effectif
|
0
|
1
|
1
|
Pourcentage
|
0%
|
8.3%
|
8.3%
|
Cas limite de dépression clinique
|
Effectif
|
2
|
1
|
3
|
Pourcentage
|
16.7%
|
8.3%
|
25%
|
Depression
|
Effectif
|
3
|
3
|
6
|
Pourcentage
|
25%
|
25%
|
50%
|
Total
|
Effectif
|
7
|
5
|
12
|
Pourcentage
|
58.4%
|
41.6%
|
100%
|
Les tableaux ci-dessus montrent une répartition des
sujets selon le sexe et le degré dépression. En effet, 16.7% des
sujets présentent un degré normal de dépression; 8.3%
d'entre eux souffre d'un trouble bénin de l'humeur soit une
dépression légère tandis que 50% souffrent de
dépression et 25% sont des cas limites de dépression.
Pour ce qui concerne le sexe des sujets par rapport à
leur degré de dépression il faut dire que 25% des sujets
masculins souffrent de dépression. Nous remarquons ce même
pourcentage de sujets déprimés parmi les sujets féminins.
16.7% des sujets féminins sont des cas limites de dépression et
nous retrouvons le même pourcentage de sujets féminins ayant un
trouble bénin de l'humeur.
Il faut aussi remarquer que 50% des sujets qui souffrent de
dépression sont des filles et 66.66% des sujets qui souffrent de cas
limites de dépression sont des filles. Ce qui démontre que les
adolescentes ayant pris part à notre étude sont plus
dépressives que les adolescents.
Tableau 14 : Répartition des sujets selon
l'âge et le degré de dépression
Age
|
Normale
|
Trouble bénin de l'humeur (legere)
|
Cas limite de dépression clinique
|
Depression
|
Ensemble
|
11 ans
|
Effectif
|
0
|
1
|
0
|
0
|
1
|
Pourcentage
|
0%
|
8.3%
|
0%
|
0%
|
8.3%
|
12 ans
|
Effectif
|
0
|
0
|
1
|
1
|
2
|
Pourcentage
|
0%
|
0%
|
8.3%
|
8.3%
|
16.7%
|
13 ans
|
Effectif
|
0
|
0
|
0
|
2
|
2
|
Pourcentage
|
0%
|
0%
|
0%
|
16.6%
|
16.7%
|
14 ans
|
Effectif
|
0
|
0
|
0
|
2
|
2
|
Pourcentage
|
0%
|
0%
|
0%
|
16.6%
|
16.7%
|
15 ans
|
Effectif
|
1
|
0
|
1
|
0
|
2
|
Pourcentage
|
8.3%
|
0%
|
8.3%
|
0%
|
16.7%
|
16 ans
|
Effectif
|
1
|
0
|
1
|
0
|
2
|
Pourcentage
|
8.3%
|
0%
|
8.3%
|
0%
|
16.7%
|
17 ans
|
Effectif
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
Pourcentage
|
0%
|
0%
|
0%
|
8.3%
|
8.3%
|
Total
|
Effectif
|
2
|
1
|
3
|
6
|
12
|
Pourcentage
|
16.7%
|
8.3%
|
25%
|
50%
|
100%
|
Selon le tableau ci-dessus, 50% des sujets souffrent de
dépression; les adolescents âgés entre 13 et 14 ans
représentent 33.2% de cette catégorie. Ceux de 12 et de 17 ans
représentent quand a eux 8.3% chacun. 25% des sujets sont des cas
limites de dépression; ils se repartissent entre l'âge de 12, 15
et 16 ans pour un pourcentage de 8.35 chacun. Tandis que 8.3% des sujets
souffrent de trouble bénin de l'humeur, nous avons retrouvé le
double de ce pourcentage, soit 16.7% parmi les sujets qui sont des cas normaux;
ce dernier pourcentage se repartît entre les enfants de 15 et de 16 ans.
Nous constatons que les adolescents dont la tranche
d'âge se situe entre 13 et 14 ans sont plus dépressifs
Tableau 15 : Répartition des sujets
selon l'âge d'acquisition du handicap et le degré de
dépression
Age d'acquisition du handicap
|
Normale
|
Trouble benin de l'humeur
|
Cas limite de dépression clinique
|
Depression
|
Ensemble
|
7 ans
|
Effectif
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
Pourcentage
|
0%
|
0%
|
0%
|
8.3%
|
8.3%
|
8 ans
|
Effectif
|
0
|
0
|
1
|
1
|
2
|
Pourcentage
|
0%
|
0%
|
8.3%
|
8.3%
|
16.7%
|
9 ans
|
Effectif
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
Pourcentage
|
0%
|
0%
|
0%
|
8.3%
|
8.3%
|
10 ans
|
Effectif
|
1
|
0
|
0
|
1
|
2
|
Pourcentage
|
8.3%
|
0%
|
0%
|
8.3%
|
16.7%
|
11 ans
|
Effectif
|
0
|
1
|
0
|
2
|
3
|
Pourcentage
|
0%
|
8.3%
|
0%
|
16.6%
|
25%
|
12 ans
|
Effectif
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
Pourcentage
|
8.3%
|
0%
|
0%
|
0%
|
8.3%
|
13 ans
|
Effectif
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
Pourcentage
|
0%
|
0%
|
8.3%
|
0%
|
8.3%
|
14 ans
|
Effectif
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
Pourcentage
|
0%
|
0%
|
8.3%
|
0%
|
8.3%
|
Total
|
Effectif
|
2
|
1
|
3
|
6
|
12
|
Pourcentage
|
16.7%
|
8.3%
|
25%
|
50%
|
100%
|
L'âge d'acquisition du handicap est un facteur important
dans notre recherche et sa relation avec le degré de dépression
est montrée dans le tableau précédent. Nous avons
constaté que la majorité des enfants, soit 50% des sujets, qui
souffrent de dépression ont contracté leur handicap entre
l'âge de 7 et 11 ans. 25% sont devenus handicapés a l'âge de
8, 13 et 14 ans; ces sujet sont des cas normaux alors que 8.3% des sujets
souffrent de trouble bénin de l'humeur et on contracté leur
handicap a l'âge de 11 ans.
A la lumière des résultats qui sont ressortis
dans le cadre de notre recherche nous pouvons déduire que plus
l'adolescent devient handicapé tôt, plus il aura tendance à
souffrir d'un plus haut degré de dépression.
Tableau 16 : répartition des sujets selon
le degré de dépression et le type de prise en charge
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Tetracycline purchasing no
prescription
Normale
|
Effectif
|
0
|
2
|
2
|
Pourcentage
|
0%
|
16.7%
|
16.7%
|
Trouble benin de l'humeur (Legere)
|
Effectif
|
0
|
1
|
1
|
Pourcentage
|
0%
|
8.3%
|
8.3%
|
Cas limite de depression
|
Effectif
|
0
|
3
|
3
|
Pourcentage
|
0%
|
50%
|
25%
|
Depression
|
Effectif
|
3
|
3
|
6
|
Pourcentage
|
25%
|
25%
|
50%
|
Total
|
Effectif
|
3
|
9
|
12
|
Pourcentage
|
25%
|
75%
|
100%
|
La prise en charge des différents sujets ayant pris
part a notre étude n'est pas la même; certains d'entre eux vivent
dans un centre résidentiel (MEFIBOCHET) et d'autres fréquentent
le centre St Vincent. Le tableau plus haut nous aide à comprendre
comment le degré de dépression des adolescents handicapés
varie-t-il selon le type de prise en charge.
En effet, 75% des sujets vivent au sein de leur famille. Ces
adolescent fréquentent le centre St Vincent mais n'y restent pas. Ils
sont des externes; ils viennent seulement pour l'école, puis ils
rentrent chez eux après. Mais les autres 25% des sujets sont dans un
degré de depression
|
Centre résidentiel
|
Famille
|
Ensemble
|
centre résidentiel. Parmi les 75% de sujets vivant au
sein de leur famille, 50% sont dans la catégorie des cas limite de
dépression, 8.3% souffrent de trouble bénin de l'humeur et 16.6%
sont des cas normaux. Et d'un autre coté, parmi les enfants qui sont
pris en charge dans le centre MEFIBOCHET, tous lez 25% des sujets la souffrent
de dépression.
Le rôle de la famille est essentiel dans la prise en
charge du handicap physique. Une bonne collaboration, une bonne
compréhension des problèmes existants et à venir, une
relation de confiance sont les garants de l'aide que pourra apporter la famille
à l'adolescent handicapé. Toutes ces considérations nous
permettent de croire que plus l'adolescent handicapé est pris en charge
au sein de sa famille et jouit de l'affection parentale moins il sera
dépressif
Nous allons vous présenter trois études de cas
et nous tenterons plus bas de faire une discussion des données
recueillies afin de faire ressortir leur sens et les nouvelles fenêtres
de recherches sur lesquelles elles s'ouvrent
6.1- 3 études de cas
6.1.1- Le cas de Bob
Ainé d'une famille de deux enfants, Bob est un
adolescent de 11 ans qui vit avec son petit frère Dodo, son père
et sa mère dans la zone de Croix des Bouquets. La famille a
déménagé dans cette zone suite au tremblement de terre du
12 janvier, événement au cours duquel le petit Bob a perdu sa
jambe gauche. .Bob est en 3e année fondamentale et s'occupe
bien de son petit frère Dodo en l'absence de ses parents. Il mentionne
qu'il a de bonnes relations avec son père et sa mère qui prennent
bien soin de lui. Bob suit régulièrement des séances de
thérapies avec Handicap International et arrive à marcher, sans
prothèses, avec sa béquille.
L'inventaire de dépression de Beck montre que Bob se
sent triste et coupable la plupart du temps. Par contre, il ne se sent pas
particulièrement découragé par rapport à l'avenir
et n'a pas l'impression d'être un raté. Bob retire autant de
plaisir que d'habitude dans les choses qu'il aimait et a les mêmes
sentiments vis-à-vis de lui même qu'avant. Cependant Bob est tres
agité et affirme qu'il pense parfois se suicider mais qu'il ne le fera
pas ; des fois, il a le gout de pleurer mais il ne le peut pas. Bob n'a
pas perdu son intérêt pour les autres ou pour les
activités ; il sent qu'il a la même énergie qu'avant
et n'a pas de difficulté de concentration. Suite à son handicap
physique, le petit Bob dort et mange beaucoup plus que d'habitude. Bob a obtenu
le score de 14 points dans l'échelle de l'IDB, ces résultats
correspondent à un trouble bénin de l'humeur (dépression
légère).
Nous nous demandons si ces symptômes bénins
qu'il présente ne peuvent pas s'expliquer par le fait qu'il soit
encadré par sa famille. Nous avons eu quelques entretiens avec le
père qui nous a souligné que ses relations avec son fils
étaient les mêmes qu'avant son handicap. Il est bien
entouré dans sa famille mais ces symptômes bénins de
dépression viennent de sa blessure narcissique, de sa jambe
coupée.
6.1.2- Le cas de Sarah
Jeune adolescente âgée de 17 ans, Sarah est
devenue non voyante à la suite d'une maladie. Elle est en 4e
année fondamentale à l'école St Vincent et vie avec sa
mère et d'autres membres de sa famille. Sarah a acquis son handicap
à l'âge de 11 ans. Pour lui administrer le test, nous nous sommes
assis avec elle et nous avons lu pour elle le contenu de l'inventaire (2 fois
pour chaque Item).
Sarah affirme être perpétuellement triste et
n'arrive pas à s'en sortir. Elle se sent découragée en
pensant à son avenir mais n'a pas l'impression d'être une
ratée. Elle tire autant de plaisir que d'habitude dans les choses
qu'elle aime. La petite Sarah a le sentiment d'être punie et pense
parfois à se suicider ; mais elle dit qu'elle n'ose pas le
faire.
Elle pleure pour la moindre des choses et devient plus
agitée que d'habitude. Sarah sent qu'elle a beaucoup plus de
difficulté à prendre des décisions qu'elle le faisait
avant. N'ayant pas perdu son énergie et ses intérêts pour
les autres, elle sent par contre qu'elle a moins de valeur comparativement aux
autres personnes. Elle dort mois et mange beaucoup plus qu'avant. Se sentant
plus irritable que d'habitude, elle devient également plus
fatiguée et s'intéresse moins à la sexualité.
Sarah a obtenu un score de 21 dans l'échelle de Beck,
ces résultats nous montrent qu'elle souffre de dépression.
6.1.3- Le cas de Julien
Julien est un adolescent âgé de 12 ans
amputé du bras droit. Il est l'ainé d'une famille de 5 enfants
dont 4 garçons et une fille. Séparé de sa soeur, ses trois
frères et ses parents, il est pris en charge à MEFIBOCHET, un
centre résidentiel situé à Tabarre qui assure la prise en
charge d'enfants vivant avec un handicap. Julien est en 4e
année fondamentale.
D'après les résultats de l'inventaire de
dépression de Beck que nous avons administré a Julien, il ne se
sent pas triste et pas particulièrement découragé en
pensant à son avenir. Cependant il ne peut pas s'empêcher de
penser aux échecs de sa vie passée. Julien retire tres peu de
plaisir des choses qu'il aimait avant. Bien qu'il ne se sent pas
particulièrement coupable, Julien a l'habitude de s'auto critiquer pour
toutes ses fautes. il ne nourrit pas de pensées suicidaires ; il a
le gout de pleurer mais ne le peut pas. Il est tres difficile pour Julien de
rester tranquille ; il sent qu'il a perdu tout intérêt pour
quoi que ce soit.
Julien s'auto déprécie ; il sent qu'il a
moins de valeur comparativement aux autres personnes. Il a beaucoup de
difficulté quand il s'agit pour lui de prendre des décisions. Son
sommeil est perturbé : il dort la plus grande partie de la
journée ou il se réveille un ou deux heures plutôt et
n'arrive pas à se rendormir. En plus, Julien se sent fatigué pour
faire plusieurs choses qu'il avait l'habitude de faire. Son appétit a
augmenté et il a perdu tout intérêt pour la
sexualité.
Julien a obtenu un score de 29 dans l'échelle de
dépression de Beck. Il présente les symptômes de
dépression majeure.
Ses symptômes peuvent peu être s'expliquer par un
manque d'encadrement de la part des éducateur ou de sa séparation
d'avec sa famille.
6.2- Discussion des
résultats
Dans la présente section nous allons rendre compte du
sens de notre recherche tout en tenant compte de notre problématique, du
contexte théorique afin de pouvoir faire ressortir les pistes de
recherches sur lesquelles les résultats nous ont amenés. En
d'autres termes nous allons insérer nos résultats obtenus dans la
problématique d'ensemble et nous essayerons de montrer leur pertinence
et indiquer du coup les nouvelles recherches qui pourraient être
entreprises sous la base de ces résultats.
A la lumière des résultats obtenus au cours de
notre travail, nous avons compris que tous les adolescents devenus
handicapés ne sont pas dépressifs. En effet, 16.7% des sujets ne
présentent pas de symptômes de dépression. Les adolescents
handicapés présentent des degrés de dépression
différents. Nous avons pu comprendre que l'handicap de l'adolescent en
soit ne conduit pas ipso facto à la dépression. Il faut cependant
tenir compte d`autres facteurs qui jouent eux aussi des rôles
déterminants; l'âge d'acquisition du handicap, le sexe de
l'adolescent ainsi que la manière dont l'handicap de l'adolescent est
pris en charge sont d'une importance considérable.
Nous avons constaté que 71.42% des filles souffrent de
dépression ce qui démontre un plus fort taux de
prévalence de dépression chez les filles. Nous remarquons aussi
que les adolescents ayant acquis leur handicap entre 7 et 10 ans sont plus
dépressifs et que les adolescents qui vivent au sein d'une famille
souffrent d'un degré moindre de dépression. Mais la encore il
s'avère important de sonner des précisions et de ne pas
généraliser. En effet, Les 100% d'enfants qui vivent dans les
centres résidentiels souffrent de dépression tandis que seulement
75%% des adolescents qui vivent dans leurs familles présentent
différents degré de dépression. L'apport de la famille est
donc d'une grande importance. Selon Clake et Stewart (1998), la famille exerce
une influence bio-psycho-sociale sur le développement du jeune
adolescent handicapé : une influence psychologique parce que la
famille est le contexte développemental le plus puissant, celui ou
l'adolescent établit ses premiers lien d'attachement, liens prototypes
pour les autres par la suite. La famille exerce une influence sociale par la
culture et les valeurs qu'elle propose.41(*)
Cependant il faut aussi remarquer, comme l'a
démontré notre étude, que l'adolescent peut aussi
être très dépressif au sein même de sa
famille, dans le cas où celle-ci le rejette, le stigmatise ou si
elle ne présente pas le support adéquat à l'adolescent.
Selon l'association des paralysés de France, la famille de l'adolescent
handicapé doit valoriser tout ce qui marque leur originalité (ce
qui fait qu'il/elle est beau/belle, désirables) : une coiffure, des
sandales, un bijou... la famille doit aussi les accompagner par rapport
à la prise de conscience de leurs difficultés et l'acceptation de
leurs limites. En effet au moment de l'adolescence, le handicap est l'objet
d'une nouvelle prise de conscience qui fait suite à une première.
Cette fois le jeune cherche à comprendre par et pour lui-même ce
qui le gêne, il pose des questions diagnostiques et pronostiques. Les
parents ne doivent pas les obliger à en parler.42(*)
Bien que notre étude ne l'a pas démontré
mais nous pensons également que l'adolescent pris en charge dans un
centre résidentiel peut éventuellement présenter un niveau
moindre de dépression par rapport à un adolescent qui
évolue au sein de sa famille ; tout dépend de la
manière dont la prise en charge est faite par l'éducateur ou par
l'institution.
Nous avons également pu comprendre que le degré
de dépression des adolescents devenus handicapés varie aussi en
fonction de l'encadrement reçu, en fonction de leur participation
à des séances de thérapie. Effectivement, 75% des sujets
n'ont pas eu la chance de suivre des séances de therapie et parmi
eux 33.33% souffrent de dépression majeure et 25% souffrent de cas
limites de dépression. Cette observation nous permet de comprendre
comment l'aspect rééducationnel peut jouer un rôle
important dans la compréhension du rapport entre le handicap physique de
l'adolescent et son degré de dépression.
CONCLUSION
Au terme de notre travail qui s'est porté sur la
problématique de la dépression chez l'adolescent haïtien
devenu handicapé, il y a lieu de rappeler les préoccupations qui
l'ont suscité. En abordant cette étude, la préoccupation
majeure était celle de voir comment le handicap physique influence-t-il
l'humeur de l'adolescent haïtien devenu handicapé au cours de son
développement et d'analyser les facteurs qui contribuent à
augmenter ou à diminuer le degré de dépression de
l'adolescent.
A titre d'hypothèses nous avons avancé
premièrement, que suite à un handicap physique, l'adolescent
devient dépressif. Ensuite nous avons soutenu que les adolescents qui
évoluent au sein de leurs familles sont moins dépressifs que ceux
qui vivent en institutions.
Nous avons charpenté notre argumentation autour de
cinq chapitres qui constituent le squelette de ce travail. Apres avoirs
présenté le handicap, l'adolescence et la dépression dans
les trois premiers chapitres, nous avons fait dans le quatrième
chapitre, un tour d'horizon sur le handicap physique à l'adolescence.
Ensuite nous avons présenté notre démarche
méthodologique dans le cinquième chapitre. Enfin, dans le
sixième chapitre nous avons présenté,
interprété et discutée les résultats de notre
étude.
Lorsque son corps est défaillant aussi bien en ce qui
concerne la motricité que l'esthétique, lorsqu'il est
privé de son intégrité corporelle, comment est ce que cela
affecte-t-il l'humeur de l'adolescent devenu handicapés. Selon Jean
Pierre Chevance, la vie de l'adolescent devenu handicapé tend à
être dominée par l'angoisse, l'insécurité, la
crainte, la peur de l'échec. L'adolescent handicapé moteur vit
dans l'incertitude. Ces états émotionnels et existentiels sont
induits par le fait qu'il est constamment renvoyé à ses manques
et à son incomplétude. L'histoire de l'adolescent
handicapé moteur est marquée du sceau du manque et son
identité porte à jamais la marque de cette
déchirure ; c'est à chaque instant qu'il est
confronté à son impuissance et à son
anormalité.43(*)
La revue de la littérature ainsi que les analyses
faites autour de notre question de recherche nous a permis de mieux comprendre
le problème de la dépression lié à un handicap
physique à l'adolescence. Les données recueillies nous permettent
de croire que moins l'adolescent est pris en charge suite à son handicap
physique plus son degré de dépression a tendance à
augmenter ; il faut aussi mentionner le rôle important de la famille
dans la prise en charge de l'adolescent handicapé ; ce qui est
clairement ressorti dans les résultats de notre étude. Nous avons
également compris que l'âge d'acquisition du handicap est un
facteur considérable dans la compréhension du
phénomène. Les données nous ont montré que les
adolescents ayant acquis leur handicap tôt souffrent d'un plus haut
degré de dépression. En plus, il est ressorti dans notre
étude que les adolescents qui ont suivi des séances de
thérapie suite à leur handicap sont moins dépressifs que
ceux qui n'en ont pas suivi. La rééducation de l'adolescent
devenu handicapé apparait comme un aspect important dans l'étude
du degré de dépression à l'adolescence.
Notre hypothèse selon laquelle l'adolescent qui, suite
à un handicap physique, devient dépressif a été
confirmée en partie ; Le degré de dépression de
l'adolescent vivant avec un handicap physique parait plus complexe lorsque nous
tenons compte d'un ensemble de facteurs qui jouent des rôles importants
dans la compréhension du rapport entre les deux variables. En effet, le
phénomène devient plus complexe lorsque nous considérons
des facteurs ayant rapport avec l'environnement dans lequel l'adolescent
handicapé vit, le mode de prise en charge, l'âge et la
capacité de résilience de l'adolescent, sa capacité
à se réapproprier de son corps.
Le handicap physique de l'adolescent n'est pas la seule
variable capable de le conduire à la dépression ; le type de
prise en charge, le support familial, l'environnement et les capacités
individuelles de l'adolescent sont autant de facteurs qu'il faut prendre en
compte.
L'environnement dans lequel l'adolescent handicapé
évolue joue un rôle déterminant. En effet, la famille et
les institutions spécialisées dans la prise en charge des
personnes handicapées doivent plus que jamais jouer leur rôle dans
d'accompagnement des adolescents vivant avec un handicap physique. L'Etat doit
aussi s'impliquer afin de supporter ces institution tant au niveau technique
que matériel. La ratification de la loi sur l'intégration des
personnes handicapées44(*) fait montre d'une grande volonté de
l'état de se pencher sur la situation des cette catégorie de
personnes très vulnérables et stigmatisées dans la
société. La législation haïtienne n'avait
pratiquement pas fait de
provision légale en matière de violation des
droits des personnes handicapées. D'autres efforts doivent être
consentis afin de faire respecter les droits des personnes handicapées
en Haïti. Notre recherche se veut non seulement un outil permettant de
mieux comprendre la dépression de l'adolescent haïtien devenu
handicapé mais également un outil de plaidoyer et de
sensibilisation pour le respect de leurs droits.
Notre travail nous a permis de mieux comprendre la
complexité de la relation entre la dépression et l'handicap
physique à l'adolescence ; Cependant nous reconnaissons les limites
que comporte notre travail au niveau méthodologique et empirique
notamment la faible taille de notre échantillon.
Nous pensons que d'autres recherches peuvent être
menées dans le but d'approfondir la compréhension du rapport
entre la dépression et le handicap physique à l'adolescence. Des
études menées sur une plus grande échelle avec une plus
grande diversité de sujets (adolescents handicapés en situation
de restavek, adolescents handicapés vivant des les rues, adolescents
handicapés vivant en milieu urbain par rapport à ceux vivant en
milieu rural etc.) sont autant d'autres recherches qui pourront prolonger
à coup sûr nos réflexions dans le domaine.
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* 1 Ce sont les soins maternels
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* 2 HAMONET Claude., De
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* 3 DREANO Guy,
« Tentatives de définition du handicap », Guide de
l'éducation spécialisée, Université de Nancy.
Consulté le 14 octobre 2011
* 4 La psychanalyste
Korff-Saumann donne une lecture très originale du mythe, vu sous l'angle
de la difformité : OEdipe est-il infirme d'avoir été
exposé ou a-t-il été exposé parce qu'infirme.
D'OEdipe à Frankenstein, Figures du handicap, ed
Desclee de Brouwer, France 2001
* 5 Voir Aristote, De la
corruption et de la génération des animaux, Traduction
MUGLER Charles, Les belles lettres, Paris 1966.
* 6 FOUCAULT MICHEL,
Histoire de la folie à l'âge classique, Paris, 1961.
* 7 Diderot veut montrer qu'il y
a contradiction entre l'existence d'une intelligence divine et celle
d'anomalies
* 8 Handipole, politiques
d'emploie en faveur des personnes handicapées. (Disponible en ligne
sur :
http://www.handipole.org/spip.php?article1043
(consulté le 12 septembre 2012)
* 9 MINUSTHA,
« Haïti : plus de respect pour les personnes
Handicapées » , Rapport officiel du 04 décembre 2007,
p.1
* 10 DAUDIER Valery,
« Les personnes handicapées : une préoccupation
majeure ». Le nouvelliste, 6 septembre 2011.
* 11 THOMSON Mike.
« Haiti after the storm », BBC today, 4 décembre
20009`. Disponible en ligne sur:
http://news.bbc.co.uk/today/hi/today_8390000/8390444.stm
(consulté le 20 janvier 2012)
* 12 Voir les commentaires du
secrétaire d'État à l'Intégration des Personnes
handicapées, le Dr Michel Péan dans: SONTAG Deborah. «
Haiti Mental Health System is in Collapse ». New York Times, 19
mars 2010. P16-17.
* 13 PHILLIPS Cassandra,
« Aller vers le cocobai : la reconstruction et les personnes
handicapées en Haïti », Cahier de politiques, janvier
2011. P18-19.
* 14
www.seiph.gouv.ht, disponible
sur :
http://www.seiph.gouv.ht/le-moniteur-loi-portant-sur-l%e2%80%99integration-des-personnes-handicapees/
(consulté le 15 mars 2012.)
* 15 BAZILASHE, J. & al.
(1995). Approche de l'adolescent. Vous avez dit... Pédagogie,
1995, pp. 5-21.
* 16 ROSENBERG Morris,
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* 17 DOLTO Françoise,
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* 18 DEBESSE Maurice, Les
étapes de l'éducation, PUF, Paris. 1960, 203p
* 19 AUDETAT, M-Cl. &
VOIROL, C., L'adolescent, Neuchâtel : Psynergie, 1997. P.2
* 20 CLEAS, Michel
« Pratiques parentales et comportements
déviants à l'adolescence» in Enfance, PUF, 2001, pp.
379-399
* 21 HEURRE Patrice, «
L'histoire de l'adolescence : rôles et fonctions d'un artifice »,
Journal français de psychiatrie, mars 2001 (no14),
p. 6-8.
* 22 DOLTO Françoise,
Paroles pour adolescents ou le complexe du homard, Hatier. Paris 1990,
107p.
* 23 RICHARD François,
Les troubles psychiques a l'adolescence. Dunod, Paris 1998. P26
* 24 Id
* 25 FREUD Sigmund, Trois
essaies sur la théorie sexuelle. Folio essays, Ed Gallimard. Paris
1987, 165p.
* 26 WALLON H,
« Kinesthésie et image visuelle du corps propre chez
l'enfant », Bulletin psychologique. 1954, vol VII
p.239-246
* 27 SCHILDER Paul,
L'image du corps. Gallimard. 1968, P 35.
* 28 LACAN Jacques, Le stade du
miroir comme formateur de la fonction du Je telle qu'elle nous est
révélée dans l'expérience psychanalytique.
Ecrits. Paris 1966, Seuil, p. 93-100.
* 29 DOLTO Françoise,
L'image inconsciente du corps. Paris : Editions du Seuil, 1984, P
17
* 30 BLOS Peter, Les
adolescents, Stock. Paris 1967, 208 p.
* 31 BRACONNIER Alain,
MARCELLI Daniel et al L'adolescence aux 1000 visages. Edition Odile
Jacob. Paris, 1991, p55
* 32 KESTEMBERG Evelyne, Les
troubles psychiques à l'adolescence, in François Richard, Dunod,
Paris. 1998. p42
* 33 Ibid P 55
* 34MARCELLI Daniel, « Les
copains, l'amie» in Le lien groupal à l'adolescence,
Dunod, Paris 2000. P 219
* 35 LIZAIRE Evenson,
Domesticité et estime de soi à l'adolescence. P Port-au-Prince,
UEH, Fasch, 2007. 103p, pp78.
* 36 CADET Jean Robert,
Restavek, enfants esclaves en Haïti, University of Texas, Austin
1997.106p.
* 37 La clinophilie est le
fait de rester au lit, la journée, allongé, pendant des heures,
tout en étant éveillé. C'est un trouble d'origine
psychologique parfois trouvé dans la dépression ou certaines
formes de schizophrénie.
* 38 Absence de règles
ou de menstruation
* 39 Le gain secondaire
survient après coup comme un gain supplémentaire retiré
d'une maladie déjà installée et concerne des satisfactions
davantage narcissiques que libidinales. Le moi doit alors livrer un combat
défensif secondaire face au(x) symptôme(s) et pactiser avec lui
(eux) pour tenter d'en recueillir un avantage secondaire.
* 40 Association des
paralysés de France, Déficiences motrices et handicaps, Aspects
sociaux, psychologiques, médicaux, techniques et législatifs,
troubles associés. Paris : Association des paralysés de France,
1996, 505 p., p. 9-11)
* 41 POULIOT Eve, TURCOTTE
Daniel, MONETTE Marie-Lynne, « La transformation des pratiques
sociales aupres des familles en difficulté: du «paternalisme»
a une approche centre sur les forces et les compétences». Service
social, vol 55 no 1, 2009. P 17-30. Disponible sur
:http://id.erudit.org/iderudit/029487ar. (consulté le 10 mas 2012)
* 42 APF, inventer
l'accompagnement des adolescents en situation du handicap moteur, no 17,
octobre 2009
* 43CHEVANCE Jean Pierre,
déficiences motrices et situation de handicap, éd APF, 2002,
p19.
* 44 HAITI. PARLEMENT HAITIEN.
Le Moniteur. Lois portant sur l'intégration des personnes
handicapées. Journal officiel, no 79 du 12 mai 2012, 24 P.
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