INTRODUCTION GENERALE
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INTRODUCTION
De toutes les ressources de la Terre, l'énergie est la
plus importante, voire indispensable au maintien de la vie des humains. Elle
est une composante essentielle des tissus et de la consommation des organismes
vivants. Comme déclare Munkeni (2006) « point n'est
besoin de rappeler ici le lien étroit qui existe entre les
développements économique et énergétique d'un pays.
Cependant, ce lien est souvent établi dans le sens d'une
causalité allant du développement de celle-ci ne saurait que la
conséquence du niveau général de développement
atteint par un pays ». La disponibilité des services,
l'ambiance sonore, la circulation sécuritaire, la création
d'emploi, le commerce, le moindre coût de vie, l'accès aux zones
isolées pour ne citer que ceux là sont les bienfaits de
l'énergie dans une zone urbaine.
Les questions énergétiques occupent de plus en
plus le devant de l'actualité et sont au coeur des politiques de
développement en ce début du 21ème siècle. Ces
questions touchent particulièrement les pays en voie de
développement au regard du rythme élevé de la croissance
démographique, de l'utilisation des ressources forestières qui
constituent la principale forme d'énergie, d'urbanisation croissante qui
a pour corollaire les problèmes de transport, d'électrification,
d'assainissement etc. La principale interrogation qui apparait en toile de fond
est la capacité de ces pays à mettre en oeuvre des politiques
énergétiques efficientes et durables.
Conscient de ce fait, les organismes internationaux et les
gouvernements se mobilisent pour améliorer la qualité et
l'accès à cette ressource dans les pays de l'Afrique
Subsaharienne. Ils mènent en même temps des politiques allant au
sens de la protection de l'environnement et de la biodiversité. C'est le
cas de FEM (Fond pour l'environnement Mondial) dont l'objectif principal est de
promouvoir la protection de l'environnement mondial et le développement
durable par l'octroi de financement aux pays en développement et aux
pays en transition économique, pour les aider à traiter les
problèmes environnementaux. Pourtant, la grande partie de la population
de ces pays tire leur énergie dans les ressources ligneuses.
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Etalé de la zone la plus aride à la zone humide,
le Tchad présente une pluviométrie moyenne évaluée
à 348 mm/an1. La forte variabilité géographique
s'accompagne d'une forte variabilité interannuelle de
pluviométrie. Le bilan énergétique du Tchad
démontre l'état de sous-développement du pays en
matière de consommation de l'énergie, ceci en quantité
comme en qualité.1 La zone la plus touchée par cette
crise est sa capitale N'djamena qui regroupe 41,2% de la population urbaine du
Tchad.
1. PROBLEMATIQUE
La ville de N'djamena comme le reste des villes du Tchad est
enclavée et connait d'énormes difficultés en ce qui
concerne son approvisionnement en produit de toute nature et
particulièrement en source d'énergie. Malgré
l'interdiction de coupe de bois vert par le gouvernement, celui-ci demeure
toujours le combustible le plus accessible et le plus utilisé par les
ménages. Les produits pétroliers : fuel-oil, essence, gaz butane,
pétrole lampant sont importés quand bien même que le Tchad
est un pays pétrolier.
Comme beaucoup de villes des Pays en Voie de
Développement, et plus précisément celles de la zone
sahélienne, la ville de N'djamena se caractérisent par une
augmentation rapide de la population et une croissance urbaine non
maîtrisée. Malheureusement elle ne s'est pas
préparée pour faire face au problème d'approvisionnement
en énergie, qu'elle soit électrique ou domestique. C'est le cas
de l»électricité, du gaz et du bois de chauffe dont le
problème d'accès et de leur gestion se pose avec acuité.
Cette situation relance le débat sur la crise énergétique
à laquelle le pays fait face depuis des années. Il suffit de
faire un tour dans les différentes structures à caractère
économique, administratif ou sociale et dans les ménages pour
faire le constat.
1 Baohoutou L., 1996. Le climat de N'djamena:
Evolution et effet sur le milieu physique (1965-1995). Université de
N'djamena, 69p.
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La consommation énergétique est passée de
200 kep en 1993 à 240 kep en 2002 puis à 292 kep en 2005 à
l'échelle nationale2. Les énergies conventionnelles,
c'est-à-dire l'électricité et les produits
pétroliers sont sous-développées et ne représentent
que 10% de la consommation nationale. Le volume de gaz consommé est
passé de 69 t en 1999 à 367t en 2004 (PREDAS, 2004). Le pays
consomme en plus grande quantité les combustibles ligneux,
c'est-à-dire le bois et le charbon de bois, représentant 90% de
la consommation totale de l'énergie du pays (PREDAS, 2004). Ces
tendances sont confirmées par les résultats de la dernière
enquête économique et sociale (DSEED/ECOSIT 2). Il ressort de
cette enquête qu'en effet 69% des ménages utilisent les produits
pétroliers pour l'éclairage, les énergies conventionnelles
sont cependant faiblement employées comme combustibles de cuisson avec
11% seulement d'utilisateurs. Ce qui est notable dans ces résultats
c'est l'absence de différence de comportement entre les
catégories de ménage selon le seuil de pauvreté. En effet,
le fait qu'une proportion faible des ménages nantis utilise
l'électricité (4%) pour l'éclairage et les combustibles
conventionnels (12%) pour la cuisson suscite des interrogations sur
l'accessibilité à ces sources d'énergie. Le taux
d'accès à l'électricité est de 2% pour l'ensemble
du pays et 12% environ pour la ville de N'djamena (PREDAS, 2004). L'offre
d'énergie au Tchad est estimée à 245 MW. Ce qui importe
ici ce ne sont pas les sources de l'énergie en elles-
mêmes mais la disponibilité,
l'accessibilité et les modes d'approvisionnement des ménages
pour leur multiples besoins à savoir le transport, l'éclairage,
la réfrigération, la télécommunication, la cuisson
des aliments, etc.
Ce sont ces statistiques qui nous ont amené à
nous interroger sur les modes d'approvisionnement des ménages en
énergie, et les problèmes liés à son accès ,
et plus loin sur la pénurie de cette ressource
(énergétique) dans la ville de N'djamena. D'où
découle le choix de notre thème : « L'approvisionnement des
ménages en énergie dans la ville de N'djamena : cas du
3ème arrondissement ». Cette étude nous a
amené à mettre en exergue
2 Munkeni F., 2006. Energie, Modernité et
lutte contre la pauvreté. Communication faite aux premières
journées Internationales d'Etudes scientifiques sur le thème :
« Le Tchad à l'ère pétrolière et son
développement
durable ».
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les formes d'organisation de l'espace dont les grands
précurseurs de la géographie ont utilisé dans la
conception de leurs théories. Il s'agit entre autre de Christaller et de
sa théorie des lieux centraux, et de Hoyt (économiste) et son
modèle de localisation. Il sera question pour nous d'analyser la
répartition spatiale des points d'approvisionnement et le réseau
de distribution de ces énergies dans la ville de N'djamena. Pour ce fait
il est important pour nous de nous interroger sur l'état de connaissance
de notre champ d'étude.
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