CONCLUSION
La corruption est devenue au fil des ans le `'cancer'' des
sociétés modernes et nuit considérablement au
développement du Burkina Faso. Elle remet en cause notre système
démocratique et instaure une rupture de confiance entre les
gouvernés et les gouvernants. La corruption est source de nombreux
dysfonctionnements et dérives dans le fonctionnement de notre
administration. Par ailleurs, elle renchérit le coût de la vie,
entraine une perte de recettes publiques en privant l'Etat de ressources
financières et contribue à l'élargissement du fossé
entre riches et pauvres accentuant ainsi les risques de conflits sociaux.
Ainsi, au terme de notre étude, un constat
s'impose : la corruption est une réalité qui est en pleine
expansion et qui gangrène tous les secteurs de l'administration publique
au Burkina Faso. De nombreux facteurs d'ordre sociologique, économique,
politique et institutionnel favorisent l'émergence et l'ancrage des
pratiques corruptrices dans les services publics. En effet, les facteurs tels
que la déstructuration des valeurs morales, les faibles revenus des
agents publics, la politisation de l'administration, l'impunité,
l'inadaptation du modèle administratif déterminent et expliquent
en grande partie le développement de la corruption dans l'administration
publique.
Le fait que chacun pense qu'il faut se protéger de
l'opacité des règles administratives et des dysfonctionnements
dans les services publics amènent tout un chacun à pratiquer la
corruption au quotidien. Ainsi, sa banalisation et son ancrage dans les
logiques sociales et politiques concourent à la légitimer et
amène sans doute à une sorte de cercle vicieux.
Certes, notre pays dispose d'un dispositif institutionnel et
législatif dense en matière de lutte contre la corruption, mais
malheureusement le fonctionnement des structures de contrôle est
entravé par le manque d'autonomie et une insuffisance de moyens humains,
financiers et matériels.
Malgré la volonté affichée des
autorités politiques, des organisations de la société
civile et des media, de lutter résolument pour endiguer ce
phénomène, le constat est amer sur le terrain car la corruption
gagne du terrain. La question que de nombreux citoyens se posent est la
suivante : Y aurait-il suffisamment de volonté et d'engagement de
la part de tous les acteurs impliqués dans cette lutte où la
corruption est une fatalité pour notre pays ?
Sans verser dans un pessimisme béat, l'espoir est
permis en matière de lutte contre la corruption. Nous conviendrons avec
ce représentant de la Banque Mondiale qui faisait le constat suivant en
2001 dans un entretien paru dans «Corruption dans la cité» du
journal l'Observateur Paalga : «Le premier signe qui donne une
lueur d'espoir est le sentiment général de réprobation et
de condamnation de la corruption par une large majorité de l'opinion
burkinabè. La tolérance de la société
burkinabè vis-à-vis de la corruption est très faible (...)
comparée à d'autres pays de la sous région où
l'opinion a l'air de considérer que la corruption est un
phénomène naturel, un peu comme les catastrophes (qu'on ne sait
pas arrêter). Au Burkina Faso, on peut encore espérer que l'on
arrivera à l'endiguer».
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