Analyse sociopolitique de la crise de l'enseignement supérieur au Burkina Faso: Cas de l'université de Ouagadougou( Télécharger le fichier original )par SIDI BARRY Université de Ouagadougou (UO) - DEA Droit Public: Option: Science Politique 2011 |
PARAGRAPHE 2 : ANALYSE DES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ENSEIGNANTSLes enseignants se plaignent régulièrement des mauvaises conditions de travail qui constituent un facteur important de démotivation de ces derniers. En effet, nombreux sont les enseignants qui ne disposent pas de bureaux, d'ouvrages d'enseignement, d'outils pédagogiques indispensables pour la recherche et le renouvellement des cours. A cela s'ajoute le problème de l'équipement des salles de cours (pour les travaux dirigés et pratiques) et des laboratoires. Rappelons aussi une difficulté pour les enseignants à supporter les frais d'achats des ouvrages spécialisés et de séjour à l'extérieur notamment dans les pays où se réalisent les progrès majeurs dans certaines disciplines. Par ailleurs, les effectifs pléthoriques d'étudiants et l'insuffisance des infrastructures posent un problème d'encadrement59(*) vu le nombre assez réduit d'enseignants. En effet, « les comparaisons des ratios d'encadrement dans les universités africaines faites par le Pôle UNESCO de Dakar (2008) montrent en effet que l'enseignant burkinabé du public est l'un des plus chargés avec 39,8 étudiants/enseignant, pour une moyenne africaine de 21,1/enseignant, une moyenne mondiale de 17,1/enseignant et une moyenne européenne de 15,6/enseignant. Ce ratio élevé d'encadrement ne peut que nuire à la qualité de celui-ci, de même qu'à la qualité de la recherche. Concernant celle-ci, on soulignera que les primes de recherches n'ont connu d'accroissement que récemment et que les faibles montants disponibles ne permettent pas l'entreprise de réels programmes de recherche »60(*). L'Université de Ouagadougou souffre d'un déficit important d'enseignants, ce qui a pour conséquence l'augmentation du volume horaire des enseignants. Notons que le volume horaire statutaire annuel est actuellement de 175 heures pour l'assistant, 150 pour le maitre-assistant, et 100 heures pour le maitre de conférences et le professeur titulaire. Donc, l'institution du système des heures supplémentaires sans limites impératives tient compte du déficit d'enseignants. Ainsi, certains enseignants se retrouvent avec 100, 200 voire 300 heures supplémentaires en sus du volume statutaire. Cette situation « entraine de la part des enseignants et personnels administratifs des efforts considérables, des charges insupportables de travail. La conduite des activités pédagogiques est devenue un calvaire et l'évaluation un exercice périlleux et redoutable au regard des milliers de copies à corriger qui s'imposent à l'enseignant »61(*). L'insuffisance du nombre d'enseignants s'explique par le fait que les recrutements d'enseignants sont nettement en dessous des besoins. Par exemple, pour l'année académique 2006-2007, seulement 54 postes budgétaires étaient prévus pour toutes les filières confondues mais seulement 33 ont été pourvus. Cela révèle clairement que les postes d'enseignants restent peu attractifs d'où le peu d'engouement des candidats. Or, le personnel enseignant des universités publiques est vieillissant et il n'y a aucune relève à l'horizon. Ce déficit d'enseignants ira en s'aggravant si une solution n'est pas trouvée car dans les années à venir la majorité des enseignants titulaires auront atteint l'âge de la retraite pendant qu'au même moment, les contingents de nouveaux bacheliers vont grossissant. * 59 Il existe une disparité des ratios étudiants/enseignants entre l'ensemble des universités y compris les trois universités publiques: l'Université Polytechnique de Bobo avec 12 étudiants par enseignant, l'Université de Koudougou avec 55 étudiants par enseignant et l'Université de Ouagadougou avec 60 étudiants par enseignant (MESSRS, 2007). * 60Fernand SANOU, Maryvonne CHARMILLOT : L'éducation supérieure dans les politiques éducatives en Afrique subsaharienne : Le cas du Burkina Faso, PNUD, Ouagadougou ; FAPSE, Genève, 2009, P15. * 61 Tahirou BARRY : Les défis de la motivation du personnel dans l'organisation : cas de l'Université de Ouagadougou ; DESS, management des Ressources Humaines, IAPM, 2007, P49. |
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