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Ordre de Berlin et la conception de l'état du mouvement politico-religieux bundu dia kongo: mythe ou réalité

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par Mahatma Julien Tazi K. Tien-a-be
Université de Kinshasa - Doctorat en Relations Internationales 2013
  

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Chapitre VII. LA NATURE DE L'ETAT DANS LA DOCTRINE DE BDK

En Afrique centrale et en RDC particulièrement :

Sur le plan interne : l'Etat africain est un kimpangala : c'est un Etat ayant une construction inachevée. L'Etat africain post colonial est un kimpangala sur tous les plans. En clair, dans la perception de bdk, l'Etat africain issu de l'ordre de Berlin est une construction inachevée, une simple fabrication de l'occident.

Sur le plan international : en partant de la RDC, on peut tout expliquer. Cet Etat a appartenu à titre individuel à une personne. Il a été pendant longtemps considéré comme un bien sans maitre, un res nulius. C'est cela l'idée de la neutralité du bassin du Congo.

Cette Afrique là est composée des Etats multinationaux. Cette construction oppose les Etats aux peuples et aux communautés. En opposant les Etats aux peuples cad aux ethnies et aux tribus, l'Afrique est morte. De cette Afrique actuelle, la cohabitation nationale tient de la force. Pas de mariage d'amour mais de force. La cohabitation inter communautaire est un mariage de force. Ce qui attache les communautés et les peuples n'est pas un lien fondateur mais plutôt une imposition. Le pacte fondateur n'est pas naturel. Le socle est la dictature, la force brutale et armée.

Du point de vue Nation culturelle : dans la doctrine politique de bdk, la nation naturelle= ensemble des descendants d'un même ancêtre. Tous forment une même tribu, une même nationalité. C'est cela la Nation naturelle.

Du point de vue pays national : un pays appartenant à une tribu et ses sous groupes. Une ethnie= une nation et un pays.

La loi sacrée n'admet jamais qu'on divise ce pays national en plusieurs morceaux. Chaque pays national divisé se réuni toujours. Dans cette perception, la RDC est composée de plusieurs pays nationaux. Plus de 450 ethnies. Chacune différentes de l'autre.

Constat général : en RDC, toutes ces ethnies coexistent de force et non par pure entente.

Chaque ethnie, peuple de la RDC a sa culture, une culture différente les unes des autres. Chaque peuple a sa culture, sa tradition, sa langue et sa propre terre.

Avant la conférence de Berlin et de la colonisation chaque peuple avait son pays, son territoire,...

En ce qui concerne le kongo, il est divisé en trois parties :

· La partie nord : dominée par la France

· La partie sud : par le Portugal

· La partie centrale : dominée par Léopold II puis par la Belgique.

En 1885 lors de la proclamation de l'EIC à Vivi, les bakongo étaient le seul peuple de cet Etat. Après la Belgique commence à annexé les autres.

· D'abord l'Equateur : en 1889

· Le Kasai : en 1891

· Le Kivu : 1894

· Le Katanga : 1895

· Boyoma ( Kisangani) : 1897

Tous ces peuples ont été mis ensemble par la force coloniale. Depuis 1960 en RDC, toutes les communautés se comportent comme si elles ne formaient pas un même pays. Nous avons l'impression que le souci était de former plus une conscience communautaire, provinciale que républicaine.

La gouvernance politique, le centralisme dictatorial, la recherche de créer une Nation unique qui aurait pour effet d'unir toutes les différences culturelles a guidé tout.

Dans la conception politique de BDK, l'Afrique, l'Afrique Centrale et particulièrement la RDC est un vrai kimpangala. Les autorités politiques, par la dictature et la centralisation du pouvoir ont empêché l'éclosion d'une unité nationale, d'une vraie solidarité et d'une cohésion nationale. Cette nature lui est attribuée par l'ordre de Berlin.

Du point de vue culturel : la RDC est divisée en trois zones culturelles différentes :

· Ubangi - Kongo - lualaba

Dans chaque zone, il y a des sous groupes. Chaque groupe se comporte comme si les autres n'étaient pas importants. Dans certaines conditions, cette multi culturalité peut être un avantage. Dans la perspective de la création d'une Nation et d'une unité nationale, c'est un défaut de taille. Chaque ethnie constitue une véritable nationalité.

· Ubangi : Equateur, Province Orientale et une partie nord de Bandundu, une partie de Congo-Brazza et de la République Centraficaine.

· Kongo : le Bas Congo, le sud-est de Bandundu, Kinshasa, une partie de Congo-Brazza et l'Angola.

· Lualaba : Havila, Kasai, Katanga, la Zambie.

Sur le plan linguistique : plus de 450 langues toutes différentes avec des ressemblances négligeables. Chaque ethnie a sa langue. Sa tradition et sa propre culture.

Les tentatives de création de la Nation congolaise

Le Congo est un Etat pluriethnique et multinational. Depuis la colonisation, la tendance générale est celle de favoriser l'ethnie, la tribu. Certaines politiques n'ont pas permis de penser à la création d'une unité nationale. Nous pouvons citer :

· La coexistence des forces centrifuges et centripètes n'a fait que exacerber le sentiment provincial, ethnique ou encore communautaire.

· Le choix de la forme unitaire centralisée a encore exacerbé le repli identitaire. Les effets sont aujourd'hui connus.

· Les différents gouvernements n'ont pas réussi a poser les bases d'une véritable Nation congolaise.

1. Le système Mobutu :

L'armée : Equateur et parlant le lingala, le gouvernement composé majoritairement des originaires de l'Equateurs ou de leur recommandés.

2. Le système Kabiliste Muzéiste

Armée kangalisée, swahiliphones.

3. Le système Kabila Joseph

Même chose. Gouvernement Matat Ponyo.

Malgré la bonne volonté des hommes politiques d'unir les ethnies et les provinces autour d'un même pouvoir et de créer un Nation congolaise, toutes les tentatives n'ont pas apporte le résultat attendu.

Le vouloir vivre collectif

Pendant la période de l'EIC de 1885-1908 : pas de vouloir vivre collectif, pas de politique de cohésion nationale, pas de politique de création de la Nation.

Pendant la période coloniale, il était difficile de parler du vouloir vivre collectif. Cela parce que l'objectif de la colonisation n'était pas de d'unir les ethnies ou les peuples. La colonisation n'a pas crée une cohésion nationale, un vouloir vivre collectif. La Belgique n' a pas une volonté manifeste que le Congo devienne une Nation Unie. Elle l'a plutôt divisé pour bien régner. L'objectif était de faire du Congo une vache à lait. Vers les années 1955-1960, la Belgique a même crée des regroupements politique sur des bases ethniques ou culturelles. Nous pouvons à cet effet citer : l'Aboko, l'Abazi ; l'Alliance des Mongo...

Des années 1960-1964 : les pères fondateurs constatent que le Congo n'est pas uni, pour opérer l'unité, seule option s'offre à eux : l'Etat unitaire. En 1960, les nationalistes ont cru que l'Etat unitaire centralisé créerait automatiquement la Nation congolaise. Celle-ci agirait sur le vouloir vivre collectif. Ceci n'a pas marché.

Le recours à la province, à l'ethnie a continué. La tribalisalisation de la République s'est même accentuée.

La pratique de l'Etat unitaire centralisé et de la Nation unificatrice a échoué en Afrique Centrale et particulièrement en RDC. La Nation congolaise n'existe que de nom. Le vouloir vivre collectif est une véritable fiction. Les Etats -Nations de l'Afrique Centrale et la RDC, en particulier sont des architectures inachevées.

Avec Mobutu : il a tenté plusieurs politiques pour créer la Nation et le vouloir vivre collectif. Il faut bien le lui reconnaître. Pour lui, il fallait unir les ethnies, les tribus, les communautés autour d'un même idéal politique, un seul homme : tata bo moko, mama bo moko, ekolo bo moko, bokonzi bo moke

La centralisation dans le cadre d'un parti unique a donné de l'espoir tout en créant des frustrations. Il faut noter une fois de plus que ce n'est que par la force que la centralisation s'est rendue possible. Mobutu est bâtisseur, unificateur et pacificateur. Il unifie les hommes et les terres à son pouvoir et non à la Nation. Celle-ci n'existe pas. Il a cependant tenté certaines politiques notamment celle de la territoriale des non originaires.

En Afrique centrale, les Etats Nation sont des structures composites et imposées. Ils sont construits sans la volonté des peuples. Ils sont incapables de fédérer les peuples et les communautés. Ils ont tous été fondés sur la volonté et pour les intérêts des grandes puissances. Ainsi, ils sont appelés à ne réaliser que les intérêts de leurs créateurs.

Conséquence : échec de l'Etats dans ses dimensions régaliennes : impossibilité d'agglomérer les peuples, de créer une véritable Nation, une unité nationale, échec de développement et de la création d'un vouloir vivre collectif.

Le bdk voudrait changer tout cela en proposant le dépassement de l'unitarisme centralisateur et de la pensée d'une nation unificatrice. Il leur substituer un fédéralisme multinational sur base des aires culturelles. Ce fédéralisme fonctionnerait sur le modèle américain ou suisse. Son système politique serait la démocratie rotative sur les éléments divisant. Sa politique étrangère serait celle de responsabilité et d'anticipation à laquelle l'entité fédérée aura sa propre politique étrangère dans le cadre de la paradiplomatie.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote