Chapitre VII. LA NATURE DE L'ETAT DANS LA DOCTRINE DE
BDK
En Afrique centrale et en RDC
particulièrement :
Sur le plan interne : l'Etat africain
est un kimpangala : c'est un Etat ayant une construction inachevée.
L'Etat africain post colonial est un kimpangala sur tous les plans. En clair,
dans la perception de bdk, l'Etat africain issu de l'ordre de Berlin est une
construction inachevée, une simple fabrication de l'occident.
Sur le plan international : en partant
de la RDC, on peut tout expliquer. Cet Etat a appartenu à titre
individuel à une personne. Il a été pendant longtemps
considéré comme un bien sans maitre, un res nulius. C'est cela
l'idée de la neutralité du bassin du Congo.
Cette Afrique là est composée des Etats
multinationaux. Cette construction oppose les Etats aux peuples et aux
communautés. En opposant les Etats aux peuples cad aux ethnies et aux
tribus, l'Afrique est morte. De cette Afrique actuelle, la cohabitation
nationale tient de la force. Pas de mariage d'amour mais de force. La
cohabitation inter communautaire est un mariage de force. Ce qui attache les
communautés et les peuples n'est pas un lien fondateur mais plutôt
une imposition. Le pacte fondateur n'est pas naturel. Le socle est la
dictature, la force brutale et armée.
Du point de vue Nation culturelle : dans
la doctrine politique de bdk, la nation naturelle= ensemble des descendants
d'un même ancêtre. Tous forment une même tribu, une
même nationalité. C'est cela la Nation naturelle.
Du point de vue pays national : un pays
appartenant à une tribu et ses sous groupes. Une ethnie= une nation et
un pays.
La loi sacrée n'admet jamais qu'on divise ce pays
national en plusieurs morceaux. Chaque pays national divisé se
réuni toujours. Dans cette perception, la RDC est composée de
plusieurs pays nationaux. Plus de 450 ethnies. Chacune différentes de
l'autre.
Constat général : en RDC, toutes ces
ethnies coexistent de force et non par pure entente.
Chaque ethnie, peuple de la RDC a sa culture, une culture
différente les unes des autres. Chaque peuple a sa culture, sa
tradition, sa langue et sa propre terre.
Avant la conférence de Berlin et de la colonisation
chaque peuple avait son pays, son territoire,...
En ce qui concerne le kongo, il est divisé en trois
parties :
· La partie nord : dominée par la France
· La partie sud : par le Portugal
· La partie centrale : dominée par
Léopold II puis par la Belgique.
En 1885 lors de la proclamation de l'EIC à Vivi, les
bakongo étaient le seul peuple de cet Etat. Après la Belgique
commence à annexé les autres.
· D'abord l'Equateur : en 1889
· Le Kasai : en 1891
· Le Kivu : 1894
· Le Katanga : 1895
· Boyoma ( Kisangani) : 1897
Tous ces peuples ont été mis ensemble par la
force coloniale. Depuis 1960 en RDC, toutes les communautés se
comportent comme si elles ne formaient pas un même pays. Nous avons
l'impression que le souci était de former plus une conscience
communautaire, provinciale que républicaine.
La gouvernance politique, le centralisme dictatorial, la
recherche de créer une Nation unique qui aurait pour effet d'unir toutes
les différences culturelles a guidé tout.
Dans la conception politique de BDK, l'Afrique, l'Afrique
Centrale et particulièrement la RDC est un vrai kimpangala. Les
autorités politiques, par la dictature et la centralisation du pouvoir
ont empêché l'éclosion d'une unité nationale, d'une
vraie solidarité et d'une cohésion nationale. Cette nature lui
est attribuée par l'ordre de Berlin.
Du point de vue culturel : la RDC est
divisée en trois zones culturelles différentes :
· Ubangi - Kongo -
lualaba
Dans chaque zone, il y a des sous groupes. Chaque groupe se
comporte comme si les autres n'étaient pas importants. Dans certaines
conditions, cette multi culturalité peut être un avantage. Dans la
perspective de la création d'une Nation et d'une unité
nationale, c'est un défaut de taille. Chaque ethnie constitue une
véritable nationalité.
· Ubangi : Equateur, Province Orientale et une
partie nord de Bandundu, une partie de Congo-Brazza et de la République
Centraficaine.
· Kongo : le Bas Congo, le sud-est de Bandundu,
Kinshasa, une partie de Congo-Brazza et l'Angola.
· Lualaba : Havila, Kasai, Katanga, la Zambie.
Sur le plan linguistique : plus de 450 langues toutes
différentes avec des ressemblances négligeables. Chaque ethnie a
sa langue. Sa tradition et sa propre culture.
Les tentatives de création de la Nation
congolaise
Le Congo est un Etat pluriethnique et multinational. Depuis la
colonisation, la tendance générale est celle de favoriser
l'ethnie, la tribu. Certaines politiques n'ont pas permis de penser à la
création d'une unité nationale. Nous pouvons citer :
· La coexistence des forces centrifuges et
centripètes n'a fait que exacerber le sentiment provincial, ethnique ou
encore communautaire.
· Le choix de la forme unitaire centralisée a
encore exacerbé le repli identitaire. Les effets sont aujourd'hui
connus.
· Les différents gouvernements n'ont pas
réussi a poser les bases d'une véritable Nation congolaise.
1. Le système Mobutu :
L'armée : Equateur et parlant le lingala, le
gouvernement composé majoritairement des originaires de l'Equateurs ou
de leur recommandés.
2. Le système Kabiliste
Muzéiste
Armée kangalisée, swahiliphones.
3. Le système Kabila Joseph
Même chose. Gouvernement Matat Ponyo.
Malgré la bonne volonté des hommes politiques
d'unir les ethnies et les provinces autour d'un même pouvoir et de
créer un Nation congolaise, toutes les tentatives n'ont pas apporte le
résultat attendu.
Le vouloir vivre collectif
Pendant la période de l'EIC de
1885-1908 : pas de vouloir vivre collectif, pas de politique de
cohésion nationale, pas de politique de création de la Nation.
Pendant la période coloniale, il
était difficile de parler du vouloir vivre collectif. Cela parce que
l'objectif de la colonisation n'était pas de d'unir les ethnies ou les
peuples. La colonisation n'a pas crée une cohésion nationale, un
vouloir vivre collectif. La Belgique n' a pas une volonté manifeste que
le Congo devienne une Nation Unie. Elle l'a plutôt divisé pour
bien régner. L'objectif était de faire du Congo une vache
à lait. Vers les années 1955-1960, la Belgique a même
crée des regroupements politique sur des bases ethniques ou culturelles.
Nous pouvons à cet effet citer : l'Aboko, l'Abazi ; l'Alliance
des Mongo...
Des années 1960-1964 : les
pères fondateurs constatent que le Congo n'est pas uni, pour
opérer l'unité, seule option s'offre à eux : l'Etat
unitaire. En 1960, les nationalistes ont cru que l'Etat unitaire
centralisé créerait automatiquement la Nation congolaise.
Celle-ci agirait sur le vouloir vivre collectif. Ceci n'a pas marché.
Le recours à la province, à l'ethnie a
continué. La tribalisalisation de la République s'est même
accentuée.
La pratique de l'Etat unitaire centralisé et de la
Nation unificatrice a échoué en Afrique Centrale et
particulièrement en RDC. La Nation congolaise n'existe que de nom. Le
vouloir vivre collectif est une véritable fiction. Les Etats -Nations de
l'Afrique Centrale et la RDC, en particulier sont des architectures
inachevées.
Avec Mobutu : il a tenté
plusieurs politiques pour créer la Nation et le vouloir vivre collectif.
Il faut bien le lui reconnaître. Pour lui, il fallait unir les ethnies,
les tribus, les communautés autour d'un même idéal
politique, un seul homme : tata bo moko, mama bo moko, ekolo
bo moko, bokonzi bo moke
La centralisation dans le cadre d'un parti unique a
donné de l'espoir tout en créant des frustrations. Il faut noter
une fois de plus que ce n'est que par la force que la centralisation s'est
rendue possible. Mobutu est bâtisseur, unificateur et pacificateur. Il
unifie les hommes et les terres à son pouvoir et non à la Nation.
Celle-ci n'existe pas. Il a cependant tenté certaines politiques
notamment celle de la territoriale des non originaires.
En Afrique centrale, les Etats Nation sont des structures
composites et imposées. Ils sont construits sans la volonté des
peuples. Ils sont incapables de fédérer les peuples et les
communautés. Ils ont tous été fondés sur la
volonté et pour les intérêts des grandes puissances. Ainsi,
ils sont appelés à ne réaliser que les
intérêts de leurs créateurs.
Conséquence : échec de l'Etats dans ses
dimensions régaliennes : impossibilité d'agglomérer
les peuples, de créer une véritable Nation, une unité
nationale, échec de développement et de la création d'un
vouloir vivre collectif.
Le bdk voudrait changer tout cela en proposant le
dépassement de l'unitarisme centralisateur et de la pensée d'une
nation unificatrice. Il leur substituer un fédéralisme
multinational sur base des aires culturelles. Ce fédéralisme
fonctionnerait sur le modèle américain ou suisse. Son
système politique serait la démocratie rotative sur les
éléments divisant. Sa politique étrangère serait
celle de responsabilité et d'anticipation à laquelle
l'entité fédérée aura sa propre politique
étrangère dans le cadre de la paradiplomatie.
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