3. Approvisionnement en eau
potable par la SODECI : cas de la ville d'Abidjan
Le contexte environnemental et social des ressources en eau de
la ville d'Abidjan se caractérise par une importante variabilité
climatique et une dégradation environnementale qui associées
à l'accroissement démographique engendre des fluctuations
considérables de la disponibilité et de la qualité des
ressources en eau. En effet, en dépit de son vaste plan d'eau lagunaire,
Abidjan, capitale économique de la Côte d'Ivoire, et ses centres
urbains périphériques demeurent exclusivement alimentés en
eau potable par des forages profonds exploitant les eaux souterraines d'un
bassin sédimentaire au nord de la ville : la nappe du continental
terminal. Cette nappe aquifère, communément appelée
« nappe d'Abidjan », représente 68 % de la
production d'eau potable nationale (DHH, 2001). Elle constitue un
aquifère excellent, hétérogène et vulnérable
par endroits, notamment au niveau de la vallée du Banco,
identifiée comme zone potentiellement vulnérable à la
pollution (Kouamé et al., 2010).
La nappe d'Abidjan est exploitée par 89 forages
à gros diamètres (dont 84 en état de fonctionnement dans
la période d'étude), avec des débits d'exploitation
variant entre 150 et 250 m3/heure. L'eau brute
prélevée de ces forages est traitée par 12 usines de la
SODECI, produisant environ 344 000 m3 d'eau potable par jour, soit
une production annuelle estimée à plus de 125 560 000
m3. Le déficit de la production journalière demeure
toutefois, très élevé à Abidjan. Il est
estimé à 150 000 m3, contre 184 000 m3 dans
l'ensemble du pays. En effet, l'augmentation des volumes pompés au cours
des dernières vingt années, l'afflux des populations vers Abidjan
suite à la crise socio-politique (entraînant une augmentation
soudaine de plus de 40% du nombre d'habitants), ainsi que les
prélèvements de plus en plus élevés par rapport au
taux de recharge de la nappe, se sont traduit par des effets directs
observés sur le niveau moyen de la nappe aquifère. Cependant,
plusieurs efforts ont été consentis afin de palier au
déficit d'approvisionnement observé. Ainsi, à Abidjan,
deux nouvelles unités de production de 60 000 m3 d'eau par
jour sont en cours de réalisation, et les études pour la
construction de deux usines d'une capacité quotidienne de 212 000
m3 sont bouclées, avec un coût des investissements
évalués à 120 milliards de F CFA.
Toutefois, selon une étude sur la pauvreté
conduite en 2006, en Côte d'Ivoire (Banque Mondiale, 2006), l'utilisation
de l'eau potable par les populations reste limitée par les frais de
branchement trop élevés pour certains ménages. En effet,
l'accès au réseau hydraulique de la SODECI induit des frais
d'abonnement et d'installation du compteur se chiffrant à 28 440 FCFA
TTC lorsque le particulier ou l'entreprise dispose déjà des
installations techniques nécessaires. Lorsque cela n'est pas le cas, la
SODECI se charge de la construction du dispositif technique adéquat,
suivi de l'installation du compteur, dont le coût s'élève
à hauteur de 175 440 FCFA TTC. En réponse aux difficultés
qu'éprouve une partie de la population à payer les prix de
distribution de l'eau, la SODECI offre pour les quartiers réguliers deux
types de branchement : les branchements subventionnés pour les
habitations ayant quatre points d'eau pour un coût de 19 660 FCFA, et les
branchements normaux dont le coût est de 174 000 F CFA. Mais, la facture
trimestrielle de la SODECI demeure encore trop élevée pour les
ménages à faible revenu vivant dans les quartiers
réguliers, qui ne peuvent avoir accès à l'eau potable, et
ont recours à des revendeurs d'eau, d'où la prolifération
de cette activité et l'accroissement des risques sanitaires
inhérents.
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