Ministère de l'Enseignement Supérieur
et de la Recherche Scientifique
REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE
Union - Discipline - Travail
Institut de Formation à la Haute Expertise et de
Recherche
Année académique : 2011 -
2012
Mémoire pour l'obtention du Master de Génie de
l'Environnement
Thème :
ANALYSE DE CYCLE DE VIE APPLIQUEE A UN SYSTEME DE
PRODUCTION D'EAU POTABLE : CAS DE L'UNITE INDUSTRIELLE SODECI
NORD-RIVIERA
|
Par :
BAIDAI YANNICK DIBY ARMEL
(Maître ès Sciences de la Nature)
Directeur scientifique
|
|
Superviseur de stage
|
Prof. GONE DROH LANCINE
Maître de conférences à l'Université
Nangui Abrogoua
|
|
Dr. AKA AKPA OLIVIER
Directeur Etudes, Travaux et Maintenance de la SODECI
|
DEDICACE
Loué soit le nom du Seigneur, Dieu tout-puissant qui a
permis l'accomplissement de ces travaux.
Qu'à travers eux, ma famille soit honorée.
« Amat victoria curam »
REMERCIEMENTS
Cachés derrière ces mots, ces lignes, ces
chiffres, ces graphiques se trouvent des heures de réflexions, de
colères, de joies, de stress, de lassitudes, mais aussi l'aide et le
concours d'innombrables personnes qu'il m'est ici, agréable de
remercier.
Mes premiers remerciements vont à l'endroit de
l'ensemble de la direction et du personnel de la SODECI,
particulièrement M. TCHIMOU (DGA) pour m'avoir accueilli et
facilité mon insertion au sein de leur structure. Je tiens à
adresser mes plus sincères remerciements au Dr AKA AKPA pour avoir bien
voulu m'encadrer, ainsi que pour tout le temps précieux qu'il a bien
voulu m'accorder. Bénie soit, toute l'équipe de la direction de
production d'Abidjan, particulièrement M. GOSSO Olivier, Directeur de
production, Mme NIANZOU (responsable qualité), et M. DAGO pour leurs
conseils, leur écoute et toute la disponibilité dont ils m'ont
gratifié tout au long de ce stage. Il m'est également
agréable de remercier, les agents de l'usine Nord-Riviera qui ont eu la
patience de répondre à mes nombreuses questions, sans eux ce
mémoire n'aurait jamais existé.
Je ne saurais oublier mes joyeux compagnons d'aventure, Jean
Louis et Paulin, ainsi que l'ensemble des auditeurs de la promotion 2010 - 2011
du Master en Génie de l'Environnement de l'Institut de Formation
à la Haute Expertise et de Recherche (IFHER).
Je voudrais enfin, exprimer mon infinie gratitude à mes
parents, particulièrement ma frangine (Ahou la futée), ma
« cadette tant chérie » et ma « petite
mère à moi », pour toute l'affection, l'assistance et
le soutien dont je ne cesse de bénéficier. Que le ciel vous en
soit généreux.
RESUME
Une analyse environnementale du système de production
d'eau potable adopté par la Société de Distribution d'Eau
de Côte d'Ivoire (SODECI) a été conduite au sein de
l'unité de traitement Nord-Riviera, avec pour objectif d'évaluer
l'empreinte environnementale associée à l'activité
d'approvisionnement en eau potable. L'analyse s'est appuyée sur
l'approche standardisée de l'analyse de cycle de vie, afin de quantifier
les impacts environnementaux potentiels dans différentes
catégories, à partir de la démarche d'évaluation
proposée par la méthode IMPACT 2002+. Les
résultats de l'étude révèlent qu'en
réalité la production d'eau potable par l'unité
considérée se traduit par un impact relativement faible
estimé à 3,05 Pt par mètre cube d'eau produit. Cet impact
émane en majeure partie de l'exploitation d'importantes quantités
d'énergie et de ressources naturelles nécessaires aux phases de
pompage et de traitement de l'eau souterraine, et de leur incidence
subséquente sur le climat. Il se traduit par des scores d'impact de 2,7
MJ ; 0,26 kg de CO2 équivalent ; 1,08.10-2
PDF.m².an et 6,07.10-8 DALY par mètre cube d'eau
distribuée sur le réseau, respectivement dans les
catégories des ressources naturelles, des changements climatiques, de la
qualité des écosystèmes et de la santé humaine.
L'étude indexe en outre, l'extraction de l'eau souterraine, comme la
phase la plus polluante de la chaine de production, notamment en raison de
l'importante consommation énergétique qu'elle nécessite.
Une analyse de sensibilité effectuée sur l'ensemble des
paramètres de production, dans le but de mesurer la
significativité de leur influence sur la charge environnementale globale
du système, a montré que la consommation
énergétique liée au pompage de l'eau, la consommation de
chaux, et la consommation électrique de l'étape de traitement
constituent par ordre croissant d'influence, les paramètres les plus
sensibles du système. Ces trois paramètres se définissent
ainsi, comme les secteurs d'action où des réformes
appropriées quelle que soit leur ampleur, pourraient potentiellement se
traduire par une amélioration hautement significative de la performance
environnementale du système. Cependant, le panel de solutions
susceptibles d'être apportées s'avère encore
inapproprié aux faciès technique, économique, politique et
social actuels. Néanmoins, certains aspects du système de
production, notamment la gestion des déchets solides et des
sous-produits de traitement, bien que peu relativement peu impactants selon la
présente analyse, peuvent potentiellement être optimisés
afin d'accroitre dans une certaine mesure l'acceptabilité
environnementale du système.
Mots clés : Analyse de
cycle de vie ; Production d'eau potable ; Impacts
environnementaux.
ABSTRACT
Environmental analysis of the production system of drinking
water adopted by the Society of Water Distribution of Ivory Coast (SODECI) was
conducted in the treatment unit of «North-Riviera», with the aim of
assessing the environmental footprint associated with the activity of drinking
water supply. The analysis was based on the standardized approach of life cycle
assessment to quantify the potential environmental impacts in different
categories, from the evaluation process proposed by the IMPACT 2002+ method.
The study showed that the production of drinking water by the studied unit,
results in a relatively low impact estimated at 3.05 Pt per cubic meter of
water produced. This impact derives largely from the exploitation of large
amounts of energy and natural resources required for pumping phase and
treatment of groundwater, and their subsequent incidence on climate change. It
results in impact scores of 2.7 MJ, 0.26 kg of CO2 equivalent,
1.08E-2 PDF.m².year, 6.07E-8 DALYs per cubic meter
of water distributed over the network, respectively in the categories of
natural resources, climate change, ecosystem quality and human health. The
study also indexes, extraction of groundwater as the most polluting stage of
the production chain, particularly because of its large energy consumption. A
sensitivity analysis performed on all production parameters in order to measure
the significance of their influence on the overall environmental burden of the
system, showed that energy consumption of water pumping, lime consumption and
energy consumption of the treatment step are in ascending order of influence,
the most sensitive parameters of the system. Thus, these three parameters are
defined, as areas where appropriate reforms regardless of their size, could
potentially result in a highly significant improvement of the environmental
performance of the system. However, the range of solutions that can be applied,
abide relatively inappropriate to current technical, economic, political and
social facies. However, some aspects of the production system, such as the
management of bulk waste and by-products from water treatment, although
relatively low impacting, according to this analysis, can be optimized in order
to increase to some extent, the environmental acceptability of the considered
system.
Keywords: Life cycle
assessment, Drinking water supply, Environmental impacts.
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
i
REMERCIEMENTS
iii
RESUME
iv
ABSTRACT
v
LISTES DES FIGURES
ix
LISTE DES TABLEAUX
x
SIGLES ET ACRONYMES
xi
INTRODUCTION
1
PREMIERE PARTIE : GENERALITES
3
I. PRESENTATION DE LA SOCIETE DE DISTRIBUTION D'EAU
DE LA COTE D'IVOIRE (SODECI)
4
1. Historique et domaines d'activités de la
SODECI
4
2. Statut juridique et organisation
fonctionnelle
5
2.1. Statut juridique et siège
social
5
2.2. Structure et fonctionnement de la
SODECI
6
3. Approvisionnement en eau potable par la
SODECI : cas de la ville d'Abidjan
8
II. CADRE JURIDIQUE ET REGLEMENTAIRE DU SECTEUR DE
L'EAU ET DE L'ENVIRONNEMENT EN COTE D'IVOIRE
9
1. Code de l'environnement
10
2. Code de l'eau
10
2.1. Objectifs et caractéristiques
générales du code de l'eau
11
2.2. Aspects juridiques relatifs à
l'exploitation et à l'approvisionnement en eau potable
12
2.3. Aspects juridiques du code de l'eau
relatifs à la protection de l'environnement
13
III. THEORIE DE L'ANALYSE DE CYCLE DE VIE
14
1. Définitions et principes
généraux de l'analyse de cycle de vie
14
2. Historique et cadre institutionnel de l'analyse
de cycle de vie
15
IV. SYSTEMES DE PRODUCTION D'EAU POTABLE ET
PRESSION ENVIRONNEMENTALE
16
V. CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL ET SOCIAL DU SITE
D'ETUDE
19
1. Localisation géographique
19
2. Description du milieu physique
21
2.1. Contexte météorologique et
climatique
21
2.1.1. Climat
21
2.1.2. Pluviométrie
21
2.1.3. Température
21
2.2. Contexte géologique et
hydrologique
22
2.2.1. Relief, géologie, et sols
22
2.2.2. Hydrologie et Ressources en eau
23
2.3. Etat acoustique de la zone
24
3. Description du milieu biologique
24
4. Description du milieu humain
24
DEUXIEME PARTIE : APPROCHE METHODOLOGIQUE
26
I. CADRE METHODOLOGIQUE DE BASE DE L'ACV
27
1. Définitions des objectifs et du champ
d'étude
27
2. Inventaire du cycle de vie (ICV)
30
3. Evaluation de l'impact
30
3.1. Classification
31
3.2. Caractérisation
intermédiaire
31
3.3. Caractérisation des dommages.
31
3.4. Normalisation
32
3.5. Regroupement
32
3.6. Pondération et
agrégation
33
4. Interprétation
33
II. METHODE D'EVALUATION D'IMPACT : IMPACT
2002+
33
1. Caractérisation intermédiaire
34
2. Catégories de dommages
35
3. Limites de « IMPACT
2002+ »
36
4. Incertitudes et analyse de
sensibilité
40
TROISIEME PARTIE : ANALYSE ET EVALUATION DES
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX
42
I. DEFINITION DES OBJECTIFS ET DU CHAMP D'ETUDE
43
1. Objectifs de l'étude
43
2. Champ de l'étude
43
2.1. Fonction et Unité fonctionnelle
43
2.2. Frontières des systèmes
étudiés
44
2.3. Délimitation des frontières
du système
44
2.4. Qualité des données
d'inventaire du cycle de vie
46
3. Exigences Relatives à la Qualité
de Données
47
4. Méthode d'évaluation des impacts
du cycle de vie
47
5. Présentation du scénario de
référence
47
5.1. Description du processus de production
d'eau potable par l'unité
47
5.1.1. Extraction de l'eau à la station de
production Nord-Riviera
48
5.1.2. Traitement et distribution de l'eau
48
5.2. Scénario de référence
49
II. INVENTAIRE DE CYCLE DE VIE ET ANALYSE DE
L'INVENTAIRE.
49
1. Inventaire des ressources naturelles
utilisées
49
1.1. Hypothèses d'inventaire :
Occupation du sol
50
2. Inventaire des matériaux (entrées
de la technosphère)
50
3. Inventaire de la consommation
d'énergie
51
3.1. Hypothèses d'inventaire :
Profil énergétique de la Côte d'Ivoire
51
4. Transport
51
5. Inventaire des flux de déchets
52
5.1. Déchets industriels banaux
(DIB)
52
5.2. Effluents liquides
53
6. Inventaire des émissions dans l'air
53
III. RESULTATS : EVALUATION DES IMPACTS
ENVIRONNEMENTAUX
55
1. Impacts intermédiaires (impacts
mid-points).
55
2. Catégories de dommages (impacts
end-points) et Eco-score global
55
3. Sensibilité des paramètres de
production d'eau potable
60
IV. DISCUSSION
62
1. Interprétation de l'analyse de cycle de
vie
62
2. Recommandations et suggestions
65
2.1. Optimisation de la gestion des boues de
traitement
67
2.2. Optimisation de la gestion des
déchets : cas des emballages et conditionnements des
réactifs
68
CONCLUSION
70
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
72
ANNEXES
79
LISTES DES FIGURES
Figure 1 :
Répartition de l'actionnariat de la SODECI
2
Figure 2 : Organigramme de
fonctionnement des directions régionales SODECI
7
Figure
3 : Organisation centrale de la SODECI
7
Figure 4 : Vue satellite de
l'unité de production SODECI - Nord Riviera
20
Figure 5 : Vue de l'usine
de production SODECI - Nord Riviera
20
Figure 6 : Diagramme
ombrothermique au cours des années 2010 et 2012.
22
Figure 7 : Hydrographie de
la zone d'étude (District d'Abidjan)
23
Figure 8 : Les phases d'une
Analyse de Cycle de Vie selon la norme ISO 14040
27
Figure 9 :
Frontières et processus élémentaires
29
Figure 10 : Schéma
général de la méthode IMPACT 2002+
37
Figure 11 : Arbre de
procédés du système de vie de l'eau potable
45
Figure 12 : Contribution
des procédés aux scores d'impacts environnementaux
intermédiaires de la production d'eau potable par la station SODECI -
Nord Riviera
57
Figure 13 : Contribution
des procédés aux scores de dommages environnementaux du
système de production d'eau potable par la station SODECI - Nord
Riviera
58
Figure 14 : Contribution
des scores de dommages à l'éco-score global du système de
production d'eau potable par la station SODECI - Nord Riviera
59
Figure 15 : Profil d'impact
de la production d'eau potable par la station SODECI - Nord Riviera...
59
Figure 16 : Variations du
score d'impact environnemental en fonction de 10 paramètres de
production
61
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Estimation de
l'évolution de la population (BURGEAP & PUIUR, 2011)
2
Tableau 2 :
Catégories intermédiaires d'impacts et substances de
référence. Source : [a] IMPACT 2002+ (Ver. 2.05) ; [b]
EDIP 2003
38
Tableau 3 : Facteurs et
unités de dommages
39
Tableau 4 : Fonction,
unité fonctionnelle et flux de référence pour le
système étudié
44
Tableau 5 : Inventaire des
ressources par flux de référence
50
Tableau 6 : Inventaire des
matériaux par flux de référence
50
Tableau 7 : Inventaire
d'énergie par flux de référence
51
Tableau 8 : Transport par
unité de référence
52
Tableau 9 : Inventaire
des déchets par flux de référence
53
Tableau 10 : Score de
caractérisation intermédiaire des différentes phases de
production d'eau potable par la station SODECI - Nord Riviera
56
Tableau 11 : Scores de
dommages (impacts end-points) des différentes phases de production d'eau
potable par la station SODECI - Nord Riviera
58
Tableau 12 : Valeurs de
sensibilités des paramètres de production
60
SIGLES ET ACRONYMES
ACV
|
:
|
Analyse de Cycle de Vie
|
AEP
|
:
|
Approvisionnement en Eau Potable
|
AFNOR
|
:
|
Agence Française de Normalisation
|
BUWAL
|
:
|
Bundesamt für Umwelt, Wald und Landwirtschaft (Agence
Suisse pour l'Environnement, la Foret et les Paysages)
|
CIRAIG
|
:
|
Centre Inter-Universitaire de Référence sur
l'Analyse, l'Interprétation et la Gestion du Cycle de vie des produits,
procédés et services
|
DCGTx
|
:
|
Direction de Contrôle des Grands Travaux
|
EDIP
|
:
|
Environmental Design of Industrial Products (Conception
Environnementale des Produits Industriels)
|
EIO-LCA
|
:
|
Economic input output and Life Cycle Assessment (Analyse
économique entrant-sortant et analyse de cycle de vie)
|
FNE
|
:
|
Fonds National de L'Eau
|
GIEC
|
:
|
Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'Evolution du
Climat
|
GPS
|
:
|
Global Positioning System (System de positionnement global)
|
ICV
|
:
|
Inventaire de Cycle de Vie
|
IMPACT 2002+
|
:
|
IMpact of Chemical and Toxics 2002+
|
ISO
|
:
|
International Organization for Standardization (Organisation
Internationale de Standardisation)
|
MEDD
|
:
|
Ministère de l'Environnement et du
Développement Durable
|
OMS
|
:
|
Organisation Mondiale de la Santé
|
PNUE
|
:
|
Programme des Nations Unies pour l'Environnement
|
PRG
|
:
|
Potentiel de Réchauffement global
|
REPAs
|
:
|
Resource and Environmental Profiles Analysis (Analyses de
Profils Environnementaux et de Ressources)
|
SAUR
|
:
|
Société d'Aménagement Urbain et Rural
|
SETAC
|
:
|
Society of Environmental Toxicology and Chemistry
(Société de Toxicologie et de Chimie Environnementale)
|
SETU
|
:
|
Société d'Equipement des Terrains Urbains
|
SODECI
|
:
|
Société de Distribution d'Eau de Cote
d'Ivoire
|
STEPC
|
:
|
Société Tropicale d'Engrais et de Produits
Chimiques
|
USEPA
|
:
|
United States Environmental Protection Agency (Agence de
Protection de l'Environnement des Etats-Unis)
|
INTRODUCTION
L'accès à l'eau en quantité et en
qualité satisfaisante demeure incontestablement un élément
de survie majeur qui conditionne le développement économique et
social des collectivités humaines. La maitrise de l'eau constitue une
des clés du développement durable et un défi majeur pour
les sociétés contemporaines actuelles. Ainsi, en Côte
d'Ivoire, l'importance des ressources en eau dans l'économie ne cesse de
croître, tandis que sa disponibilité et sa qualité se
réduisent progressivement tant en raison des aléas climatiques et
de la pollution, que de l'accroissement rapide de la population. Cette
situation a engendré une pression sans précédent sur
l'industrie de l'eau. Elle a contraint les gouvernants à opter pour une
politique axée vers le renforcement des systèmes de production
d'eau, notamment à travers la réalisation de nouveaux champs
captants et la mise en place d'unités industrielles
supplémentaires de production d'eau potable, entrainant ipso facto, un
accroissement continu des flux de ressources entrant dans le cycle anthropique
de l'eau.
Parallèlement, le contexte actuel marqué par la
prise de conscience générale de l'importance de la protection de
l'environnement et des impacts causés par les produits et
procédés, justifie grandement la légitimité et la
pertinence de l'intérêt porté vers la problématique
des impacts potentiels et coûts environnementaux découlant des
services d'approvisionnement en eau potable. En effet, la fourniture en eau
potable en dépit de son apparence simple, résulte
généralement de processus impliquant divers aspects susceptibles
de présenter des incidences potentielles sur l'environnement.
Malheureusement, en dehors de quelques études limitées aux pays
européens, l'impact des systèmes de production d'eau potable sur
l'environnement demeure encore peu documenté voire totalement
négligé, notamment dans les pays africains. Cette situation
présente un aspect fort dommageable dans la mesure où il est
prouvé que la durabilité de toute pratique industrielle est
clairement tributaire de la prise en compte et de l'intégration de la
dimension environnementale autant dans sa conception que dans les
mécanismes décisionnels inhérents à sa mise en
oeuvre.
La présente étude guidée par la
problématique énoncée plus tôt, envisage d'apporter
des éléments de réponse susceptibles de combler cette
lacune, en proposant une analyse environnementale détaillée,
appliquée à une unité industrielle de production d'eau
potable de la Société de Distribution d'Eau de Côte
d'Ivoire (SODECI) : l'usine Nord-Riviera. Elle trouve sa motivation dans
l'engagement vers la démarche QSE (Qualité,
Sécurité, Environnement) initiée par cette entreprise
depuis Aout 2009.
L'analyse envisage ainsi d'identifier des pistes de solutions
viables afin d'accroitre la performance environnementale du système de
production, tout en s'inscrivant dans un cadre global orienté vers
l'élaboration d'un système de gestion environnementale à
l'échelle de cette structure industrielle.
Elle s'appuie sur une technique développée dans
ce but et promue par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement
(PNUE) : l'analyse du cycle de vie (ACV). L'analyse de cycle de vie se
définit comme une méthode permettant d'évaluer les impacts
environnementaux liés à un service, un produit ou un
procédé, durant son cycle de vie, de l'extraction des
matières premières à l'élimination du produit, en
passant par toutes les étapes de production et d'utilisation, selon un
principe dit « du berceau à la tombe ». L'ACV
exprime la charge environnementale totale d'un produit (ici, l'eau
traitée et distribuée sur le réseau,
considérée comme produit final du processus de production
industriel). C'est un outil d'aide à la décision qui permet de
définir les actions prioritaires en tenant compte de leurs impacts
environnementaux, des coûts et des contraintes qu'elles impliquent. Ses
principales applications sont :
- l'analyse de la contribution des étapes de cycle de
vie à la charge environnementale globale, dans le but d'identifier les
priorités en termes d'améliorations sur des produits ou des
processus ;
- et la comparaison des performances environnementales des
produits.
L'analyse de cycle de vie (ACV) est une technique relativement
jeune, popularisée dans les pays développés à
partir des années 1990, bien qu'elle reste encore globalement inconnue
des pays africains. En dépit de cet aspect, sa méthodologie et
ses caractéristiques apparaissent totalement appropriés à
la problématique et aux objectifs poursuivis par cette étude.
Elle est mise en oeuvre dans ce document, au sein d'une démarche
comportant trois points majeurs :
- une section liminaire exposant les
généralités inhérentes à la présente
étude ;
- une seconde section présentant la description de
l'approche méthodologique de l'analyse de cycle de vie,
- et enfin, l'analyse de cycle de vie proprement dite, du
système de production considéré.
PREMIERE PARTIE :
GENERALITES
I. PRESENTATION DE LA
SOCIETE DE DISTRIBUTION D'EAU DE LA COTE D'IVOIRE (SODECI)
1. Historique et domaines
d'activités de la SODECI
Jusqu'à la fin des années 1950, le service
public de l'eau en Côte d'Ivoire, relevait de la responsabilité
d'une société d'État. A partir des indépendances,
la nécessité d'une plus forte organisation, susceptible de
répondre efficacement aux besoins croissants d'une population en pleine
expansion, motive l'état ivoirien a lancé un appel d'offres afin
de trouver une société correspondant à ses objectifs. La
SAUR, filiale du groupe Bouygues obtient le contrat de distribution de l'eau
potable à la ville d'Abidjan, le 1er octobre 1959, avec
obligation de créer une société de droit ivoirien. Ces
conditions prévalent le 27 septembre 1960, à la création
de la Société de Distribution d'Eau de la Côte d'Ivoire ou
SODECI, en charge de l'exploitation des installations d'eau et
l'approvisionnement en eau potable de la ville d'Abidjan pour une durée
de trente ans.
A partir de 1973, l'initiation par les pouvoirs publics d'un
vaste programme d'hydraulique nationale, signe l'envol de la SODECI à
travers l'extension de ses missions à l'ensemble du pays. En octobre
1987, à la faveur de la crise nationale survenant dans le secteur de
l'AEP, une nouvelle négociation entre l'Etat ivoirien et la SODECI se
solde par la signature d'un contrat de concession, qui attribue à la
SODECI, le service de distribution publique d'eau potable, exclusivement en
zone urbaine dans l'ensemble du pays.
Selon les termes de ce contrat, L'État ivoirien,
autorité concédante :
- conserve la propriété des infrastructures ;
- élabore la politique nationale de l'eau ;
- conserve le pouvoir de décision concernant la
politique tarifaire proposée par la SODECI ;
- assure la cogestion, avec la SODECI, du Fonds National de
l'Eau (FNE) destiné à financer les investissements
d'infrastructures du secteur ;
- assure la supervision des travaux effectués par la
SODECI, et plus généralement, le contrôle de l'ensemble des
activités de la SODECI.
Tandis que l'entreprise reste :
- responsable des actifs immobilisés qui lui sont
confiés ;
- responsable de l'exploitation et de la maintenance des
installations placées sous sa responsabilité dans le cadre du
contrat de concession ;
- responsable de la qualité et de la continuité
des produits et services fournis ;
- assure la cogestion, avec l'état ivoirien, du Fonds
national de l'eau, destiné à financer les investissements
d'infrastructures du secteur.
A partir de 1987, la SODECI se verra également
confiée la responsabilité des services d'assainissement et
d'entretien du réseau de drainage, précédemment
attribués à la société d'équipement des
terrains urbains ou SETU (dissoute au débit des années 1980 suite
à des difficultés de gestion) puis à la DCGTx (Direction
de Contrôle des Grands Travaux). Les activités de la SODECI
couvrent ainsi, deux domaines principaux :
- l'hydraulique urbaine à travers la production
à partir de de nappes souterraines ou de sources surfaciques, le
traitement selon les directives de l'OMS, et la distribution de l'eau potable
aux villes et villages ayant un réseau d'eau ;
- l'assainissement liquide à travers l'entretien et
l'exploitation du réseau d'eaux usées et l'entretien des stations
d'épurations et de relèvement des eaux usées
La SODECI offre à la Côte d'Ivoire un
système d'alimentation en eau potable, moderne et très performant
comparativement aux autres systèmes d'Afrique occidentale (BURGEAP &
PUIUR, 2011), capable de faire face grâce à des investissements
adéquats à la forte croissance de la demande. Par ailleurs, la
politique de vente de l'eau axée sur le branchement individuel a produit
suffisamment de revenus pour subventionner l'expansion et le
développement des systèmes urbains d'alimentation en eau dans
tout le pays.
2. Statut juridique et organisation
fonctionnelle
2.1. Statut juridique et
siège social
La SODECI est une société anonyme à
économie mixte, dont le capital de 4 500 000 000 F CFA
(quatre milliards cinq cent millions de francs CFA) se répartit
conformément aux données présentées à la
figure 1. Son siège social est situé à Abidjan (Côte
d'Ivoire), précisément à l'avenue CHRISTIANI à
Treichville.
Figure 1 :
Répartition de l'actionnariat de la SODECI
2.2. Structure et fonctionnement
de la SODECI
Axée sur la décentralisation, l'organisation
structurelle de la SODECI a subi à partir de février 2006, un
profond remaniement aboutissant à un découpage en 11 directions
générales rattachées à des centres de gestion,
réparties à l'échelle des différentes zones
administratives de la Cote d'ivoire. On distingue ainsi :
- La direction régionale Abidjan Nord-Ouest,
- la direction Abidjan Nord-Est,
- la direction Abidjan Sud,
- la direction Basse-côte,
- la direction régionale Nord (Korhogo),
- la direction régionale Est (Abengourou)
- la direction régionale Ouest (Man),
- la direction régionale Centre-Sud (Yamoussoukro),
- la direction régionale Centre Ouest (Daloa),
- la direction régionale Sud-Ouest (Gagnoa)
- la direction régionale Centre (Bouaké)
Ces directions se définissent par une structure
organisationnelle générale schématisée par la
figure 1. Elles sont reliées à une organisation centrale
assurée par un comité de direction dont la structure et les
différents organes constitutifs à la date de cette étude,
sont présentés aux figures 2 et 3.
Figure 2: Organigramme de fonctionnement des
directions régionales SODECI
D.G.A. TECHNIQUE
P.C.A.
DIRECTEUR GENERAL
SECRETAIRE GENERAL
AHOUNE Firmin
EBAH Basile
GUIVARCHI Hervé
KOUADIO Amani
KONE Bazoumana
Mme LAGO CHANTAI
ZAOOU DEGRE Virginie
KOUADIO Kouadio Christophe
DEGNY Akadié Guy Florent
AKA Akpa Olivier
AYEMOU Ouanoumi Alain
ANGOFFI Jacob
GOSSO Olivier
GNALLA Vincent Alfred Joël
YOBOUE Descord Venance
FOFANA Brihima
AKELE Jocelyn
TCHIMOU N'Gbocho Lucien
DA CRUZ DOMINIQUE
DIRECTEUR GENERAL DES OPERATIONS
Attaché au Secrétaire Général
Attaché au Secrétaire Général
D.G.A. ADMINISTRATION GESTION FINANCES
Directeur Logistique
Directeur Finance Comptable
Directeur Budget et du contrôle de Gestion
Directeur Etudes et Travaux
Directeur Assainissement
DIRECTEUR GENERAL ADJOINT EXPLOITATION
Directeur Central Exploitation Abidjan
Directeur Production Abidjan
Directeur Maintenance
Directeur Central Exploitation Intérieur
Directeur Central Ressources Humaines et Documentation
Figure 3 : Organisation centrale de la
SODECI
3. Approvisionnement en eau
potable par la SODECI : cas de la ville d'Abidjan
Le contexte environnemental et social des ressources en eau de
la ville d'Abidjan se caractérise par une importante variabilité
climatique et une dégradation environnementale qui associées
à l'accroissement démographique engendre des fluctuations
considérables de la disponibilité et de la qualité des
ressources en eau. En effet, en dépit de son vaste plan d'eau lagunaire,
Abidjan, capitale économique de la Côte d'Ivoire, et ses centres
urbains périphériques demeurent exclusivement alimentés en
eau potable par des forages profonds exploitant les eaux souterraines d'un
bassin sédimentaire au nord de la ville : la nappe du continental
terminal. Cette nappe aquifère, communément appelée
« nappe d'Abidjan », représente 68 % de la
production d'eau potable nationale (DHH, 2001). Elle constitue un
aquifère excellent, hétérogène et vulnérable
par endroits, notamment au niveau de la vallée du Banco,
identifiée comme zone potentiellement vulnérable à la
pollution (Kouamé et al., 2010).
La nappe d'Abidjan est exploitée par 89 forages
à gros diamètres (dont 84 en état de fonctionnement dans
la période d'étude), avec des débits d'exploitation
variant entre 150 et 250 m3/heure. L'eau brute
prélevée de ces forages est traitée par 12 usines de la
SODECI, produisant environ 344 000 m3 d'eau potable par jour, soit
une production annuelle estimée à plus de 125 560 000
m3. Le déficit de la production journalière demeure
toutefois, très élevé à Abidjan. Il est
estimé à 150 000 m3, contre 184 000 m3 dans
l'ensemble du pays. En effet, l'augmentation des volumes pompés au cours
des dernières vingt années, l'afflux des populations vers Abidjan
suite à la crise socio-politique (entraînant une augmentation
soudaine de plus de 40% du nombre d'habitants), ainsi que les
prélèvements de plus en plus élevés par rapport au
taux de recharge de la nappe, se sont traduit par des effets directs
observés sur le niveau moyen de la nappe aquifère. Cependant,
plusieurs efforts ont été consentis afin de palier au
déficit d'approvisionnement observé. Ainsi, à Abidjan,
deux nouvelles unités de production de 60 000 m3 d'eau par
jour sont en cours de réalisation, et les études pour la
construction de deux usines d'une capacité quotidienne de 212 000
m3 sont bouclées, avec un coût des investissements
évalués à 120 milliards de F CFA.
Toutefois, selon une étude sur la pauvreté
conduite en 2006, en Côte d'Ivoire (Banque Mondiale, 2006), l'utilisation
de l'eau potable par les populations reste limitée par les frais de
branchement trop élevés pour certains ménages. En effet,
l'accès au réseau hydraulique de la SODECI induit des frais
d'abonnement et d'installation du compteur se chiffrant à 28 440 FCFA
TTC lorsque le particulier ou l'entreprise dispose déjà des
installations techniques nécessaires. Lorsque cela n'est pas le cas, la
SODECI se charge de la construction du dispositif technique adéquat,
suivi de l'installation du compteur, dont le coût s'élève
à hauteur de 175 440 FCFA TTC. En réponse aux difficultés
qu'éprouve une partie de la population à payer les prix de
distribution de l'eau, la SODECI offre pour les quartiers réguliers deux
types de branchement : les branchements subventionnés pour les
habitations ayant quatre points d'eau pour un coût de 19 660 FCFA, et les
branchements normaux dont le coût est de 174 000 F CFA. Mais, la facture
trimestrielle de la SODECI demeure encore trop élevée pour les
ménages à faible revenu vivant dans les quartiers
réguliers, qui ne peuvent avoir accès à l'eau potable, et
ont recours à des revendeurs d'eau, d'où la prolifération
de cette activité et l'accroissement des risques sanitaires
inhérents.
II. CADRE JURIDIQUE ET
REGLEMENTAIRE DU SECTEUR DE L'EAU ET DE L'ENVIRONNEMENT EN COTE D'IVOIRE
Le Droit de l'Homme à un environnement sain, tel que
stipulé dans le principe I de la Déclaration de Rio (1992) :
« les êtres humains ont droit à une vie saine et
productive, en harmonie avec la nature », constitue un droit
fondamental, actuellement objet et expression de l'émergence d'une
vision politique globale briguant la réalisation de cet objectif tant
à l'intérieur des états qu'à l'échelle
internationale. Cristallisées au travers de divers sommets, conventions
et traités, les préoccupations environnementales contemporaines
ont abouti à la mise en oeuvre de dispositions réglementaires
nationales et internationales pour la protection de l'environnement et des
ressources naturelles. Au niveau africain, il apparait utile de relever la mise
en oeuvre de deux traités relatifs au droit de l'environnement : la
nouvelle convention africaine sur la conservation de la nature et des
ressources naturelles (1968) ; et la charte africaine des Droits de
l'Homme et des peuples (1981), premier traité reconnaissant en son
article 24 le droit de l'Homme à un environnement sain. Tandis qu'au
plan interne, la plupart des constitutions africaines notamment les plus
récentes, se caractérisent par l'intégration des questions
environnementales dans leur préambule ou leur corps.
Ainsi, la loi n°2000-513 du 1er août
2000, portant Constitution ivoirienne affirme en ses articles 19 et 28, le
droit pour tous les individus à un environnement sain. Cette disposition
fait suite à l'adoption d'une codification environnementale
élaborée plus tôt, à partir de 1996 (n° 96-766
du 3 octobre 1996, portant code de l'environnement), conformément aux
exigences de l'agenda 21 mis en oeuvre en Côte d'Ivoire, au travers du
Plan National d'Action pour l'Environnement (PNAE-CI).
1. Code de l'environnement
Le code de l'environnement ivoirien est un texte de loi
composé de l'ensemble des définitions et des principes
généraux applicables à la préservation de
l'environnement en République de Côte d'Ivoire. Il fixe le cadre
général des champs du renforcement des textes juridiques et
institutionnels relatifs à l'environnement. Il s'inspire largement des
principes fondateurs du droit positif international tout en y intégrant
des notions et concepts pertinents tels que « le
pollueur-payeur », « le développement
durable », « la participation de la société
civile », « la responsabilité commune mais
différenciée », « le
référé écologique », « les
aires protégées », etc... Il est renforcé par
plus de 623 textes juridiques y compris circulaires,
délibérations et décisions, réglementant
l'exploitation de l'environnement et des ressources naturelles en Côte
d'Ivoire (MEDD, 2011), dont une liste non exhaustive figure en annexe de ce
document. Le droit ivoirien participe à l'intégration de
l'environnement dans le développement socio-économique du pays,
en l'occurrence à travers les décrets n°96 - 894 de novembre
1996 déterminant les règles et les procédures applicables
aux audits environnementaux et aux études d'impact environnemental et
social (EIES) des projets de développement.
Le code de l'environnement ivoirien définit
également certaines dispositions relatives à l'exploitation
(articles 13, 51 et 57), à la gestion (articles 14, 37, 56 et 59), et
à la protection des ressources en eau (articles 75, 76 et 77).
Toutefois, comparativement à l'importance de cette ressource dans le
tissu social et économique des collectivités, il est aisé
d'affirmer que le code de l'environnement n'offre qu'une part réduite et
relativement peu explicite aux questions liées à l'eau. La
promulgation d'un droit élémentaire de l'eau par la loi n°
98 - 755 du 23 décembre 1998 portant code de l'eau, viendra combler ce
« vide juridique », et constitue actuellement la base
légale de la politique de l'eau de la Côte d'Ivoire.
2. Code de l'eau
L'historique de l'élaboration du droit de l'eau en
Côte d'Ivoire permet une nette mise en évidence des
différentes strates qui ont concouru à sa formation. Cette
chronologie révèle que l'actuelle juridiction relative à
la gestion des ressources en eau, relève d'un socle ancien
représenté d'une part, par des dispositions coutumières
propres à chaque collectivité locale, profondément
liées au caractère patrimonial et socio-culturel de l'eau ;
et d'autre part, par la réglementation coloniale se
référant principalement au droit foncier, notamment :
- la domanialité publique (décret du 29
septembre 1928 portant réglementation du domaine public et des
servitudes d'utilité publique en A.O.F., modifié et
complété par les décrets du 7 septembre 1935, du 3 juin
1952 et du 5 mai 1955 ; décret du 15 novembre 1935 portant
réglementation des terres domaniales en A.O.F.),
- l'expropriation (décret du 25 novembre 1930
réglementant l'expropriation pour cause d'utilité publique et
l'occupation temporaire en Afrique occidentale française, modifié
par les décrets du 24 août 1933 et du 9 février 1949).
Cette législation liminaire introduisait
également dans son corps, certaines dispositions relatives à
divers autres aspects tels que :
- la salubrité (décret du 14 avril 1904 relatif
à la protection de la salubrité publique en Afrique occidentale
française) ;
- le régime des eaux (décret du 5 mars 1921
réglementant le régime des eaux en Afrique occidentale
française, modifié par le décret du 1er mars
1928) ;
- l'urbanisme (ordonnance n°45-1423 du 28 juin 1945
relative à l'urbanisme aux colonies), etc.
Dans ses implications sur l'eau comme en d'autres domaines, la
base de droit colonial a ensuite été progressivement
effacée, bien que le droit français inspire toujours certains
aspects du droit positif ivoirien.
2.1. Objectifs et caractéristiques
générales du code de l'eau
Le code de l'eau est un ensemble de 134 articles
répartis en 6 titres. Son objet principal est la gestion
intégrée des ressources en eau, des aménagements et
ouvrages hydrauliques. Il énonce en son article 5, ses principaux
objectifs définis comme :
· la préservation des écosystèmes
aquatiques, des sites et des zones humides ;
· la protection contre toute forme de pollution, la
restauration des eaux de surface, des eaux souterraines et des eaux de mer dans
la limite des eaux territoriales ;
· la protection, la mobilisation et la gestion des
ressources en eau ;
· le développement et la protection des
aménagements et ouvrages hydrauliques ;
· la planification cohérente de l'utilisation des
ressources en eau tant à l'échelle du bassin versant
hydrologique, qu'à l'échelle nationale ;
· la mise en oeuvre de conditions d'utilisation
rationnelle et durable des ressources en eau pour les générations
présentes et futures ;
· la mise en place d'un cadre institutionnel
caractérisé par la redéfinition du rôle des
intervenants ;
· la valorisation de l'eau comme ressource
économique et sa répartition de manière à
satisfaire ou à concilier les exigences :
- de l'alimentation en eau potable de la population ;
- de la santé, de la salubrité publique, de la
protection civile ;
- de la conservation et du libre écoulement des eaux et
de la protection contre les inondations ;
- de l'agriculture, de la pêche et des cultures marines,
de la pêche en eau douce, de l'industrie, de la production
d'énergie, des transports, du tourisme, des loisirs et des sports
nautiques ainsi que toutes les autres activités humaines
légalement exercées.
Le code de l'eau s'appuie sur les principes admis par la
gestion intégrée des ressources en eau et des aménagements
et ouvrages hydrauliques (article 6) en l'occurrence ceux de précaution,
de prévention, de correction, de participation, d'usager-payeur, du
pollueur-payeur, de planification, de coopération, la notion de
patrimonialité de l'eau, la gestion participative de la ressource,
etc...
Le code l'eau ivoirien apparait tant par son fond, que par sa
forme, comme un code précis, transparent, ouvert, incitatif et novateur.
Il vient renforcer la législation existante, notamment celle relative
à l'environnement, car il vise l'amélioration de la situation
environnementale des ressources nationales en eau. Il constitue de fait avec
la loi n°96 - 766 du 3 octobre 1996 portant Code de l'Environnement, un
binôme parfait permettant la mise en oeuvre et le développement
d'une véritable politique des ressources hydriques dans un environnement
harmonisé.
2.2. Aspects juridiques relatifs à l'exploitation et
à l'approvisionnement en eau potable
La loi ivoirienne portant code de l'eau
prévoit :
- le régime juridique des eaux, des aménagements
et ouvrages hydrauliques,
- le régime de protection des eaux, des
aménagements et ouvrages hydrauliques,
- la gestion des eaux, des aménagements et ouvrages
hydrauliques,
- la police des eaux, les infractions et sanctions.
Elle définit les règles applicables aux
éléments constitutifs du domaine public de l'eau à
savoir : les ressources en eau (eaux météoriques,
souterraines, de surface et de mer territoriales, selon les articles 11, 21 et
27) et les aménagements et ouvrages hydrauliques installés sur le
domaine public (article 11) ; et énonce les droits et les
obligations des usagers et exploitants ainsi que les différentes
dispositions préventives et répressives.
Ainsi, au niveau des droits et obligations, le code de l'eau
impose un régime d'autorisation ou de déclaration
préalable pour toute exploitation des eaux du domaine public hydraulique
ou toute installation, réalisation et exploitation d'aménagement
ou d'ouvrage hydraulique (article 12, 31 et 32). Conformément à
son article 59, il attribue à l'Etat, le rôle de gestionnaire des
ressources en eau. L'article 60 du présent code définit de
manière plus explicite les différentes responsabilités de
l'état dans son rôle de gestionnaire, à savoir :
- l'approvisionnement en eau potable,
- la protection, la conservation et la gestion
intégrée des ressources en eau,
- la satisfaction des autres besoins,
- le développement et la protection des
aménagements et ouvrages hydrauliques,
- la prévention et la lutte contre les maladies
hydriques,
- la police des eaux.
Les articles 75 et 77 précisent cependant, que
l'autorité chargée de l'eau et les ministères
compétents peuvent confier à toute personne physique ou morale,
le service public d'exploitation des eaux, des ouvrages et aménagements,
généralement sous forme d'un contrat de concession.
Par ailleurs, selon les dispositions prévues par
l'article 70 du présent code, l'alimentation en eau potable des
populations constitue l'élément prioritaire de la
répartition des ressources en eau. Dans ce sens, la loi ivoirienne exige
la conformité de toute eau destinée à l'alimentation
humaine avec les normes de potabilité fixées par
arrêté conjoint de l'Autorité chargée de l'eau et du
Ministère en charge de la Santé (article 78, 79).
2.3. Aspects juridiques du code de l'eau relatifs à la
protection de l'environnement
Le code de l'eau ivoirien accorde un intérêt
particulier à la protection de l'environnement à travers diverses
dispositions, en l'occurrence l'obligation faite à tout
aménagement et ouvrage hydraulique de se munir de dispositifs permettant
le maintien d'une capacité minimale d'eau garantissant en permanence un
environnement approprié à la vie, la circulation et la
reproduction des espèces aquatiques (article 19). Dans la même
ligne, il assujettit l'octroi des autorisations préalables à une
procédure spécifique comprenant l'élaboration d'une
étude d'impact environnemental (article 29), la réalisation d'une
enquête publique préalable (article 14), ainsi que l'intervention
d'experts hydrologues ou hydrogéologues, des services de
l'Autorité chargée de l'eau et des ministères
compétents pour les aménagements et ouvrages hydrauliques soumis
à déclaration (article 30). Il soumet en outre, les
installations classées ou non, les aménagements ou ouvrages
hydrauliques, sources de pollution, à un audit écologique dans
les conditions précisées par décret (article 53).
III. THEORIE DE L'ANALYSE DE CYCLE
DE VIE
1. Définitions et principes
généraux de l'analyse de cycle de vie
L'analyse du cycle de vie (ACV) a pour but d'évaluer
l'impact environnemental d'un produit, d'un service ou d'un système en
relation à une fonction particulière et ceci en
considérant toutes les étapes de son cycle de vie (Jolliet et
al., 2005). La norme internationale ISO 14040 (2006) lui donne la
définition suivante : « Compilation et évaluation
des entrants et des sortants ainsi que des impacts potentiels environnementaux
d'un système de produits au cours de son cycle de vie ». Cette
définition décrit l'ACV comme une approche large
présentant une vision globale des impacts environnementaux
générés par un produit (un service ou un
procédé), déclinés selon différentes
simulations, depuis sa conception (extraction des matières
premières, fabrication), jusqu'à sa fin de vie
(élimination ou recyclage) en passant par les phases de distribution et
d'utilisation, soit « du berceau à la tombe »
(craddle to the grave analysis). En effet, l'ACV est une technique
d'évaluation des aspects et des impacts environnementaux potentiels
associés à un système donné de produits, visant
à déterminer son profil environnemental et à en
améliorer ses performances écologiques.
L'ACV identifie les principales sources d'impacts
environnementaux et permet d'éviter ou d'arbitrer le cas
échéant, les déplacements de pollutions liés aux
différentes alternatives envisagées. Cette méthode permet
d'analyser et comparer les modes de production et de consommation, afin de
mieux prendre en compte l'environnement dans l'ensemble du système de
production. Elle représente l'outil le plus abouti dans le domaine de
l'évaluation globale et multicritères des impacts
environnementaux. De par son approche, l'ACV s'adapte pleinement aux
démarches de développement durable, particulièrement
celles orientées vers les produits. En effet, elle repose sur une
démarche multidisciplinaire introduisant principalement selon Hofstetter
et al., (2000), trois sphères aux caractéristiques
différentes :
(i.) la technosphère se référant aux
systèmes techniques et aux procédés de
production ;
(ii.) l'écosphère reliée aux
mécanismes et processus environnementaux ;
(iii.) la sphère de valeur intimement liée aux
valeurs sociales subjectives et donc typiquement aux sciences sociales.
L'analyse de cycle de vie constitue un outil précieux
d'aide à la décision aux politiques publiques et industrielles,
permettant d'estimer clairement la performance environnementale d'un bien ou
d'un service notamment dans l'optique de définir des priorités
d'action en matière d'environnement, en fonction de l'ensemble des
mesures réalisables et des contraintes techniques et
économiques.
2. Historique et cadre
institutionnel de l'analyse de cycle de vie
Les analyses de cycle de vie trouvent leur origine dans les
inventaires de flux énergétiques, de ressources naturelles
consommées et les investigations réalisées en vue de
mesurer l'impact des facteurs énergétiques dans la production et
la distribution des produits, réalisés par les entreprises
industrielles à la suite du premier choc pétrolier des
années 1970. Au cours de cette période, la problématique
croissante des emballages et l'intensification des considérations et
préoccupations environnementales conduisent à la naissance de
méthodes d'analyses de profil environnemental dénommées
REPAs (Resource and Environmental Profiles Analysis), centrées sur les
consommations d'énergies, de matières premières, de
ressources naturelles et la production de déchets. Toutefois, en raison
de l'hétérogénéité des données et des
approches utilisées, la mise en oeuvre de ces méthodes
aboutissait bien souvent à des résultats difficilement
exploitables d'un pays à l'autre, et d'un produit à un autre.
Au début des années 1990, apparait la
nécessité de l'élaboration d'une démarche
systématique, reproductible, comparable au minimum aux échelles
régionales et intégrant l'ensemble des étapes du cycle de
vie des produits, de leur fabrication à leur élimination finale
en passant par leur phase d'utilisation : les écobilans.
La SETAC (Society of Environmental Toxicology and Chemistry),
grâce à l'étude menée sur l'incidence
environnementale des produits, lancée par le BUWAL (Ministère
suisse de l'environnement) et réalisée conjointement avec les
universités de Leiden, Copenhague et Munich, sera la première
à proposer dès 1993, un code de bonnes pratiques qui constituera
la base méthodologique et la référence des analyses de vie
crédibles. À Paris, dans la même période,
l'organisation internationale de normalisation (ISO) inscrivait l'analyse de
cycle de vie dans le programme de développement des normes relevant du
management environnemental. Enfin, dans le prolongement du travail qu'elle a
exécuté aux fins de proposer un code de bonne pratique, la SETAC
a développé une méthode dénommée EDIP
(Environmental Design of Industrial Products ou conception environnementale des
produits industriels) dans la droite ligne des travaux de normalisation de la
prise en compte de l'environnement dans la conception des produits.
A partir de mars 1994, est publié la toute
première norme française sur la démarche ACV (AFNOR
X30-300 - Analyse de cycle de vie : définition, déontologie et
méthodologie), suivie en 1997, de la publication de la norme
internationale (ISO 14041 - Management environnemental - Analyse du cycle de
vie - Principes et cadre). Les années suivantes verront la publication
d'une série de normes ISO (14041 en 1998, 14042 et 14043 en 2000)
établissant les lignes directrices et précisant les
différents aspects méthodologiques relatifs à la pratique
de cet outil d'évaluation environnemental.
Ainsi, actuellement, l'on recense globalement quatre
organisations majeures impliquées dans le développement
méthodologique des analyses de cycle de vie :
- l'Organisation Internationale de Normalisation (ISO -
International Organization for Standardization),
- la Société de Toxicologie et Chimie
Environnementales (SETAC)
- et le Programme des Nations Unies pour l'Environnement
(PNUE), notamment à travers son « Initiative pour le cycle de
vie » (Life Cycle Initiative) lancée en 2002.
- le CIRAIG (Centre Inter-Universitaire de
Référence sur l'Analyse, l'Interprétation et la Gestion du
Cycle de vie des produits, procédés et services) fondé en
2001 à l'initiative de l'Ecole polytechnique de Montréal et de
HEC Montréal, qui participe activement à la recherche et au
développement d'outils pour le secteur industriel et les
gouvernements.
IV. SYSTEMES DE PRODUCTION
D'EAU POTABLE ET PRESSION ENVIRONNEMENTALE
L'intérêt de la communauté scientifique
vers l'évaluation des impacts environnementaux subséquents aux
processus de production et de distribution de l'eau connait, depuis 2003, en
Europe, une significative augmentation attestée par l'accroissement du
nombre de publications sur les analyses de cycle de vie des systèmes de
production d'eau potable, notamment dans le domaine de la désalinisation
(Vince et al., 2008). A l'opposé en Afrique, l'analyse des
impacts environnementaux de la filière de production d'eau potable
demeure encore très peu documentée. En effet, en dehors de
l'impressionnant volume de travaux produits sur les systèmes de
production d'eau potable exclusivement, en Afrique du sud (Friedrich,
2001 ; Friedrich et Buckley, 2002 ; Friedrich, 2002 ; Leske,
2003 ; Leske and Buckley, 2004a ; Leske and Buckley 2004b ;
Leske and Buckley, 2004c ; Friedrich et al., 2006 ; Landu
and Brent, 2006 ; Friedrich et al., 2007 ; Friedrich et
al., 2009a ; Friedrich et al., 2009b ; etc...), le
faciès bibliographique africain relatif à ce secteur demeure dans
son ensemble, globalement vide.
La majorité des études sud-africaines
résumées au sein des revues réalisées par Friedrich
et al. (2007) et Buckley et al. (2011),
révèlent que les phases de construction et de
démantèlement des infrastructures de production et de
distribution, se traduisent par des impacts environnementaux
négligeables par rapport aux phases d'exploitation proprement dites (en
moyenne moins de 15% de l'impact total pour les étapes de construction,
et moins de 1% pour celles de démantèlement). Elles identifient
par ailleurs, la consommation énergétique nécessaire
à la production d'eau potable comme la contribution la plus importante
à la charge environnementale du système. En effet, les travaux
publiés par Friedrich (2001), Friedrich et Buckley (2002) et Friedrich
(2002), ont montré à partir d'une approche
généraliste, comparant divers types de traitements (traitements
conventionnels et procédés membranaires d'ultrafiltration) que
même en prenant en compte le cout environnemental lié aux phases
de construction et de démantèlement des infrastructures, les
deux procédés de traitement se caractérisaient par des
impacts relativement égaux. Ces études ont montré
qu'environ 80% de l'impact total dérivait de la consommation
énergétique, quel que soit le type de technologie de traitement
utilisée. A un niveau plus spécifique, les conclusions de ces
études indexent l'ozonation et la gestion des résidus de
traitements comme les étapes les plus polluantes de toute la chaine de
production. Les résultats des travaux sud-africains s'avèrent en
grande conformité avec ceux émanant des études
menées en Europe où l'évaluation des impacts
environnementaux des activités de production d'eau potable
bénéficie d'un bien plus vif intérêt.
En effet, des patterns similaires ont été mis en
évidence par Raluy et al. (2005), dans une étude
conduite en Espagne et comparant les impacts de différents types d'usine
de désalinisation (distillation rapide multi-étage, distillation
à effets multiples et osmose inverse). Ces auteurs ont montré
qu'indifféremment de la méthode de calcul d'ACV utilisées
(Eco-Indicator 99, Eco-Points 97 ou CML), les phases de construction et de
démantèlement des infrastructures de traitement se
révélaient toujours négligeables par rapport aux phases
d'exploitation, en termes d'impacts environnementaux. Stokes et Horvath (2005)
et Raluy et al. (2004) font également état dans leurs
études respectives, de la contribution négligeable des phases
précitées dans la charge environnementale totale liée au
traitement et à la production d'eau potable.
La plupart des études attribue en
réalité, l'impact environnemental le plus important à la
consommation énergétique liée aux phases d'extraction et
de traitement de l'eau brute, ceci indifféremment des techniques et
procédés utilisés. Ainsi, la comparaison entre un
système conventionnel de traitement utilisant la filtration sur charbon
actif granulaire, et un procédé de traitement par nanofiltration
sur membrane, a montré un score identique pour les deux
procédés, avec les étapes les plus polluantes
identifiées par ordre d'importance, au niveau de la consommation
énergétique, de l'adoucissement et de la production du charbon
actif (Sombeke et al., 1997). Les analyses comparatives menées
par Mohapatra et al. (1997), entre le même système de
traitement conventionnel (filtration sur charbon actif) et deux autres
alternatives de filtration par osmose inverse, ont également mis, en
lumière la similarité relative des scores d'impacts
calculés pour les différents procédés. Elles ont
identifié de même, les étapes susmentionnées
(consommation énergétique, adoucissement et
régénération du charbon actif), comme les étapes
les plus polluantes de l'ensemble des procédés
étudiés.
A des échelles plus spécifiques,
focalisées sur le type de traitement utilisé, Beavis et
al. (2003), en comparant différentes techniques de
désinfection utilisées pour la production d'eau potable et le
traitement des eaux usées (irradiation par ultra-violets, injection de
chlore, et d'hypochlorite ), à l'aide de la méthode CML, ont
montré que l'élimination des micro-organismes par irradiation aux
ultra-violets s'avérait être le procédé au plus fort
coût environnemental dans la majorité des catégories pris
en compte (écotoxicité, eutrophisation, réchauffement
climatique global, etc.), notamment en raison de sa grande consommation
énergétique. Tarrantini et Ferri (2001) indique à l'aide
d'une étude conduite sur les systèmes d'approvisionnement en eau
de la ville de Bologne (Italie), que même lorsque le traitement de l'eau
s'appuie sur les procédés les plus conventionnels, ses impacts
s'avèrent significativement plus importants que ceux découlant
des stations d'épuration d'eaux usées. Ces auteurs ont
attribué la majeure partie de l'impact estimé à la
consommation énergétique nécessaire à l'extraction
de la ressource.
L'impact environnemental de la production d'eau potable
apparait de fait modulé par un facteur principal : sa consommation
énergétique. Ce facteur est estimé comme le
paramètre le plus sensible et la principale source d'impact des
systèmes de production d'eau. L'importance de sa contribution à
la charge totale du système est susceptible d'induire des transferts de
pollution, lorsqu'une technologie de traitement est remplacée par une
autre considérée comme « plus propre ». Un
tel scénario est illustré par le cas du traitement par
irradiation aux UV qui réduit les volumes d'intrants chimiques
potentiellement polluants, mais entraine une consommation plus importante
d'énergie d'où une augmentation de la charge environnementale
totale du système. Adjoint à la consommation
énergétique, il est également utile de souligner le poids
relativement important (bien que secondaire) des impacts liés à
la production de réactifs, au traitement des résidus de
traitement (Lundie et Morrison, 2002), et aux systèmes de distribution
(Lundie et al., 2004).
Bien que les analyses de cycle de vie des systèmes de
d'approvisionnement en eau potable possèdent un rôle substantiel
pour les distributeurs d'eau, dans la mesure où elles mettent en
évidence la prépondérance des technologies et
procédés utilisés dans le bilan écologique de l'eau
potable, et permettent d'identifier les sources de pollution et les
alternatives plausibles d'optimisation ; il apparait utile de relever que
la production ou la consommation d'eau potable provenant de
« systèmes industriels » joue en
réalité, un rôle relativement marginal dans
l'écobilan global. Jungbluth (2006) révèle en effet,
qu'une consommation annuelle de 2 litres d'eau par personne et par jour, en
Suisse, correspondrait en termes d'équivalence énergétique
à un trajet de 2 km en voiture, contre 1791 km pour une eau
minérale en bouteille. Ainsi, selon l'auteur, seul l'effet
multiplicateur des recommandations de consommation appliquées au niveau
individuel et celles formulées en vue de l'optimisation du
système de production, sont susceptibles d'aboutir à un effet de
portée significative sur l'environnement.
V. CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL ET
SOCIAL DU SITE D'ETUDE
1. Localisation
géographique
L'usine de production d'eau potable Nord Riviera de la SODECI
a été créée en 1978 et a subi une
réhabilitation en 1989. Elle est située le District d'Abidjan,
dans la commune de Cocody (Riviera Faya), à proximité du quartier
« Génie 2000 » (figure 4). Le site
comprend :
- un bâtiment de traitement de l'eau,
- un réservoir semi-enterré, de 7 500
m3 pour le stockage de l'eau
- et un local pour le stockage des matières
premières.
S'étendant sur une superficie d'environ 1,4 ha,
l'unité de production assure le traitement de l'eau souterraine
provenant de 11 forages (de plus de 100 m de profondeur). Le volume moyen d'eau
extraite est estimé à 56 000 m3/jour, soit
environ 16 % de la production journalière moyenne de la SODECI. Elle
alimente les quartiers de la commune d'Abidjan Sud (Marcory, Koumassi,
Port-Bouet, etc.).
Altitude : 76 m
Coordonnées GPS : N 5° 22'
26.761" ; W 3° 56' 23.642"
Figure 4 : Vue satellite de l'unité de
production SODECI - Nord Riviera
Figure 5 : Vue de l'usine de production
SODECI - Nord Riviera
2. Description du milieu
physique
2.1. Contexte
météorologique et climatique
2.1.1. Climat
La zone d'étude localisée au sein du district
d'Abidjan, est soumise à un climat équatorial de transition de
type, nettement différencié par le régime
pluviométrique et se divisant annuellement en quatre (4) saisons
(Tastet, 1979 ; Tapsoba, 1995), (figure 6) :
- une grande saison sèche de décembre à
avril ;
- une grande saison de pluies de mai à juillet ;
- une petite saison sèche de juillet à septembre
;
- une petite saison des pluies d'octobre à novembre.
2.1.2. Pluviométrie
L'analyse du diagramme ombrothermique (figure
6) met en évidence un régime pluviométrique de
type bimodal caractérisé par deux pics représentant les
mois les plus pluvieux (juin et octobre avec respectivement 419,6 mm et 255,76
en 2011, et 375,91 mm et 191,26 mm en 2012).
Les totaux annuels de pluie enregistrés pour les
années 2011 et 2012 (hormis le mois de décembre) se sont
élevés respectivement à 1600,49 mm et 1415,32 mm. Ce qui
traduit une pluviométrie annuelle relativement irrégulière
d'une année à l'autre, comme l'atteste par ailleurs, les
données des cinq années précédentes (respectivement
de 1787,12 mm, 1701,77 mm, 1310,9 mm, 1502,25 mm et 2293,85 mm en
2006, 2007, 2008, 2009 et 2010).
Les précipitations mensuelles durant la période
d'observation (2012) étaient comprises entre 6,53 mm en janvier et
375,91 mm en juin (figure 6).
2.1.3. Température
La température moyenne annuelle des années 2011
et 2012 était de 26°C, avec de faibles variabilités
inter-mensuelles (entre 24°1 et 27°4 en 2011, et entre 24°1 et
28°3 en 2012) (figure 2). Les mois les plus chauds de
l'année 2012 ont été les mois de février, mars et
avril, avec des températures supérieures à 27°C. Ces
mois correspondent à la grande saison sèche.
Figure
6 : Diagramme ombrothermique au cours des années 2010 et
2012.
2.2. Contexte géologique et
hydrologique
2.2.1. Relief, géologie, et
sols
L'unité considérée est située dans
une zone s'inscrivant dans le relief général de la Côte
d'Ivoire forestière au sud du 7e parallèle, composée
essentiellement de collines, de vallonnements, et de moutonnements, avec des
dénivellations généralement peu importantes.
Sur le plan géologique, la lithologie de la zone est
constituée de haut en bas de sables argileux, de sables moyens et de
sables grossiers reposant sur un socle granitique et schisteux (Kouamé
et al., 2006)
De ces roches sont issus des sols ferralitiques fortement
dessaturés et présentant un horizon humifère peu
épais. Le groupe des sols remaniés (horizon gravillonnaire ou
granuleux épais) est le plus fréquent, car il occupe les
modelés plus ou moins ondulés issus des granites, schistes et des
roches basiques. Les sols hydromorphes constituent le deuxième
élément pédologique important de la zone
considérée. Cette hydromorphie a été
provoquée par une évolution pédologique dominée par
un excès d'eau. Les sols récents et très peu
évolués, bien que spatialement plus réduits que les deux
autres, se sont développés dans le secteur littoral, en
présentant un faciès assez grossier où dominent les
éléments sableux.
2.2.2. Hydrologie et Ressources en
eau
Le District d'Abidjan auquel appartient l'unité de
production Nord-Riviera de la SODECI, est arrosé par un vaste
système lagunaire composé des lagunes Ebrié
(parallèle à l'océan atlantique et entrecoupant le
littoral), Aghien et Potou, ainsi que de nombreux cours d'eaux (figure
7). On distingue :
- l'Agnéby et la Mé, globalement de direction
Nord-Sud, qui alimentent la lagune Ebrié et constituent les plus grands
cours d'eau de la région.
- le Banco, le Gbangbo et l'Anguédédou, petites
rivières de direction Nord-Sud.
- la Djibi et la Bété, de direction Nord-Ouest -
Sud-Est (NW-SE), qui se jettent dans la lagune Aghien.
Ce système hydrologique qui draine la nappe d'Abidjan,
se caractérise par des coefficients de ruissellement relativement
variables selon les cours d'eau. Ils sont relativement faibles pour les fleuves
Mé et Agnéby ; en raison de la faiblesse des pentes et de la
densité du couvert végétal, et élevés pour
les autres cours d'eau du fait du déboisement affectant ces zones.
Figure 7 : Hydrographie de la zone
d'étude (District d'Abidjan)
2.3. Etat acoustique de la
zone
L'analyse de l'état acoustique de la zone s'est
appuyée sur la reconnaissance des sources de bruits, des facteurs
affectant leur propagation, ainsi que des types d'habitats exposés.
Cette estimation a montré qu'en dehors de la faible circulation
routière (véhicules de transport) qui modifie ponctuellement le
niveau sonore, l'état acoustique de la zone reste caractéristique
dans son ensemble d'une zone rurale.
3. Description du milieu
biologique
L'unité de production Nord-Riviera est située
dans une zone urbanisée. Cependant, elle s'inscrit dans le paysage
écologique du district d'Abidjan, appartenant au Secteur Ombrophile du
Domaine Guinéen. Ce secteur est dominé par un climat de
forêt dense humide sempervirente, au sein duquel les nuances
géologiques font observer dans le détail plusieurs paysages
végétaux : (i) la forêt dense humide, (ii) les savanes
pré-lagunaires, (iii) les mangroves et (iv) les forêts
marécageuses.
Plus localement, la faune terrestre directement observable du
site étudié est caractéristique des communautés
animales des milieux urbanisés de la ville d'Abidjan. Elle est
très faiblement diversifiée et largement dominée par les
lézards des genres Agama (margouillats) et
Eumeces, et des oiseaux (passeridae, etc.). Le site se
caractérise en outre, par une diversité floristique très
faible dominée par des espèces herbeuses de la famille des
graminées, avec de rares espèces arbustives, toutes d'origine
anthropique.
4. Description du milieu
humain
Le Recensement Général de la Population et de
l'Habitat de 1998 (INS, 1998) estimait à 251 741, le nombre
d'habitants vivants dans la zone d'étude (Cocody), répartis
à 52 751 ménages, avec un rapport de masculinité de
92,1 % et un taux de croissance annuelle estimé sur la période
(1988 - 1998), à 3,5 %. Ces données nous ont permis en
considérant les taux moyens de croissance annuelle ci-dessous
d'évaluer l'actuelle population de la zone d'étude à
environ 300 000 habitants (tableau 1).
ï 1975 - 1988 : 6% ;
ï 1988 - 2002 : 3,5% ;
ï 2002 - 2015 : 3% ;
ï 1975 - 1988 : 6 % (officiels (INS) ;
ï 1988 - 1998 : 3,5 % (officiels (INS) ;
ï 1998 - 2002 (Estimations de divers bureaux
d'études) ;
ï 2002 - 2010 (Estimations de divers bureaux
d'études).
Tableau 1 :
Estimation de l'évolution de la population (BURGEAP & PUIUR,
2011)
Communes
|
1975
|
1988
|
1998
|
2002
|
2005
|
2010
|
2015
|
2020
|
Abidjan
|
972 959
|
2 063 600
|
3 060 279
|
3 237 021
|
3 536 067
|
4 097 360
|
4 748 052
|
5 502 382
|
Bingerville
|
15 681
|
33 447
|
47 180
|
52 309
|
57 160
|
66 264
|
76 818
|
89 053
|
Cocody
|
34 424
|
128 756
|
251 741
|
221 655
|
242 208
|
280 786
|
325508
|
377 353
|
DEUXIEME PARTIE :
APPROCHE METHODOLOGIQUE
I. CADRE METHODOLOGIQUE DE BASE DE
L'ACV
Cette étude a été réalisée
conformément aux prescriptions méthodologiques
développées par les normes ISO 14040 (2006). Cette norme
décompose l'ACV en quatre étapes (figure 8):
· la définition des objectifs et du champ de
l'étude ;
· l'analyse de l'inventaire des émissions et des
extractions ;
· l'évaluation de l'impact environnemental ;
· l'interprétation.
Figure 8 : Les phases d'une analyse de cycle
de vie selon la norme ISO 140401(*)
1. Définitions des
objectifs et du champ d'étude
Cette première étape purement descriptive et non
technique, vise à définir clairement la cible (public cible,
gouvernement, département d'une entreprise, etc.) et les objectifs
(identification des principaux impacts d'un produit, amélioration d'un
produit existant, choix d'un produit par rapport à un autre, choix d'une
politique gouvernementale en matière d'environnement, ou
établissement d'une planification stratégique, etc.) motivant la
réalisation de l'étude.
Le champ d'étude définit également les
éléments suivants :
- les fonctions du produit, service ou système
étudié ;
- l'unité fonctionnelle ;
- le système à étudier ;
- les frontières du système ;
- les hypothèses ;
- Les limitations.
L'unité fonctionnelle est « une grandeur,
définie en cohérence avec les objectifs de l'étude, qui
doit être mesurable et additive et n'est donc pas un rapport :
l'impact de deux unités fonctionnelles doit être le double de
l'impact d'une unité fonctionnelle » (Jolliet et al.,
2005). Elle permet de quantifier la fonction remplie par le système de
produit à étudier et est destinée à être
utilisée comme unité de référence à laquelle
seront rapportés les impacts environnementaux (Boeglin et Veuillet,
2005).
L'unité fonctionnelle est reliée à la
notion de flux de référence (ou ratio d'utilisation
équivalente), qui correspond aux quantités de produits ou de
services nécessaires pour remplir la fonction. Le système est
modélisé à partir de la détermination de la
fonction, du flux et de l'unité fonctionnelle. Il peut être
défini selon Jolliet et al. (2005) comme « un
ensemble d'éléments en interaction dynamique ». La
démarche de modélisation consiste donc en la mise en relation de
l'ensemble des procédés unitaires (groupes d'opérations
accomplissant une activité unique) avec les flux de produits et
d'énergies intermédiaires.
Dans la modélisation, les procédés
unitaires sont reliés à l'environnement par des flux
élémentaires entrants (utilisation des sols, extraction de
matières, extraction d'énergie primaire, etc.) et des flux
élémentaires sortants (émissions et rejets polluants ou
non, dans l'eau, l'air et le sol) ; et à l'économie par des
flux de produits (figure 9). L'identification et la
schématisation de l'ensemble des procédés unitaires et de
leurs interrelations conduit à l'élaboration d'un diagramme
général de tous les flux échangés dans le
système, appelé « arbre des
procédés », permettant de visualiser les
différentes alternatives ou scénarios étudiés dans
l'analyse du cycle de vie.
Théoriquement, chaque processus
élémentaire fournissant un intrant quelconque pour le produit
final devrait être pris en compte. Cependant, même pour les
systèmes les plus simples, cela aboutit à la considération
d'innombrables processus élémentaires, certains ayant une
contribution quasi-nulle. Par conséquent, il est
généralement admis de définir des limites au-delà
desquelles la recherche d'information et l'analyse ne s'aventurera pas :
les frontières du système.
Pour un processus donné (e.g électricité
consommée), résultant d'une chaine de procédés
élémentaires, il est possible d'avoir recours à des
données d'impact dites agrégées, permettant de quantifier
globalement l'impact du procédé (impact global de la production
électrique). Un processus élémentaire dont les
données préliminaires laissent supposer d'une contribution non
significative pourra être retiré selon, des critères
d'exclusion à définir.
Il est également possible de procéder par
hypothèses pour quantifier un processus pour lequel les données
sont manquantes ou imprécises. La délimitation des
frontières obéit enfin, à un processus itératif. En
effet, il est possible de construire un arbre des processus
élémentaires en y spécifiant à priori, les
processus inclus et exclus ; puis durant les phases suivantes, d'inclure
ou d'exclure certains processus, en fonction de leur contribution aux impacts
du produit ou du service, ou de la disponibilité des données.
Figure 9 : Frontières et processus
élémentaires
2. Inventaire du cycle de vie
(ICV)
L'inventaire du cycle de vie (ICV) également
qualifié d'inventaire de flux élémentaires constitue la
base objective de l'ACV. Il consiste en la compilation et la quantification des
entrants et des sortants pour un système de produits donné au
cours de son cycle de vie. L'ICV rassemble toutes les ressources
consommées ainsi que toutes les substances polluantes émises au
cours des différents procédés unitaires constituant le
cycle de vie du produit ou du service. Sa réalisation repose sur une
démarche structurée reposant principalement sur l'identification,
la quantification des flux intermédiaires entrants et sortants par
rapport à l'unité fonctionnelle.
3. Evaluation de l'impact
La phase d'évaluation des impacts consiste à
interpréter les valeurs obtenues au cours de l'inventaire, en termes
d'impacts sur l'environnement, sous une forme synthétique facilement
compréhensible. La norme ISO 14040 stipule que cette étape peut
servir à :
- identifier et aider à classer les opportunités
d'amélioration d'un système de produits,
- caractériser la performance environnementale d'un
système de produit,
- comparer plusieurs systèmes de produits ayant la
même fonction,
- indiquer les points environnementaux nécessitant une
action.
La phase d'évaluation permet de comparer une substance
donnée à d'autres substances en fonction de leur faculté
à endommager l'environnement et la santé humaine. En effet,
lorsqu'une substance polluante évolue dans l'atmosphère, sa
concentration et son état s'en trouve modifiée, selon un
cheminement qualifié de « voie d'impact ». Les
méthodes d'analyse d'impact reposent sur la modélisation de ces
voies d'impact et permettent de relier les données d'inventaire aux
potentiels dommages environnementaux. L'étape de l'évaluation
d'impact conduit ainsi, à la transformation d'un inventaire de flux de
substances émises et de ressources consommées en une série
d'impacts clairement identifiables. Elle comprend conformément à
la norme ISO 14040 :
- trois (3) étapes majeures et obligatoires :
(i) la classification,
(ii) la caractérisation intermédiaire,
(iii) et la caractérisation des dommages ;
- et trois (3) étapes supplémentaires
optionnelles :
(iv) la normalisation,
(v) le regroupement
(vi) et la pondération
3.1. Classification
Cette étape consiste en la définition d'une
série de catégories d'impacts intermédiaires (ou impacts
mid-points) dans lesquelles seront agrégés les extractions et
émissions aux effets identiques ou similaires (e.g. agrégation
des émissions susceptibles d'induire une augmentation de la teneur en
nutriments des eaux, à la base donc d'une eutrophisation
potentielle).
3.2. Caractérisation intermédiaire
Elle consiste à exprimer chaque substance au sein de sa
catégorie en fonction d'une substance de référence,
à l'aide de facteurs de caractérisation intermédiaires
déterminant le poids relatif d'une substance émise ou extraite
dans le cadre d'une catégorie d'impact spécifique. Ainsi, la
masse de chacune des substances est multipliée par le facteur de
caractérisation correspondant à sa catégorie d'impact
intermédiaire, puis sommés pour obtenir un score d'impact
intermédiaire selon la formule suivante (Heijungs et al.
1997) :
SIi : score de caractérisation
intermédiaire pour la catégorie i ;
FIs,i :facteur de
caractérisation intermédiaire de la substance s dans la
catégorie i ;
Ms : masse extraite ou
émise de la substance s.
3.3. Caractérisation des dommages.
Elle permet d'évaluer la contribution des
différentes catégories intermédiaires définies lors
de la classification, à une ou plusieurs catégories de dommages
(ou impacts end-points) sur une entité vulnérable de
l'environnement (e.g. équilibre climatique, santé humaine,
qualité des écosystèmes, etc.). Cette estimation est
réalisée selon la formule suivante :
SDd : score de caractérisation
de dommages pour la catégorie de dommage d ;
FDi,d : facteur de
caractérisation de dommage entre la catégorie
intermédiaire i et la catégorie de dommage
d ;
SIi : score de caractérisation
intermédiaire pour la catégorie i.
La caractérisation des dommages permet d'obtenir des
valeurs synthétiques illustrant les incidences sur l'environnement du
système étudié à l'échelle des
différents axes analysés.
3.4. Normalisation
La normalisation est une procédure permettant
d'estimer la contribution d'une catégorie donnée d'impact au
problème écologique global. Elle correspond à la
traduction en valeur normée de l'importance des résultats
d'indicateurs de catégorie en fonction des informations de
référence. Elle consiste à diviser les indicateurs des
différentes catégories par une « valeur
normale » (Pennington et al., 2004 ; Brentrup et
al., 2004) :
;
avec Ni, résultat d'impact
normalisé pour la catégorie i ;
Ii, résultat de
l'indicateur d'impact de la catégorie i ;
Ri, valeur de référence pour
la catégorie i.
Le procédé le plus commun consiste à
déterminer les indicateurs des différentes catégories
d'impact d'une région pendant une année, puis à diviser
ces résultats par le nombre d'habitants de l'aire
considérée. La normalisation permet de simplifier
l'évaluation des impacts en excluant des considérations les
catégories d'impacts présentant des contributions relativement
plus faibles. Elle met également en évidence la magnitude des
problèmes environnementaux générés par rapport
à la charge environnementale globale.
3.5. Regroupement
Le regroupement est une étape qualitative de
l'évaluation du cycle de vie, consistant en un tri, ou un classement,
des catégories d'impacts considérés lors de l'analyse. Il
permet d'affecter les catégories d'impact en une ou plusieurs
séries, telles que prédéfinies dans la définition
des objectifs et du champ d'étude. Le regroupement se rapporte à
une procédure dans laquelle les catégories d'impact sont
assorties selon leurs caractéristiques communes, par ordre
décroissant d'importance. Son effet relève ainsi essentiellement
de la présentation des résultats, mais peut également
faciliter la mise en oeuvre de l'étape de pondération.
3.6. Pondération et agrégation
Cette étape est un processus de conversion des
résultats d'indicateurs des différentes catégories
d'impact à partir de facteurs numériques. Elle ne suit aucune
réalité scientifique objective, mais est fonction de la
conception et de la sensibilité du responsable de l'ACV ou des objectifs
poursuivis. Elle consiste en la multiplication de chacun des résultats
du profil environnemental, normalisé ou non, par un facteur de
pondération. Cette opération permet notamment une
agrégation de l'ensemble des résultats d'impact de l'ACV sous la
forme d'une valeur unique (score unique ou éco-score global), tel que
l'indique la formule suivante (Pennington et al., 2004 ; Brentrup
et al., 2004) :
; ou ;
avec : T, charge environnementale totale du cycle de
vie (ou éco-score),
Pi, facteur de pondération de la
catégorie i
Ii, résultat brut de l'indicateur
d'impact de la catégorie i
Ni, résultat normalisé de
l'indicateur d'impact de la catégorie i
4. Interprétation
L'interprétation de l'ACV constitue une étape
clé qui évalue la robustesse de tous les résultats, des
choix et des hypothèses. La phase d'interprétation reprend les
objectifs initiaux de l'étude afin d'évaluer les résultats
et de proposer des conclusions et des recommandations adaptées
(Basset-Mens, 2005).
II. METHODE D'EVALUATION
D'IMPACT : IMPACT 2002+
De nombreuses démarches ont été
développées à partir du cadre méthodologique de
base de l'ACV. On distingue notamment :
- EDIP (Environmental Design of Industrial Products),
développée au Danemark (Hauschild et Wenzel, 1998) ;
- TRACI (Tool for the Reduction and Assessment of
Chemical and other environmental Impacts) développée par l'agence
de protection environnementale des Etats-Unis ou USEPA (United States
Environmental Protection Agency) ;
- Eco-indicateur (Goedkoop et Spriensma,
1999) ;
- EPS (Environmental Priorities Strategies of
industrial products) développée par l'université
suédoise Chalmers University of Technology, (Steen, 1999) ;
- CML élaborée par l'université
de Leiden aux Pays-Bas (Guinée et al., 2002) ;
- IMPACT 2002+ (Jolliet et al., 2003) ;
etc...
Les différences fondamentales entre ces méthodes
se situent principalement, au niveau des méthodes de modélisation
utilisées, du nombre de catégories retenues et des types d'impact
considérés. En effet, les phénomènes de pollution
étant relativement complexes, les modèles mathématiques
utilisés pour les simuler, peuvent varier d'une méthode
d'évaluation à une autre, bien qu'ils demeurent tous
basés sur des bases scientifiques communes. En outre, adjoint à
ce fait, les différences au sein des enjeux environnementaux motivant
l'élaboration de la méthode, aboutissent à une
disparité subséquente au niveau du nombre et des types de
catégories d'impacts retenues pour chaque méthode.
L'ACV réalisée dans le cadre de cette
étude, repose sur la méthode « IMPACT
2002+ » (IMPact Assessment of Chemical Toxics)
élaborée par Jolliet et al. (2003). Elle constitue l'une
des méthodes les plus couramment utilisées pour les ACV (Dalez,
2009). Elle suit la méthodologie exposée
précédemment et associe les résultats de l'inventaire
à 14 catégories d'impacts intermédiaires ou
« mid-points », elles même affectées à
4 catégories de dommages ou « end-points »
(figure 10).
1. Caractérisation
intermédiaire
Dans la méthode IMPACT 2002+, les scores de
caractérisation intermédiaire (catégories d'impact
intermédiaires) sont calculés à l'aide de coefficients
déterminés pour chaque substance à partir de la
modélisation de leurs effets polluants (phénomènes de
propagation et d'exposition aux polluants) : les facteurs de
caractérisation. Ces facteurs permettent d'établir des
équivalences entre les substances émises ou extraites et des
substances polluantes données, dite de référence. Ils
s'expriment de fait en kg de substance équivalente par kg de substance
émise ou extraite. IMPACT 2002+ s'inspire principalement de
trois méthodes :
- Eco-Indicateur 99 (pour les catégories des
effets respiratoires, la formation de photo-oxydants, les radiations
ionisantes, la destruction de la couche d'ozone, l'eutrophisation et
l'acidification terrestre, l'occupation des terres et les extractions de
minerais) ;
- CML (pour l'acidification et l'eutrophisation
aquatique)
- et des travaux du GIEC (Groupe Intergouvernemental d'experts
sur l'Evolution du Climat) sur le potentiel de réchauffement global (ou
PRG), pour la catégorie des changements climatiques.
Le tableau 3 consigne le résumé des
différentes catégories d'impacts intermédiaires et les
substances de référence utilisées dans IMPACT 2002+.
2. Catégories de
dommages
IMPACT 2002+ répartit les impacts
intermédiaires dans quatre catégories de dommages
(tableau 4):
- la santé humaine exprimée en
DALY (Disability Adjusted Life Years ou années
équivalentes de vie perdue). Il s'agit du décompte des
années de vie perdues en raison de l'exposition à des polluants
et produits toxiques. Les DALYs représentent la somme des années
perdues en raison d'une mortalité prématurée et de
handicaps physiques ou psychiques ramenés en années de vie
perdues (morbidité). Ainsi, un produit possédant un score de 3
DALYs pour la catégorie « santé humaine »,
entrainera la perte de trois années de vies, distribuée sur
l'ensemble de la population.
- la qualité des
écosystèmes exprimée en PDF.m².an
(Potentially Disappeared Fraction) qui correspond à la fraction
d'espèce disparue sur un mètre carré sur un an. En guise
d'exemple, un produit caractérisé par un score de 0,2
PDF.m².an, implique la perte de 20 % des espèces vivantes sur 1
m² de surface, pendant une durée d'un an.
- les ressources qui regroupent les
catégories intermédiaires de la consommation d'énergie
primaire non renouvelables et des extractions de minerais et qui s'expriment en
MJ (Mégajoule d'énergie utilisée). Cette catégorie
représente la quantité d'énergie extraite ou
nécessaire pour l'extraction des ressources en tenant compte de la
diminution de celles-ci (toujours plus d'énergie pour moins d'extraction
pour les ressources non-renouvelables).
- le changement climatique en
kgéq CO2 émis. Il s'agit de la somme des
gaz à effet de serre (GES) ramenés à du CO2.
Impact 2002+ permet d'agréger et de
classifier un nombre important de données d'inventaire pour en faciliter
l'analyse, sans utiliser de pondération non scientifique, d'où
une identification et une quantification plus aisée des
différents impacts environnementaux.
Par ailleurs, dans cette étude, les scores d'impacts
bruts (non normalisés et non pondérés) des quatre
catégories de dommages ont été sommés, afin
d'obtenir une valeur unique, permettant de simplifier les
interprétations et les conclusions : l'Eco-score global. Cette
agrégation des résultats en un score unique vise l'obtention d'un
indicateur synthétique et pertinent de la magnitude des impacts
environnementaux générés par l'activité
étudié. Il s'exprime en éco-point (Pt), unité
virtuelle correspondant à la somme de toutes les unités des
catégories de dommages.
3. Limites de
« IMPACT 2002+ »
A l'instar des autres méthodes d'évaluation,
l'une des limites majeures de « IMPACT 2002+ »
réside au niveau de l'émission de métaux dans
l'environnement. En effet, en raison des difficultés liées
à la modélisation de la spéciation, de la
biodisponibilité et de la bioconcentration des métaux, à
court et à long terme, dans l'environnement, les facteurs de
caractérisation (écotoxicité et toxicité humaine)
utilisés dans Impact 2002 ne s'appliquent qu'aux métaux
émis sous leurs formes dissoutes (formes ioniques).
Par ailleurs, de nombreuses catégories d'impact, tels
que les impacts sur l'environnement marin ou le bruit, ne sont pas
considérés dans IMPACT 2002+. Elle omet ainsi, une
catégorie qui se révèle importante notamment dans
l'évaluation des impacts associés aux produits industriels :
la production de déchets. Afin d'intégrer cet aspect à
notre analyse, nous adjoindrons aux catégories d'impacts
intermédiaires proposées par IMPACT 2002+, la
catégorie supplémentaire des « déchets
banaux » (« bulk waste »), issue de la
méthode d'évaluation EDIP (Hauschild et Wenzel, 1998).
Figure 10 : Schéma
général de la méthode IMPACT 2002+ (Jolliet
et al., 2003)
Tableau 2 :
Catégories intermédiaires d'impacts et substances de
référence.
Source : [a] IMPACT 2002+
(Ver. 2.05) ; [b] EDIP 2003
Source
|
Catégories intermédiaires
|
Substances de référence
|
[a]
|
Toxicité humaine (cancérigène)
|
kg chlorure de vinyle éq dans l'air
|
[a]
|
Toxicité humaine (non cancérigène)
|
kg chlorure de vinyle éq dans l'
|
[a]
|
Effets respiratoires (inorganique)
|
kg PM2.5 éq dans l'air
|
[a]
|
Destruction de la couche d'ozone
|
kg CFC-11 éq dans l'air
|
[a]
|
Radiations ionisantes
|
Bq Carbone-14 éq dans l'air
|
[a]
|
Formations de photo-oxydants
|
kg éthylène éq dans l'air
|
[a]
|
Effets respiratoires (organique)
|
kg éthylène éq dans l'air
|
[a]
|
Écotoxicité aquatique
|
kg triéthylène glycol éq dans l'eau
|
[a]
|
Écotoxicité terrestre
|
kg triéthylène glycol éq dans l'eau
|
[a]
|
Acidification / eutrophisation terrestre
|
kg SO2 éq dans l'air
|
[a]
|
Acidification aquatique
|
kg SO2 éq dans l'air
|
[a]
|
Eutrophisation aquatique
|
kg PO43- éq dans l'eau
|
[a]
|
Occupation des sols
|
m2 terre arable éq
|
[a]
|
Changement climatique
|
kg CO2 éq dans l'air
|
[a]
|
Extraction de minerais
|
MJ d'énergie supplémentaire ou kg Fe éq
(minerai)
|
[a]
|
Energie non renouvelable
|
MJ totaux d'énergie non renouvelable ou kg pétrole
brut éq
|
[b]
|
Déchets banaux
|
kg de déchets
|
Tableau 3 :
Facteurs et unités de dommages
Catégories intermédiaires
|
Facteurs de dommages
|
Unité de dommages
|
Catégories de dommages
|
Toxicité humaine (cancérigène)
|
2,80.10-6
|
[DALY / kg chlorure de vinyle]
|
Santé Humaine
|
Toxicité humaine (non cancérigène)
|
2,80.10-6
|
[DALY / kg chlorure de vinyle]
|
Effets respiratoires inorganiques
|
7.10-4
|
[DALY / kg PM2.5]
|
Radiations ionisantes
|
2,10.10-10
|
[DALY / Bq Carbone-14]
|
Destruction de la couche d'ozone
|
1,05.10-3
|
[DALY / kg CFC-11]
|
Effets respiratoires organiques
|
2,13.10-6
|
[DALY / kg éthylène]
|
Ecotoxicité aquatique
|
5,02.10-5
|
[PDF.m².an / kg triéthylène glycol]
|
Qualité des écosystèmes
|
Ecotoxicité terrestre
|
7,91.10-3
|
[PDF.m².an / kg triéthylène glycol]
|
Acidification / eutrophisation terrestre
|
1,04
|
[PDF.m².an / kg SO2 éq dans l'air]
|
Acidification aquatique
|
/
|
/
|
Eutrophisation aquatique
|
/
|
/
|
Occupation des sols
|
1,09
|
[PDF.m².an / m2 terre arable organique]
|
Changement climatique
|
1
|
[kg CO2 / kg CO2]
|
Changement climatique
|
Extraction de minerai
|
1
|
[MJ primaire / MJ primaire] ou [MJ/ kg Fe éq]
|
Ressources
|
Energie non renouvelable
|
1
|
[MJ primaire / MJ surplus] ou [MJ/ kg pétrole brut]
|
Déchets banaux
|
/
|
/
|
/
|
4. Incertitudes et analyse de
sensibilité
Les données d'analyse de cycle de vie à l'instar
de toutes données scientifiques se caractérisent par des
incertitudes liées à deux sources principales :
ï la dispersion statistique intrinsèque des
données d'inventaire générées à partir
d'échantillonnage et exprimée sous forme d'écart-type et
d'erreur standard ;
ï la précision du modèle (conformité
du modèle avec la réalité), résultant des
hypothèses fixées, des limites imposées (frontières
du système), de la représentativité des données
(utilisation de données génériques pour certains
procédés), des règles d'allocation (pour les
systèmes générant des co-produits), du choix de
l'unité fonctionnelle ou de l'absence de données, etc...
Il existe diverses méthodes permettant d'estimer les
incertitudes découlant de l'élaboration du modèle
même. Généralement, l'on a recours à une analyse
dite de sensibilité qui permet de tester l'influence des
hypothèses les plus importantes utilisés dans le modèle,
couplée à une analyse de Monte-Carlo permettant de
déterminer facilement les incertitudes résultant de la dispersion
des données d'inventaire.
L'analyse de sensibilité est une procédure
visant à déterminer la qualité (significative ou non) et
la nature (linéaire, en interaction avec d'autres paramètres,
etc...) de l'influence d'un paramètre sur les résultats d'un
modèle. Son utilisation dans le cadre de l'ACV, permet d'estimer
l'influence d'un paramètre donné, sur la charge environnementale
totale du cycle de vie étudié. L'analyse de sensibilité se
révèle de fait très utile, car en permettant de quantifier
la contribution d'un paramètre dans l'impact global du cycle de vie,
elle aide à définir aisément les secteurs d'action
à prioriser. En effet, les paramètres aux valeurs de
sensibilités les plus élevés se définissent comme
ceux dont la plus faible variation induira le changement le plus significatif
dans l'impact global du produit. Ainsi, une réduction
considérable de la charge environnementale peut être
réalisée en identifiant et en agissant sur les paramètres
du cycle de vie possédant les plus hautes valeurs de sensibilité.
Par ailleurs, l'analyse de sensibilité permet de
valider les conclusions finales de l'étude même, en y
intégrant le poids des conjectures initiales, ce qui revêt un
intérêt particulier, notamment dans les ACV de comparaisons entre
divers produits.
L'approche pour le calcul des sensibilités
utilisée dans cette étude, repose sur un principe simple proche
de la méthode mathématique dite de « Morris »
(Morris, 1991). Elle consiste à analyser et comparer les
résultats du modèle obtenus à partir de différentes
valeurs du paramètre étudié, fixées soit
aléatoirement, soit en fonction d'un intervalle prédéfini.
La variation des résultats du modèle, induite par les variations
du paramètre est alors qualifiée « d'effet
élémentaire ». La détermination de la
sensibilité du paramètre se base sur le calcul de ces effets
élémentaires. Elle peut être exprimée
mathématiquement par la formule suivante (Mohapatra et al.,
2002) :
- Où correspond à la variation de la valeur du paramètre de
départ par rapport à la nouvelle valeur testée ;
- correspond à la variation de la valeur de l'impact
calculée avec le paramètre de départ par rapport à
celle calculée avec la nouvelle valeur du paramètre.
- et S est un nombre sans dimension représentant
l'effet élémentaire induit par la variation du paramètre
P.
La procédure de calcul de la sensibilité du
paramètre s'articule ensuite comme suit :
Pour un paramètre de processus choisi, dix valeurs sont
choisies dans la gamme du #177; 50% de la valeur initiale du paramètre
(par pas de 10 %). Le score d'impact global du cycle de vie est calculé
pour chacune des valeurs, en maintenant les autres paramètres constants.
Une régression linéaire simple est ensuite établie entre
le paramètre considéré et l'impact global, grâce aux
nuages de points obtenus (impact total en fonction des variations d'un
paramètre de processus). La sensibilité du paramètre
correspond alors à la moyenne des effets élémentaires (S)
calculés selon la formule précédente pour chaque valeur
sélectionnée. La sensibilité de dix (10) paramètres
substantiellement importants dans le processus de production d'eau potable a
été analysée dans cette étude :
- les consommations énergétiques des
étapes de captage et de traitement de l'eau brute ;
- l'occupation du sol (captage et traitement),
- la quantité de réactifs utilisés
(hypochlorite de calcium et chaux) ;
- le transport d'hypochlorite de calcium et de la chaux vers
le site de production ;
- les émissions aériennes ;
- les émissions vers le sol et les eaux
TROISIEME PARTIE :
ANALYSE ET EVALUATION DES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX
I. DEFINITION DES OBJECTIFS ET DU
CHAMP D'ETUDE
1. Objectifs de l'étude
La présente étude s'inscrit dans le cadre de
l'analyse environnementale de la filière de production d'eau potable au
sein de l'unité de production Nord-Riviera de la SODECI. Elle repose sur
une analyse du cycle de vie réalisée sur le système de
procédés courant de la production à la distribution d'eau
produite selon un référentiel considérant l'eau potable
comme produit final de la filière de production.
Cette étude vise à estimer globalement
l'empreinte environnementale d'une unité de production d'eau potable.
Elle envisage d'évaluer le « coût
environnemental » de l'ensemble des phases du cycle anthropique de
l'eau de manière à mesurer l'impact global induit par la
production d'un mètre cube d'eau sur l'environnement.
Réalisée dans un cadre académique, cette étude
répond à des motivations purement scientifiques et informatives,
et non à des fins commerciales. De fait, ces résultats
s'adressent d'une part, aux différents responsables de la SODECI en
charge de la production et des questions environnementales, et d'autre part au
directeur et aux différents assesseurs du présent mémoire
ainsi que tout autre personne, étudiant, enseignant ou chercheur
intéressé de près ou de loin par la portée de
l'ACV.
2. Champ de l'étude
2.1. Fonction et Unité
fonctionnelle
La fonction principale du système se définit
comme : l'approvisionnement en eau potable de d'une localité
donnée (tableau 4). L'unité fonctionnelle
correspond à la consommation journalière moyenne d'eau pour 10
individus, soit 100 l d'eau /jour en accès optimal, en milieu urbain,
selon Howard et Bartram (2003). Le flux de référence
équivaut à 1 m3 d'eau potable obéissant
qualitativement aux directives fixées par l'OMS pour l'eau de
consommation humaine.
Tableau 4 :
Fonction, unité fonctionnelle et flux de référence pour le
système étudié
Procédé
|
Fonction
|
Unité fonctionnelle
|
Flux de référence
|
Production d'eau potable
|
Approvisionnement en eau potable
|
Consommation journalière d'eau de 10 individus
|
1 m3
|
2.2. Frontières des
systèmes étudiés
Le système analysé regroupe les
procédés d'extraction de l'eau brute en tant que matière
première, l'ensemble des procédés de traitement de l'eau
brute, le stockage, le transport, l'utilisation et l'élimination de
l'eau potable par les consommateurs. Il est possible de l'aborder comme une
structure découpé en cinq sous-systèmes
principaux :
(i) Extraction de la matière première ;
(ii) Fabrication du produit fini ;
(iii) Transport et distribution ;
(iv) Utilisation ;
(v) Fin de vie.
Ces sous-systèmes se subdivisent en processus
élémentaires représentés sur la figure 11. Les
données ont été recueillies pour chaque processus
élémentaire obéissant aux lois de conservation de la masse
et de l'énergie, de manière à consolider la
crédibilité scientifique de l'inventaire
réalisé.
2.3. Délimitation des
frontières du système
La norme ISO 14040 autorise l'exclusion de certaines
catégories d'opérations des systèmes étudiés
à condition que ceci soit explicitement mentionné. Afin de se
focaliser spécifiquement sur l'évaluation de la performance
environnementale de l'unité et de son procédé de
production, cette étude s'appuie sur une variante particulière de
l'ACV, également qualifiée d'éco-profil. Elle correspond
à une analyse partielle reposant sur l'inventaire des consommations
d'énergie et de matières ainsi que des émissions à
la sortie du produit de l'usine (craddle to the gate analysis). L'analyse ici
effectuée exclura ainsi :
- les impacts environnementaux liés à la mise en
place et au démantèlement des infrastructures (phases
préalables de forages, construction et démantèlement de
l'usine de traitement, et mise en place du réseau de distribution), dont
la contribution à la charge environnementale totale du système
s'avèrent négligeables par rapport aux phases d'exploitation
(Friedrich, 2001 ; Raluy et al., 2005 ; Stokes et Horvath,
2005 et Raluy et al., 2004) ;
- et aux aspects inhérents à la consommation et
à l'élimination (« fin de vie ») de l'eau par
le consommateur.
Par ailleurs, partant du principe qu'une information ou une
donnée incertaine quant à son exactitude pourrait compromettre
la véracité des résultats de l'inventaire du cycle de vie
ainsi que les conclusions qui en découlent, une règle
systématique de délimitation a été adoptée
pour cette étude : « la réalisation de
l'étude dans les limites de disponibilité de
l'information ». Les zones d'ombre ou d'incertitudes étant
soit levées par hypothèses, soit exclues de l'analyse. Les
éventuelles exclusions seront évidemment prises en compte dans
l'interprétation des résultats.
Figure 11 : Arbre de procédés
du système de vie de l'eau potable
2.4. Qualité des
données d'inventaire du cycle de vie
La collecte directe des
données d'inventaire revêt bien souvent un aspect complexe
lié à la disponibilité des informations, à la
pluralité des procédés mis en jeu et à divers
autres ordres de contraintes (techniques, financières, etc.). La
réalisation de l'ACV impose ainsi, la plupart du temps, le recours
à des bases de données préétablies se
référant à des procédés similaires. L'usage
de ces sources de données introduit la notion « de
qualité des données », qui selon la norme ISO 14044
(2006) doit être expressément indiquée dans le corps de
l'analyse. Cette notion fait référence aux conformités
spatiale, temporelle, technologique, technique, etc., entre les sources des
données utilisées et le procédé ou produit
abordé dans l'ACV.
L'objectif fixé pour la qualité des
données de cette étude était de maximiser le plus possible
la transparence des données utilisées pour le cycle de vie en
s'appuyant sur des sources publiques crédibles, et de modéliser
le système de vie considéré dans des conditions se
rapprochant le plus possible de la réalité.
De fait, la production de toutes les données relatives
aux procédés élémentaires (données primaires
ou « foreground »), caractéristiques au processus
principal de production d'eau (extraction, traitement, distribution), a
été exclusivement réalisée auprès de
l'entreprise objet de l'analyse. Quant à la collecte des données
portant sur les procédés en amont, données
« background » ou secondaires, (production
énergétique, fabrication des intrants et réactifs
chimiques, transport, etc.), elle s'est heurtée à une
difficulté majeure. En effet, l'absence de base de données
d'inventaires spécifiques aux pays africains en raison de l'usage
relativement peu vulgarisé des analyses de cycle de vie dans ces pays,
nous a conduit à modéliser l'inventaire de cycle de vie de cette
étude à partir de diverses sources de données, dont
majoritairement la base de données Ecoinvent (Frischknecht,
2005 ; Frischknecht et al., 2005).
Cette base de données généraliste
combine un grand nombre de banques de données en un ensemble
unifié et générique de données d'inventaire de
grande qualité (Jolliet et al., 2005). Comportant plus de 4000
facteurs d'inventaires, elle passe pour être la base de données la
plus reconnue, la plus complète et la plus utilisée. Cependant,
elle se base principalement sur des données européennes. De
fait, la majeure partie des processus sont détaillés pour des
conditions européennes et non africaines. Ainsi, même si un effort
conséquent a été fait pour traduire au maximum ce travail
aux réalités ivoiriennes, la non-conformité
géographique fait peser une incertitude sur ce travail. Cette
incertitude est toutefois minimisée par le nombre peu
élevé de procédés secondaires ainsi que les faibles
dissimilitudes au sein des techniques et matériaux de production aux
deux échelles géographiques considérées. La
modélisation de l'inventaire de cycle de vie repose ainsi, sur :
- les données directement obtenues auprès des
services de la SODECI ;
- les données obtenues par la revue de
littérature ;
- les données génériques provenant de base
de données d'inventaire de cycles de vie (précisées dans
l'analyse) ;
- ainsi que d'hypothèses s'appuyant sur des avis
d'experts.
3. Exigences Relatives à la
Qualité de Données
Conformément à la norme ISO 14040, les exigences
relatives à la qualité des données couvrent les
critères suivants :
· Facteur temporel : les données primaires
utilisées sont représentatives de la situation actuelle.
· Géographie : l'étude couvre
l'étendue de l'utilisation de l'eau produite.
· Technologie : les données reflètent la
technologie moyenne actuelle.
4. Méthode
d'évaluation des impacts du cycle de vie
L'évaluation des impacts de cycle de vie s'est
appuyée sur la méthode IMPACT 2002+ (Jolliet et
al., 2003), et le logiciel de calcul « SimaPro 7.1.8 »
(PRé Consultants, Netherlands). Un poids équivalent a
été donné à tous les indicateurs afin de ne pas
privilégier un type d'impact par rapport aux autres. Ainsi, aucune des
étapes optionnelles de l'ACV (normalisation et pondération), n'a
été utilisée dans cette étude. Par ailleurs, il est
utile de mentionner que la présente analyse n'a pas été
révisée de manière critique par un panel d'experts ACV.
5. Présentation du
scénario de référence
5.1. Description du processus de
production d'eau potable par l'unité
La production d'eau potable se définit comme la
manipulation d'une source d'eau pour obtenir une qualité de l'eau
satisfaisant à des buts spécifiés ou des normes
érigées par la communauté au travers de ses agences
régulatrices (Hernandez, 2006). La chaine de production d'eau au sein de
la station de production Nord-Riviera (SODECI) suit le processus basique et
conventionnel de production d'eau potable à partir de sources
souterraines. Ce processus se détermine par 3 phases
principales :
- l'extraction ;
- le traitement ;
- la distribution.
5.1.1. Extraction de l'eau
à la station de production Nord-Riviera
L'eau souterraine est extraite d'un champ captant
constitué de 11 forages (plus de 100 m) équipés de pompes
de 110 kW de puissance nominale, fournissant un débit nominal de 250
m3/h, et protégées chacune par un
périmètre immédiat de 300 m². L'eau brute est
pompée, puis acheminée à la station pour subir
l'étape de traitement.
5.1.2. Traitement et distribution de l'eau
Le traitement de l'eau à la station comporte deux
étapes principales :
- la désinfection ;
- la neutralisation.
Le principe de la désinfection repose sur la mise en
contact d'un désinfectant à une certaine concentration pendant un
certain temps avec une eau supposée contaminée. Cette
définition fait apparaître trois notions importantes : le type de
désinfectant, le temps de contact et la concentration résiduelle
en désinfectant.
L'unité de traitement Nord-Riviera, à l'instar
des autres usines de production de la SODECI utilise en guise de
désinfectant, l'hypochlorite de calcium [Ca(ClO)2)] Cet
oxydant fourni par l'entreprise STEPC (Société Tropicale
d'Engrais et de Produits Chimiques), subi un mélange initial à
l'eau brute dans des cuves de mélanges à raison de 36 kg en
moyenne par jour, puis est injectée grâce à des pompes
doseuses, dans la masse d'eau brute pompée dans une structure de
mélange appelée : « tour de
contact ».
L'eau est ensuite mise à l'équilibre
calco-carbonique (neutralisation) par ajout de 4000 kg de chaux éteinte
[Ca(OH)2], en moyenne, par jour. Ce réactif alcalin
préalablement dissous à l'eau brute dans des bacs de
mélange, est injecté en fin de traitement au moyen de dissolveurs
délivrant en continu une eau saturée en chaux. L'eau potable
ainsi obtenue, est refoulée dans un réservoir semi-enterré
d'une capacité de 7 500 m3, qui permet la distribution
de l'eau par gravitation dans le réseau de distribution.
5.2. Scénario de
référence
Le scénario étudié correspond à la
production d'un mètre cube d'eau par la station Nord-Riviera, selon le
processus décrit plus haut (cfr. supra). Il inclut les phases
de production et de transport des réactifs jusqu'à l'usine de
traitement.
II. INVENTAIRE DE CYCLE DE VIE ET
ANALYSE DE L'INVENTAIRE.
Pour rappel, la démarche d'inventaire consiste en la
quantification de tous les flux élémentaires (émissions et
extractions) traversant les frontières du système. Il vise
à quantifier pour chaque substance ou consommation d'énergie
identifiée, le flux entrant ou sortant du système par rapport aux
flux de référence défini. L'inventaire
réalisé dans le cadre de cette étude se base sur les
moyennes des données de production de la station Nord-Riviera, de la
période du 1er août au 1er novembre 2012.
Par ailleurs, conformément aux frontières définies
(figure 11) pour le système étudié, cet
inventaire exclut les phases de mise en place des infrastructures
(bâtiments, réseaux de distributions, etc.), de consommation et
d'élimination de l'eau potable.
1. Inventaire des ressources
naturelles utilisées
L'eau souterraine brute constitue la ressource de base du
processus de production d'eau potable. On estime qu'en moyenne 1,00038
m3, est requis pour l'obtention de 1 m3 d'eau
potable (0,38 l correspondant au volume calculé d'eau de
procédé nécessaire au traitement de 1 m3 d'eau
brute). L'occupation du sol constitue la ressource secondaire nécessaire
au système. Sa contribution par rapport au flux de
référence a été établie en fonction de
l'hypothèse décrite dans le paragraphe suivant.
1.1. Hypothèses
d'inventaire : Occupation du sol
L'occupation du sol par unité de
référence (m².an) a été estimée
à partir du rapport entre la surface occupée par les
différentes unités de production (station de traitement et
ensemble des périmètres de protection des forages) et la
production annuelle d'eau calculée pour la station.
S (m².an) : surface occupée par rapport au
flux de référence.
Tableau 5 :
Inventaire des ressources par flux de référence
Matériaux
|
Procédés unitaires
|
Quantité par UF
|
Eau souterraine brute
|
Extraction
|
1,00038 m3
|
Occupation du sol
|
Extraction
|
1,6.10-4 m².an
|
Occupation du sol
|
Traitement
|
7,18 .10-4 m².an
|
UF : Unité fonctionnelle
2. Inventaire des
matériaux (entrées de la technosphère)
Les principaux matériaux entrants dans le processus de
production d'eau potable correspondent aux réactifs utilisés pour
le traitement de traitement. Il s'agit de : l'hypochlorite de calcium et
de la chaux éteinte, utilisés respectivement à hauteur de
0,64 et 71,60 g par flux de référence.
Tableau 6 :
Inventaire des matériaux par flux de référence
Matériaux
|
Procédés unitaires
|
Quantité par UF (g)
|
Base de données utilisée
|
Désignation dans la base de
données
|
Chaux
|
Traitement
|
71,60
|
Ecoinvent 2.0
|
Lime, hydrated, loose, at plant /CHU
|
Hypochlorite de Calcium
|
Traitement
|
0,64
|
Ecoinvent 2.0
|
Calcium chloride, CaCl2, at plant /RER U
|
3. Inventaire de la
consommation d'énergie
L'énergie électrique requise pour le pompage de
l'eau brute nécessaire à l'assemblage de 1 m3 d'eau
potable a été estimé à 0,42 kWh, tandis que celle
requise pour son traitement est estimé à 0,01 kWh.
3.1. Hypothèses
d'inventaire : Profil énergétique de la Côte
d'Ivoire
L'inventaire de cycle de vie s'est appuyé sur un
modèle énergétique allouant 60 % de la production
électrique nationale aux centrales thermiques à gaz et 40 % aux
barrages hydroélectriques conformément au profil
énergétique décrit par HALLE et BRUZON (2006), pour la
Cote d'Ivoire, sans tenir compte des pertes survenant sur le réseau
(pertes par effet Joule, liées au transport et à la distribution
de l'électricité, entrainant pour une quantité
donnée d'électricité consommée, la majoration de la
quantité produite en centrale par un facteur donné
équivalant aux taux de pertes en ligne). Il a été
établi à partir des données d'inventaire de la base BUWAL
250.
Tableau 7 :
Inventaire d'énergie par flux de référence
Procédés unitaires
|
Energie requise par UF (kWh)
|
Base de données utilisée
|
Désignation dans la base de
données
|
Extraction
|
0,42
|
BUWAL 250
|
Electricity from gas B250 -
Electricity from hydropwr B250
|
Traitement
|
0,01
|
4. Transport
Les procédés de transport, spécifiquement
ceux des produits intermédiaires, sont particulièrement
malaisés à quantifier du point de vue de l'impact environnemental
lorsqu'il s'agit de les ramener à l'unité fonctionnelle.
En effet, ils impliquent parfois de nombreux modes et moyens
de transport, différant par la nature ou la charge maximale
autorisée. En outre, les moyens de transport utilisés sont
rarement destinés au transport d'un seul et unique produit sur une seule
et même distance. Dans le cas propre à notre étude, les
réactifs sont acheminés du fournisseur à l'unité de
production de l'unité de production considérée, selon des
itinéraires et des modes variables.
La production mensuelle y est assurée par quatre (4)
livraisons en moyenne de chaux (30 tonnes par livraison), et une livraison de
1125 kg d'hypochlorite de calcium. L'approvisionnement étant
assurée par le même fournisseur, les livraisons des deux
réactifs sont parfois combinées. Le même camion peut donc
assuré en une seule livraison, la fourniture mensuelle de
désinfectant et l'approvisionnement hebdomadaire en chaux.
Ce mode de livraison bien que rationnel, car à la base
d'une réduction conséquente de la consommation par
tonne-kilomètre, entraine un délicat problème
d'affectation. En effet il s'est avéré relativement complexe de
déterminer la contribution exacte du transport de chacun des flux de
référence des différents réactifs entrants dans
l'assemblage d'une unité fonctionnelle de produit final (1 m3
d'eau potable). Ce fait a imposé la considération d'une
conjecture supposant le transport séparé des réactifs, sur
un trajet de 23 km, correspondant à la distance entre l'unité et
les entrepôts de stockage du fournisseur.
Tableau 8 :
Transport par unité de référence
Procédés unitaires
|
Charge (t)
|
Distance (km)
|
Transport (t.km)
|
Base de données
|
Désignation dans la base de
données
|
Chaux
|
7,16.10-5
|
23
|
1,65.10-3
|
Ecoinvent 2.0.
|
Transport, lorry >32t, EURO3/RER S
|
Hypochlorite de calcium
|
6,47 10-7
|
23
|
1,48. 10-5
|
Ecoinvent 2.0.
|
Transport, lorry >32t, EURO3/RER S
|
5. Inventaire des flux de
déchets
5.1. Déchets industriels
banaux (DIB)
La production journalière d'eau potable
génère 28,64 kg de déchets industriels banaux (issus des
matériaux de conditionnement des réactifs) dérivant
essentiellement des opérations de traitement de l'eau brute et
constitués de 8 % de matières plastiques (futs de conditionnement
de l'hypochlorite de sodium) et de 92 % de papiers (sacs conditionnement de
chaux). Ce qui permet d'estimer la production de déchets solides par
unité fonctionnelle, au sein de l'usine à 0,043 g de
déchets plastiques, et 0,47 g de déchets papiers.
Tableau 9 :
Inventaire des déchets par flux de référence
Type de déchets
|
Quantité (g)
|
Plastiques
|
0,043
|
Papiers
|
0,47
|
TOTAL
|
0,513
|
5.2. Effluents liquides
La chaine de traitement de l'eau souterraine brute à la
station SODECI Nord-Riviera génère des boues essentiellement
issues des purges des dissolveurs, et composées principalement de chaux
éteinte [Ca(OH)2] et de carbonate de calcium
(CaCO3). Ces boues (ou incuits) sont acheminées vers des bacs
d'incuits, puis transportées en décharge (Akouédo) par
l'intermédiaire de sous-traitants de la SODECI.
Les volumes exacts d'incuits produits étant
méconnus des services de la SODECI abordés, leur estimation a
été réalisée sur une hypothèse
élaborée à partir des valeurs moyennes établies
pour les usines de traitement en France, qui estiment à 30 g, la masse
de boues sèches produites par mètre cube d'eau traitée
(Barbé et al., 1997).
6. Inventaire des
émissions dans l'air
La production d'eau potable par le site étudié,
engendre deux principaux types de rejets dans l'atmosphère :
- Les dégagements gazeux de dichlore, issus de la
réaction de l'hypochlorite de calcium avec le carbone2(*).
- et les rejets de particules (< 10 um) résultant
des opérations de déconditionnement et de manutention de la
chaux.
En raison de la difficulté à déterminer
exactement les volumes de dégagements chlorés, l'inventaire de
cycle de vie s'est focalisé exclusivement sur les émissions de
particules (diamètre <10 um) rejetées dans l'atmosphère
au cours du traitement de l'eau. L'exclusion de la première
donnée n'altère cependant point les résultats de
l'étude. En effet, la cinétique relativement lente de la
réaction entre le désinfectant et le gaz carbonique (perte de 3
à 5 % du chlore en 1 an en conditions normales) (AWWA et ASCE, 1997),
ainsi que les conditions d'entreposage (barils hermétiquement
scellés, et conservés à l'abri de l'humidité)
permettent de supposer que les quantités de chlore
dégagées dans l'air sont infimes, et que leur contribution
à l'impact total du système peut de fait être
négligée.
La quantité de particules d'hydroxyde de calcium
émises dans l'air a été déterminée par un
échantillonnage aléatoire et simple effectué à
l'intérieur de l'infrastructure de traitement. L'unité
d'échantillonnage était une feuille de papier (63,2 × 38,2
cm soit 2414,24 cm²) disposée à même le sol, pendant
une journée entière de travail, afin de collecter les
dépôts de particules. La quantité totale de particules
émises par unité de surface a ensuite été
approximée à partir de la surface totale de l'infrastructure.
Cette méthode se justifie d'une part par la faible mobilité des
particules considérées et aux caractéristiques de leur
lieu d'émissions (relatif confinement des infrastructures de manutention
de la chaux).
Elle a montré que l'émission de particules de
chaux se traduisait par des dépôts de l'ordre de 39,79
g.m-² essentiellement concentrés dans la zone de
manutention de la chaux : une zone d'environ 20 m² où
l'hydroxyde de calcium est déconditionné et introduit dans la
chaine de traitement, soit 14,31 mg de particules d'hydroxyde de calcium
(Ø < 10 um) émises dans l'air par flux de
référence (m3 d'eau produite).
III. RESULTATS :
EVALUATION DES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX
1. Impacts
intermédiaires (impacts mid-points).
Les contributions relatives des étapes de production de
l'eau potable, aux différentes catégories d'impacts
environnementaux, intermédiaires, retenues pour cette analyse, sont
décrites à la figure 12. Les résultats
révèlent que l'extraction de l'eau brute (captage) constitue la
principale source d'impact, pour 10 des 16 catégories d'impacts
mid-points considérés, notamment dans les catégories de
la toxicité humaine et de l'écotoxicité aquatique
où cette étape contribue à plus de 90 % aux impacts
estimés. Les 6 catégories restantes sont dominées en
termes de contribution, par le processus de traitement de l'eau. Par ailleurs,
les impacts environnementaux liés aux émissions de radiations
ionisantes, à la production de déchets et aux extractions de
ressources naturelles, résultent exclusivement de cette étape de
production
La caractérisation intermédiaire a en outre,
montré que la production d'un mètre cube d'eau par le
procédé étudié consommait environ 2,78 MJ
d'énergie non renouvelable, répartie inégalement entre
l'étape de pompage de l'eau (86 %), et la phase de traitement (14 %). Ce
procédé de production se traduit également, par un impact
relativement élevé sur l'écotoxicité des
écosystèmes, correspondant en termes d'équivalence, aux
rejets de 87,05 et 0,33 kg de tri-éthylène glycol (TEG) par
mètre cube d'eau produit, respectivement dans l'eau et le sol
(tableau 12).
2. Catégories de
dommages (impacts end-points) et Eco-score global
L'analyse de cycle de vie de la production d'eau potable par
la station SODECI Nord-Riviera révèle que le pompage de l'eau
constitue la principale source de dommages environnementaux. En effet, cette
phase génère plus de 65 % de la charge environnementale dans
toutes les catégories de dommages considérés
(figure 13).
La production d'eau potable se traduit par un profil d'impact
fortement orienté vers les dommages sur l'environnement induits par
l'exploitation des ressources naturelles. Ce profil se manifeste à
travers un éco-score global évalué à 3,05 Pt, et
dominé à plus de 91% par la catégorie des ressources. Les
impacts secondaires en termes d'importance, s'exercent au niveau des
changements climatiques, et représentent 8 % de la charge
environnementale exprimée par le système. L'analyse
révèle en outre, que la chaine de production d'eau potable
étudiée, se traduit par une influence très
négligeable (voire nulle), sur la qualité des
écosystèmes et la santé humaine, comparativement aux deux
catégories précédentes (figures 14
et 15).
Tableau 10 :
Score de caractérisation intermédiaire des
différentes phases de production d'eau potable par la station SODECI -
Nord Riviera
Catégorie d'impact
|
Unité
|
Extraction de l'eau
|
Traitement de l'eau
|
Total
|
Toxicité humaine
(cancérigène)
|
kg C2H3Cl éq.
|
1,95.10-3
|
1,18.10-4
|
2,07.10-3
|
Toxicité humaine (non
cancérigène)
|
kg C2H3Cl éq.
|
6,11.10-4
|
1,36.10-4
|
7,47.10-4
|
Effets respiratoires inorganiques
|
kg PM2.5 eq
|
5,54.10-5
|
1,98.10-5
|
7,52.10-5
|
Radiations ionisantes
|
Bq Carbone 14 éq
|
0
|
2,85.10-5
|
2,85.10-1
|
Destruction de la couche d'ozone
|
kg CFC-11 éq
|
4,46.10-10
|
3,84.10-9
|
4,29.10-9
|
Effets respiratoires organiques
|
kg C2H4 éq
|
2,20.10-5
|
1,31.10-5
|
3,51.10-5
|
Ecotoxicité aquatique
|
kg TEG eau
|
83,26
|
3,79
|
87,05
|
Ecotoxicité terrestre
|
kg TEG sol
|
0,08
|
0,25
|
0,33
|
Acidification / eutrophisation terrestre
|
kg SO2 éq
|
2,12.10-3
|
3,34.10-4
|
2,45.10-3
|
Acidification aquatique
|
kg SO2 eq
|
3,28.10-4
|
6,88.10-5
|
3,97.10-4
|
Eutrophisation aquatique
|
kg PO43- eau
|
1,34.10-6
|
4,40.10-7
|
1,78.10-6
|
Occupation des sols
|
m2org terre arable.an
|
1,23.10-4
|
9,72.10-4
|
1,10.10-3
|
Changement climatique
|
kg CO2 éq
|
0,20
|
0,06
|
0,26
|
Energie non renouvelable
|
MJ primaire
|
2,38
|
0,4
|
2,78
|
Extraction de minerai
|
MJ surplus
|
0
|
6,19.10-5
|
6,19.10-5
|
Déchets banaux
|
kg/kg
|
0
|
5,15.10-4
|
5,15.10-4
|
Figure 12 :
Contribution des procédés aux scores d'impacts
environnementaux intermédiaires de la production d'eau potable par la
station SODECI - Nord Riviera
Figure 13 :
Contribution des procédés aux scores de dommages environnementaux
du système de production d'eau potable par la station SODECI - Nord
Riviera
Tableau 11:
Scores de dommages (impacts end-points) des différentes phases de
production d'eau potable par la station SODECI - Nord Riviera
Catégories de dommages
|
Unité
|
Extraction de l'eau
|
Traitement de l'eau
|
Score d'impact total
|
Santé humaine
|
DALY
|
4,60.10-8
|
1,48.10-8
|
6,07.10-8
|
Qualité des écosystèmes
|
PDF.m².an
|
7,19.10-3
|
3,58.10-3
|
1,08.10-2
|
Changement climatique
|
kg CO2 éq
|
1,96.10-1
|
6,12.10-2
|
2,57.10-1
|
Ressources
|
MJ
|
2,38
|
3,97.10-1
|
2,78
|
Figure 14 :
Contribution des scores de dommages à l'éco-score global du
système de production d'eau potable par la station SODECI - Nord
Riviera
Figure 15 :
Profil d'impact de la production d'eau potable par la station SODECI - Nord
Riviera
3. Sensibilité des
paramètres de production d'eau potable
Les relations entre les valeurs simulées des
paramètres et le score total d'impact généré par le
processus de production sont décrites à la figure
16. L'allure des droites de régression reflètent le sens
et la direction de la variation sur l'impact total. Ainsi, la pente raide et
croissante décrite par la courbe de la consommation
énergétique montre que ce paramètre constitue le
paramètre le plus susceptible de moduler l'impact environnemental total
des activités de la station de production, avec une sensibilité
estimée à 84,75 (tableau 14).
Les paramètres secondaires les plus influents sont par
ordre d'importance : la production de chaux nécessaire au
traitement de l'eau et la consommation énergétique de
l'étape de traitement, avec des sensibilités respectives de 11,93
et 2,95.
Les allures constantes des courbes de régression des
autres paramètres étudiés (occupation du sol, transport
des réactifs, production d'incuits, émissions aériennes),
ainsi que leur sensibilité nulles, traduisent la faible influence de ces
facteurs sur l'impact environnemental total généré par
l'unité de production.
Tableau 12 :
Valeurs de sensibilités des paramètres de production
Paramètres
|
Sensibilité
|
Consommation énergétique (Pompage)
|
84,75
|
Consommation de chaux
|
11,93
|
Consommation énergétique (traitement)
|
2,95
|
Consommation de Ca(ClO)2
|
0,07
|
Occupation du sol (Traitement)
|
0,02
|
Occupation du sol (Pompage)
|
0
|
Transport de Ca(ClO)2
|
0
|
Transport chaux
|
0
|
Emissions aériennes
|
0
|
Production d'incuits
|
0
|
Figure 16 :
Variations du score d'impact environnemental en fonction de 10
paramètres de production
IV. DISCUSSION
1. Interprétation de
l'analyse de cycle de vie
Généralement, l'impact environnemental
estimé pour la production de l'eau potable est relativement très
faible. Dans le cas de cette étude, la production d'un mètre cube
d'eau entraine un impact potentiel sur l'environnement, estimé à
partir de la méthode IMPACT 2002+, à un éco-score
global de 3,05 Pt. Le calcul de cette valeur à partir de la même
méthode, pour le cycle de vie complet (fabrication, utilisation et
recyclage) de divers contenants de bière réalisés par une
étude du CIRAIG (Margaud et al., 2010) a conduit à des
scores d'impacts de 158,24 et 249,46 Pt (scores non pondérés et
non normalisés), respectivement pour une bouteille de 330 ml, en verre
et une canette en aluminium de même capacité. Ainsi, le
procédé de production d'un mètre cube d'eau par
l'unité étudiée, se révèle 82 à 52
fois moins impactant sur l'environnement qu'une simple bouteille en verre ou
qu'une canette en aluminium. Cet impact global négligeable est
corroboré par les travaux de Crettaz et al., (1999) et de Viale
et al. (2011), qui ont montré que même la
récupération des eaux de pluie pour l'alimentation des chasses
d'eau s'avère plus impactante sur l'environnement que l'utilisation
d'eau potable du réseau public en particulier lorsqu'un système
de désinfection des eaux de pluie est installé ou lorsque la mise
en place du système de récupération est prise en compte
dans l'analyse.
La véritable problématique de la production
d'eau potable réside dans le fait que son profil d'impact reste
très largement dominé par les dommages environnementaux
liés à l'exploitation des ressources naturelles, et dans une
moindre mesure, à l'influence de l'activité de production sur le
changement climatique. En effet, l'analyse du cycle de vie du processus de
production d'eau potable de l'unité industrielle SODECI Nord-Riviera
révèle que la consommation énergétique, notamment
l'utilisation d'électricité nécessaire au pompage de la
ressource hydrique souterraine, constitue la source principale d'impact du
système. L'étude attribue par ailleurs, un rôle secondaire
quoique mineur, aux impacts liés à la production en amont, des
réactifs (en l'occurrence l'hydroxyde de calcium) nécessaire
à l'étape de traitement de l'eau brute. Ces résultats sont
conformes aux constats de la majorité des études
antérieures, utilisant l'approche ACV dans l'analyse les aspects
environnementaux des systèmes de production d'eau potable, qui ont mis
en exergue le rôle prépondérant de la consommation
électrique dans l'impact environnemental généré par
ces systèmes indifféremment de leur nature, de leur
géographie ou du type de technologie de traitement utilisée
(Mohapatra et al., 1997 ; Sombeke et al., 1997 ;
Crettaz et al., 1999 ; Lundin et al., 2000 ;
Friedrich et al., 2001 ; Tarantini et Ferri, 2001 ;
Friedrich et Buckley, 2002 ; Rihon et al., 2002 ; Beavis
et al., 2003 ; Raluy et al., 2005 ; Friedrich
et al., 2006 ; Pillay, 2007).
Cette prépondérance se traduit par la
prédominance des dommages sur les ressources naturelles et le climat,
dans l'impact environnemental global généré par le
système considéré. L'intensité des dommages est en
outre, fortement modulée par le type de profil énergétique
adopté par l'état ou la région considérée
(Renou, 2006). Dans cette étude, la production électrique
majoritairement issue de sources fossiles, adjointe aux importantes
quantités énergétiques requises pour le pompage de l'eau
entrainent une pression d'exploitation considérable sur les ressources
naturelles, et subséquemment des impacts significatifs sur le
faciès climatique, notamment en raison de la production de divers gaz
à effet de serre contribuant potentiellement à
l'altération du climat.
Ces répercussions négatives ne sont toutefois
pas prises en compte dans les calculs privés de l'entreprise, alors
qu'elles constituent des externalités susceptibles de modifier en aval,
les coûts de production de l'eau potable, comme l'ont montré
Stokes et Horvath (2005). Ces auteurs grâce à une approche
combinant l'ACV avec une analyse économique entrant-sortant (EIO-LCA),
appliquée sur différents systèmes d'approvisionnement en
eau, indiquent que les coûts associés aux externalités
négatives du processus de production d'eau potable peuvent engendrer des
augmentations de l'ordre de 1 à 8 % des coûts de production de
l'eau, prouvant ainsi qu'une pollution à une étape, même
lointaine de la chaine de production est susceptible de se traduire par des
conséquences économiques directes ou indirectes sur le produit
final. Cet argument économique milite en faveur de la prise en compte de
ces externalités dans les mécanismes décisionnels de la
SODECI. De plus, la notion de « responsabilité
environnementale » qui impose l'extension du processus de gestion
environnementale à toutes les activités et aux biens pour
lesquels une incidence environnementale directe, indirecte ou potentielle a
été définie, quelle que soit la portée de la
législation en cours, constitue également une motivation
supplémentaire pour l'élaboration et la mise en place d'un plan
d'action global visant l'amélioration de la performance environnementale
associée à l'activité de production d'eau potable.
La présente analyse lève également, un
coin de voile sur l'une des problématiques environnementales majeures du
processus de production de l'eau potable par la SODECI, relative à la
production et à la gestion des boues de traitement. En effet, l'analyse
de sensibilité réalisée sur ce paramètre
démontre qu'il induit quelle que soit sa magnitude, des impacts
environnementaux négligeables, par rapport à la charge
environnementale globale du système. Ce résultat pourrait
découler du volume relativement faible et de la nature des effluents et
boues de traitement, générés par le processus de
production (« incuits » de chaux principalement
composés de carbonate de calcium et de chaux).
Ces composés en dehors des risques sanitaires mineurs
(irritations cutanées et respiratoires, lésions oculaires),
qu'ils sont susceptibles d'entrainer, présentent un très faible
risque nocif, non significatif pour l'environnement, ou pour l'homme. Par
ailleurs, ces risques se trouvent considérablement réduits par
les mesures de sécurité établis pour la manutention de ces
réactifs (gants, masques et lunettes). L'absence d'incidence
significative sur l'environnement, s'observe également au niveau des
émissions aériennes de la station de traitement (principalement
des particules d'hydroxyde de calcium de moins de 10 um de diamètre).
Elle peut vraisemblablement être attribuée à des causes
similaires à celles énoncées précédemment,
en l'occurrence les caractéristiques des rejets (émissions
localisées et confinées au point de rejet), leur faible
nocivité, ainsi que les faibles volumes de produits émis d'autant
plus réduits par la présence de dépoussiéreurs
permettant la récupération par aspiration de la poudre de chaux
rejetée dans l'air ambiant.
Toutefois, il demeure important de souligner que l'analyse ne
décrit ici que l'impact relatif de ces paramètres par rapport
à l'impact total de l'activité de production. De plus, les
conclusions en émanant restent limitées autant par la
capacité et la robustesse du modèle mathématique
utilisée par la méthode d'évaluation (IMPACT
2002+), pour décrire et quantifier la voie d'impact de la chaux et
de ses dérivés dans l'écosystème, que par la
fiabilité des hypothèses émises. En effet, bien que
l'analyse n'attribue qu'un impact négligeable aux rejets d'incuits et de
poudre de chaux dans le milieu naturel, certaines données
consignées en annexes de ce document, font état de l'occurrence
d'un risque potentiel de nocivité associé aux rejets de doses
massives de chaux dans l'environnement, notamment pour certains compartiments
de la biocénose des milieux aquatiques. Les quantités de chaux
rejetées dans l'environnement demeurent toutefois, relativement
inférieures aux valeurs indiquées par ces données.
Cependant, l'analyse de cycle de vie n'établit qu'une image
instantanée des impacts potentiels générés par le
procédé, sans s'intéresser aux risques sécuritaires
(déversements accidentels, etc.) qui lui sont associés. De fait,
l'existence de telles éventualités conduit à agréer
cette conclusion, moyennant une certaine réserve.
Cette même réserve doit également
être appliquée à l'influence évaluée de
l'occupation du sol par les activités de traitement et de captage, sur
le bilan écologique global. En effet, l'étude en indiquant que ce
paramètre ne constitue pas une source d'impact majeur, permet de
conclure qu'il est possible d'accroitre les surfaces et
périmètres de protection des forages sans modifier
conséquemment pour autant, l'impact environnemental
généré. Toutefois, elle ne tient pas compte des
considérations sociales et économiques inhérentes à
l'accroissement d'espaces au sein d'environnement urbain, qui constituent
pourtant des dimensions primordiales du concept de développement
durable.
2. Recommandations et
suggestions
En Côte d'Ivoire, toutes les entreprises actives sont
assujetties à des lois et règlements traitant
spécifiquement ou indirectement de l'environnement. En pratique, la
conformité d'une entreprise par à rapport à ces
dispositions législatives et règlementaires, s'acquiert
généralement par une gestion adéquate des substances
potentiellement polluantes. Ainsi, à des degrés divers toutes les
entreprises font de la gestion environnementale. Mais, il reste fréquent
qu'elles ne le fassent que de façon fragmentaire, au cas par cas, non en
prenant en compte les aspects environnementaux totaux et les impacts de leurs
activités, mais uniquement par souci de conformité avec la
réglementation en vigueur. Alors qu'une performance environnementale
accrue se traduit pour une entreprise donnée, par différents
types de valeurs ajoutées. Celles-ci peuvent se concrétiser aux
travers de bénéfices pour l'image de l'entreprise
(réduction des atteintes à l'environnement), d'avantages
concurrentiels, ou par la valeur ajoutée relative à
l'évitement des coûts, associés aux externalités.
Par ailleurs, un impact environnemental peut être à priori,
révélateur de pertes, de gaspillages ou d'utilisations impropres
d'une ou de plusieurs ressources pris dans leur sens le plus large :
écologiques (ressources renouvelables et non renouvelables),
financières, techniques, organisationnelles et humaines.
L'optimisation des ressources constitue dès lors un
choix stratégique impérieux. Dans ce contexte, l'implantation
d'un système de gestion environnementale, apparait comme un
précieux outil d'optimisation autant des ressources que des processus.
Il ne requiert pas une restructuration profonde et totale des processus,
procédés, et activités du jour au lendemain, mais se
définit plutôt comme une approche graduelle, consistant à
implanter des mesures de gestion environnementale par modules ou par projets,
en identifiant dans chaque cas, les meilleurs effets de levier pour faire
progresser l'entreprise à son propre rythme. Un système de
gestion environnementale est un outil efficace de protection de
l'environnement, qui s'intègre au système de gestion
générale de l'entreprise. Il permet ainsi une progression
à la mesure des besoins et des moyens de l'entreprise. Le système
de gestion environnementale fournit des moyens afin de parvenir et d'aller
au-delà de la conformité réglementaire de base à
laquelle est sujette l'organisme. Il inclut plusieurs stades de progression,
allant de la réduction des impacts, à la gestion
écologique, stade très avancé de gestion environnementale.
Ce dernier stade se caractérise par une intégration
quasi-idéale de l'environnement aux activités de
l'entreprise : minimisation optimale des impacts, gestion
écologique des produits, écologie industrielle,
« dématérialisation » de la production,
etc...
Cependant, un système de gestion environnementale
efficace exige la mobilisation de l'intelligence de l'entreprise afin
établir les liens entre les impacts et les activités qui en sont
la source ou y contribuent dans leur forme actuelle. Une réponse
à cette exigence est apportée par la présente analyse
environnementale. Elle a permis d'identifier, notamment pour le système
de production de la SODECI, tel que mis en oeuvre à la station
Nord-Riviera, les principaux secteurs à prioriser pour de futures
actions environnementales. L'étude révèle que ce
système se caractérise comme faiblement impactant pour
l'environnement, et offre en outre, peu de possibilités d'optimisation
au vu de la situation actuelle et des existants du pays. En effet, les actions
possibles dans les principaux secteurs générateurs d'impacts,
identifiés par la présente analyse, demeurent clairement
limitées par leur adéquation avec le contexte
socio-économique ou technologique de la Côte d'Ivoire.
Réduire l'empreinte environnementale des activités
d'approvisionnement en eau potable, passe nécessairement par la
réduction de la consommation énergétique notamment celle
des phases de pompage de l'eau souterraine. Cet objectif pourrait être
atteint par la réduction des flux entrants dans le système, donc
des volumes pompés, notamment à partir de méthodes telles
que le traitement des eaux usées et leur réinjection dans le
cycle anthropique de l'eau. Cette alternative, bien que plausible, d'un point
de vue environnemental, arbore toutefois, une viabilité sociale et
économique relativement minime. En effet, même en Europe, la
consommation d'eau potable issue du traitement des eaux usées, ne jouit
pas encore de l'engouement total des collectivités. De plus, la mise en
oeuvre de technologies de traitement des eaux usées se
caractérise par des couts très élevés et une
technicité pointue, qui s'avèrent globalement inaccessibles aux
états pauvres et sous-développés, et confèrent de
fait, un caractère inapproprié à cette option.
Dans la même ligne, il apparait également,
irréaliste de préconiser l'usage de sources
énergétiques renouvelables (éolien, solaire, etc.) ou le
recours à des procédés alternatifs à faible
consommation d'intrants chimiques (filtration membranaire, ozonation, etc..),
sans tenir compte de l'environnement technologique et des capacités des
décideurs en charge de l'approvisionnement en eau. La plupart de ces
stratégies alternatives en dehors des difficultés d'accès
qu'elles présentent pour les pays sous-développés, peuvent
induire par ailleurs, des transferts substantiels de pollution comme l'atteste
les travaux de BEAVIS et al. (2003). Ces auteurs ont
démontré à partir de la comparaison de différentes
techniques de désinfection utilisées pour la production d'eau
potable et le traitement des eaux usées, que le recours à
l'irradiation aux ultra-violets en vue de réduire l'utilisation des
désinfectants chimiques et leurs impacts subséquents, se
traduisait par une augmentation de la consommation énergétique,
concourant finalement à un impact environnemental global beaucoup plus
important.
Toutefois, certains points d'actions bien que peu influents
sur la charge globale du système, sont susceptibles d'être
réformés afin d'accroitre l'acceptabilité environnementale
du système de production étudié. Ces axes
d'améliorations ont été développés
conformément à deux enjeux environnementaux majeurs à
savoir :
- la réduction des émissions vers le milieu
naturel, à travers l'optimisation de la gestion des boues de
traitement ;
- et l'optimisation de la gestion des déchets
solides ;
2.1. Optimisation de la gestion
des boues de traitement
Les boues d'eau potable peuvent être valorisées
de diverses manières en fonction de leur qualité. Lorsque
celle-ci est constante, les boues peuvent réutilisées sous formes
d'adjuvants en cimenterie ou en briqueterie. En théorie, les
sous-produits de traitement de la filière de production d'eau potable
peuvent également être épandus en agriculture sans
contraintes particulières, sous le vocable de « terres de
décantation ». Cependant, cette utilisation ne s'avère
possible que lorsque ceux-ci possèdent un apport calcique suffisant.
Ainsi, un ajout de chaux est parfois requis, afin d'améliorer leur
statut d'amendement calcique et leur conférer une meilleure
qualité rhéologique. Dans le cas d'étude, l'utilisation
agricole des boues et effluents concentrés des traitements de
décarbonatation, constitue une voie de valorisation à prioriser.
En effet, ANGUI et al (2009) ont prouvé que les incuits de
chaux découlant de la chaine de traitement des eaux souterraines de la
SODECI, pouvaient constituer un amendement à fort potentiel
d'amélioration de la fertilité des sols agricoles acides. De
plus, un apport subsidiaire en chaux peut être assuré si requis,
à partir des volumes de chaux récupérés à
l'issue du dépoussiérage des locaux d'entreposage et de
manutention de la chaux. Il apparait ainsi clairement possible de rediriger les
quantités d'incuits produits, vers les filières agricoles,
moyennant la mise en place de plans d'épandage et de dispositifs
techniques adéquats permettant la récupération des boues
liquides aux normes régissant la valorisation des boues
résiduaires urbaines. Les lits de séchage et les bassins de
lagunage apparaissent vraisemblablement comme les ouvrages techniques se
prêtant le mieux à la récupération des boues
produites. En effet, ils ne nécessitent aucune source d'énergie
(autre que celle du soleil) pour leur fonctionnement et aboutissent à
une importante réduction du volume de boues produites. Ces
méthodes de déshydratation nécessitent néanmoins de
grandes surfaces, ce qui peut se révéler particulièrement
problématique en milieu urbain. Une proposition pour la conception de ce
type d'ouvrage de traitement des incuits est décrite en annexe de ce
document (Annexe 3).
2.2. Optimisation de la gestion
des déchets : cas des emballages et conditionnements des
réactifs
Les emballages ont généralement une durée
de vie assez courte, et deviennent des déchets à la charge de
l'acquéreur, une fois leur tâche accomplie. L'optimisation de leur
mode de gestion constitue un secteur dont l'amendement pourrait être
avantageux d'une part sur le plan écologique, et d'autre part, à
un niveau économique. Il semble en effet, possible d'intégrer les
contenants en plastique de l'hypochlorite en calcium au sein de systèmes
économiques susceptibles d'entrainer une réduction à la
source de l'ordre de 8,4 % du volume journalier de déchets
générés, ainsi qu'une réduction substantielle du
cout d'achat des réactifs par l'entreprise. Ces systèmes reposent
sur un principe simple de retour d'emballages et de consigne, à
établir entre l'entreprise productrice (SODECI) et le fournisseur de
réactif. Ils consisteront pour le fournisseur à déduire du
prix total des réactifs fournis, le cout des emballages de la livraison
précédente, s'ils sont restitués en bon état par la
société cliente (retour intégral). De nature à
favoriser la réutilisation des emballages à la fois par le
fournisseur et le client, cette proposition s'avère en totale
conformité avec les préceptes de base établis pour la
gestion des déchets ou 3RV (Réutilisation, Réduction,
Recyclage, Valorisation), et constitue un instrument relativement facile
à appliquer afin d'améliorer la performance environnementale du
processus de production d'eau potable.
Enfin, bien que la réutilisation des emballages puisse
présenter un bénéfice économique et
environnemental, son application effective doit toutefois procéder d'une
analyse économique et environnementale approfondie afin de mesurer ses
impacts réels et d'apprécier la pertinence de la
réutilisation au regard des contraintes de l'entreprise.
CONCLUSION
Les systèmes d'approvisionnement des populations en eau
potable constituent indéniablement, un secteur jouissant d'une grande
technicité et d'une maitrise économique éprouvée.
En revanche, l'évaluation des impacts sur l'environnement de ces
systèmes, volet central du tryptique du développement durable,
demeure encore, relativement négligée, particulièrement en
Afrique, comme l'atteste la géographie de l'ensemble des publications
scientifiques dans ce domaine. C'est un tel contraste qui a motivé
l'élaboration de cette étude qui envisageait d'apporter une
contribution scientifique à la problématique des impacts
potentiels et coûts environnementaux découlant des services
d'approvisionnement en eau potable, notamment ceux assurés par
l'unité de production « Nord-Riviera » de la
Société de Distribution d'Eau de Côte d'Ivoire (SODECI).
Parmi les différents outils d'évaluations environnementales,
l'analyse de cycle de vie est apparue comme la mieux appropriée aux
objectifs de ces travaux. En effet, elle constitue un outil efficace
d'évaluation de l'impact environnemental adapté aux produits, aux
services et aux systèmes. En outre, grâce au concept de cycle de
vie qu'elle introduit, l'ACV se révèle capable d'évaluer
non seulement l'ensemble d'une filière, mais également tous les
impacts directs ou indirects associés au système
considéré. Elle bénéficie par ailleurs, d'un cadre
méthodologique structuré et standardisé par la
série de normes ISO 14040, bien que certains points, tels la
résolution des problèmes d'affectation, soient encore
discutés. Ne se concentrant que sur la dimension environnementale du
système étudié, l'ACV peut être judicieusement
complété par une analyse des flux financiers de l'ensemble du
cycle de vie, mettant ainsi en parallèle impacts environnementaux et
contraintes économiques.
L'application de cet outil au processus industriel de
production d'eau potable étudié, a permis de montrer sous
réserves de certaines hypothèses, qu'il jouissait d'un impact
environnemental relativement faible estimé à environ 3,05 Pt par
mètre cube d'eau produite. Cet impact découle principalement des
dommages à l'environnement liés à l'exploitation des
ressources naturelles, particulièrement la consommation
énergétique nécessaire à la phase de pompage de
l'eau des sources souterraines, et dans une moindre mesure, la production des
réactifs de traitement de l'eau brute. Il se traduit par des scores
d'impact obtenus grâce à la méthode IMPACT 2002+,
de 2,7 MJ et 0,26 kg de CO2 équivalent, par mètre cube
d'eau produite, respectivement pour les catégories de l'utilisation des
ressources et des changements climatiques. Ces chiffres peuvent sembler
dérisoires dans l'absolu. Cependant, ils deviennent moins
négligeables lorsqu'on les multiplie à la production de
l'unité considéré ou à la production totale de la
SODECI. Ainsi, par an, l'on estime qu'approximativement 32 645 tonnes de
CO2 équivalent serait indirectement rejeté dans
l'atmosphère, suite aux activités de production d'eau potable par
la SODECI. Ce dernier chiffre plus pertinent, rend bien compte des impacts
environnementaux potentiellement liés à cette activité, et
de la nécessité de développer des solutions axées
vers une production plus « verte ». Toutefois, l'analyse de
la situation dans son ensemble montre qu'actuellement très peu d'options
s'offrent en termes d'améliorations de l'existant. En effet, l'empreinte
environnementale ici considérée découle
presqu'essentiellement de la production de l'électricité
réalisée en amont, et nécessaire à l'extraction et
au traitement de l'eau brute. Cette dernière au regard des
possibilités et des capacités techniques actuelles, apparait
difficilement amendable. Il demeure ainsi, inappropriée et
irréaliste de proposer le recours à des ressources
énergétiques renouvelables (solaires, éoliens, etc.). Dans
la même ligne, la réforme des techniques d'exploitations
utilisées vers des procédés moins dispendieux en
énergie, apparait également, une suggestion totalement
déplacée, dans l'état actuel de la situation. Cependant,
des points d'action bien que peu impactants, sur l'empreinte globale
généré par le système ont pu être
identifiés dans l'objectif d'accroitre l'acceptabilité
environnementale de ce dernier. Ils recouvrent deux points majeurs, à
savoir l'optimisation de la gestion des déchets solides à
travers l'adoption de méthodes de consigne et de retour d'emballages,
appliquées sur les contenants des réactifs ; et la mise
oeuvre de techniques de traitement visant à réduire et à
valoriser les flux d'effluents rejetés dans l'environnement par
l'activité de traitement de l'eau.
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ANALYSE DE CYCLE DE VIE APPLIQUEE A UN SYSTEME DE
PRODUCTION D'EAU POTABLE : CAS DE L'UNITE INDUSTRIELLE SODECI
NORD-RIVIERA
ANNEXES
LISTES DES
ANNEXES
Annexe 1 : Tableaux
récapitulatifs de la législation environnementale en Côte
d'Ivoire
Annexe 2 : Contribution des
différents processus unitaires a l'éco-score global du
système de production d'eau potable par la station SODECI - Nord
Riviera
Annexe 3 : Données
toxicologiques et écotoxicologiques sur l'hydroxyde de calcium
[Ca(OH)2] et ses dérivés
Annexe 4 : Traitement des boues
de chaux par lits de séchage conventionnels
ANNEXE 1 :
TABLEAUX RECAPITULATIFS DE LA LEGISLATION
ENVIRONNEMENTALE EN COTE D'IVOIRE
Tableau 1: Législation nationale
Nature de l'acte
|
Intitulé/ dénomination/titre
|
Ressources naturelles et protection de la
nature
|
Loi
|
Loi n°2002 du 11 février 2002 relative à la
création, à la gestion et au financement des parcs nationaux et
des réserves naturelles
|
Loi
|
Loi n°98-755 du 23 décembre 1998 portant code de
l'eau,
|
Loi
|
Loi n°64-490 du 21 décembre 1964 relative à
la protection des végétaux
|
Loi
|
Loi n°94-442 du 16 août portant modification de la
loi n° 65-255 du 04 août 1965 relative à la protection de la
faune et de la commercialisation des semences et plants
|
Décret
|
Décret portant n°86-378 du 04 juin 1986 portant
création d'un comité national de défense de la forêt
et de lutte contre les feux de brousses
|
Décret
|
Décret 71-44 du 22 janvier 1971 modifiant le
décret 65-292 du 2 septembre 1965 portant création d'un
comité consultatif de la protection des végétaux
|
Décret
|
Décret n°63-457du 7 Novembre 1963 fixant les
conditions d'introduction et d'exportation des végétaux et autres
matières susceptibles de véhiculer des organismes dangereux pour
les cultures.
|
Arrêté
|
Arrêté interministériel du 15
février 1999 portant institution du comité technique
d'inscription au catalogue officiel des espèces de
variétés végétales,
|
Ressources halieutiques et animales
|
Loi
|
Loi n°67-47 du 02 février 1967, portant
création du comité consultatif des pêches.
|
Décret
|
Décret n°85-176 du 06 mars portant
réglementation de la pêche en lagune
|
Décret
|
Décret n°82-956 du 27 octobre 1982 portant
réorganisation du Comité consultatif des pêches.
|
Décret
|
Décret n°66-399 du 13 septembre 1996 portant
création d'un comité consultatif des pêches.
|
Arrêté
|
Arrêté n° 184/MINAGRA/MERSRIT du 21
Août 1996 portant création de la commission nationale
d'amélioration génétique du cheptel
|
Etudes d'impact environnemental et production
industrielle
|
Loi
|
Loi n°88-651 du 07 juillet 1988 portant protection de a
santé publique et de l'environnement contre les effets des
déchets industriels toxiques et nucléaires et des substances
nocives
|
Loi
|
Loi n°73-573 du 22 décembre 1973 portant taxe de
vérification et de contrôle des établissements
pétroliers et dépôts d'hydrocarbures et taxes d'inspection
des établissements insalubres ou incommodes,
|
Décret
|
Décret n°98-43 du 28 janvier 1998 relatif aux
installations classées pour la protection de l'environnement
|
Décret
|
Décret n°96-894 du 8 novembre 1996
déterminant les règles et procédures applicables aux
études relatives à l'impact environnemental des projets de
développement.
|
Protection phytosanitaire
|
Décret
|
Décret n° 89-02 du 04 janvier 1989 à
relatif à l'agrément, la fabrication, la vente et l'utilisation
des pesticides abrogeant le décret n°74-388 du 7 août 1974
relatif à l'agrément des pesticides,
|
Décret
|
Décret n°74-388 du 7 Août 1974 relatif
à l'agrément, la fabrication, la vente et l'utilisation des
pesticides
|
Tableau 2 : Accords et instruments
internationaux
Titre/intitulé
|
Date et lieu d'adoption
|
Date de ratification
|
Convention africaine sur la conservation de la nature et des
ressources naturelles
|
15 septembre 1968, (Alger)
|
15 juin 1969
|
Convention relative aux zones humides d'importance
internationale, particulièrement comme habitat des oiseaux d'eau
|
02 février 1971 (Ramsar)
|
03 février 1993
|
Convention sur le commerce international des espèces de
faune et de flore sauvage menacées d'extinction
|
03 mars 1973, (Washington)
|
03 février 1993
|
Convention sur la diversité biologique
|
05 juin 1992
(Rio de Janeiro)
|
14 novembre 1994
|
Convention sur les changements climatiques
|
09 juin 1992
(New York)
|
14 novembre 1994
|
Conventions des Nations Unies sur la lutte contre la
désertification, en particulier en Afrique
|
17 juin 1994
(Paris)
|
06 mars 1997
|
Convention internationale pour la protection des
végétaux
|
1951 révisé en 1997
|
9 Août 2000
|
Accord instituant l'Organisation Mondiale
du Commerce
|
15 avril1994
(Marrakech)
|
15 Mars 1995
|
Convention phytosanitaire interafricaine
|
29 juillet 1954
|
|
Traité international sur les ressources phytosanitaires
pour l'alimentation et l'Agriculture adopté par la 31ème
conférence de la FAO (annexe 10)
|
2001
(Rome)
|
En 2003
|
Protocole de Cartagena sur la prévention des risques
biotechnologiques
|
19 janvier 2000, (Cartagena)
|
En cours
|
Convention de Stockholm sur les polluants organiques
persistants
|
23 mai 2001, (Stockholm)
|
10 juillet 2003
|
Convention de Rotterdam relative à la procédure
de consentement préalable en connaissance de cause concernant certains
pesticides et produits chimiques qui font l'objet d'un commerce
international
|
10 septembre 1998
(Rotterdam)
|
20 janvier 2004
|
Protocole de Nagoya sur la diversité biologique
|
29 octobre 2010
(Nagoya)
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1er février 2012
|
ANNEXE 2 :
CONTRIBUTION DES DIFFERENTS PROCESSUS UNITAIRES A
L'ECO-SCORE GLOBAL DU SYSTEME DE PRODUCTION D'EAU POTABLE PAR LA STATION SODECI
- NORD RIVIERA
Figure 1 : Réseau des processus
unitaires et contribution à l'éco-score global du système
de production d'eau potable par la station SODECI - Nord riviera
(généré par Sima Pro 7.1)
Figure 2 : Diagramme de contribution des
différents processus unitaires à l'éco-score global DU
système de production d'eau potable par la station SODECI - Nord riviera
(généré par SimaPro 7.1)
ANNEXE 3 :
DONNEES TOXICOLOGIQUES ET ECOTOXICOLOGIQUES SUR
L'HYDROXYDE DE CALCIUM [CA(OH)2] ET SES DERIVES
Tableau 1 : Données
écotoxicologiques sur l'hydroxyde de calcium (source :
Fiche de données de sécurité pour Ca(OH)2 -
HEIDELBERG-CEMENT AG, mars 2011)3(*)
Organismes /compartiment
|
Concentration
|
Type de Toxicité
|
Poisson d'eau douce - CL50 (96 h)
|
50,6 mg/L
|
Toxicité aigüe / prolongée
|
Poisson marin CL50 (96 h)
|
457 mg/L
|
Toxicité aigüe / prolongée
|
Invertébrés d'eau douce - CE50 (48 h)
|
49,1 mg/L
|
Toxicité aigüe / prolongée
|
Invertébrés marins - CL50 (96 h)
|
158 mg/L
|
Toxicité aigüe / prolongée
|
Algues d'eau douce - CE50 (72 h)
|
184,57 mg/L
|
Toxicité aigüe / prolongée
|
Algues d'eau douce - NOEC50 (72 h)
|
48 mg/L
|
Toxicité aigüe / prolongée
|
Invertébrés marins - NOEC (14 j)
|
32 mg/L
|
Toxicité chronique
|
Macrofaune du sol CL50/CL10 ou NOEC50
|
2000 mg/kg de sol sec
|
Toxicité aigüe / prolongée
|
Microfaune édaphique CL50/CL10 ou NOEC50
|
12 000 mg/kg de sol sec
|
Toxicité aigüe / prolongée
|
Plantes terrestres NOEC50
|
1080 mg/kg de sol sec
|
Toxicité aigüe / prolongée
|
Tableau 2 : Données toxicologiques
sur l'hydroxyde de calcium (source : Fiche de données de
sécurité pour Ca(OH)2 - HEIDELBERG-CEMENT AG, mars
2011)4(*)
Nom chimique
|
Contrôle d'exposition liée à la
santé humaine
|
Voies d'exposition
|
Aigu - effets locaux
|
Aigu - effets systémiques
|
Long terme - effets locaux
|
Long terme - effets systémiques
|
Di-hydroxyde de calcium
|
Oral(e)
|
Pas d'exposition attendue
|
Pas d'exposition attendue
|
Pas d'exposition attendue
|
Pas d'exposition attendue
|
Inhalation
|
4 mg /m3, poussière alvéolaire
|
Pas de danger identifié
|
1 mg /m3, poussière alvéolaire
|
Pas de danger identifié
|
Dermique
|
Pas d'exposition attendue
|
Pas de danger identifié
|
Pas d'exposition attendue
|
Pas de danger identifié
|
ANNEXE 4 :
TRAITEMENT DES BOUES DE CHAUX PAR LITS DE SECHAGE
CONVENTIONNELS
1. Définitions
Le lit de séchage est un ouvrage permettant d'obtenir
directement, par simple filtration des siccités élevés
sous réserve de bénéficier de conditions
météorologiques favorables ou de disposer de superficies
suffisantes. La technique des lits de séchage se pratique à l'air
libre sur des boues liquides et combine évaporation naturelle et
drainage de l'eau libre à travers un massif filtrant. Le dispositif
permet d'atteindre pour les boues de chaux des siccités de l'ordre de 50
à70 %, au bout de 3 semaines en moyenne, en fonction des conditions
climatiques. Les boues sont ensuite ratissées manuellement, reprises et
stockées, avant d'être envoyées vers leurs filières
d'élimination (admission en réseau d'assainissement,
évacuation vers un site de décharge) ou de valorisation
(épandage agricole).
2. Configuration et principe de fonctionnement des
lits de séchage
La configuration suggérée consiste en au moins
deux bassins rectangulaires de faible profondeur, afin d'alterner les
étapes de remplissage et de séchage sur l'un ou l'autre lit (le
nombre total de lit sera fonction des volumes totaux de boues à
sécher). Les bassins conçus et dimensionnés en fonction du
volume de boues générés, consisteront en bacs en
béton dont le plancher est rendu étanche par une bâche ou
un radier béton. La partie inférieure, comprend un massif
filtrant, non colmatant, composé de couches superposées de
galets, graviers et sable grossier, et doté d'un système de
tuyauterie (drain et vannes de drainage) pour le drainage de l'eau
d'infiltration (figures 1 et 2). Le drain
disposé dans le matériau du lit sera est isolé et rempli
d'eau, afin d'éviter tout problème de colmatage. Enfin, Les lits
seront conçus selon le principe des décanteurs de manière
à déverser directement le surnageant, dans le réseau
d'eaux usées. Les lits devront être conçus de façon
à permettre un enlèvement aisé des boues sèches par
des équipements mécaniques ou par de la main d'oeuvre humaine. La
surface requise pour la mise en place des lits, peut être estimée
par la formule suivante :
Où, A (m²) correspond à la surface des
lits ; N au nombre d'épandages par année,
D : épaisseur de boues épandues en mètre
(m)
V: volume annuel de boues à traiter (m3).
Figure 1 : Schéma de coupe
longitudinale d'un lit de séchage
2.1. Fonctionnement
Le fonctionnement des lits de séchage repose sur deux
principes simples : la filtration sur lits drainants et le séchage
naturel. Les boues fraîches injectées en continu dans l'ouvrage
(vanne de drainage fermée), sont soumises à la décantation
naturelle (pendant 4 h au minimum), le surnageant étant
évacué par déversement (vannes murales). L'injection est
arrêtée lorsque le volume de remplissage prévu au
dimensionnement sera atteint. Le plan d'eau est alors abaissé
très lentement, par ouverture des vannes de drainage, pour éviter
toute remise en suspension des boues. Pour un mode d'exploitation hebdomadaire
(volume de boues traitées correspondant à la production de boues
d'une semaine), le lit est laissé en phase de séchage durant une
semaine, avant un nouveau remplissage, et le flux d'effluents est
détourné vers un autre lit. Après dix remplissages
successifs, le lit est laissé en séchage durant un période
variant en fonction des conditions climatiques. En effet, la durée du
cycle de séchage est intimement liée à la climatologie,
spécifiquement à la pluviométrie. De fait le
dimensionnement doit prévoir la mise en oeuvre de superficies
suffisantes, permettant de s'affranchir des périodes pluvieuses. La
période optimale de séchage des boues est estimée entre 60
et 80 jours. Au bout de cette période, les boues pourront être
récupérées par raclage quand elles ne collent plus au
sable.
2.3. Avantages et limites du
dispositif
L'avantage principal des lits de séchage réside
dans le fait qu'ils ne nécessitent aucune source d'énergie
(autre que celle du soleil) pour leur fonctionnement et permettent une
réduction substantielle du volume des boues produites. Par ailleurs,
leur conception relativement simple, la faible technicité qu'ils
requièrent pour leur exploitation, leurs couts d'investissements
modérés (peu de génie civil), ainsi que la bonne
intégration paysagère dont ils bénéficient
(ouvrages semi-enterrés dont la hauteur ne dépasse pas 50 cm),
leur confèrent le caractère de dispositif de traitement de
choix.
Cependant, cette méthode de déshydratation
nécessite de grandes surfaces, ce qui peut se révéler
particulièrement problématique en milieu urbain. De plus, son
principe de fonctionnement intimement lié aux conditions climatiques,
peut engendrer des difficultés d'exploitation notamment en cas
d'importantes périodes pluvieuses. Un des inconvénients majeurs
également, associés à cette technique s'exprime à
travers le besoin élevé en main d'oeuvre qu'elle nécessite
pour l'enlèvement des boues, qui est susceptible d'accroitre les couts
d'exploitation des ouvrages.
* 1 Les applications n'entrent
pas dans le champ d'application des normes
* 2
* 3 Disponible à
www.heidelberger-kalk.de
* 4 Disponible à
www.heidelberger-kalk.de