I.1.2. Le concept de « Confiance ».
Du latin, confidetia, désigne « le fait
de se fier à quelqu'un ou à quelque chose », ou « le
fait d'attendre de l'autre des comportements favorables par opposition aux
conduites de méfiance ». Ainsi, la confiance peut être
définie comme le sentiment de compter sur quelqu'un ou sur quelque
chose.23
L'opposition « Ami-ennemi » évoque la
distance entre le milieu où se déroulent les interactions non
menaçantes et le milieu dont on se méfie. La famille ou la
communauté dessinent communément les lieux de rapports confiants.
Bien qu'elle fasse partie des évidences de la vie quotidienne, la
confiance reste une composante importante des activités sociales et
donne lieu à des multiples interventions visant à la
vérifier, à la développer ou à en sanctionner
l'absence dans les différents secteurs d'activités.
Le mouvement dit des « relations humaines
»24 a fortement souligné l'importance, pour le
fonctionnement des organisations, des rapports de confiance ou de
méfiance établis entre les différentes catégories
de l'entreprise. Une plus grande marge de liberté et d'initiative des
agents peut être assurée par un degré élevé
de confiance réciproque.
I.1.3. Le concept de « Liberté »
Liberté vient du latin libertas, de liber
et signifie « liberté ». Le mot se définit non de
façon abstraite et spéculative, mais en fonction des conditions
sociopolitiques et juridiques.
Ainsi, au sens social et politique, la liberté est
conçue comme une question politique, inséparable de la question
de l'autorité, de l'ordre et de la loi. Mais on ne peut éviter de
voir que cela implique une définition de l'homme comme sujet autonome et
source de sa loi.
C'est pourquoi, le concept de liberté est défini
comme une absence d'entraves, un état d'une personne qui n'est pas
soumise à la servitude, d'un être qui n'est pas captif, ou d'un
animal qui vit en liberté.
Montesquieu précise que : « la liberté
est le droit de faire tout ce que les lois permettent ; et si un citoyen
pouvait faire ce qu'elles défendent, il n'aurait plus de liberté,
parce que les autres auraient tout de même ce pouvoir ».
25
Au sens juridique, la liberté est définie comme
la faculté pour un citoyen de faire tout ce qui n'est pas contraire
à la loi et qui ne nuit pas à autrui.
23 Dictionnaire Encyclopédique,
Ibid.
24 Marcel, MAUSS, cité dans, Dictionnaire
de sociologie, Seuil, Paris, 1999, pp. 101-102.
25 De l'esprit des lois, cité
dans, Dictionnaire de sociologie, Seuil, Paris, 1999, p.
46.
- 19 -
La notion de la liberté dite publique est liée
dans son origine à celle de limitation de l'Etat. Est libre un Etat qui
reconnait aux individus une zone d'action privée, un domaine
réservé à l'intérieur duquel la puissance publique
ne peut pas intervenir. Au contraire un Etat est dit totalitaire s'il ne
reconnait pas la distinction d'une vie privée et celle publique.
D'autres théories affirment que l'intervention de l'Etat peut dans
certaines circonstances libérer les individus de l'oppression des
puissances privées ; à cet effet, l'intervention de l'Etat n'est
plus considérée comme un danger, mais comme un
bien.26
Généralement, la revendication de la
liberté a toujours été une revendication de citoyen
plutôt que de l'homme privé, ce qui conduisait naturellement
à mettre au premier plan les libertés civiques essentielles sur
lesquelles repose tout régime démocratique. Nous
étudierons successivement les libertés de la pensée ou
plus exactement de son expression et de sa communication sous une forme de
liberté de la presse et d'expression.
La liberté d`expression est le droit pour toute
personne de penser comme elle le souhaite et de pouvoir exprimer ses opinions
par tous les moyens qu`elle juge opportuns, dans le domaine de la politique, de
la philosophie, de la religion, et de la morale.
Considérée comme une liberté
fondamentale, la liberté d`expression est inscrite dans la
déclaration universelle des Droits de l`Homme (ONU, 1948, art.19) :
« Tout individu a droit à la liberté d`opinion et
d`expression, ce qui implique le droit de ne pas être
inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et
de répandre, sans considération de frontière, les
informations et les idées par quelque moyen d`expression que ce soit
».27
Dans le même sens, Emmanuel DERIEUX, affirme que la
liberté d`expression est « la faculté d`agir, de sa propre
initiative, sans y être contraint ni en être empêché
par quelques personnes, puissances ou autorités qui n`auraient pas
été formellement habilitées, ou qui n`interviennent pour
des motifs au-delà des limites ou selon les moyens autres que ceux qui
lui ont été conférés ».28C'est pour
cela que la liberté d`expression a comme corollaire la liberté de
presse, la liberté d`association, la liberté de réunion,
la liberté de manifestation mais aussi le respect d`autrui.
Elle est souvent restreinte par certaines conditions
particulières qui interdisent l`incitation à la haine raciale,
nationale ou religieuse et l'appel à la violence physique contre les
26 Nous allons enrichir ce débat
ultérieurement dans les définitions des paradigmes ou
théories.
27 CNC, Art.19 de la Déclaration
Universelle des Droits de l`Homme, ONU, 1948.
28 Emmanuel DERIEUX, cité dans, La
déontologie des médias, Paris, PUF, Que sais-je ?, 2è
éd. 1997, p. 33.
- 20 -
individus. Arrêtons-nous un instant sur un des
corollaires de la liberté d'expression : la liberté de la presse.
Qu'est ce que la liberté de la presse ? Quels enjeux comporte son
analyse ?
En 1793, Kant affirme déjà que la liberté
de la presse est le palladium de la liberté. Il n'a
évidemment pas tort. Car la liberté de la presse est
nécessaire pour le professionnel des médias qui dans l'exercice
de son métier doit éclairer le peuple sur la matière dont
l'Etat est gouverné, sur la nature des institutions et le contenu des
lois de la République. Ainsi donc, la vocation première du
professionnel des médias est d'exercer la liberté de communiquer
en vue d'informer la population sur la société et le monde. Ceci
n'est possible que dans un espace politique où les droits du citoyen
sont respectés. Car l'instauration d'une dictature laïque ou
théocratique, monarchique ou impériale, militaire ou coloniale,
bourgeoise ou prolétarienne s'accompagne toujours de la suppression de
la liberté de parole et de la presse. Cette idée vient
légitimer le postulat qui dit que, sans communication libre, il n'y a
pas de société, donc pas de survie prolongée de
l'individu.
Il est vrai qu'il n'y a pas de liberté réelle
sans limite, aussi, il ne peut y avoir de responsabilité sans
liberté. Le professionnel des médis a besoin de la liberté
vis-à-vis de l'Etat et des propriétaires des entreprises pour
mieux exercer son métier. Sans être donc absolue, la
liberté de la presse est toutefois confrontée aux
différentes entraves techniques, politiques, économiques,
culturelles et médiatiques.29
A la lumière de ce qui précède, nous
pouvons définir la liberté de la presse non comme
supplément de la négation de la censure, mais comme l'affirmation
d'une tâche à remplir : satisfaire le droit à l'information
de chaque citoyen, le droit d'être informé bien et aussi le droit
d'avoir accès aux médias.
Sinon, la confusion à ce niveau aura pour effet de
confiner l'éthique à la conscience individuelle, en rendant
virtuellement non imputables les journalistes qui se réfugient
29 Les technologies sont
présentées comme entraves dans le sens qu'elles
élargissent l'espace de publication où n'importe qui peut publier
sans être identifié. Quant à l'entrave
politique, dès la naissance de la presse son
développement a été freiné par le souverain et ses
tribunaux. Actuellement, l'Etat essaie de censurer ou d'orienter l'information.
L'entrave économique, beaucoup de médias sont
utilisés pour des fins de faire des profits. L'entrave
culturelle, en Afrique tout comme dans les pays musulmans, les
traditions, le statut des femmes, la loyauté envers la tribu font
aujourd'hui les débats contradictoires aux médias. Dans l'entrave
médiatique, les Us et les Coutumes journalistiques
constituent un obstacle majeur à la déontologie (manque
d'imagination, etc.).
- 21 -
derrière leur liberté d'expression et de la
bonne conscience qu'ils s'en font.30 De même, la mise en place
d'outils déontologiques sans effectivité réelle
relève d'une démarche cosmétique qui dissimule mal la
même confusion de valeurs et de fonctions.
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